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 Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour]

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Elissandre Hell

Elissandre Hell

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Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour] Vide
MessageSujet: Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour]   Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour] I_icon_minitimeDim 1 Mai - 8:39

I know I'de be welcome but tell me how far
Ceremonial knocks
Sounds the gaps in my heartbeat
And I'll never be good enough for you or for me
I've buried my pride
I've buried my key


Des regrets, toujours des regrets. Non je vais pas glisser dans l’eau de rose, juste que là, j’en ai ma claque. j’enchaîne connerie sur connerie, et j’en tire même pas les leçons. La barbe. Le pire c’est de savoir. De savoir qu’au moment où on fait ou dit un truc, on sait que c’est une connerie. Mais on le fait quand même. Et puis de toute façon, les relations humaines, j’y comprend que dalle. Il faut croire que les femmes ne craquent que sur des cons. Et là, j’ai tiré le gros lot. Enfin bon, il faut bien que je gagne quelque part, étant donnée la malencontreuse succession d’évènements plus désastreux les uns que les autres. Et le meilleur dans tout ça, c’est que je n’ai pas encore payé les conséquences de mes actes. Et je sens que je vais bien morfler. Et probablement tout d’un coup, histoire de faire ça bien. De toute façon, c’est trop tard, j’y peux plus rien. Maintenant, je vais vainement aller m’échiner à récupérer cet imbécile de serpillère. Après, on verra.

Matin pluvieux, matin foireux. Et en général, le reste de la journée ne gâche pas l’ambiance de départ. Elissandre avait passé une bonne partie de la matinée dans son lit, à regarder le plafond et à ruminer, en écoutant le bruit des gouttes s’écrasant sur la fenêtre. C’est pas tellement constructif comme activité, mais ça valait encore mieux que de se risquer à aller bosser, et de croiser ce bâtard sensible, celui qui lui faisait tout perdre, jusqu’à sa contenance légendaire. Quiconque connaissait Elissandre un minimum ne l’aurait pas reconnue. Simplement parce-que l’expression songeuse qu’elle arborait en cet instant, alors qu’elle comptait les tâches causées par quelques écrasements de moustiques, ne lui seyait absolument pas. Mais alors pas du tout. C’en était presque effrayant. Une fois la maigre décision d’agir, on ne sait pas trop comment, avait été prise, Eli sortit brutalement de son lit et se fit un café. Fort. Sans sucre. Pourtant, tout ce temps passé à réfléchir n’avait pas servi à grand chose. Car comme toujours, elle n’avait pas de plan bien défini en tête, et allait donc utiliser sa technique favorite, dite du ‘fonce dans l’tas’. Eprouvée certes, mais pas forcément d’une efficacité redoutable, elle n’avait pas trouvé mieux. Pour changer. On ne change pas une équipe qui se vautre, tout le monde sait ça.

Elissandre se préparait donc pour aller se vautrer un peu plus loin. Et lorsque son regard s’attarda sur la pendule, joliment reliée au plafond par une arantelle d’une élégante morbidité, elle y lu le milieu de l’après-midi. Ce qui suscita chez elle une réaction d’une rare violence. Son sourcil droit se haussa d’un léger centimètre, illustrant sa surprise avec une inhabituelle perfection. Le larvage ne faisant pas partie de ses spécialités, ses pensées se tournèrent vers un vrai pro en la matière. Selon elle, tout du moins. Maddox. Elle sentit la bile monter avant de pouvoir se contrôler et faire refluer la montée de dégoût. D’égout. Dégoût de Mad, dégoût de Vithon, dégoût d’elle-même. La vengeance est amère en fin de compte. Et ne sert pas vraiment à grand chose. Ca fait du bien sur le coup, vite fait, ça défoule. Mais après, c’est encore plus le bordel qu’avant. Surtout qu’elle ne s’était pas présentée au GDP depuis cette jolie bavure. Elle ne savait même pas s’il était connu qu’elle en était l’unique responsable. Enfin pas tout à fait, sa mauvaise foi ne l’ayant pas encore tout à fait abandonnée. Si Vito n’avait pas eu l’idée saugrenue de se taper un imbécile de pactisant, Elissandre n’en serait pas là aujourd’hui. Enfin, pas si profond dans son tas d’emmerdement. Restait toujours le problème de son double aveu: meurtre et amour. A la pensée de ce mot, Eli laissa échapper une grimace. Décidément, elle ne se reconnaissait pas elle-même. Un court instant, elle souhaita ne jamais avoir croisé le chemin du sadique scientifique. Après une nouvelle grimace, elle renonça. Rien que pour les parties de jambes en l’air, ça valait le coup de s’en prendre plein la figure. Elle était motivée par un paquet d’autres sentiments, mais tenter de les démêler et de les comprendre aurait été vain. Toutes cette philosophie interne ne menait décidément nulle part. Elle attrapa donc une veste et sortit à l’extérieur.

La pluie s’était transformée en crachin hypocrite. L’humidité faisait légèrement friser les cheveux d’Elissandre, ce qui eut pour résultat de la rendre d’humeur encore plus maussade, si cela était encore possible. Elle marcha sans but pendant un bon moment, la tête enfin vidée des tracas du matin, sans trop savoir comment cela était arrivé. Le découragement de toute évidence, avait eu raison de sa détermination à trouver une solution solide avant l’affrontement qui ne manquerait pas d’avoir lieu. Elle regrettait d’avoir ignoré tous les messages de Vito, même si sur l’instant, elle ne savait absolument pas du tout quoi lui dire. Et maintenant que son silence était passé de rassurant à oppressant, elle n’était plus obsédée que par une chose: lui parler. Même si elle n’avait toujours pas la moindre ébauche de ce qui allait sortir.

Salut mon poulet. J’ai tué mon père, je t’aime, j’ai tabassé le mec que tu t’es tapé et j’ai couché avec un autre gars histoire de faire bonne mesure.

Dans cette gamme d’idées, on passait carrément à la technique du suicide social. Mais il lui fallait envisager toutes les idioties possibles avant de parvenir à quelque chose de correct. Pourtant, au fond d’elle-même, elle savait pertinemment que serait free-style. Totale impro. Comme d’habitude quoi. D’où son errance dénuée de pensées dans les rues de Milan. En revanche, elle n’était pas stupide au point de compter lui tomber sur le poil par hasard. Elle poursuivit donc son chemin vers des rues de plus en plus étroites, ciblant les bars préférés dudit dépravé. La lumière se faisait rare, la journée tirant à sa fin, rendant le décor glauque à souhait et s’accordant alors à merveille avec les émotions d’un gris nébuleux qui agitaient Elissandre.

