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 Welcome to hell [pv Anonyme]

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Aya Murazaki [Sky]

Aya Murazaki [Sky]

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Welcome to hell [pv Anonyme] Vide
MessageSujet: Welcome to hell [pv Anonyme]   Welcome to hell [pv Anonyme] I_icon_minitimeMar 13 Déc - 14:32

Il n’y a plus rien,
Rien que du silence et du sang
Au coin de mon regard
Au détour de mon cauchemar .



    Il n'y avait plus que du noir.
    Sombre univers parsemé de sang et de peur.
    Résultat inéluctable d'un combat où mon souffle s'était coupé sous la douleur. De ne pas arriver à temps, de ne pas réussir à les protéger, ma lame d'onyx brillant au coin de cette ruelle.
    Ça n'aurait jamais dû arriver. Pur hasard ou piège tendu ? Je n'en savais rien, mais mon sang n'avait fait qu'un tour en apercevant Erin et Cillian acculés, leurs yeux affolés croisant une seconde les miens dans une supplique muette. Aucune ignorance possible, même face à un danger que je n'avais pas encore évalué... Ils étaient ma famille, pactisants réunis par une fatalité qui semblait jouer avec leurs fils de vie comme on s’amuse au mikado.
    Toute la fatigue de la journée envolée, je m'étais précipitée d'un bond entre eux et leurs agresseurs. Combinaisons noires, regards d'aciers qui s'entrechoquèrent, le temps d'un souffle, le temps d'une infime compréhension.
    GDP.
    Comment ces salauds les avaient-ils dénichés, les deux ado planqués depuis bien des jours déjà ? Mystère mais je ne m’arrêtai pas pour leur demander, poussant Erin et Cillian derrière moi d'un mouvement brusque en le criant de décamper le plus vite possible, alors que dans ma main brillait déjà un éclat d'argent tueur suivi de son jumeaux tout de noir vêtu.
    La suite se teinta de pourpre, tourbillon de ténèbres floues comme si les évènements s'enchainaient comme un puzzle défait. J’en ai pas de souvenirs très précis, mes mouvements se confondant avec la vitesse du décor, des coups qui perlaient mes lèvres de sang, comme je tachais leurs vêtements du liquide de leurs vies.

    Comment avais-je pu chuter ?
    Comment avaient-ils réussi à m’avoir, à me mettre à terre malgré les zébrures mortelles et les trois cadavres qui tombèrent comme des poupées de chiffons désarticulées pour s’être approché trop près. Dans ce cercle meurtrier qu’avaient tracé mes pas dansant sur le sol, dans cet arc d’énergie pure, ces étincelles mortelles que mon sang avait façonnés.
    Comment en avais-je été réduite à voir ma vision se teinter de ce noir que je n’arrivais soudain plus à repousser ?
    Le nombre ? Les coups doublés de violence encore ? Non. Une nouvelle arme sortie de nulle part ? peut-être. Je ne sais plus.
    On a tous des limites, et celle de la tueuse professionnelle que j’étais en avait aussi. La pensée rageuse de ma propre faiblesse me suivit tandis que je sentis mes jambes se dérober sous le poids de mon corps, de mes doigts lâchant les crocs d’un Cerbère dont le râle de douleur résonnait dans mon esprit perdu.
    Mon œuvre de mort n’avait pu trouver de fin, si ce n’est sonner le glas de la mienne. J’y étais presque, dévorant tout son mon passage sanglant, quand tout s’était effondré. J’en aurais presque ri. Mon monde, mon corps, mon désespoir de colère et de sang. Un semblant de vengeance tardive aussi.
    Je n’avais rien oublié …

    ~

    Il y eut cette lumière aveuglante, ces coups dans mes côtes, comme des piqures de rancœur acides, me ramenant à une réalité que j’aurais voulu fuir. Au travers des mèches sombres qui barraient mon regard, je relevai la tête, les oreilles bourdonnantes de bruit, de cris autour de moi.
    Mon regard acéré croisa un très court instant des prunelles d’eau émeraude, suppliantes, larmoyantes. Mes yeux s’agrandirent sous la surprise de la croiser. Ici. Un ailleurs que je ne reconnaissais tandis qu’une furie verte se débattait comme pour me rejoindre, tendant une main que mes doigts n’atteignirent jamais avant de disparaître de nouveau dans un monde sans rien.
    Un trou noir.

    ~

    Il y eu les coups, et ces mots. Ces paroles trop fortes qui m’écorchèrent les tympans dans cette lueur trop aveuglante. Mes lèvres serrées dans un silence pesant, ayant compris à peu près où je me trouvais.
    Des heures où mon corps cria à l’intérieur, mû par une douleur et une peur peu commune. La fourrure du Cerbère frémit.

    « Qui es-tu ? »

    Silence.
    « Réponds, saleté de monstre ! Erreur de la nature ! Réponds ! »

    Regard noir. Tch. Le son de la claque résonna à mes oreilles comme un coup de feu alors que ma joue rougissait sous la marque de la main de ce brun qui fulminait en face de moi.
    Un sourire cynique orna mes lèvres tandis que mon regard furieux croisait de nouveau le sien, pas un son. Tu ne m’auras pas connard.

    Toujours ces mêmes questions qui tournaient dans mon esprit comme une litanie. « Qui es-tu ? » « Tu sais que tu ne ressortiras pas de là hein ? Alors parles ! » « Tu les connaissais ces gamins, n’est-ce pas ? » …. Parsemées d’autres, me tourmentant même quand ma conscience me lâchait au milieu d’une pluie de coups, des rares cris s’échappant de mes lèvres quand un poing s’enfonça dans mes anciennes blessures.
    Pourquoi Ilana ? pourquoi elle ? avec eux ? Erin et Cillian allaient-ils bien ?
    Et Leo ?
    Et Sky ? Mon étoile dont je sentais l’esprit en ébullition, l’inquiétude qui parcourait ses veines, écho de ce frisson sur mon échine.

    Des poings, des claques, du sang au coin de mes lèvres alors qu’elles restaient éternellement closes, mes prunelles d’encre fusillant les visages qui se succédaient devant moi, dans cette petite pièce aussi froide que la mort.
    Quelques larmes qui s’échappèrent de longues heures après, dans ce noir qui n’avait plus rien de rassurant. Le cerbère avait perdu sa tanière. Son manteau de mort, filaments de ténèbres qui l’enserraient à présent.
    C’était pire. Pire qu’à la Galerie où j’avais senti le lien avec Sky se tendre tel un tendon mis à rude épreuve. Ici, pas de sortie. Frisson de désespoir. Mes dents crissèrent sous la douleur, dans cette obscurité sans nuits, sans jours.

    « Aya c’est ça !? Aya … tu vas mourir ici. Seule ! Parles salope ! »

    Ces doigts qui m’avaient saisie à la gorge pour me relever, un sourire torve au coin des lèvres de ce visage coupant, tortionnaire qui prenait manifestement un malin plaisir à venir m’interroger. Vengeance de ses hommes à qui j’avais volé leur étincelle.
    Mais toujours ce regard, cette bouche muette. Une arcade qui saute sous le coup rageur.
    Cette sueur qui coulait le long de mes reins, mais une résolution qui ne flanchait jamais. Pas devant eux.
    Il y avait eu cette aiguille qui s’était enfoncée à maintes reprises dans mon bras droit, propageant la douleur, mon sang charriant des flots de rancœur face à cette blouse blanche inconnue. Je voulais les tuer, mes doigts crépitant de ces taches de sang qui s’étalaient sous les pieds de cette chaise d’acier.
    J’en avais eu un, tout de suite après que l’on m’ait enfermée dans cette cage blanche et grise, sans odeur, sans vie si ce n’était le bruit de mon souffle qui résonnait contre ses parois. Hors du monde.

    Seule.
    Seule dans ce silence qui me semblait à chaque minute plus irréel.
    Je fermais les yeux, perdue dans une notion du temps qui n’existait plus. Depuis combien de temps résistais-je ? des heures, des jours ?
    La douleur refusait de me quitter, comme une seconde peau, s’animant à chaque mouvement que je pouvais faire, trop brusque, enchainée à cette chaise de fer dont le dossier me rentrait dans les côtes.
    Liberté brisée. Je n’étais plus qu’un animal en cage, silencieux, enfermé dans une absence de son aussi meurtrière que tout ce que chargeait son regard.

