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 Et si on disait un jour peut-être ?[PV]

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Delia Fabriosa

Delia Fabriosa

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Et si on disait un jour peut-être ?[PV] Vide
MessageSujet: Et si on disait un jour peut-être ?[PV]   Et si on disait un jour peut-être ?[PV] I_icon_minitimeDim 29 Mai - 13:24

But my dreams they aren't as empty
As my conscience seems to be
I have hours, only lonely
My love is vengeance
That's never free

Inutile. Cette journée avait été inutile, et Delia en était fort contrariée. Dans la matinée, elle s’était disputée avec Elio, pour commencer. Et rien ne l’agaçait plus qu’une dispute avec son petit protégé qu’elle aimait tant. Et pourtant, elle avait haussé le ton et il avait du partir en claquant la porte, la laissant là, à peine réveillée, sur le palier commun de leurs chambres respectives. Seule. Tout avait commencé quand Aurelio ... non, Elio, s’était réveillé inhabituellement tôt pour sortir de sa chambre en même temps que sa patronne. Ils avaient échangés quelques mots, avant que Delia ne comprenne la raison de ce lever matinal. Il allait retrouver un de leurs clients, qui venait souvent depuis quelques semaines, alors que jamais il ne faisait ça auparavant. Delia avait voulu mettre en garde le garçon face à son attitude bien trop addictive à ce blondinet qui se prenait pour un grand habitué alors que cela ne faisait que quelques mois en tout et pour tout qu’il mettait les pieds au Love’s out. Elle avait essayé de lui parler comme à un grand garçon, notamment des dérives que les sentiments peuvent rapidement amener quand on ne les maitrise pas et qu’on ne les connait pas suffisamment. Delia savait bien que c’était le seul point faible d’Elio, et au fond d’elle-même, la jeune femme avait toujours su qu’un jour viendrait le moment où elle ne pourrait plus le protéger des souffrances et où elle devrait le laisser partir à l’abattoir, sans pouvoir rien y faire. C’est elle qui l’avait forgé ainsi, indépendant et totalement libre, elle ne pouvait revenir en arrière et le brider contre des mises en garde qu’il ne voyait ni ne comprenait. Elio lui avait d’ailleurs répliqué qu’elle était bien bête de croire qu’il puisse être amoureux d’un simple jouet, sous prétexte qu’il était un peu plus intéressant que les autres à ses yeux.

Le ton avait monté, tous deux persuadés du fondement de leur pensée, et finalement les deux caractères forts s’étaient quittés sur quelques exclamations sans pour autant en venir aux insultes. Delia aimait trop son fils adoptif pour cela, bien qu’elle se refuse à se voir en tant que mère, et le jeune homme lui était bien trop attaché et redevable pour oser un jour la contrarier au-delà du raisonnable. Jusque là, il lui avait toujours prêté une attention indéfectible et c’est sans doute cette dispute, le montrant têtu et déterminé, qui lui faisait le plus peur. Car c’était la première fois qu’il ne se pliait pas à ses conseils, à ses recommandations qu’il savait être sages. Il avait fallu plusieurs heures à Delia pour se calmer et, refusant d’imposer aux autres sa mauvaise humeur, elle en profita pour faire le ménage dans la salle principale de son établissement. Après tout, elle n’employait qu’Elio comme personnel, et il était hors de question de payer pour que quelqu’un fasse à sa place un travail qui était à la portée de tout le monde. Dans ces moments là, la déesse du Love’s out, mystérieuse et impassible redevenait une femme comme les autres. Et si elle ne souriait toujours pas, chose plus que rarissime chez elle, Delia était alors en tout point semblable à n’importe qui. Armée d’une serpillère et d’un torchon humide pour les tables, elle avait passé toute la matinée et une partie de l’après-midi à préparer la salle pour le soir même, en espérant le retour d’Elio, qui s’excuserait ... en vain, ce qui ne fit qu’augmenter sa mauvaise humeur que le ménage réussit heureusement à maitriser quelque peu. Puis, ça avait été la douche brûlante, délassante et lui faisant oublier l’espace d’un instant que la journée était loin d’être finie. S’habillant d’une jupe longue et d’un chemisier blanc, elle sortit en fin de journée pour aller quelques rues plus loin se ravitailler en alcool et en cigarette, essentiellement pour Elio puisqu’elle ne fumait que très occasionnellement.

Son barman rentra juste avant l’ouverture du bar, frais comme un jeune homme en fleur alors qu’elle-même était déjà lasse de sa journée. Mais un poids s’envola toutefois des épaules de la patronne de l’établissement quand elle constata que son protégé ne lui en voulait plus et qu’il avait retrouvé bonne humeur et disposition pour commencer la soirée, ce qu’il fit seul dans un premier temps. Delia lui laissa en effet les commandes, comme à son habitude, dans les premières heures de la nuit. Elle en profita pour dormir une demi-heure histoire de se reposer un peu la tête, et de prendre le soin de se préparer. Après tout, sa journée ménage ne lui avait pas permis d’aller à une quelconque recherche de quelqu’un qui pourrait lui apporter ne serait-ce qu’un semblant d’information, il lui faudrait donc viser ce but ce soir. Ne perdant jamais de vue cet objectif, Delia était obnubilée par la connaissance, par les découvertes qu’elle retransmettait dès que possible au Réseau. Elle désirait comprendre ce phénomène étrange et tout ce qui gravitait autour pour expliquer alors les zones d’ombre qui subsistaient dans son esprit à propos de ces étranges relations entre humains et étoiles. Mais la jeune femme, loin d’être fascinée par la merveilleuse opportunité de réaliser un vœu impossible, ne faisait que fuir le plus possible l’attrait de ces poussières d’étoiles, qu’elle imaginait fourbes et avides de faire d’un humain désespéré une proie facile. Elle savait bien qu’Elio y avait plongé, qu’il avait été détruit par quelque chose que son vœu n’avait pas arrangé. Cela l’avait rendu insensible, fragile sous une carapace friable. Il aurait pu se relever plus fort si cela n’avait pas été dans la facilité et dans l’imaginaire, dans le fantasme d’une réalité perdue. Cela l’avait piétiné sans vergogne, et Delia haïssait pour cela ces Pactes passés à la légère et souhaitait préserver la liberté humaine, contre leur assujettissement à une promesse. D’autant qu’elle connaissait quelqu’un d’autre dans ce cas là ...

Secouant la tête devant son miroir posé en pied et englobant sa silhouette contre le mur de sa chambre, la jeune femme s’interdit de retomber dans le passé et reprit conscience de son environnement proche. Elle était encore en sous vêtements, ses formes habilement étalées au regard de la nuit qui perçait déjà à travers sa fenêtre, sa robe étant encore posée sur son lit, derrière elle. Delia se dirigea avant cela vers une petite commode, en sortit un collier de pierres rouge sang et le porta à son cou pour l’y attacher avant de faire de même avec les boucles d'oreilles assorties. Puis vint la robe, qu’elle enfila rapidement avant de fermer les boutons qui la faisaient tenir sur son corps. Elle était noire, longue mais fendue sur le côté d’un trait qui remontait jusqu’à sa cuisse. Le décolleté était abrupt, les bords de celui-ci se rejoignant en effet entre ses deux seins. Le tissu cachait cependant ce qu’il était bon de cacher, et la robe n’avait rien de vulgaire, tant c’était sa gorge qui était exposée plutôt que sa poitrine. Les bords étaient ornés d’une fine dentelle noire, et la robe remontait sur son cou pour se croiser dans son dos et enfin se fermer par boutons sur le côté, sous son bras gauche. Pour compléter sa tenue, des chaussures découvraient le dessus de ses pieds mais se rejoignaient pour enlacer sa cheville d’un cuir rouge un peu plus foncé que sa chevelure. Ajoutant, par souci du détail, une ceinture gris métal qui retombait négligemment sur ses hanches, l’ensemble lui plaisait. Enfin, la jeune femme porta ses mains en hauteur et attacha sa crinière en un chignon serré, ne laissant s’échapper que la frange et quelques mèches récalcitrantes, qui venaient boucler sur ses épaules dénudées. Ainsi, elle était habillée du mieux que possible mais retenait un peu son potentiel séduction par une coiffure stricte ne dévoilant pas complètement la beauté de ses cheveux, quand ils retombaient anarchiquement dans son cou. Une dernière touche de rouge à lèvre, rouge foncé bien évidemment, un trait de crayon noir et Delia était prête.

Descendant les escaliers, la jeune femme rentra dans son univers nocturne, s’imprégnant du bruit et des rires qui fusaient déjà de certaines tables. Elle jeta un coup d’œil général sans grande conviction, avant de se réfugier près de la porte de service qui n’était en fait qu’un rideau séparant l’espace bar de l’arrière boutique. C’est là qu’elle passa les deux heures qui suivirent, un verre à la main toujours renouvelé. Si bien que c’est un peu imbibée d’alcool pur, pris sans les déguisements fruités qu’elle affectionnait d’habitude, que Delia vit arriver un client. Un de plus, un parmi d’autres. Elle le jaugea rapidement, d’un simple coup d’œil et soupira d’un air las. Personne jusqu’ici ne semblait mériter son intérêt, et là encore c’était sans doute quelqu’un d’inintéressant. Si Delia avait moins bu, peut être qu’elle aurait réfléchi un instant en se disant qu’elle ne l’avait jamais vu ici, et qu’il aurait pu valoir la peine qu’on s’intéresse à lui. Mais non. Aussi, d’un coup de tête négligent vers son serveur, elle enjoignit à Elio de s’occuper de lui. Comme quoi, le bon sens s’en va bien avec l’alcool, et la jeune femme était bien moins résistante que son barman aussi son jugement était-il ce soir nettement altéré. Et c’est accoudée sur le chambranle de l’ouverture donnant sur l’arrière boutique qu’elle continuait de fixer la salle, son regard s’attardant brusquement sur le nouveau client, qui n’avait pas bougé alors qu’Elio s’approchait de lui. Qui la regardait.

Spoiler:
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Egeado A. Iannone

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MessageSujet: Re: Et si on disait un jour peut-être ?[PV]   Et si on disait un jour peut-être ?[PV] I_icon_minitimeMar 14 Juin - 13:27

Il était tard ce samedi soir
Tarzan gara la Jaguar sur le coté du trottoir

Egeado avait forcé sur la bonne humeur aujourd’hui. Trop pour que Savio ne s’en rende pas compte. Et qu’évidemment il lui fasse remarquer. Il avait prit l’habitude de reconnaitre quand Egeado simulait ou pas. Et là ses sourires étaient bien trop accentués, ses boutades bien trop réfléchies et peu spontanées. Quelque chose n’allait pas mais il ne savait pas quoi. Enfin, il se doutait bien de quelque chose, il n’y avait que peu de raisons pour lesquelles Egeado n’allait pas bien. Sa sœur en était l’exemple parfait. Et c’était aussi l’exemple parfait du sujet de conversation sensible qu’on ne pouvait pas aborder à la légère. Ainsi Savio avait préféré garder le silence et se contenta de répondre à ses boutades comme il le faisait d’habitude. Mais il se tenait prêt au moindre signe de faiblesse de son ami. De plus comme d’habitude, Egeado avait repoussé l’échéance de présentation de ses informations et il n’avait d’autre choix que de travailler un maximum le plus tard possible. Procrastination était sûrement un de ses mots préférés. Il n’eut ainsi d’autre choix que de le laisser tout en lui précisant qu’il pouvait toujours l’appeler s’il avait des problèmes de timing. Sous entendu si tu te sens pas bien, tu peux aussi m’appeler. Mais Egeado lui avait répondu avec un gentil sourire qu’il n’aurait pas de problème et qu’il serait dans les temps. Savio était toujours impressionné par sa capacité à expédier de façon aussi clean le boulot qu’il devait faire. Mais ce n’était pas tant pour son boulot que pour lui qu’il se faisait du souci et il espérait que ça irait mieux le lundi en début de semaine.

