Ultima Alluvione
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 The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa]

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Leo Accettura

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The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa] Vide
MessageSujet: The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa]   The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa] I_icon_minitimeDim 9 Mai - 9:31

« Nure ne se sentait plus vraiment le goût à la fête. Chaque costume avait perdu son sourire mielleux, les repas périssaient à la vue de ses yeux. Et le bal devint l'histoire d'un cadavre, ballottant follement ses membres cassés et suintant, dans cette funeste danse. Et ce, jusqu'au bout de ses vies.»
No data

Il pleuvait. Oui, en cette nuit froide de Mai, de fines gouttelettes tombaient du ciel, humidifiant chaque trottoir ou toiture. Milan était mouillée, souillée de ces larmes provenant du ciel. Et face à ce blasphème, la ville revêtait un manteau sombre et morne, se rassurant avec les lumières crues de lampadaires et des quelques phares éclairant leur chemins, mais jamais l'entièreté de la capitale des pactisants. De ce fait, Milan semblait bien triste, attendant l'heure où l'aube se montrerait, offrant le soleil au monde. Tout donnait l'impression de se perdre, et de se faire emporter par les flots. Bien que l'averse fut légère, elle glaçait chaque parcelle, vivante ou non. Tout voulait accélérer, pour fuir cette bruine, pour qu'elle parte plus vite. Et qu'elle quitte les souvenirs de tous. Pour que cette soirée, Ô bien triste soirée ma foi, ne reste plus qu'une fin de journée banale. Cependant, une grande partie de habitants, humain ou non, resteraient aveugles d'une rencontre. Pas grandiose, certes. Mais une rencontre restait une rencontre. Qu'importait son degré d'importance.

Il pleuvait. Et Leo soupira, les cheveux bruns imbibés de cette balade nocturne. La fatigue commençait à griffer ses muscles, les rongeant petit à petit d'un effort trop long, trop intense. L'humidité, les flaques, les nuages sombres... ils donnaient une ambiance particulière au béton et aux briques. Les bâtiments libéraient les malfrats de leurs chaines, sortant comme des puces face à un chien, ou moulons éclosant à la chaleur. Les criminels se baladaient, semant ce qui aurait du être de la panique. Parce que la pluie paraissait être leur allié, leur tendre amante. C'était un piège. Une façade. Ce temps, n'était autre qu'une chute d'eau. Purificatrice. Salvatrice. C'était un compagnon d'armes de Leo. Il aimait la pluie, autant que le soleil. Elle était douce, froide, fouettant le visage des passants, et noyant un peu plus l'asphalte. Elle devenait glissante et anguleuse aux endroit où elle devait l'être. Camouflage de la cité. Buffone Verde s'y engouffrait, chassant les fous dans un rire de gaité.

Il pleuvait. Horizon portait une veste légère, et couvrait sa gorge d'un grosse écharpe. Emballé dans ces vêtements, la froideur n'était qu'un détail, et l'eau dégoulinant sur son visage avait l'allure d'une douche rafraichissante. La haut, dans l'atmosphère, il n'y avait que des cumulus, frappant le sol de leurs ombres. Sur terre, entre le vent léger et le silence des rues, se baladait un petit rayon de soleil. Mouillé, fatigué, mais présent. On ne pouvait pas le voir à l'œil nu, ni en passant à coté de lui. Il fallait s'attarder sur ses pommettes rosies, et les battements de son cœur, rapides comme un coureur. Leo rayonnait de l'intérieur. Dommage que personne ne semblait le voir. Et qui l'aurait vu? Il n'y avait pas énormément de gens, encore moins de parapluies Chaque balade s'effectuait silencieusement, se contentant de ne croiser la route de personne. Chacun pour soi. Tant pis pour les autres. Le décor était gris. Les passant étaient gris. Le ciel était gris. La pluie était grise. Enfin. Pas tout à fait. Les maisons, bien qu'aux murs ruisselant, gardaient un faible éclat aux bords des fenêtres. Les marcheurs, froids, gardaient un œil vif pour surprendre les pavés cliquetant. Le ciel s'offrait le luxe de se teindre en noir. Les gouttes reflétait leur environnement, dans des palettes de bleus limpides. La vie terne, se parait de nombreuses petites couleurs, rendant le spectacle beau, à qui pourrait le saisir.

Il pleuvait. Qu'importe! Même si le sol était dérapant, Ray avançait sans difficulté. Ses pattes frappait les dalles, à un rythme régulier alors que l'eau coulait de son museau. Sa langue dépassait de sa gueule, pour rafraichir son corps, et s'abreuver avec les minces quantités de liquide qu'il pouvait capturer. Le Stella appréciait cette météo. C'était quelque chose d'unique, qui ne se déroulait pas dans l'espace. Voir sa maison -le voie lactée- cachée par cet amas de gaz le captivait. Et cette ressource première dévalant d'en haut, faisant cadeau de la vie le ravissait. C'était pourquoi il avait souvent la tête penchée dans les nuages, les observant avec malice. Parfois, tellement captivé, il ne remarquait pas la direction que prenait son maitre, et continuait dans un sens opposé. Il se perdait alors. Mais il ne lui fallait pas plus d'une poignée de secondes pour le retrouver, et se précipité vers lui. Et ici, dans l'instant qui arriverait, il se perdra encore, se retrouvant dans une petite ruelle.

Il pleuvait. C'était normal. Partout, ce phénomène arrivait. Plus souvent à certains endroit, périodiquement ailleurs. Scène normale dans une pièce grandeur nature. Ce qui était peu commun, était ce qui allait arriver. Leo traversa une rue, se faufilant entre les bouches d'égout débordantes. Il posa son premier pied sur le bord du trottoir. Le second choisit de patiner sur les dallages. Son centre d'équilibre se balada alors vers l'avant, hors de la portée de ses pieds, l'entrainant dans sa chute. Toutefois, il réussit à se rétablir, dans une position plus ou moins stable. C'était un super, il ne tomberait pas pour si peu. Oui. Un passant, vraisemblablement pressé, le bouscula. Et, de nouveau, Horizon se trouva en fâcheuse posture. Cette fois-ci, il se persuada qu'il se retrouverait la tête dans la première flaque venue. Ce ne fut pas le cas. Non. Il était trop proche de la paroi de cette boulangerie, au volet rabattu. Aussi vite que l'éclair, ou peut être moins, ses bras se tendirent vers l'avant, faisant office de protection contre les briques. Il frôla une demoiselle au regard marron. Et il se rattrapa. Ainsi, il était en équilibre.

