{X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito]
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Elissandre Hell
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Sujet: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Mer 9 Juin - 15:29
-Exhausted Je me laisse rarement abattre par la fatigue. Mais cette dernière mission était une réelle épreuve. Heureusement pour le GDP, on ne déplorait aucune perte, seulement quelques blessés, et une scientifique épuisée. Seulement voilà, je n'avais vraiment, mais alors vraiment pas envie de rentrer chez moi. Dans les rues sombres de Milan « by night », j'exemptai mon cerveau de toute réflexion, n'écoutant que le bruit de mes pas se répercutant à l'infini contre les murs hauts et rapprochés de la ruelle de ce quartier miteux. Tandis que j'avançais dans l'obscurité grandissante, un rythme régulier vint s'ajouter à celui de mes pas: ceux d'une autre personne. Ce n'était vraiment pas le moment pour une mauvaise rencontre. La totalité de mes muscles endoloris me faisaient souffrir le martyr, et je n'étais pas suffisamment opérationnelle pour me défendre en cas de problème. Et voilà que je commençais à m'imaginer des scénarios stupides ! Je repris le contrôle de mon esprit, m'arrêtai et tendis l'oreille. Quelques secondes plus tard, mon compatriote de marche nocturne fit de même. -Bien ma veine. Mais je me savais non loin du lieu où je me rendais. Un lieu calme, silencieux, propre. Utile. À tâtons, j'avançai, lentement, caressant le mur à ma droite de ma paume meurtrie par les évènements de la journée. Je pouvais sentir tous les petits défauts de la brique rouge, sentir le mortier s'effriter sous mes doigts. Les battements de mon coeur s'accéléraient alors que je me rapprochais du but. La pierre rugueuse et chaude fit place au métal lisse et froid. La poignée était au bout. Prenant toujours mon temps, m'appliquant à faire le moins de bruit possible, retenant presque mon souffle de peur qu'il ne trahisse ma présence et mon excitation. Non je n'avais pas peur. Le risque était présent, je le savais et il excitait mes sens en même temps qu'il les aiguisait. Je laissai les secondes s'égrainer, savourant la sensation de mes pupilles dilatées et de mon ouïe à l'affût. Un imperceptible mouvement devant moi me parvint accompagné d'un souffle léger quoique accéléré. Au moment où j'atteins enfin la poignée, la peau d'un être externe à moi-même me frôla la main. Le mouvement dans mon champ de vision s'accéléra sans perdre de sa fluidité et une mèche de cheveux me caressa la joue. Je fis tourner la poignée. La lumière artificielle inonda la rue. Aucun de nous ne cilla. La clarté jouait dans ses cheveux. Je fis mine de ne pas être éblouie. Je sus tout de suite que ce n'était pas un des délinquants du coin, qui s'amusaient à détrousser les passants. Mais un délinquant tout de même. Je ne l'avais jamais vu mais le reconnu immédiatement. Je n'aime pas converser avec les autres membres du GDP mais je ne pouvais ignorer les bruits de couloir. Des rumeurs, rien que des rumeurs. Peu m'importait au fond. Je n'aurais su déchiffrer son regard. J'optai pour amusé. Je tentai de ne rien laisser paraître. De toute manière, qu'aurais-je bien pu montrer, je ne savais pas moi-même ce que je pensais ou ressentais. Une chose est sûre, je me méfiais, le scepticisme ayant toujours été mon allié le plus fidèle, je ne pouvais lui faire défaut. En revanche, je doutais fortement qu'il puisse représenter une menace quelconque pour moi. Mais de là à lui faire confiance ... je ris intérieurement, me faire des alliés n'étant pas dans mes habitudes. Je le considérai un instant, puis pénétrai dans la lumière, la laissant m'envelopper. Longeant le long couloir immaculé, je laissai mes sens recouvrer leur normalité. J'allai même jusqu'à oublier sa présence. D'un pas ferme et décidé, j'entrai dans le laboratoire. Le noir total y régnait en maître. Pressant un petit bouton, je mis fin à sa dictature. Une simple lampe de bureau diffusa sa lumière blanche aveuglante. Tournée vers le sol, elle n'éclairait pas le plafond, que l'on pouvait alors imaginer à des hauteurs abyssales. Je parcouru les étagères d'un oeil distrait et allai m'asseoir derrière mon bureau, que la chiche lumière ne dévoilait qu'en partie. Je levai les yeux. Il était là, en travers de la porte. Seul le bas de son corps était éclairci par l'ampoule orientée vers le sol, laissant son visage plongé dans une semi-obscurité qui accentuait ses traits fins et anguleux. Il se tourna et la lumière sembla se déplacer avec lui, jouant sur sa peau et ses cheveux d'une couleur que je jugeai indécente. N'ayant rien à faire de particulier, je ne pu en détacher mon regard. Mes pensées semblaient ne pouvoir s'accrocher à quoi que ce soit de solide et concret, et vagabondaient. Je les imaginai tels de petits nuages aux allures de moutons, broutant l'herbe sans saveur de mon esprit vide en l'instant présent.
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Vito Vargas
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Lun 28 Juin - 17:45
Le Quartieri Oscuri. Le quartier obscur. Pas si obscur pour qui le connaissait bien, et surtout pour ceux qui, comme moi, avaient su s’y imposer afin d’y apposer leur marque. J’étais plus qu’un élément du décor, plus qu’un membre régulier d’une brigade secrète ayant établi son QG céans. Non, j’étais l’un des marionnettistes locaux, de ceux qui tiraient les ficelles des pantins de ce théâtre coloré, vivace, que la luxure noyait d’une pluie acide et où la corruption était le plat de résistance de ceux qui espéraient lui survivre. Et, mieux qu’y survivre, je tirais profit des vices locaux. Loin de renier mon passé de voyou, j’ai laissé mon caractère impulsif cueillir les fleurs de ma jeunesse, et c’était aujourd’hui un bouquet à l’arrangement soigné qui me différenciait de ces insectes qu’une gifle bien placée pouvait balayer.
Car je ne faisais pas que fréquenter la pègre : j’étais un acteur de la pègre. Un homme que tous ces cons avaient appris, bien souvent à leurs dépends au début, à respecter. J’avais su tisser tout un réseau de relations dont les avantages que j’en retirais étaient le premier critère de sélection, et jusqu’ici toutes avaient porté leurs fruits. Je n’étais pas un de ces lambdas que des racailles auraient pu dépouiller de ses biens. Je n’étais pas un de ces bouffons de touristes que les esquilles du quartier auraient attirés. Je n’étais pas un dealer contraint de se nourrir de la came de mauvaise qualité qu’il ne parvenait pas à receler. Je n’étais pas un proxénète ou un ripou ayant succombé aux délices d’un lieu à aucun autre pareil.
J’étais Vito Vargas. Connard de son état, officiellement comme officieusement, à ceci près que, dans le second cas, ledit connard cumulait également une fonction de scientifique de terrain au GDP, rapportant bien plus. Aujourd’hui, on me reconnaissait lorsque j’arpentais une rue proche de celle que je remontais en cet instant, et peu nombreux étaient ceux qui pouvaient se targuer d’être autorisés à soutenir mon regard ; l’épée balayant mes reins n’était pas la seule responsable de ces automatismes.
Pourtant, à l’heure qu’il était, j’aurais apprécié qu’un allumé n’ayant pas bien capté quel jeu sans retour il se tramait dans le quartier vînt me tenir tête. Pas que je m’emmerdais. La mission d’aujourd’hui avait été un fiasco complet, et il s’en serait fallu de peu pour que quelqu’un trouvât la mort au sein de notre équipe de terrain. Cet échec ne débouchait pas uniquement sur une perte de temps pure et simple … Non, putain, il ouvrait sur cette surface lisse à laquelle mon cerveau ne parvenait pas à se raccrocher – l’ennui. J’avais espéré gagner cet ordre de mission de quoi occuper mes journées, et voilà qu’en plus de me retrouver désœuvré, je finissais énervé. Ces pouilleux de Pactisants commençaient à me faire chier, et ma lame, à l’instar de mon esprit, réclamait de l’action. Je n’aurais donc pas craché sur un petit cassage de gueule dans un coin désert …
A l’instant où je me faisais cette réflexion, un son, ténu mais se répétant de façon régulière, parvint à mon oreille. Désert, le coin ? Pas tellement, à en croire les bruits de pas je pouvais percevoir dans la rue perpendiculaire à la mienne.
Dans ce quartier, je ne craignais rien ni personne. Mais j’étais curieux de voir quel imbécile s’aventurait de son plein gré au beau milieu de la route me menant au QG du GDP. Sans presser le pas, je pivotai à angle droit au coin de la rue ; mes doigts ajustèrent le col de mon manteau. Et soudain, je pus la voir, silhouette éthérée dans les larmes d’or que dispensait le soleil dont le règne diurne touchait à sa fin. C’était une femme, incontestablement, ainsi que le clamaient ses vêtements près du corps, à la touche élégante, et le chignon retenant captifs une chevelure de jais. Sa démarche était assurée, et il émanait d’elle une assurance certaine, qui me surprit plus qu’autre chose.
Je n’avais pas fait mystère de ma présence ; elle la devina presque immédiatement. Elle cessa de marcher et j’imaginai qu’elle tendait une oreille attentive. Je me demandai surtout ce qu’elle foutait là et à cet instant précis de la journée où le danger prenait une dimension nouvelle. Sa tenue suggérait qu’en plus d’être friquée, elle se fichait de ne pas passer inaperçue … C’était qu’elle se croyait assez au-dessus des lois de la jungle pour ne pas se faire plaquer contre un mur et égorger – ou pire, voire mieux si vous aviez l’esprit mal tourné –, ou encore qu’elle devait être prête d’arriver à destination. Ne connaissant pas de donzelle suffisamment débile pour se pavaner ainsi, j’optai pour la seconde solution, ce qui attisa ma curiosité : le quartier général du GDP avait été établi ici justement parce que ce coin n’attirait personne – pas de commerces, pas d’habitations, uniquement de vieux entrepôts désaffectés.
Etait-il possible qu’elle fût l’une des nôtres ? Quelqu’un que je n’avais pas encore rencontré ? ‘Fallait dire que je me foutais un peu de mon entourage professionnel. Pas que ce fut une excuse, mais ça expliquait que je ne me préoccupe pas des trous de balle que j’étais sans doute censé côtoyer de façon plus assidue.
La fille repartit, toujours en direction de l’entrée du GPD, et je décidai de la rattraper, pour voir. Elle ne marchait pas bien vite, la mignonne. Je l’atteignis au moment où sa main rencontrait la poignée de la porte dérobée que nous voulions tous deux emprunter et mes doigts, tendus un peu plus tôt pour déverrouiller l’accès, effleurèrent les siens. Contact frais, fugace dans sa fluidité – la porte s’ouvrit.
Nous avions désormais chacun pénétré dans la sphère physique de l’autre, à un point où j’aurais pu choisir de l’étreindre ou de l’égorger sans avoir à faire un pas de plus. Dans la lumière électrique qui baigna nos êtres, mon regard accrocha le profil de porcelaine de l’inconnue, nota la tension dictant à ses traits une expression impénétrable ; un parfum discret, fruité, propre aux femmes de raffinement, me caressa les sens tandis qu’elle entrait la première dans nos locaux. Nos yeux s’étaient cherchés tout en s’évitant, et je savais qu’elle avait eu le temps de me jauger. De constater, sans doute, que je n’étais pas le modèle de brave et gentil petit scientifique de terrain.
La porte claqua derrière moi. Je suivis la jeune femme dans le couloir, amusé par l’absence de réactions dont elle faisait montre à l’égard de ma présence. Des cons s’étaient fait casser la gueule pour bien moins que ça, en particulier lorsque, comme ce soir, j’étais de mauvaise humeur, mais cette dernière avait cédé la place à un intérêt tout bienvenu. Je la vis entrer dans un labo. Ah. Donc elle était scientifique de terrain, comme moi, et pas un couillon de policier. C’était une bonne chose pour elle, ou pas, puisque j’investis la pièce à sa suite. Qu’espérais-je retirer de cette rencontre qui, me connaissant, risquait de virer à la confrontation assez rapidement ? Pas grand-chose. Peu importait ; au pire, ou au mieux, si ça me donnait l’occasion de taper sur la tronche de quelqu’un, je n’allais pas me plaindre.
Je me campai, provocateur, dans l’encadrement de la porte, bras croisés et l’épaule appuyée sur le chambranle. La fille devait bien connaître les lieux, car elle se dirigea vers un pupitre dans le noir sans marquer une seconde d’hésitation. Là, sa main rencontra un interrupteur et soudain, une lampe de bureau nous fit don de son éclat pisseux, orienté vers le sol. Curieux de voir à quoi ressemblait mon vis-à-vis, je me penchai légèrement en avant ; un rideau d’argent vint me balayer le visage tandis que je l’observais, plissant les yeux pour déjouer les devinettes que m’imposait l’obscurité ambiante.
La scientifique était plutôt grande. Ses traits étaient fins, volontaires et harmonieux ; elle rendait au mien un regard sombre porteur de ces sentiments que son visage semblait incapable de retransmettre à son entourage. En dépit de son air sévère, je la trouvai jolie, avec sa petite moue pincée. Mais il était temps de faire connaissance avec le personnage, et non avec la marionnette derrière laquelle il me semblait qu’elle se dissimulait … Oh, pour sûr, c’était réussi, elle n’affichait rien de déchiffrable par son entourage, sauf que je n’étais pas con ; elle se tenait bien trop droite, bien trop immobile, pour n’être que cette poupée de porcelaine aux grands yeux noirs. Fêler ce matériau s’imposait comme le petit plaisir de la soirée.
Car, pupuce, Vito rime avec salaud.
« B’soir, laissai-je tomber, et le miroir du silence se brisa. ‘M’appelle Vito. Vito Vargas. Scientifique de terrain, comme toi je présume. »
Je me redressai et mon bras se détendit pour atteindre un commutateur, sur l’un des murs de la pièce. Je le pressai et des néons prirent vie au plafond, emplissant l’air de ces discrètes vibrations qui avaient cessé de me taper sur le système bien longtemps auparavant. Désormais, je pouvais distinguer le laboratoire, avec ses étagères croulant sous les ouvrages scientifiques et autres traités pointus et ses paillasses prêtes à accueillir les chercheurs. Mais surtout, je pouvais la discerner plus nettement que jamais, elle.
« On est modernes, ici, on a de la vraie lumière, tu sais, ajoutai-je, un brin moqueur. Tu es censée travailler ? Je gêne, peut-être ? »
Et je fermai la porte. Faisant ainsi de cette pièce le lieu allant accueillir un huis clos prometteur.
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Elissandre Hell
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Mar 29 Juin - 16:12
-Qu'ils sont joueurs à cet âge. Cette pensée me fit sourire intérieurement. Une autre quelque peu décalée vint s'y ajouter. -J'ai faim. Je relevai les yeux, et m'écorchai de nouveau le regard sur la silhouette provocatrice toujours adossée nonchalamment dans l'encadrement de la porte. Je restai sourde aux cri d'agonie de mon estomac.
« B’soir. ‘M’appelle Vito. Vito Vargas. Scientifique de terrain, comme toi je présume. »
L'importun eu l'immense idée de commuter l'interrupteur de la lumière du plafond. La fierté de ne l'avoir reconnu rien qu'aux rumeurs pointa son nez. Encore une fois, je restai impassible. La suite promettait de valoir le coup. Pour la première fois, je le voyais en pleine lumière. Éclatant je dois dire, bien que cela me blesse la langue (ou le neurone, vu que je n'en laisserai pas entendre un mot). Il avait l'air assez content de lui, bien que j'eus du mal à saisir l'origine de cet engouement.
« On est modernes, ici, on a de la vraie lumière, tu sais. Tu es censée travailler ? Je gêne, peut-être ? »
Le ton, ainsi que le contenu de ces paroles, collaient parfaitement bien au personnage. Il se croyait terriblement fort et original, alors qu'à mes yeux, ce n'était qu'un simple cliché prévisible. Il tira la porte derrière lui, espérant peut-être que je me sente prise au piège, ou n'importe-qu'elle autre idée débile. L'amusement me fit un instant oublier ma fatigue et la déception de la journée. Je tirai sur le petit bâton de bois qui retenait mes cheveux en chignon. Ceux-ci se déployèrent lentement, balayant mes épaules. Ayant été malmenés ainsi depuis des heures, ils conservèrent des boucles qui n'étaient pas naturelles.
« Quelle perspicacité. »
Bizarre une scientifique dans un labo, n'est-ce-pas ? Clairement, il se fichait de moi. Certes, je n'étais pas en reste, mais ça, il n'était pas censé le savoir. Il croyait même sûrement jouer avec moi. -Quelle prétention. Je ne relevai pas sa remarque indéniablement lumineuse. J'avais toujours nettement préféré la lumière tamisée, et si j'avais eu la capacité de voir dans le noir, l'obscurité totale serait mon second compagnon. Après la solitude. Mais les humains restent des créatures divertissantes, je pouvais bien faire un léger écart de régime.
« Travailler, j'en doute. Quant à la gêne ... »
Je laissai ma phrase en suspens. Là encore, je n'avais pas vraiment d'avis sur la question. Je ne savais qu'en penser. Je n'avais pas voulu rentrer chez moi, et je me retrouvais coincée dans un stupide laboratoire, en compagnie d'un délinquant en puissance. Subitement je pris conscience du non-sens de mes propos. Je suis sur mon lieu de travail, mais pas pour y travailler. Qui pour y faire quoi, diantre ? Pas de réponse. Mon cerveau est lâche parfois. Au fond, je ne savais pas ce que je fichais ici. Je n'aurais pas résolu le problème si j'avais été chez moi. Pour dire les choses avec barbarisme, j'étais là où j'avais le moins pas envie d'être. Aïe. C'est moche, mais ça décrit bien la situation. Étant épuisée, la logique naturelle aurait voulu que je dorme, et pour ça il fallait un lit. Comme tout le monde le sait, les laboratoires scientifiques en sont malheureusement dépourvu. Sauf pour les savants divorcés. Mais ça s'appelle un lit de camp. Ou un canapé. Je m'égarai. Mon cerveau battait la campagne et mon regard restait rivé sur lui. Vito. Je ne sais pas ce que je fixais précisément. Son visage. Ses mains. Ses poils de bras. Je sais seulement que mon regard froid était empli de jugement, froid et calculateur. Je ne l'avais que rapidement jaugé à l'extérieur. Ici, j'obtenais la possibilité de l'évaluer, en long, en large, en travers, en diagonale, en courbe hyperbolique ...