Ainsi Egeado était resté à taper sur son ordinateur, le bruit des touches pour seul accompagnement, semblable à une pluie diluvienne au vu de la rapidité de ses doigts. C’était le moment idéal pour travailler à s’en oublier. La date approchait, dans un peu plus d’un mois serait le jour d’un bien sinistre anniversaire. Et comme chaque année à son approche, Egeado se sentait mal. Sa sœur lui manquait. Elle lui manquait constamment et plus d’une fois il avait cru la voir de dos dans la foule, entendre son rire à l’extérieur. Et pourtant Dieu sait qu’il faisait des efforts pour s’en sortir et pour essayer une bonne fois pour toute de faire le deuil. Mais un tel lien ne peut pas s’oublier si facilement. Sa sœur était partie pour de bon. Le plus dur pour le petit frère était de se retenir de faire des prières, de souhaits dans le vent. Surtout la nuit. Il ne voulait pas que sa vie devienne un enfer à cause d’une pensée de travers. Il ne voulait pas finir comme Stella. Se noyer dans le boulot était la seule chose qui lui permettait de penser totalement à autre chose. Et il était reconnaissant à Savio d’essayer de l’aider quand même. Il devrait lui en parler. Mais en parler c’est aussi accepter la chose et malgré toute la rationalité dont Egeado pouvait faire preuve, il n’était pas totalement prêt à faire ça.

Il termina son rapport et l’envoya avant d’enlever sa blouse et ses lunettes et de mettre son manteau. Il faisait déjà nuit et il n’y avait plus grand monde à L’impiato. Mais en sortant dehors, il découvrit des rues animés. Il bossait rarement le samedi mais n’en profitait pas pour sortir à vrai dire. Du coup il marcha lentement au milieu de ces gens de tout âge et tout style. Il ne se sentait pas de rentrer déjà chez lui, dans cette si grande maison qu’il n’avait jamais vraiment apprivoisé. Une fois n’était pas coutume, il pouvait bien se permettre d’aller quelque part tout seul, sans Savio. Il n’était pas asocial et savait gérer les relations humaines quand même. Ca faisait un petit moment qu’il n’avait pas fait de gymnastique relationnelle avec des inconnus. Et tant que ça pouvait lui changer les idées, il était pour. Il n’était pas particulièrement habillé pour sortir mais bon, il ne faisait pas vieux scientifique sale et aigri. Encore heureux. Non il était en chemise bleue claire avec une veste noire et un jean. Classique et efficace. Il avança au hasard des rues avant de tomber sur une enseigne sobre qui lui plu bien. Il n’était plus du style à sortir dans les boites bruyantes de jeunes, il ne fallait pas exagérer.

Il poussa ainsi la porte et se retrouva dans un univers particulier. C’était calme malgré le nombre de personnes présentes. Logique pour un samedi soir. En tout cas l’ambiance avait l’air d’être bonne, sans tension et c’était justement ce qu’il avait besoin. De la relâche pour pouvoir discuter en paix avec n’importe qui en fait. Les sujets de conversation futiles, ce n’était pas ce qui manquait. Et puis il n’y avait que peu de chance qu’il revoie ses futures connaissances alors autant en profiter. Son regard fit un tour d’horizon, s’arrêta un instant sur une femme au bout du comptoir, adossée à ce qui semblait être l’entrée de l’arrière salle, continua sur les divans mais revint sur elle. Ainsi sans plus réfléchir, et ne faisait absolument pas attention au jeune homme qui se dirigeait vers lui, il alla s’installer au bar, le plus près possible de cette personne qui lui avait tapé dans l’œil.
Egeado fonctionnait souvent sur des coups de tête, surtout pour les rencontres. Mais il ne fallait pas croire qu’il n’était attiré que par les femmes au physique ravageur. C’était aussi ce que la personne dégageait, ce que son sourire voulait dire qui le motivait ou non à engager la conversation. Et s’il était venu ici, c’était plus pour le fun que pour autre chose. Car en voyant de plus près le physique de la femme rousse, aux cheveux relevés en chignon, il sut parfaitement qu’il était impossible qu’elle s’intéresse à lui. Egeado situait vaguement ses capacités de séduction, mais avec un potentiel comme celui de la femme à côté de lui, il faisait pâle figure. Des râteaux, il en avait prit plus qu’il ne pouvait compter et il était prêt à parier que des râteaux, elle en avait mit plus qu’elle ne pouvait compter. Mais il n’était pas du genre à s’autocensurer sur une simple différence physique. Qui ne tente rien n’a rien était une bonne devise et comme elle lui plaisait bien, pourquoi ne pas engager la conversation ? De plus elle était seule et n’était pas occupée, toutes les cartes étaient dans ses mains.

Par sa présence et son emplacement, à ne pas douter qu’elle faisait partie du personnel du bar, mais avec une tenue pareille, elle n’était certainement pas une simple serveuse. Pas avec une aura semblable. Ce fut donc avec un grand sourire en sa direction qu’il passa commande, alors qu’il enlevait sa veste pour la poser sur le comptoir à coté de lui.

- Un Fernet Branca s’il vous plait. Avec du coca et beaucoup de glaçons.

Un amer italien qu’il affectionnait particulièrement, mais qu’il préférait dilué avec du coca pour atténuer l’amertume des multiples plantes le composant. En tout cas, au niveau de l’amertume, il allait être servi.
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Delia Fabriosa

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MessageSujet: Re: Et si on disait un jour peut-être ?[PV]   Et si on disait un jour peut-être ?[PV] I_icon_minitimeMar 14 Juin - 13:54

Je ne sais pas si tout le monde peut comprendre cette notion, mais quand on est habitué à du whisky pur malt de grande qualité ayant mûrit de longues années durant à l’abri des contraintes du monde, on ne se contente pas d’un banal alcool de supermarché qui se présente sans saveur ni attrait. Eh bien en gros, c’est la pensée qui animait Delia dès qu’elle mettait un pied dans son bar. Survolant toujours de ses yeux noircis par le maquillage les clients, le tri se faisait presque par automatisme. La jeune femme avait l’expérience, du haut de ses trente années qui étrangement n’était qu’un chiffre dérisoire par rapport à son vécu, pour jauger avec un soin plutôt réussi les personnes en face d’elle. Il y avait ceux qui ne venaient que pour trouver un peu de compagnie sans rien sembler avoir à garder pour soi, prêt à s’exposer à tout. Ceux là étaient du domaine de son serveur plutôt que du sien et Delia se refusait à faire passer le temps d’un jeunot tout fier de son exploit. D’autant que plus l’on avance dans la vie et plus l’on devient important au sein de sa branche, donc ce n’était pas du côté des moins de vingt-cinq ans que la patronne du bar pouvait espérer trouver son bonheur. Après, il suffisait d’essayer. Discuter un instant lui suffisait souvent, et si jamais elle se trompait la jeune femme pouvait toujours revenir en arrière d’un air contrit. C’était tellement facile de savoir bien jouer la comédie pour leur plaire, à ces clients si peu difficiles. En venant ici, la plupart d’entre eux pensaient se vider l’esprit et passer un bon moment alors que le seul résultat était la satisfaction de la curiosité de Delia. D’autant que bien souvent, trop heureux de leur récompense, ils ne prenaient même pas garde au vilain tour qu’elle les avait obligés à jouer pour elle.

Manipulatrice et séductrice, Delia ne l’était pourtant pas tout le temps. Il était d’ailleurs assez étrange de voir combien elle pouvait se montrer différente entre l’univers du Love’s out et l’extérieur. A la différence d’Elio, la jeune femme jouait parfaitement son rôle et ne se complaisait pas dans une existence aussi pauvre qu’elle le laissait paraitre avec son statut de tenancière. Avec les gens qu’elle fréquentait en dehors, Delia était bien plus avenante et si aucun sourire ne franchissait jamais réellement la barrière de ses lèvres rouges, le ton de sa voix se faisait plus doux et son regard attendri. Son quotidien la laissait, elle, encore humaine et femme. Bien plus que ne l’était son serveur, déjà abandonné dans un monde qu’il croyait maitriser alors qu’il y était entièrement soumis. Souvent aimable, toujours polie, elle était de celles qui font attention aux autres avant de penser à soi. Nul n’aurait pu le deviner derrière son masque impassible de Delia Fabriosa, mais il y avait toujours ce besoin de s’effacer alors qu’elle devait plaire, se montrer. Ses convictions plus que son travail au sein du Réseau l’exigeaient, en tant que bonne informatrice, tout comme sa conviction d’auteur à toujours faire les choses du mieux possible. Cependant, rien ne la rendait plus heureuse que de s’effacer un peu, pour oublier le prochain client, la prochaine commande, la prochaine montée des marches d’escalier menant à l’étage. Bien sûr, ce soir il était totalement hors de question d’envisager cette solution qui n’en était à vrai dire même pas une tant c’était une idée ridicule que d’abandonner son royaume aux seules mains d’Elio, sans rien pour justifier son absence dans la salle principale.

Alors elle attendait. Patiemment, sagement, que quelqu’un lui donne sa part de gâteau ce soir. Sauf que les verres s’enchainaient et que l’espoir dans ses yeux restait résolument absent. C’est environ à son cinquième soupir en un temps record que quelqu’un vint s’installer juste auprès d’elle. C’était l’homme qu’elle avait vu entrer vaguement, du loin de son esprit embrumé. Pensant qu’Elio s’en serait occupé, elle lui jetait un regard noir alors que son serveur haussait les épaules dans sa direction, à la fois impuissant et désolé. Et si Delia était souvent directe, parfois blessante, elle ne négligeait pas le client, jamais. Aussi le regarda-t-elle patiemment s’installer. La silhouette n’était pas grande, mais mince. La constatation était d’autant plus flagrante qu’elle-même était une femme pleine de formes, et au désavantage du nouveau venu il faisait presque adolescent, avec sa peau pâle, sa carrure peu imposante et la finesse de ses traits. Mais la contradiction était flagrante, puisque Delia remarqua sans même le penser l’âge de l’inconnu, qu’elle situait environ autour du sien, sans savoir dire si c’était plus, ou moins. Cela éliminait déjà le gamin boutonneux, bon point. Mais il n’avait pas la tête de quelqu’un qui a des choses intéressantes à dire, pas l’air de celui qui sait quelque chose qu’il garde pour lui. Pas vraiment d’intérêt, en somme.

Et là encore, peut être que si Delia avait un peu moins bu, alors se serait-elle aperçue de ce qu’elle pouvait, en temps normal, voir d’un coup d’œil. Mais là, elle s’arrêtait simplement à ce que des prunelles peu attentives peuvent voir. A savoir des traits fins comme déjà évoqués, des cheveux blonds aux nuances variées qui tombaient dans un cou élancé pour frôler de leurs pointes une chemise pâle. Delia ne put pas s’enquérir du reste de sa tenue, étant donné que le bas disparut quand il s’assit sur un des hauts tabourets faisant face au bar, et que sa veste échoua immédiatement à ses côtés. Elle nota tout de même une boucle d’oreille qui faisait mauvais genre ou vieux dragueur, au choix, et des iris marron qui lui faisaient face tout à coup. Pendant quelques secondes elle resta là sans un mot, sans même proposer de prendre sa commande. Delia était suffisamment alerte pour savoir qu’attendre suffisait devant cet homme décontracté, à l’aise comme un habitué alors qu’elle ne souvenait plus l’avoir vu ici. Certes, il était agréable à regarder selon les standards féminins. Mais rappelons que Delia n’a rien du standard, et qu’en plus elle ne s’intéresse que lorsqu’elle a une raison de le faire. Alors c’est de marbre que la laissa le sourire pourtant avenant et parfaitement maîtrisé de son client imposé. Dieu, que cela devait marcher sur d’autres femmes, on aurait dit un petit soleil qui se créait sur une bouche pour attirer à lui toutes les étoiles perdues environnantes.