Il pleuvait. Sa tête se tourna vers la jeune fille, qui encore un peu se retrouvait dans cette merveilleuse aventure de choir sur le dallage de Milan. Il lui sourit, à pleine dents, parfaitement heureux de ne pas s'être étalé de tout son long. Il voulut dire quelque chose. Il aurait du. Le faire. Prononcer quelques mots. Pour rire, rassurer la demoiselle, même si elle n'en aurait eu que faire. Cependant, quelque chose d'étrange se produisit. Rien ne vint. Au contraire. L'esprit de Leo se vida. De ce qu'il aurait du dire, de ce qu'il aurait du ressentir. Une impression étrange s'immisça dans son esprit. Sa joie coula, hors de ses tempes, pour s'enfuir de son être. Le plus vite possible. Le plus loin possible de lui. Son sourire se décrocha de sa mâchoire, pour mourir sous le coup de klaxon d'une automobile. Il se redressa. En parfaite position. Droit. Comme un I. Comme un soldat sans cœur. Sans passion.

« Ca va? »

Ah! Horreur! Effroi! Où donc était S.? Que lui était-il arrivé? Ce n'était pas lui qui se tenait dans cette ruelle, son corps parant les assauts de la pluie. Il n'y avait qu'un ton informel. Politesse. Juste ça. C'était ce qu'on lui avait apprit. C'était ce qu'il appliquait. Aucune envie de le faire. Aucun besoin. Juste de la galanterie. Parce que c'était nécessaire.

Il pleuvait. Et tout était vide dans la tête de Leo. Il ne faisait qu'observer la jeune fille. Sans aucune appréciation. Il remarqua ses cheveux bruns, mouillés par la pluie, et les cernes entourant son regard. Les dents du héro claquait légèrement à cause du froid. Il n'avait plus chaud. Ses joues étaient ternes, vide de toute vitalité. Serait-il perdu?« Leo! Bon Dieu! Qu'est-ce qu'il t'arrives?! » Le chien accouru vers le garçon, à toute vitesse, éclaboussant les passants furieux, et slalomant entre les quelques voitures. Il se retrouva devant les deux protagonistes. Il observa son pactisant. Que lui arrivait-il? Il le sonda. Leo était là. Mais pas tout à fait présent. Crainte. Ray était inquiet. Leo le sentait, mais n'en avait que faire. C'était le chien. Pas lui. Pourtant, il sentait une douleur sourde dans l'arrière de son crane. Comme si quelque chose se battait en lui. Il ne pouvait mettre de mots sur cette sensation. Quel en aurait été le but? Il passa une main sur ses yeux, l'impression d'être aveugle. Ni dérangeante. Ni agréable. Juste présente.

Il pleuvait. Ray gronda. Son regard se posa sur l'étudiante en face de lui. Et là, il comprit. Par ce sentiment qui lui lacérait le ventre, et cette magie invisible qui régnait dans l'air. Il s'approcha un peu plus de son maitre, et lui mordit la main. Le tirant de toute ses forces, il sauta en arrière, obligeant son partenaire à reculer de la jeune fille. Leo se laissa faire. Parce qu'il n'y avait aucun danger. Aucune sécurité non plus. Il n'y avait que le présent, et cette couleur grise prédominante dans le décor. Le stella tira encore plus, alors que le goût de métal s'insinua entre ses crocs. Leo était blessé, la chaire s'ouvrant sous la puissance de la frayeur de l'animal. Tant pis. Il ne s'en alarma pas. Il avait une préoccupation tellement plus importante pour l'instant. Voilà. Leo était hors de porté, mais toujours absent. La vie lui semblait tellement vide. Grise.

Il pleuvait. La brune était maintenant confrontée à un problème de taille: un stella furieux. Ray se mit en position de défense, appuyer sur ses pattes avant. Un grognement prit naissance dans le bas de sa gorge, puisant toute la rage qu'il contenait. Les poils de son dos se hérissèrent lentement, lourdement, encore trempés par cette pluie. Il montra ses canines pointues, tachetées du sang de son maitre. Ray devenait un animal dangereux. Attention! Danger! Danger! C'est beau ce que la terreur peut faire

« Que veux-tu, pactisante?! »

Il avait parlé, la voix rauque de fureur. Prends garde petite. Le chien est mécontent...

Et il pleuvait. Inlassablement.
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Luisa Carema [Béata]

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MessageSujet: Re: The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa]   The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa] I_icon_minitimeJeu 20 Mai - 15:53

L'œil, d'un vert mêlé de marron, s'humidifia doucement. L'eau salée commença à s'accumuler sur le bord de la paupière, menaçant doucement les cils d'une noyade délicieuse.
Et la larme de rouler, de longer délicatement les contours du fin visage et finir sa vie sur des lèvres trop rouges. Suivi de ses très -trop- nombreuses sœurs.

Seigneur, quand allait-elle arrêter ?

J'étais là, depuis une heure, à écouter les gémissements inaudibles et donc incompréhensibles d'une jeune femme que je ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam.
Une jeune femme trop maquillée, pas assez habillée et juste assez ennuyante.

«  Pourquoi... » scandait la jeune fille d'un air convaincu et misérable, visiblement peu soucieuse du fait que nous nous trouvions dans un hall commercial d'envergure et accessoirement remplie à craquer de personnes.
Dont des personnes que je connaissais.

« Pourquoi m'a-t-il fait ça !! »

Le tout entre-coupée de halètements, reniflements et autres pleurnicheries fort peu agréables à l'oreille. Ne lui suffisait-il donc pas de décimer tout mes mouchoirs en papier les uns après les autres ?

« Pourquoi m'a-t-il quitté ?! »

Oh. Nous entrions donc dans le vif du sujet. Si cette... jeune femme était ainsi au quotidien, je comprend désormais le pauvre homme, auteur du drame de la journée. De ma journée, de sa journée.
Pourquoi avais-je dû m'arrêter ? Pourquoi avais-je donc laissé ce jeune scout m'approcher ? Pourquoi avait-il essayé de m'aider à traverser la rue ?
Pourquoi les clichés veulent-ils toujours avoir le dernier mot ?
Pourquoi fallait-il qu'il soit d'une humeur si compatissante envers les ennuis des autres ?

Et merde.



Je viens de jurer. Comme c'est étrange.

