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| Tell. Told. Told. [PV BEATRICE] | |
| Auteur | Message |
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Agostina Gallo Membre- GDP
| Sujet: Tell. Told. Told. [PV BEATRICE] Mar 8 Nov - 18:06 | |
| - Mes… Affaires ?- Tu les reconnais plus ?- Je pensais pas que tu les aurais gardées.- T’aurais préféré que j’les brûle ?- Heu. Non.- Dommage, j’y avais pensé pourtant.Ses talons font tap-tap sur le sol. Ses gestes sont brusques, et elle semble un brin agitée. Peut-être fâchée, ennuyée. Ses yeux n’osent pas vraiment regarder les siens. Ou plutôt elle préfère pas. Entendre sa voix, c’était bien suffisant pour l’instant. Et irritant. Il avait une voix mal assurée, chevrotante. Ca lui arrivait même de bégayer. Et quand c’était à son tour de répondre, il prenait toujours son temps, comme s’il avait besoin de chercher. Aucun naturel. Aucune classe. Ca, elle devait bien le reconnaître. Sa mère l’avait pourtant prévenue, qu’elle n’irait jamais bien loin avec un type pareil. Mais les conseils à maman, on s’en fiche évidemment. Ca donne juste une occasion en plus pour se prendre le chou. On aime être en conflit avec les autres. C’est quand même son quotidien, à Agostina. S’énerver contre les gens. Faut dire aussi que, là tout de suite, elle en était pas non plus très loin. Elle sortait d’une rude journée de travail, où elle avait passé son temps à crier après n’importe quoi. Et n’importe qui. Genre Ilana. Oui, la journée avait été longue, principalement à ce moment-là. Alors bon. Commencer la soirée avec son ex mari, ça n’avait rien de réjouissant. Elle jouait avec ses doigts, autour d’un verre à coktail. Vide. Elle l’avait bu d’une traite quand elle l’avait vu s’asseoir à sa table. Dès lors, elle s’appliquait à être le plus désagréable possible. Son attention était entièrement consacrée à une recherche de vengeance. Et elle trouverait. Même si ce n’était pas grand-chose. Elle le connaissait suffisamment bien pour le savoir mal-à-l’aise. Elle n’avait pas besoin de le regarder pour le savoir. Elle savait qu’il se tassait sur sa chaise, qu’il ramenait au maximum ses jambes contre la banquette dans son coin. Parce qu’il avait peur du moindre contact. Presqu’autant qu’elle. Elle l’avait connu moins lâche, plus salop aussi. Alors le savoir si mal, c’était pas aussi désagréable que ça. C’était même plutôt jouissif. - Je t’ai apporté deux ou trois papiers. Il faudrait que tu les signes. Je peux t’expliquer plus en détails.C’était ce qu’elle aimait le moins chez lui. Cette façon qu’il avait de se croire supérieur, le besoin de se rendre indispensable. Et d’être serviable. Faux. Et archi faux. Il n’était pas gentil. Il aimait juste étaler son savoir, le sentiment de comprendre quelque chose que les autres ne peuvent pas saisir. C’était prendre les gens pour des cons. On ne la lui faisait pas à elle. Elle était loin d’être abrutie. Et elle savait encore lire une putain de feuille. Nul besoin qu’on lui explique plus en détails. Fâchée, elle lui arracha le dossier des mains. Une jolie pile de paperasses. Elle feuilleta, feignant l’indifférence. C’est là qu’elle se rendit compte qu’elle aurait mieux fait de jeter ses affaires au feu, et d’en foutre les trois quart dans la bouche du chien. Elle le détestait. Presque tout autant que ces suites de mots, de phrases. Absurde. Comment pouvait-on avoir un jargon si compliqué ? Elle butait dès la première phrase. Hélas ! Une relecture n’en vint pas à bout. Tss. Conneries. On divorce, on divorce. Non ? Que faut-il de plus à ça ? Je garde tout, et je te laisse le service à vaisselles de ta mère. Fallait bien qu’il la dédommage d’une manière ou d’une autre. Vexée, frustrée. Elle posa les papiers devant elle, s’amusa à chiffonner les bords. Et osa enfin le regarder. Ses sourcils se froncèrent une fois de plus. Elle avait la mine sévère, grave. Une seule chose à ajouter. Une. Putain j’y comprends rien. Plutôt crever que de l'avouer quand même. - Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée.- Enfin, on en a déjà discuté...- Oui. Mais je suis enceinte.Surtout ne pas rire. Ceci est sa punition. Oui. Le meilleur moyen de se venger, c’était encore de le convoquer dans un hôpital et de lui faire couper un cordon ombilical. Un gosse dans les pattes. Tu l’aurais dans le cul, mon salop hein ? Ce serait catastrophique dans ta situation. Est-ce que ta nouvelle bonne femme voudra bien d’un gosse qui n'est pas le sien ? Est-ce que tu serais pas trop accès sur les valeurs familiales ? Est-ce que… Tu ne reviendrais pas ? Pour le reste de tes jours. Pour que je puisse t’empoisonner un peu plus l’existence. Elle esquissa un sourire narquois. Elle le tenait. Lui, il rapetissait à vu d’œil. Il était blanc. Mais il lui sembla que son teint tournait vers le vert de temps en temps. Emu. Ca rime avec déçu. Il cherchait quand même une faille, un truc qui collait pas. Mais elle restait impassible, stoïque. Il lui demanda si elle n’était pas en train de se moquer de lui. Elle lui répondit évidemment que non. Un tel prétexte. Ce serait vraiment petit. A peine crédible même. Elle n’oserait pas. Jamais. Et pourtant… C’était toujours mieux que de lui sauter au cou et de lui broyer la gorge. Non. Il fallait qu’il souffre un poil plus longtemps. Agostina avait la rancune tenace. Et le pauvre imbécile se leva, tout penaud. Il vacilla doucement, se dirigea tant bien que mal vers la sortie. Démoralisé. Il appellerait dans la semaine, avec du recul. Le temps de percuter, de réfléchir, de se dire que ce n'était pas possible. Ou peut-être que si. Et que si c'était bel et bien vrai, il était dans la mouise. Ca. Ca lui plaisait plutôt bien, à Agostina. Elle le regarda sans aller, satisfaite. - Dis-moi. Tu t’étais cachée quelque part pour entendre la conversation ou… Te faut-il des détails ? Elle salua d’un vague signe de tête Beatrice, qui se montrait enfin. Et là je vois déjà vos grands yeux. Beatrice. Agostina. Agostina. Beatrice. Parce que ces deux là se connaissent ? Un peu mon neveu. Depuis quelques années déjà. Beatrice, c’est l’une des rares amies d’Agostina. Enfin une avec qui ses relations ne dansent pas le oulaoup. Enfin quelqu’un avec qui médire. Toute la soirée. A cette simple pensée, elle se sentit automatiquement plus détendue. Elle afficha même un petit sourire. Peste. Alors que l’autre prenait place sur la banquette. - Je crois que je suis trop gentille avec lui... Ca m'inquiète un peu. Je devrais être un peu plus dure non ? Sinon, il faut que je tombe enceinte. T’aurais pas des gros coussins par hasard ? |
| | | Beatrice Lorenzo Membre- humain
| Sujet: Re: Tell. Told. Told. [PV BEATRICE] Mer 9 Nov - 17:49 | |
| Ses doigts sentaient la colle et la poussière, un mélange de nostalgie et de produit purement industriel. Il n'y avait aucun moyen de retirer cette fragrance ; elle imprégnait jusqu'à votre nez, vous enfermant à jamais dans l'univers si particulier de la bouquinerie. Beatrice ne s'en formalisa pas – elle aimait cette senteur, le parfum qui régnait dans la boutique. C'était bien plus agréable que les vapeurs d'essence sortant des voitures, l'encre encore fraîche du journal du matin imprimé sur du papier de mauvaise qualité. Reniflant le jasmin dont s'imprégnait sa patronne tous les matins pour masquer l'odeur de savon et de chair lâche propre aux personnes âgées, Beatrice comprit qu'il était l'heure de se retirer.