- Un Fernet Branca s’il vous plait. Avec du coca et beaucoup de glaçons.

Ah oui mais ... non. Pas la première fois qu’on venait dans son bar. Ne se souvenant pas de lui et étant pourtant très physionomiste, Delia s’autorisa à en déduire qu’il n’était pas encore venu et, par automatisme, décida de lui réserver le rituel auquel avait droit tout nouveau client. Dans un désir d’anticonformisme et de surprendre, Delia avait depuis bien longtemps déjà instauré cette habitude de ne pas répondre à la demande, ou du moins de manière détournée. Dans un premier temps pourtant, elle hocha la tête comme pour lui laisser croire que sa requête était entendue et acceptée. Sauf que s’il suivait ses mains plutôt qu’autre chose, nul doute que l’inconnu puisse en déduire qu’elle différait de sa demande. Se saisissant d’un verre bas et rond, plus doux qu’un verre de whisky mais tout aussi peu élevé, elle choisit pourtant de ne pas changer totalement d’univers. Il voulait de l’amertume, quelque chose d’italien ? Soit. Commençant par le vermouth rouge, Delia en profita pour poser son verre alors qu’elle commençait à remplir celui de son client. C’était un mélange savant de différentes plantes au goût sucré, qui allait merveilleusement contrebalancer la grande dose de campari qu’elle rajouta ensuite. Saveur beaucoup plus amère, celle de l’amaro, cet alcool était à la fois âpre et râpeux en bouche, ce qui convenait parfaitement au mélange ainsi créé. Simple, et pourtant délicieux, elle poussa le verre vers le jeune homme avant de lui répondre enfin, dans un ultime souci de politesse.

- Et je n’accepte pas de mécontentement tant que l’on ne profite pas du goût.

Un instant, c’est vrai, elle songea à couper court ici l’ersatz de conversation qui se créait à peine, mais au final celle-ci allait avoir un avantage. Aucun autre client ne viendrait la déranger, et elle pouvait se servir d’un inconnu pour paraitre occupée et en profiter pour guetter, enfin, un intérêt dans ce début de nuit qui commençait plutôt mal à première vue. Alors Delia tira un siège de sous le comptoir et s’assit face à son interlocuteur, comme pour paraitre occupée. Sa concentration s’échappa mais en apparence elle semblait presque attentive à ce qu’il pouvait lui rétorquer, et le seul risque de cette situation était de donner de faux espoirs à quelqu’un qui, à priori, ne l’intéressait en aucun point. Si c’était le prix à payer pour un eu de tranquillité, soit.
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Egeado A. Iannone

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MessageSujet: Re: Et si on disait un jour peut-être ?[PV]   Et si on disait un jour peut-être ?[PV] I_icon_minitimeMar 14 Juin - 20:04

Si tu ne comprends pas désolé, je ne vais pas toujours t'expliquer.
Le deuxième degré est déjà acquis dans nos pensées.
C'est net et même si je me la pète, voilà que je me répète,
Je suis vraiment trop bête, il faut que je m'arrête.
A force de me prendre pour la vedette, je suis devenu la trompette.


Egeado n’était pas un gros buveur, ne l’avait jamais été. Il appréciait un petit verre de temps en temps, pour l’apéritif en digestif. Sinon c’était vin et champagne. Sa résidence avait une cave à vin très bien fournie. Mais pour le peu d’invité qu’il accueillait, elle ne servait pas très souvent. De temps en temps il ouvrait une bonne bouteille pour déguster quelques verres et apportait le reste le lendemain au boulot pour Savio. Il avait été éduqué tôt pour goûter le vin, atout indispensable de la bonne culture. Ce n’était pas bon, ce n’était pas bon, et puis un jour il s’était fait à ce goût si particulier et avait apprit à l’apprécier avec de la bonne nourriture. Ce fut pareil pour le champagne. Mais les alcools forts, ce fut dans les soirées qu’il les essaya. Et découvrit encore quelque chose de différent. Il découvrit l’ivresse et la sensation de dire des choses parfaitement cohérentes alors qu’on était même plus capable de marcher droit. Et il découvrit l’excès, la sensation d’être malade et au plus mal, ainsi que le mal de tête carabiné. Et puis comme beaucoup d’autres avant lui, il jura que c’était la dernière fois. Sauf que pour lui, ce fut le cas, et puis jamais il ne se prit une cuite comme il avait pu le faire avec le gin. Dans l’ensemble, hormis une absence totale de sport, Egeado n’avait pas une mauvaise hygiène de vie. Il ne buvait pas souvent, ne fumait qu’occasionnellement, parfois avec son café, en soirée, ou lors de cas exceptionnels de stress. La cigarette aussi il l’avait connu fin du lycée mais il n’avait jamais été fan. Il n’avait pas besoin d’une addiction supplémentaire dans sa vie. Quant à la drogue, hormis les quelques pétards de ses jeunes années, il n’en a jamais vu l’intérêt non plus. Aujourd’hui, sa seule drogue, c’est la caféine. Il lui faut plusieurs cafés dans la journée, surtout le matin pour le réveiller.

En tout cas, dans l’immédiat, il avait le plus grand mal à détacher son regard de la femme qui attrapait les bouteilles pour lui faire son verre. Et il était bien trop occupé à ça pour voir que les bouteilles versées ne correspondaient guère à ses attentes. Une femme aussi belle, ça faisait longtemps qu’il n’en avait pas vu. Il se retenait d’ailleurs de la dévorer des yeux. Il était respectueux et avait été élevé comme ça. Ses réflexions vaseuses n’étaient jamais pour incommoder, juste pour plaisanter et n’avait pas pour ambition d’être un lourd en puissance à qui on a envie de retourner une claque bien sentie pour lui faire ravaler sa pseudo suffisance. Et niveau forme, elle était renversante. Poitrine comme hanche, elle avait tout ce qu’il fallait où il fallait. C’était pas permis d’être aussi belle. Elle devait vraiment se faire retourner tous les hommes dans la rue. D’ailleurs il se demandait pourquoi tous les hommes du bar n’étaient pas encore à ses pieds. Une femme pareille tu peux pas passer à côté. Egeado devina immédiatement qu’il n’avait strictement aucune chance. Au mieux il passerait pour un gentil un peu débile, au pire pour un dragueur bidon. L’un dans l’autre il était un peu des deux alors bon, ça ne lui changeait pas la vie.

Décidément, il n’arrivait pas à détacher son regard de la femme rousse. Mais il ne pouvait décemment pas être catalogué ainsi avant même d’avoir pu engager la conversation. Il sentait déjà son déroulement gros comme une maison. Mais on n’était jamais à l’abri d’une surprise, bonne ou mauvaise, et puis maintenant qu’il était là, devant elle, c’était idiot de passer à côté et de louper sa chance. Il ne risquait rien à part un gros refus. Qui lui glisserait dessus dans tous les cas.
Son verre arriva devant lui et il nota que la couleur ainsi que l’odeur étaient parfaitement incompatible avec ce qu’il avait demandé. Il n’eut cependant pas le temps de faire une remarque que la voix de la barman s’éleva pour le mettre en garde. Et je n’accepte pas de mécontentement tant que l’on ne profite pas du goût. Et vu le ton qui demeurait sans aucun doute poli, Egeado se dit qu’il était déjà mit à jour dans ses plus claires intentions. Ba en même temps, il n’était pas connu pour sa subtilité et sa discrétion. Soit ! Soyons fou. Il porta le verre à ses lèvres et en prit une longue gorgée. Et il reconnu. Vermouth. Et du campari. Un cocktail classique mais diablement efficace. Et qui remplaçait sans aucun problème sa première commande. Elle avait l’œil, la passion et la réactivité. Cela se voyait en elle qu’elle n’était pas qu’une belle femme. Non il y avait quelque chose derrière. Et Egeado était joueur. Et pas mauvais perdant pour trois sous. Le jeu lui seul comptait. Il prit soin de boire encore un peu, laissant son palais capter tous les arômes avant de prendre la parole.

- La maison rembourse en cas d’erreur sur la commande ?

Le ton était malicieux et le sourire l’était tout autant. Il avait entamé la discussion. C’était maintenant qu’il verrait si elle entrait dans son jeu ou si elle déclinait de façon plus ou moins rude. Et même dans ce cas, ce n’était pas ça qui pouvait l’arrêter. Il n’allait pas la poursuivre dans tout le bar, mais si jamais elle restait à proximité, il en déduisait qu’il avait toujours ses chances. Il joua à passer son doigt sur le bord du verre à moitié vide. Il avait eu une très bonne idée en venant ici. C’était le meilleur moyen de se changer les idées. Il échafaudait des plans de séduction foireux qui ne fonctionnerait pas, mais au moins il était occupé à autre chose qu’à penser au jour qu’on était. Et c’était une bonne chose. Il savait très bien que s’il était rentré chez lui directement, il aurait eu un gros coup au moral dans cette maison vide des rires de sa sœur et des plaintes de son neveu. Alors qu’ici au moins il était entouré, il pouvait laisser libre court à son caractère et sa stupidité. Rire était bien plus enrichissant que de pleurer et se lamenter sur son sort. Il ne savait pas à quelle heure fermait ce bar, mais il comptait bien y rester jusqu’à la fin. Même si au final il restait seul, il était entouré, il pouvait s’imprégner de l’ambiance autour de lui. Et rien que ça c’était mieux que rien. Il devrait peut être adopter un chat.

- En attendant que la personne que vous semblez guetter arrive, je vous offre un verre ? Rassurez vous, le votre était très bon.

Le ton était nonchalant, le clin d’œil beaucoup moins. C’était une attitude parfaitement ridicule. Et il dut se retenir de rire devant sa débilité. C’était si bon de rester jeune.
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Delia Fabriosa

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MessageSujet: Re: Et si on disait un jour peut-être ?[PV]   Et si on disait un jour peut-être ?[PV] I_icon_minitimeMer 15 Juin - 10:40

Il ne fallait pas croire, en définitive, que Delia n’était pas une personne sociable. Au contraire de certains, elle aimait avoir des contacts avec des gens. Leur parler, les découvrir, être curieuse à leur sujet. C’était quelqu’un d’assez ouvert et de totalement prêt à partager des choses banales comme une conversation en terrasse d’un café milanais. Mais, comble de la frustration, c’était la Delia diurne qui pouvait se le permettre. Celle qui abandonnait les dentelles et les escarpins pour une simple robe légère serrée à la taille, un sac à main et des yeux attentifs à toute bonne affaire qui se présenterait sur sa route. Cette fille aurait détonné assez violemment dans son décor de soirée, aussi ne pouvait-elle se permettre de paraitre accessible. Plus elle était froide et distante tout en distillant parfois un semblant d’intérêt, mieux c’était pour elle. Son image, ridicule paravent qui lui collait à la peau et dont elle ne se défaisait pas un seul instant tant il était devenu naturel. L’enfilant sans le penser, Delia se surprenait parfois à avoir cette même attitude en se rendant en ville une fin de matinée, ce qui l’incommodait tout particulièrement. C’était mieux que l’inverse, certes, mais faire la part des choses était importante si elle ne voulait pas se perdre totalement dans les dérives de son ... métier. En tout cas, l’avantage se situait dans la façon inconsciente d’accomplir cette tâche qui lui était dévolue aussi, même légèrement atteinte par l’alcool, cela ne posait aucun problème à la jeune femme, aussi tranchée que possible dans ses réflexions. Mais tout ça pour dire que si la situation avait été toute autre, beaucoup de choses se seraient passées autrement.