C’est alors qu’elle LE vit. La lumière encore frémissante d’un lampadaire tout juste allumé traversait sa chevelure argent de la même manière qu’elle l’aurait fait d’une toile d’araignée. Il était de dos, sortant d’un bar où d’un quelconque débit de boisson où l’individu se sentait à peu près chez lui. Il semblait parler à quelqu’un qui était encore à l’intérieur, lui disant peut-être au revoir ou bien tentant de le convaincre de le suivre jusqu’au prochain lieu d’abandon nocturne que l’homme appréciait tant. L’homme. Un frisson dont la signification était parfaitement claire parcourut l’échine d’Elissandre. Elle ne l’aurait avoué pour rien au monde, mais pendant toutes ces semaines, celui qui se tenait à deux cent mètres devant elle lui avait affreusement manqué. Et après tous les sentiments contradictoires qui l’avaient animée ces derniers jours, la peur vint y mettre son grain de sel, complétant rageusement le micmac de son esprit. Elle hésitait. Allait-il la voir sans qu’il lui faille bouger ? Devrait-elle lui courir après ? Et encore bien d’autres questions, qu’elle n’avait jamais eu besoin de se poser jusque là, vinrent s’ajouter, la clouant au sol comme une vulgaire pucelle en mal de câlins.

La lumière au-dessus d’elle clignotait laborieusement, rendant l’atmosphère étrangement morbide. Quand il se tourna vers elle, elle ne pu déterminer s’il l’avait reconnue. Mais s’il en était au même stade qu’elle, il aurait reconnu sa silhouette parmi des milliers d’autres et éclairés par une simple luciole. Il fit volte face, brusquement pressé et partit dans la direction opposée d’un bon pas. Sans réfléchir, elle le suivit, accélérant progressivement, pour enfin se mettre à courir. Il lui semblait que la distance entre eux s’ingéniait à rester constante, refusant obstinément de se réduire. Ce n’était bien sûr qu’une illusion, provoquée par une stupide crainte de la jeune femme. Elle fut donc étonnée de percevoir distinctement le mouvement des épaules de sa cible sous sa chemise. Puis de pouvoir enfin lui saisir le bras. La faible lumière ne facilitait pas le déchiffrement de l’expression de son visage, mais Elissandre eut le sentiment étrange qu’il n’était pas vraiment en de bonnes dispositions, tout court, ou envers elle.
Bien évidemment, elle en fut décontenancée, et l’absence de résultats à ses calculs matinaux lui firent dire le premier truc qui lui passait par la tête.

« Euh ... salut. »

Elle s’en serait bien tapée la tête contre les murs. Elle avait trop de choses à lui dire pour que ça sorte. Et il l’intimidait horriblement. Oui, elle, Elissandre, était intimidée. Elle eut la désagréable impression de le regarder avec des petits yeux de chiot apeuré. Image peu rassurante pour une femme telle que celle-ci. Sa main restait crispée sur le bras de Vito, comme une moule à son rocher. L’acte semblait désespéré. Elissandre s’en voulait d’être aussi faible. Mais pour une fois, rien qu’une fois, elle n’avait plus tellement envie de crier ... ni de taper.
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Vito Vargas

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MessageSujet: Re: Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour]   Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour] I_icon_minitimeLun 2 Mai - 8:06

« When everything goes wrong, you see some bad. »
Vito Vargas avait décidé de passer du temps avec ses amis. Avec ceux qui comptaient. Il ne faisait pas bon rester enfermé dans un appartement en compagnie d’un ordinateur qui ne lui rappelait jamais rien d’autre que le retard accumulé dans ses rapports. Et, comme tout bon procrastinateur, Vito s’était dit qu’à ce stade, il trouverait toujours le temps de régler ça plus tard. Parce qu’il était organisé, parce que ça pouvait attendre. Attendre que toute sa tête lui fût revenue. Alors, ces derniers jours, il avait passé moins de temps chez lui et au GDP que dans le bar de ses deux meilleurs potes.

Oh, ça ne voulait pas dire que c’était facile. C’était même tout le contraire. Là où il n’aurait rêvé que de pouvoir tirer la gueule à loisir, il lui avait fallu faire bonne figure. Sourire. Etre sympa. Tenir la conversation. Le tout sans abuser de la moindre substance psychotrope. Il s’agissait en quelque sorte de la plus adaptée des thérapies à ce genre de situations : une compagnie appréciée en tout point guérissait plus que vous ne voudriez jamais vous l’avouer. Encore fallait-il ne pas tenir ladite compagnie à distance par votre apparente mauvaise humeur.
Il avait des raisons d’être énervé, pourtant, Vito. Il avait des raisons de passer quelques décennies loin de tout ce qui pouvait avoir au trait à sa vie professionnelle. Dans le lot, il y avait des choses qu’il aurait finies par oublier, tôt ou tard. Luca en était une. Elissandre Hell en était une autre. A la longue, il aurait dépassé les évènements de ces derniers mois ; il les aurait mis de côté, les aurait balargués au fond d’un puits ultérieurement cadenassé. Tout le monde savait que, des fois, l’un des meilleurs choix que l’on pouvait faire était de lâcher prise. S’il avait bénéficié d’un peu plus de temps, il ne planait aucun doute dans la tête de Vito quant à ses chances de succès à cette entreprise.

En revanche, il était plus difficile d’oublier Elissandre Hell et Erwin Meister. Actuellement, l’effort mental requis pour occulter ce passage de son existence dépassait – de loin ! – ses compétences. En se rendant au bar que tenaient Grazie et son futur mari, Vargas avait repensé à cette histoire. Pas qu’il arrêtait souvent d’y penser, mais il avait tenté de comprendre, une nouvelle fois. Il s’était farci la chronologie qu’il avait pu reconstituer : quelques semaines plus tôt, Erwin avait croisé Elimoche, au détour d’une ruelle. Ils avaient couché ensemble. L’un avait fini par apprendre le nom de l’autre. Là où le bât blessait, c’était qu’Erwin, ingénu à son habitude, était venu lui parler de ses exploits.
Il n’avait pas été compliqué de faire le lien entre l’Elissandre dont lui avait parlé son meilleur ami et celle qu’il se faisait un devoir de zapper. Ensuite, les problèmes commençaient, notamment en ce qui concernait l’acceptation de cette affaire par le scientifique. Vito savait bien que la théorie du couple qu’Elissandre et lui formaient ne résistait pas à l’impartialité de la pratique ; et pourtant.