Vito Vargas
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Mer 30 Juin - 8:27
« All I know is that to me You look like you're havin' fun ; Open up your lovin' arms, Watch out, here I come. »
Pas une once d’étonnement dans le regard de la jeune femme à l’annonce de mon nom. Il fallait croire qu’elle m’avait reconnu avant même que ma présentation ne fût faite, ce dont je fus flatté – ma réputation avait dû me précéder, une fois de plus. Aucune surprise donc, mais l’ombre de ce qui ressemblait à de l’amusement exécuta une danse fugace dans les iris de la scientifique. Un sourire joua avec mes lèvres ; elle avait beau faire montre d’un talent certain pour faire taire toute expression sur ses traits, elle manquait encore de pratique pour faire de même en ce qui concernait ses yeux. Ses pensées les plus intimes miroitaient dans cet océan d’encre, ne demandant qu’à être cueillies par un soupçon d’attention.
Ma nouvelle amie ne me fit pas l’honneur de répondre tout de suite. C’eût été se montrer polie, et peu de gens désiraient l’être avec moi. Toute particulière que la scientifique fut – ou se voulut –, elle n’échappait pas à cette règle universelle, mais je ne m’en formalisai pas, étant moi-même du genre à taper sur les tronches et m’exprimer ensuite seulement. Je décelai dans cette absence de réaction une discrète provocation qui manqua de peu de me faire ricaner. Ah, elle était mignonne, la pupuce ! J’avais beau être un con, je n’étais pas crétin au point de saisir la perche qu’elle me tendait.
Voyons plutôt voir ce que tu as dans le ventre, ma mignonne.
D’un geste qui portait l’empreinte de l’habitude, elle libéra sa chevelure. Le chignon donna naissance à un univers de boucles brunes qui vinrent caresser ses épaules et disserter à propos de la nuit sur ses reins. Je fus le témoin satisfait de cette métamorphose : l’être sévère, vieilli avant l’heure, avait cédé sa place à une créature humaine, resplendissante de jeunesse et de vie. Ce physique à deux facettes, l’une douce et l’autre tranchante, n’était pas pour me déplaire dans sa dualité qu’un rare raffinement caractérisait. Oui, moi qui ne supportais pas les bourges, j’étais séduit par cette allure d’aristocrate, son mépris non dissimulé pour ma personne. Je souris un peu plus largement. L’emmerder, à ce rythme, risquait d’être plus simple que prévu.
Quelques mots, presque un murmure, portés par une voix aux accents aiguisés, franchirent la barrière de ses lèvres.
« Quelle perspicacité. »
Oh, oui. Beaucoup plus simple que prévu. Elle n’en révélait rien mais il était clair qu’elle n’appréciait pas d’être prise pour une conne, même par une petite frappe de mon acabit. Tu étais jolie, tu étais riche d’argent et d’intellect, et tout devrait d’être dû ? Mais ça ne fonctionnait pas comme ça, ma mignonne. Pas avec moi, du moins. J’allais me faire un plaisir de jouer avec les nerfs de la scientifique jusqu’à obtention d’une réaction qu’aucun mécanisme bien réglé ne contrôlerait. De disséquer ses manières pour cesser de l’observer au travers d’un labyrinthe de miroirs. Et puis, merde, ‘fallait bien tisser des liens avec ses collègues de travail.
« Travailler, j'en doute. Quant à la gêne ... »
Elle jouait les mystérieuses. Encore. Ca me convenait. Il y avait les riches, les prétentieux, les méprisants, les intellects supérieurs mal employés, les belles gens, les mystérieux. Et ceux qui trouvaient le moyen de cumuler toutes ces qualités, comme l’oiseau rare à qui cette soirée désœuvrée m’avait mené. D’autant plus que son envie de me claquer le beignet la poussait à balancer des conneries : pourquoi serait-elle venue ici, si ce n’était pour bosser ? A la base, j’avais moi-même pris le chemin du QG du GDP pour juger du nombre de rapports de mission qu’il me restait à taper avant d’avoir comblé un fragment de mon retard, et même si cet espoir vain m’avait fait entreprendre une toute autre quête, c’était bien le boulot qui m’avait attiré ici. J’en conclus que la demoiselle devait avoir fait une apparition dans le monde du commun des mortels en passant par la porte de la fatigue …
La scientifique ne m’aimait pas et je pressentais qu’elle aurait préféré se retrouver seule, mais ces quelques mots, jetés sur le miroir du silence, furent tout ce que j’obtins de sa part. Ca, et un regard scrutateur qui se prolongea tandis qu’elle me détaillait sans but précis – avec intensité, cependant elle le faisait de façon détachée, comme si elle n’en avait rien à foutre. J’étais là, elle ne le voulait pas mais elle n’allait pas se battre pour me mettre à la porte. Ou alors, elle s’imaginait que son attitude fermée allait suffire à me repousser.
Pupuce, mon nom ne t’est pas inconnu mais tu ne sais rien de moi.
L’idée de passer un quart d’heure à nous fixer dans le blanc des yeux, en chiens de faïence, ne me posait pas de problème. J’étais un habitué de ces petits duels de volonté ; donc, loin de moi un quelconque malaise alors qu’elle me passait au crible avec l’arme sombre de ses pupilles. Mais ça manquait cruellement d’intérêt et d’inventivité. A ce jeu, on allait vite finir par s’ennuyer. Alors, je me mis en mouvement et m’approchai de son bureau, réduisant la distance qui me séparait d’elle à quelques centimètres seulement.
Elle était assise, aussi la dominais-je de toute ma taille ; je m’emparai d’une liasse de papier traînant sur son lutrin et la parcourus prestement du regard. J’y reconnus des rapports de missions, des traités scientifiques signés de la main de la jeune femme – Elissandre Hell. La clarté se promena sur l’émail de mes dents largement dévoilées : ainsi, c’était elle, Elissandre Hell. « Mademoiselle H. »
Les écrits étaient subtils, bien rédigés ; parfaits pour tout dire … Je les balançai par-dessus mon épaule, dans un concert de froissements.
« Tss, sifflai-je. Ne me dis quand même pas que tu comptais passer ta soirée sur ces trucs-là. Au fait, Eli’ ; j’ai su que tu étais partie en mission aujourd’hui. A ton air constipé, j’dois comprendre quoi ? Que ça s’est pas bien passé ? »
Elissandre. Eli’. C’était bien plus mignon.
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Elissandre Hell
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Mer 30 Juin - 11:50
L'amusement se le disputait à la colère. Quoique colère était un bien grand mot. Je dirais plutôt un léger agacement. Oui, il était agaçant. Et dans plusieurs sens du terme. Quoique prévisible, un détail parvint à me surprendre. Son plaisir. On peut avoir plaisir à me regarder. Il l'avait. On peut avoir plaisir à me chipoter. Il l'avait également. Mais de là à apprécier ma présence ... Peut-être ne suis-je pas capable de tout cacher, mais lui, s'estime suffisamment au dessus des lois pour ne rien masquer de ses sentiments. Les gens ne m'aiment pas c'est un fait. Et quitte à avouer l'absolue vérité dans toute sa splendide laideur, ça m'arrange bien. Les gens qui vous aiment deviennent trop rapidement des parasites. Toujours à chercher votre compagnie, à vous suivre partout, acquiescer à tous vos propos et s'arranger pour aimer les mêmes choses que vous ... que ce soit pour faire semblant ou aller jusqu'à s'en convaincre eux-mêmes. Des sangsues. Je leur suis reconnaissante de ne pas chercher ma compagnie. Il faut dire que je mets toujours un point d'honneur à faire fuir n'importe-qui le plus vite possible. Mais dans le cas présent, je sentais que ça ne serait pas une mince affaire. Dans sa fierté d'être original, Vito aurait plutôt eu tendance à faire tout le contraire de ce que je voudrais. Et plus je l'aurais fait chier, plus il m'aurait collée. Conclusion: Mauvais plan. Mais c'était pas pour ça que j'allais me laisser faire. Envoyer les importuns sur les roses était un automatisme, et je fus surprise de découvrir que j'étais capable de réfréner une habitude si bien ancrée aussi rapidement et facilement.
Alors que je m'auto-congratulais, il vint prestement se poster devant moi, me dominant ainsi de toute sa hauteur chevelue, espérant sûrement m'intimider. La suite confirma mon intuition. Un petit sourire en coin scotché à ses lèvres minces, il captura d'une main leste une pile de papiers négligemment éparpillés sur mon bureau. Il en survola rapidement les quelques premières pages, tout en continuant de me surveiller du coin de l'oeil. Comme si j'allais bouger, tiens ! C'était tellement plus drôle ainsi. Il se tenait si proche de moi, que je pouvais sentir la chaleur émaner de son corps. C'était presque à se demander comment une chose si fine pouvait encore faire office de radiateur. Alors que son parfum épicé, sans être capiteux, commençait à parvenir à mes narines, il lança les rapports par dessus son épaule, dans un mouvement tout aussi théâtral que le bruit que le papier fit en bruissant. Une feuille réfractaire prit l'air en sens inverse et dans un élégant looping, effectua un parfait demi-tour pour venir se poser sur ma main. Je posai dessus un regard plein de gratitude. Elle venait d'ajouter une touche de ridicule à la petite scène que me jouait ce cher Vargas. Cette fois-ci franchement amusée, je revins poser les yeux sur lui. J'abandonnai mon visage de marbre statufié pour un sourire narquois. Son regard s'était éclairé à la lecture de ces inutiles documents. Il me connaissait donc de réputation, et venait d'apposer un visage sur mon nom.
« Tss. Ne me dis quand même pas que tu comptais passer ta soirée sur ces trucs-là. Au fait, Eli’ ; j’ai su que tu étais partie en mission aujourd’hui. A ton air constipé, j’dois comprendre quoi ? Que ça s’est pas bien passé ? »
Pour la première fois depuis longtemps, j'eus envie de rire. La fatigue devait sûrement y avoir sa part de culpabilité, puisque d'ordinaire, ce genre de situation m'aurait mise hors de moi. Décidément, ce jeune effronté était amusant. Un petit comique même, je dois dire. Un comique physiquement intelligent. La pensée que ce n'était pas uniquement physique m'effleura l'esprit. Je choisi de ne pas l'oublier, sinon je risquai probablement gros. Mon sourire s'élargit. Sur ce coup-là, je lui faisais une fleur, et j'espérais qu'il l'apprécierait à sa juste valeur. Je n'allais tout de même pas lui faire le plaisir de sortir de mes gonds. Tout en lui n'était que provocation. Sa posture, sa position par rapport à moi, son regard, ses cheveux, ses fringues, l'expression indécrottable de son visage. Une vraie gueule de con.
« Parce-que ta mission s'est bien passée peut-être, Vito ? »
C'est clair, il m'agaçait - je disais donc - dans plusieurs sens. D'abord parce-qu'il le faisait exprès. Il s'amusait comme un petit fou à essayer de me troubler ou de me mettre sur les nerfs. Je ne dirais pas que me donner un surnom était une mauvaise idée en soi, lorsque l'on poursuivait ses buts. Il était le premier à s'y risquer, et plus que jamais, c'était agaçant. Mais pas comme je l'aurais imaginé. Plutôt parce-que ça m'amusait. Il était divertissant dans sa désinvolture et son goût du risque. Ou pseudo goût du risque. Car au fond, il savait très bien qu'il ne risquait pas grand chose face à moi, puisqu'il n'avait pas peur des mots, ni des regards noirs. Je regardai à nouveau ses yeux brillant de malice. Qu'il arrive à me dérider m'agaçait profondément. Il était ridicule.
Vito Vargas
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Ven 2 Juil - 18:50
« Another clever word Sets off an unsuspecting herd, And as you get back into line A mob jumps to their feet … Now dance, fucker, dance ! »
Un sourire narquois, auquel j’offris sa parfaite réplique, se peignit sur les traits d’Elissandre Hell – ces lèvres dont la robe carmine appelait aux baisers. Une modification de son expression, enfin. C’était ce que je souhaitais, la voir s’animer, quitter le rôle de statue de glace qu’elle s’était octroyé dans l’espoir d’impressionner son monde. Puis, quand je lui parlai, il se passa quelque chose. Comme une explosion, un feu d’artifice silencieux ; les éclairs nés de ce dernier illuminèrent les commissures retroussées de la scientifique. Et je ne vis plus qu’elles, ces ondes nouvelles qu’elle émettait … Des ondes joyeuses. Bien sûr, ce n’était pas là une vraie joie, ou plutôt c’en était une sauf qu’elle ne partait pas d’un bon sentiment. Peu m’importait ; Mademoiselle H était descendue de son piédestal, et cet exploit c’était à moi qu’elle le devait.
Comment était-ce ?, voulais-je l’interroger. Bizarre ? Douloureux, peut-être ? Après tout, avec ce sourire, il était à supposer qu’elle devait se découvrir des muscles dont elle n’avait jusque là pas douté qu’ils pussent exister. Quant à son mépris, il était une vague de chaleur que j’accueillais à bras ouverts – oui, j’allais à sa rencontre plutôt que de la laisser me heurter de plein fouet, me balayer comme elle le désirait sûrement. Ce qu’elle pourrait m’envoyer à la gueule, je trouverais la force de le lui réexpédier au centuple. Parce que ça ne m’atteignait pas, Eli’.
Le temps reprit son cours pour laisser à la scientifique la possibilité de parler :
« Parce que ta mission s’est bien passée peut-être, Vito ? »
Tiens, voilà qu’elle pesait ses mots, qu’elle réfléchissait. Elle avait fait le vœu d’effleurer la réalité des méandres de mon esprit, s’avançait sur le lac glacé. Le pas était prudent, la surface glissante. Je ne pouvais l’ignorer, elle prenait un plaisir manifeste à me retourner mes sarcasmes, mais de façon mesurée, à la frontière de la neutralité, car non seulement elle savait que je n’attendais que cela mais qu’en plus je n’étais pas le premier con venu. Enfin, si, d’une certaine façon, mais pas n’importe quel con.
Contact visuel dans le suspense exhalé par sa question. Nouvelles ondes, étincelle dans ses yeux – petite, mais j’y voyais déjà un feu à qui j’allais offrir un combustible de rêve. Amusement teinté – aha ! – d’agacement. Elissandre Hell ne m’aimait pas. Moi, je l’emmerdais. Elle se fichait comme d’une guigne de ma personne mais, dans le même temps, mon comportement l’insupportait et je pressentais qu’elle s’interrogeait quant à la meilleure conduite à tenir avec moi. Allons donc ! Etait-ce que cette petite soufflette sur sa fierté l’avait perturbée ? Alors que j’étais encore loin d’avoir piétiné celle-ci, atteint ton équilibre ?
Pupuce, il y a un truc que tu devrais déjà avoir saisi : ce qui fait la grandeur de Vito, c’est l’acide que sa présence seule suffit à saupoudrer, de flocon en flocon, sur les nerfs de son interlocuteur. ‘Fin, si tu n’as pas encore compris, tu vas le découvrir très bientôt parce que j’ai décidé, dans mon immense bonté de sale type, de t’apprendre que le sol dans lequel tu croyais avoir enterré tes nerfs est rongé par l’érosion. Une érosion nommée Vargas.
Je pris conscience, soudainement, d’être au bord de la surexcitation. J’étais le gamin au pied du sapin le matin de Noël lorsqu’il découvrait la pile de cadeaux à son nom, le sourire débile du gosse qui mettait en route un jeu neuf dans sa console, le mec au chômage qui avait touché le jackpot au Loto. Bref, je tenais mon nouveau jouet et je ne comptais pas le lâcher, parce qu’il fallait dire que je m’amusais bien, pour un voyou que seule la came de bonne qualité était censée pouvoir distraire.
Je m’assis sur le bureau de la scientifique, face à elle, parfait exemple de tranquille nonchalance. L’idée d’appuyer mes bottes sur ses genoux me traversa le cerveau ; je la repoussai, d’une pichenette mentale. Je m’en serais trop voulu d’en être réduit à toucher un textile de bourges. Mes yeux entamèrent une lente remontée du corps de mon vis-à-vis, pour s’attarder sur la mèche sombre, unique, venue balayer son visage comme pour la défier. Je choisis de briser la quiétude de la sphère de la jeune femme ; mes doigts s’emparèrent des capillaires rebelles et, d’un geste qui ne fut qu’une seule caresse, je la glissai derrière son oreille.
Nos peaux s’effleurèrent. S’affrontèrent. La sienne n’avait pas que la texture et l’apparence de la porcelaine, constatai-je, elle en possédait aussi la température. Pas de surprise de ce côté-là, cependant. C’était même plutôt chouette, il allait falloir que je me souvinsse de cette astuce si, une nuit, je finissais par avoir trop chaud. Je rétractai ma main avec satisfaction. Ce n’était qu’une impression, mais j’aurais juré que la demoiselle n’était pas une fervente partisante des contacts physiques et j’allais me lâcher.
« Mais c’est qu’elle a un sacré truc à compenser, la fifille à papa, mmh ? »
J’avais susurré. Une fois de plus, j’étais mielleux et poli. C’était dingue l’effet qu’elle me faisait, elle. Il était donc tout naturel de ma part de vouloir remonter au pourquoi du comment de cet arrière-goût sublimant le plaisir que je pouvais tirer de cette rencontre – une démarche toute scientifique. J’avais décidément très envie d’éprouver ses limites …
J’aime pas les aristos, pupuce. J’aime pas les pétasses débordantes d’autosuffisance. J’aime pas les fringues dont on n’a même pas besoin de voir l’étiquette pour savoir qu’elles sont hors de prix. J’aime pas les collègues. J’aime pas les gens d’une façon générale. Mais pour toi, Elimimi, je crois que je vais faire une exception, parce que tu m’amuses déjà. Et maintenant, danse !
