Ultima Alluvione
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 Promenons-nous dans les bois ~ Caïn

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Leo Accettura

Leo Accettura

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Promenons-nous dans les bois ~ Caïn  Vide
MessageSujet: Promenons-nous dans les bois ~ Caïn    Promenons-nous dans les bois ~ Caïn  I_icon_minitimeJeu 12 Aoû - 20:59

« J'étais ivre de cette sensation. Ivre de ce qu'elle procurait. Ivre de ce qu'elle occultait. Et je me tailladais. Toujours plus profond. Toujours plus loin. Juste pour la retrouver. Et hurler de plaisir cette lame gaspillant ma vie avec euphorie. J'étais ivre. Ivre de tout. Ivre de trop »
No data

Le dos vouté, tordu, plongé vers l'avant, vers cette chute insignifiante de par sa mortalité. Les épaules recroquevillés, enserrés sur eux-même, plus porches du cœur, l'entrainant dans le vide. Le souffle court, aspiré par cette vitalité, coupé par le manque de temps. Les yeux fermés, clos sur un monde de noirs et de gris, lourds et irrités de la nuit. Les lèvres pincées, tendant vers le bas, à se crisper de trop, ou pas assez. Les bras couverts, blessés, écorchés par ces dérapages violents, ces accrochages furtifs. Les jambes battantes, flottantes dans l'air, balayées par le vent et l'odeur de la pluie. Les cheveux mouillée, poisseux de ces longues heures jouées à la course. & Dans ce tableau, il y eut un mouvement. Le ploiement d'un muscle face à un ordre. Le grincement d'une articulation face à un geste. La crispation d'une main face à un poids. L'usure d'un corps qui avait tardé au crépuscule couché. & La nuit l'avait avalé en une bouchée, le gobant rapidement, l'effaçant de la vie de passants. Horizon avait sombré dans le monde nocturne. Pour s'y perdre sous un masque si souvent porté. Horizon émergeait à présent. La tête sonnée par ces balades sous la Voie Lactée. L'esprit égare, perdu dans un amas de pensées. Il y eut un grognement, sortant d'une gorge usée. Le corps face à la fatigue. Il criait, se tétanisait contre les ordres. Mais Volonté était sienne, et lentement, aussi délicatement que l'araignée tissant sa toile, la succession de messages électriques, d'activation synaptiques imprimèrent leur emprise.

Leo se leva, tangua sur le bord du toit. Un instant, il fut trop en avant. Un instant, il fut juste en arrière. D'une démarche à l'équilibre précaire, il longea le néant, se jouant de la fin, se jouant du début. Il sauta sur un sol stable, humide. Assez loin du rebord pour ne plus songer à tomber. Il soupira. Ses bras se tendirent d'un coté et de l'autre, aidant le héro à s'étirer d'une manière convenable. Il y eut un craquement, un second. Sa veste brune bougea. Ses os firent la fête. Enfin remises dans une position correcte, ses vertèbres s'alignèrent en bons élèves. Il n'y eut pas de sourire. Ses lèvres étaient fatiguées de tout ceci. Alors, il se contenta de grimacé. Une mimique au goût amer, accompagné d'un regard austère. Ses yeux s'étaient ouverts. Sur cette fin d'obscurité, s'offrant à une nouvelle journée. Le soleil se fit timide en cette nouvelle aventure. Il n'y avait pas de rire pour l'accueillir, ni de bonheur en son honneur. Solar serait seul pour ce tour. Solitaire. Précaire. Brilleur. Rêveur.