    Évacuer, s’envoler. Me réveiller dans ce lit où une odeur connue flottait encore sur les draps, saisir sa silhouette, le retenir sur des baisers timides, sourire complice à une certaine ombre aux yeux étranges au coin du Magenta, rouvrir les yeux sur la fraicheur d’une nuit.
    Des souhaits vains, des pensées qui s’éparpillaient dans une volonté érodée, mais toujours tenace.
    Il le fallait, pas d’autre choix.
    Un grincement se fit entendre, suivit de pas réguliers sur le sol. Je relevai une tête hirsute, sale, du sang perlant mon col et mon cou, un cliquetis de menottes accompagnant mon mouvement.
    Sous les mèches devenues ternes, brillait toujours un regard sorti des enfers, jaugeant le nouvel arrivant.
    Encore ?
    Essayes, essayes donc mon salaud. Tu te briseras les dents sur moi, ou je te broierais les doigts. N’approche pas.

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Anonyme

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Welcome to hell [pv Anonyme] Vide
MessageSujet: Re: Welcome to hell [pv Anonyme]   Welcome to hell [pv Anonyme] I_icon_minitimeJeu 15 Déc - 15:26

Welcome to hell [pv Anonyme] Mimi-03-2faef12

« Je n’ai pas de nom. Je suis Anonyme. »

Il inspira, le bleu de ses yeux se posant sur la porte métallique, qu’il pouvait érafler du bout des doigts. Il attendait. C’était excitant. Il était un enfant qui s’apprêtait à rentrer dans la cage aux lions. Pour se faire mordre, dévorer. Terriblement excitant. Distraitement, il réajusta ses lunettes, camouflant très mal un sourire. Il était satisfait. La fin de la journée serait, très certainement, intéressante. Le garde, non loin du mur, lui adressa un regard inquiet. Ah, les nouveaux du GDP. Toujours à craindre ceux qui avaient un minimum de réputation, bien que la sienne n’arrivait pas à la cheville de Mademoiselle Carter. Ses iris de loup se firent froides, glacées. Sa main libre, il la posa sur la clenche. Il expira, entra. Le jeu commençait.

La porte se referma. Il voulut rire. S’il avait été une fille, il aurait gloussé. Mais il laissa le silence attendre encore. Le bruit de ses pas le brisa quelque peu, jusqu’à arriver à une chaise, installée pour lui, et tous les autres tortionnaires lui précédents. Ces derniers n’avaient pas été à la hauteur, puisqu’il se retrouvait à présent devant Murazaki. Il ne l’avait pas encore observé. Ce n’était pas la peine. Pas tout de suite. Il se devait de modérer son plaisir, se calmer, ne pas anticiper, de trop, les évènements. De manière placide, il disposa les divers objets de sa possession sur la table en plastique. C’était organisé. Il aimait ça, l’ordre. C’était plus facile à détruire.

Enfin, il daigna s’asseoir, se coller partiellement contre le dossier, croiser les jambes. Et il attendit. Encore. Il balada son attention sur les traces de sang – sec- dans un coin de la pièce, salopant le sol, les murs. Ahlala. Les méthodes brutales. Il n’aimait pas ça, Miguel. C’était difficile à laver. Ces pauvres idiots qui n’avaient aucune considération pour les techniciens de surfaces. Il nota l’absence de fenêtre, d’horloge. Classique. Les prises électriques étaient également manquantes. Question de sécurité. Il se demanda si elle faisait vraiment mal, quand elle le voulait… Il l’observa, enfin.

Loup contre chat blessé. Il sourit, face à cette détermination, cette envie de le tuer, lui. Sans pouvoir rien faire. Bien.

« Aya. » Il s’empara du dossier fait de quelques feuilles de papier, de notations diverses. « Ça fait longtemps que nous sommes à ta recherche. Certains, dans nos locaux, ont une rancune particulière envers toi. Je ne sais pas si tu t’amuses à compter le nombre de victimes que tu causes, mais tu n’es pas sans savoir que tu as un score admirable parmi ceux qui ont été traqués par nos bons soins. Enfin, je constate que quelques agents sont déjà venus te faire une visite de courtoisie. »
Miguel s’arrêta de furtives secondes, alors que ses yeux se détachèrent du dossier qu’il avait parcouru rapidement. Il détailla les blessures visibles, s’imagina celles que la peau dissimulait. Le sang qui continuait de perler sur le sol, tandis que le reste lui collait contre le visage. Pauvre enfant. L’observation lui tira une expression agacée. Tous des idiots.

« Je te dirais bien que tu l’as mérité, en partie. Mais je n’apprécie que trop peu ce genre de pratiques pour les cautionner. Marinetti n’y est pas allé de main morte avec toi. » Abruti. « Soit. Ce qui est fait est fait, et je ne suis pas ici pour faire une apologie de ton cas, ou du sien. »
Rapidement, en un geste, il se redressa. Droit, de toute sa hauteur, le loup détailla l’asiatique qu’il avait à sa disposition, pour tout le temps dont il désirait. Il déposa les papiers sur le coin de la table, furetant sur la trousse en cuire reposant non loin. Pas pour tout de suite… Le prologue n’avait que trop duré. Il était impatient. Et puis, résister à la tentation de taquiner son nouveau jouet n’était pas envisageable. Depuis qu’il avait appris, deux jours plus tôt que Mademoiselle Pile était en leur possession, Miguel n’avait fait qu’attendre le moment où son tour viendrait. Passer à côté de ce genre d’assassin dépasserait toute logique. Et heureusement pour lui, il lui en restait suffisamment pour savoir quel choix prendre.

Sa nuque craqua. Ses longs doigts s’emparèrent de ses lunettes, les rangeant dans la poche de sa chemise. Miguel planta une nouvelle fois ses yeux bleus dans les orbes noires et furieuses de la nippone. Il n’avait pas peur. Il n’attendait qu’une chose : qu’elle morde la première. Il savourerait le plaisir qu’il aura à lui rendre son coup, amplifié. Il empoigna la chaise de la détenue, la tirant jusqu’au mur, situé dans le dos de l’étrangère. Les pieds en métal raclaient le sol en un bruit agaçant. Peut-être plaqua-t-il un peu trop fort Murazaki contre la paroi. Mais là n’était pas l’élément vital de cette conversation. La lumière, faible, qui se dégageait d’un spot ancré dans le plafond ne les atteignait que partiellement ici. Et la détenue n’avait pas la chance de l’observer, plongée dans l’ombre du loup.

Calmement, il défit ses boutons de manchettes, repliant ses manches au niveau du coude.

« Aya. Nous allons jouer à jeu, tous les deux. Cries et je serais le seul pour t’entendre. Craques et je serais le seul à le savoir. Tu refuses de te l’avouer, ça se voit dans ton regard, mais tu es dans un cul-de-sac. »

Il sourit chaleureusement. Il se pencha vers la japonaise, pas trop près, mais pas trop éloigner non plus.

« Tu as déjà craqué, plusieurs fois –peut-être ne t’en n’es-tu pas rendu compte. Et tu craqueras encore, nous révélant tout ce que nous voulons savoir. Tu le sais, non ? Nous sommes en guerre. Contre ceux de ton espèce. Pactisants. Stellas. Elues. Tu étais un élément important, pour ton camp. July, n’est-ce pas ? Maintenant, il n’est plus question de loyauté, de lune rouge, de promesse. Tu es seule, Aya. Maintenant, il n’y a que toi et moi… Je vais être ton pire cauchemar, mais tu ne le sais pas encore. »
Miguel ria. Il se releva, passant sa main sur sa barbe de trois jours. Sans bruit, à l’exception de ses talons claquant contre le vinyle, il se dirigea vers l’interrupteur, qui en un dernier son, s’abaissa. Voici les ténèbres et les terreurs qu’elles propagent.

« Alors. Alors. Dis-moi, Aya, qu’en est-il de ton stella ? Ne souffre-t-il pas trop de cette distance ? Pour qui te battais-tu ? July ? Dis-moi. Est-ce que tu sais où elle se cache… »
Il fit un pause, alors qu’il retrouvait sa place près de la pactisante. Je vais t’apprendre à avoir peur de ces Ténèbres dans lesquelles tu as grandi. Tu n’es plus rien.

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Aya Murazaki [Sky]

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MessageSujet: Re: Welcome to hell [pv Anonyme]   Welcome to hell [pv Anonyme] I_icon_minitimeJeu 22 Déc - 17:56

Et si la noirceur du Cerbère
N’était que les tâches de sang sur sa robe immaculée ?