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Elissandre Hell
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Sam 3 Juil - 9:10
« You're something beautiful A contradiction I want to play the game I want affliction »
Curieux. Avide. Son jugement se précisait et les indécisions cédaient leur place à un contentement non feint. Étrange de se savoir ainsi étudiée, comme une mouche dans une cage de verre qui ne voit qu'un oeil gigantesque agrandi par une loupe qui lui brûle les ailes. J'étais captivée de même, et je n'en menais pas large. Je me sentais comme le papillon qui, stupidement, se cogne contre l'ampoule chaude comme l'enfer sans pouvoir aller à l'encontre de ses réflexes dont la nature l'a doté. J'étais un insecte, mouche ou papillon, ça n'avait plus d'importance. Je me brûlais déjà les ailes.
Ses yeux étaient de braises. Il me dévorait littéralement du regard, comme si ma simple vue aurait pu lui donner les clés de tous mes secrets. Pourquoi les gens tiennent-ils tant à savoir ? La connaissance rend fou. J'aurais pu lui dire, dans l'espoir que mes mystères le torturent, mais cela aurait été lui donner de nouvelles armes et il semblait qu'il en possédait déjà suffisamment. Et mon instinct me soufflait que ce genre de torture était vaine contre Vito-tout-puissant. Tout en lui illustrait l'élan de l'homme qui vit pleinement. Et en cet instant, cet élan était freiné, par une hésitation toute réfléchie. Pendant une fraction de seconde, il douta du comportement à adopter. Assis à quelques centimètres de moi, me dominant de son torse presque frêle, d'un air pseudo nonchalant, ce cher Vargas désirait avancer dans ses découvertes, brûlait d'établir un semblant de contact, mais ne savait comment s'y prendre. Pourtant, rapidement sa décision fut prise, même s'il ne l'appliqua pas immédiatement. Reprendre le contrôle de soi, maîtrise parfaite d'une attitude créée de toute pièce. -Qui caches-tu donc sous cette assurance, Vito ? Le calcul des différentes conséquences possibles de ses actes avait été soigné. Cédant à son impulsion, son envie irrépressible de s'approcher de la bête sauvage que j'étais, toujours plus près, il tendit sa main vers moi. Je ne bougeai pas d'un cil. Déjà immobile, je devins de marbre, raidie par la surprise et l'incompréhension. Qu'est-ce-qui peut bien pousser un homme tel que lui à tant chercher à toucher une femme telle que moi ? Je sais que l'étonnement se lisait dans mes yeux. Il semblait au bord de l'explosion. Pourquoi ? Je ne savais pas. Je préférais ne pas savoir. D'un geste sûr et bref, il captura une mèche de cheveux rebelles derrière mon oreille.
Le temps suspendit sa course. L'action ne prit qu'à peine quelques secondes, pendant lesquelles l'éternité s'invita. Un frisson me parcourut. Un combat de volontés s'engagea dans mon esprit. Le terrasser ou le laisser. Douleur ou délice. Nos peaux se touchaient, et la sienne me brûla presque tant il bouillait. Une part de moi souhaita plus que tout le repousser. L'autre aurait voulu que jamais cela ne cesse. Je fus abasourdie de découvrir que de telles pensées m'appartenaient, et la folie intérieure qui soufflait en moi créa un sifflement à mon oreille qui me vrilla les tympans. Douleur. L'instant prit fin.
C'était comme s'il ne s'était rien passé. Il pouvait deviner des choses mais il ne devait pas savoir et je devais oublier. Oublier ce qui se cachait en moi. Sa main réinvestit sa place initiale. Son sourire se fit mesquin. Il préparait une saloperie et elle allait tomber. Je me préparait au pire. Ce fut encore pire.
« Mais c’est qu’elle a un sacré truc à compenser, la fifille à papa, mmh ? »
En cherchant à me faire exploser, il brûla d'un coup toutes ses chances de me voir éclater de colère. La violence rejetée déserta ma conscience, comme le sang fuit un visage sous le coup d'un choc. J'étais pâle. Je devins fantomatique. Il avait voulu être acide, méchant et gamin, il avait dépassé toutes ses espérances sans même s'en rendre compte. Son imbécillité crevait littéralement le plafond. La flamme dans mes yeux s'éteignit. J'étais froide. Je devins glaciale. J'aurais pu ne pas réagir mais en un sens, je tenais à le satisfaire.
Lentement, je me levai. Il était si grand, que même assis, je ne le dépassais que de peu. Mais c'était amplement suffisant. Il voulait du contact ? De la proximité ?
-Les voici mon ange cruel. Sur un plateau d'argent.
Je m'approchai jusqu'à presque effleurer son nez du mien. Il brûlait toujours. Ma main gauche posée comme appui près de sa cuisse, je caressai sa gorge fine de ma main droite. Mon regard se durcit. Ma prise aussi. Mes ongles s'enfonçaient dans la chair tendre. J'approchai mes lèvres de son oreille et glissai de mon murmure le moins audible possible:
« Mon père est facile à compenser. Et toi tu compenses quoi, Vargas ? »
Vito Vargas
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Dim 4 Juil - 7:41
« She’s my cherry pie ; Cool drink of water, Such a sweet surprise, Taste so good ! »
Lorsque j’y repensais, j’étais surpris de l’acuité avec laquelle la jeune femme m’avait analysé en retour avant que je ne lui parlasse. Elle m’avait regardé avec cet air que nous autres scientifiques arborions face à un sujet d’étude particulièrement intéressant dans les aptitudes dont il faisait montre : calme en apparence, accablée sous son crâne de réflexions suivant une logique bouillonnante de possibles. Mais je ne me fiai pas à cette première impression – il y avait autre chose, conclusion limpide dont le contenu l’était moins. Car cette fois-ci, je peinai à saisir toutes les subtilités dans le vol du papillon des pensées d’Elissandre dans ses iris. Je jugeai celui-ci erratique et il me sembla qu’elle ne devait pas plus comprendre que moi la raison des émotions qui l’assaillaient, soldats impavides focalisés sur le désordre qu’ils étaient chargés de semer en elle. Pas étonnant, dans cette optique, que je fusse laissé sur le carreau.
Toute à ses pensées, la scientifique perdit le combat l’opposant au frisson qui l’avait parcourue lorsque je l’avais effleurée. A moins qu’elle n’eût tout simplement oublié de lutter. Quant aux conséquences nées de mes mots, elles furent aisées à déchiffrer : l’espace d’un instant, oui, j’étais parvenu à la déstabiliser, elle qui se voulait aussi immuable que le temps. Non, c’était bien plus qu’une perturbation passagère ; Eli’ n’était pas passée loin d’exploser. Il apparut que les paroles que j’avais lâchées sur la toile blanche de son esprit avaient fait plus que de maculer cette dernière, elles l’avaient transpercée, tel un jet d’acide sur une surface friable.
Je fus tenté de me mettre à rire. Tenté. J’étais trop captivé par le spectacle auquel j’assistais, film dirigé par un réalisateur expert en rebondissements de toute espèce. Car mon interlocutrice avait changé. Elle n’était plus la personne dont l’impassibilité m’avait accueilli dans ce laboratoire : je pouvais presque visualiser la crête de la vague dévastant le calme intérieur qu’elle s’était imposé. Et mes paroles étaient les coupables innocentes de cette évolution, c’était un fait. J’avais de quoi être fier, conclus-je mentalement tandis que le peu de sang que j’étais parvenu à faire monter à ses joues les désertait.
Okay. Papa = corde sensible dont il fallait savoir jouer. Je retiens cette info, pupuce.
Mademoiselle H dut capter que le voile derrière lequel elle dissimulait ses états d’âme s’agitait un peu trop dans la brise, car elle mit fin à ses mouvements désordonnés en s’animant elle-même. Elle se leva, corps frêle gainé par l’élégante noirceur de ses vêtements et sa colère. Même assis, je demeurais plus grand qu’elle mais cela ne l’empêcha pas de s’avancer à son tour sur ma personne. Une main atterrit sur le noyer du bureau, non loin de ma cuisse ; l’autre prit la charmante initiative de s’envoler pour caresser ma gorge. Et soudain, ses ongles cessèrent de ne faire qu’effleurer ma carotide – ils s’arrimèrent sur la chair la protégeant, comme prêts à appliquer une morsure dont je sus qu’elle distillerait un venin des plus mortels.
Elle approcha son visage du mien, ses lèvres de mon oreille pour y glisser un murmure :
« Mon père est facile à compenser. Et toi tu compenses quoi, Vargas ? »
Ce que je compensais ? Bonne question, qui n’avait malheureusement pas de réponse car son existence n’était pas justifiée. J’étais juste trop parfait pour avoir à compenser quoi que ce soit parce que, ma mignonne, Vito Vargas était de ceux dont la classe intersidérale pouvait être considérée comme leur unique défaut. Mais ça, c’était une vérité que son ouïe sensible n’était pas encore assez mûre pour en assumer l’écoute.
Je profitai de la proximité de la jeune femme pour la détailler, se servant de celle-ci comme d’une loupe pour examiner de plus près certains détails que j’aurais désormais pu toucher du doigt si je l’avais voulu. Ses yeux, en particulier, me fascinaient ; vides de toute émotion positive, en amandes, ils étaient sublimes avec leurs longs cils. Ce fut là une redécouverte du visage d’Elissandre, de son corps, de son enveloppe charnelle toute entière, avant qu’une prise de conscience ne me frappât alors : Elissandre Hell n’était pas seulement belle, elle était séduisante. Superbe.
Elle n’avait décidément de l’enfer que le nom, à moins que ce ne fût là un autre de ces pièges qu’elle tendait aux éventuels interlocuteurs … Parce qu’elle était chiante, la mignonne, avec ses dehors qui cachaient mal sa personnalité glacée, son attitude fermée, son avarice de mots. J’aurais dû la détester. J’aurais dû la haïr. Mais non, je me sentais juste attiré. Je priai cette attraction de n’être que physique, car sinon, j’étais dans une sacrée merde. Tu es un joli petit monstre, Elimimi. Malheureusement pour toi, je t’aime bien, et je ne sais pas pourquoi.
Je pris un air espiègle, un de ceux que je réservais à l’appétit de l’instant précédant un acte vitesque. Exacte réplique des agissements de la scientifique, j’écartai du bout des doigts une mèche de cheveux de son oreille, libérant ainsi l’accès à cette dernière pour mes lèvres, qu’un large sourire étirait.
« Ce que je compense ? J’en ai une toute petite. Ah, là là … Si tu savais comme c’est dur à assumer jour après jour. »
Bien sûr, c’était faux. Mais il fallait lui faire comprendre que j’étais loin de la prendre au sérieux, qu’il faudrait bien plus que de beaux yeux pour m’envoûter totalement. Sans lui laisser le temps de réagir, je déposai mes mains sur ses hanches, indifférent à leur finesse aphrodisiaque ; dans le même mouvement, je la forçai à reculer alors que je me levais, sans la lâcher. On aurait pu croire que j’allais la gratifier d’une danse, d’une étreinte ou d’un baiser, sauf que je n’allais pas lui faire cet honneur – du moins, pas tout de suite.
« Allez, Elimoche, je vais pas te laisser passer la nuit ici à névroser, même si j’aurais adoré continuer à discuter de ton papounet avec toi. Tu viens avec moi, que ça te plaise ou non ; j’connais un coin sympa, tu vas pas kiffer. Hop ! »
Joignant le geste à la parole, je la pris sur mon épaule, usant de ma prise pour la soulever sans la moindre difficulté. Je calai son corps d’une main ferme, presque étonné de la sentir aussi légère dans mes bras. Elle n’était pas bien épaisse, et quand on y accordait une petite réflexion, c’était tout aussi bien, puisque nous avions un morceau de route devant nous. Indifférent aux gesticulations de ce petit bout de femme, je fis volte-face et quittai le laboratoire sans prendre la peine d’éteindre la lumière baignant celui-ci. Nous nous retrouvâmes dans le couloir que j’avais arpenté à la suite de ma nouvelle amie ; je le remontai, prenant en sens inverse le chemin nous ayant menés jusqu’ici. Un membre du GDP, technicien de son état, se trouvait sur mon trajet. Il écarquilla les yeux, interdit, alors que je passai devant lui, mais me connaissait suffisamment bien pour ne pas se permettre le moindre commentaire.
Nous parvînmes bien vite dans la ruelle où cette aventure avait commencé. Désormais, il faisait nuit et la seule clarté nous parvenant était l’éclairage timide que dispensaient les lampadaires, comme s’ils hésitaient à révéler au monde les silhouettes entremêlées du duo que nous formions. Je me mis immédiatement en marche, certain de la direction à emprunter puisque l’endroit où nous nous rendions avait été le théâtre de nombre de mes nuits blanches – un lieu que j’appréciais au moins autant que la tranquillité d’un labo.
Les rues se succédant pour apparaître de plus en plus fréquentées, à nos ombres fusionnées s’ajouta bientôt la présence d’un nombre croissant de badauds. Des regards bizarres étaient lancés sur ma cargaison mais je m’en foutais : ce n’était pas comme si quelqu’un allait oser faire une remarque, car quand il semblait que Vito Vargas s’était déniché une victime, on se contentait généralement de se satisfaire de ne pas être à la place de cette dernière. Enfin, j’atteignis mon objectif, à savoir l’enseigne dérobée d’un bar en particulier parmi le panel d’établissements animant le Quartier Obscur. Le nom n’était pas indiqué mais je le connaissais, en client fidèle … « Au rassemblement ».
D’un coup de pied, je repoussai l’un des battants de la double-porte. Celle-ci n’allait pas sans faire penser à celles que l’on pouvait observer dans les westerns et, à leur façon, elle s’éclipsa pour nous céder un passage dans lequel je m’engouffrai. Et l’atmosphère du bar nous happa ; nous disparûmes d’une rue, mais c’était pour mieux réapparaître en un lieu où l’alcool déliait langues et pulsions, révélait les caractères pour faire de ceux-ci les meneurs des conversations, remplaçant ainsi ces faux-semblants que j’abhorrais.
Le bar n’était pas grand, une cinquantaine de mètres-carré tout au plus. Il était organisé selon un rectangle dont le côté opposé à l’entrée abritait un comptoir mis en valeur par quelques guirlandes lumineuses. En pratique, l’on ne pouvait pas dire que l’endroit était très lumineux, car seules quelques ampoules frayaient un chemin à un éclairage tamisé, intime ; il irradiait pourtant de cet établissement une lueur très spéciale, comme si la seule assiduité de ses habitués et des barmen suffisait à allumer une étincelle plus chaleureuse qu’aucun autre feu. Et finalement, c’était là la première pierre de l’ambiance s’étant faite notre hôte pour la soirée. Celle-ci ne faisait que commencer, d’où la petite dizaine de clients établis au gré des tables rondes qui occupaient l’espace. Ils étaient rassemblés en petits groupes, réunis par les verres cristallisant amitiés, convivialités et autres sourires des rencontres d’un soir, en compagnie d'un bon vieux rock pas encore très fort. Je m’avançai, circulant parmi ces silhouettes que je connaissais pour la plupart ; à peine avais-je effectué la moitié du chemin me séparant du comptoir qu’une voix s’éleva. Féminine.
« Yo, Vito ! On te manquait déjà depuis hier, beau gosse ? »
Je souris. C’était Graziella, la barmaid. Avec son mari, Enzo, elle tenait le Rassemblement. Je les connaissais tous deux du temps où nous étions enfants. Nous avions grandi ensemble, et ils avaient fait partie de ma bande de voyous jusqu’à la dissolution de celle-ci, après que la signature de mon contrat avec le GDP m’ait conduit à Milan. Eux et moi, nous avions gardé le contact ; si j’avais connu ces termes, j’aurais pu parler du couple comme de mes deux meilleurs amis et j’avais apprécié qu’ils s’établissent dans le coin pour monter leur commerce. L’âge ne nous avait pas éloignés, au contraire …
Je parvins au comptoir et déposai avec précaution Elissandre Hell sur l’un des sièges. Je pris place à côté d’elle, nos jambes se touchant presque, pour retourner un signe amical à Graziella, laquelle ne cessa pas un instant de s’affairer parmi les verres et les bouteilles. C’était une jolie rousse, avec de beaux yeux noisette, plutôt grande pour une femme. Elle était bien constituée et se faisait un plaisir de ne porter que des tenues mettant en valeur ses courbes généreuses – ce soir, c’était un haut bleu, au décolleté plongeant, accompagné d’une jupe à la teinte plus sombre. J’étais plutôt fier de la compter parmi mes ex. Nous étions sortis ensemble l’année du bac, avant que mes études de médecine ne me poussent à rompre, par manque de temps à consacrer à cette jeune fille que j’appréciais mais dont je n’étais plus si amoureux. Depuis, nous étions en bons termes.
Mais ce soir, ce n’était pas avec elle que j’avais envie de parler.
« B’soir Grazie », lui lançai-je, avant de me tourner vers Elissandre Hell. Je lui adressai un sourire, curieux de voir comment elle allait réagir, mise au pied du mur. Je lui tapotai la main. « Bon, commande ce que tu veux, Mademoiselle H. Tu peux te lâcher, c’est ma tournée. Et puis, mon compte en banque n’a pas grand-chose à craindre … Mais si, je t’assure, ça m’fait plaisir. »
Dernière édition par Vito Vargas le Ven 13 Aoû - 17:07, édité 2 fois
Elissandre Hell
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Mar 6 Juil - 10:01
« Let’s grow old together And die at the same time »
Je ne sais pas ce que je m'étais figurée au moment où je m'étais approchée de lui, mais je n'avais pas imaginé qu'il m'emmènerait ailleurs. Je me suis assez peu débattue, sachant pertinemment que c'était vain. Mais il y a bien une chose dont j'étais totalement sûre. J'étais fichue. Et pas au sens où on l'entend en premier lieu. Pas question de le montrer, j'allais pas me laisser faire sans me débattre un minimum. J'allais le faire plonger en même temps que moi. Si je m'en sortais pas, moi non plus. Sa réponse me laissa de marbre. C'était nul, malvenu et petit. Je ris intérieurement de ma petite joke.