Par de rire, pas de bonheur. Juste cette lassitude omniprésente, quasi omnipotente. Fatigué, Leo en devenait presque fragile, au point de ne plus savoir s'il devait descendre de ce toit ou se rendre jusqu'à son chez-soi. Il s'approcha de la corniche en métal, aperçu son Stella au pied du bâtiment, couché, s'accordant le plaisir d'un sieste. Leo râla. Pas méchamment. « Pourquoi est-ce qu'il peut profiter de ce plaisir, alors que moi je dois encore descendre cet immeuble. En plus, il a pas besoin de dormir. C'est une étoile. Ca dort pas une étoile... » voilà ce que ça donnait, un héros trop demandé. Il se redressa et se massa le front, cette grimace toujours clouée sur le visage. Inspire petit Lion. Ta journée ne fait que commencer. Ne nous adresserais-tu même pas un sourire? Il secoua la tête, recula de trois pas. Son pantalon sale traina dans une des nombreuses flaques d'eau. Il n'y prêta qu'un coup d'œil, jugeant la hauteur de la bâtisse d'après ses souvenirs. Ces vieux morceaux de bétons empilés les uns sur les autres, se tachant d'un gris encore plus fade, et d'un manque d'entretien palpable.

Et Leo couru. Aussi vite que lui permettait ses jambes éreintées. Il fit un premier pas vers l'avant, retint l'activation de ce rictus de douleur qui lui démangeait la joue. Il osa porter tout son poids sur son membre, et il eut l'impression de choir avant que ce ne soit vraiment le moment. Son autre jambe prit le relais, lui rappelant les kilomètres qu'il avait parcourut durant cette soirée. L'inflammation de sa cuisse lui procura un peu de chaleur, elle qui commençait à lui manquer, et la protestation de son genou parut lointaine. Il se refusa à effectuer le dernier pas sur le rebord, choisit de sauter de là où il était. Et la chute, rapide, courte se produisit. L'incarnation dans Milan. Le retour de Leo Accettura dans la réalité édulcorée. Il atterrit sans encombre, sans bruit. Il n'y eut que cette poussière et deux trois emballages en plastiques qui volèrent dans la ruelle. Il s'accroupit, pour amortir son arrivée sur la terre, et surtout pour donner un peu de répit à ses muscles, déjà fatigué de ce faible effort. Ray, qui n'avait pas bouger jusque la, sursauta.

« Préviens la prochaine fois!
-Non mais... Tu dormais vraiment?! 
»

Le chien s'étira, tout en baillant. Il s'assit, sa langue dépassa de sa gueule, de laquelle sortit un aboiement joyeux. Leo ferma ses yeux bleus sur cette constatation, ramassa le sac que l'animal avait gardé alors que Leo dérivait dans les limbes d'un monde parallèle. Ses omoplates pointèrent le mécontentement en submergeant le dos du jeune italien d'une sensation sulfureuse. Il ne réagit pas. Ne ria pas. Il fit sauté son sac, duquel dépassait un foulard blanc, mais à présent taché de noir. Il marmonna quelques insultes envers beaucoup de personnes. Es-tu près pour cette nouvelle aventure? Pas encore, n'est-ce pas...

Horizon se calma. Il inspira l'air pollué de la ville, écouta le bruit des quelques moteurs de voitures. Il capta le chant des oiseaux, les pleurs d'un nourrisson, les rayons du soleil sur ses pieds. Il sourit. Ah, que ca te va si bien ce mot. Il est créé pour toi ce verbe. Garde le. Je te l'offre. Tu en auras besoin Leo passa une main sur ses yeux, les voilant de ses grandes mains. Puis il les ouvrit, encore cachés par cette pseudo obscurité... Il voyait. Les ténèbres n'avaient que peu de secrets pour lui. Et de les fixer trop longtemps, cela fatiguait. Alors, il enleva ses doigts petit à petit de son visage, découvrant ce monde. Ce monde qu'il protégeait au prix de quelques nuits blanches, d'un peu de sang sur les pavés, de quelques risques aussi. Il sourit, encore une fois.