Mes pensées s'envolent, tandis que je ramasse lentement les mouchoirs déchirés de la jeune demoiselle. Oui, c'est étrange. Avant l'arrivée de Béata, jamais je ne jurais, même mentalement. Rien de très étonnant. Je suppose que j'ai pris cette désagréable habitude en entrant dans l'âme des gens.
Je me lève. Le jeune fille continue à pinailler sur son sort, le jugeant pas assez bien pour elle. Les effets de mon.... pouvoir ? s'estompe. Je me sens mieux dorénavant. Je peux partir sans craindre un quelconque tiraillement dans mon âme, un autre poids sur mon coeur.
Elle ne s'aperçoit même pas de mon absence, et continue son chemin seule, comme avant.
Très objectivement, je pense pouvoir affirmer que c'est une idiote sans éducation.
Je traverse lentement la galerie. J'ai le temps. Personne ne m'attend, chez moi.
Les portes automatiques s'ouvrent devant moi.
Il pleut.
J'ouvre mon parapluie.
Cette vie est tellement banal.
Mais il pleut.
Et une goutte glisse sur ma joue, pour se perdre sur les méandres infinies de mes lèvres.
Une larme sans saveurs, le sel de ma vie n'est pas.
Je ferme mon parapluie. Je vais être trempée, mais la pluie a quelque chose d'agréable au toucher.
Finalement, j'avance plus vite. Je baisse la tête. Le ballet de mes pieds est fascinant. Un mouvement éternel, un geste à jamais recommencé...
Une, deux, une, deux.
Boum.
Tiens, le ballet est fini.
Par contre, la danse recommence.
Et je me sens légère ! Si légère !
J'esquisse un pas, je rit, je suis débarrassée de mes ennuis.

« Allez-vous bien monsieur ? »

Mes bien sûr qu'il va bien ! Comment pourrait-il en être autrement ? La vie est si belle !
Et la pluie de tomber.
Et moi de reprendre mes esprits. De perdre son âme.
Encore une fois.

Nom d'un chat, qu'as-tu encore fait Luisa ?!

Une exclamation. Béata n'aime pas beaucoup plus que moi ces viols mentaux que nous nous affligeons, et nous affligeons.
Ah oui.
L'homme qui m'a refilé sa joie.
Je l'observe. Il a mon âge. Pétrifié, bien sûr. Il paraît que cette expérience est traumatisante pour les deux.
J'attends un peu. Sa fuite ne devrait pas tarder maintenant. Ils s'enfuient toujours, quand ils reprennent leurs âmes.
Je l'observe. Il est brun. Les yeux bleus. Grand, plus que moi. Il ne doit pas avoir de mal à assouvir ses instincts reproducteurs.
Aucun intérêt.
Finalement il n'a pas fui. Il ne se remet pas, sûrement.
Je continue ma route.
Seulement, le chien se jette devant moi. Et me parle.
Alors ça, c'était pas prévu.
Je suis surprise. Un de mes sourcils s'arquent délicatement, à peine visible.
Je recule. Il me montre les crocs. Je n'ai pas peur. Mais finir à l'hôpital ne compte pas dans mes projets ce soir.

« Que veux-tu, pactisante?! »

Pactisante ? C'est une Stella ? Intéressant.

« Et toi, qui es-tu pour te mettre sur notre chemin, ignorante Stella ? »

Et voilà Béata qui apparait. Le théâtre est superbe, ce soir.

« C'est ton Pactisant qui nous as bousculés. Nous ne te devons rien, Stella. Sors de notre vie et nous ferons de même. Nous ne sommes pas nées pour nous croiser. »

Et lui de regarder sévèrement le chien bizarre.
Oh. Alors j'étais en présence d'un de mes contemporains ?

« Je vous prie de m'excuser, monsieur. Je ne regardais pas où je mettais les pieds. »

Je recule. Règles de base : ne jamais approcher quelqu'un, qui soit Pactisant ou archiduc.

« Et, à l'avenir... Soyez plus prudent. »

Un conseil ? Pourquoi faire ? Je ne sais pas. Juste comme ça. Une énième manifestation de ma glaciale éducation.


Spoiler:


Dernière édition par Luisa Carema [Béata] le Ven 25 Mar - 12:13, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa]   The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa] I_icon_minitimeSam 22 Mai - 16:29

«Plane dans ces mémoires.
Seul, et pour tous ces soirs. »
No data

Il y avait cette douleur, sourde, puissante. Elle s'était immiscée à l'arrière du crane, tirant sur les nerfs et vrillant les sensation. Elle s'intensifiait, et faisait hurler la conscience de Leo. Où était-il? Cette chose qui le faisait vivre? Rageur, tout son corps se mit à trembler, s'activant pour recherche cet étincelle de vivacité, celle-là même qui donnait son existence au héros. Celle qui le réchauffait et lui fredonnait sa bonne humeur au matin. A présent, ce petit morceau de lumière n'était plus là. Absent de sa présence. En manque de prestance. Elle l'avait quitté. Leo était partit avec elle. Où s'était-il enfuit? Une vague, surgi de nul part, et destructrice, l'emportait. Loin. Au delà des regards de tout ce qu'il connaissait. Certes, il se souvenait de son histoire -son passé était présent. Certes, son corps se tenait droit dans cette rue. C'était tout. Il n'y avait que ça et cette coquille vide. Vide de ce qui le composait. Vide d'un sourire. Vide d'un rire. Vide d'une parole ou ne serait-ce que d'un regard. Sec de larme et de chaleur. En manque d'un Leo. Cette constatation effrayait le Stella. Il appelait son maitre, mobilisant ses forces les plus profondes. Mais dans le foisonnement de son esprit, ses cris résonnaient, se heurtant au vide de sa personnalité. Creux. Insipide. Invisible. Leo, son pactisant, celui qui vivait & respirait n'était plus... Alors la peur s'installa. Elle lui susurra des mots, des phrases. La coquine alla jusqu'à lui insuffler la mort de cet être. Ray ne pouvait accepter cela, aboya. Ses pensées fusèrent vers cette pactisante. Maudis soit-elle!

Le mulot surgit de la manche de la fille, affrontant la pluie de son maigre corps, grimpant jusqu'à son épaule. L'animal était sur son trône. De cette hauteur, assis sur cette grandeur, qu'il devait lui sembler bon de s'interrompre dans ses occupations pour s'atteler à ceci avec délectation. Ou serait-ce de la colère? Cela n'intéressa pas le chien. Ce rongeur n'était pas bien gros. Il rentrerait aisément entre ses crocs. Le canin n'aurait pas été malin de le croquer, pour le blesser, ou juste le faire oublier les raisons de son irritation. Cette tentation proliféra à foison. Il la retint d'un geste de rien. S'attaquer à cette chose ne serait que de la prose. Ray n'était pas ce genre de déchet, à s'attaquer pour tuer. Il se contenta de grogner. Méchamment, sans retenir cette appréhension, qui lui tenaillait l'estomac. Ses croquettes du matins lui semblèrent bien loin, alors que le ventre vibrait en même temps que ses cordes vocales.