    Foutaises. Mensonges.
    Je ne voulais pas me résoudre à croire que je n’étais plus qu’une proie coincée entre les serres d’un oiseau de plus mauvaise augure que moi. J’étais la mort pourpre, le Cerbère, la lame noire qui ne tremblait jamais.
    J’avais appris à travers le sang et le suintement d’un acier sombre à être et devenir le cauchemar au coin de votre regard, pas une silhouette acculée, et cette simple pensée me retournait l’estomac de révolte.
    Qu’étais-je devenue pour m’être faite avoir à ce point ? Mes sentiments, mes émotions avaient-elles tant émoussées l’éclat de l’assassin en moi, ou avais-je toujours été ainsi, prête à se poster au devant, crachant tout le sang nécessaire ? Surement.
    Même si croire que je n’étais plus dangereuse, même attachée à cette chaise qui me martyrisait le dos sans me laisser quelques minutes de répit sans que je ne sois pas obligée de changer de position était une belle erreur.
    Le regard penché au travers des mèches noires qui barraient mon visage, j’avais presque un air de Sky, ma fidèle étoile de foudre. Qu’en était-il de lui ? Allait-il bien ? Sentait-il comme moi le lien invisible qui nous liait devenir sensiblement douloureux, même s’il restait dans un certain périmètre ?
    Comme un fil d’Ariane qui s’enflammait au moindre souffle, c’était une douleur sourde, comme un bourdonnement constant, diffus qui semblait s’être emparé de mon esprit, de mon âme. Dans une poigne de fer qui serrait petit à petit.
    Lui qui m’avait accompagné avec un sourire plus ou moins caché dans la plus ténébreuse des noirceurs. Lui qui avait su, sans jamais rien dire. Ce connard rouge sang que j’adorais malgré tout. Avec qui j’avais voyagé, et que j’espérais toujours apercevoir, de dos, en rentrant chez moi. Comme une pièce devenue trop importante pour être enlevée du puzzle. Comme s’il avait toujours été là, quelque part. Cet être si différent et pourtant accroché à un concept qui régissait aussi mon existence. Ma liberté.
    Enlevée, brisée, par cette silhouette qui s’avançait en souriant jusqu’à moi. Par ses comparses qui s’étaient déchainés contre mon silence.
    Sky, éclates-les.
    Fais leur cracher leurs tripes comme jamais, laisses-moi regarder la terreur qui emplira leur regard quand leurs corps étincèleront. Jamais, jamais je n’avais souhaité la mort, la souffrance d’êtres à cette mesure. Jamais à tel point. Même envers lui, l’ombre, l’assassin de la tueuse à gage, page oubliée d’un passé lointain.
    Pourquoi avoir du respect pour des gens qui me parquaient comme une vulgaire bête, annihilant la pensée de mon humanité par un vœu soufflé en silence ?
    Cet homme souriant, puant l’acidité et la perversité à un mètre à la ronde, n’était pas mieux. Il ne pouvait pas cacher la satisfaction dans son regard, peut-être plus pourri que les autres au fond.

    Je relevai légèrement la tête pour le regarder de biais, prunelles acérées, mues par une seule volonté. Lui résister, lui opposer. Le réduire en cendre. Barrer son existence d’un trait d’encre de chine furieux, et fuir cette inspection de ce regard bleu sur mon corps.
    Comme s’il essayait de me posséder, m’évaluer.
    Sa voix sonnait comme doucereuse à mes oreilles d’où perlait du sang coagulé, comme celui que je léchais comme par réflexe, au coin de mes lèvres alors qu’un micro sourire s’étirait sur mon visage, les sourcils toujours froncés dans une expression butée.
    Il essayait de faire quoi là ? Me flatter pour que dans une assurance excessive, je vienne me briser contre un revers retors de sa part ?
    Le nouveau venu ne semblait pas me connaître si bien que ça, malgré la science infuse qu’il ne pouvait s’empêcher d’étaler au grand jour. Comme si je n’avais pas conscience de ma situation, de cette fin sanglante et étouffante qui risquait de signer le dernier coup de pinceau de mon existence.
    La pensée de les emmener avec moi, m’avait déjà effleuré l’esprit, mais quelque chose en moi refusait d’y céder, un désir de vivre pour autre chose que le meurtre et le sang, les coups et les maux. Mots silencieux.

    « - Et à qui ai-je l’honneur ? »

    L’ironie qui filtrait entre mes lèvres craquelées était évidente, mais je n’essayais pas de la cacher, au travers de ce visage neutre que j’affichais. Volonté de ne montrer aucune faille, masque d’une vie appelée à n’être que l’éclat meurtrier d’autres cris.
    Pensait-il réellement que quelques paroles pourraient me déstabiliser malgré l’état de fatigue avancée qui commençait à m’engourdir les muscles ?
    Ce n’était pas de l’assurance évaluée à la hausse comme il semblait le dire, ses mots m’assommant de menaces sous-jacentes.
    Joues, joues, mais ne te plains pas si je te mords…
    Mais les mots ne semblaient pas le satisfaire, et je me retrouvai projetée contre le mur de la salle, toujours menottée à cette détestable chaise. Quelques étincelles s’échappèrent entre mes doigts, signe d’un pouvoir encore et toujours sous le joug d’une émotion contenue. Pas de la peur, pas encore … il en faudra plus Miguel pour faire plier le Cerbère.

    Celui qui déchirera ta famille, trouvera tes petits, ta meute, pour en faire une carrière de sang.
    Désir sanglant, vengeance inavouée.

    « Aya. Nous allons jouer à jeu, tous les deux. Cries et je serais le seul pour t’entendre. Craques et je serais le seul à le savoir. Tu refuses de te l’avouer, ça se voit dans ton regard, mais tu es dans un cul-de-sac. »

    Son ombre couvrait la luminosité, nous plongeant dans des ténèbres contenues entre lui et moi. Je n’avais pas bronché. Pas un son si ce n’était mon souffle qui s’était coupé sous le choc.
    Silence.
    « Connard » murmuraient mes yeux. Une insulte si forte qu’elle n’avait pas besoin de franchir mes lèvres pour être devinée. Une impasse, oui, c’était possible, immuable. Et alors ?
    Cela fait-il de moi une fillette apeurée ? Certainement pas.

    « Tu étais un élément important, pour ton camp. July, n’est-ce pas ? Maintenant, il n’est plus question de loyauté, de lune rouge, de promesse. Tu es seule, Aya. Maintenant, il n’y a que toi et moi… Je vais être ton pire cauchemar, mais tu ne le sais pas encore. »

    Du blabla, des menaces, des promesses de mort, encore. Combien m’en avaient déjà fait ? Trop pour que je m’en souvienne, mais je devais bien reconnaître que j’étais piégée, sans solution de repli, l’attendant. Cet instant de vigilance relâchée, s’il arrivait un jour, tenu par une pensée désespérée, par une envie mordante de s’en sortir. S’y raccrocher de toutes les forces qu’il me restait.
    Surtout ne pas détourner les yeux de ces prunelles qui auraient pu m’en rappeler d’autres, plus brillantes. Plus douces. Manquantes, marquant mon cœur d’un trou et d’une inquiétude béante. Allais-je le revoir ? Leo …
    Leo et son sourire, ses blagues à deux balles, ses baisers volés, désirés. Leo qui se fondait soudain dans une obscurité, un non-droit que l’individu en face de moi ne devrait jamais atteindre.
    Mon regard se fit plus dur, plus tranchant à la mention de July, mais mes lèvres restèrent scellées, dents serrés dans une rage de lui montrer qu’il aurait tort. On ne touche pas. A Leo, à July non plus.
    Ainsi, c’était ça qui les intéressait … Torturer jusqu’à ce que l’on vende nos propres camarades, connaissances, amants, amis, parents. C’était leur mâcher le travail si on y regardait d’un œil totalement cynique … et je ne comptais absolument pas leur faciliter la tâche. Jamais.
    Grimaçant, je tus son rire d’un crachat rageur sur son visage, mélange de salive et sang.
    Un grain de sable dans la folie de cet esprit qui se plaisait manifestement beaucoup dans le rôle du prédateur….


    « Alors. Alors. Dis-moi, Aya, qu’en est-il de ton stella ? Ne souffre-t-il pas trop de cette distance ? Pour qui te battais-tu ? July ? Dis-moi. Est-ce que tu sais où elle se cache… »

    Je baissais la tête, comme reculant pour m’enfoncer dans le mur, les nerfs des bras tendus au possible, comme si dans un éclair mes chaines allaient se briser et s’enfoncer pour creuser ces orbites bleutées qui me fixaient avec amusement.

    « J’en sais rien. En matière de connerie, il vous bat largement. »

    Petit rire discret, soufflé.
    Typiquement une phrase qu’aurait pu sortir le stella en question, provocateur sans limite. Il fallait croire qu’il m’avait déteint dessus plus que je ne le pensais, petite étoile pourpre accrochée à mes couleurs.