« J'pense qu'on a mérité une bonne douche, non?
-Parles pour toi.
-Oui, oui... Euh... 83,57 Mais tu ne diras pas non à ton panier.
-Non, 82,06. Et effectivement, mon panier et mon os en caoutchouc. 
»

Leo dévisagea son partenaire. Il s'était trompé ? Bah, après-tout. Dans quinze minutes, il serait de retour chez lui, et dans vingt minutes, il serait dans son lit. Donc, il n'avait pas à se soucier de perdre son pouvoir pour quelques heures, puisqu'il serait en train de dormir. Il frotta la tête de son chien, rigola en pensant à sa chambre et son lit bien confortable. Ray avança le premier, le pactisant le suivant. Le collier de l'animal produisait un cliquetis apaisant. Leo traînait un peu le pied, et sa démarche était saccadée par le trop-plein d'effort fournis. Ankylosé jusqu'aux orteils, il ne se plaignit plus, et déboucha dans une rue plus animée, plus éclairée. Et ce fut le choc. Une percussion inattendue, inopinée. Leo vacilla sur sa gauche, se rattrapa à un mur. Rapidement, il aida la personne qu'il avait renversée. Il se pencha, la prit par le bras.

«Excusez-moi, je ne regar... »

Sa voix mourut aussi rapidement que l'égorgement d'un rossignol. Sa voix grave, et pourtant si assurée, s'éteignit aussi vite qu'une chandelle. Ses yeux bleus se plongèrent dans d'autres saphirs, beaucoup plus sombres que les siens. Il déglutit. Il blêmit. Déjà blanc dû au manque de repos, son teint devint plus que livide. Son cœur manqua plusieurs battements. Trop de souffle, pas assez de soupirs. Il s'arrêta d'inspirer, alors que ces traits trop craint se dévoilaient. Il eut du mal à continuer sa phrase, à respirer ou tout simplement à vivre. Sa conscience s'effaça. Leo lâcha précipitamment le bras du passant, le laisse retomber. De mots d'alerte, d'erreur, de danger défilaient dans sa tête, et la voix de Ray commença à naitre entre cette brume persistante. Son sourire qu'il bordait au coin de ses lèvres s'égara dans la crainte. C'était le vide. C'était le blanc. Plus rien ne coulait dans l'esprit de B. Il n'y avait qu'un calme assourdissant. Qu'une attente horripilante. Plus rien ne se passait. Rien. Le vide. Et l'attente d'un réveil brutal, sauveur.

Et Rien ne vint. Car il n'y avait rien que l'instant présent. Que le soleil qui noyait le ciel de ce rouge plus que prometteur. Que les milanais ne s'intéressant que pas assez à cette scène. Que les arbres poussant gaiment. Que Leo figé, en pause, face à un univers qu'il redoutait plus qu'autre chose dans l'état qu'il était. Il n'y avait que lui. Et

«Caïn »

Oui. Caïn. Cette malédiction à quatre lettres qu'il chérissait tant. Lui pour qui il se serait ouvert les veines à coup de tessons, ou de griffe. Attaquer la chair pour offrir des heures et du malheurs. Caïn. La malédiction. Sa malédiction. Toujours aussi cerné, toujours aussi rancunier. Toujours Caïn. Rien que Caïn.

& Leo détalla. Plus vite que la haine. Moins que Caïn.
Ceci sera la chute du petit Lion, face à l'Écœuré


Dernière édition par Leo H. Accettura [Ray] le Sam 21 Aoû - 5:19, édité 1 fois
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Caïn E. Wellens

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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois ~ Caïn    Promenons-nous dans les bois ~ Caïn  I_icon_minitimeVen 20 Aoû - 14:50

« Cap ou pas cap de ne pas me revoir pendant un an, Shin ? »