Il faisait frais dehors. Mais la brise fraîche sur mon visage était agréable et m'aida à me remettre les idées en place. En place mais à l'envers vu que j'étais positionnée la tête en bas et avais une vue plongeante sur les fesses de Vito. Les fesses c'est pas mon fantasme mais je les avais bien en vue. Pas ma faute. Mes bras pendaient devant moi et j'avais même du mal à éviter de les toucher. En plus ses cheveux me chatouillaient les narines. Ça pense avoir la classe, alors ça balance une fille sur son épaule en imaginant que ça donne un air cool et dominateur mais en fait c'est profondément ridicule. Et les cheveux vraiment, ça cassait complètement l'effet. J'éternuai. Il me tint plus fermement.
-Vas-y, tâte donc mes cuisses mon mignon, on en reparlera.
Nous ne marchâmes pas longtemps. Enfin lui, avec moi sur le dos. Une vraie mule ce mec décidément, et il ne faisait rien pour me donner tort. Nous pénétrâmes dans un lieu saturé de chaleur ou l'odeur de sueur se mariait élégamment à celle de l'alcool.
-Je la sens bien cette soirée tiens.
Il me déposa par terre, délicatement le voulu-t-il. Ça ne m'empêcha aucunement d'être décoiffée et d'avoir l'air totalement débraillée. Je réajustai mon pantalon, puis levai la tête afin de lui jeter un regard noir. Sans se départir de son sourire consciencieusement travaillé à être enjôleur, il salua la barmaid et me proposa de commander. Mes yeux le fixaient d'un air blasé par dessus la monture des mes lunettes. C'était un test.
« Genre, tu crois p't'être que j'bois pas. »
-Bouffon
« Un White Lion »
-Tous les chemins mènent au rhum. Ambré, jus de citron, sirop d'orgeat, sirop de framboise. Celui-là si ils l'ont pas, j'me casse.
Voilà. Vito commençait déjà à avoir une mauvaise influence sur moi. Décidément, il faisait vraiment trop chaud dans ce bar de péquenots. Je retirai ma veste pour ne garder que ma fine chemise blanche. Elle était un peu déboutonnée en haut, mais je n'allais pas faire ma prude. Je choisi d'ignorer un instant Vargas en attendant mon cocktail. Tapotant le comptoir de mes ongles manucurés, j'en profitai pour parcourir l'endroit des yeux. Glauque, merdique. Mais sombre, c'est un bon point. La musique aussi était pourrie, à l'image du reste. Rien d'étonnant à ce que l'imbécile qui m'avait amenée ici s'y sente à son aise. Je me désintéressai des autres clients pour me tourner à nouveau vers ce qui allait être mon compagnon de soirée. D'un côté, il n'avait pas tout à fait tort. Peut-être avais-je besoin de me détendre un peu.
« Alors Vargas, dis-moi tout. On fiche quoi ici ? C'est là que tu viens pour dégotter un mec pour ta soeur ? »
Vito Vargas
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Jeu 8 Juil - 9:31
« Whatcha doin' ? I'm spendin' time Whatcha doin' ? Got my last dime Catch a fast babe, I'm gonna try »
J’aurais dû apporter mon appareil-photo, en fait. Parce que la tête que Mademoiselle H. tirait actuellement devait pouvoir valoir plusieurs centaines d’euros sur la toile. Alors que cette tanche avait eu la chance d’être pressée contre mon corps, elle affichait l’air de celle qui vient de mordre dans un citron loin d’être arrivé à maturité. Entre outre, le petit voyage que je lui avais imposé avait fait de son brushing et du repassage de ses fringues un lointain souvenir ; encore un peu et on aurait pu croire qu’elle avait passé plusieurs jours d’affilée vautrée sur un banc dans un jardin public. Quant à la contenance qu’elle fit mine de se rendre en lissant les plis de son pantalon sur ses cuisses, je la jugeai touchante dans le malaise qu’elle voilait mal.
Jusque là, tout se passait pour le mieux, en fait. Elimoche ne me supportait pas, l’envie de me coller son poing dans la gueule la démangeait très sérieusement, mes manières de connard bravache l’emmerdaient au possible et elle avait un sacré caca nerveux en gestation. D’ailleurs, mon sourire abruti devait la desservir dans ses rêves de violence. Cette fille avait beau être un canon, elle n’avait que trop pris goût à l’illusion de supériorité qu’elle pensait détenir sur son entourage ; la renvoyer dans ses vingt-deux allait être de ces challenges que l’on priait le destin de nous apporter. D’une façon générale, les nanas dans son genre, bardées comme elle de prétention au point d’en finir handicapées socialement parlant, c’était une plaie qu’il était bandant de rouvrir, de triturer jusqu’à deviner plus qu’on ne voyait le sang gicler. Il fallait savoir fouiller un peu et l’on tombait soudain, comme par magie, sur une pièce de collection que l’on allait pouvoir mettre à profit.
Et moi, dans tout ça ? Je ressentais quoi, passée la joie d’être très certainement le seul connard capable d’écorcher sa fierté, d’avoir échu du rôle de Némésis de Mademoiselle H. ? Ca me faisait mal de l’avouer, mais je n’étais pas certain de la réponse. Plus encore que la science, la came et l’alcool, plus que le sexe et le bordel dans mon existence, j’étais amoureux de tout ce que je pouvais comprendre, analyser, disséquer pour en saisir la plus subtile des nuances. Or j’en étais arrivé à un stade où l’outil au centre de tous ces plaisirs égoïstes paraissait échapper à mon contrôle – mon esprit, ce soir émoussé par l’entrée dans ma vie d’une pétasse de première classe. Elle était qui, elle, d’abord, pour se permettre de foutre en l’air mon équilibre ?
Elle, ducon, c’est celle que t’as choisi de coller. Arrête de t’la jouer genre tu te plains, tu te fais du mal ; t’es bien content d’être là, non ?
Non. Enfin, si. Peut-être. J’en sais rien. Ta gueule. Voilà, ta gueule. Mais c’était vrai, je m’amusais pas mal. Sans doute un peu trop pour quelqu’un qui ne s’était lancé dans cette épopée que pour saupoudrer d’emmerdes la soirée d’une collègue de travail inconnue au bataillon de ses relations … A la base, je n’avais suivi cette fille dans son labo que pour faire connaissance. C’était-à-dire lui imposer ma présence, ne pas écouter ce qu’elle avait éventuellement à me dire, lui foutre sur la gueule, mater un bon coup si la marchandise présentait un quelconque intérêt, mais rien de plus. Sauf que non, ç’aurait été trop facile, tant et si bien que les événements s’étaient enchaînés, virevoltant en une danse des plus excitantes, sans que je pusse véritablement retrouver pied dans cette merde. Les relents de celle-ci, toxiques, s’étaient fait un plaisir de me monter à la tête. D’ouvrir une faille dans la carapace que j’avais voulue immuable. De m’enivrer avant l’heure d’un alcool que je découvrais.
C’était précisément ça que j’avais du mal à capter. Qu’est-ce qu’elle avait de si spécial, cette nana ? Elle était loin d’être conne, pour commencer, et ça me changeait agréablement des poufiasses que je pouvais croiser. Toutefois, ce détail ne pouvait à lui seul influencer la pulsion me dictant de la coller comme je le faisais ; à cela, il fallait ajouter qu’elle était l’heureuse détentrice d’un esprit torturé, semblable à ceux que j’adorais. Ces gens-là, c’étaient des psychopathes latents, de jolies petites bombes à retardement. A propos de bombes, Elimoche en était une, justement. Une belle face de poupée glacée, un corps sculpté dans des délices propres à attirer regards comme mains baladeuses. De quoi aiguiser le désir de plus d’un homme.
Inconsciente des pensées que je lui vouais, la scientifique me retourna un coup d’œil fat, doublé d’un sourire sexy plutôt que carnassier.
« Genre, tu crois p’têtre que j’bois pas. »
Pas vraiment, non, en fait. J’étais même plutôt certain qu’elle avait derrière elle une belle expérience des différents alcools que pouvait offrir le monde. Seulement, les bars n’étaient pas tout à fait le décor dans lequel mon imagination l’aurait plantée pour jouer de sa descente. Cette fille, je la visualisais plutôt en robe de soirée, décolleté plongeant, cheveux relevés d’une fleur mortuaire, invitée aux soirées huppées d’un château ; coupe de champagne en main. Avec un nobliau pour lui faire la cour du haut de sa montagne de fric. Ouais, c’était ça. Il irradiait d’elle une espèce d’aristocratie détestable, un truc qui la faisait détonner dans l’établissement où je l’avais conduite. Pas tout à fait le genre de meuf à rejoindre le commun des mortels dans un bouiboui où les boissons étaient vendues moins de dix euros les vingt centilitres.
Je ne répondis pas. J’étais pensif. Et puis j’avais une main à empêcher d’aller glisser en des territoires défendus. Eli’ passa commande d’un White Lion, choix qui n’aurait pas dû me surprendre. La puissance du rhum, les rondeurs entêtantes du sucre et de la framboise, alliées à la note relevée du citron … C’était tout à fait elle. Etonnant de constater que les cocktails que l’on aimait le plus finissaient par trahir ce que l’esprit le plus affûté ne parvenait pas toujours à exprimer de façon simple et succincte. Ne s’arrêtant pas là, ma compagne se débarrassa du fourreau de sa veste, dévoilant une chemise de lin qui mettait en valeur plus qu’elle ne dissimulait.
« Alors Vargas, dis-moi tout. On fiche quoi ici ? C'est là que tu viens pour dégotter un mec pour ta sœur ? » demanda la scientifique, avec une brusquerie qui tranchait sur son caractère.
J’ai dû me figer, mais je n’en étais pas sûr. Graziella, face à moi, eut un petit hoquet. Ce dernier fut peut-être ce qui sauva la jeune femme à mes côtés d’une baffe accidentelle.
« Gin-tonic pour moi, Grazie. Avec une dose de Gin personnalisée », lançai-je, fidèle à mes habitudes. « T’as encore besoin de préciser, beau gosse ? Et ça marche pour toi, mamz’elle – un White Lion. D’ailleurs, c’est qui cette fille, Vito ? Ta nouvelle copine ? »
Je ricanai, amusé par cette idée. A mon tour, j’ôtai mon manteau. J’avais troqué l’éternelle chemise blanche pour une noire, qui contrastait joliment avec la cascade d’argent de ma chevelure, mais pour l’heure, je m’en foutais un peu ; je tendis le bras pour en orner les épaules d’Elimoche, avant de l’attirer contre moi. Merde, elle sentait bon, en plus. De son côté, voyant que je ne répliquais pas, Graziella était partie préparer nos boissons de son pas sautillant.
« C’est ça, Grazie, c’est ma nouvelle copine », lâchai-je à mi-voix.
Graziella revenait déjà et posa les deux cocktails sur le comptoir, avec ce faisant un regard dubitatif pour notre couple. J’offris un large sourire au Gin-tonic, m’en saisissant de ma main libre. En vérité, la seule envie m’étreignant le cœur en cet instant était celle de balancer le contenu de mon verre à la gueule de cette connasse. De laisser mes doigts remonter jusqu’à sa gorge, de les sentir se saisir de sa chair tendre afin de lui imprimer une morsure létale. D’amener ma lame dans la danse, aussi. C’aurait été bien. L’acier aurait chanté, moissonné son corps pour reconfigurer l’espace qu’il occupait. Y’aurait eu du sang, un cri unique, l’éclat d’une larme ; j’aurais clos le spectacle de mon rire avant de m’éloigner, artiste criminel abandonnant sa dernière œuvre à l’appétit des corbeaux.
Je n’en fis rien. Je me contentai d’ingurgiter une gorgée d’alcool, avec l’idée que j’aurais dû prendre un truc plus fort. Du Fernet Branca, de la vodka. Un bon demi-litre de Gold Strike, même. 50% alcool, 50% bonne humeur. Graziella, après ce qu’elle venait d’entendre, me l’aurait sans doute offert.
N’empêche, Elimoche. Je doutais qu’elle sût que j’avais une sœur, elle devait jouer à l’aveugle. Le fait était que j’en avais non pas une, mais deux – jumelles qui plus est. Si je haïssais la première et ne lui accordais que rarement le privilège d’une pensée, c’était le visage de la seconde qui m’était venu à l’esprit lorsque la scientifique avait balancé sa pique. Oluchi, Ol’ … Cette gamine était un trésor de bienfaits. Une petite perle, dans le monde d’où je venais. Du haut de ses vingt-deux ans, elle faisait à l’heure qu’il était son possible pour réussir en fac de médecine, à mon instar. Elle était un peu niaise, plutôt fragile, très douce, pleine d’empathie. Rien à voir avec son connard de frère – je l’aimais, c’était incontestable. Et cette poufiasse qui se donnait le droit de parler d’elle en ces termes …
« Ma sœur, Elimoche, elle t’emmerde. Tu remarqueras que tes conneries m'ont foutu en pétard, mais j'ai pas l'impression que c'est pour les mêmes raisons que ce qui t'a fait tirer cette gueule quand j'ai mentionné ton papounet, tout à l'heure. N'est-ce pas? »
A mon tour de lancer les dés.
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Elissandre Hell
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Ven 9 Juil - 6:25
« Don't give the ghost up just clench your fist You should have known by now you were on my list »
Alors que je retirai ma verste, je ne pu que remarquer son regard glisser sur moi. Clairement il profitait su spectacle. Il n'avait pas tort. Pas sûr que je lui en laisse à nouveau l'occasion. Ou alors si. Mais seulement pour m'amuser. Ses yeux brillaient de convoitise et pour être franche c'était plaisant. Comme si mon ego n'était déjà pas assez sur-dimensionné, cela eut pour effet de le regonfler encore un peu. Et au vu du bilan de la journée, je ne pouvais que l'accepter avec grâce. Finirait-elle peut-être bien mieux qu'elle n'avait commencé après tout. Je ne savais même pas ce que j'espérai. De l'amusement surtout. De la découverte encore.
Enfin. J'avais enfin touché un point sensible. Je sentais l'air frémir autour de nous, tant l'air se chargeait d'électricité. Je pouvais encore entendre la corde de mon arc imaginaire vibrer, ainsi que la flèche plantée juste sur ce petit point, en Vito. Il n'était pas exempt de faiblesses, comme tout un chacun. Il suffisait juste de savoir ou appuyer. Je venais juste de mettre la main sur un levier. Inutile d'en abuser, je le comprenais aisément, mais en temps voulu, je savais qu'il me serait utile. Il me fallait juste savoir être patiente. Et la patience ne figurait pas parmi mes difficultés.
La colère cédait progressivement sa place dominante à la curiosité et l'excitation. Derrière ce froid mur d'assurance et d'indifférence, il y avait quelque chose de bien plus intéressant que Vargas ne le laissait paraître. Je sais bien que je me laissais entraîner dans son jeu à présent, mais tout en sachant que je ne pouvais pas m'en empêcher, ce n'était pas seulement sa manipulation qui avait eu raison de ma résistance. Quelque chose de plus profond était à l'oeuvre et même si je ne comprenais pas tout, je tenais à aller jusqu'au bout. Pour savoir.
« Gin-tonic pour moi, Grazie. Avec une dose de Gin personnalisée »
Sa commande me surprit. Du Gin-tonic. J'aurais imaginé quelque chose d'un peu plus fort. -Un homme tel que toi tout de même Mais je préférai en rire sous cape. Je le ressortirai à l'occasion. Là ça ferait ridicule après l'avoir chambré sur sa soeur. D'ailleurs, sur ce point, j'apprenais au moins une chose. Il avait une soeur. Peut-être même plusieurs. J'étais tellement focalisée sur mes pensées analytiques comportementales, que je failli manquer la remarque de la barmaid. Sa nouvelle copine ? Cela le fit rire. Moi j'aurais plutôt penché pour compagnons de beuverie et chercheurs mutuels d'emmerdes. Mais copine c'était tellement plus évident au fond. Il entra dans son jeu. Je savais inutile de le démentir. En plus d'être ridicule, cela aurait grillé toutes mes chances d'en découvrir plus. Peut-être. Peut-être pas. Une idée malsaine vint m'effleurer l'esprit, que j'écartai d'un revers de main rageur.
-Sois pas conne Eli. Tu vaux mieux que ce déglingué.
Peut-être refusais-je simplement d'admettre que je voulais tout bêtement pas démentir la barmaid. Je ne dis pas que je souhaitais que cela soit cas. Loin de là.
-Dieu auquel je ne crois pas et ne croirais jamais, préservez-en moi.
Non évidemment, je ne le voulais pas. Je ne voulais jamais ce genre de trucs stupide. Et encore moins avec cet imbécile. A nouveau je me perdais en pensées idiotes. Mon regard revint se poser sur lui. Il suivit le mouvement en retirant son manteau. A mon grand étonnement – et ravissement eu-je du mal à l'admettre – il portait une chemise noire. Classe. Très classe. Bien plus que le blanc d'ailleurs. Le contraste avec ses cheveux était saisissant. La lumière totalement repoussée et embellie par ceux-ci, parallèlement aspirée par l'obscurité envoûtante du vêtement me subjugua un court instant. C'était à mon tour de le reluquer, et je n'en étais pas fière. Pourtant, comment aurait-il me en être autrement.