    « Vous avez l’air d’en savoir beaucoup, vous n’avez pas besoin de moi … Je ne sais pas. Elle est partout. »

    Rien, rien que des mots sans valeurs, pour se replonger ensuite dans un mutisme buté.
    Passer sous silence ses actes de nuits, ses services rarement gratuits, ne pas lui laisser d’accroche, délier sa langue mais ne jamais dire l’essentiel. Résister.
    La protéger.
    Les protéger, jusqu’au bout, jusqu’à la mort d’une étincelle.
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Anonyme

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Welcome to hell [pv Anonyme] Vide
MessageSujet: Re: Welcome to hell [pv Anonyme]   Welcome to hell [pv Anonyme] I_icon_minitimeMar 27 Déc - 14:40

« Mais pour toi, je serai Miguel. »

Le crachat atterrit sur sa pommette. Bien joué. Miguel s’arrêta de rire, posa son regard bleu, froid, sur l’asiatique. Il réprima une grimace difficilement, passa son doigt sur la substance tachant son visage. Soit. Il avait décidé de rester calme pour les premières minutes. Soit. La pactisante ne désirait pas suivre cette méthode. Tant pis pour elle. Il étudia la bave mélangée au sang, posément, finit par sourire. Mauvais signe. Il fit un pas, le pas qui la séparait de Murazaki. L’agent l’attrapa par la mâchoire, bien qu’elle se débâtît. Le peu d’énergie qui lui restait n’était pas suffisant. Il essuya le liquide poisseux sur la joue de la captive, la força à tenir son regard. Un bleu. Froid.

« Mon nom est Miguel. Tu n’as pas besoin de le retenir. »
Et toujours ce ton joueur dans la voix. De sa main posée sur l’étrangère, il appuya, la fit basculée. Elle tomba lourdement sur le sol. Miguel eut un sourire satisfait, heureux. La partie de l’interrogatoire qu’il préférait allait commencer. Autant se montrer enthousiaste, il doutait que la nippone en fasse de même. Il eut un frisson, mince filet d’excitation lui remontant le dos. La laissant sur le sol, le loup se détourna de sa proie, retrouvant sans difficulté, dans les ténèbres de la pièce, la table où reposait son matériel.

« J’en sais rien. En matière de connerie, il vous bat largement. »
Il ria. Oui. Il allait s’amuser.

« Certes, il t’a choisis comme pactisante. C’est le genre de stupidité que je ne fais pas. »
Miguel parut concentré, alors qu’il s’empara de quelques flacons disposés dans sa sacoche de cuir. Le bruit de fioles de verres et d’autres instruments étranges retentit dans la pièce alors que l’homme se contentait parfaitement dans ce silence qu’il affectionnait tant. C’était plus une mise en scène qu’un réel outil de travail. Mais il chérissant tant les différentes réactions que pouvaient avoir les captifs quand il s’adonnait à cette pratique. Miguel était curieux. Curieux de voir ce que lui réservait la pactisante. De la résistance, il l’espérait… modérément. Il était employé, donc un contrat à remplir.

« Vous avez l’air d’en savoir beaucoup, vous n’avez pas besoin de moi … Je ne sais pas. Elle est partout. »
Il se rapprochait, le son de ses talons claquant contre le sol.

« Bien entendu que nous avons besoin de toi, autrement je ne serais pas présent… July aussi a besoin de toi. Oh ! tu n’es plus disponible… » Blague de mauvais goût. « Dis-moi, Aya, si elle est partout, pourquoi n’arrivons-nous pas à la trouver, la sortir de son tour ? Si elle est partout, pourquoi ne vient-elle pas te sauver ? Non. Ne réponds pas. Ce serait se jeter dans la gueule du loup, n’est-ce pas ? »
Miguel fit une pause, s’arrêtant non loin de la masse noire du corps de la prisonnière, ses yeux habitués à l’obscurité depuis un certain temps déjà. Se grattant négligemment sa barbe naissante, il posa un pied sur le bras de la nippone. Il n’avait ni peur des étincelles, ni de la foudre. Il s’appuya de tout son poids sur son nouvel appuie, ne s’attendant guère à un signe de faiblesse de la part de la détenue.

« Hum. Je suis curieux. Qui est-ce qui viendra te sauver, cette fois-ci ? Te souviens-tu de ce gamin qui t’as sauvé, in-extremis, la dernière fois ? Déjà à ce moment j’espérais tant avoir une entrevue avec toi. J’ai dû me contenter d’une pactisante morte. » Soupire de déception. Maintenant, il pouvait rattraper tout le temps perdu. Quelle joie ! « Tu aurais bien besoin de lui. Tu es mal placée pour t’échapper : nous éradiquerons toutes les personnes qui tenteront de te sauver. Tu es seule à présent Aya. Alors n’aies pas peur de te livre à moi. Promis, je ne dirai pas que tu as vendu la mèche. »
Et les paroles était vides de sens, pleines de promesses. Miguel voulait qu’elle parle. Mais pas tout de suite, celui nuirait à son plaisir. Murmurant un « bien, bien » pour lui-même, il se retira de son appui, annulant la pression qu’il exerçait sur le corps de l’étrangère. Il sourit dans le noir.

« Un conseil, ne bouges pas, ni ne fais de gestes brusques. Je m’en voudrais de te faire trop mal tout de suite. »
Il s’accroupit. Juste à côté du chat qui grogne, qui veut sa mort. Il eut envie de glousser, à nouveau se retint. Ses nerfs étaient en ébullition, prêts à bondir au moindre signe d’agression provenant de la pactisante. Ça ne l’empêchait pas de respirer calmement, de poser sa main sur la nuque de mademoiselle Murazaki pour la bloquer, comme un bloque un chien enragé. La seringue se planta dans le bras gauche de l’asiatique, le produit se diffusa dans ses veines, son sang. De l’électricité grimpa sur ses doigts, qu’il recula prudemment une fois qu’il eut terminé son injection. Son membre était engourdi. Il ne dit rien, amusé. Distraitement, il caressa les cheveux sales d’Aya.

« Brave Bête. »
Miguel se redressa, d’un pas calme partit déposer la seringue vide sur la table, prenant sa chaise sur le chemin du retour. Il s’assit, le dos droit, ses yeux posés sur la pactisante, sur le sol. Il n’y aurait pas de pitié. Que le plaisir sadique d’un fonctionnaire faisant correctement son boulot.

« Pour faire simple, je t’ai injecté un produit qui te déliera la langue. Ça risque de t’assommer un peu, surtout si tu te débats. Et n’aies pas peur, j’ai encore tout un stock dans ma trousse. La résistance est inutile. Mais fais donc, si cela t’amuse. »
L’agent s’étira, regardant l’heure sur les aiguilles fluorescentes de sa montre en argent. Bien. Ils avaient tous leur temps.

« Tu as dit, par deux fois, que tu ne savais rien. Mais je pense le contraire. Mon patron aussi. C’est la raison de ta présence, Aya. Ce n’est pas en me répondant de telles choses que je vais te laisser partir. Et je n’en ai pas envie. Après moi, il y a la case abattoir. Je pense que tu as encore envie de rester en vie un petit peu, non ? Et ta mort n’arrangerait rien, pas pour toi, ni pour tes… semblables. Car si tu te casses, nous te remplacerons par un autre jouet. Je suis persuadé que tu n’as pas envie que tes camarades subissent ce que tu es en train de vivre. Tout du moins, pas tout de suite. »
Il se redressa, passa sa main dans ses cheveux blonds.

« Tu ferais mieux de parler. Car tu parleras, crois-moi. Si tu es tellement butée, c’est parce que nous venons à peine de nous rencontrer. Sois consciente que je ne partirai pas avant d’avoir obtenus des réponses. J’ai tout mon temps et toutes les permissions pour faire ce que je veux de toi. Tu n’apprécieras pas mes méthodes, mais elles fonctionnent, et c’est le principal. Elles sont beaucoup plus efficaces que les quelques claques que tu as reçues dans la gueule. Personne ne viendra t’aider. Est-ce bien clair ? » Grognement. « Bien. Nous pouvons commencer alors. Quelle est ta relation avec le sous-lieutenant Ilana Acciari ? »

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MessageSujet: Re: Welcome to hell [pv Anonyme]   Welcome to hell [pv Anonyme] I_icon_minitimeVen 3 Fév - 12:34

    Je rêvais d’être ailleurs, autre moment, autre lieu où mon souffle se serait perdu dans l’immensité d’un monde perdu, à peine éveillé.
    Dehors, la neige devait se craqueler sous le pas des passants, sous les cris des gamins et le froid des premières neiges. A chaque fois que je fermais les yeux, dans les rares instants de répits que j’avais eus, je rêvais en secret de me retrouver de nouveau sur les toits de Milan. Libre, mes pas discrets marquants la neige non encore foulée.
    Pas celles que mon enfance avait côtoyées mais plus modernes, moins mordantes.
    J’avais toujours eu cette fascination étrange pour ce blanc immaculé, éclat qui vous blessait le regard par quelque chose de trop brillant, trop pure peut-être.
    En contradiction avec l’être qui j’avais appris à devenir, se cachant avec délectation dans une obscurité devenue sienne.
    Une autre liberté, différente.