Cap ou pas cap de m’oublier ? Un mois. Un mois et deux jours de liberté. Un mois et deux jours sans coups de fil. Un mois et deux jours sans son odeur pour hanter ses draps. Un mois et deux jours sans chantage. Un mois et deux jours sans emmerdes. C’était mieux que la liberté. Mieux que les vêtements de marques qui se bousculaient dans les magasins luxueux. Mieux qu’un cheesburger de chez MacDonal’s. Mieux que dix orgasmes d’affilé. Mieux que la mort. Mieux que la vie.
C’était comme retrouver le train-train quotidien et tranquille de son existence. Comme revenir à sa vie d’avant. Avant Maddox. Avant même ‘Saki. C’était un peu comme se plonger avec extase dans un bain bouillant après avoir cravaché dans une salle de sport pendant des jours durant. Une bouffée d’oxygène. Juste l’impression péremptoire que seul le GDP est encore à même de vous pourrir la vie. Il n’y avait pas de vide. Pas de manque. Juste l’impression que toute votre existence vient, à nouveau, de faire un angle à 380 degrés, pour revenir à son état stationnaire d’il y a quelques années. Et c’était bien mieux ainsi. Maintenant, il n’y avait plus que la traque. Plus que la douce odeur de l’hémoglobine qui s’insinuait dans ses narines, effluves entêtantes ; ivresse dérisoire. C’était ce qu’il y avait de mieux : dénicher les Pactisants, s’amuser avec leurs corps souillés avant de les livrer au GDP ou de les tuer sur place en prétextant que ce n’était que de la pure défense. Il les haïssait. Tous. Ils étaient faibles. Incapables de se débrouiller, de compter sur leur propre personne. Ce n’était que des lâches qui avaient trouvé un réconfort illusoire dans une lune sanguinolente qui surplombait le ciel de Milan.
Caïn n’avait jamais aimé la lune. Que ce soit maintenant ou avant, elle ne lui avait jamais inspiré confiance. Peut-être parce qu’elle n’avait pas été capable de faire couler ses larmes le jour où on était venu lui annoncer la mort de ses parents, peut-être parce qu’elle n’avait pas pu empêcher la mort de sa grand-mère qui avait souffert jusqu’à la fin malgré le fait qu’elle l’ait recueilli. Peut-être parce qu’elle était le reflet de Dieu et que Dieu était le mec le plus inintéressant et le plus branleur qui ait jamais existé. Quand on vit dans de la merde tous les jours, on en oublie combien ça peut puer. Il n’avait besoin de personne. Et encore moins de Shin ou de Neth.

Mais il y avait pire encore. Il y avait pire que l’abandon de Neth lors de la mort de leurs parents. Pire que l’obsession de Shin qui le bouffait à petit feu. Il y avait la traîtrise de Leo. Son ami. Le seul. Celui pour qui il aurait accepté de tout donner. Celui pour qui il se serait sacrifié, pour qui il aurait offert bras, jambes, corps entier, rien que pour le sauver. Un traître. Un débauché. Qui avait offert son âme à cette putain de lune. A cette connerie.
Merde, Leo, pourquoi ?
Mais il aurait eu beau lui poser sa question en hurlant, il aurait eu beau le secouer de toutes ses forces, la conclusion était là. Formelle et despotique. Il devait le tuer. Se débarrasser de lui parce qu’il faisait désormais parti de ceux qui n’avaient rien à faire sur Terre. Des sous-merdes de la race humaine. Ceux qui n’avaient pas assez de fric pour aller se payer un psy bon marché et lui raconter tous leurs malheurs. Ceux qui préféraient croire à toutes ces conneries. Et c’est pour ça qu’il le poursuivait sans relâches, à l’instar de Gabrielle et que là, il lui courait après, gagnant du terrain, le sentant fatigué après sa nuit à errer dans les rues de Milan en exploitant une pseudo justice obsolète. Le monde n’est pas manichéen. Le monde tourne suivant des principes trop complexes pour être compris. Il exploite des rouages inconnus et Leo se targuait de pouvoir s’immiscer dedans pour y glisser sa propre vision de l’univers.
Un fou parmi les fous. Un con de plus à éliminer. Peu importe le passé. Peu importe son envie de retrouver Leo à ses côtés. Peu importent tous ses désirs. Il devait obéir aux ordres et réagissait à cette haine qui le poussait à détruire chaque Pactisant. Sa main se tendit en avant alors qu’il attrapait son haut et le tirait violemment en arrière. Il n’y a pas de compassion à avoir. Pas de règles à respecter. Ce n’est rien de plus qu’une sordide affaire sur laquelle le gouvernement ferme les yeux. Moins il y aura d’adorateurs et de tarés, plus la politique s’en portera mieux. Et, dans l’histoire, nous ne sommes que les pions d’une immense machination.