Il aurait bien évidemment fallu partir du postulat qu’Egeado était un peu moins nonchalant et désinvolte et Delia un peu plus intéressée, mais dans un autre contexte la jeune femme aurait éventuellement pu apprécier rapidement sa présence grisante car délicieusement légère et sans aucune contrainte. Dans l’univers présent, c’était le contraire et cela l’énervait d’autant plus : il ne fallait surtout pas se laisser aller à apprécier ce qu’elle n’était nullement. Croisant puis décroisant les jambes sous le couvert du comptoir, Delia regarda son client boire sa première gorgée avec, malgré tout, le même plaisir teinté d’ironie qui l’habitait toujours lors de cette première expérience de la frustration précédant l’appréciation. Souvent, elle avait droit à des questions avant même que le consommateur ne goûte, ou bien aux froncements de sourcils désapprobateurs des plus compliqués. Ou alors, comme présentement, des rigolos qui tentaient de faire un trait d’esprit. Mais plus que cela, la jeune femme y voyait une certaine volonté d’engager la conversation. Et derrière le sourire et l’amusement dans la voix, une certaine expérience en matière de femmes. Ce qui, il fallait l’avouer, la surprenait un peu. Il avait d’avantage l’air du bon copain, de l’ami fidèle que du compagnon dont on rêve de partager la vie. Et à son âge, il valait mieux qu’il évite de multiplier les aventures d’un soir s’il souhaitait avancer et construire quelque chose ... Dans cette réflexion, on pourrait trouver beaucoup d’ironie. La patronne du Love’s out critiquait les attitudes présumées d’un dragueur enfantin qui ne faisait pas son âge.

Mais qui était-elle pour oser porter ne serait-ce qu’un semblant de jugement ? Elle était l’image même de l’amusement, de la débauche, d’un lieu qui ne vivait que quelques heures avant de se réinventer perpétuellement. Par ses propres activités, on aurait pu la traiter de tous les noms simplement au vu du peu de sérieux qu’elle engageait dans l’acte, au contraire des discussions. La patronne de ce bar n’avait qu’à donner l’exemple, et même encourager des conduites dépourvues de tout engagement et de tout sentiment, tel qu’elle aimait le clamer à ses habitués. Il ne fallait pas compter sur un peu d’amour de sa part, elle ne pouvait se résoudre à donner ce qu’elle n’avait jamais reçu. Il aurait d’abord fallu lui apprendre, et bien malheureux serait celui qui devrait tenter de lui faire découvrir un monde aussi inconnu que ridicule, pour l’instant, à ses yeux. Et sur ces considérations cyniques qui la faisaient effacer tout jugement envers son interlocuteur, elle lui répondit.

- Cela arrive tellement souvent qu’il faudrait me ruiner.

Son verre avait déjà diminué de moitié, tandis que dans le sien il ne restait qu’une petite flaque abandonnée. Elle le saisit d’ailleurs et, renversant sa nuque en arrière, s’empressa de terminer les dernières gouttes qui lui brûlèrent autant la gorge que le palais. Le fond était toujours le plus concentré en alcool, et au vu du taux de cette substance qu’elle avait à l’instant dans le sang, s’en resservir un nouveau était inenvisageable. Repoussant le cadavre de ce verre, si triste une fois vide, elle le laissa enchainer tranquillement dans sa tentative désespérée de l’approcher. Qu’il essaie, il n’avait après tout rien à perdre, mais rien à gagner non plus, à vrai dire.

- En attendant que la personne que vous semblez guetter arrive, je vous offre un verre ? Rassurez-vous, le votre était très bon.

Le clin d’œil, tellement surfait. Elle en aurait presque rit, aidée par les vapeurs envoutantes qui s’échappaient encore du verre de son vis-à-vis, mais finalement se contenta de répondre d’un air qu’elle voulait neutre, ne trahissant aucunement l’envie d’être encore plus rude dans ses propos.

- Bien tenté, il faut avouer. Mais il me faut apparemment vous rappeler qu’ici, c’est mon domaine. Je m’offre un verre toute seule, au demeurant.

Elle était tout de même satisfaite d’avoir réussi son cocktail, mais pour appuyer ses paroles il était temps de les mettre à exécution. Delia se leva un instant, recula de trois pas en direction du rideau qui menait à l’arrière boutique et y disparut deux minutes, le temps d’attraper une bouteille opaque sans étiquette qu’elle ramena au bar. C’était le seul flacon magique qu’elle ne présentait pas à ses clients, car sa boisson exclusivement réservée lorsque l’alcool lui devenait trop fort. Après tout, elle ne buvait à ce rythme que depuis peu et l’habitude n’était pas là. Se servant, elle ajouta à son interlocuteur sans toutefois le regarder :

- Je vous ressers quelque chose ?

Rebouchant la bouteille mystérieuse, elle la plaça à l’abri des regards, sous la planche en bois massif lustré qui servait de table au bar. Et porta son nouveau verre à ses lèvres, affichant pour la première fois de la soirée un air satisfait. Et c'est là qu'elle remarqua la pertinence des propos de son client quant à qulequ'un qu'elle attendrait. Cela signifiait donc qu'il avait parfaitement conscience qu'elle ne l'utilisait que pour passer le temps, ou faire bonne figure. Malin, celui qu'elle pensait résumer aux termes "gros lourd à oublier". Si elle guettait toujours quelqu’un ? Oui, évidemment. Mais rien ne l’empêchait de faire une pause, d’autant que ce soir Delia n’était pas dans son meilleur état de forme. Peut-être ne ferait-elle rien d’autre que discuter un peu, se désespérer des remarques d’un nouveau client un peu utopiste et puis dormir, finalement ...
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Egeado A. Iannone

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MessageSujet: Re: Et si on disait un jour peut-être ?[PV]   Et si on disait un jour peut-être ?[PV] I_icon_minitimeMer 15 Juin - 18:59

Tu m'fais trop pitié, tu m'soules, vas-y parle à ma main !
Si t'as pas compris ça veut dire oublies moi, hein, hein !
J't'écoute pas, t'existes pas donc, vas-y parle à ma main !


Cela se voyait dans son attitude qu’elle attendait. Cette façon qu’elle avait de regarder dans tous les coins, alors que son regard revenait systématiquement vers la porte. Attitude attentiste. Elle ne se relâchait pas, malgré ce qu’elle pouvait vouloir montrer. Elle n’était pas détendue, prête à savourer un verre et envoyer balader un pauvre dragueur. Elle ne semblait pas non plus sur les nerfs non, c’était un savant dosage avec quelque chose en plus qui faisait qu’elle ne semblait pas non totalement alerte. C’était plus fort que lui, fallait qu’il la regarde, même à la dérobée. Ce menton droit, ce cou fier, cette mèche de cheveux roux qui s’échappait du chignon, la courbe de sa poitrine, le creux de ses hanches qui filait droit sous le bar, l’empêchant de profiter de la suite. Egeado avait beau remonter dans ses souvenirs, il n’arrivait pas à remettre le doigt sur une précédente rencontre avec une femme aussi belle. Il avait été bien inspiré que de pousser cette porte. Le scientifique s’imaginait déjà raconter son aventure à Savio lundi. Il y avait moyen qu’il se fiche totalement de lui et de ses grandes déclarations enflammées sur une beauté surnaturelle. Mais peut être que ça lui donnerait envie d’aller la voir et là, il ne lui dirait jamais le nom du bar ! Il était hors de question qu’il partage, Savio aussi avait du succès et malgré le fait qu’il soit divorcé, il n’avait rien perdu de son charme avec les filles. Et il conclurait sûrement sur un mensonge délirant. Ça serait sûrement ça le plus drôle. Mais il finirait peut être par craquer et l’emmener dans ce bar, qui savait ?

Alors qu’il remontait le regard vers son visage, il finit par remarquer ce qu’il aurait dû avoir vu depuis déjà quelques minutes, ses joues étaient un peu rouges. Et ce n’était pas le rouge de la personne qui a chaud, plutôt celle qui a chaud de l’intérieur. Cette attitude, il l’avait déjà vu des dizaines de fois en soirée, et ça expliquait pourquoi elle ne semblait pas totalement attentive. La barman avait bu. Pas assez pour être stupide, mais suffisamment pour commencer à se sentir un peu plus légère et surtout pour ne pas remarquer totalement tout ce qui se passait. Elle avait sûrement du mal à maintenant sa concentration en éveil. C’était moche quand on avait un travail comme ça ou le principal quand on servait de l’alcool, c’était justement de ne pas faire pareil, à moins d’être sûr de tenir. Ce qui ne semblait pas être son cas. Etait-ce à cause de la personne qu’elle attendait et qui ne venait pas ? Peut être avait-elle eu une mauvaise nouvelle dans la journée. Enfin, il pouvait imaginer tout et n’importe quoi mais en tout cas, il ne manquerait pas de le lui faire remarquer. On ne se refaisait pas. Mais bon, ce n’était pas son genre de profiter des femmes qui avaient bu. Plus d’une fois à cause de l’alcool on s’était assit sur ses genoux, on s’était pelotonné, on l’avait entrainé dans une danse sensuelle. Mais malgré parfois une forte envie, il ne s’était jamais abaissé à en profiter. Non une femme ça s’appréhendait d’abord par la parole et par l’échange qu’un peu saoule. Il avait peut être brisé ses espoirs en agissant ainsi mais ce n’était vraiment pas son style d’agir de la sorte. S’il plaisait, la fille n’avait qu’à venir lui parler, il était totalement ouvert. Et puis même s’il avait décidé d’être entreprenant, elle n’était pas assez alcoolisé et trop abrupte pour se laisser faire et sans nulle doute qu’il s’en serait tiré avec une baffe dans la tête.

- Cela arrive tellement souvent qu’il faudrait me ruiner.

Egeado esquissa un sourire. Elle avait du répondant, ce n’était pas la poupée qu’on se contentait de regarder. Il y avait fort à parier qu’elle pouvait avoir une langue bien acérée, ce qui serait doublement plus amusant. Il se demanda un instant s’il pouvait se la jouer gros lourd ou pas. Avec une fille lambda qui lui plaisait, peut être oui et encore. Si on se comportait en idiot finit, même avec des sous entendus montrant qu’on exagérait, ça ne marchait que très rarement de plaisanter sur un « Mademoiselle vous êtes charmante, ça vous dirait une glace à la menthe ? ». Et avec une femme comme elle, il valait mieux la jouer beaucoup plus finement. Et ce malgré son incommensurable envie de dire et de faire n’importe quoi.

- Bien tenté, il faut avouer. Mais il me faut apparemment vous rappeler qu’ici, c’est mon domaine. Je m’offre un verre toute seule, au demeurant.

- Il serait en effet déplacé de vous proposer un verre en plus de ceux que vous avez déjà bu. Je passerais pour un homme irresponsable.

Il était possible qu’elle en ait déjà marre, mais ça Egeado se ferait un plaisir de faire semblant de ne pas s’en rendre compte et c’était d’un ton léger qu’il lui répondit. Il ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin alors qu’ils avaient engagé une discussion. Il la regarda avec intérêt disparaitre l’espace d’un instant et revenir se servir quelque chose dont il ne put déterminer le contenu. Mystère même s’il supposa que ça ne devait pas être de l’alcool, à moins qu’elle ne soit totalement inconsciente de l’état précaire dans lequel elle se trouvait déjà. Il s’imaginait déjà la retenant alors qu’elle vacillait et l’aider à monter les marches avant de la laisser avec son numéro de téléphone. Encore un bon vieux cliché qui failli le faire exploser de rire. Non il fallait rester sérieux dans son numéro, c’était la base. En tout cas, la répartie, il se la prit en pleine figure avec un délicieux sourire. Mais c’était encore bien faible à côté de tout ce qu’il avait entendu lors de soirée et tentatives de dragues.