    « Encore Aya. Relèves-toi, fais de tes peurs ton arme, ton pouvoir. Ton corps n’est rien, rien que le réceptacle de ton esprit. Il n’est que de la chair. Malléable. Il peut plier, se tordre. Mais jamais ne rompre. Quoi qu’il arrive ».
    Et le regard du vieux Gen s’était fait dur comme de la roche, pour se teinter du sang qui tachait mes côtes, mon regard furieux face aux coups enchaînés.
    La résistance est la clé de tout.
    Les jours s’étaient écoulés dans la douleur, mes poings se serrant à chaque coup, chaque nouvelle vague de douleur dans cet entrainement qui n’en avait plus que l’ombre, de nom.
    Un assassin naissait.

    Si j’avais survécu, atténuant mes cris de rage et de douleur sous son regard, ce n’était certainement pas le bleu de celui de ce Miguel qui me ferait plier, craquer. Capturer la peur de mes entrailles, la museler pour l’anéantir alors que la fatigue me susurrait de m’y abandonner. Lui redonner le nom d’une lame noire. Etincelle d’un soir.
    Et d’un coup lui enlever ce sourire provocateur du coin des lèvres, lui faire regretter le jour de sa naissance et celui où il avait ne serait-ce qu’oser penser jouer avec ma vie. Déjà, le cheminement sanguin d’une vengeance contre cet inconnu en blouse blanche se frayait un chemin dans mon esprit.
    Pourquoi lui et pas les autres, ceux dont les poings s’étaient enfoncés, tout de leur rage contenue dans mes côtes, sur mon corps, le tatouant de leur rancœur ?
    Parce que Miguel jouait.
    Parce que la situation l’éclatait, et que même cet air sérieux soudainement sur son faciès de grand malade ne pouvait cacher l’étincelle de satisfaction morbide dans ses prunelles d’eau.
    Il faisait partie de cette partie de la population dont je n’avais aucun scrupule à couper le fil de vie. Des sadiques, qui prenaient leur pied dans la souffrance des autres.

    Le choc contre le sol me vrilla la colonne d’un frisson de douleur, le goût du métal sur le bout de la langue, alors que je ne desserrais pas les dents, si ce n’est pour lui sortir des choses sans queue ni tête, puisant de toutes mes forces dans ce faible et ténu lien que je savais encore m’appartenir. Sentir le stella encore là, bien qu’absent physiquement. M’imaginer lui sourire et le morigéner. Se cacher dans le giron de son aura pourpre, compagnon de toujours, de mes rares larmes.
    Et puiser dans sa verve qui pourtant me faisait dresser les cheveux sur la tête la plupart du temps, pour ne pas perdre la face.
    Il fallait absolument que je tienne, que je ne montre rien du tumulte intérieur qui cassait tout sur son passage, laissant un champ de ruine dans mon esprit. De la peur, du désespoir, que je refoulais. Encore et encore.

    Les réprimer alors que le bruit de verres qui s’entrechoquaient, celui de ses talons claquant contre le carrelage, se faisait entendre dans la pièce à la faible luminosité. Je remuais un peu, histoire de dégager un peu mes mains, mes poignets s’écrasant l’un sur l’autre, meurtrissures du métal des menottes. Tendre ses muscles, comme on tend un fil, mais contenir la pression, le pouvoir Il fallait que je m’économise, à tout prix.
    Même si c’était dans un but, un espoir vain de voir à nouveau la liberté m’ouvrir ses bras. Même si elle était désormais plus synonyme d’un voile noire assombrissant mon regard, mais pas avant le sien. Ce chien.

    « Certes, il t’a choisis comme pactisante. C’est le genre de stupidité que je ne fais pas. »

    A son rire qui m’écorchait les tympans, je ne pus réprimer un rictus moqueur sur le bord de mes lèvres abimées. Rire discret. Qu’en savait-il ce clown de laboratoire ? Que savait-il de Sky et de moi pour nous juger aussi facilement, comme s’il détenait le savoir du monde. Crétin.
    Mes sourcils se froncèrent en tentant de suivre sa trajectoire, essayé de le garder toujours à l’œil, comme une victime ne pouvant que se contenter de voir arriver son prédateur. Mais victime ne voulait pas dire sans défense, et je comptais bien lui faire comprendre tôt ou tard, m’accrochant à cette envie, à cette pensée pour ne pas vaciller dans l’inconscience.

    Si j’avais su ce qui allait suivre, des mots qui suinteraient de cette horrible bouche, de ce sourire goguenard, je me serais laissé abandonner dans les méandres de Morphée, mais non. J’étais un assassin, une guerrière muette, cachée dans l’angle mort d’une protection rapprochée.
    Et celle devant laquelle devait toujours se tenir ma lame ne devait en aucun tomber entre ses mains. Jamais.

    « Dis-moi, Aya, si elle est partout, pourquoi n’arrivons-nous pas à la trouver, la sortir de son tour ? Si elle est partout, pourquoi ne vient-elle pas te sauver ? Non. Ne réponds pas. Ce serait se jeter dans la gueule du loup, n’est-ce pas ? »

    A quoi est-ce qu’il s’amusait, à faire les questions et les réponses lui-même, monologue intensif et jouissif d’un homme sur de sa victoire. De son pouvoir.
    Oh, July aurait pu venir, peut-être était-elle déjà au courant, l’angoisse brillant dans ses grands yeux couleur chocolat, trop inquiète pour ceux qui étaient censé la protéger. C’était mon devoir, mon rôle, le pourquoi je m’étais engagée à ses côtés. Silencieuse, absente dans cette pièce aussi froide que la mort, elle était là, et je devais la protéger dans mon mutisme buté.
    Ne pas la trahir, se focaliser sur les répercussions que de telles révélations pouvaient avoir.
    Je n’étais pas dupe. Sans savoir exactement ce que faisait le GDP des pactisants capturés, j’avais dans l’idée, comme tous, qu’ils ne revoyaient jamais la lumière du soleil.
    Serait-ce pareil pour moi ? Il semblerait que oui, et je ne pus réprimer un frisson d’angoisse, goutte de sueur qui parcourait ma colonne sous la satisfaction morbide de ce Miguel.

    Sans véritablement lui obéir, il obtient ce qu’il avait prédit. Un silence appuyé d’un regard meurtrier. Un silence que je rompis de moi-même, rageuse de suivre ses règles, son jeu.

    « Mais c’est qu’on est intelligent… Elle n’est pas si idiote que ça. »

    J’espérais croire aux mots que je venais de prononcer.
    Ne mets pas en péril d’autres personnes, ne fous pas tout en l’air. Je connaissais la fragilité, la sensibilité, celle-là même qui m’avait séduite dès que mes prunelles avaient croisées son regard. Je savais que malgré notre statut de pions sacrifiables sur le grand échiquier de la Lune Rouge, l’élue ne nous considérait pas comme des mouchoirs jetables. Réellement comme des soldats jetés dans la bataille, ce que nous étions pourtant.
    Je rageais à la simple pensée que je finirais dans cette pièce, et non pas avec honneur, en la défendant, même si je le faisais aussi en cet instant.
    Différemment, dans la douleur de ce bras qu’il écrasait, dans la légère plainte que mes lèvres laissèrent filtrer, sans pour autant que les larmes viennent perler à la limite de mon regard. Ma main bloquée par les menottes ne pouvait rien faire pour l’empêcher d’appuyer, appuyer encore, jusqu’à entendre un craquement qui me tira une grimace, gémissement de douleur intense. Je fermais les yeux sous l’impact de celle-ci, la respiration saccadée, mais toujours muselant ce cri qui menaçait de sortir du fond de ma gorge.

    Hurler ma douleur, mon malheur.
    Ce désespoir, cet abandon qui me talonnait l’échine dans cette obscurité dont je n’étais plus maitresse.

    « Hum. Je suis curieux. Qui est-ce qui viendra te sauver, cette fois-ci ? Te souviens-tu de ce gamin qui t’as sauvé, in-extremis, la dernière fois ? Déjà à ce moment j’espérais tant avoir une entrevue avec toi. J’ai dû me contenter d’une pactisante morte. »

    Ne pas parler de lui, se mordre la lèvre sous le coup au cœur que son évocation avait provoqué.
    A l’image de Leo se superposa rapidement celle d’un visage tordu par la souffrance et l’incompréhension, prunelles blanches d’un regard connu. Trop connu.