Mais voilà que je devenais presque amicale et ouverte, qu'il passa e bras autour de mes épaules, s'en servant presque comme d'un accoudoir. -Il y a des limites à mon ouverture connard. Je lui décochai un regard peu amène, voire carrément méchant et dégoûté, ce qui ne le découragea nullement puisqu'il m'attira à lui. Je me crispai, la tête penchée dans une position inconfortable, puisque aussi éloignée de son visage que possible. C'est à dire, pas de beaucoup. Ce qui, immanquablement, m'amena à humer son parfum. Oui j'avais déjà été collée à lui, mais comme tous les mecs, il y avait assez peu de risques pour qu'il se parfume le cul. Le voici donc, son cou au plus proche que je pouvais le tolérer de mes capteurs olfactifs, m'étouffant de son parfum capiteux. Mais enivrant, certes. Mes yeux papillonnèrent sous le choc. C'était une odeur que je connaissais bien et une vague de souvenirs aussi agréables qu'à gerber me submergea. -Merde
Décidément cette journée était à inscrire dans les annales de la coupe-routine dont on se serait bien passés. Après une mission à chier, il fallait qu'un mec péteux insupportable au possible me tombe sur le coin du pif pour me rappeler à quel point j'avais tout foutu en l'air. Nos cocktails atterrirent gracieusement sur le comptoir face à nous. Vito s'empressa de saisir son verre, qui tangua, comme s'il hésitait à la direction à prendre. Mon visage, ou son gosier. -Achète toi un GPS, Vargas, ma tronche, c'est un cul de sac. Le liquide fait demi-tour. Je me mis à siroter nonchalamment mon verre tout en gardant un oeil sur mon voisin au bras encombrant. Il bouillait littéralement, les pensées s'entre-choquaient dans sa petite tête et j'imaginais très nettement les rouages tourner à plein régimes et la fumée lui sortir par les oreilles. Il cherchait une réponse adéquate à ma provocation, qui ne dévoilerait rien tout en ramenant le sujet sur ma petite personne. Une petite ampoule s'alluma au-dessus de sa tête, éclairant ses yeux d'un éclair d'intelligence sarcastique.
« Ma sœur, Elimoche, elle t’emmerde. Tu remarqueras que tes conneries m'ont foutu en pétard, mais j'ai pas l'impression que c'est pour les mêmes raisons que ce qui t'a fait tirer cette gueule quand j'ai mentionné ton papounet, tout à l'heure. N'est-ce pas? »
Gagné ! Demi-tour gauche la pique, droit devant sur moi. Des fois, j'suis trop forte quand même. Je ne répondis évidemment pas. Un sourire carnassier vint tenir compagnie à mon regard mauvais. Finalement, à trop insister, cela ne me faisait ni chaud ni froid. Après tout, je vivais avec ça depuis bien trop longtemps et y repenser n'était pas douloureux. Même plaisant je dirais. Je craignais à peine que mon secret fut mis à nu, tellement il était peu crédible. On enverrait à l'asile le premier qui oserait proférer contre moi des accusations aussi capillo-tractées. Bien sûr, inutile d'attirer Vito dans ce sens. Même s'il venait à le découvrir par je ne sais quel moyen de crâne d'oeuf avec des cheveux, il ne dirait rien. Je ne sais pas pourquoi, mais cette intuition devint une certitude. Il aurait pu y avoir plusieurs raisons à cela. ET malgré toutes mes hypothèses, je savais qu'aucune ne reflétait la réalité. Triste conclusion. A nouveau, j'étais dans l'impasse.
Je repoussai son bras, qui négligemment s'attarda sur le bas de mon dos, comme je m'y étais attendue. Je retirai mes lunettes et les posais près de mon verre, déjà à moitié vide et dont je m'empressai de tirer le niveau vers le bas. D'un imperceptible battement de cils, je le foudroyai de mon regard de succube.
« Tu te crois tout puissant, Vargas. Tu ne sais pas à qui tu te frottes. Si tu cherches les emmerdes, tu vas les trouver. On peut jouer longtemps à ce petit jeu. Alors, maintenant, tu vas me dire pourquoi tu m'as amenée dans ce trou à rats, histoire que ce soit clair. Si tu le sais, toi-même évidemment. »
Taquine, je posai un pied à terre, faisant mine de vouloir partir. Si la réponse ne me satisfaisait pas, je me cassais. Et j'espérais bien que ça serait le cas, juste pour voir si l'imbécile de service me suivrait ou pas. Tout ce qui m'intéressait, c'était de savoir où cette soirée débile allait nous mener.
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Ven 9 Juil - 14:28
« You're going to forget all about your killer instincts, oh You gotta get by on what they think that you can think of »
Oh, la frustration de sentir cette poufiasse jubiler. Elle ne faisait pas mystère du plaisir évident qu’elle prenait à se délecter du froid que sa pique avait jeté, et ça m’emmerdait. Encore un peu et j’allais finir par croire que c’était la première fois que le hasard la laissait profiter d’une remarque moins débile que les autres … En fait, je ne devais pas être loin de la vérité ; cette fille avait une grande gueule mais elle semblait plutôt du genre à se taire pour mieux observer depuis son piédestal d’autosuffisance. Tant et si bien qu’une fois dans l’arène, il était à craindre qu’elle en fût surprise au point d’en rester sur un silence évocateur. Je la voyais mal s’élever pour abattre un ennemi en usant de plus d’un regard assassin, prendre les armes pour achever ce à quoi ses yeux auraient échoué.
Jusqu’à ce soir. Jusqu’à notre rencontre. Je ne comptais pas dans le lot d’hommes que le contact seulement visuel des ténèbres pouvait tenir en échec, voire pousser à adopter une attitude défensive : j’étais un prédateur, un squale que les échanges les plus brûlants excitaient autant que le simple fumet du sang. Ca éveillait en moi l’envie repousser au possible mes instincts de tueur, m’incitait à courir au heurt recherché par mon vis-à-vis, et généralement, ça finissait mal. Pour lui. Chercher Vito Vargas revenait à l’inviter à vous approcher en catimini, pour vous gratifier d’une frappe létale dans la nuque ; Elissandre, elle, m’avait non pas enjoint à la matraquer mais supplié, amenant sa prière par des touches que l’on ne pouvait qualifier de subtiles. En constatant qu’elle ne pouvait m’intégrer à une catégorie de connards conventionnelle, elle avait pris la mouche et enfin, elle lâchait la bride à l’acier de sa langue.
Dans l’optique où je parvenais à mes fins, à savoir la mettre assez en rogne pour révéler son amour de la poésie, c’était une bonne chose. Voire excellente. Subir ses petits tours de passe-passe pour tenter de réduire mon armure en charpie, beaucoup moins, et j’avais du mal à me figurer pourquoi. J’étais de fait le premier à avoir jugé brillant de tatillonner du côté de la famille, de jouer de la corde du passé pour immiscer ce dernier dans notre pièce de théâtre ; Elimoche n’avait fait que récupérer une carte utilisée au préalable. Un coup dans le vide. Pour une scientifique, elle ne faisait pas montre de beaucoup d’inventivité, songeai-je. C’était petit, mais ça avait eu le mérite – ou le seul point positif – de fonctionner. Désormais que la vue de l’hémoglobine, ce fluide sucré, avait empiété sur la marge que j’imposais à la réalité de mon entourage, je me retrouvais comme pris au piège de ma folie. Résultat, je crevais d’envie de lire dans ses entrailles l’avenir lépreux de cette gonzesse mais c’eût été là lui conférer un droit de veto sur mes réactions, aussi court fut-il.
Notre conversation n’est pas une danse, c’est un duel à mort. L’un provoque l’autre, celui-ci répond au quart de tour, et déjà il se trouve assailli. Pas le temps d’avoir peur, juste celui de songer au plaisir que l’on peut retirer d’une blessure infligée à la chair ennemie. Ton petit cœur, en particulier, attire mon attention. Il est moins vide que tu ne le croies, princesse de mes deux.
Ses yeux riaient de sa plaisanterie, susurraient à mon esprit qu’elle n’était pas prête d’abandonner le filon. Elle était fière. Néanmoins, ce n’était pas là tout ce que je notais dans sa posture ; faussement détendue, elle avait adopté le maintien en retrait de ceux qui craignaient un retour de bâton. Donc, elle n’était pas totalement conne. Il semblerait qu’elle m’avait peut-être même mieux cerné que ce que j’avais soupçonné au premier abord mais cela, loin de l’avantager, la contraignait à maintenir une barrière de sécurité entre nous, dernier rempart d’elle à moi avant que je ne lui fondasse dessus.
Intéressant. Que craignait-elle, cette nana ? Dissimulait-elle plus aux regards qu’elle ne voulait bien le laisser entendre ? Je soupçonnais depuis le début qu’il n’y avait pas que le personnage bien léché qu’elle s’était constitué et qu’en creusant parmi les décombres, j’allais pouvoir mettre le doigt sur un éclat d’or oublié par le temps. Evidemment, elle n’aurait pu trouver plus aguicheur que ses dehors mystérieux pour m’inciter à assigner à ma personne le rôle de fossoyeur. J’aimais ça, fouiner au milieu des tentures de l’âme, à la recherche d’un détail, même infime, susceptible d’insuffler une dimension nouvelle aux relations. Pour comprendre. Pour savoir. Pour le plaisir de lorgner au-delà de ta belle gueule. Puisque c’était si gentiment demandé, je n’allais pas me priver, c’eût été faire preuve d’impolitesse … J’allais briser tes défenses, user de ta réserve comme d’un tremplin jusqu’aux noirs secrets que recelait ton cœur, Elimoche.
Peut-être était-ce ce qui la poussait à se méfier de moi. Mon attitude de connard, mon empressement à l’idée de la percer à jour et de pénétrer ses défenses, et ça – de savoir que je ne faisais pas que prétendre à cet exploit, que j’en étais également capable. Tout du moins fut-ce ce que je compris de la rigidité de ses muscles alors que je l’avais attirée tout contre moi, de la tension dans ses frêles épaules, des regards assassins qu’elle se hasardait à lancer. Telle une gamine observant à la dérobée le grand ponte d’une organisation douteuse, hésitante quant à l’attitude à tenir.
Toutefois, elle dut comprendre que notre proximité physique n’était qu’un atout pour moi dans ma quête d’informations, aussi me repoussa-t-elle. Son air dégoûté ne me trompa pas un instant, j’avais parfaitement saisi la teneur de l’œillade dont elle m’avait récompensé après que j’eus ôté mon pardessus. Je n’ignorais pas, du reste, être plutôt agréable à regarder ; mon corps n’avait rien à envier à celui d’un autre et mes traits avaient inspiré plus d’un sentiment avenant aux gonzesses que je pouvais croiser. Ainsi, l’admiration que je portais au physique d’Elimimi était réciproque … Loin d’en profiter, elle n’hésita pas à chasser le bras établi sur ses omoplates avec une prestance digne d’éloges. Ma main glissa d’elle-même le long de son échine, avec en guise d’adieu une ultime caresse sa descente de reins, celle-là même qui m’obnubilait depuis que j’avais aperçu la jeune femme.
J’allais me fendre d’une remarque vaseuse quand soudain, Eli’, après avoir infligé des dommages à son cocktails, abandonna ses lunettes. Immédiatement, elle opposa à mon regard inspiré l’éclat des joyaux que les montures dérobaient à l’observateur lambda et je fus saisi, une fois de plus, par la beauté nue de ses iris de nuit, fleurs volatiles. Ma première pensée fut qu’elle semblait bien plus humaine ainsi, la seconde se destina au fruit carmin de ses lèvres, tant et si bien que bientôt plus rien d’autre n’exista pour moi. Putain, cette fille était une plaie sur le palais, un poison dont les effets ne sauraient s’estomper avant de m’être frayé un accès jusqu’à l’antidote. Toxique dans toute sa grâce, jusqu’au bout des cils.
« Tu te crois tout puissant, Vargas. Tu ne sais pas à qui tu te frottes. Si tu cherches les emmerdes, tu vas les trouver. On peut jouer longtemps à ce petit jeu. Alors, maintenant, tu vas me dire pourquoi tu m'as amenée dans ce trou à rats, histoire que ce soit clair. Si tu le sais, toi-même évidemment. »
Oh, si, je savais à qui je me frottais. Il manquait encore quelques éléments au puzzle mais l’image que notre « petit jeu » dépeignait commençait à présenter à ma vue un schéma non seulement alléchant, mais aussi décryptable. J’avais fini par me faire une idée plus ou moins complète des leviers sur lesquels il allait me falloir tirer pour obtenir à souhait une réaction, un rire ou une gifle de sa part. Et merde, ça, c’était jouissif, presque autant que les pensées que mon imagination nourrissait à l’égard de la scientifique en cet instant. Quant aux raisons qui m’avaient poussé à la conduire au Rassemblement, je n’étais pas loin de pouvoir me targuer d’y avoir arrêté un nom … Je bus une gorgée de gin.
De son côté, la sirène mit pied à terre, si l’on pût dire. Le message était clair : si ma réponse ne la satisfaisait pas, le seul responsable des derniers instants de présence qu’elle offrirait au bar serait son White Lion entamé. Mon sang ne fit qu’un tour, mon intellect fournit une solution à l’énigme qu’elle avait cru m’imposer, et je fis pivoter la base mobile de mon siège vers la jeune femme, avant de quitter à mon tour ce dernier. Appendice dont le guide n’était nul autre que l’instinct, ma main courut sur le satin de son bras, effleura sa clavicule pour crocheter la courbe de son menton. Je laissai mes doigts s’y arrimer ; je saisis l’occasion pour l’attirer à moi et, dans le même mouvement, j’approchai mon visage du sien.
Eternité qui s’invite, battements de deux cœurs qui s’affrontent. Mes lèvres capturèrent les siennes, violant de leur douceur cette invite aux étreintes. Et je l’embrassai, plaquant de ma main libre, posée sur sa hanche, son corps contre le mien, prolongeant chaque caresse d’une autre toujours plus langoureuse. Une mèche noire jouait avec ma joue, se mêlant presque au rideau de brume nous séparant du monde. Et brusquement, je mis fin au baiser que j’avais décidé de lui donner, sans la lâcher pour autant – elle demeura captive de mes bras. J'avais hâte de voir sa tronche.
« Honnêtement, j’ai ma petite idée sur la question, Elimoche. A toi de me convaincre que tu es digne d’intérêt, même si t’as pas l’air d’être une tendre avec ceux qui t’approchent. »
… Oui, une désignation s’était avancée pour l’ombre de mon comportement. Douce fragrance du nom de désir.
« Kiss me while I'm still alive Kill me while I kiss the sky »
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Elissandre Hell
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Ven 9 Juil - 16:07
« Darling don't you see I can't be satisfied Until I hold you tight »
Ses yeux. Ce sourire. Je sentis instantanément sa crainte de me voir partir. A nouveau, les rouages de son esprit s'enclenchèrent pour s'arrêter sur une solution d'urgence, celle du tout pour le tout. Alors qu'il quittait son siège, la course du temps vacilla. Toujours les doigts encerclant mon verre, l'autre main ballottant à mon côté au gré de mes mouvements, voire même des courants d'air, j'eus, pendant un instant qui sembla s'étirer à l'infini, tout le loisir d'observer son visage s'approchant de moi. Étrange vision que cet homme, qui se préparait à commettre l'irréparable, ou bien poussait le destin à accomplir l'inévitable. Ce moment suspendu entre deux dimensions temporelles m'interdit tout mouvement. Comme si la mort frappait à ma porte, je revis défiler quelques instants de ma vie. Mais ce n'était ni la mort, ni ma vie. Seulement la fin d'une chose pour donner naissance à une relation d'une toute autre nature, soit mortellement explosive, soit étouffante de sensualité. Et seulement des passages éclair de ses dernières heures, passées avec celui qui s'apprêtait à exaucer un souhait refoulé.
Premier regard. Mépris. Premier pas. Agacement. Premier mot. Colère. Provocation. Affrontement.
Mon esprit revint à l'instant présent, mais le temps suspendu refusait de revenir à une allure normale. Comme s'il voulait éviter le moment fatidique. Celui où tout basculerait, d'un côté, ou de l'autre. Je n'avais que vaguement conscience de ce qui m'attendait. Nouvelle incompréhension. L'expression de son visage était à la fois transparente et indéchiffrable. J'étais transportée et terrifiée. Inexplicablement, il me fallait toujours repousser tout ce qui s'approchait de moi, objet ou personne. Objet, logique, puisque ce sont rarement autre chose que des projectiles. Personne, plus souvent encore. Ils sont soit un danger, soit un boulet. Vito est un danger. La pomme empoisonnée. Le fruit défendu. Irrésistiblement mortel et délectable. Et j'étais probablement la même chose pour lui.
L'homme qui à présent me faisait face, me dominant légèrement, m'apparut alors comme mon double masculin. J'étais la mante religieuse qui avait trouvé le seul mâle capable de lui résister, voire de lui rendre la pareille. Lui démon, moi succube. Le temps perdit enfin son élasticité autour de nous. C'était à présent ce qui nous entourait qui fut suspendu. Tourbillon existentiel de deux êtres que rien ne liait encore quelques heures auparavant. Tout cela aurait pu ne jamais se produire. Si j'étais rentré chez moi. S'il avait fait de même. Si ...
Mais non, nous étions bien là. Peut-être crut-il un instant que j'opposerais une résistance, même minime. J'en fus incapable. De part ce que je venais de voir et comprendre. Aussi parce-que mes muscles refusaient de répondre aux injonctions violentes de mon cerveau. Peut-être également parce-qu'aussi dur à admettre cela fut-il, je ne le voulais pas. J'imaginais les particules d'air fuir l'espace séparant nos deux corps, invitant nos visages à la rencontre inévitable. Je sentais dans son assurance la peur refoulée d'être repoussé. Ce qui le poussa immanquablement à affirmer sa prise. Sa main couru le long de mon épaule, découvrant ma peau au niveau du cou, il me saisit le menton, comme si j'allais m'enfuir. Ou disparaître dans un nuage de fumée. -T'attends quoi. Le déluge ?
Trop pressé de parvenir enfin au but ultime, comme si mes lèvres étaient un trophée, il ne prit même pas le temps de déchiffrer mon regard. S'il l'avait fait, peut-être aurait-il été moins surpris par la suite. Il bouillait littéralement, comme si me faire mourir par la chaleur était une option. Il était entièrement consumé, abandonné à son attirance, ne trouvant le réconfort que dans notre étreinte et le mariage de nos lèvres. Sa respiration bloquée, il ne trouva le courage que d'inviter l'air à entrer en lui qu'une fois l'orage passé, après avoir dévasté le paysage de nos barrières. Ce n'était pas la longueur de notre étreinte brisée qui nous essoufflait. Seulement le doute et la crainte de la réaction de l'autre. Il jugea malin de masquer son désir derrière un masque d'indifférence et une remarque sarcastique à la dernière mode Vithon.