Il le plaqua contre le mur du pont sous lequel ils se trouvaient. Ce n’était plus Leo. Il n’avait plus de nom. Plus d’identité. Juste ce surnom merdique qu’il se donnait pour se conférer un style qui ne lui allait pas : le Bouffon Vert. Il avait pas plus d’imagination que ça ? Le bouffon vert. Pourquoi pas Spiderman, plutôt ? Au moins, Spiderman était le « gentil » de l’histoire, tandis que le bouffon vert crevait misérablement à la fin. C’était ça, ta finalité à toi ? T’as choisi l’histoire la plus pourrie, faut vraiment être un crétin.

« Tu me fuis maintenant, Leo ? »

Ses doigts allèrent caresser sa joue. C’avait été son Leo un jour. Son ami. Un être qui avait su gagner une certaine importance. Mais il lui avait préféré la lune rouge. Il lui avait préféré les bas quartiers de Milan et une envie de rétablir un équilibre trop précaire. Tout se casse la gueule. C’est pas d’un justicier dont a besoin cette ville. Ce dont elle a vraiment besoin, c’est d’une police qui fait proprement son boulot.
Sa main descendit avec assurance vers sa gorge. Grâce à Shin, il commençait à avoir l’habitude. C’était comme s’entraîner pendant plusieurs mois sur un punching-ball avant d’aller casser la gueule au grand méchant boxeur. Passer ses doigts autour, les serrer, accentuer la pression avec délice, c’était un rituel qui n’avait plus aucun secret pour lui… Tout comme celui de sortir son flingue pour en déposer le canon sur la tempe. Il aurait voulu le tuer, réduire à néant les dernières gouttes de son passé. Mais il y avait cette putain d’hésitation qui l’empêchait de tirer. Pour en finir, définitivement. Pour arrêter cette longue cavalcade, ce jeu inutile, cette course-poursuite. Et il savait que ça ferait plaisir à Angelo s’il lui ramenait la tête de son ennemi numéro 1. Il savait qu’on le féliciterait au GDP d’avoir dessoudé le Bouffon Vert.
Je suis le sentiment de rejet exacerbé de Jack.

« Faudra que tu m’expliques pourquoi t’as accordé ta confiance à cette merde qui flotte dans le ciel la nuit. Tu crois que la lune rouge pourra vraiment exaucer ton souhait ? »

La lune rouge et la merde qu’elle engendrait. Tous les Pactisants étaient les enfants rejetés de la lune. Les déchets en décomposition dont elle ne savait plus quoi faire parce qu’ils étaient trop faibles pour se relever tout seuls. Ils imploraient chaque soir leur mère, priaient pour son salut, tout ça pour quelques pouvoirs et pour se sentir plus puissants que les autres. En fait, les Pactisants, c’était ceux qui avaient un égo tellement énorme et tellement surdimensionné qu’ils ne pouvaient plus supporter d’être au même niveau que le commun des mortels.
A trop vouloir toucher le soleil, on finit par se brûler les ailes.
C’était comme tous ces riches, ces millionnaires qui dépensaient leur fric sans y penser pour financer des fondations. C’était pas pour aider. C’était pas dans un grand élan de générosité absolue ou dans l’envie de faire la BA de sa vie. Non. C’était juste pour être reconnu par le reste de l’humanité. Pour faire de la pub. Un gros buzz avant de passer l’arme à gauche. C’était juste pour pouvoir inscrire définitivement son nom dans l’Histoire, à côté de ceux de Clovis, de Louis XIV ou de Napoléon. Pour pouvoir se sentir « grand homme » au moins une fois dans sa vie. Il n’y avait rien de beau dans ces actes-là. On sentait tout l’orgueil dégoulinant qui suintait derrière chacun de leurs gestes. C’en devenait écœurant. Les seuls capables de s’enorgueillir d’avoir apporté un peu de bien à la planète, c’était tous les bénévoles qui travaillaient dans l’ombre, sans recherche de reconnaissance ou de boulot à but lucratif.