    « Salaud ! Vous n’aviez pas le droit de la toucher ! Vous ne respectez même pas les morts, espèce de rat ! »

    La fureur revenue d’un temps que je croyais avoir contenu dans un recoin de mon être jaillissait de nouveau, embrasait mes veines d’une rancœur sans pareil alors que j’imaginais les sévices qu’avait du subir le corps d’Hanako après que je l’ai abandonné, forcée par Leo.
    Mes yeux s’étaient écarquillés sous ses mots, prenant la pleine mesure de ce que mes actes avaient provoqué, de ce que mes larmes n’avaient pu empêcher. J’étais tendue comme un arc, mon corps n’était plus qu’une lame voulant l’éviscérer, berceau de ma douleur, de ma rancœur.
    Il allait payer, je m’en fis le serment, promesse sombre au fond des gouffres qui le fixaient. alors que l’homme prenait un malin plaisir à observer ce que ses mots détruisaient petit à petit. Ils rongeaient comme de l’acide ma carapace de silence et de sang. Doucement mais surement, frappant par à coups sur des blessures à jamais béantes.
    Le point de rupture était encore loin, même si me parler des personnes pour lesquelles mon cœur battait toujours érodait pas mal ma résistance. Tiens le coup, Aya. Il cherche à te blesser, te briser encore.

    Je fermais les yeux sous le flot de mots qui continuaient à se déverser de cette bouche si détestable. Ne plus l’entendre, éteindre la lumière, se rendre sourde à la douleur, ne serait-ce qu’un instant.
    Je ne voulais pas penser à Leo, à ce que j’allais perdre. Ce regard, ces lèvres taquines, qui m’appelaient, soutien sans faille qui avait gonflé mon cœur de sentiments nouveaux. La perte serait trop douloureuse … mais je refusais de l’emmener avec moi dans la tombe. Je ne le trahirais pas.
    Un énième regard furieux plus tard, la pression sur mon membre endolori s’évapora, libérant avec lui ma respiration.


    « Un conseil, ne bouges pas, ni ne fais de gestes brusques. Je m’en voudrais de te faire trop mal tout de suite. »

    Il ne s’éloigna que pour mieux revenir, douleur après douleur. Il était le serpent qui se complaisait à piquer sa proie par assauts.
    « - Non ! »
    Le liquide coula de la plaie que créa un mouvement trop brusque de ma nuque, me débattant comme une furie. J’en avais même déplacé la chaise, élan de mon propre poids, mais pas assez pour lui échapper.
    Je lui crachai encore une fois à la figure, à ce sale chien.

    « Qu’est-ce que … »

    Les muscles tendus dans cette résistance vers laquelle tendait tout mon être, c’était comme si le liquide était du feu dans mes veines, brulant tout sur son passage.
    L’explication ne tarda, me glaça les sangs. Non ! Pas ça !
    Je ne pus cacher le désespoir de mon regard que les mots de Miguel provoquaient en moi, cette trahison à venir, doucement mais surement.
    Pas encore, pas tout de suite, malgré un voile que je sentais se déposer comme un linceul sur mon propre corps. Pas comme ça… Ses mots s’enchainaient, et j’avais déjà du mal à les suivre, perdue entre fatigue, résistance butée d’un esprit qui ne voulait pas se laisser abattre et crainte de ma propre langue.

    « ….Personne ne viendra t’aider. Est-ce bien clair ? »
    Le grondement de sa gorge ne m’échappa pas. Miguel était agacé, énervé, il fallait que je continue sur cette voie… Tenter de le tenir le plus longtemps possible éloigné d’une vérité.
    J’eus un sourire acide, moqueur.

    « Espèce de bâtard…même pas capable de me faire cracher le morceau sans utiliser des méthodes de lâches… »

    Dernière façade derrière laquelle je pouvais m’abriter devant un tel adversaire, me réfugiant dans une attitude qui m’avait collé à la peau tant d’années, gonflant mon cœur de rancœur et de violence contenue.
    Du silence, de nouveau, alors que je me mordais le bout de la langue, le gout amer me maintenant dans une vigilance forcée.

    « Bien. Nous pouvons commencer alors. Quelle est ta relation avec le sous-lieutenant Ilana Acciari ? »

    Une fraction de seconde, un éclat de surprise et de compréhension douloureuse passa dans l’ébène de mes prunelles. Je fronçai les sourcils. « Sous-lieutenant »…. Ainsi, elle en faisait partie…
    La bouche devenue un peu plus pâteuse, manque d’eau et venin parcourant mon sang, j’eu un petit hoquet.
    « Quoi … ?? Je, je ne la connais pas ! »
    Ou plutôt ne la connaissais pas, plus. Le sol s’effritait, mes bases s’enfuyaient …

    Un cri. Fort, sourd de douleur.

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MessageSujet: Re: Welcome to hell [pv Anonyme]   Welcome to hell [pv Anonyme] I_icon_minitimeVen 17 Fév - 11:08

« N’aies pas peur, je sècherai tes larmes. »

Il plissa ses yeux bleus, détaillant les traits sombres de la captive dans le noir, alors que sa voix montait dans les aigües, qu’il la sentait s’agiter pour une véritable raison. Voilà, à force de tâtonner, Miguel effleurait de ses doigts d’araignée les cordes de l’existence de la Murazaki. Ses faiblesses, ses douleurs, ses peurs, ses envies. Une pactisant morte dans une ruelle n’était pas assez, et pourtant, il était crucial. Il venait de trouver la première note de souffrance de la nippone, le reste de la musique ne découlerait plus que de cette trouvaille. Il sourit, loup cruel sur les traces de sa proie.

« Salaud ! Vous n’aviez pas le droit de la toucher ! Vous ne respectez même pas les morts, espèce de rat ! »
« Toi, tu ne respectes pas les vivants. C’est un acte encore plus atroce. Si tu veux le savoir, elle avait des entrailles élégantes. »
Son pied força sur le bras de la prisonnière pour éviter tout débordement en trop, un sursaut de rage qui aurait pu la blesser. Ce n’était pas ce que Miguel désirait. Pas tout de suite. De plus, si la noiraude était sa propre source de blessures, le plaisir que ressentirait le chercheur serait moindre… C’était le premier coup, frapper là où c’était le plus facile, et où ça faisait le plus mal. Il te brisera Aya. Espoir après espoir, volant la lueur de ton regard, le souffle de ta vie.

Il piqua avec une grande précision, autant il l’était possible dans une pièce plongée dans les ténèbres, forçant la pression sur sa tête quand il appuya un peu plus fort, faisant entré la seringue dans la chair d’Aya, délivrant le sérum de sa prison de verre pour se promener dans le sang de la coupable. En voulant la retirer, la japonaise eut un moment vif, qui surprit Miguel. Qui, surtout, la blessa, marque zébrant son cou. L’espagnol fit la moue en enlevant la piqure, vide, qu’il déposa soigneusement sur la table mise à sa disposition.

Déjà, il revenait, s’installant sur cette chaise de métal, posant ses pieds non loin du visage de Murazaki. Une mesure de précaution, si vous voulez. Ça lui permettait de la frapper au moindre geste menaçant, ou à la moindre envie trop démangeant.

« Espèce de bâtard…même pas capable de me faire cracher le morceau sans utiliser des méthodes de lâches… »
Comme celle-ci, qui s’invita dans le creux de son estomac, alors que la semelle de sa chaussure se plaquait sur le cou de la pactisante, là où le sang coulait en un mince filet. Il n’appuya pas, pas tout de suite. Miguel mettait un point d’honneur à rappeler les rôles auxquels tous les deux, ils jouaient. Le prisonnier et le bourreau. Car, à présent, il ne jouait plus. Il travaillait, fonctionnaire soucieux des résultats qu’il obtiendrait, jusqu’à ce que le jouet se brise, pour être remplacé par une nouvelle poupée.

« Appelles mes méthodes comme tu le désires, mais elles font effet, c’est tout ce dont tu dois prendre en compte. »
Voilà, le pied s’écrasa sur la carotide de l’étrangère, bloquant l’air se faufilant dans les poumons de la femme. Le temps ne fut pas si long, en soi, une dizaine de secondes, où le scientifique ne dit rien, se contentant d’écouter la musique silencieuse d’un pactisant qui se fait interroger… tellement plaisant ! Il relâcha la prise, pas trop, de quoi pour la laisser respirer suffisamment, la laisser s’exprimer à sa dernière question. Où elle répondit avec incompréhension. Miguel, lui, attendait. C’était une nouvelle corde d’un secret qu’elle gardait. Soit, il la couperait, la mordrait de ses dents jusqu’à ce qu’elle cède. Aya cria. Le frisson remonta le dos du blond, laissant une effervescence maligne sur la peau de l’homme. Le voici, le point de non-retour…

Miguel, dès qu’il entendit ce bruit, en plus de sourire, se redressa, se détachant de son siège, de nouveau droit, au-dessus de la nippone ses yeux bleus perçant le noir pour chercher la forme immobile de la prisonnière. Malgré lui, il pressa trop la gorge de la noiraude. Ce n’était pas grave, les humains pouvaient vivre en apnée plusieurs longues secondes. Pour un pactisant, relevé le défi ne serait pas bien difficile.