« Et toi, qui es-tu pour te mettre sur notre chemin, ignorante Stella ? »

L'étoile rugit, faisant briller son astre. La discrétion l'importait peu dans ce genre de situation. Impressionner, puisque c'était la seul option qui était en sa possession. Alors, l'Hélium quitta quelque peu son champ de graviter, pour briller un peu plus dans la voie lactée. Ses poils se hérissèrent un peu plus, soulevant une légère douleur. En position de garde trop longtemps, la corps réagissait mal. Il ne donna aucun poids à cette sensation, se contentant de s'imaginer en train de sauter, et de déchiqueter le mulot.

« C'est ton Pactisant qui nous a bousculés. Nous ne te devons rien, Stella. Sors de notre vie et nous ferons de même. Nous ne sommes pas nées pour nous croiser. »

Ses pattes griffèrent les dalles de Milan. Le bruit de déchirement frappa à peine Ray. Quel était la meilleur solution: se faire violence, ou briser la nuque de cet opportun? La réponse s'offrait d'elle-même. Leo n'aurait jamais voulu que son compagnon se comporte d'une manière si bestiale. Ce n'était pas ce qu'il avait apprit au cours de ses dix années passées sur ce globe. Ah! Qu'il lui paraissait bien petit à présent, où tant d'être répugnant pouvait grouiller. Il était bien content de se savoir seul, dans un petit coin de la galaxie. Ce n'était pas ce genre de tas de gaz qui lui ferait passer le temps. Non. Il aurait bien vite fait de devenir un trou noir rien que pour avaler ces lucioles de pacotille. Ses yeux d'ors se dressèrent encore plus vers la boule de poils.

« Qui es-tu pour en juger? Aurais-tu oublié la raison qui t'as poussé à descendre sur cette Terre? Aurais-tu oubliés ce que t'impose ton destin? Tu veux que je te ravive la mémoire, souris?! »

Sa voix était rauque de ce grognement habitant encore sa gorge. La violence de son ton ne passait pas inaperçue également. Le petit être l'avait mit encore plus de mauvais humeur. Qui était-il pour en décider? La vie de son pactisant était en danger. A cause de qui? D'un maudit Stella incapable de faire sortir de sa manche un pouvoir utile. Ray grogna. Ses dents le démangeait. Il aboya pour extériorisé sa fureur. Qu'est-ce qu'il aurait donné pour continuer à gambader dans les flaques! Il y eut de la peine. Et tellement de larmes ravalée par la griseur de la ville. Et un écho. Lointain. Égaré. Ray se détourna de sa proie de seconde zone, et fixa son maitre, qui n'avait pas esquissé à un mouvement depuis le début.

C'était un vibrement. Voilà ce qu'il sentait, alors qu'il détaillait la scène d'un œil mort. Les deux animaux se querellant ne faisait que jouer dans une pièce inintéressante, comme toutes ces tragédies que s'efforçait d'écrire Molière auparavant. Aucun succès. Aucun goût. La pluie perlait du ciel, s'attaquant à sa peau, le mordant d'un froid sans égale, et d'une pâleur. Elle aurait du être triste, cette pluie, de le voir oublier de lui-même. Mais rien ne transcendait l'évènement. La pluie tombait. Les voitures roulaient. Les passants marchaient. La pactisante en face de lui respirait. Leo ne ressentait rien. Il s'embêtait et songea même un partir. Il l'aurait fait, si cet appel au loin ne le retenait. Il eut un brin de curiosité. Tien. Qu'était-ce donc?

La souffrance se retira. Lentement, elle battit en retraite, s'écartant de cette maison qui lui semblait si accueillante. Sa place n'était pas dans cette tête. Pas dans cette personne. Elle laissa un dernier cadeau avant de se retirer. Un coup. Plus puissant que les autres. Plus destructeurs que ses prédécesseurs. Son crâne brula, entra dans une danse. Une transe. Il devint sourd. Ainsi, il n'entendait plus les clapotis des goutes, ni ces aboiements incessants. Il devint aveugle. Ainsi, il ne voyait plus la face d'un gris dérisoire, ni les lumières déversée par les lampadaires. Il perdit l'odorat, le toucher et le goût également. Ainsi, il ne sentait plus l'eau dégringolée son dos, il ne respirait plus l'odeur des pavés humidifiés, il n'avait plus le goût de la boisson au cerise qu'il avait bu. Il perdit l'envie de vivre. Et il entendit, une voix, au loin.

« Je vous prie de m'excuser, monsieur. Je ne regardais pas où je mettais les pieds...Et, à l'avenir... Soyez plus prudent. »

Il rit. Heureux. Heureux de revoir cette pluie si brillante. Euphorique d'entendre les passants maugréer envers ces jeunes qui ne savaient plus où s'arrêter. Radieux de sentir le vent souffler contre sa joue. Comblé de sentir la parfum de la demoiselle passant derrière lui. Un seul regret: le goût de cerise avait disparu. Mais il ne versa point de larmes. Non. Que nenni. Il vivait une renaissance. Il rit de plus belle. Ses bras se levèrent, pour sentir les gouttes tombé sur son manteau, et lui raffermir l'idée qu'il était vivant. Il ouvrit les yeux, observant ce ciel bien sombre de cette soirée à venir. Quel Bonheur! Il rit, rit & rit. « Leo! » Le concerné se pencha, observa la bouille de son chien. Il lui caressa affectueusement la tête, après que l'animal ait posé ses pattes mouillées sur la taille de son maitre.

Ray se posa au sol, se retournant vers l'autre pactisante, sa colère étouffée à l'état de fourmis. Leo se redressa, et observa la demoiselle. Absent pendant trop longtemps, il avait tout de même suivit la situation. Il n'était pas fière que son Stella ait réagit de cette manière, mais passa vite l'éponge, en prenant le flot de peur qui avait assaillait l'étoile. Non. Il se concentra sur la jeune fille. Apparemment, elle ne savait pas maitrisé son pouvoir... Comment lui en vouloir? Lui aussi était passé par cette étape. Quoique, ce fut un peu moins marquant. Il lui adressa un sourire.

« Merci. Mais j'ai toujours été un peu tête brulée. Ce n'est pas ça qui va me faire peur. »

On contraire. Il trouvait ça parfaitement intéressant. Fou? Oui. Depuis la naissance. Le danger, c'était son lot quotidien. Alors, quand une nouvelle sueur froide venait le côtoyer, il n'hésitait pas une seule seconde: Il devait y aller! En plus, maintenant qu'il tombait sur une fleure rare, il n'allait pas la laisser fuir comme ça. Curiosité quand tu nous tiens. Il voulait tout savoir sur elle! La pactisante dut se sentir soudainement très mal à l'aise: elle était face à un des regards que Leo attribuait à tout ce qui l'intéressait au plus haut point.