Saisissant son sac – un vulgaire sac de cuir, rapiécé de partout – Beatrice salua sa patronne et regagna les rues de Milan. Le froid la saisit, le vent fit claquer l'écharpe qu'elle tâchait d'enrouler autour de son cou. Son souffle exhalait de fins nuages de buées. Comme une enfant, elle s'amusa à expirer, modulant son souffle, modifiant la forme de sa bouche afin de créer des nuages aux formes différentes. Tout à ce jeu, elle remontait la rue, ses bottes claquant sur le trottoir.
Elle avait rendez-vous. Bar Magenta. Avec Agostina Gallo. Les deux femmes s'étaient croisées plusieurs fois – la première dans ce même bar où Agostina avait hurlé contre la vie cette sale garce. Muette, docile, curieuse, Beatrice l'avait écouté. Et depuis rien n'avait changé. Beatrice était le vase recueillant les peines, colères et autres réflexions d'Agostina. Si les deux femmes avaient joué dans une pièce, Agostina aurait été la noble menacée d'être mariée à un vieux grigou et Beatrice la servante, confidente des peines de la dame.
La jeune femme avait poussé la porte, mais s'était stoppé en voyant qu'Agostina était déjà accompagnée. Preste comme le vent, elle se glissa dans un coin mal éclairé, observant la scène sans être vu. Trop loin pour percevoir les paroles, elle sentait néanmoins que l'échange était saturé d'haine. Elle le voyait aux épaules d'Agostina – la femme avait toujours ce tic de les ramener en arrière quand quelque chose lui déplaisait, comme si elle se préparait à recevoir un coup dans le dos. L'échange se termina avec le départ de l'homme, laissant le soin à Beatrice d’apparaître sous les lumières et de faire son entrée.
- Dis-moi. Tu t’étais cachée quelque part pour entendre la conversation ou… Te faut-il des détails ?
Beatrice se contenta de sourire devant la salutation – du Agostina tout craché. Prenant place sur la banquette, posant son sac à ses pieds, elle fit signe à un des serveurs.
- Tout dépend de l'âge du bébé... Tu veux être prête à éclater ou juste en période « j'ai un monstre qui me bouffe de l'intérieur et grignote tout ce que je mange » ? Si tu veux bien jouer le rôle, tu dois aussi avoir un caractère horrible. Comme si tu avais tes soucis de femme toute la journée.
Beatrice se doutait que cette histoire de femme enceinte avait un lien avec l'homme. Sûrement l'ex dont son amie lui rabâchait les oreilles. Elle ne lui en parlait qu'avec haine et dégoût, tout désir et toute nostalgie étaient définitivement absents. De toute façon elle sentait que le sujet de ce soir tournerait autour de cet homme et de l'opinion qu'avait Agostina sur sa personne.
Le serveur s'était stoppé à leur table. Beatrice lança un « Un café crème » avant de se tourner, sourire mutin vers son amie.
- Les femmes enceintes ont des appétits très particuliers. Pourquoi ne prendrais-tu pas un moka avec supplément chantilly et pépites de chocolat ? Faut nourrir le petit monstre dans ton ventre. D'ailleurs fille ou garçon ? Que je t'achète une layette pour quand il naîtra.
Si Beatrice n'était pas une jeune fille bien éduquée et légèrement introverti, elle se serait levée pour tâter le ventre plat d'Agostina à la recherche du fœtus fantôme. Mais Beatrice restait Beatrice : la confidente, la femme parlant peu, mais s'amusant des travers humains. |
| | | Agostina Gallo Membre- GDP
| Sujet: Re: Tell. Told. Told. [PV BEATRICE] Lun 21 Nov - 16:54 | |
| - Spoiler:
Bon. C'est n'importe quoi o/.