Vito avait discuté de tout ça avec Enzo et Graziella, autant que faire se pouvait pour un type qui n’était pas familier de ce genre de débats. Grazie, en particulier, se souvenait de miss Hell. Elle avait avoué à Vargas n’avoir jamais eu une bonne impression de cette fille. « Vous ne parlez pas la même langue », avait-elle tranché, avant d’ajouter que si Vito n’était pas un exemple de civilité, il devait être capable de savoir où s’arrêter dans l’entêtement. Le concerné avait acquiescé – vaguement, mais acquiescé. Enzo, lui, avait tempéré l’énervement de son ami en lui faisant remarquer qu’Erwin n’était pas pour grand-chose dans cette histoire. Comme quoi il ne se serait sans doute rien passé s’il avait dès le départ eu connaissance du nom de la donzelle avec qui il avait voulu tirer son coup. Comme quoi, au moins, il avait eu l’honnêteté de venir lui en parler, après coup.

La logique voulait que Vito reconnût en cette assertion un trait de sagesse de la part d’Enzo. Il n’en allait pas de même pour l’orage sous son crâne, qui lui commandait plutôt de piquer un 45 dans les vestiaires des policiers et d’aller descendre Erwin. C’est pourquoi Vito, en fin de journée, préféra changer de sujet – pour cette raison, et parce qu’il n’aimait pas plus que cela étaler ses histoires des heures durant. Il interrogea les tenants du bar sur leur vie, heureux de détourner la conversation. Il alla même jusqu’à mettre sur la table le sujet de leur mariage. Comble du comble, lorsqu’ils lui redemandèrent s’il acceptait d’être leur témoin, Vito répondit par l’affirmative. C’est dire s’il tenait à éviter d’en revenir à Elissandre Hell.

Toutefois, nous avions tous nos limites. Pour Vito, elles devenaient claires, et par là infranchissables, lorsqu’il s’agissait de discuter ornements floraux et choix de gâteau de mariage. Il finit donc par prendre congé, poliment, en assurant au couple transi qu’ils resteraient en contact, et qu’ils étaient libres de décrocher le téléphone, un de ces jours, pour lui donner plus de précisions sur la date qu’ils auraient fixée. En quittant le comptoir, Vito s’employa à chasser de son esprit les images mariagesques nées de son entrevue avec Enzio et Grazie. Pas qu’il fût terrifiant de se représenter un costume et une journée où il lui faudrait se montrer agréable, mais presque.
On pouvait dire que la seule assurance qu’il avait, c’était que le gâteau serait à son goût. C’était toujours mieux que rien, dans le fond.

« Au pire, vous pouvez toujours m’envoyer un mail, si je ne décroche pas, hein !, précisa Vito à ses amis alors qu’il franchissait la porte du bar.
-On y pensera. Va, t’inquiète pas, on ne t’oubliera pas le jour du mariage.
-… Maintenant que tu le dis, je suis rassuré. »

L’échange aurait pu continuer quelques minutes encore si Vito Vargas n’avait perçu un mouvement en périphérie de son champ de vision. Il ne fut pas long à regretter d’avoir tourné la tête pour voir de quoi il en retournait ; moins long encore à se détourner, soudain glacé jusqu’aux os. Et, alors que la soirée ne faisait que commencer, il trouva très alléchante l’idée de rejoindre son appartement pour s’y enfermer à double tour. Un truc chouette avec les hallucinations, c’était qu’elles ne vous poursuivaient pas jusque dans votre chambre. Généralement, elles se montraient compatissantes et finissaient par vous lâcher.
Le pas décidé, il s’élança à l’opposé de l’apparition.

Une partie de lui savait pourtant qu’il n’hallucinait pas. Qu’il l’avait bien aperçue, une centaine de mètres plus loin, en faction sous un lampadaire. Savoir tout ça n’empêchait pas Vito de prier pour souffrir d’une grave affection mentale ou psychosomatique. Schizophrénie, bipolarité, ou même une bonne grosse tumeur – il aurait accepté tout cela. Parce qu’au moins ça se soignait. Une bonne psychothérapie, quelques comprimés, et tout ce bordel disparaîtrait, contrairement à la personne qu’il entendait se rapprocher dans son dos.
Vito était persuadé d’avoir compris qu’elle était là avant même d’avoir déjoué les devinettes de la silhouette entrevue non loin de lui. C’était épidermique. Il ne voulait pas la voir, tout simplement. Il préférait encore entendre parler de dragées, de grains de riz, de mousseline blanche et de garçons d’honneur. Pire, il avait presque envie de retourner au bar, où Grazie ne manquerait pas de s’étaler sur les bienfaits de l’amour. Tout ce qui lui permettrait d’échapper à Elissandre Hell lui semblait bon à prendre.

Lorsqu’une main se posa sur son bras, il hésita. Frapper ? Piquer un sprint ? Hisser Elipute sur ses épaules et la noyer dans une fontaine ? C’était comme si, après quelques semaines d’apnée, l’oxygène affluait de nouveau au cerveau du scientifique. Et lorsqu’il se sentait enfin en pleine possession de ses moyens, c’était uniquement le temps d’imaginer mille et un stratagèmes pour se débarrasser d’Elle. Ce fut sans doute parce qu’il peinait à arrêter sa décision qu’il fut incapable de dépasser l’étape de l’arrêt brutal, au beau milieu de la rue, et qu’il fut assez bête pour pivoter vers Elissandre.
Ce ne fut qu’en la voyant que Vito Vargas comprit qu’il n’y avait pas que ça. Que ce n’était pas qu’il ne voulait pas la voir, mais qu’il souhaitait qu’elle disparût. Qu’une voiture surgît là, dans l’allée piétonne, et percuta la jeune femme. Il refusait en bloc la coïncidence ayant voulu qu’il la croisât ici, ce soir, alors qu’il commençait à digérer le morceau. Il déniait aux yeux de nuit le droit de scruter ainsi son visage, aux traits d’albâtre de se présenter à lui. Il réclamait son joker ; ou un retour de karma, c’était selon.