- Il ne faut pas déprimer parce qu’on vous pause un lapin, vous savez des hommes, il y en a partout. Et je ne pense pas que vous ayez du mal à en trouver vu votre allure si délicieuse.

Le compliment c’était la base, et même si la plupart des femmes l’écartait d’un geste, il savait que la plupart du temps, elles en restaient flattées. Sauf que là, ce n’était pas une louange pour lui faire plaisir, c’était totalement pensé et fondé, mais ça, c’était difficile de faire la différence quand on recevait le dit compliment.

- Je vous ressers quelque chose ?

- Volontiers, offrez-moi du rêve… Mademoiselle… ?

C’était le bon timing pour demander un prénom. Et s’il se heurtait à un mur qu’importait, des surnoms, il en trouvait tous les jours. Même s’il espérait obtenir la vérité pour poser un nom sur ce visage si charmant.
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Delia Fabriosa

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MessageSujet: Re: Et si on disait un jour peut-être ?[PV]   Et si on disait un jour peut-être ?[PV] I_icon_minitimeJeu 16 Juin - 10:23

Bien évidemment, Delia savait pertinemment à quel point elle était conforme aux attentes de la majorité des hommes suffisamment intelligents pour reconnaitre la vraie beauté. Il fallait d’ailleurs admettre que la plupart des femmes, profondément ancré en elle, avaient ce savoir instinctif quant à leur capacité de séduction. Le nier aurait été signe d’une très déplacée modestie féminine mal assumée. C’est pour cette raison que la jeune femme n’avait nul besoin de compliments ou de regards pour s’estimer. Dans un premier temps, ses cheveux étaient indéniablement un atout de taille. Les mèches rousses étaient chose rare, d’autant quand elles étaient délicatement associées à une pâleur de peau semblable à de la porcelaine fragile. Jouant à sa guise de cette arme, elle les relevait, les laissait totalement fous ou les coiffait avec soin dans une tresse basse tombant sur les formes généreuses de sa poitrine. Où quelle soit, celles-ci attiraient le regard et plus d’une fois Delia avait préféré sortir en ville avec un chapeau ou un foulard, afin de ne pas attirer l’attention autant qu’elle le faisait ici. De même, ses vêtements préféraient la plupart du temps cacher son corps plutôt que de l’exposer comme à l’instant, laissant ses derniers admirateurs dans l’expectative et le doute des trésors à découvrir. Tout en elle n’était qu’équilibre entre exposition et retenue, dans un extrême ou l’autre. Et si elle pouvait encore, après toutes ces démonstrations évidentes, douter de son apparence, il suffisait comme ce soir d’accueillir un nouveau venu.

Même ses plus anciens clients, même ceux qui maintenant étaient habitués à son attitude et son apparence avaient un jour débarqués en néophytes ici, et avaient immédiatement tentés d’aborder la poupée de bar qu’elle n’était pas. Les approches étaient plus ou moins subtiles, plus ou moins recherchées mais toujours, dans un premier temps, elles avaient reçu une forme de refus. Nuancé, selon la susceptibilité et l’estime qu’elle devinait sous leurs traits, mais il leur fallait comprendre une chose : ici, c’était elle qui fixait les règles. Elle qui les séduisait, elle qui décidait quand les accompagner à l’étage, elle encore qui se laissait ou non approcher. Et pas l'inverse. C’était sans doute la seule règle de ce bar, mis à part la discrétion. Il était en effet primordial de jouer de sa supériorité de femme pour les faire plier plus facilement et leur laisser le moins de sentiment de pouvoir possible. Alors d’un œil extérieur, la conversation entre Delia et son vis-à-vis n’avait pour quiconque aucun caractère surprenant. Elle était à vrai dire ainsi avec tout le monde, aussi n’était-il rien perdu pour celui qui la convoitait ... Sauf que même avec le recul, la patronne du bar doutait qu’un intérêt possible se cache sous les traits avenants et décontractés de ce client d’une finesse déjà mise en doute. A peine un passe-temps, nul doute n’était possible là-dessus. Sans savoir qu’elle faisait l’erreur de jugement la plus monumentale de toute sa vie, Delia se demandait vaguement si son sérieux restait crédible malgré les bouffées de chaleur dues à son léger écart de conduite. Étrange que quelque chose qui ne lui arrivait jamais survienne justement devant un nouveau, à la langue déliée qui plus est. Car quand il lui trouva le moyen de répondre à sa tranchante remarque en lui renvoyant l’ascenseur, la jeune femme avait stoppé toute activité présente et avait profité de son escale dans l’arrière boutique pour faire une moue appréciative.

Après tout, un peu de piquant n’allait pas gâcher sa soirée. Tant qu’il comprenait à quel point il était lointain dans son esprit, elle pouvait profiter quelque peu de ces réflexions à la fois acides et douces. C’était d’ailleurs assez intéressant de voir comme il pouvait rester poli, en montrant son intérêt appuyé tout en lui répondant ce genre de chose. Effectivement, il avait raison sur ce point, c’était même déraisonnable de sa part d’avoir laissé l’alcool la remplir à ce point. Oh, bien sûr elle avait encore beaucoup de marge dans sa capacité à encaisser, mais ses réflexes étaient altérés et sa finesse de jugement également. En revenant, et savourant son précieux mélange, elle eut droit à une autre réflexion du même type.

- Il ne faut pas déprimer parce qu’on vous pause un lapin, vous savez des hommes, il y en a partout. Et je ne pense pas que vous ayez du mal à en trouver vu votre allure si délicieuse.

Le genre de compliment qu’on ne peut pas ignorer, évidemment. Et si Delia était froide et distante, elle n’en demeurait pas moins bien élevée et accepta le compliment d’un hochement de tête discret, suffisant au vu de l’attention qui lui était entièrement dévolu. Elle ne répondit pas tout de suite, et lui laissa quelques secondes de silence, comme si elle capitulait et abandonnait la répartie. Mais c’était évidemment bien mal la connaitre, et la relance ne tarda que peu avant de franchir ses lèvres, tandis que son corps penchait en avant et qu’elle s’accoudait sur le comptoir, son verre entre ses bras.

- C’est sûr que vu votre observation attentive de ma personne, je pense n’avoir aucun problème à pouvoir me rabattre sur vous. Manque peut-être juste l’envie d’abandonner l’espoir de quelqu’un de valeur contre ... autre chose.

Ponctuée d’un haussement de son sourcil gauche, la réponse eut le temps de faire son petit chemin alors qu’elle le fixait résolument dans les yeux, pour appuyer le poids de ses paroles. Car oui, elle avait évidemment remarqué le regard insistant qu’il posait sur elle, comme tout homme qui se respecte, et il ne s’en cachait d’ailleurs pas. Si elle s’était montrée aussi directe, au contraire de son attitude avec bien d’autres clients, c’était sans doute pour une seule raison : son interlocuteur ne semblait pas fragile et son ego n’avait sans doute aucune chance d’être frôlé par des répliques lointaines de la part d’une inconnue.

- Volontiers, offrez-moi du rêve… Mademoiselle… ?

- Mademoiselle Fabriosa.

Un instant, elle avait hésité à le reprendre en s’instaurant Madame. Mais finalement, répondre à côté de la question était une autre opportunité et ce fut bien celle-là que choisit la jeune femme pour continuer sur sa lancée. Le mensonge n’était pas amusant, alors que jouer avec la réalité l’était d’autant plus. Cependant, et malgré sa proposition, elle ne le resservit pas dans l’immédiat. Au contraire, elle se leva en silence, contournant son perchoir pour se diriger vers le portillon de sortie du bar et, sans un regard pour l’homme avec qui elle était précédemment en train de parler, se dirigea vers son serveur. Cela lui permettait également et surtout de se révéler totalement, mais il lui fallait de toute façon aller prévenir son protégé que ce soir, elle ne ferait sans doute pas la fermeture à l’étage supérieur et qu’il n’aurait pas besoin de veiller plus longtemps que son simple service. Ce furent des mots glissés à l’oreille du jeune homme qui firent l’affaire, avant que Delia ne se retourne et ne fasse le trajet inverse, droit sur son nouveau client puis bifurquant vers sa place de barman. Ce ne fut que là qu’elle s’acquitta de sa tâche, récupérant le verre du consommateur et y versant une rasade d’alcool pur, de la liqueur de café. Sa couleur envoutante dégageait un délicieux parfum de torréfaction, et pour adoucir sans casser le goût, Delia y ajouta quelques centimètre de sa boisson personnelle, arrondissant la saveur et ajoutant de l’acidité à l’amertume, sans pour autant agresser le palais. Un mélange totalement improvisé, étant donné qu’elle ne travaillait que rarement, sauf pour son plaisir personnel, avec cette bouteille. Mais toutes les occasions sont bonnes pour créer, et il ne fallait pas oublier qu’elle était devenue une experte en ce domaine. Ceci fait, elle lui tendit le verre au lieu de le pousser négligemment vers lui. Et attendit.
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Egeado A. Iannone

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MessageSujet: Re: Et si on disait un jour peut-être ?[PV]   Et si on disait un jour peut-être ?[PV] I_icon_minitimeJeu 16 Juin - 14:55

Ça plane pour moi
Allez hop ! La nana
Quel panard !
Quelle vibration !
De s'envoyer
Sur le paillasson


Un sourire sur les lèvres, Egeado ferma un instant les yeux. Il s’imaginait de retour à ses jeunes années. Dans ces soirées plus tranquilles ou il y avait toujours une discussion en fond, des rires mais de la musique comme ambiance et non pour danser. Il se rappelait comme si c’était hier son attitude flegmatique, ces cigarettes sur lesquelles il tirait de temps à autre, ces discussions inutiles sur les cours, les potins, les délires. Cette adolescence au lycée sans sa grande sœur déjà partie. Ca faisait déjà si longtemps. Par moment il sentait réellement le poids des années. Il vieillissait c’était indéniable et pourtant il n’arrivait pas à faire face à la réalité de sa vie en se décidant à agir tout le temps en adulte et non pas par intermittence. Dans moins d’un an il aurait l’âge qu’avait Stella à sa mort. Ca aussi ça lui faisait un coup au cœur. Elle qu’il pensait à la limite de l’immortel. Sa grande sœur qui aurait dû disparaitre bien après. Il ne pensait pas un jour se retrouver face à une telle situation. Et maintenant celle qui l’avait tant inspiré avait disparu. Pour de bon. C’était tellement moins compliqué avant. Avant quand il était jeune, qu’il cherchait juste à lui plaire, à avoir des bonnes notes, à sortir et à rencontrer des gens. Maintenant il avait tellement d’autres soucis en tête malgré ce qu’il pouvait bien laisser paraitre. Et c’était pour ça que pour le moment il ne renoncerait pas à ce caractère immature. Ce n’était pas un refus de voir la réalité. La réalité, il n’en avait que trop conscience, c’était juste pour soulager un peu le poids qu’il portait constamment sur le cœur. Cet impression de quelque chose de cassé depuis trois ans.