« Dis, ça te dirait d'aller boire un verre, au chaux et au sec? »

Tenté de faire du chantage, il s'arrêta juste à cette proposition. Leo était un gentleman. Il ne forçait pas les demoiselles à le faire. Tout du moins, si elle refusait, il pourrait se montrer très insistant.

Le sang cessa de couler de sa main. Et il pleuvait. Again & Again.

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Luisa Carema [Béata]

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MessageSujet: Re: The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa]   The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa] I_icon_minitimeJeu 8 Juil - 9:52

Et la pluie tombait. Façonnés par le vent et la froideur du ciel, elles écrasaient leurs ailes d'azur sur les pavés froids et humides, éclatant en milliers de petites perles cristallines vite salies par la crasse de la rue. Et elles roulaient, déjà oubliées, vers le caniveau, dernière tombe accordée à cette vie venant du ciel. Peut-être bien étais-ce la seule chose importante, la seule chose qui brillait un peu ici. Peut-être la seule chose qui eut pu m'intéresser en ce moment-même, la seule lumière vers lequel le papillon fou que j'étais aurait pu se diriger. Mais j'ai choisi la Lune Rouge. Et eux aussi. Et ils étaient là. Ils étaient comme moi -ou presque- et il avaient été ce que je suis, et ils avaient eu peur, et mal. Et ils voulaient me faire rentrer ce mal dans ma gorge, dans ma chair.
Comme tous les autres, ils ne voulaient pas comprendre, pas savoir, et voulaient continuer leurs vies de quiétude. Ils voulaient se contenter de me haïr un peu plus et se conforter dans la haine de mon étrange personne. Même s'ils comprenaient ma détresse, mon incompréhension, mes envies d'évasion.
Et la pluie tombait.
Et une larme unique, solitaire, incongrue, coulait sur ma joue froide. Une larme, oui. Je l'essuyais doucement du tissu de mes gants, habituée maintenant à cette étrange et régulier relâchement de mes glandes lacrymales, la portant à mes lèvres avant qu'elle ne fut absorbée par le tissu. Son goût salé m'emplit de quelque chose s'approchant de la mélancolie, comme à chaque fois que j'usais de mon pouvoir. Mais Béata ne le vit pas. Lui qui d'habitude saluait chacune de ces gouttes par une salve de cris de joie, persuadé que ma « guérison » approchait à grand pas, était entièrement concentré, fier comme une paon, sur le chien trop protecteur, sur le fidèle compagnon de mon vis-à-vis, encore piégé dans le vide de son -mon- esprit.

« Qui es-tu pour en juger? Aurais-tu oublié la raison qui t'as poussé à descendre sur cette Terre? Aurais-tu oubliés ce que t'impose ton destin? Tu veux que je te ravive la mémoire, souris?! »

Et les voilà lancés dans un combat de mots. Des mots vides et creux, des mots pour ne rien dire, des mots pour impressionner et pour blesser. J'étais heureusement habituée à ces joutes étranges où le gagnant n'était pas toujours celui auquel on pensait au prime abord. J'observais l'animal-poussières d'étoiles, qui pointait ses dents encore saignantes du sang de son maître vers moi, avec l'évident désir de croquer Béata le bavard, Beata le fier, qui parlait trop souvent avant de réfléchir. Le seul problème étant qu'il n'arrivait même pas à la patte du chien, il était préférable que je le fasse taire avant qu'il ne dise quelques paroles trop mauvaises pour que le Stella puisse pardonner. Beata s'apprêtait justement à lui répondre de son orgueil de mâle blessé, mais je le fourrais dans ma manche avant qui ne fasse l'irréparable. Mais la victime de son pouvoir revenait à la vie. Elle riait et pleurait en même temps, de ces larmes tombées du ciel, cadeaux des Dieux. Et il était heureux. Le fou. Le fou. Et il criait son bonheur sur les pavés de Milan. Il se sentait vivant ? Peut-être. Il se sentait heureux ? Peut-être. Était- il fou ? Sûrement. Étais-je morte ? Peut-être.
Ma vie est une longue suite de peut-être et de si, et je vis bien avec, après tout.

« Merci. Mais j'ai toujours été un peu tête brulée. Ce n'est pas ça qui va me faire peur. » 

Il me rassure. Il a peur de m'effrayer, de me chasser. C'est un gentil garçon. Il pense être un gentil garçon. Je me demande bien qui il est au fond de son cœur. Et la curiosité, ma maudite curiosité me reprend. L'envie de découvrir qui il est, ce Pactisant que je rencontre -et je n'en voit pas des masses- et d'où lui provient cette si grand joie me prend à la gorge. Maudite curiosité. J'aurais du souhaiter en être débarrassée, plutôt que de vouloir me détruire comme ça. Même si je ne savais pas.
Je sentis tout d'un coup autre chose. Une intensité brûlante qui me fixait. Il me déshabillait du regard ?!
Non.
Non, bien sûr. Il se questionnait. Peut-être n'avait-il jamais rencontré d'autres Pactisants. Peut-être voulait-il savoir ce qu'il était. Et puis je perçus quelque chose d'autre dans son regard. De la commisération ? De la pitié ? D'accord, finalement je n'était pas la première Pactisante qu'il rencontrait. Je contrôlais tellement mal mon pouvoir... Et même si Beata me répétait sans cesse qu'il l'était impossible de l'annuler totalement, j'espérais au moins réduire son action au contact direct de ma peau... Quand j'aurais enfin l'expérience nécessaire. Et s'il me donnait des trucs pour contrôler ses capacités ? Cela pourrait être intéressant. Mais comment faire ? Je ne savais pas trop comment interagir avec les autres humains, leurs contacts m'étaient souvent difficiles, alors comment lui demander des conseils ?
Malgré toutes mes observations, aussi fines soit-elles, je n'ai vraiment réussie à comprendre comment créer un lien, quel qu'il soit, avec quelqu'un. Peut-être serait-ce plus facile avec un Pactisant, avec quelqu'un comme moi. Mais je n'ai pas le temps de me pencher plus avant sur ces pensées si préoccupantes. Il fit le premier pas pour moi, n'est-ce pas délicat et attentionné ?

« Dis, ça te dirait d'aller boire un verre, au chaud et au sec? »

J'ai besoin de savoir. Pour comprendre, pour apprendre, pour entendre. Je m'apprête à ouvrir la bouche pour lui répondre que j'accepterais avec plaisir, avec une hypocrisie indécelable, mais quelque chose en moi se bloque. La furieuse envie de refuser me prend. Un tourbillon s'empare de mon cœur, mélange de peur et de colère, et d'appréhension.
Calme-toi, Beata...Tu sais que c'est nécessaire.
La tempête s'arrête, doucement, pendant une seconde-éternité. Beata a cette sale habitude de me ressortir ses propres émotions dans les moments les plus inopportuns.
J'aime pas ça... Et s'ils nous faisaient du mal ?
T'inquiètes... On risque rien avec lui..
Qu'en sait-tu ?
Ne te moques pas de moi, tu as sentis comme moi qu'il était... différent.
Beata se tait. Oui, il sait parfaitement. Mais la peur et l'angoisse lui serrent trop souvent la gorge, ces temps-ci, pour qu'il puisse regarder les choses objectivement. Il dit qu'il ressent une gêne sur le cœur depuis peu, comme si une chose grave allait arriver, comme « le mixe entre un tremblement de terre, un cyclone, une belle-mère et une soupe d'épinard mais en pire » (sic).