« Euh … salut. »

Deux mots. Deux petits mots, portés par une voix flûtée, qui suffirent à donner la migraine à Vito. Et d’une certaine façon, ce n’était pas qu’Elissandre Hell qui se présentait à lui. C’était également, en filigrane, le souvenir d’Erwin lui parlant de sa rencontre avec la scientifique de terrain. Vito n’était pas certain de savoir laquelle, de ces deux visions, lui plaisait le moins.

Au regard inquisiteur, il retourna deux disques de glace. A la pression sur son bras, il répondit en dégageant son membre – d’une sècheresse qui n’admettait pas de réplique. Il ne se sentait pas capable de tenir son rôle dans la pièce de théâtre qui ouvrait le rideau sur une nouvelle graduation dans le monde du ridicule. Et puis, comme l’avait dit Graziella, arrivait un moment où l’on n’avait d’autre choix que de lâcher prise. Vito la rejoignait dans cet état de fait.

« Salut, ouais. »

Oui, salut. Bon vent, surtout. Il se fichait de l’expression presque apeurée qu’arborait Elissandre. Il se fichait d’entendre ce qu’elle avait à lui dire. Alors, comme il s’en fichait, il pouvait choisir de se barrer. D’un commun accord avec lui-même, Vito esquissa un mouvement pour se retourner. Il était tellement convaincu de sa capacité à ignorer la jeune femme qu’il ne comprit pas immédiatement qu’à peine trois pas plus loin, il s’était arrêté pour en revenir à son vis-à-vis.
Il se campa là, les yeux plissés de colère, et fixa Elissandre.

« Erwin, vraiment ? »
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Elissandre Hell

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MessageSujet: Re: Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour]   Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour] I_icon_minitimeSam 14 Mai - 13:40

« Now the sky could be blue, I don’t mind,
Without you it’s a waste of time
»

Elissandre s’était laissée faiblir. Ca arrive à tout le monde me direz vous. Et bien à elle non. Enfin, d’ordinaire. On dit que les femmes aiment à prendre les hommes dans leurs filets. Pourtant, et contre toute attente, c’est le piège de Vito Vargas qui s’est refermé sur elle. Et il était temps d’en payer les conséquences. Car on finit toujours par payer, non ? Ses pensées décousues parvinrent à revenir à la réalité matérielle.
Le regard froid de Vito la traversait de part en part, la glaçant jusqu’aux os, comme si cela pouvait la vider de toute émotion. Mais ça ne marche pas comme ça. Elissandre aurait voulu pourtant, redevenir la froide et sombre calculatrice qu’elle était avant. Avant de rencontrer celui qui avait fait basculer jusqu’à sa nature profonde. Et ce, pour toujours. Car elle avait étonnamment conscience qu’il n’existait aucun moyen sur cette terre qui lui permettrait de revenir en arrière, de retrouver son affreux caractère. Oh il était toujours là, prêt à bondir. Mais pas quand Vito se trouvait à moins de cinq cent mètres de distance.

Elle avait essayé de l’oublier, lui, et les aveux qu’elle lui avait fait, plus honteuse de ses sentiments que de ses actes passés. Mais la honte, et le regret de n’avoir pas essayé plus fort, ne suffiraient pas à le récupérer. Il faudrait plus. Car il méritait plus. Tout en sachant qu’elle avait déjà joué la carte de la tentative de suicide.
Mais tout n’est pas noir ou blanc. Et là, c’était franchement gris. Elissandre était prête à admettre ses fautes, surtout lorsqu’elle s’était oubliée dans les bras d’un inconnu. Elle se souvenait à peine de son prénom. Encore fallait-il que Vargas montrât un minimum de regrets quant à son escapade avec le microbe. Après tout, c’est bien lui qui avait commencé. Ce n’était sûrement pas une bonne raison, mais Elissandre ne pouvait s’empêcher de penser ainsi. Car après tout, c’est bien le sentiment de traîtrise qui l’avait entraînée sur cette pente douteuse. Si les mots pouvaient suffirent à réparer les erreurs, ça se saurait. Pourtant rien ne se passa comme elle l’avait imaginé. Et même si c’est presque toujours le cas, c’est chaque fois tout aussi déconcertant.

Sans surprise en revanche, Vargas commença par dégager son bras de la faible emprise d’Elissandre, puis enchaîna par ce qui ressemblait à un départ. Sauf que ça s’arrêta là, puisqu’il fit demi tour. Il avait fuit la fuite.

« Salut, ouais. »

Première réaction interne: Ah whouah. Ca c’est sûr qu’elle ne s’y attendait pas. La réponse par le silence était en fait la seule chose qui lui avait paru plausible. Et pourtant, si elle avait eu le moindre aperçu de ce qui allait suivre, cette réplique l’aurait laissée de marbre. Car en soi, elle ne raconte rien. Contrairement à la suivante.

« Erwin, vraiment ? »

Il y a toujours plusieurs interprétations possibles à ce genre de phrase. Question ouverte, qui peut vouloir dire un paquet de trucs. Surtout quand on a le cerveau qui rame, et qu’on a un mal fou à comprendre le réel sens de la question. Tout comme Elissandre à ce moment là.
Vito Vargas était campé devant elle, dans l’attitude de celui qui demande des comptes, qui veut des réponses et qui est prêt à tout pour les obtenir. Et malgré ces indices frappants, Elissandre interpréta les choses tout à fait à côté. SI elle avait eu meilleure mémoire, elle aurait probablement eu moins de soucis à se faire. Elle semblait être actuellement dans une dynamique «d’auto-enfonçage» dans le sol. Et dans ces cas là, il n’y a rien à faire.

