" Toi, une murazaki ? tu t'es bien regardé ? "
" ... Ah, tiens maintenant, t'es fière d'en être une, Hanako. Il fut un temps où tu crachais ce nom dans la boue. "
" Tu parles de boue, mais qu'est-ce qu'une crasseuse, une fille des rue peut bien y comprendre !? hein ? T'es qu'une sale trainée, une moins que rien ! TU N’ÉTAIS RIEN POUR LUI !! "Un rire acide, si particulier et pourtant jumeaux à celui qui montait trop souvent du fond de ma gorge.
" Tu n'étais qu'une chienne à dresser.... Une pâle copie. Tu n'as jamais existé à ses yeux. "Le regret transperçait les sanglots de ses mots.
Peut-être avait-elle raison ? Peut-être n'avais-je été recueillie par ce vieux schnock uniquement parce que mon regard de feu lui rappelait cette hargne qui pulsait dans les prunelles de sa fille unique. Ou peut-être n'était-ce là que les vestiges désespérés d'une enfant qui pleurait et criait silencieusement son besoin de s'en raccrocher, de murmurer " je veux rentrer à la maison. "
Tant de si, de peut-être, de jamais ... Elle m'en voulait. Oui et non. Elle me ressemblait. Oui, indéniablement. Un autre Cerbère, à sa manière, à la robe tachée de sang.
Mes lèvres auraient eu tant de choses à lui demander, à la questionner, passée cette acceptation de l'autre tacite, un grognement nous échappant sur certaines choses, sensibles. Tant de mots restés en suspens, qui s'étiolent et meurent avant d'être nés.
Juste une grimace dans l'ombre.
Un regret. Une tâche pourpre de plus. Encore.
Un rêve qui me hante.
Chanter, chanter quelqu'un qui s'en va,
pour ne pas cesser de vivre ...