« J’en vois tous les jours des visionnaires prêts à claquer tout leur fric dans une cause qu’ils ne comprennent pas même pas. Des gens qui se tournent vers la lune rouge. Tu sais comment ils finissent, pour la plupart ? »

C’était l’envers du décor. Quand les membres du GDP n’avaient pas pu s’occuper seuls des Pactisants. Ces moments-là étaient toujours les plus chiants. Parce qu’on voyait un cadavre qu’on n’avait pas pu descendre soi-même. C’était frustrant.

« … Bouffés par leur propre pacte. Sucé jusqu’à la moelle par ce Stella qu’ils vénéraient tant. De jolies scènes de massacre. C’était ça que tu voulais ? Finir comme eux ? »

Et il raffermit sa prise sur son flingue, resserra légèrement ses doigts autour de son cou. Il ne s’échapperait pas. Cette fois, il le garderait avec lui.
C’est votre vie et elle s’achève minute après minute.

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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois ~ Caïn    Promenons-nous dans les bois ~ Caïn  I_icon_minitimeLun 28 Mar - 11:22

« Caïn. Sois mon Poison, ma Malédiction. »
Un Bouffon

Cette main fugace, pleine de rage attrapa, agrippa tel un aigle le jeune pactisant s’étranglant de lui-même dans son vêtement, puis fut tiré irrémédiablement vers l’arrière. Le soufflé coupé, la puissance de l’impact quand son dos rencontra le pilier du pont sous lequel sa course poursuite l’avait guidé, lui arracha un cri de douleur. Son corps lui rappela avec délectation la nuit passée et tous ces efforts qu’il avait endurés. Ses muscles le pincèrent et ses forces l’abandonnèrent. Il grimaça. Ce ne fut ni les griffes de son poursuivant, ni les restes de la soirée qui furent la cause de cette mimique. C’était autre chose, quelqu’un d’autre.

Caïn. Il était le seul, fut le Seul, l’Unique. The One. Ce regard de saphirs briseurs de millier de diamants, transperçant Leo de part en part, allant toujours plus en profondeur, le déchirant avec toujours plus d’ardeur. Il était une fois deux amis. De ce temps bien avant celui présent. Cette relation perdue ressemblait à un mythe. Les yeux dans les yeux, cernes dans cernes, haine dans désespoir. Oui, Leo grimaça, fut tenté de baisser les yeux, mais restait captivé par cet océan de glaces, s’y plongea, s’y perdit, regretta. Caïn raffermit sa prise, lui caressa la joue, joua avec sa patience.

« Tu me fuis maintenant, Leo ? »

Ses yeux firent face. Caïn lui enserra la gorge. Et ces yeux ciels l’affrontèrent. Les mots bloqués par ces serres de son bourreau. Alors, il lui fit face, se redressa tant bien que mal contre ce mur, tenta de se dégager, fut à nouveau bloqué par l’agent du GDP. Il ne répondit rien, ses mains accrochées à celle l’étranglant toujours plus sournoisement. Mais il ne tenta plus rien. Il enserrait la propre prise d’Eden, il lui adressa ces coups d’œil audacieux. Car c’était la seule force d’opposition, sa seule manière de se montrer rebelle. La seule chose qu’il lui restait. Un feu aux reflets indigo qui brulait d’une puissance certaine et qui encourageait sa Malédiction à le violencer encore plus, jusqu’à ce que ce Bouffon ne puisse plus rien faire d’autre que suffoquer. Cependant, héros sans pouvoir il ne se laisserait pas faire. Leo possédait bien d’autres ressources que celle des étoiles. Oui, il ne se laisserait pas avoir, il ne se laisserait pas abattre. Ces sentiments se renforcèrent quand le métal froid du fusil s’accrocha à sa tempe, lui portant une pression malsaine sur le bord du crâne, lui forçant à détourner la tête, mais pas le regard. Si Caïn devait le tuer, il le laisserait faire. Si Caïn devait le libérer, il le laisserait faire. Tout n’était plus qu’une affaire de hasard ou de chance et ne dépendrait que de cet affrontement de paroles, s’éclatant chacune tour à tour sur les carcasses des deux êtres blessés, brisés.