- Je crois que je gère, question caractère. Et puis c’est pas si difficile. C’est comme quand t’as tes règles, sauf que c’est au quotidien.Ses lèvres se fendaient en un petit sourire amusé, alors qu’elle fixait, malicieuse, les petites lunettes de l’Italienne. Elle savait bien, qu’elle n’avait pas toujours un caractère très facile, qu’elle s’emportait vite. On le lui répétait assez. Ca lui arrivait parfois d’en rire, dans des petits moments de bonne humeur, le temps d’une remarque. En vérité, elle était à la limite de la détente. La journée était finie, l’ex s’en était allé faire la lippe, et le verre était vide. Et quand le verre était vide, ça voulait dire que l’heure était bien avancée, et qu’il fallait se changer l’esprit. Au diable vauvert le travail de Technicien. Au chiotte le monde. Et merci au bar Magenta et à ses délicieux cocktails. Evidemment. Agostina, se poser, elle y arrivait pas toute seule. Il lui fallait un peu d’aide. Et quand ses petits calmans n’étaient pas là pour la suquer, fallait bien qu’on trouve autre chose pour s’y coller. Et le verre avalé un brin précipitamment était, de toute évidence, tout à fait compétent. Elle sentait encore la marque de l’alcool au fond de sa gorge, qui lui brûlait doucement, agréablement. Et ce n’était plus du sang qui coulait dans ses veines, mais un liquide jaunâtre -quoique ça rappelle plutôt du vomis là-, fort et poignant, qui circulait d’un bout à l’autre de son corps, lui réchauffait les membres. Elle se sentait un peu molle, soudain. Peut-être juste bien. - Pour l’âge, ça risque d’être un peu plus compliqué par contre. Las, Agostina s’affaissa un peu plus. Ce n’était pas suffisant de prétendre être enceinte. Il fallait calculer. Et en soi, ce n’était pas ça qui dérangeait véritablement. Non. Elle savait encore compter jusqu’à neuf, pour les mois. Le tout était de se souvenir. Se souvenir de la date exacte de leur dernière partie de jambes en l’air. Et sans capote. D’où la complication. Car si elle savait manier des recherches et faire mumuse avec une ou deux éprouvettes, il fallait bien avouer que ça ne lui était d’aucune utilité une fois sorti du GDP. Et surtout pas pour faire gober au monde entier l’arrivée d’un enfant miraculé. Parce qu’en soi, un gosse qui vous vient dans le bide par l’opération du Saint Esprit, ça n’a rien de très biologique. Sa tête retomba lourdement sur le bois de la table. C’était loin d’être crédible. Et il ne faudrait que très peu de temps à monsieur l’ex époux pour le comprendre. Ca faisait un petit moment quand même, que sa vie sexuelle était à plat. Et, en y réfléchissant bien, il lui semblait que durant leur dernière année de mariage, il ne l’avait pas touché une seule fois. Ou avait essayé. Mais elle l’avait envoyé balader. Trop sur les nerfs, et trop fatiguée pour baiser. Et puis ça prend du temps en général, cette connerie. Cinq minutes de temps en temps, ça lui suffisait bien, à Agostina. Elle n'aimait pas les hommes trop endurants. Ca traîne trop après. Au bout d'un moment, on se fait chier aussi. Elle préférait se poser sur le canapé, avec son chien. Et regarder le journal télévisé. Genre pour écouter les frasques des hommes politiques. Y'avait que ça à la télé. Des histoires de coucheries. C'est quand même drôlement plus intéressant à entendre qu'à pratiquer hein ? Mon cul. Un an qu’aucun homme n’avait posé les mains sur elle. Evidemment qu'elle était en manque, la morue. Au bout d'un moment, ça donne bien envie quand même. Et