« Ah ouais, parce-que celui-là aussi tu te l’es fait ? »

Et Pan ! Hors contexte, cette phrase aurait pu paraître d’une répartie à couper le souffle. Sauf qu’à ce stade, on frôlait l’idiotie absolue et alors que les secondes s’égrenaient, Elissandre prit peu à peu conscience qu’elle avait parlé un peu vite. Mais les choses étaient dites. Une expression semblant étrangement apparentée à la fureur envahit les traits de Vargas. Cet évènement eu pour conséquence, une communication d’esprit à esprit de la colère, celle de chacun étant d’une façon logique et mathématique, dirigée vers l’autre. Jusque là, rien d’anormal. C’est alors qu’Elissandre dû faire un choix. S’écraser ou affronter. Stand up and fight. Ce n’est pas un choix sur lequel elle avait l’habitude d’hésiter. Ce fut donc pour le combat qu’elle opta, conformément à son caractère de cochon. Et puis quitte à avancer en terrain miné, autant que ça soit intéressant.

« Non parce-que je dois bien admettre que le premier a quand même du mal à passer. »

Superbe réplique quand y pense, le double sens involontaire de la phrase arracha un sourire à Elissandre. Non pas un sourire de triomphe, mais disons que pour la première fois depuis des lustres, elle avait fait une blague, qui la faisait rire elle-même. Un tel évènement, dans la situation présente, étant fort incongru, mais elle ne l’en apprécia que plus.
Le regard de chien battu et l’air désespéré avait déserté son visage comme son coeur. Elle était toujours désolée, mais elle n’était plus prête à tout laisser couler et prendre toutes les fautes à son compte pour récupérer sa belle serpillère adorée.
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Vito Vargas

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MessageSujet: Re: Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour]   Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour] I_icon_minitimeDim 15 Mai - 7:16

« I know the pieces fit cause I watched them fall away ;
Mildewed and smoldering, fundamental differing,
Pure intention juxtaposed will set two lovers’ souls in motion. »

S’il existait des awards de l’euphémisme, il aurait suffi, ce soir, d’affirmer que Vito était en colère pour remporter le premier prix. La vérité, c’était que la seule vue d’Elissandre Hell ne faisait pas passer le scientifique bien loin de l’infarctus. Et, plus que tout, il peinait à croire qu’elle ose se pointer ainsi. L’air de rien. Presque égale à elle-même, si on lui passait cette expression apeurée que Vito ne voyait pas, aveuglé qu’il l’était par la rage. Avec ses yeux, ses grands yeux de nuit, ces abysses scrutateurs à l’affût de tout ce qu’ils pouvaient engloutir.
L’écœurement bouffait Vito. Ouais. C’était ça — l’écœurement. L’envie de dégueuler sur un coin de trottoir, de planter là l’autre demeurée pour ne plus avoir à se sentir frissonner. Cette fille n’avait jamais été, du début à la fin, qu’un poison ; et aujourd’hui, aujourd’hui qu’il souhaitait l’oublier, il ne parvenait pas à arracher la perfusion. Celle-ci avait eu le temps de prendre racine ; elle s’était branchée en périphérie de son système circulatoire et persistait, déterminée à achever de lui pourrir l’existence. Ce n’était pas faute d’avoir essayé. Rien n’y avait fait. Subsistait le souvenir d’une existence lointaine, presque étrangère, à laquelle s’en superposait une autre, elle-même distendue, déformée, putréfiée. Le problème, pour Vito, n’était pas l’impression d’avoir perdu son temps, mais bien qu’on le lui avait volé. Cette pétasse s’était ménagé une voie d’accès dans sa routine, l’avait investie, puis savamment lacérée de sa présence. N’en restaient que des lambeaux. Des débris aux contours incertains. Et, comblant l’espace entre ces fragments, une colère qui était allée croissante.

Ç’avait viré à l’obsession chez Vito Vargas. Lentement mais sûrement, il était passé de ce qu’il avait pris pour de l’amour à une forme de haine. Cet état d’esprit, vous le comprendrez, n’était pas une porte ouverte à la tolérance, ni même à la neutralité. Il avait voulu qu’elle disparaisse. Il avait voulu zapper de canal, un peu comme on l’aurait fait avec une télécommande lorsque le programme TV du soir nous gonflait. A défaut de pouvoir changer de chaîne, Vito aurait accueilli avec joie la mise sur pause de son cerveau, le temps d’une éternité. Tout plutôt que ça. Son souvenir. L’illusion du carillon de sa voix tintant encore à ses oreilles. Sa putain de gueule. Et encore, tout cela, il pouvait le supporter. C’était après tout ce qu’il avait été contraint de faire au cours des derniers mois – encaisser, composer avec, même en se plantant de partition. Il était persuadé de pouvoir le faire, à la seule condition qu’il ne la voie plus jamais. Qu’il ne croise plus jamais son regard de nuit, qu’il ne laisse plus jamais le sien apprécier les courbes de ses traits, le galbe de ses membres.
Oui, c’était tout ce que Vito avait demandé. Un brave petit traité, tranquille, pas bien compliqué à respecter. De quoi passer à autre chose. Et pourtant !, cette clause du contrat avait été rompue.

Alors elle était là, silhouette dansante dans la brume qui l’envahissait. A le scruter, encore – à le provoquer, toujours. A croire qu’elle n’avait rien de mieux à foutre de sa vie. Vito crevait d’envie de lui retourner une torgnole. D’éclater une fossette. De lui faire avaler les lunettes n’encadrant que trop les disques d’obscurité. N’importe quoi qui l’aurait soulagé, qui aurait occulté d’un demi-litre sang ce qu’il n’acceptait plus. Rentre chez toi avant que je te fracasse la gueule. Barre-toi. Mais ne reste pas plantée là, à me provoquer de tes airs de sainte-nitouche. Elissandre n’était qu’une pétasse de bas étage. Une fille pourrie, rompue aux mécanismes de la manipulation. Elle l’avait bien eu, c’était indéniable ; ce haut fait risquait pourtant d’être la plus grande de ses erreurs, bien pire que l’assassinat de son père, si elle s’obstinait dans cette attitude à la con.