« Honnêtement, j’ai ma petite idée sur la question, Elimoche. A toi de me convaincre que tu es digne d’intérêt, même si t’as pas l’air d’être une tendre avec ceux qui t’approchent. »
Oui, indubitablement, il s'attendait à une nouvelle tempête, de colère cette fois. Ou alors une froide indifférence élégamment accompagnée d'un départ dans le mépris le plus total. -Tu ne le vois pas, mais ton mur est aussi bousillé que le mien. Tu vas me le payer.
Et, chose impromptue et irréfléchie, je me jetai sur lui, telle une tigresse, et enserrai le haut de sa chemise de mes griffes. Faisant valser nos verres au passage, je le poussai en arrière, contre le comptoir, et lui rendit fougueusement son baiser de pucelle.
« M'imaginer sans intérêt est une erreur, Vargas. »
Gracieusement, j'attrapai ma veste qui avait valsé dans la sensuelle bataille et fit volte-face.
Vito Vargas
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Ven 9 Juil - 20:17
« ... So hold me when I'm here, Right me when I'm wrong, Hold me when I'm away & love me when I'm gone »
Une faille dans l’espace-temps. Un putain de piège.
Je ne regrettais rien. Ni cette rencontre, ni mon entêtement devant les tentatives d’Elimoche pour me repousser, ni l’intuition qui m’avait soufflé de la conduire dans mon bar favori. Ce baiser moins encore. Ce soir, j’aurais pu choisir d’ignorer la présence de la scientifique, de lui claquer au nez la porte de l’entrée du QG ou même de ne pas passer par la case locaux du GDP et filer directement au Rassemblement. J’aurais pu, d’un claquement de doigts, rompre la fragile membrane séparant le fluide vital de la jeune femme de l’air environnant. L’éventrer, lui faire ravaler sa prétention en même temps que ses viscères et congeler les restes pour les fins de mois difficiles. Ou passer à côté d’elle sans noter le moins du monde sa présence carnassière.
Néanmoins, on pouvait refaire le monde avec des « si », mais refaire ce con de Vito demeurait purement hypothétique. J’étais fier de n’avoir jamais cru au destin et aux dés qu’aurait jetés à notre place un être au-dessus de notre compréhension ; toutefois, ce soir, pour la première fois de ma vie, je doutais. Et j’en arrivais à une conclusion des plus déplaisantes. Ces histoires de libre-arbitre, c’étaient des conneries. Une illusion promise au rôle de briseuse de rêves comme de cœurs. De couilles, aussi, à l’occasion. On pouvait choisir qui on était, forger de ses mains le moule destiné à receler son âme, accumuler les connaissances nécessaires pour tracer une voie à son futur. On pouvait fuir ou affronter la présence d’un être que l’on ne supportait pas, buter ses parents, loger une balle entre les yeux de la voisine, embrasser une inconnue, casser la gueule d’un type lambda. Mais s’il était bien une chose dont on ne décidait pas, c’était du temps
Pas la météo. L’écoulement du temps, non plus. C’était notre position dans les flots de celui-ci, ces courants qu’une main invisible guidait pour nous ballotter, fétus de paille férus d’aventures, que nous ne pouvions déterminer de notre seule volonté. On nous jetait à la surface de la Terre sans nous demander notre avis, on se retrouvait forcé de faire avec son époque, d’user comme l’on pouvait des rencontres avec nos contemporains. Oh, on pouvait fixer ses limites, souligner d’un hochement de tête notre envie de figurer dans la fresque du présent, raviver d’un mot les teintes de cette dernière ; mais de là à croire que nous pouvions en tracer les contours, il y avait un monde. On était là, point barre. Que ce fut parce qu’on avait le cul bordé de nouilles ou qu’on avait été bercé trop près du mur, on était là.
C’était ce qui s’était passé aujourd’hui. Une mission bancale, soldée par un échec que mon ego n’avait pas digéré ; un enculé de policier pour nous diriger et le château de cartes que nous avions peiné à bâtir s’était écroulé, soufflé par une bourrasque, faisant des préparations et des beaux discours le portrait d’un revers. Puis un retour, un pénible trajet jusqu’au berceau de mes rêves de succès. L’envie de taper dans un mur, de bousiller des boîtes crâniennes. Et elle était apparue, régalienne de mépris, vautrée dans une supériorité presque aussi entêtante que sa beauté glacée. A quelques secondes près, nous nous serions ratés et elle ne serait jamais restée qu’un nom dépourvu de visage.
C’est là, au milieu de tout ce foutoir, que la logique a disparu. Le bon sens aurait voulu que j’échappe à cette inexorable percée dans mon existence. Le bon sens, ça aussi c’est de la merde bonne à basher, un truc de con d’utopiste. S’est ensuivi ce qui s’est ensuivi, selon un schéma à qui seul un hasard nébuleux avait dicté quoi faire.
Ainsi en étions-nous rendus là, elle dans mes bras, bercés par l’émotion d’un baiser qui semblait couler de source. J’avais encore dans la bouche la saveur de ses lèvres, à laquelle s’était mêlée l’agressivité de l’alcool – cocktail aphrodisiaque, baiser-passion, baiser-poison. Une heure plus tôt, j’aurais trouvé ridicule l’idée de gratifier d’une telle étreinte une pétasse comme Mademoiselle H, une fille qui ne pouvait qu’être née de l’union de la banquise et du ciel. A son contact, il m’avait semblé trouver un exutoire à l’incendie couvant en moi depuis l’instant où je l’avais aperçue ; dans cette coalition, j’avais découvert que l’attraction entre nos deux corps était réciproque.
Sans être un glaçon, j’avais du mal à imaginer que je pusse me révéler aussi sensible et assoiffé d’une gonzesse comme elle. C’était une conne. Une péteuse qui ne s’assumait que trop, un monstre d’autosuffisance, une saloperie de bourge drapée d’états d’âme. Je l’observai, profitant de la course figée du temps pour capturer dans ses yeux le reflet de mon incompréhension, spectateurs que nous étions de notre propre déchéance. Je la contemplai en tâchant de reprendre mon souffle, partagé entre mon désir d’oublier que l’air m’était nécessaire pour vivre et l’envie de risquer un arrêt cardiaque en plongeant de nouveau dans l’ivresse de ses lèvres. Tu dis de la merde, vieux. Je n’avais pas retiré assez de ce baiser ; à en croire le choc avide qui jouait avec ses traits, le souvenir de la résistance qu’elle ne m’avait pas opposée, elle non plus. C’était ça, le désir vache ? L’entrelacs pervers de pulsions que tout opposait ? Le murmure de la haine mêlé à une soif que rien ne pouvait étancher, si ce n’était un plongeon dans le bordel dont un soi-disant dieu, connard négligeant, nous avait fait don ? Il fallait croire.
La réaction d’Elimoche se faisait désirer. A moins que les secondes ne se fussent étirées pour rabaisser au rang d’insecte la douceur de l’éternité. Cette fois-ci, je l’avais prise de court ; elle n’avait pas su imposer à ses traits leur costume habituel, et je sus qu’elle n’en menait pas large non plus. Mieux, c’était une forme de désir que je percevais dans la raideur s’étant emparée de son corps. Il semblait que la même vague brûlante balayait nos esprits, presque aussi synchronisée que les battements confondus de nos cœurs. Plaqué contre elle, je pouvais sentir le sien cogner dans sa poitrine, curieux de la géhenne qu’il imposait à sa propriétaire, tel l’écho étouffé de la gigue contre mes côtes.
Moi qui avais craint un rejet, je peinais à digérer un succès de tout éclat. C’était ridicule. C’était con. C’était pathétique. C’était de sa faute. Pétasse, même pas capable de résister à la classitude de Vito.
Et enfin, un contrecoup de la part de la scientifique. Pas le retour de bâton que j’avais escompté. En fait, ce fut une furie qui se jeta sur moi, ses serres arrimées du plus fort qu’elle le pouvait au col de ma chemise, usant de cette dernière comme d’un tremplin pour atteindre mes lèvres avec toute la puissance qu’elle serait capable de déployer. Ca m’arrachait les tripes, mais je ne m’étais pas attendu à ça. Sous l’impact, désarçonné, je perdis l’équilibre. Je basculai contre le comptoir sur lequel elle m’avait poussé, l’entraînant à ma suite sans que le choc perturbât le moins du monde la fougue d’un nouveau baiser. Derrière nous, des verres se brisèrent. Les nôtres, sans doute. Je m’en foutais. La main qui avait un temps immobilisé le menton d’Elimoche se coula dans sa chevelure, prolongeant d’une pression notre échange muet ; sa peau, dont la froideur m’avait d’abord étonné, brûlait désormais chacune des attaches que nous partagions. Mains, gorge, joue, lèvres et corps ; je sentais des étincelles circuler entre nous.
Putain, tu penses même de la merde ! Claque-la, tue-la, mais fais quelque chose, dégage de là ! T’es trop con pour capter ce qui se passe ou c’est le vide entre tes deux oreilles qui fait la grève, boulet ?
J’avais envie d’écouter cette petite voix. On appelait ça une conscience, je crois. Une sauterelle verte, qu’il paraissait, avec une saloperie de haut-de-forme, toujours prête à vous asséner des vérités qui vous emmerdaient. Mais avoir envie, ça faisait pas tout. Mademoiselle H. choisit de mettre fin à notre étreinte, se libérant avec la même brusquerie qui avait été la mienne un peu plus tôt. Encore un truc qu’elle me pompait, cette attardée.
« M’imaginer sans intérêt est une erreur, Vargas. »
Vargas. Putain, j’aimais ce nom. Surtout quand ses lèvres le modulaient, détachant soigneusement les consonnes de l’assonance sucrée des voyelles. Certaine de son petit effet, elle embarqua sa veste et fit demi-tour, avec la ferme intention cette fois de se barrer. Adossé au comptoir, les coudes appuyés sur celui-ci, je la regardai exécuter quelques pas, s’engageant déjà dans la pénombre du bar comme elle se serait drapée de sa dignité. C’était qu’elle était sérieuse, en plus ! Dans quel monde elle vivait, elle ? Qu’est-ce qu’elle croyait ? Qu’elle pouvait jouer les aguicheuses avant de se permettre de disparaître ? T’as été une pute dans une autre vie ou quoi ?
Je la laissai poursuivre son chemin jusqu’à la porte du bar, qu’elle repoussa avant de s’évanouir dans la nuit baignant Milan. Quelques clients me gratifièrent d’un ricanement qui se passait de commentaire. Là seulement, je m’autorisai à fourrager dans mes cheveux pour y remettre de l’ordre ; je me redressai, cédant au caprice de mes poumons pour un peu d’air. Je n’étais pas certain de la conduite à tenir. J’avais envie de rejoindre Eli’, de lui coller un pain et de l’abandonner dans une poubelle, mais ç’eût été lui accorder ce qu’elle voulait. J’étais sur le point de récupérer quand un objet étincela sur le comptoir, attirant mon regard. Bingo. Je m’en emparai avant de m’élancer vers la sortie, abandonnant mon manteau – Grazie le récupèrerait et me le rendrait plus tard, demain par exemple, si je ne revenais pas.
Quelques enjambées m’amenèrent bien vite à respirer l’air pur des rues noyées d’obscurité. La clarté des étoiles révéla non loin de moi la silhouette de la jeune femme, à deux ou trois mètres de là, toujours déterminée à s’éloigner du bar. J’éclatai de rire devant la défection de ce qui n’était ni plus ni moins qu’une froussarde, laquelle n’arrivait pas à gérer la gamine prude sommeillant en elle. Vraiment, c’était d’un risible.
« Hey, poufiasse, t’oublies tes culs de bouteille ! » l’apostrophai-je, brassant l’air de ses lunettes. Elle n’avait pas eu le temps d’aller bien loin. Je la rejoignis, désireux d’en découdre ; ma main se referma sur son avant-bras, la forçant à me faire face. « C’est quoi, ton problème ? T’as pas reçu assez d’affection de la part de papounet quand t’étais gosse alors tu nous fais un caca nerveux quand un con t’embrasse ? ‘Faut pas grand-chose pour te faire péter une durite, ma parole. »
Sur ces mots, je plaçai ses lunettes dans son décolleté, usant de l’une des branches comme d’une broche.
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Elissandre Hell
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Sam 10 Juil - 6:03
« Just because I'm losing Doesn't mean I'm lost Doesn't mean I'll stop Doesn't mean I will cross »
Le temps est traître. Et la vie est complice. Chute vertigineuse.
Quelques soient les sentiments contraires qui m'animaient, je savais avoir fait les plus beaux choix. La prise de risque ne faisait pas partie de ce qui m'arrêtait. L'important était de ne pas reproduire les mêmes erreurs qu'autrefois. Car il faut savoir apprendre de ses erreurs, n'est-ce pas. Pour ne pas les reproduire. Notre histoire n'est qu'un brouillon truffé de fautes, dont nous apprenons pour écrire le présent, sans défauts ni erreurs de jugement. Je ne me souciais même plus de laisser paraître ma peur et mon désir. A quoi bon à présent ?
Il me méprisait plus que tout, croyant mon déguisement aussi vrai que nature. Un jour, il saurait que ma prétention n'était qu'un mur, un piédestal duquel je pouvais observer sans jamais être touchée. Sauf que j'avais trouvé probablement le seul dont la scène était plus haute que la mienne. Sauvagement il s'était jeté sur moi, un abordage duquel je ne pouvais réchapper, pour me terrasser. J'étais à terre, écorchée mais soulagée. Se tenir toujours debout et droite était épuisant. Plus rien n'avait de sens. Le haut était en bas, et le bas en haut. Le bar tournoyait autour de moi, mes sens enivrés ne répondant plus comme ils l'auraient dû. Malgré tout je gardai un équilibre stable et mon port ne perdait en rien de sa prestance. Je n'allais pas laisser tomber le voile aussi facilement.
Avant de volter telle le mépris en personne, je capturai son regard. Ses iris dilatés me fixaient comme si j'étais une pendule avec une brosse à chiottes en guise d'aiguille. -A mon tour de te terrasser, Vargas. Perturbation minime de l'air nous séparant à nouveau. Il cligna des yeux. Il était presque chou ainsi. Les cheveux en bataille, l'air égaré et sa chemise froissée lui donnaient un air de chiot abandonné. Pour la peine je serais bien restée. Mais une sortie théâtrale s'imposait. J'avais besoin de savoir, de comprendre. Me suivrait-il ? Si je restai, c'était bien trop facile, je n'aurais été que le gâteau immobile, attendant patiemment d'être dévoré. -Croque la pomme.
Drapée de mon indifférence, je lui tournai le dos, laissant l'obscurité glauque du lieu m'engloutir. Je poussai la porte, laissant entrer un peu d'air frais à l'intérieur. Le battant claqua derrière moi. Encore désorientée, je marchai lentement savourant l'air pur pénétrant mes poumons telle la délivrance. Intérieurement, je savais que rien n'était fini. Même s'il choisissait de me laisser m'envoler, nous nous reverrions. La crainte s'évanouit, comme si le vent pouvait l'emporter avec lui, aussi loin que possible. La plénitude prit sa place, s'installant confortablement, envahissant chaque centimètre cube de mon corps. Même si tout ceci n'était qu'une vaste plaisanterie, je l'avais appréciée à sa juste valeur. Peu m'importait la suite, presque tout avait été dit, dans le silence de notre étreinte.
Un bruit sourd me parvint. Quelqu'un courrait derrière, et il y avait peu de chances que ça soit un flic trop consciencieux pour me faire un alcootest. Et puis les flics ne savent pas courir. Son aura me parvint avant même qu'il me touche. Attente. Espoir. Mépris.
« Hey, poufiasse, t’oublies tes culs de bouteille ! »
Sa main m'enserra le bras, me forçant à m'arrêter. De nouveau, nous nous faisions face. Je vis qu'il tenait mes lunettes. -Je me suis trompée de conte de fées. Ou alors le prince charmant cache bien son jeu. Rechignant encore à avouer ses défenses anéanties, il persistait à vouloir me faire avaler son indifférence.
« C’est quoi, ton problème ? T’as pas reçu assez d’affection de la part de papounet quand t’étais gosse alors tu nous fais un caca nerveux quand un con t’embrasse ? ‘Faut pas grand-chose pour te faire péter une durite, ma parole. »
Tel le prince chaussant la princesse de sa pantoufle de vair, il accrocha négligemment mes lunettes à mon décolleté. C'est là que tout bascula. Je découvris une nouvelle sensation. Un sentiment inconnu se répandit en moi. J'éclatai de rire. Un rire puissant, dans toute sa volupté exacerbée par ma gorge déployée, sans frein ni retenue. Je ris. Je ris à en pleurer. Cet imbécile, me suivait et trouvait encore le moyen de me faire croire que je n'avais aucun effet sur lui. Je savais ce rire beau, car étrange et inconnu. Je ne savais pas moi même qu'il existait, tapi en moi depuis trop longtemps pour que je me souvienne de sa présence. Enfin, il mourut, dans un souffle de paix et de soulagement. Il avait faux sur tout la ligne, du début à la fin. J'entendis à peine sa remarque sur mon père. Il croyait que je fuyais. -Mais non banane, je te teste. Et la première manche est pour toi.
« Mais ma parole, c'est toi qu'a un problème ducon. Tu peux pas continuer à faire comme si j'étais la première pute qui te passe sous les yeux. Je me doute que tu cours pas derrière toutes les fesses qui se dandinent sous tes beaux yeux. Alors maintenant tu vas me virer ce sourire méprisant de ta sale gueule. »
-Et mon mignon, observe bien. Car c'est maintenant que ma durite elle pète.