« Faudra que tu m’expliques pourquoi t’as accordé ta confiance à cette merde qui flotte dans le ciel la nuit. Tu crois que la lune rouge pourra vraiment exaucer ton souhait ? »

Alors c’était ça ? De la jalousie ? Non. De la colère ? Surement. Mais il y avait quelque chose de plus profond dans le ton de Caïn. Leo le connaissait si bien, il décela cela très facilement. De la peine, et de la trahison. Ainsi, je serais ton Traitre, ton Menteur, rien qu’à toi. Tu en as déjà une qui t’as poignardé le cœur. Moi je te percerai le dos de maux plus terrible encore, qui s’accrocheront à toi, tels sangsues et autres parasites. Tu m’en veux ? Soit, je t’aimerai plus encore. La pression s’accentua sur sa gorge, bloquant l’air, l’empêchant de s’alimenter en oxygène. Il pinça les yeux, augmenta sa prise sur la main unique de Caïn, voulu utiliser son pouvoir, se rappela qu’il n’était plus sous la protection de la Lune. Alors il rigola. Tout du moins, fit quelque chose qui y ressembla, dans son incapacité à respirer. A défaut de produire son rire, ce fut son corps qui trembla et ses lèvres qui s’étirèrent, offrant un sourire unique à Caïn, son Caïn.

Oui, la Lune était une crasse, qui rendait acro tout rêveur, désireux de posséder une once de pouvoir, aussi médiocre soit-il. Était-ce un défaut que de laisser échapper ses désirs idéologiques, qu’ils se dirigent vers la Lune ou tout autre élément astrologique ? La Lune… Mère de tous ces enfants égarés. Elle qui leur attribuaient quelques secondes de son attention, puis les laissait se débrouiller seuls, pauvres enfants abandonnés… Buffone Verde se devait d’aider ces pauvres âmes égarées. Que ce soit Luisa ou Sharon. April ou July. Il était le guide de ces personnes qu’il rencontrait aux détours du destin, pour qu’une fois la Lune invisible, ce ne soit plus les ténèbres qui enrobent Milan, mais bien la lueur des étoiles. L’attention du captif fut attirée par le soleil s’élevant dans les cieux. Point d’orbe ronde. Point d’orbe pleine. Oui, la Lune les avait abandonnés, mais il sentait toujours sa présence sur ses épaules, dans l’effervescence de la journée et dans la froideur de la nuit. Oui, Leo tu es un enfant tombé du ciel, tu t’es égaré dans l’espace, écarté de cette Dame d’Argent. Pourtant, tu l’aimes, autant que tu la hais.

« J’en vois tous les jours des visionnaires prêts à claquer tout leur fric dans une cause qu’ils ne comprennent pas même pas. Des gens qui se tournent vers la lune rouge. Tu sais comment ils finissent, pour la plupart ?… Bouffés par leur propre pacte. Sucé jusqu’à la moelle par ce Stella qu’ils vénéraient tant. De jolies scènes de massacre. C’était ça que tu voulais ? Finir comme eux ? »

Et une prise toujours plus puissante, plus violente. De quelle rancœur était possédé Caïn. Et maintenant qu’il tenait son jouet, cette proie en bien vilain état, quels seraient les jeux qu’il proposerait au pactisant déchu ? Une partie rapide ? Ou s’amuser pendant des heures ? Leo savait ce que faisait cet agent quand il croisait des enfants de la Lune. Oui, il l’avait déjà aperçu de nombreuses fois, quand la folie s’éprenait de lui. Qu’avais-tu fais mon sombre camarade ? A force de rechercher cette demoiselle écorcheuse, aurais-tu oublié son vrai visage ? A couper à tout-va avec ton couteau, tu finiras par t’embrocher dessus.