« Tu ne la connais pas ? » Le ton n’était plus gentil, plus mielleux, tendre ou sadique. Il était strict, Miguel parlait fort, au point que les éclats de sa voix se firent entendre dans le couloir. « Peux-tu, dans ce cas, m’expliquer le comportement du sous-lieutenant quand nous t’avons amené dans nos locaux. Pour te rafraîchir la mémoire, elle a tenté de t’aider, ou je ne sais quel acte stupide venant de sa part. Actuellement, mademoiselle Acciari est dans une pièce voisine, en observation. Dans son intérêt, et non le tien, tu ferais mieux de répondre clairement et correctement à cette question. Ai-je été clair ? »
Sa voute plantaire écrasait encore le cou de la captive, l’empêchant de répondre par la pression, la violence du geste. Il attendit encore plusieurs secondes, avant d’enlever son pied, de se pencher vers elle, les mains dans les poches, pour éviter de la frapper par mégarde, dans un souci du travail bien fait.

« Ou préfères-tu que je creuse d’autres sujet, laissant notre agent aux bons soins de type comme moi ? Crois-moi, elle sera plus facile à faire parler que toi. On ne joue pas la carte du traitement de faveur très longtemps chez nous. Alors, tu te décides : Ilana, Hanako, July, ou ton bon ami ? »
Tous les dés étaient lancés, les pions en place. Ne manquait plus que la fissure.
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MessageSujet: Re: Welcome to hell [pv Anonyme]   Welcome to hell [pv Anonyme] I_icon_minitimeJeu 1 Mar - 18:07

Ton nom est destruction

    De tout temps, il y a eu des gens comme moi, des nettoyeurs, des âmes noires chargées de faire le ménage, d’ôter des vies contre des faveurs, de l’argent. L’art de tuer comme un moyen, une façon de vivre, un deuxième souffle de votre vie. Différent mais devenu comme essentiel, une manière d’être. A chaque ère, à chaque génération ses tueurs, ses assassins plus ou moins discrets, silencieuses faucheuses de chair et de sang.
    Était-ce une punition pour tout le sang que j’avais versé ? Toutes ces vies que j’avais arrêtées dans un souffle, pour me défendre, pour la mafia, sans forcément me soucier de l’innocence véritable de mes victimes. Agent placide. Est-ce pour cela que couchée sur ce sol glacial, on me faisait payer ma froideur et la courbe intransigeante de ma lame ?

    Non. Je l’aurais accepté d’une victime en colère, vengeance rimant avec des promesses au coin des yeux, les mains tremblantes sur un couteau en direction de ma carotide. Je l’aurais compris. Là, non, c’était du sadisme pur qui s’exprimait dans les yeux de ce connard, le cuir de sa chaussure appuyait sur mon cou comme on écraserait une brindille.
    Je muselais la peur, puisais dans la douleur.
    Le GDP n’était pas une organisation à prendre à la légère, je le savais, et qu’ils abritent des barjots pareils n’avait peut-être rien de surprenant, mais je refusais de me dire que tout était fini. Je voulais le croire, encore. Encore un peu.

    Oh, j’avais parfaitement capté que mon corps me trahirait à un moment ou un autre, tressautement involontaire dont je pourrais me défaire… mais j’étais butée, une vraie tête de mule d’après un certain brun au sourire étincelant, et je ne donnerais pas à Miguel, ce qu’il attendait, tout de suite. Jouant son jeu, mais tant pis, même s’il commençait manifestement à s’en lasser, redoublant de violence.

    L’ombre d’Ilana passa dans le souffre de mon regard à sa question.

    « Oui. »
    Inutile de lui mentir sur un fait évident, d’autant que j’étais perdue, indécise sur le statut que je devais donner à la jeune femme. Traîtresse, ennemie cachée, ou quelque chose d’encore plus confus ?
    Miguel dû lire le léger étonnement dans mon regard à la mention de son action. M’aider ? Mais pourquoi ? elle bossait pour ces enfoirés de tueurs de pactisants, elle était elle-même une de ces ombres sinueuses sur nos talons, traquant sans relâche une nature, un désespoir, qu’ils n’arrivaient pas à concevoir. Illogique. C’était illogique et sans fondements, je ne comprenais pas, l’esprit embrouillé dans des pensées qui ne se recoupaient pas.
    Notre rencontre, ses coups aussi durs que les miens, son rire qui cascadait sur les murs alors que nos corps jouaient une danse mortelle. Puis ce sourire encore, encore et toujours, d’un monde qui me semblait s’être effacé.
    Un sourire qui avait caché bien des choses. Trop peut-être. J’avais beau nourrir cette haine féroce pour le binoclard qui me regardait de sa hauteur, un petit sourire au coin des lèvres, il y avait au fond de mes prunelles, une note, infime. Hésitation. Doute.
    Entre la rage vengeresse et le besoin de comprendre.
    Peu à peu, je lui avais donné ma confiance, tout comme j’avais reçu la sienne, du moins c’est ce que j’avais cru. Une bile amère vint me bruler le fond de la gorge. Qu’est-ce qui s’était passé ? Pourquoi ce cri, ces larmes que j’avais cru percevoir dans ma semi-conscience. Était-ce mon esprit qui cherchait à tout prix à ne pas vouloir croire que je venais perdre l’une des personnes que j’avais cru, réellement, pouvoir qualifier d’amie ? Une silhouette que j’avais aussi appris à aimer, cette main qu’elle m’avait tendu, les bars, les soirs chez Tullio, les discussions tardives au fond du Magenta… Ces frôlements qui n'avaient abouti à rien d'autre qu'un demi-sourire entendu quand je m'étais confiée à elle.
    Tout ceci n'était que du vent ?
    Mon attachement manifeste pour la jeune femme aux cheveux colorés me faussait-il les choses ? Me voilais-je la face en voulant croire qu’elle aurait pu avoir tant d’occasion de me mettre une balle entre les deux, et que pourtant elle n’avait jamais fait ?
    Pas que cela aurait été facile pour autant …
    Tant de questions, et juste le silence, l’attente sadique de cet odieux personnage au dessus de moi.

    « …actuellement, mademoiselle Acciari est dans une pièce voisine, en observation. Dans son intérêt, et non le tien, tu ferais mieux de répondre clairement et correctement à cette question. Ai-je été clair ? »

    « Vas te faire foutre. Oui, je la connaissais … » Mais j’en dis pas plus, laissant le silence s’installer de nouveau.
    Passif d’une relation qui semblait s’effriter sous mon indécision.
    Je n’arrivais pas à refréner la vulgarité dans ma voix, face à lui. Il n’était qu’un porc, qu’un insecte de laboratoire détestable, semblable au goût âpre sur le bout de ma langue. Je le tuerais, je m’en fis la promesse, les dents serrées. Miguel parlait, ses mots s’enchainant comme une litanie macabre qui me maintenait au sol alors que mon attention s’enfuyait, des tâches noirs parsemant ma vision. Mais je restais aussi silencieuse qu’une tombe. J’étais un lieutenant de July, une tueuse professionnelle, une pactisante dangereuse, une enquiquineuse de première. Je me raccrochais à ça, naufragée dans mon propre univers …

    ~

    Combien de temps s’était-il écoulé ? Combien de larmes silencieuses, rageuses le sol avait-il vu s’écraser ? Si j’avais eu du mal à garder une horloge interne à peu près d’aplomb, là j’étais complètement perdue, vacillante.
    La sueur le long de ma colonne vertébrale me tira un énième frisson glacé. Je n’en pouvais plus, de ces questions, de ces coups à voir mes lèvres scellées. De ce regard qui me scrutait, me déshabillait sans vergogne, comme on arrache les vêtements d’une prostituée sans plus de délicatesse qu’un con. Je me sentais sale, prostrée dans une position inconfortable, des fourmis et des crampes dans les jambes, les mains toujours liés.
    Les zébrures sur les murs de la salle témoignait de ma lutte, pouvoir poussé à son point de rupture. J’en avais les phalanges écorchées de sang et de crasse, les cheveux plaqués sur mon cou, d’où perlaient des traces de seringues. Acharnement de dément.
    Mais qui avait payé, comme il l’avait promis, triomphant devant les mots qui avaient franchi ma bouche, expliquant ma non-connaissance du métier d’Ilana.
    Un restant de détermination farouche m’avait permis de tenir encore un moment, une seconde, un instant.
    Avant que la barrière ne cède, emportant avec elle les fondations de ma résistance, et d’une partie de ma raison, les yeux voilés par la souffrance.