Je glissai une main dans son col puis tirai violemment, faisant sauter ainsi quelques boutons de chemise. Ce qui ne l'empêcha pas de se retrouver le nez à quelques millimètres de mon visage. Une feinte colère se peignit sur mes traits. Intérieurement, j'étais pliée de rire. Un rayon de lune capta une goutte sur sa joue, au dessus de sa bouche entre-ouverte. Je la léchai. Du gin. Amusée, j'imaginai la courbe décrite par celle-ci lors de mon assaut impromptu dans le bar. Posant ma main sur son torse, je le repoussai, fortement mais d'un mouvement tout dénué de brusquerie.
Je ris à nouveau.
Vito Vargas
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Sam 10 Juil - 8:20
« Eerie whispers trapped beneath my pillow Won't let me sleep, your memories. I know you're in this room, I'm sure I heard you sigh Floating in-between where our worlds collide. »
Une rage toute souveraine grondait en moi, riant des picotements que je sentais courir dans chacun de mes muscles, de mes doigts resserrés en poings jusqu’à ces pommettes qui ne m’avaient jamais trahi, du moins jusqu’à ce soir. Conséquence logique aux battements de mon cœur, le sang m’était monté aux joues, y laissant une brûlure aussi douloureuse qu’elle me surprenait par sa naissance. Je ne m’étais enfilé guère plus que quelques lampées d’alcool ; pourtant, la seule fois où j’avais été témoin d’un tel bordel dans ma tête, c’était lors de la pire de mes cuites, laquelle m’avait conduit à ne plus répondre de mes actes. La connexion avec le monde dans lequel je m’étais éveillé ce matin s’était interrompue et je savais que je ne pourrais rien y changer. Pas ce soir. Pas face à elle. Pas avec le souvenir de la perle fruitée subsistant encore sur mes lèvres. Pour l’heure, c’était foutu, et j’allais devoir me débrouiller.
Mais pas seulement. Je ne faisais que commencer à saisir ce que cette certitude impliquait, à distinguer dans toute son envergure le challenge que je m’étais infligé, sauf qu’il allait me falloir dompter plus d’un démon intérieur. Quant aux restrictions étant induites, je préférais ne pas leur accorder une seconde de mon temps. Que dalle. Comment faire pour résister à l’envie de boire à la source cette drogue qu’Elissandre m’avait présentée, comment trouver la force de la repousser quand le poison qu’elle instillait dans mes veines se parait de couleurs dont je n’aurais jamais pu soupçonner l’existence ? Plus qu’un sentiment, nous partagions une captivité ; celle que l’un infligeait à l’autre, sans que l’on pût dire qui menait cette valse frappée du sceau du mystère. J’étais son enfer, elle était le mien et nous nous délections de ce breuvage que la vie distillait, ivres de l’énigme d’un couple qui n’en était pas vraiment un.
La scientifique parut apprécier que je lui courusse après, même pour la gratifier d’une insulte supplémentaire. Pas étonnant, quand on avait la chance de me connaître. Quand j’immisçai ma conscience dans le feu croisé de nos regards, je lus dans le sien qu’elle était aussi paumée que moi. Qu’à mon instar, elle allait tirer sur la pompe à fric jusqu’à épuisement total de ce dernier, si celui-ci survenait un jour. Néanmoins, j’allais l’abattre le premier, avant de lui laisser la possibilité de seulement envisager de me devancer ; la charade, c’était elle, la bulle maîtresse des courants qui la portaient, c’était elle. Moi, j’allais déchiffrer le message qu’elle me dissimulait, briser d’une pichenette sa carapace. T’es fragile, ma grande, derrière tes grands airs. T’es fragile, et ça m’éclate. Tu es un litige, un mensonge, un conflit d’intérêts – les miens.
A mon geste et mes paroles, elle opposa le carillon de son rire, que j’entendais pour la première fois. Pour offrir celui-ci à la rue déserte, sa voix grave s’était découvert des ailes que j’imaginai timides mais éclatantes de beauté. Je pouvais le deviner aux accents rauques de cette mélopée, la jeune femme n’avait pas l’habitude de s’esclaffer ainsi. Et c’était d’autant plus beau, d’une façon qui n’admettait pas de réplique. Ce sont s’immisça dans ma réalité, sauta les barrières de mon âme et y sema les graines d’un ouragan, presque vulgaires dans le trouble qu’elles dardaient. Je secouai la tête, désireux de retourner à ma conscience des choses, juste à temps pour accueillir l’esquisse de sourire dans laquelle le rire mourut.
Tu t’amuses bien ? Tu apprends des choses ? Tu te coucheras moins conne ce soir, maintenant que tu sais que t’es capable de te marrer ? Oh, tu peux me jeter tous les regards hautains que tu voudras, tu peux continuer de prétendre que tu t’en tapes, que tu me vois comme le dernier des crétins. La vérité, c’est que tu me kiffes parce que tu peux pas faire autrement, Elimoche. T’es venue, t’as bu et t’as pas vaincu. L’échec dans toute sa splendeur.
« Mais ma parole, c'est toi qu'a un problème ducon, lâcha-t-elle. Tu peux pas continuer à faire comme si j'étais la première pute qui te passe sous les yeux. Je me doute que tu cours pas derrière toutes les fesses qui se dandinent sous tes beaux yeux. Alors maintenant tu vas me virer ce sourire méprisant de ta sale gueule. »
Tiens-tiens. Finalement, on se ressemblait plus que tout ce que j’aurais cru possible. Mêmes pensées, même cheminement intérieur. Sauf qu’elle était habituée à se cacher : elle ne savait pas ce que c’était que d’affronter un mur au grand jour. D’un côté, je m’instruisais, moi aussi. Pas que je la considérais comme mon égale, loin de là, puisque j’étais indétrônable, mais elle avait su résister. Ou tout du moins le croyait-elle. Car c’était ça : teinté d’agacement sous le désir qui le noyait, le regard qu’elle me jetait confinait à l’erreur. Celle qu’elle faisait en pensant jouer une carte maîtresse en me jetant ses conneries à la gueule. Evidemment que j’étais sensible à son charme, à ses manières de poufiasse et même à la fausse route dans laquelle elle se vautrait. Evidemment que je ne profitais que rarement des nanas pressées de s’envoyer en l’air. Bien sûr que je brûlais de convoitise pour sa tronche, même si elle puait les problèmes.
Non, plus ça allait, et plus je me découvrais de points communs avec cette emmerdeuse. Ca me foutait en vrac, ça me donnait d’autant plus envie de la secouer pour lui dire d’arrêter de se planquer derrière des mots, de cesser de fuir quand on lui donnait l’occasion de montrer qu’elle n’était pas si tarte que ça. On avait tous des problèmes, tous ; le truc, c’était de ne pas les laisser nous contaminer suffisamment pour nous rendre malade. Et elle, elle était complètement atteinte. T’es en miettes, Elimoche. Je vais ramasser les morceaux et m’amuser avec, jusqu’à ce que tu abandonnes tes épines. Je souris, d’un sourire ravagé de plaisir.
Soudain, son attitude changea du tout au tout. Elle se composa un masque énervé, imposa une pression au col de ma chemise pour en faire voler des boutons. J’eus envie de me marrer. Finalement, elle se délestait d’une part de ridicule pour la troquer contre de l’audace, et ce n’était pas si mal. Ce nouveau protagoniste la fit se hisser sur la pointe des pieds pour atteindre ma joue ; j’attendais une morsure, elle se contenta de cueillir de sa langue une goutte de gin échouée sur ma peau. Tandis qu’elle me repoussait et éclatait de nouveau de rire, je me sentis frémir, transporté par l’envie de la voir piller ce dernier gisement. Elle n’avait pas idée de ce à quoi elle venait de s’exposer, la pupuce.
Je faillis la rattraper pour la gifler, histoire de la faire réagir. Ce n’était pas l’appétit qui me manquait ; et puis, ma rage était toujours là, tapie dans l’ombre. Seulement, je n’en fis rien.
« Cause toujours, tu me fais marrer. La vérité c’est que, arrivée à ce point, tu te demandes ce qui va t’arriver, maintenant. Qu’est-ce qu’il va te faire, ton Vargas, hein ? Tu as peur de quoi ? Que je t’abandonne ? C’est ça ? On t’a déjà fait le coup une fois donc tu choisis de rester cloîtrée derrière un échec ? C’est mignon, mais pour le coup, tes petits airs sexy ne suffiront pas. »
Je tendis le bras et fis un pas. Me penchant, j’approchai mon visage du sien, comme si je m’apprêtais à satisfaire l’appel de ses lèvres et, au dernier moment, je déviai la course des miennes. Je l’embrassai dans le cou, sous la courbure de son menton, à l’endroit où je pouvais sentir sa carotide témoigner de l’affolement de son cœur.
« T’as l’air de vouloir te casser. T’as peur, sans doute. Mais je ne vais pas te retenir, si tu en as tellement envie », lui soufflai-je à l’oreille.
Je revins à ma position initiale, non loin d’elle. Je lui décochai un sourire en coin, agrémenté d’un clin d’œil qui n’allait pas manquer sa cible. J'arrangeai mes cheveux.
« Bon, à part ça, chérie, on va chez toi ou chez moi ?
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Elissandre Hell
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Sam 10 Juil - 14:27
« Don't you wanna come with me ? Don't you wanna feel my bones on your bones ? It's only natural »
-Mais quel connard ce mec quand même ... Mes pensées s'entre-choquaient à tel point que ce fut la seule que je parvins à extraire de cette soupe tourbillonnante que mon esprit s'ingéniait à cuisiner. Après ma petite tirade, l'étonnement s'invita sur son visage. Progressivement, lui aussi commençait à comprendre. Je ne sais pas tout à fait quoi, mais il semblait plus éclairé que quelques instants auparavant. Il s'amusait à lire en moi, quelque-soi le voile recouvrant des sentiments. Je savais aussi que le seul moyen de le faire tomber, était de l'entraîner dans ma propre chute. Ce qui signifiait céder la première. Cruel.
Mon rire le mit hors de lui, mais il parvint de justesse à refouler ses pulsions violentes. C'était presque dommage. Il était aisé de terrasser un adversaire uniquement mû par la colère. A mon tour de l'agacer. Mais je savais au fond de moi que je ne faisais que gagner du temps. Il fallait que cette danse prenne fin un jour. Je croyais que ce serait par la défaite de l'un de nous. J'avais tort.
« Cause toujours, tu me fais marrer. La vérité c’est que, arrivée à ce point, tu te demandes ce qui va t’arriver, maintenant. Qu’est-ce qu’il va te faire, ton Vargas, hein ? Tu as peur de quoi ? Que je t’abandonne ? C’est ça ? On t’a déjà fait le coup une fois donc tu choisis de rester cloîtrée derrière un échec ? C’est mignon, mais pour le coup, tes petits airs sexy ne suffiront pas. »
Réponse bateau dans plus pur style Vargas. Aucune surprise de ce côté là, et son petit speech brillait par son inutilité et son vide sidéral. Évidemment, il se gourait. Mais s'il avait deviné tout de suite, je me serais méfiée. Le coup classique de la femme abandonnée, on me la fait pas à moi. -Mais ça tu vas vite le comprendre. C'est simple, la méchante de l'histoire, c'est moi. C'est toujours moi. Je ne choisis pas, les autres sont faibles et ce n'est pas mon cas. Et les faire souffrir ne me pose aucun problème de conscience. Ou presque. Il s'approcha de moi, sensuel et félin. Cliché. Je me retins de rire. Je n'aurais pas voulu le vexer le pauvre. Et voilà que j'avais des scrupules maintenant. -Celle-là, c'est la meilleure. Il m'embrassa dans le cou. Comme d'ordinaire, je ne bougeai pas, de peur de rompre ce mouvement d'une grâce tout à fait remarquable. Il en profita pour me glisser un mot à l'oreille.
« T’as l’air de vouloir te casser. T’as peur, sans doute. Mais je ne vais pas te retenir, si tu en as tellement envie. »
Remarque débile surmontant le tas d'imbécillité creuse et Vitoliesque auquel j'avais eu droit ces dernières heures. Non mais franchement, je lui trouvais quoi à ce gars ? -Bien sûr que tu m'aurais retenue, grand dadet. Tu fais quoi depuis tout à l'heure ? A croire que sa mémoire était digne de celle d'un poisson rouge. Il avait oublié instantanément qu'il venait de me courir après, utilisant mes lunettes comme excuse à deux balles. Il récupéra une distance de sécurité correcte avant de me lancer un regard aguicheur du plus bel effet agrémenté dune œillade digne d'un mauvais gag. Grotesque. Je ne savais pas à quel point.
« Bon, à part ça, chérie, on va chez toi ou chez moi ? »
Fin de la danse. Début d'une autre. Je ne pu retenir mon rire, qui revint me titiller les zygomatiques. Il jetait à corps perdu dans le ridicule. En plus de tenter avec plus ou moins de succès de garder le contrôle de la situation à l'aide de remarques notables de par leur totale absence de profondeur intellectuelle, il tournait au carrément vulgaire avec une facilité déconcertante. Il fallait au moins lui reconnaître ce talent: celui de faire n'importe-quoi, sans jamais oublier d'être classe.
L'invitation était pourtant bien loin d'être classe. Il l'avait lancé comme si c'était une invitation à dîner dans un restaurant chic. Peut-être en fait voulait-il vraiment me faire fuir. Mais pas question de baisser les armes maintenant. Lui donner ce qu'il voulait aurait été abdiquer, et j'étais encore loin d'avoir utilisé toutes mes options de n'importe-quoi moi aussi.
« Chez toi évidemment. Mon trou à rat de pétasse prétentieuse risque de te déplaire. Je ne voudrais pas te décevoir dès le premier soir. »
J'entrai dans son jeu. Lèvres entre-ouvertes, yeux brillants grands ouverts, cambrées et la poitrine en avant, je choisi de ne pas céder à sa provocation. Mais d'y répondre exactement sur le même ton.
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Dim 11 Juil - 19:15
« You paint your smile on your lips, Blood red nails on your fingertips ... A school boy's dream, you act so shy ! »
J’aurais aimé que l’on m’expliquât. Que l’on me donnât un indice à propos de ce qui s’était produit et allait survenir. Voire même sur ce qui se passait. Je conservais cette impression de contrôle sur la situation, je me savais maître de mes actes ; pourtant j’avais la sensation d’assister à une projection dont les rebondissements me laissaient perplexe. Connerie sur connerie. Pour ne rien gâcher, l’actrice qui me faisait face excellait dans son rôle, tant et si bien que le mien m’apparaissait troublé d’inconnues. Tout bêtement, nous étions les héros d’un film pour lequel nous ne conservions pas le souvenir d’avoir signé. Le script nous ayant été refusé, tout découlait d’une improvisation timide et si nous restions, c’était parce que le suspense, allié versatile, nous tenait en haleine.
Le silence qui succéda à ma question me donna l’occasion de m’interroger. J’espérais quoi, au juste ? Que souhaitais-je retirer du lien que j’avais noué avec cette pétasse ? Qu’est-ce qu’elle représentait pour moi ? Tout en elle m’insupportait, me donnait envie de la claquer, de lui arracher le masque de dédain qu’elle arborait ; pourtant, paradoxalement, c’était précisément ses défauts qui m’attiraient chez elle. Son mépris affiché, ses dispositions pour la prétention, sa répartie mordante. Jusqu’à la façon qu’elle avait de se tenir, cambrée comme pour me défier de l’approcher. Ce n’était pas que physique. Je ne pouvais pas ignorer que je ne bouillais pas que pour son corps de prédatrice, le mordant de son sourire ou ses beaux yeux de nuit. Sa voix grave, aussi. Nos toiles étaient de bonne faction et chacun de nous s’était empêtré dans celle de l’autre ; moi en particulier, me sembla-t-il en cet instant. Et merde.
Non, pas uniquement physique, décidément. Ca me faisait mal de me l’avouer, mais cette gonzesse me plaisait, même si les raisons de cette attirance étaient des plus obscures. Ni une, ni deux dans les rangs de ces dernières, c’était toute une armée m’assaillait, sapant chez moi forces comme raison. Bon sens et dérangement s’affrontaient sous mon crâne. Duel à mort dont un parti sortirait forcément perdant, le mien, porteur des dommages collatéraux qu’un tel foutoir ne pouvait éviter de causer. Couvert d’un sang qui serait le mien. Spectateurs de cette lutte acharnée, mon cœur et mes entrailles s’agitaient ; des percussions carillonnaient à mes oreilles, fières de me présenter leur dernière œuvre. Il était vain de chercher quelque chose de cohérent en cette heure où le puzzle de mon âme ne semblait pas disposé à faire preuve de coopération.
Elissandre Hell. Le nom était beau, le prénom prêt à rouler sur mes lèvres. Je me découvrais un tempérament possessif et l’envie de pouvoir dire de cette femme qu’elle était mienne me taraudait. Le temps d’un battement de cœur, mon sourire se ternit ; je n’étais pas sûr d’aimer la peinture que mes sentiments commençaient à faire de cette soirée. Pour un peu, j’en aurais gerbé et j’étais certain que mes tripes m’auraient accordé cet exutoire si je les en avais suppliées. Quant à l’autre poufiasse, elle éclata de ce rire qui me réchauffait le cœur alors qu’il n’avait rien d’exotique, perdu qu’il était dans la singularité de notre rencontre.
La compagnie d’Elimoche m’était plaisante. C’était un fait. Inutile de le nier. Son être tout entier l’était aussi, en dépit des baffes qui se perdaient. Second fait. Le troisième mais non le dernier était que j’avais fini, peu à peu, par céder aux pulsions qu’elle éveillait, au-delà même de mon caractère usuel. Je ne savais juste pas si ce que je ressentais était un simple désir ou s’il fallait que j’accordasse à ce dernier plus d’attention qu’il ne le méritait. Qu’est-ce que je voulais, précisément ? L’embrasser ne m’avait pas suffi, deviner la chaleur de son corps contre le mien à travers ses vêtements non plus ; que me fallait-il de plus ? Achever ce tête-à-tête par un bain de sang ? Coucher avec elle ? Dire que cette deuxième option me charmait était un doux euphémisme. Cueillir et accueillir la fleur carnée de sa personne étaient des tentations ayant depuis peu viré à l’obsession – une obsession malsaine, effilée, tranchante.