« Tu m’en veux ... » Il captura une bouffée d’air. « D’avoir fait un choix bien avant que tu n’entres dans mon existence ? » Inspirer. « Tu m’as toujours connu pactisant, Caïn. »

Son regard brûla l’espace les séparant, captura son bourreau. Sa blancheur rappelait celle de cette peau voisine, aussi pâle qu’un mort. A ce moment, le dos collé contre le mur humide de ce pont, les yeux identiques, les mêmes cernes, cette même rage, ces cernes identiques, ce passé uni. Ils se ressemblaient par cette même souffrance, bien que Leo ait préféré avoir les pieds collés sur le sol, et non se balançant presque dans le vide. Qu’il a de la force, notre sombre jeune homme. Une tache noire et blanche vola son regard une demi-seconde, et ce fut la crainte dans son esprit, alors que le nom de cet individu au loin tournait dans son esprit. « Leo, bouge pas, ne fais rien de stupide, j’arrive. » Une alarme muette remua le cœur de Leo. Ses battements s’accélérant, pulsaient contre la paume de main de l’assassin du GDP.

« Oui, je sais ce qu’il leur arrive. J’en ai vu beaucoup plus que toi. Et kss. »

Cette poigne, lourde, sourde de tout appel. Sers-moi plus fort. Je sais que tu te dégoutes à faire ça. Tu sembles tellement torturé. Que feras-tu, si tu casses ce si joli jouet ? Ses réflexions s’arrêtèrent, il ferma quelques secondes les yeux, perdit tout contact avec la réalité. « Merde, Leo ! » C’était une voix qui résonnait au loin, lui procurant une rare stimulation nerveuse. Il fut secoué, sentit quelque chose de froid le long de son crâne. Une légère nausée, il retrouva ses esprits. La revoilà. Plus neuf, et plus en mauvaise situation que jamais. Les serres s’était faites plus lasses. Inspira profondément. Sourit.

« C’est gentil, merci. J’ai bien cru que j’allais m’évanouir. »

De nouveau, encore une fois, ce fut ces Saphirs qui l’accueillirent. Cette haine, ce dégout. Il y eut un grognement au loin. Leo tiqua, se souvint de son étoile, s’apeura. Oui, la Lune lui avait ravi tellement d’amis déjà. Et des gens qui étaient plus que ça encore. Eva. Mais ce n’était pas la seule responsable. Combien de membres de cette unité spéciale s’étaient transformés en dépouilleurs de vie ? Combien de ces jeunes pactisants s’étaient égarés dans les rues de Milan, pour ne plus en ressortir ? Cette ville était comme la Lune. Sensuelle et Voleuse. A présent, c’était une étoile qui était en danger. Ray. Le chien couru, les crocs découverts, près à mordre, à broyer les os de cet individu qu’il n’aimait pas depuis cette nuit. Il chargea, sauta.

« Ray ! Non ! »

C’était un effroi vivace, sournois qui l’agrippa à l’estomac. Caïn en avait tellement tué, des étoiles égarées. Ca ne pouvait, non ça ne devait pas être le cas de son animal de compagnie. Il n’était pas qu’une poussière de ces boules de gaz. Il était tellement plus. Et de l’autre côté se trouvait sa Malédiction. Poison qu’il aimait tant, qu’il craignait tant.
Leo qui n’avait plus rien des caractéristiques d’un héros, mais qui en restait toujours un, sauta. Il se dégagea de la prise de Caïn, devenue plus lâche, pour bloquer l’animal qui avait sauté vers le prédateur. Tous ses muscles grincèrent, s’étirèrent vers l’effort. La douleur raisonna dans tous ces membres. Ce fut la morsure dans la chaire, la mâchoire fermée sur l’avant-bras de Leo. La souffrance, et il chuta. Parce que c’était son dernier effort. Et qu’il ne pourrait plus en donner. Affaissé sur son chien, il le bloqua, enfonçant son bras dans la gueule du chien, le calme d’un regard.

« Maintenant, ça suffit ! »

L’animal grogna, ne comprit pas l’ordre de son maitre, se débattit. Car Caïn s’avançait à nouveau vers Leo. Toujours autant de rage. Toujours lui. Rien que lui. Et Leo, Bouffon sans masque, se forçant à le garder sur son visage. Car sans ce déguisement, que restais-tu, Leo ?

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Promenons-nous dans les bois ~ Caïn  Vide
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Promenons-nous dans les bois ~ Caïn

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