c'est pas le chien qui viendra rendre service pour le coup. Elle n’attirait plus personne. Il était peut-être temps de changer de bord, tout simplement. Les hommes n’étaient, après tout, pas un aussi bon parti. Elle se consola, au moins, en se disant que Beatrice devait sans doute être dans le même cas. Oui assurément. Elle ne pouvait pas perdre face à une binoclarde. D’autant plus qu’elle avait une vision assez… Particulière en ce qui concernait cette dernière.Allez donc savoir pourquoi mais il lui semblait que Beatrice faisait parti de ce genre de bonnes femmes, un peu vieille fille, qui, par un mauvais coup du destin, tragique, finirait seule dans son lit avec un vieux minou pour unique compagnie. Sympa la copine. Elle esquissa une grimace, comme à chaque fois que quelque chose lui déplaisait. Ca tournait en boucle dans sa tête. Elle ne partait jamais bien loin. Quand il y avait un truc qui la chiffonnait, et bien, ça continuait. C'était pas un petit verre qui allait changer la donne, même si c'était drôlement agréable. Bref. Quel salop ! Il avait pas bien insisté cette année-là, quand même. Oui oui, j'essaye de reprendre le fil du récit. Non que voyez, je viens d'effectuer deux ou trois modifications dans le post. Et du coup ça suit plus trop. Et faut bien caser le bout qui reste quelque part. Donc voilà. Je le balance là. Dooooonc. Quel salop ! Il avait pas bien insisté cette année-là, quand même. Elle poussa un énième soupir. Un an qu’elle ne s’était pas envoyée en l’air. C’est grave docteur ? Fallait bien avouer qu’il y avait un brin de laisser-aller de son côté. Qu’elle n’était plus aussi plate qu’avant. Mais elle avait des circonstances plus qu’atténuantes, comme le boulot qui avait bien dû lui rajouter, d’un seul coup, une dizaine de kilos. Elle n’avait jamais été à son avantage. Il lui manquait le sens de l’esthétique, le raffinement. Et toutes ces choses qui font que les femmes savent s’entretenir, se faire belle.Bref, plaire. C’était ce genre de réflexions qui nous la rendait un brin virulente. Elle avait ses mauvaises manières, ce besoin de s’en prendre aux gens. Aux choses. A la vie cette sale garce, comme Beatrice l’a si bien dit. Et justement, elle était là, au bon moment. Prête à entendre. Beatrice avait de quoi se réjouir. Comme toujours, Agostina en avait des choses à dire. Des sujets sur lesquels se plaindre, des anecdotes qui l’agaçaient en général, sur sa vie quotidienne. Et ma foi, quand l’envie lui prenait soudainement, il n’y avait plus grand-chose à faire. Juste ouvrir la bouche, et le tout sortait naturellement, mordant, les injures se perdaient dans le vide dans un flot immonde de reproches. C’était ce qu’elle s’apprêtait tout juste à faire, ouvrir la bouche, quand le serveur débarqua, un petit calepin en main. - Ha. Vous êtes enceinte ? - Et de neuf mois, du con. Allez plutôt me chercher un café, et oubliez pas la chantilly et les pépites de chocolat. Enceinte… Enceinte… Si les gens faisaient correctement leur boulot déjà au lieu de se mêler de la vie des autres et de… HEEEEEY ! ATTENDEZ UN PEU. Z’ETES PAS EN TRAIN DE SOUS-ENTENDRE QUE JE SERAI GROSSE PAR HASARD ? VOUS DEVRIEZ AVOIR HONTE ! C’EST SCANDALEUX ! MON VENTRE N’EST PAS SI GROS ! ET EN PLUS JE MET DU 38 ! VOUS ENTENDEZ ? DU 38 !! D’OU EST-CE QUE J’SUIS ENCEINTE D’ABORD ? HEEEEEIN ? Blablabla. Voilà comment on coupe la parole au personnage. Surprenant quand même, non ? Cette façon qu’elle avait de démarrer, le peu de temps qu’il