En crachant le nom d’Erwin, Vito n’avait pas très bien su à quoi s’attendre. Il espérait sans doute une pointe de culpabilité de la part d’Elipute, un signe qui prouverait qu’elle avait troqué son piédestal contre un caniveau de repenti bien plus adapté. On pouvait avancer que le scientifique, sans préjuger d’une forme d’excuses, y croyait vaguement. Et même sans cela, il s’était figuré qu’une demande de comptes atteindrait Elissandre, d’une façon ou d’une autre. Aussi guetta-t-il un sursaut chez les commissures de la jeune femme, aussi verrouilla-t-il son attention sur les sourcils et le front de sa précieuse Némésis. Il en riait déjà, dans son coin. Il était prêt à lui retourner en pleine gueule toute micro-expression venue étayer sinon de la gêne, au moins de la culpabilité. Son sous crâne, le puzzle d’un discours prenait déjà forme ; les mots s’organisaient d’eux-mêmes, grinçants de ressentiment, pétris de mauvaises intentions.
La seule surprise qui survint, au grand étonnement du concerné, intervint chez Vito lorsqu’Elissandre répondit. Confusément, il put sentir sa mâchoire se décrocher, ses yeux s’écarquiller d’horreur, des rides d’effarement élire domicile au coin de ses yeux. Il lui sembla que son cœur développait une forme de hoquet. Mais il eut pleinement conscience des mots prononcés :

« Ah ouais, parce que celui-là aussi tu te l’es fait ? Non parce que je dois bien admettre que le premier a quand même du mal à passer. »

Seconde édition de la cérémonie des awards de l’euphémisme : Vito péta une durite. C’était juste ridicule. Un peu moins de trente mots, et les limites de l’acceptable s’étaient trouvées franchies. Dans les grandes largeurs. Un mouvement de recul le secoua, comme s’il cherchait à censurer une réaction impliquant une gorge ouverte et des entrailles goûtant la morsure de l’air libre.

Il peinait à accepter ce qu’il venait d’entendre. Ou plutôt, il ne comprenait pas. Il savait qu’Elissandre Hell était passée maître dans l’art de l’orgueil mal placé ; idem en ce qui concernait celui de jouer à côté de la plaque. Sauf qu’en l’occurrence, elle dépassait les bornes. Qui était-elle pour jouer ainsi la carte de l’innocence ? Pour qui cette salope se prenait-elle, en l’accusant de ce dont elle s’était rendue coupable ? Et surtout, qu’est-ce qu’elle croyait ? Que ses conneries, pour une raison X ou Y, étaient excusables ? Que parce qu’elle avait le sentiment de rétablir une forme d’équité, elle pouvait se permettre d’éviter les questions ? Vito se foutait qu’ils ne soient pas un vrai couple. Sincèrement, il s’en branlait. Il s’estimait seulement en droit de réclamer des explications quant à la petite mascarade qu’Elipute avait mise en scène. Qu’est-ce que tu crois, putain ? Que tu vas t’en tirer d’une pirouette, en usant d’un tour de passe-passe que tu avais gardé en poche en vue de moment ?
Et jusque-là, jusqu’à cet instant précis, Vito s’était contenu. Un mélange de choc et de colère l’avait cloué sur place, le contraignant à se contenter d’un regard assassin, d’une mâchoire crispée. Ses bras avaient reposé le long de ses flancs, prolongés par des phalanges recourbées en poings. Oui, il s’était contenu. Avec une ferveur digne d’éloges. C’était tout à son honneur. Mais c’était trop. Il craqua. Une décharge d’électricité haineuse fut à l’origine d’un sursaut, et soudain, il bondit. Ses membres supérieurs retrouvèrent leur mobilité et, avant qu’il ne comprenne ce qui se passait, il se retrouva au niveau d’Elissandre, le visage à quelques centimètres du sien. Ses mains agrippèrent le col de sa veste, brutalement ; et il serra, serra, comme s’il cherchait à l’étouffer – et il y avait un peu de ça.

Il lui présenta un visage où la haine n’était pas loin de verser dans les envies de meurtres.

« Va te faire foutre, Elissandre , cracha-t-il à voix basse. Va te faire foutre. Y’a eu Maddox, ouais. Mais ça t’a pas suffi de me saigner ? T’avais besoin d’autre chose ? Fallait absolument que t’ailles te taper mon meilleur ami derrière ? »

Vito marqua une pause. A la suite de laquelle, dégoûté par le contact de la jeune femme, il la repoussa. A ceci près qu’il ne se contenta pas de la lâcher, non ; il usa de l’appui inédit qu’il avait sur les épaules d’Eli pour la jeter au sol sans ménagement, de toutes ses forces. Ce fut sans ciller qu’il l’observa heurter le bitume, sans broncher encore qu’il recula d’un pas, lèvres pincées.

« … Va te faire foutre, oui, répéta-t-il, acide. Même si c'est déjà fait. »

Il hésitait. Se barrer, la laisser en plan sur le goudron, à la merci d’une providentielle bagnole qui n’aurait pas remarqué son corps ; ou attendre sa réaction, se délecter de ce qui n’allait pas manquer de survenir. Finalement, il opta pour la seconde solution et, les bras croisés en travers de son torse, il la toisa, rigoureusement indifférent à son air surpris. Mieux, si elle pouvait s’être pété le coccyx au passage, ce serait parfait.
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Elissandre Hell

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MessageSujet: Re: Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour]   Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour] I_icon_minitimeMar 24 Mai - 5:06

«And I feel like I’m breaking up
But I wanted to stay
»

On dit que l’amour et la haine sont des sentiments très proches. Elissandre pouvait voir cette évidence sauvagement étalée sur le visage de Vargas, débordant de cette haine qui fut autre chose, il n’y avait pas si longtemps. Malgré l’énorme erreur qu’elle avait faite en compagnie d’Erwin, la jeune femme se laissa submerger par un sentiment d’injustice face à tant de rancoeur. Oui c’était une erreur, mais tout le monde en fait. Vargas le premier. Combien de temps doit-on payer pour ce que l’on regrette ? Pourquoi les gens sont-ils si prompts à juger et faire des reproches alors qu’eux mêmes sont loin de pouvoir se vanter de ne point en mériter ? Alors qu’elle réfléchissait à cela, ses larmes inondèrent son visage, n’en ayant aucune conscience, oubliée dans ses pensées «Calimérotiennes». Trop injuste. Oui elle était désolée, oui elle aurait fait n’importe-quoi pour se racheter, pour que tout redevienne comme avant. Mais Vito lui en laisserait-il l’opportunité ? Serait-il capable de lui pardonner ? Bien évidemment, il ne saurait oublier une telle chose, et Elissandre n’envisagea absolument pas d’en demander autant. Mais son pardon serait-il suffisamment fort et sincère pour qu’il l’aime de nouveau et qu’ils puissent recommencer cette relation ensemble ?