« C'est une bonne idée. Je connais un bon café, pas loin d'ici. Il s'appelle l'Anonimo, amusant n'est-ce pas ? Leurs thés sont extraordinaires, sans parler de leurs cafés et de leurs chocolats. Suivez-moi, s'il vous plaît. »

Je m'enfonce dans les dédales milanesques, lui tournant le dos, sans chercher à vérifier qu'il me suit, certaine qu'il connait cette ville comme moi, même mieux que moi. Peut-être que j'en profite pour le tester, pour me tester, pour savoir si j'ai vu juste.
J'entre dans le labyrinthe et ma foutue curiosité extrait sans se gêner toutes les informations sur l'homme qui traîne dans mon subconscient.
J'observe la pluie et les pavés mouillés et elle jubile de ses déductions toutes plus fascinantes les unes que les autres, comme une entité séparée de moi et que je peux observer des hauteurs inimaginables.
J'ouvre la porte vitrée et le laisse passer, le laissant entrer dans le joli café chaud et sec, aux belles boiseries « bien de chez nous », le dirigeant vers une table, ma table.
Je m'assied à côté de la belle vitrine, où glissent lentement les larmes de ciel, battues par le vent féroce et que j'observe glisser vers leurs déchéances prochaines.

« J'aime cet endroit... Il me ressemble. »

Je ne fais même plus attention à ce que je dis. Une énième phrase, qui contiendrait presque quelque chose de vrai. Quelques mots lancés dans le vide, sans but ni conséquence, de ceux qu'on dit pour meubler une conversation, mais qui parfois ont une beauté simple et parfaite.
Mais je ne prête plus attention à l'homme. Je n'écoute plus ma curiosité. Mes doigts en oublient presque de caresser Beata.
J'observe la pluie, et Milan.
Et Milan pleurait.


Dernière édition par Luisa Carema [Béata] le Ven 25 Mar - 12:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa]   The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa] I_icon_minitimeVen 25 Mar - 7:34

« Mais si Milan pleure, c’est pour accueillir plus de bonheur. »
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Ce fut cette silhouette furtive, au dos droit mais fragile, qu’il poursuivait. Au rythme d’une marche simple, se faufilant dans les passants se dirigeants à contresens. Ses yeux bleus posés sur ce dos, ces épaules, ces omoplates, ces vertèbres, cet Être. Il se faisait observateur muet de cette demoiselle aux cheveux marrons, seul élément à la dynamique certaine, balayé par les vents pluvieux de cette douce Milan. Un mince sourire vint se poser sur ses lèvres, alors que ses iris s’illuminèrent encore une fois de cette passion toute récente pour cette inconnue rencontrée au détour d’une rue. Aucune réponse ne s’était fait entendre de sa part quand elle lui avait indiqué leur but. Il s’était contenté de poser ses pas dans ceux de la demoiselle, puisqu’elle s’était déjà décidée à ouvrir la marche. De ce corps frêle que ses mains auraient brisé en une poignée. Elle qui lui donnait l’impression d’être si lointaine, comme si, plus elle se frayait un chemin entre ces autres, plus il se trouvait hors de sa portée. A portée de doigts, mais toujours trop lointaine. Tu en évites, tu en cognes d’autre trop fort. Rattrapes là petit homme.

Son corps dépassa la demoiselle lui tenant la porte, ne manquant pas de la remercier d’un faible mouvement de la tête, en lui adressant un rapide coup d’œil. Il détailla un moment le comptoir en bois, le serveur et ses cheveux noirs. Ensuite, il sentit la présence légère de la jeune pactisante, le guidant vers une table parmi tant d’autres. Il écouta, il observa. Le bruit de ses chaussures sur le parquet en bois. La pale lueur du ciel et celle ravivante du café. Le souffle presque inaudible de la jeune demoiselle, ses cheveux humides, ce regard glissant. Le jeune homme tira sa chaise, y déposa sa veste trempée. Ray se secoua l’échine, arrosant les meubles du commerce, et se coucha entre deux tables. Le brun remonta ses manches, la peau elle-même mouillée par cette pluie bien aimante de Milan. Sa Ville, sa Reine.

« J'aime cet endroit... Il me ressemble. »

Ses iris se joignirent à l’image de cette demoiselle. Il voulut relever les propos avec des mots chaleureux, mais se perdit dans une réflexion légère tandis qu’elle détournait son regard vers le spectacle des rues humides. Anonimo. Anonyme. Celui qui ne veut pas se faire connaitre. Vivre dans l’ombre d’une omission volontaire. Ne pas Être. Ne pas Vivre. De l’eau tomba de ses cheveux, lui effleurant le nez, et s’écrasant sur le bois sec. Douce amertume que celle de se cacher des autres. Son appréhension de la savoir apeurée d’être découverte, ou de ne jamais l’être, justement, par ses semblables. Lui connaissait bien ces sentiments. D’ailleurs, tout pactisant se devait un jour d’avoir flirté avec cette sensation dérangeante de ne pas être à se place, de ne pas se sentir le bienvenu. Une autre goutte dégringola d’une mèche brune, s’offrant au plaisir de choir sur sa main. Irrémédiablement, se retourner vers cette Dame toute vêtue de Rouge, couleur à l’effigie du sang qu’elle avait fait couler, mais surtout de celui qu’elle ferait ruisseler dans les caniveaux de Milan. Spectacle inacceptable, inqualifiable. Le serveur vêtu d’un tablier arriva.

« S’il te ressemble, c’est bien. Après-tout, l’endroit est bien calme, l’ambiance apaisante. »

Il sourit, ne prit que la peine de voir le mouvement de tête de la jeune femme, à nouveau capturée par cette parole, ou pas le serveur. Une commande. Deux commandes. L’employé repartit. Avec toujours cette expression de bonté collée sur son visage, il s’intéressa plus intensément à cette nouvelle-née de la Lune. Il tiqua, ou plutôt, avait tiqué bien assez tôt à cette réserve à laquelle s’adonnait la pactisante. Oui, cette légère inquiétude d’être trop proche des gens, pour ne pas les faire souffrir, et pour ne pas souffrir. Buffone voulut tenter quelque chose, une approche, pour froisser cet espace qui les séparait fièrement. Alors que sa main droite commençait à se mouvoir vers la demoiselle, il se retint au dernier moment. Non. Il se devait d’être patient. Il poussa un soupir presque inaudible. Le jeune garçon brulait d’impatience de découvrir cette inconnue. Pour qu’elle soit plus que ça. Une connaissance, une amie, une ennemie peut-être. Mais autre chose qu’une jeune fille à l’air parfois troublé, sous cette façade placide. Soit, il ferait le premier pas, et même tous les autres qui suivraient s’il le fallait.