Et il rouvrit les yeux, et sourit de plus belle. Une vision pareille n’était pas donnée à tous les hommes et Egeado se sentait très chanceux. Il se sentait même en plein plan parallèle dans une autre dimension. Discuter avec une femme de ce standing ça paraissait totalement irréel. Et pourtant même là il n’arrivait pas à être sérieux. A se dire que pour accrocher il fallait paraitre cultivé, sérieux, sûr de lui et pourtant pas prétentieux. Tout le contraire de ce qu’il faisait en somme. Il se doutait qu’elle n’était pas stupide et si elle était un minimum attentive, sans nul doute qu’elle devait relever que malgré ses attitudes et ses sourires, il savait ce qu’il disait et avait la tête sur les épaules. Mais si elle ne faisait pas de remarque dans ce sens, il ne se priverait pas pour continuer son petit manège de réparties. En la cernant vaguement, il se dit qu’elle devait être similaire au moins sur un point, elle ne s’offusquait pas et ne partait pas au quart de tour. Non elle préférait entrer dans le jeu plutôt que d’envoyer balader sans appel. Après il ne savait pas combien de temps ça pouvait durer et si elle était à la limite de craquer ou si elle avait de la marge. En tout cas, il n’était pas dans l’idée de faire ne serait-ce qu’un geste de travers envers elle. Ce n’était pas parce qu’il n’avait aucune chance avec qu’elle qu’il fallait forcément se griller. Et puis qui savait, il aurait ainsi peut être une chance de revenir au soir prochain. Chose qui est rare étant donné qu’une fois la soirée passée, il ne se préoccupe en général plus des personnes qu’il a rencontrées.

Le scientifique ne put s’empêcher de continuer de sourire au hochement discret de tête. Elle était fière mais acceptait ce compliment tout ayant conscience de sa véracité. Elle ne devait pas en être à son premier. Egeado se fichait d’être comme tous ces hommes qui se pâmaient devant sa beauté. De la dignité ? Bof, encore quelque chose qui ne servait à rien. Du moins dans ce cas là. A la rigueur si on piétinait sa dignité à lui, ce n’était pas grave, il était suffisamment sûr de lui dans la plupart des domaines pour ne pas en tenir compte. Mais si c’était celle de personnes qui comptaient, il y avait fort à parier que ça ne passerait pas aussi facilement. S’il pensait qu’il y avait une réelle finalité à son comportement, s’il y croyait, il ne voyait pas pourquoi il emprunterait tant de chemins détournés pour protéger cette dignité. Cette femme lui plaisait, physiquement, et même dans ses réparties, alors pourquoi aurait-il joué le macho méprisant ? Déjà parce qu’il ne l’était pas ok, mais surtout que ce n’était pas du tout son genre de se rendre inaccessible, et ça montrait un manque de confiance en soi. Il savait pourquoi qu’il pouvait arriver à plaire, mais à un certain type de femme. Et il lui semblait qu’elle ne faisait pas partie de cette catégorie. Des erreurs de jugement, tout le monde en fait, n’est-ce pas ? Il croyait donc dans la finalité de l’approche, même si elle était au final négative, c’était une bonne rencontre et un bon échange, pourquoi s’en serait-il privé sous prétexte qu’il était sûr de se faire rejeter ? Pour rien, alors comme il ne perdait rien à essayer et qu’il se fichait d’être mit sur le carreau, il était décidé à continuer.

- C’est sûr que vu votre observation attentive de ma personne, je pense n’avoir aucun problème à pouvoir me rabattre sur vous. Manque peut-être juste l’envie d’abandonner l’espoir de quelqu’un de valeur contre ... autre chose.

La réponse avait presque tardé à venir, mais une fois là, on ne pouvait pas passer à côté et Egeado éclata d’un rire bref, tout en se retenant de ne pas fixer le décolleté que la chère barman venait de mettre en évidence en s’appuyant sur le bar. Question de principe, quand on parlait à une femme, c’était à elle, et non pas à ses seins. Il ne détourna cependant pas le regard, une fois son rire atténué et continuait de sourire d’un air malicieux.

- Touché. Un point pour vous je vous l’accorde de bon cœur. Mais les apparences sont parfois trompeuses, qui peut reconnaitre la personne de valeur sous une couche de crétinerie ? Surtout quand on ne semble pas en pleine possession de ses moyens.

Il posa son menton sur les bras qu’il venait d’accouder au bar, attendant la prochaine réplique, et le prochain verre. Mais celle-ci préféra vaquer à autre chose de plus pressent. Mais Egeado n’était pas pressé, et il était patient. Et il se fichait bien de passer totalement pour le mec intéressé, Delia savait qu’il l’était. Pourquoi se cacher ? Non il n’avait à gagner à se cacher. Il jouait carte sur table avec elle, et apparemment, elle faisait de même. Il se retourna pour la voir de dos et apprécier ce qui lui avait été caché depuis le début. Et il se força à se retourner de nouveau et jeter un œil à l’alignement de bouteille derrière le comptoir. Il ne saignait pas du nez, mais sérieusement, elle pouvait sûrement faire tomber tous les hommes à ses pieds. C’était qu’elle donnait chaud, il se passa la main dans les cheveux en appuyant de plus belle sa tête dans la paume de sa main. Elle revint en se décidant pour lui servir un verre. Il voulait avoir le plaisir de deviner mais l’odeur le prit aux narines avant même qu’il s’en rende compte. Oh oui du café. Mais ce n’était sûrement pas tout et Egeado attendait de voir ce qu’elle pouvait lui concocter. Elle en termina bien vite et lui tendit le verre. Plantant de nouveau son regard dans le sien, il saisit le verre en lui attrapant la main au passage, quelques secondes, puis la relâcha avant de mener le verre à ses lèvres.

- Je vous remercie mademoiselle Fabriosa.

Ce nom qui sonnait si délicatement dans sa bouche. C’était sucré, autant que la personne à qui appartenait ce nom. Il s’était presque attendu à ce qu’elle rectifie en madame, mais si elle ne l’avait pas fait, dans tous les cas, c’était un bon point. Il gouta la boisson et cette fois fronça un peu les sourcils sans reconnaitre le goût malgré les différents tons qui s’en dégageaient. Il ne se targuait pas d’être un expert en boisson mais quand même, il avait le palais raffiné. Il tendit son verre dans sa direction.

- A la vôtre. Et à ce cocktail mystère dont je suis en peine de reconnaitre de quoi il est constitué.

Il s’arrêta un instant avant de reprendre.

- Et si ce n’est pas indiscret, quelle est votre position au sein de ce bar ?
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Delia Fabriosa

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MessageSujet: Re: Et si on disait un jour peut-être ?[PV]   Et si on disait un jour peut-être ?[PV] I_icon_minitimeJeu 16 Juin - 16:21

A vrai dire, en allant glisser un mot à Elio en plein milieu de la salle, Delia avait eu un instant d’hésitation. Elle pouvait tout aussi bien ne pas lui glisser ces quelques mots à l’oreille. Elle pouvait tout aussi bien continuer sur son élan et se diriger juste en face d’elle. Pour discuter avec quelqu’un qu’elle n’aurait pas vu entrer, sans doute. Mario était une vieille connaissance, elle passait souvent des soirées avec lui et tous deux savaient parfaitement ce qu’ils attendaient l’un de l’autre. Il était intelligent et avait compris que la barman n’était pas aussi proche de lui par hasard, avec son air détaché de tout. Elle-même avait la certitude qu’il se doutait de quelque chose. A leur rencontre, il avait d’ailleurs été différent, se montrant peu avenant voir distant. Ils avaient du s’approcher l’un l’autre dans le respect de leurs deux egos et statuts. S’apprivoiser, comprendre les limites et les attentes de l’autre. Puis Delia avait réussi à percer sa résistance et lui s’offrait volontiers à ses questions, une fois qu’il avait un peu bu. Il acceptait de se livrer en échange de sa compagnie et de ses services, le contrat était raisonnable et équilibré. D’autant que Mario, en plus de ne pas être complètement idiot, loin de là, n’était pas une compagnie désagréable. Il savait être drôle, connaissait beaucoup de chose sur n’importe quel sujet et était prêt à se renouveler constamment pour ne jamais entretenir la routine ou la facilité du jeu instauré entre eux. C’était un quadragénaire à la fois dynamique et sûr de lui, mais avec cette douceur et cette prévenance que Delia ne rencontrait pas tous les jours. Bref, Mario était un client qu’elle appréciait tout particulièrement et qu’elle continuerait à voir ainsi tant qu’il ne lui aurait pas dit tout ce qu’elle avait envie d’entendre. Et ledit Mario savait doser ce qu’il offrait pour ne pas la frustrer ni la voir se séparer de lui, quitte à aller lui-même récolter des ragots ou des preuves qu’elle guettait toujours avec impatience.

Ce soir, il l’avait fixé d’un air neutre, n’attendant que son bon vouloir pour qu’elle suspende les mots qu’elle allait prononcer à l’oreille d’Elio. Il semblait confiant, mais pas arrogant, lui montrant bien que c’était elle qui décidait. Delia savait bien que Mario ne s’offusquerait pas qu’elle décline l’invitation muette, cela lui arrivait de temps à autre quand elle avait trouvé une nouvelle proie, et elle était également consciente qu’il pouvait se rabattre sur n’importe quelle autre fille ici présente tant il était facile à vivre. Pourtant, quelque chose hésita en elle. Il était celui qu’elle attendait depuis des heures, et malgré cela la balance oscilla lentement de gauche à droite, avant de finalement emporter la patronne du bar dans l’envie de ne pas délaisser dès le premier soir un client qui lui rapporterait de l’argent. Mieux valait d’abord s’assurer qu’il revienne. C’était plus prudent. Oui, c’était la bonne décision. Aussi tout se passa-t-il alors comme selon sa première intention. Et tendis qu’elle imaginait un regard lui percer le bas du dos, Delia fit un clin d’œil à Mario, promesse qu’un autre soir, sûrement, ils se recroiseraient. Elle le vit du coin de l'oeil, alors qu’elle se retournait vers le bar, attirer à lui une jeune italienne à la crinière brune, laquelle semblait ravie de l’allure posée et classieuse de son partenaire de la soirée, de ses cheveux poivre et sel et de ses approches tout en nuances. Elle avait choisi le bon partenaire. Delia n’était pas sûre d’en avoir fait de même, mais dans un souci de politesse et par pure curiosité quant à l’étendue du rôle d’idiot que se créait très certainement son client, elle se résigna.

En effet, il paraissait facile à diagnostiquer son exagération, tant ses paroles étaient fines en faisant passer ce qu’il fallait sans jamais trop en dire par rapport à une attitude enfantine pour son âge, presque à la manière d’un adolescent. Mais la jeune femme se reprit. Un ado de base l’aurait d’avantage mise à mal dans des avances encore plus lourdes, et sans doute une ou deux tentatives désespérées sans se rendre compte de la réalité des choses : aucune chance. Ce qui n’était pas le cas de celui qui était redevenu son vis-à-vis depuis qu’elle s’était assise de nouveau. Le laissant comme il était, la tête appuyée contre le dos de ses mains qu’il soutenait de ses coudes, presque dans la même position qu’elle quelques instants auparavant. Mais elle ne l’imita pas, d’autant qu’elle avait bien vu qu’il avait eu la décence de ne pas venir plonger son regard dans le décolleté qu’elle lui avait offert, dans un souci de nette provocation, avouons-le. Parce qu’il était facile de s’amuser, et que découvrir comment il réagissait à son contact était une source d’amusement. Bref, éphémère, qui ne se renouvellerait sans doute pas les prochaines fois qu’il viendrait dans son bar -car il reviendrait, elle en était sûre-, mais ce n’était pas grave. Après tout, il était fort peu probable qu’elle lui adresse la parole à leur prochaine rencontre sauf si tout d’un coup il devenait intéressant à ses yeux. Et alors elle tenterait, plus sérieusement cette fois, de le séduire pour de bon. Et non pas de faire semblant simplement pour entrer dans son jeu. Ses paroles avant qu’elle ne quitte le comptoir restaient gravées dans son esprit, mais elle ne voyait pas l’utilité d’y répondre. Elle l’avait remis à sa place, il avait nuancé la chose tout en lui rappelant son peu fier état, tout était dit. Continuer une discussion de ce type quand il n’y a plus de pique à lancer devient ennuyeux, et Delia n’aimait pas l’ennui.