Elissandre en doutait. Le doute est un sentiment retors. S’il n’existait pas, de bonnes choses serait accomplies bien plus souvent. Le doute est un frein au progrès et à la communication. Mais on ne peut l’empêcher de se manifester aux moments les plus inopportuns. Car il sait quand montrer le bon de nez, le saligaud. Il est plus malin que cruel, et c’est ce qui le rend si puissant. Alors Elissandre doutait, que malgré toutes les excuses qu’elle pourrait prononcer, les conséquences de ses actes n’en auraient pas moins d’impact. Elle captait vaguement les mots de Vargas, emplis de ressentiment, celui qu’elle voulait tant faire disparaître. Puis elle fut à terre, admirant le goudron de près, se passant aisément d’un microscope. Celui-ci était chaud et humide. Rugueux par sa disparité, doux si l’on ne prenait qu’une minuscule surface. Traître en somme.

Elissandre sentait son esprit glisser, et comprenait vaguement que de telles pensées étaient fort étranges. Il lui fallait se ressaisir, et profiter de ce que Vito semblait prêt à l’écouter pour lui dire ce qu’il avait besoin d’entendre. Du moins, l’espérait-elle. Pour cela, il lui faudrait piétiner sa fierté, oublier son dégoût du romantisme et des mièvreries, sortir ces violons qu’elle exécrait encore plus que ses propres erreurs et se souvenir de ces instants pour ne jamais avoir besoin de les revivre. Marcher sur des oeufs. Car c’est bien cela les relations humaines. Faire des compromis, s’adapter à la manière de voir des autres autour pour ne pas les froisser et faire bien attention à ce que l’on dit de manière à ce que nos propos ne soit pas interprétés de travers. Choses qu’Elissandre n’avait jamais appris à faire. Et elle saisissait vaguement qu’il fallait que ça soit réciproque, pour qu’une relation s’équilibre. Il fut clair à cet instant, alors que son regard était rivé sur le sol à quelques millimètres de ses yeux, qu’une fois qu’elle aurait envoyé ses égoïstes idéaux aux orties, Vito aurait à faire de même. Car elle était prête à ramper à ses pieds, aussi incongrues cette idée semblait-elle, considérant son caractère et sa nature solitaire. Mais si elle était la seule à avouer ses fautes, rien ne serait plus malsain pour la suite. Car ce serait alors son tour de vouer à Vargas toute la rancoeur dont elle était capable.

Cette résolution prise, elle se sentit enfin la force de se redresser sur un coude, puis de tourner son visage inondé de cheveux noirs vers l’homme qui la dominait de toute sa hauteur, le regard inquisiteur. La colère est une chose. La tristesse en est une autre. Elissandre ne pouvait s’empêcher d’espérer entrevoir chez Vargas un quelconque indice témoignant qu’à un moment, il fut blessé. Car cela voudrait dire plus que ce que la jeune femme pouvait se permettre d’espérer de lui. Mais rien ne se produirait tant qu’elle ne cédait pas la première. Elle leva simplement les yeux, choisissant par défaut la position d’infériorité à laquelle il l’avait violemment invitée.

«Il n’existe aucun mot qui saurait te dire à quel point je suis désolée. J’étais perdue et en colère. Je me suis vengée. C’est tout. Je n’aurais pas du, mais je l’ai fait et je ne peux revenir en arrière, ni espérer que tu me pardonnes un jour.»

Pourtant elle l’espérait ce pardon, plus fort que ce que la décence lui imposait. Mais voilà, elle l’aimait, et elle reniait tout ce dont elle était fière, comme si sans lui, elle ne valait plus rien. Elle se dégoûtait elle-même. Elle ne pourrait aller plus loin. Elle se releva un peu plus et souffla:

«Maintenant tue-moi.»

Et qu’on en finisse
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MessageSujet: Re: Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour]   Nous sommes tous des cocus qui s'ignorent [PV Vitopinambour] I_icon_minitimeDim 29 Mai - 9:39

« Délassé, délaissé, enlacé, élancé
Si je te mords et encore et encore »


Lorsqu’Elissandre se mit à pleurer, Vito eut recours aux prières pour conserver son sang-froid. Oh, pitié. Il en appela à sa bonne étoile, à son ange gardien, aux dieux dont il avait entendu parler, petit ; nombre de figures lui vint à l’esprit mais aucune à son aide. Et finalement, il se contenta de serrer les poings, un peu plus fort – et ses ongles d’attaquer la paume, toujours plus profondément. Cette conne chialait. Elle chialait. Elle qui ne vivait que pour se la jouer insensible, alors même que, pas si loin que cela de la surface, on trouvait une gamine aux commandes.

Le scientifique se sentit soudainement très fatigué. Par tout ça. Par la presqu’année qui venait de s’écouler. Du mélodrame à petit budget dans lequel on l’avait embarqué sans même lui demander son avis. Ce n’était plus seulement du ras-le-bol ; la lassitude, à son tour, faisait main mise sur la masse sombre que Vito sentait grouiller en lui. Il y avait eu la colère, il y avait eu la rage. Maintenant, c’était le trop-plein, accompagné de l’impression d’avoir donné plus que ce que ses capacités le lui autorisaient. Alors, il en avait marre – putain de drame. Y’avait que comme ça que cette nana était capable de vivre ; non contente de traîner sa propre cargaison de sales histoires, elle ressentait l’irrépressible besoin d’en semer de nouvelles autour d’elle. Mais était-elle capable d’autre chose ? Savait-elle vivre sans cette merde, sans se poser en martyr dès que la situation commençait à lui échapper ? Peut-être était-ce pour se rendre intéressante, tout ça. Peut-être était-il une absolue nécessité, pour elle, d’exposer à la vue de tous le cadavre conventionnel sommeillant sous le linceul grisâtre. Avec un peu de chance, elle devait retirer une certaine fierté de tout ça – celle que certains trouvaient dans la contemplation de leurs propres griefs. A ceci près qu’il y avait d’autres façons d’exister, que ce fût aux yeux des autres ou aux siens. Oui, on pouvait aussi accepter de ne pas être seul au monde. De reconnaître que si les petites merdes du passé jouaient un rôle, ce dernier ne se devait pas de résumer la situation. Parce qu’il y avait plus que ça.
Et, mieux, lui, Vito, qu’en avait-il retiré, de tout ce foutoir ? Les nuits blanches, les prises de tête, la colère croissante ; l’envie de reléguer tout ça au placard et d’en claquer la porte. De mettre cette page de son existence derrière lui, dissimulée dans ce casier réservé aux histoires ratées. Il y avait tout simplement des choses qu’il ne pouvait pas tolérer. Le fait d’être pris pour un con en était une. Ou plutôt, si Elissandre Hell souhaitait plier son entourage aux règles du petit enfer personnel qu’elle nourrissait, il préférait encore déclarer forfait. Car ce script-là, il ne l’avait pas signé. Il n’existait aucune absurdité semblable à un contrat, pas même celle du mariage, obligeant quelqu’un à supporter l’égocentrisme d’une fille qui n’aurait pas eu assez de cran pour jeter un coup d’œil au miroir mural. Et cette pseudo-tragédie, ce vaudeville mal baisé, c’était trop – juste trop.