« Quoi qu’il en soit, Anonimo ou pas, je suis Leo, enchanté. Me diras-tu ton prénom, ou devrais-je t’appeler Anonyme ? » Ce fut un sourire qui clôtura sa réplique, au même moment qu’il écarta les bras, signes qu’il accepterait toute réponse, il n’était pas très regardant.

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MessageSujet: Re: The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa]   The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa] I_icon_minitimeVen 25 Mar - 12:05

Le thé lui brûla la gorge. Par ce temps de pluie et de froid, tout semblait être trop chaud. Ou oppressant. Le garçon s'était assis en face d'elle, la déchiffrant pendant qu'elle regardait la pluie. Elle prit soin de ne rien laisser paraître. Même s'il était comme elle, rien ne disait qu'il pouvait lui être utile. Ne pas s'impliquer avec les gens inutiles. Telle était la règle d'or.

« S’il te ressemble, c’est bien. Après-tout, l’endroit est bien calme, l’ambiance apaisante. » 

Ces quelques mots lui semblèrent soudainement inacceptables, dans la bouche même d'un Pactisant. Des flèches. C'étaient des flèches, tirées à bout portant, par un aveugle manchot, qui faisait le Mal en cherchant le Bien. Enflammées, enduites soigneusement de poix, empoisonnées, elles touchèrent leur proie sans peine aucune. Ressemblait-elle tout à fait à ce café ? Anonyme. Était-elle anonyme ? Étais-ce acceptable d'être anonyme ? D'être un parmi les autres ? Devait-elle accepter ce qui la rendait inhumaine ? Car oui, Luisa, c'est une totale contradiction. L'assemblage hétéroclite de toutes les bizarreries humaines. L'assemblage parfait, et normal, et invisible, et commun de toutes les monstruosités. Le café en avait le nom, Luisa en était la perfection.
Luisa était un monstre.
Et tout cela se tenait parfaitement, presque comme un miracle. Ce n'était qu'une aberration de plus qui venait parachever l'œuvre grotesque d'un Dieu farceur. Alors apaisante ? Calme ? Ces mots n'avaient aucun sens. Comment l'esprit de Luisa aurait-il pu être seulement calme ? Le silence abasourdissant qui s'y faisait attendre tuait toutes pensées. Rendait malheureux. Rendait fou. De ceux qui s'y étaient frottés, personne n'en était sorti indemne. Mais heureusement, peu de gens s'intéressaient au mystère Luisa.
Mais toi, si. Pauvre fou. Et tu lui fais des sourires, ta voix est tendre, chaleureuse. Tu l'aimes bien. Fou. Fou. Cet homme est écœurant. Une envie de vomir prit soudainement la gorge de Luisa, comme si la chaleur du thé, mêlé à celle du jeune homme, à celle du café, provoquait une réaction de non retour sur l'esprit glacial de Luisa.
Comme si on versait de l'eau bouillante sur une pierre gelée. Elle éclate. Et Luisa pouvait éclater à tout moment.

Et puis il se présenta. Léo. Léo, qui est enchanté d'avoir rencontrer une erreur. Léo, qui a subi l'ignoble pouvoir d'une gamine perdue. Léo le menteur. Qui irait sourire à ce genre de femme ? Il ment. Il ment. Il m'a vu. Il ment. Personne ne peut sortir indemne après avoir vu le désert de Luisa. Personne ne peut prétendre au sourire, et encore moins à la chaleur humaine, cette connerie inventée par les faibles pour les faibles. Léo est un menteur. Léo est un calculateur. Léo est intéressé, comme les autres. Léo veut faire comme si il ne savait pas qu'il parlait à un monstre de foire.
Et Luisa est déstabilisée. Elle se recroqueville sur sa chaise, comme un oisillon menacé par un faucon. Elle refuse de le croire, ce grand brun insolent, qui perturbe tout ce qui est son quotidien, comme tous les gens qu'elle rencontre depuis six mois. Luisa n'en peut plus, Luisa veut mourir, Luisa veut partir.
Mais Luisa reste Luisa, c'est comme ça.

« Luisa. Je m'appelle Luisa. Et lui, c'est Beata. Hum... Enchantée, je suppose. »

Luisa est furieuse. Luisa ne le montre pas. Luisa reste hypocrite, reste mensonge, reste elle-même. Luisa n'éprouve pas vraiment de colère. Luisa sent juste les épines s'enfoncer un peu plus dans son cœur de glace. Rien de plus, rien de moins.

« J'ai besoin d'aide. »

Toi. Vis-à-vis mystérieux, si semblable et pourtant tellement méprisant. De quel droit te permet-tu de ne pas succomber à ce poison fulgurant qu'est son pouvoir ? Tu n'es peut-être pas normal. Tu es sûrement malade. Allez, va-t-en. Ou sois-moi utile. Je ne pourrais pas te tolérer sinon.

« Tu... Tu es le premier que je rencontre. Le premier... à être comme moi. Ça fait maintenant... six mois. »

La grande actrice Luisa a levé le rideau. Regarde donc cette belle représentation, rien que pour toi, très cher ami. Rien de décelable, rien de réprouvable dans ce ballet raffermi par le temps. Pas un fil qui dépasse de cette marionnette de chair. Le marionnettiste est en vacances, la poupée se rebelle, mais seulement pour dire des insanités. Quel intérêt ? Aucun. Mieux vaut se rendormir, sous la douce toile d'oubli qui enserre Luisa de ses mailles trop serrées.

« J'ai besoin d'aide. »

On lance le fil. On attend que le poisson morde et on ferre, très, très doucement. Elle sera sans pitié. Détruire ou être détruite, tel est son monde. La mort omniprésente, même dans la joie. La vie de Luisa, c'est la mort des autres.
Et la tienne lui fera du bien.
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MessageSujet: Re: The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa]   The Girl Who Fell Through The Ice [PV Luisa] I_icon_minitimeJeu 31 Mar - 10:49

« C’était un face-à-face. Pure et inefficace. »
The Other.