lui fallait pour se vexer, tirer des conclusions hâtives. Et sa défense. Non, je ne suis pas enceinte. Parce que je mets du 38. Petite menteuse ! On sait tous que tu portes du 40. Et sinon très chère, t’aurais pas l’impression de t’énerver un peu pour rien ? Je fais quoi moi, maintenant. Je laisse le serveur répondre, je continue le dialogue et on zappe Beatrice ? Ou j’attends qu’on vienne te foutre tranquillement à la porte, histoire de cloturer le rp un brin précipitamment ? Sinon troisième solution. On rend sourd le serveur, d’un coup. Pas terrible non plus, hein ? - Ouai mais. Heu. Long ou court vot’ café ? - Long de préférence. Et elle s’en mord les doigts. Oui, le serveur fait déjà demi-tour, en se grattant la tête. Il s’en fiche. Il en a vu d’autres, le con. Et des pires que toi. A la limite, on pensera qu’elle en a pris une bonne. Et pourtant, elle n’en était qu’à son premier verre. Elle avait pourtant une drôle de gueule, la bouche grande ouverte et les yeux dans le vide. - Le serveur m’a ignoré. Le serveur m’a ignoré. Le serveur m’a ignoré. Le serveur m’a ignoré. Le serveur m’a ignoré. Le serveur m’a ignoré. Le serveur m’a ignoré.L’après coup. Dur. Ca la surprenait toujours. Mais ça restait du déjà vu. Oui. Elle n’avait pas très bien réagi non plus, la première fois qu’elle avait rencontré Livio. Ca l’avait tout d’abord, profondément chagrinée. De voir qu’il y avait des hommes avec si peu de répondant, avec autant de nonchalance. Et puis, quand une certaine personne avait fini par la traiter d’épouvantail, elle s’était dit que, finalement, ce n’était pas si mal que ça. Mais quand même. Elle marmonna quelques minutes, le temps de s’en remettre. Mais elle ne s’en remettait pas. Les larmes lui montèrent aux yeux. Journée de merde. Soirée de merde. Elle le savait, qu’elle aurait mieux fait d’avaler ses comprimés. Elle aurait dû rester avec le chien. Le chien était le seul qui la comprenait vraiment. Le seul qui savait comment la réconforter. Oui. C’était tellement apaisant de l’entendre aboyer, de se faire baver dessus, d’aller le promener, s’arrêter à chaque arbre et attendre que monsieur deigne lever la patte. Et c’était tellement réjouissant de ramasser ses petites crottes. Oui, puis d'aller les déposer dans la boîte aux lettres de son ex. Comme c’était jouissif ! Non, il n’y avait pas de meilleurs passe-temps. Ca restait les meilleurs moments de sa vie. Imaginer la tête du pauvre type, le lendemain, quand il irait chercher son courrier. A la limite de la détente. Comment pouvait-elle être à la limite de la détente ? Quelle blague. Il lui en fallait, décidément, beaucoup plus. Il y avait trop de trucs qui lui trottaient dans la tête pour qu’elle puisse réellement se détendre. Et fallait bien que ça sorte d’une manière ou d’une autre. Et à cela, et parce que ses pensées tournaient toujours en rond dans sa petite tête, -au moins trois fois autour du cerveau- elle n’avait qu’une seule et une chose à dire. Et à faire. Aussi se jeta-t-elle précipitamment sur les mains de cette chère Beatrice, s’allongeant quasiment sur la table pour cela, le visage ruisselant de larmes, reniflant bruyamment. - C’est horriiiiible ! Qu’est-ce que je vais faire de ma viiiiie ? Tout… Tout est finiiiii ! Et puis personne m’aime ! Mon mari m’a quitté ! Et je suis toute seeuuuule ! Comment je vais survivre ? Je sais même pas cuire un oeuf ! Et j’ai pris cink kilos depuis qu’il est parti ! Tu te rends compte ? CINQ KILOS ! COMMENT JE VAIS FAIRE ? MA VIE EST FOUTUUUUUE ! Je… J’ai menti tout à l’heure, je fais pas du 38 mais du 40 ! Tu vois ? Je suis GROOSSE ! Les gens pensent même que je suis enceinte et… SI SEULEMENT CA POUVAIT AU MOINS ME RAPPORTER UNE OU DEUX ALLOCS ! BEATRIIIIICE ! DIS MOI QU’UNE FEMME ENCEINTE PEUT TOUCHER UN PEU D’ARGENT ! DIS MOI QUE C’EST PAS JUSTE UN TRUC DE FRANÇAIS ! QU’ON DONNE UN NOUVEAU BUT A MA VIIIIE ! JE ME FICHE DU SEXE DE L’INDIDIVU, POUR PEU QU’IL ME RAPPORTE QUELQUE CHOSE ! ET JE… BOUHOUHOUHOUHOU ! ET JE SUIS MEME PAS ENCEINTE D’ABORD ! JE TOUCHERAI PAS D’ALLOCATIONS FAMILIALES ! LE NOUVEAU BUT DE MA VIE VIENT DE FOUTRE LE CAMP AVOIR MEME D’AVOIR EXISTE ! Je… JE SAIS ! JE VAIS ME SUICIDER ! AIDE MOI S’IL TE PLAIIIT ! |
| | | Beatrice Lorenzo Membre- humain
| Sujet: Re: Tell. Told. Told. [PV BEATRICE] Jeu 24 Nov - 18:23 | |
| Agostina n'avait pas besoin de feindre le caractère d'une femme enceinte : elle le possédait déjà. Beatrice la regarda passer du rire à la colère, de la colère aux larmes avec un détachement qui démontrait que la jeune femme était rompue à ce genre de démonstrations. Et que le côté drama queen d'Agostina ne l'étonnait nullement - elle en avait tant vu depuis qu'elle fréquentait cette femme que ça faisait maintenant parti du paysage.
Mais évidemment qui allait essuyer les larmes d'Agostina, réparer ses illusions brisées ? Beatrice, bien entendu ! La jeune femme se demandait parfois pourquoi elle ne s'était pas lancée dans la psychologie. Elle aurait mieux gagné sa vie. Et elle aurait pu faire payer Agostina sans le moindre remords. Mais non elle était simple employée d'une bouquinerie et amie de la dite-patiente qui avait saisi ses mains - ou plutôt les broyait de toutes ses forces.
Diplomate, Beatrice sortit un paquet de mouchoirs de son sac et le tendit à sa compagne afin qu'elle puisse essuyer ses larmes dignement. Même si la jeune femme s'attendait déjà à entendre des bruits de trompette sortant du nez d'Agostina. Lui tapotant la main, elle chercha les mots pour calmer la femme et éviter des incidents diplomatiques avec les gérants du bar.
- Ne partons pas défaitistes. Le serveur a juste cru que tu étais enceinte à cause de ce que j'ai dis. Tu n'es pas grosse, tu as juste pris un peu d'embonpoint. Et pour ton "gosse"... Ton ex t'a cru, non ? Tu pourras toujours prétexter une fausse couche au bout des neuf mois de gestation - voire un peu avant, mauvaise chute durant ton boulot et paf! gosse perdu. Du coup il sera sûrement tout peiné, les hommes trouvent ça triste les femmes qui ont pas pu procréer dignement.
C'était dur, très dur, de suivre Agostina dans ses délires. La migraine assaillait déjà Beatrice qui accueillit avec plaisir son café. Elle n'eut pas le temps de remercier le serveur que celui-ci était déjà parti après avoir vivement posé son regard sur Agostina. Pauvre petit, il avait sûrement peur de recevoir encore les feux de la furie. De la pointe de sa cuillère, Beatrice cueillit un peu de crème qu'elle déposa sur sa langue. Un délice.
- Puis un homme t'en trouvera d'autres. Dans ton travail ou ailleurs. Le serveur, par exemple... Il est plutôt mignon. En tout cas, l'uniforme moule bien son fessier.
Et oui derrière son air de sainte-nitouche, Beatrice avait un coeur et les pensées d'une femme accomplie. Elle n'allait pas jusqu'à dévorer des yeux tout être masculin passant dans les environs, mais elle savait observer ce qui était plaisante.
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