Vito jugeait qu’il avait suffisamment donné. Mais surtout, il pouvait se passer de calculs savants pour résoudre l’équation qui s’était présentée à lui. Le résultat était sans appel : sans parler de retirer quelque chose de sa relation avec la scientifique, il n’avait rien reçu. Et, d’une façon plus que confuse, il s’en trouvait vexé. Il s’en voulait de ne rien avoir vu venir, de ne pas s’être montré assez fin pour comprendre avant. C’était simple, pourtant. Nul besoin d’être un génie pour comprendre qu’une relation où l’on détenait cent pour cent du capital, où l’on était son propre actionnaire, ne marchait pas. Plus que d’un échange, il s’agissait d’un partage ; et rien ne se partageait mieux que le ressentiment. Alors si c’était là tout ce que Vito pouvait espérer, il eût mieux valu qu’il s’en rendît compte plus tôt, et passât son tour. Lorsqu’il pensait au nombre d’emmerdes qu’il aurait pu éviter en tournant les talons au bon moment, ça l’éberluait. Ça le mettait un peu plus en rogne. Ç’eût été autant d’occasions d’être tranquille, en tête-à-tête avec sa petite routine.
Mais tout ça, Elipute s’en rendait-elle seulement compte ? Lui fallait-il un dessin pour qu’elle le vît ? Qu’elle ne fût pas experte es relations humaines, passait encore. On n’avait pas tous ce programme dans son pentium. Mais il était basique de saisir qu’une relation, loin d’être acquise, nécessitait une attention de tous les instants. Ne répondre ni aux e-mails, ni aux coups de fil ou de sonnette, et ce, des mois durant, c’était se foutre de la gueule du monde. Ça devenait ridicule lorsque les choses s’achevaient ainsi ; l’un sur le point de sortir un colt, l’autre à chialer et marmonner des conneries.

« Il n’existe aucun mot qui saurait te dire à quel point je suis désolée. J’étais perdue et en colère. Je me suis vengée. C’est tout. Je n’aurais pas du, mais je l’ai fait et je ne peux revenir en arrière, ni espérer que tu me pardonnes un jour. »

En parlant de conneries.
Vito se crispa, vaguement conscient de ne plus être très loin du déboîtement des ménisques de sa mâchoire. L’espace d’un instant, il se détourna, et la lézarde zébrant le mur adjacent dut trouver flatteur d’être aussi soudainement la source de tant d’attentions. Vito, lui, songeait plutôt à défoncer la façade crépie à coups de pied. Moi aussi, je suis désolé. Il était une fois des moments où votre sang semble effectuer son trajet en sens inverse. Lorsque votre cœur se fige dans un accès de rage, par exemple. Je suis désolé de pas avoir pigé tout ça plus tôt. D’avoir été con au point de suivre le mouvement sans réfléchir outre mesure. Il était une fois l’envie de voir les défauts du bitume se terrer sous une croûte de sang séché. Ou peut-être que j’aurais dû crever, cette nuit-là. Ça t’aurait fait un mélodrame de plus sur ton tableau de chasse.

Et une question se posait, portée par les évidences : Vito souhaitait-il seulement lui pardonner ? Parce que pardonner, plus que de passer l’éponge sur une table dégueulasse, c’était accepter de continuer ainsi, avec cette partition dont seules les fausses notes parvenaient à l’oreille. Ça impliquait de composer avec ces dernières, de perpétuer le massacre du quotidien. Rien qui ne donnât raison à la balance bénéfice-risque. Rien non plus qui ne suscitât plus qu’un doute existentiel chez Vito. Alors, lui pardonner, est-ce que c’était bien indiqué, dans ce cas de figure ?

« Maintenant tue-moi. »

Du mélodrame de mauvaise qualité, en veux-tu en voilà, deuxième round. Le mépris dans le regard que lança Vargas à la scientifique se passait de commentaires. Il brûlait de lui lancer qu’elle ferait mieux de ne pas le provoquer plus qu’elle ne le faisait déjà par sa seule présence. Des papillons naissaient dans ses tripes à l’idée d’accéder à sa requête – pourtant il se contenta de lui sourire, tandis qu’il se penchait sur elle, poignets vissés sur ses genoux, dans une attitude proche de l’attentisme. Ce fut sans se départir de sa grimace qu’il lui parla ; et ses seuls yeux se seraient suffis à eux-mêmes dans le discours qu’il lui tint.

« Je suis même pas sûr d’en avoir quelque chose à foutre de savoir que tu es désolée. Et ça veut tout dire, non ? Parce que j’en ai marre de toi, Elissandre Hell. Marre de toi et de tes mélodrames permanents. Plein le dos de tes conneries, de tes états d’âme. Alors oui, moi-même j’ai déjà dérapé ; mais il me semble me souvenir d’une certaine conversation à ce propos, et je crois bien que je m’étais excusé. Donc tu vas rapidement t’arrêter de te trouver des excuses. Si tu ne vis que pour les pseudo-tragédies, tu devrais pouvoir trouver ton compte ailleurs ; t’es pas la seule dans ce cas-là. Mais moi je dis non. Je dis stop. Tu peux être désolée, ça oui. Sauf que je m’en contre-fous. »
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