Observer et détailler. Tout dans les moindres détails, n’en perdre aucun morceau, tout découvrir sur cette demoiselle. Ses tiques, sa manière d’être, de s’approcher ou de s’écarter des autres. La jeune inconnue était prudente. Oui, ça se sentait dans cette solitude préfabriquée qui lui seyait tant. Pauvre demoiselle, qui a du elle-même se briser les ailes. Un oiseau en cage, fait de sentiments et d’aversion envers elle-même. L’oisillon se recroquevilla dans sa prison, seul dignitaire de sa souffrance. Leo n’exprima rien, l’observant d’un demi-œil, alors que le principal centre de son attention venait d’être déposé par le serveur. Irish Coffee, pour bien te remettre les idées en plac. Et Leo regarde à moitié l’oiseau blessé et ne perçoit pas le jeu qui s’installe. Un rouge-gorge chante bien. Un rouge-gorge ment bien aussi. Il s’empare de la cuillère, mélange la crème chantilly à l’élixir. Un sourire, un regard bleu attentif et perçant. C’était mal poli. C’était un jeu aussi.

« Luisa. Je m'appelle Luisa. Et lui, c'est Beata. Hum... Enchantée, je suppose. »

Le lion tourna autour de la cage, but une gorgée de sa boisson. Et attendit. Qu’elle s’ouvre un peu plus d’elle-même, ou qu’elle se taise, pour qu’il puisse continuer à discuter poliment avec elle. Ray respira bruyamment, fit battre sa queue sur le sol.

« J'ai besoin d'aide. Tu... Tu es le premier que je rencontre. Le premier... à être comme moi. Ça fait maintenant... six mois. »

La pluie tomba, se heurta à la vitre immaculées et tomba, irrémédiablement attirée par le sol. Attraction terrestre, quand tu nous tiens. Leo, lui, avait son regard captivé par la demoiselle, manqua de lâcher sa cuillère sur la table, mais la tint fermement. Elle réitéra son appel à l’aide envers le pactisant. Il faillit s’étouffer sous le coup de la surprise, ne faisant plus que la dévisager une succession de longues secondes. Son souffle s’était arrêté, il n’entendit plus que le bruit de l’averse sur les fenêtres du café. Ray redressa la tête un moment, soucieux de ce qu’il entendait dans la tête de son maitre, soit un peu près rien. S’en suivit la naissance de la seule chose qu’il savait peut-être faire : Sourire.

Eh bien. Eh bien. Leo était naïf. Leo était candide. Il ne voyait pas venir les prémices d’une menace, ni le changement presque radical de comportement de la jeune demoiselle. Il ne s’en souciait pas, passa l’éponge sur ce sentiment qui lui chatouillait l’estomac. Mais son stella n’était pas dupe, lui indiqua un changement d’odeur chez la demoiselle. Le lion n’en fit rien, tourna un peu plus autour de la cage de l’oiseau. S’il voulait sortir de sa cage, pourquoi devrait-il l’en empêcher. De plus, représentait-elle une réelle menace ? Excepté l’assommé pendant quelques secondes, Leo ne perdait rien de sa force, ni de la lumière bienveillante de la Lune. Donc oui, il n’était pas sur ses gardes, se moquait de l’avertissement du chien. Il avait confiance. En quoi donc, pauvre fou ? Confiance dans la succession des actes à venir. Certes oui, Leo est un idiot. Mais il dispose d’une force énorme, que peu d’humains possédaient. Es-tu vraiment humain ?

Ses mains déballèrent le biscuit servi avec sa boisson, le coupa en deux, et s’approcha de la demoiselle. Luisa. C’était un joli prénom. La distance était calculée. Le biscuit s’arrêta là où il savait que l’espace proche de la pactisante devenait une zone à risques. Juste là, face à cette frontière invisible, cette cage faite d’appréhension. Juste à cette limite, où dès qu’il s’arrêta, sentit Luisa se crisper un peu. Presque infiniment, mais il l’avait remarqué.

« Tiens, Béata. C’est un cadeau d’excuse, de la part de ma boule de poils. » Boule de poils qui grogna, certainement pas prêt à faire la paix avec ces individus qui lui paraissaient plus que suspect.

Le rongeur grimpa rapidement sur la table, s’empara de la friandise, et repartit aussitôt dans la manche de sa maitresse. Bon, apparemment, il y en avait au moins un qui semblait ne plus en vouloir à l’autre. Leo but une gorgée de sa boisson, laissa la chaleur s’insuffler dans sa gorge, puis la déplaça sur le côté, laissant tout l’espace nécessaire libre, pour tenter toute approche envers la demoiselle. Il déposa ses coudes sur la table, rodant la distance qu’elle imposait d’elle-même. Si elle voulait parler de la Lune, soit, il le ferait. Gentiment, parfois sournoisement. La Lune était trompeuse, piégeuse. Il se souvenait très bien de ce qu’il faisait les six premiers mois de cette renaissance offerte par la Dame d’Argent… Ce n’était pas très prometteur de l’homme qu’il était devenu. Il courait dans les ruelles, suant à grosses gouttes, son déguisement vert le grattant plus que lui donnant une classe certaine. Il tendit sa main, et ce fut son pantalon qui tomba, pas celui du malfaiteur, voleur de sucettes à l’occasion. Et un chien parfaitement hilare derrière lui… Le bon vieux temps, n’est-ce pas ?

« Six moi, hum ? Ray dit que tu ne fais pas bien ton boulot, Béata. » Il se retourna vers son partenaire. « Pour rappel, toi, tu t’amusais bien avec moi, non ? »

Le chien aboya faiblement, retenant un rire face à ces souvenirs. Il observa la souris, évitant volontairement le regard marron de Luisa. C’était un jeu. C’était fait exprès. Pour s’attaquer à la Lune et aux problèmes qu’elle portait en son sein. Et le meilleur moyen était de s’en prendre aux Etoiles. Directement. Leo le savait, c’était pour cette raison qu’il s’était servi de son chien pour titiller un peu le stella. Il devait découvrir les raisons, l’origine de son pouvoir. Car, pour le contrôler, il fallait d’abord le comprendre. Pour le brun, cela lui avait pris beaucoup de temps. Sera-t-elle seulement prête pour le combat final ? Peut-être. Peut-être pas. Quoi qu’il en soit, beaucoup périront.

Il passa une main dans ses cheveux humides, se brula les lèvres avec sa boisson, reporta son attention sur Béata. Il n’y avait plus de Luisa. Il n’y avait plus de Ray. Il n’y avait que Leo et Béata. Elle lui avait adressé un appel à l’aide. Il l’avait entendu. Mais il n’y avait que Béata et lui. Ainsi, peut-être t’exprimerais-tu un peu plus ma belle ? Peut-être exploseras-tu en de merveilleuses expressions.

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