    « Leo… Leo… Haha, il viendra, je le sais … Même s’ils lui interdisent, il est mon coéquipier, par…partenaire. Vous n’avez jamais soupçonné qui il était, alors qu’il ne faisait que vous narguer, depuis des années. Le bouffon Vert. Il vous ridiculise… Et toi, espèce de monstre, il te fera voler et cassera ton corps avant que je te bute. »

    Délire de douleur, mes mots étaient un mélange d’espoir qui commençait à devenir vain, m’accrochant au souvenir d’une silhouette que je refusais de voir disparaître de ma vie. Penser à lui me crevait le cœur.
    Déjà, je ne sentais plus l’inquiétude de Sky que comme un bip urgent à l’arrière de mon crâne, lancinant, son chiant mais qui me maintenait encore en vie.
    D’autres mots suivirent, un peu. La couleur de ses yeux que je ne pouvais m’empêcher d’imaginer en fermant les miens.
    Mes lèvres lâchèrent le nom d’un bâtiment. Planque d’April, légère compensation alors que je préférais encore les avoir sur le dos que le GDP.
    Je me mordis jusqu’au sang, réveillant d’autres morsures, des heures précédentes, mes ongles griffant mes poignets de rage, une envie de se faire mal pour exorciser le sentiment qui m’enserrait le cœur. J’avais failli.
    Faiblesse, trahison. Abandon.
    Pas totale, mais le fragment de révélations que j’avais déjà fait me donnait envie de me vomir moi-même, me haïssant comme rarement.
    Où était le Cerbère ? La princesse pourpre ? Où était ce regard de fer, intransigeant sur ce que son ombre protégeait ?
    Égratigné sous des substances qui brulaient mon sang.
    Je me détestais presque autant que cette ombre, ce prédateur toujours là, hyène m’acculant de petits coups vicieux.
    Leo, Leo … je barrais sa silhouette de mon esprit, de peur d’en dire encore. Trop. la peur viscérale de l'avoir perdu, par ma faute. Le sentiment de l’avoir trahi avait disloqué mon cœur, l’attachement brutal et insatiable qui me liait à lui, sans pour autant changer mes sentiments. Juste une dose de désespoir en plus …

    Et une prière dans le noir.
    Oublies-moi. Pour ton salut, pour ton sourire.
    Erase This.
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Welcome to hell [pv Anonyme] Vide
MessageSujet: Re: Welcome to hell [pv Anonyme]   Welcome to hell [pv Anonyme] I_icon_minitimeSam 3 Mar - 11:54

« Je te brise, tu me cèdes. »

Le loup tenait enfin sa proie, sa gorge calée entre ses crocs, attendant qu’elle déverse les paroles de vérité tant désirées. Les sérums et autres mélanges circulaient dans son sang, les marques de seringues imprimées sur sa peau. Miguel n’avait pas hésité sur les gestes violents, forts, pour insérer l’aiguille dans la carotide, déchirant la peau si nécessaire, faisant couler le sang de l’étrangère, sans craindre qu’elle ne l’attaque avec son pacte adressé à cette lune souillée de rouge. Si l’électricité était impressionnante, elle n’était que ça, faisant claquer les néons des murs, les éclats de verre jonchant le sol, zone où Miguel n’avait pas hésité à attirer Murazaki, blessant le bras de la japonaise. Elle n’était plus qu’un morceau de chair, à vif, ayant perdu toute logique protectrice, crachant sur ses déterminations premières. Miguel était le maitre du jeu. Le seul, tout puissant, s’amusant.

La sueur avait fini par perler sur son front, mouillant le début de ses cheveux poivre et sel, tombant en arrière, des mèches rebelles touchant son front, le haut de ses yeux bleus. Ses mains étaient appuyées sur les épaules de la prisonnière, notant l’état de ses propres phalanges, abimées par les coups qu’il avait donnés, à de rares occasions, pour réveiller la pactisante qui menaçait de s’évanouir. Il ne lui laisserait aucune seconde de répit, aucune illusion de repos. Cette pièce était son enfer, il en était le gardien, le bourreau. Miguel l’avait détachée de sa chaise de plastique, pour une plus grande liberté de mouvements, pour profiter de son jouet à son plein potentiel. Elle finirait par craquer. Ils craquaient tous, pactisants ou humains. Ils avaient tous des faiblesses ; Celles de ce chat de gouttière n’avaient pas été trop difficile à trouver, repoussant les limites de sa résistance, ne tardant pas à arriver.

La tension qu’Aya subissait était tellement agréable à faire subir, le bruit de sa respiration coupée par un pied se logeant à la base de sa poitrine. Sa toux, l’air lui brulant les poumons, la douleur se perdant dans le reste de son corps meurtris. Le désespoir, les larmes, les promesses qui se brisent, la résistance que se lâche, l’esprit qui s’ouvre. Tu te brises sous mes doigts. Il l’avait soulevé du sol, l’extrayant de ce coin sombre dans lequel elle s’était réfugiée, la redressant, une main sur son épaule, l’autre sur son coup. Les pieds de l’asiatique ne touchaient plus le carrelage de la pièce. Son souffle de vie vint se heurter au visage de Miguel, son sourire à lui s’élargissant sadiquement au fil des mots que la bouche ouverte de la meurtrière délivrait. Told you. Il assimilait les informations, parfois divulguées en japonais, le mental de la captive se perdant dans un monde imaginaire.

Le contact visuel était perdu, les yeux en amandes regardant dans un ailleurs inconnu, monde irréel salvateur. Sa prise se fit plus forte sur sa gorge, percevant les coups de cœur de la femme, sous sa paume, rythme affaiblis qui ne tarderait pas à s’arrêter définitivement… pas maintenant, pas tout de suite. Ils avaient encore tant de choses à se dire. Ils n’allaient pas se quitter, ça aurait été si dommage, elle qui commençait tout juste à vendre ce Leo pour un peu de paix. Il la plaque, plus fort, plus violement contre la paroi de la pièce, son dos frappant le mur, manipulant Aya comme si elle n’avait été qu’une poupée vide et amorphe. Elle abandonna une adresse, il sourit, la lâcha.

Son corps tomba, poupée de chiffon abandonnée. Miguel recula de quelques pas, s’étirant les bras, l’excitation s’emparant de tous ses muscles, les faisant trembler d’exaltation. Il porta une seconde son regard sur ses chaussures, le sang de la nippone tachant le cuir, le bas de son pantalon blanc. Ca partait difficilement. Il fit une grimace, se rapprochant à nouveau de la prisonnière. Ses doigts partirent vers le crâne de l’étrangère, serrant ses cheveux, tirant sa tête en arrière, pliant sa nuque, attirant son attention, encore, toujours. Il n’y avait que lui qui existait pour elle. Plus rien n’avait d’importance par la pactisante. Plus rien ne devait avoir d’importance.

« Ne devraient-ils pas t’en vouloir, de l’avoir vendu ? Leo, c’est un bien joli prénom. Et crois-moi, avec ça, nous le retrouvons. Tu viens de vendre les tiens, Aya. » Poison sur sa langue, sur ses mots. « Bienvenue parmi nous. »
Un rire. Le sien. Grave, euphorique, victorieux. Miguel avait ce dont il avait besoin. Il ne s’arrêterait pas en si bon chemin. A présent que la nippone avait abandonné un secret, il lui serait tellement plus facile de lui en soutirer d’autres, des plus confidentiels, des plus vicieux. Elle était prise au piège sous le regard de glace de ce loup vorace. Miguel ne s’arrêterait pas comme ça. Ils avaient encore tellement de choses à se dire…

Il lâcha la tête de la japonaise, qui retomba mollement au sol. Il se redressa, revint vers la porte de sortie. Il récupéra soigneusement son équipement dispersé sur la table, des aiguilles, des fioles, d’autres outils, tous tachés de ce liquide pourpre, à présent séché. Un air de musique espagnole fut siffloté par l’agent, le cliquetis des objets accompagnant parfois sa mélodie. Il ne dit plus rien, plus aucune remarque, à l’exception de cette musique remplissant le vide de cette pièce.

Il sortit, retournant dans la lumière, en fut presque éblouit. Quelle belle journée !

« Tu as vendu Ilana. Tu as vendu Leo. Tu as vendu ta famille. Tu as vendu ton nom. Que te reste-t-il, traitresse ? »
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