Quand elle lui tendit le verre, en revanche, il était amusant de constater que les deux partis savaient pertinemment ce qui allait se passer. Delia ne le lui avait pas proposé ainsi par hasard, et il répondait tout à fait à son invitation muette, en forme de récompense pour avoir réussi à l’intéresser quelque peu par l’acide mesuré de sa voix, qui alternait merveilleusement bien compliments et moquerie fine. Avoir de l’esprit n’était pas chose donnée à tous, aussi pouvait-elle bien lui offrir ce plaisir, alors qu’ils ne se lâchaient pas du regard. Ce serait la seule fois que sa main serait frôlée par la sienne, mais en guise de frôlement la jeune femme se vit plutôt délicatement emprisonnée par la main adverse, puis tout aussi doucement relâchée. Elle lui laissa le temps de goûter son breuvage tandis qu’il la remerciait et qu’elle réitérait son hochement de tête appréciateur, ramenant toutefois sa main en sécurité dans son périmètre plutôt que dans le sien. Cela lui faisait drôle d’entendre son nom de famille utilisé dans ce bar, d’ordinaire tout le monde l’appelait par son prénom tout en la vouvoyant. Mais elle l’avait cherché, aussi ne releva-t-elle pas. Pendant ce temps, il avait apparemment eu le temps de boire une gorgée ou deux puisque une expression d’incompréhension s’afficha sur ses traits, avant qu’il ne trinque avec elle. Delia souleva très légèrement son propre verre pour l’imiter sans aller jusqu’à la rencontre du sien tandis qu’il la questionnait sans toutefois apporter une forme interrogative sur la composition de son verre, la laissant libre de ne pas répondre.

- A la vôtre. Et à ce cocktail mystère dont je suis en peine de reconnaitre de quoi il est constitué. Et si ce n’est pas indiscret, quelle est votre position au sein de ce bar ?

- Patronne, reine glaciale et intouchable, déesse ou simple barman, tout dépend de l’avis de chacun. Plus simplement, cet établissement m’appartient.

Elle marqua une courte pause, et décida, encouragée par ses propres paroles, de jouer la carte de la propriétaire qui souhaitait voire son client revenir. Elle afficha donc une moue mystérieuse avant de répliquer.

- Pour savoir ce qu’il y a dans votre verre, il vous faudra vous donner la peine de revenir. Mon employé est un très bon barman, je suis certaine qu’il saura vous satisfaire sur ce plan là.

Sous entendu à peine voilé, compte pas sur l’espoir d’avoir affaire à elle tout le temps, ce n’était que purement provisoire. Puis Delia ponctua sa réplique par un minuscule sourire, une ombre venant entacher la froideur de son visage. Elle ne pouvait faire plus et n’était pas connue pour en donner d’avantage, mais l’instant présent l’avait amusée et elle pouvait bien le lui faire savoir, étant donné que la prochaine fois elle ne se soucierait probablement pas de lui plus de quelques secondes. En tous les cas, la conversation touchait à sa fin et il était probable que tout allait mourir bientôt de cette rencontre impromptue et vaguement intéressante, par son aspect inhabituel.
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Egeado A. Iannone

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MessageSujet: Re: Et si on disait un jour peut-être ?[PV]   Et si on disait un jour peut-être ?[PV] I_icon_minitimeJeu 16 Juin - 19:32

Chacun fait, fait, fait
C’qui lui plaît, plaît, plaît
Toutes les étoiles qui brillent
Qu’est-ce qu’elles ont à me dire les étoiles ?

Oh oui il avait le palais fin notre Egeado. Autant pour la nourriture que pour les boissons. Depuis qu’il était petit les cuisinières et cuistots de la maison familiale avaient toujours présenté des plats les plus raffinés et différents possibles. Egeado avait déjà gouté toutes les nationalités, toutes les saveurs, épices et assortiments possibles. Enfin peut être pas quand même. Les mariages de saveurs, la viande et le poisson, les légumes et féculents, les fruits de mer et autre choix douteux parfois. Il n’avait pas tout aimé, mais avait quand même tout goûté, juste histoire de pouvoir caser un jour « Oui j’ai déjà goûté du cochinita pibil du Mexique ». Ca rendait toujours bien non ? Et puis être ouvert et cultivé sur la nourriture en générale, c’était aussi important que l’être pour le vin et le champagne. Du moins d’après ses parents. Mais ce n’était pas trop dur d’avoir à essayer tout ce qui pouvait lui tomber sur le palais. Et pour des saveurs, ça il en avait testé. Mais étrangement, ses plats préférés malgré tout ce qu’il avait pu tester étaient typiquement italiens. C’était la culture culinaire qu’il préférait. Une bonne salade de tomate fraîche avec de l’huile d’olive et du basilic avec des bonnes tranches de mozzarella puis un plat de pâtes avec de la bolognaise maison contenant des légumes frais et des bonnes herbes. Ce parfum qui s’élevait lors de la cuisson était divin et il ne parvenait à s’en lasser. Heureusement qu’il avait découvert qu’il possédait un métabolisme qui brûlait l’énergie très rapidement, car vu son penchant pour la bonne cuisine, cela aurait déjà fait un bon moment qu’il serait devenu énorme. Comme il était seul chez lui, il n’avait guère besoin d’avoir une armada de domestique, mais le choix du chef avait été d’une importance capitale et jusque là, il ne l’avait pas encore déçu. C’était parfois son petit plaisir que d’aller manger dans un des restaurants les mieux côtés de la ville. Mais parfois on pouvait avoir des surprises et il avait déjà découvert un Osso buco absolument divin dans une enseigne qui ne payait pas de mine mais d’où on ressortait repu. Egeado y retournait d’ailleurs à l’occasion tant ça pouvait être bon.

C’était d’ailleurs dans le hasard qu’on découvrait les meilleures choses. Ce restaurant auquel il s’était dit pourquoi pas ? Mais aussi cette boutique de vêtement, ce cinéma de quartier ou même ce bar, semblable à tous les autres en apparence, hormis pour le nom qui dénote un peu. A chaque fois c’était un savant mélange de hasard, de circonstances, de coïncidences et de curiosité. Et presque à chaque fois ça faisait mouche. Il s’était déjà retrouvé dans des bars absolument miteux ou dans des restaurants qui ne devait pas très bien savoir ce que cuisiner voulait dire. Et puis des fois c’était le contraire. Et ce soir était un de ces soirs où il pouvait se targuer d’avoir une réelle chance. Un bar charmant pour une femme qui l’était tout autant. Comme quoi la vie n’est pas qu’ingrate et pouvait se révéler parfois chaleureuse quand on avait besoin d’un remontant. Ca compense les fois où elle se montre impitoyable et cruelle.

Tout dans l’attitude de la demoiselle Fabriosa indiquait qu’elle ne lâcherait pas un millimètre de terrain, mais pourtant elle ne s’en allait pas. Elle était là mais parfaitement inaccessible alors qu’une simple planche de bois les séparait. Ils étaient clairement d’un niveau différent. Egeado ne pouvait douter un seul instant d’être le plus riche des deux, mais en ce qui concernait l’aura naturelle, elle le battait à plate couture. Il y avait tant de choses que l’argent ne pouvait pas acheter. Et ce n’était en plus pas dans ses intentions que d’essayer. Son rapport à l’argent était bien différent que celui de son neveu. Malgré sa jeunesse sans avoir à ne manquer de rien, son éducation avait été telle que jamais il n’avait été trop gâté et il en remerciait ses parents. Cela ne l’empêchait pas d’avoir un rapport distordu. Il ne claquait pas son argent et celui de sa sœur dans n’importe quoi, mais savait se faire plaisir sans avoir à regarder le prix d’une chemise, d’une montre ou d’un restaurant. Mais ce n’était jamais clinquant et tape à l’œil. Afficher sa richesse non merci. Il ne comptait plus le nombre de regard hautain qu’il voyait depuis les fenêtres de ses voisins de rue quand il la descendait en tenue décontractée. La qualité du voisinage n’était pas le meilleur de Milan. Mais il s’en fichait bien car il leur rendait cette attitude. Si on le prenait de haut, Egeado était tout à fait en mesure de faire pareil et ses répliques cinglantes devenaient moins de la plaisanterie que de la réalité. Mais en général il ne s’abaissait pas à ça, ça n’arrivait que quand on portait atteinte à la mémoire de sa sœur et de son mari. Sur ce point là il était intraitable et les voisins l’avaient vite compris à leurs dépends.

- Patronne, reine glaciale et intouchable, déesse ou simple barman, tout dépend de l’avis de chacun. Plus simplement, cet établissement m’appartient.

Comme quoi il suffisait de demander pour avoir une réponse.

- Hé beh, tout ça.

Egeado prit une mine songeuse. Il ne s’attendait pas à une telle réponse et avait été prit un peu de court. Sans la connaitre plus que ça, il se doutait qu’elle avait fait un portrait assez juste d’elle-même. Du moins comme elle le disait si bien, de ce que les autres pouvaient voir d’elle. Quant à lui, il la voyait comme un mélange de tout ça, avec une touche de fantaisie. Après tout, elle était quand même rentrée dans son jeu. Peut être se surestimait-elle. Mais en tout cas elle le faisait bien et sans prétention. C’était juste la classe.

- Pour savoir ce qu’il y a dans votre verre, il vous faudra vous donner la peine de revenir. Mon employé est un très bon barman, je suis certaine qu’il saura vous satisfaire sur ce plan là.

Egeado se retint de lui faire remarquer l’habilité de sa fibre commerçante pour faire revenir un potentiel client. Mais dans le même temps, elle venait de se mettre en défaut elle-même. Elle devait se douter que ce qui l’intéressait ici n’était pas la boisson, si délicieuse soit-elle, ou même une autre rencontre. Maintenant qu’il l’avait vu, c’était elle qui l’intéressait. Mais de cette phrase, elle venait de lui annoncer presque de but en blanc que la soirée qu’il venait de passer serait la seule et unique où elle se préoccuperait un tant soit peu de lui. Il n’avait donc plus aucune raison de revenir. C’était bien dommage mais c’était ainsi. Comme à chaque fois qu’il sortait. Mais si jamais par hasard il s’avisait de la recroiser en dehors de ce bar, il n’hésiterait pas un instant à l’aborder comme une vieille amie. On n’était jamais pareil en service et dans la vraie vie, et Egeado se demanda un instant à quelle point cette Fabriosa pouvait l’être. Il termina presque son verre et répondit.

- Vous n’êtes pas si glaciale que ça je vous rassure. Et puis les femmes inaccessibles attirent, les trop inaccessibles restent seules. Je n’ai pas encore deviné à quel camp vous apparteniez.

Il avala les dernières gouttes d’un cocktail dont il ne saurait jamais la composition et le posa d’un geste sans appel avant de demander l’addition. Il était temps de prendre congé de cette soirée qu’il n’avait pu imaginer ce matin, en s’était levé les yeux dans le vague et un vague pincement au cœur en sentant une date fatidique s’approcher. Il attrapa la note et la retourna en sortant un crayon de sa poche. Il était hors de question de partir d’ici dans lui laisser une petite trace, c’était la moindre des choses. Pas un numéro de téléphone ou une adresse non, juste un petit dessin et une phrase anodine pour le commun des mortels. Une étoile filante. « Attention aux vœux, parfois ils se réalisent ». Une citation écorchée d’un auteur dont il avait oublié le nom. Peut être y verra-t-elle l’allusion, ou peut être jettera-t-elle le papier sans un regard. Après tout qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? Tant qu’il avait put marquer son esprit l’espace d’une soirée.
Il se leva et attrapa sa veste en posant un billet à côté de la note. Il n’avait pas besoin de la monnaie.

- A une prochaine fois peut être. Dans un autre lieu, dans d’autres circonstances. Bonne fin de soirée, mademoiselle Fabriosa.

Et avec un dernier sourire il se dirigea vers la sortie. C’était marrant comme le hasard pouvait forger une destinée. Mais ça, il ne pouvait pas encore savoir que sa phrase allait se réaliser, au-delà même de ses espérances.
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Delia Fabriosa

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MessageSujet: Re: Et si on disait un jour peut-être ?[PV]   Et si on disait un jour peut-être ?[PV] I_icon_minitimeVen 17 Juin - 7:35

Dans sa réponse, Delia avait exprimé tous les retours qu’elle entendait ou lisait dans les yeux de ses clients, mais il y en avait d’autres. Elle le savait pertinemment, certains d’entre eux ne venaient que pour profiter d’elle, du moins essayer, et ils la considéraient comme moins digne de leurs attentions qu’une autre femme. De l’extérieur, il est vrai que Delia pouvait ressembler à une mangeuse d’hommes accro aux relations d’un soir sans lendemain, prête à s’offrir aux mains désireuses de quiconque saurait l’appâter un peu d’une ou deux phrases. Il y avait évidemment du vrai. Delia ne sélectionnait pas sur des critères d’intelligence ou de beauté, seulement sur le sentiment d’utilité que lui apportait quelqu’un. Elle avait d’ailleurs par le passé investi un monde assez proche de celui qu’elle se plaisait à habiter en ce moment, mais n’avait pas pu tenir longtemps. La présence des autres femmes lui était difficile, beaucoup plus que la proximité de clients exigeants ou autoritaires. Ce qui l’avait le plus dérangée, c’était de voir à quel point la souffrance peut créer de la force. Déstabilisée par la bonne humeur constante de ses collègues de travail, Delia reconnaissait en elles une sorte de détachement à toute épreuve, comme si leurs corps ne pouvaient plus atteindre leurs esprits. A leur manière, et malgré les apparences fort trompeuses, ces filles étaient grandes, d’une force incroyable et totalement libres. Si elles asservissaient leurs charmes toutes les nuits pendant de nombreuses heures, leurs yeux continuaient de pétiller en rêvant à autre chose, à voir bien plus loin que la réalité ambiante.

C’était d’ailleurs elles qui avaient accompagné Delia vers cet état de détachement à toute épreuve. En effet, cette expérience remontait à de plus jeunes années pour la jeune femme et, encore fragile d’un passé qui venait de se produire, elle n’avait pas pu, les premiers jours, suivre le programme imposé. Prenant ses clients, certaines de ses étranges amies lui avaient évité la punition ou les remontrances. Elles avaient essuyé ses vomissements de dégoût les premières fois, caressé ses joues en larmes alors qu’elle refusait d’accepter ce qu’elle devait faire. Mais Delia n’avait pas lâché. Car quand elle plongeait dans un monde qui n’était pas le sien -quel monde avait-elle réellement à elle si ce n’est le vide complet de son existence ?-, la jeune femme refusait d’abandonner. Elle s’impliquait et s’immergeait tellement qu’elle en oubliant l’ancienne Delia et devenait une autre. Et, jours après jours, clients après clients, la jeune femme avait appris. Elle était devenue appliquée, dévouée et souriante. Ses iris eux aussi s’étaient mis à fixer un point ailleurs dans son environnement. Son seul regret à présent était de ne pas pouvoir retourner les saluer, ces anges de la rue qui avaient tant fait pour elle, alors qu’elle devenait suffisamment connue pour devoir surveiller ses attitudes et fréquentations. Cependant, chaque soir où elle montait les marches menant à l’étage accompagnée, la jeune femme repensait avec nostalgie à ses premiers pas dans cet univers si effrayant de l’extérieur. Mais quand on l’accepte pour le vivre, il n’y a plus rien de dégradant ni de sale, et les professionnelles de terrain étaient, comme toute autre, des prestataires d’un service qui plus est essentiel et primordial dans une vie. Son livre fier de cet expérience avait été l’un des plus réussi, et elle-même aimait à le relire pour voir les noms de celles qui l’avaient accompagnée s’aligner sur les pages blanches.

Alors ceux qui la traitait comme telle, Delia leur riait au nez. Si seulement ils savaient ce par quoi elle était passée avant de les satisfaire de manière ennuyante et routinière. S’ils imaginaient ne serait-ce qu’une seconde que sa tête était totalement libre et détachée, contrairement à l’enveloppe de chair dont ils se repaissaient nuit après nuit. C’en était risible, presque, d’être seulement maintenant considérée comme ce qu’elle avait été bien des années auparavant. Tout ça pour dire qu’elle aurait pu rajouter quelques mots à la liste qu’elle servit à son client nouveau venu, mais dans un souci de conserver une certaine image dont elle ne se défaisait pas, cela n’était pas envisageable. Et puis, elle-même se voyait avant tout comme une simple patronne de bar, sans plus en rajouter. Si Delia était consciente de ses atouts et du pouvoir qu’ils lui procuraient, l’arrogance ne faisait pas partie de ses habitudes et elle préférait rester à sa place, sans fausse modestie ni exagérations ridicules. Aussi ne releva-t-elle pas à l’exclamation de son vis-à-vis. Oui, tout ça. Tous ces mots qui un jour ou l’autre lui avaient collés à la peau sans la lâcher, la décrivant sous de nombreuses conditions. Mais elle avouait que le dénominatif glacial lui allait plutôt bien, au vu de son attitude, bien qu’à l’instant précis où elle le pensait son interlocuteur la démentit en reprenant une gorgée de son verre.

- Vous n’êtes pas si glaciale que ça je vous rassure. Et puis les femmes inaccessibles attirent, les trop inaccessibles restent seules. Je n’ai pas encore deviné à quel camp vous apparteniez.

- Il faudra donc que je travaille à améliorer mon image. Je ne voudrais pas paraitre accessible à tout le monde.

Entre ça et un « il faudra alors prendre le temps de le déterminer », Delia n’avait pas hésité bien longtemps. Pas la peine de lui faire de faux espoirs en laissant trainer un semblant d’invitation à revenir la voir, elle. D’autant qu’elle venait de lui signifier que la prochaine fois il n’aurait pas affaire à elle. Peut être stupide, cette affirmation lui avait semblé nécessaire pour tuer ses rêves dans l’œuf sans plus paraitre intéressée. Mais comme il n’y avait rien à répondre à cela, le silence revint un instant avant qu’il ne reprenne son verre et le termine. Voilà, c’était le signal qui annoncerait la fin de la soirée pour lui. Et sans doute pour elle, au vu de son incapacité à tenir trop de conversations un soir où l’alcool avait entaché son comportement habituel, sans le rendre vraiment si différent ... Delia lui apporta l’addition. Ou du moins prit-elle le temps de l’écrire. En effet, si les prix étaient généralement fixés sauf pour les inventions délurées qu’elle ou Elio prenaient parfois le temps de faire, la note était ici toujours rédigée à la main. De sa ronde écriture, elle traça donc un chiffre avant de lui tendre le bout de papier légèrement cartonné au dessus duquel était affiché le nom du bar, en lettres très simples pour ne pas mettre en défaut un client qui ramènerait ce carton chez lui, devant une femme la bouche pleine d’interrogations. Posant la note devant lui, Delia se retourna un instant pour débarrasser son verre vide et le mettre sous le bar, dans le coin de la vaisselle à faire. Si bien qu’elle ne le vit pas écrire quelque chose au dos de l’addition, et ne réagit que quand elle le vit se lever du coin de l’œil. Se redressant alors, Delia hocha la tête dans sa direction alors qu’il était sur le point de partir.

- A une prochaine fois peut être. Dans un autre lieu, dans d’autres circonstances. Bonne fin de soirée, mademoiselle Fabriosa.

Compte là-dessus, mon grand. Aucune chance que Delia ne le croise dans les grandes rues de Milan, et elle doutait que le hasard les réunisse encore sauf s’il décidait de revenir ici, malgré ses dires qui ne semblaient pas aller en ce sens. Sans avoir le temps de lui souhaiter à son tour une bonne soirée par les procédures d’usage, elle le vit se retourner et partir, franchir la porte et disparaitre à l’extérieur. Il ne lui restait plus qu’à récupérer son billet, ce qu’elle fit, heureuse de voir que le « pourboire » était conséquent. Mais elle doutait que ce soit pour sa grande disposition à paraitre agréable. Tant pis. Remarquant qu’il n’avait pas pris avec lui la note, elle la récupéra et en se retournant vers une poubelle sous le bar, hésita. De ce qu’elle avait pu voir, elle doutait qu’il parte sans une dernière boutade, une pirouette qui resterait malgré son départ. Souriant à moitié, face à un mur qui n’aurait pas pu reporter cet extraordinaire événement, Delia tourna la carte, se disant que si elle y trouvait un numéro de téléphone, elle aurait définitivement perdu sa soirée. Et là, son cœur manqua un battement. Elle fixait les traits qui formaient des mots et une illustration, sans que ceux-ci ne parviennent tout de suite à faire écho. Ou plutôt, Delia refusait de croire ce qu’elle voyait. Ou refusait de lui donner du sens.

Une étoile filante, à laquelle elle imaginait presque une parade de poussière d’étoile. Et une phrase, qui en parlant de rêves ayant la possibilité de se réaliser, évoquait en elle tout un bouleversement d’images. Cela lui arrivait souvent, quand elle découvrait une source potentielle, d’avoir quelques frissons en repensant brièvement à ce qui l’amenait là, des questions plein la tête. Mais alors qu’elle n’avait rien cherché, qu’elle ne s’attendait à rien, voilà qu’une de ces personnes que la jeune femme avait attendu toute la soirée était venue devant elle lui parler. Et elle n’avait pas remarqué, n’avait pas deviné, n’avait même pas voulu l’envisager, trompée par son air innocent et son approche un peu lourdaude mais contrôlée. A l’instant présent, la jeune femme se serait donné des claques. Elle ne connaissait ni son nom, ni son prénom, pas même le quartier où il habitait. Indubitablement, trompée par l’alcool, Delia avait été stupide et négligente, sans prendre le soin de vérifier un minimum. Elle hésitait, prévenir le Réseau serait inutile étant donné qu’elle n’avait rien à leur apprendre sur cet homme. Si elle le revoyait, en revanche, elle le reconnaitrait, et alors la jeune femme se fit la promesse de ne plus le lâcher et d’obtenir ce qu’elle voulait de lui. Malgré son apparente intelligente, malgré son ton toujours sur la rigolade. Elle pouvait le faire, en était certaine. Ne restait plus qu’à croiser les doigts pour, au contraire de quelques instants plus tôt, le revoir à tout prix. Changeant alors d’avis et ignorant la poubelle ainsi que tout le reste de la salle, la patronne énervée contre et elle-même et irrémédiablement frustrée, monta les marches pour se diriger vers son lit. Au passage, elle jeta le carton sur sa table de nuit et s’endormit toute habillée, en pensant à sa propre bêtise et à cet homme mystérieux qui ne semblait pas être ce qu’il était. Si seulement elle pouvait le retrouver ...

Demeurait encore la possibilité qu’elle se trompe une nouvelle fois mais ... Delia préférait y croire.
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