Régalienne.
Toi non plus, remarque, tu n’as pas l’air de savoir ce que tu veux. Tu affiches un air assuré, tu souris, pleine de crânerie, mais tu n’en mènes pas large. Deux bons acteurs, putain …
Et merde. Je chassai de mon esprit toute pensée susceptible de me perturber. La situation était aussi simple qu’elle pouvait l’être : mon âme se délectait de la présence de la scientifique et mon corps la réclamait, ça s’arrêtait là. Pas de quoi en faire une jaunisse, bordel. Ca risquait de se finir comme je l’avais suggéré, à savoir chez l’un ou chez l’autre, et nous passerions une nuit particulière – grandiose, mais particulière. Je me demandai juste si cette fille avait jamais eu de copain, elle qui ne semblait trouver de réconfort que dans la façon dont elle jetait les autres.
« Chez toi évidemment. Mon trou à rat de pétasse prétentieuse risque de te déplaire. Je ne voudrais pas te décevoir dès le premier soir. »
Elle n’avait pas tort, pour le coup. Jusque-là, j’avais refusé de me représenter l’environnement dans lequel elle devait vivre car il était certain qu’il ne devait avoir que très peu de points communs avec le mien. J’eus une pensée pour mon appartement, un trois pièces de dimensions confortables mais sans apprêt, peuplé à temps plein de bouquins et de fringues qu’aucune armoire n’abritait. C’était un sacré bazar, propre mais bordélique, et j’eus un rire discret lorsque je tentai d’y imaginer Elimoche, drapée de ses antécédents de bourgeoise. J’attendais de voir sa tête quand elle découvrirait mon trou à rats.
Mine de rien, je ne fus pas surpris de sa réponse positive à mon invitation. Je souris quand je la vis se contracter plus encore, irradiant l’envie de prolonger le jeu auquel nous nous étions pris. Elle voulait sans doute me montrer qu’elle était de taille à m’affronter, mais comme je ne l’ignorais pas, je ne pus que la trouver adorable. Un jouet amusant, décidément, que cette nana.
« T’as bien raison, Elimoche. Sur ce, si tu veux bien me suivre, ma caisse est pas loin, comme tu t’en doutes … Et ouais, même moi j’ai une voiture. Par contre, j’espère pour toi que tu m’fais confiance, parce que j’ai pas le permis », lui dis-je, tout sourire.
C’était vrai. Tout était vrai. Ma bagnole, que j’avais décidément bien fait de ne pas troquer contre ma moto lorsque je m’étais rendu au QG du GDP ce matin, se trouvait à trois rues d’ici, garée sur le parking unique du Quartieri Obscuri. Tout en tâchant de contenir l’amusement qui devait pétiller en moi, je tendis mon bras à la scientifique, curieux de voir si elle allait jouer le jeu. Parce que j’étais pas qu’un connard, moi, j’étais aussi un gentleman, quand ça m’intéressait. Get your game on, princess.
Dernière édition par Vito Vargas le Ven 13 Aoû - 17:09, édité 3 fois
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Mar 13 Juil - 16:35
« Because it's just about to happen And you'll be there You must have known the storm was coming When clouds appeared »
Vacillement. Étourdissement. Doute. Questionnement. -Ploie devant moi, Vargas.
Je rayonnai à présent. Cet instant de conscience extérieure me déstabilisait. Je comprenais ce que je faisais passer à travers la posture de mon corps et l'éclat de mes yeux. Mais rien ne présageait de la tempête qui faisait rage dans mon âme en cet instant. Je venais de me prendre un mur. Et il semblait en être de même de mon compagnon d'infortune. L'air immobile de la ruelle n'était troublé que par nos souffles saccadés. Impromptu. Rien ne nous avait préparé à cela. Je m'étais toujours estimée suffisamment solide pour échapper à ce genre de situation plus que douteuse. Pourtant, je me voyais me liquéfier lentement, par cette oeil indiscret qui me permettait de m'observer depuis le toit du bâtiment me faisait face. Ainsi, je voyais Vito de dos, sa longue lame effilée épousant la courbe parfaite de ses reins.
Je divaguais. Perdue. Égarée dans les méandres traîtres de mon esprit tortueux, je n'avais que vaguement conscience de la répercution de nos émotions sur l'environnement. Lentement une goutte vint s'écraser à mes pieds, me narguant de sa forme parfaite en me frôlant le nez. Je repris pied dans la réalité, abandonnant ma projection astrale pourtant si aisée. -La planque. Ça aurait été trop simple. De nouveau, Vargas me faisait face, et l'écoulement des secondes peinait à effacer de son visage cette expression de profond égarement. Solidaires. Je me sentais maintenant moins seule dans ce doute qui nous assaillait à présent tous les deux. Nos regards s'accrochèrent. J'en fus électrifiée. Pétrifiée par ses yeux emplis d'émotions contradictoires, je ne pouvais m'en détacher, aussi fort le désirai-je. Ou pas. Il est de ses regards qui en disent long sans pour autant rien dévoiler, dont on voudrait se défaire tout en s'y abandonnant délicieusement.
A l'instar de nos yeux, nos corps semblaient s'attirer inexorablement. Une goutte vint honorer ma joue de son humide présence. Captivée par l'aura tourbillonnante de l'instigateur de cette soirée, je n'eus pas l'idée de l'essuyer. Ma réponse parut le ravir. Mieux que le repousser pour le simple plaisir de l'affrontement, je cédai à ses avances et ravivait par là même, sa curiosité à mon égard. Plus que de la curiosité, il était subjugué par ma personne autant que je l'étais par la sienne. L'affrontement touchait à sa fin.
« T’as bien raison, Elimoche. Sur ce, si tu veux bien me suivre, ma caisse est pas loin, comme tu t’en doutes … Et ouais, même moi j’ai une voiture. Par contre, j’espère pour toi que tu m’fais confiance, parce que j’ai pas le permis. »
Brisant ainsi le charme autant que le silence sépulcral de l'endroit, je détachai les yeux de son corps puis le regardai avec intérêt, sans plus l'attirance précédant sa diatribe. Mon esprit refusa immédiatement l'idée de monter dans un appareil motorisé avec cet énergumène aux commandes. -I object. Voulant éviter à tout prix de le braquer, je n'en laissai rien paraître. Reprenant le contrôle de mon corps jusque là figé, je m'approchai lentement de lui, profitant de l'instant qu'il occupait à se recomposer un masque d'assurance digne de ce nom. Refusant de lui accorder plus de satisfaction, je n'allai pas céder à tous ses caprices. Du moins, pas pour l'instant ... Plongeant mes yeux de braise dans les siens, je comptais bien parvenir à mes fins. Je me tenais à présent si près que je sentais son souffle effleurer mon visage, jouant avec une mèche de mes cheveux. Je posai ma main sur la sienne, remontant lentement sur son bras, jusqu'à son épaule, savourant les délicats mouvement incontrôlables que je provoquais sur sa peau. Un frisson d'excitation me parcourut l'échine. Délices. Mais hélas, il n'était pas la victime que l'on écrasait tel un moustique, et je sentais distinctement, en lieu et place de l'habituelle résistance, la réponse à mes gestes et mes attentes. Damnation.
« Écoute mon chou, la voiture c'est pas mon truc. J'ai garé quelque chose de bien plus classe pas très loin, tu m'expliqueras où ta chère personne réside. »
Je laissai les secondes d'égrainer, savourant le contact de son corps contre le mien, que nous n'avions pu empêcher de se toucher. Plaquant ma main sur sa nuque brûlante, j'approchai mes lèvres de son oreille, et posai ma joue contre la sienne. Je susurrai:
« Et je ne te laisse pas le choix »
Faisant faire à ma main le chemin en sens inverse,elle glissa fébrilement sur son épaule, effleura à peine son bras, pour enfin venir capturer son poignet. Le tenant fermement je le tirai derrière moi. Alors qu'une hystérie proche de l'excitation s'emparait de moi, je me mis à courir. De nouveau, j'eus envie de rire. Cliché. Je nous voyais, lui cheveux argent, entraîné dans le sillon d'une grande brune d'ordinaire taciturne, se comportant à présent comme une adolescente saisissant à peine le sens de son existence que seul le hasard aurait permis. Je ne me reconnaissais plus. Mais peu m'importait, je n'avais que vaguement conscience de l'incongruité de ma situation, et tout ce que je voulais, c'était voir où cette folle soirée allait nous mener.
Lui, le connard trop sûr de lui. Moi, la pétasse asociale. Pire que comique. Je n'en ris que plus fort. Nous passâmes devant la porte dérobée qui menait au laboratoire, là où tout a commencé. Les pavés raisonnaient sous nos pas désordonnés par la folie qui nous animait. Je ne le voyais pas, mais je sentais passer à travers le contact que nous mains liées nous conférait que son ahurissement irrépressible était proche du mien. Comment par un simple contact épidermique pouvions-nous ressentir de telles choses ? Je n'en avais aucune idée, mais mon esprit scientifique ne put s'empêcher de s'interroger. Je repoussai la question d'une pichenette spirituelle, remettant à plus tard la résolution de l'énigme par expérimentation.
Nous débarquâmes essoufflés dans une cour privée laissée à l'abandon. Détonnant avec le décor environnant, elle rutilait, fière de sa prestance presque féminine. Superbe. Comme à chaque fois que je la regardai. Délaissant mon camarade de cavalcade furieuse, je vint à elle d'un pas décidé. Je sentis très nettement nos doigts glisser jusqu'à leurs extrémités, comme s'ils étaient animés d'une volonté propre et ne souhaitaient se séparer que le plus tard possible. Je vins poser cette même main sur la selle de ce cheval motorisé noir et argent. Enfin, je me tournai vers lui, un sourire triomphant flottant sur mes lèvres.
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Jeu 15 Juil - 18:13
« Your kiss is as a sweet & my heart goes boom. »
Une nouvelle fois, un sourire des plus larges métamorphosa mon visage tandis que je contemplais la moto d’Elimoche. A une génération près, le modèle de son carrosse était le même que le mien ; le sien était uniquement plus récent et donc plus cher que celui que j’avais peiné à acquérir quelques années auparavant. Pas étonnant, de la part d’une poufiasse de bourge … Néanmoins, cela faisait un point commun supplémentaire entre elle et moi, à tel point que c’en finissait par être inquiétant. D’autant plus que jamais je n’aurais imaginé qu’une gosse de riches telle qu’elle pût trouver la foi nécessitée par la seule idée de chevaucher ce type d’engin. Il semblait toutefois que je n’étais pas au bout de mes surprises, aussi choisis-je de laisser mes interrogations se couler dans l’étonnement que Miss H. causait en moi.
« En tombant, le miroir se fêla », aurait scandé un mauvais auteur. Ou pas, lui répondrais-je, philosophe. Retourne dans ta grotte, essaie d’admettre qu’un bris ne marque pas nécessairement la révolution d’une ère. Si t’étais encore en vie, vieux con, je n’hésiterais pas à t’en coller une, histoire de marquer le coup.
Je ne demeurai pas longtemps abîmé dans ma contemplation de la trottinette d’Elimoche ; mon regard abandonna les reflets chromés de cette dernière pour ceux, plus appétissants, dans la chevelure et les yeux de ma compagne d’un soir. Elle n’était pas seule à avoir été dépouillée de son souffle par notre course dans la Milan sculptée de nuit, toutefois je notai que ses joues, sous l’effort, s’étaient teintées d’un rose tendant à la phosphorescence. Plus que tout, ses yeux brillaient dans l’obscurité, tels les geôliers impavides d’un rayon de Lune. Et ils me fixaient, d’une façon qui affermit la satisfaction qu’était loin de brider mon expression. Plus que porteuse de défi, l’attitude de la scientifique confinait à la fierté de m’affronter. Je me rappelais l’empressement sommeillant dans le geste ayant lié nos doigts, la façade assurée qu’elle m’avait présentée quand elle avait refusé de monter dans ma caisse : plus de retenue, plus de réserve. Du feu. Elle semblait s’être arrêtée sur la décision de la jouer franche avec moi, tout en maintenant cette flamme vacillante dont elle pensait qu’elle m’empêcherait de trop l’approcher, de trop m’immiscer dans son esprit. Je me sentis à la fois flatté du revirement qu’elle m’offrait et saisi par le contraste entre la poufiasse prétentieuse pressée de m’écarter de sa vie et celle qui me souriait désormais.
Je ne me faisais cependant pas d’illusions : c’était bien la même bourgeoise pétrie d’autosuffisance envers tout un chacun autre que son nombril qui jubilait face à moi, sauf que je me délectais à présent de sa personnalité depuis un poste d’observation bien différent du premier. J’avais pénétré dans son monde, volant à la distance qu’elle imposait à ses interlocuteurs le rôle d’acteur principal. Fut un temps où je m’étais plu à présenter à Elimoche l’inverse des réactions qu’elle eût attendues de moi et, maintenant que nous remontions le même courant, je jugeais plus intéressant d’attendre de même de sa part. J’aimais nos jeux, ces mots que nous nous envoyions à la gueule avec la volonté de soulever le voile, fût-ce le temps d’un battement de cœur, pour savourer la mise à nu de l’autre. J’aimais nos silences noyés de tension. J’aimais constater en elle le reflet de ma propre perplexité devant cette passion soudaine. J’aimais guetter le faux-pas, chez l’un comme chez l’autre ; celui à qui l’avenir ne pardonnerait pas.
Fous-moi à la porte, ma mignonne. Laisse-moi te sentir rager lorsque tu comprendras que tu te trouves du mauvais côté du battant, que je t’ai virée à coups de pied de ta tour de solitude. Mais putain, laisse la mienne tranquille …
Ainsi nous étions-nous retrouvés là, dans cette cour que voilait un écrin de mystère. L’autre tanche me fixait, comme si elle temporisait un mot de ma part, à ceci près que je n’étais pas disposé à parler. Pour quoi faire ? Dire de la merde ? Ebrécher la fragilité de l’instant ? Lui expliquer combien son manque de confiance quant à mes talents de conducteur m’avait fait rire ? Peut-être même attendait-elle de voir si j’allais me rétracter, finalement trouver que la page de nos vies que nous écrivions n’était que conneries. Si c’était ça, elle rêvait – les conneries étaient mon domaine de prédilection. M’y vautrer, ma passion. Foutre la merde, c’est tout un art, Elimoche. J’étais loin de faire machine arrière, plus loin encore de saisir au vol, entre mes doigts fins et avides, cette occasion qu’elle m’offrait d’opter pour un volte-face qui aurait pourtant su la briser.
Au contraire je les rejoignis, elle et son tricycle motorisé. Pourquoi pas ? J’étais certain de n’avoir rien à perdre ; tous les risques étaient bons à prendre, même face à cette mante religieuse persuadée de n’être jamais qu’une femme. Quelques uns de mes pas brisèrent la distance s’étant plue à nous séparer, régaliens, une enjambée acheva le massacre. Ce retour au contact n’avait rien de surprenant. Cette nuit, après tout, ne faisait que retenir son souffle dans l’attente qui l’éclipsait. Et j’eus l’impression d’avoir enfin mis la main sur cette saloperie de script lorsque mes lèvres capturèrent celles de la scientifique. Surface d’un plaisir laissé en suspens, caresse au diapason de nos envies. L’étreinte se montra brusque, teintée de violence ; je m’en foutais et n’en plaquai que plus fort contre moi cette amante fortuite. C’était agréable. C’était facile. C’était enivrant. Du feu, du feu. Mêler mes doigts à la cascade de ses cheveux. Jouer avec ses reins. Achever ce voyage sur des hanches tranchantes et la repousser d’un air de dire que ce ne serait que pour mieux nous retrouver. C’était écrit.
Je m’effaçai, désireux de laisser ma proie respirer. Il aurait été con qu’elle claque avant d’atteindre les cieux dans mon appartement. A ce propos, j’amenai l’adresse de ce dernier sur mes lèvres et je sus que son cerveau, dopé aux endorphines que nous partagions, retint sans mal l’information. En échange Elimoche me fit part d’un second casque ; j’en bouclai les sangles, mu par l’habitude, tandis qu’elle faisait de même avec le sien. J’enfourchai à sa suite l’engin et nous quittâmes l’antichambre de la scène qui n’allait pas manquer de suivre à grands renforts de vrombissements de moteur. Alors que nous empruntions une voie rapide en périphérie du Quartieri Obscuri, j’abandonnai mes mains sur la taille de la conductrice – plus par curiosité que réelle nécessité – et la laissai à sa concentration quant au trajet à effectuer.
Je sentis à peine le vent battre la mesure avec ma chemise, faire volter ma chevelure dans mon dos, traîne d’argent d’un bien étrange convoi. Mon esprit me rappela par des frissons sa frustration d’avoir temporairement sacrifié mon manteau au bar que nous avions quitté ; mais ils n’entamèrent pas l’excitation guidant mes pas alors que je franchissais la barrière entre deux mondes. Je n’étais plus uniquement un scientifique, ni même un connard de camé. J’étais un funambule, perdu dans l’appréciation inconsciente des courants le berçant. J’étais aussi un gamin tenu en haleine par les coups d’œil qu’il lui arrivait de jeter à un cerf-volant. Un squale qu’un sourire tracé dans le sang suffisait à fasciner. Et la moto filait, précipitant nos êtres vers le point de non retour – un mur qu’il me tardait de prendre à pleine vitesse.
Payons-le nous. Non, volons-le. Les lois n’ont pas d’emprise sur ceux qui n’en ont pas. Alors on s’y complaît, dans cette liberté ; on s'y cale, on s’y plante, on s’en monte la tête pour finalement en rire et cesser d’y croire. Parce qu’on n’en a rien à foutre, aujourd’hui plus que jamais. On prend. On donne. On prend, surtout … des murs, des claques. Des changements. Des poufiasses au cul bordé de nouilles.
Enfin, nous parvînmes dans l’écrin de ma résidence : quartier peu tenu et mal famé. Il me sembla que le véhicule trouva de lui-même son chemin jusqu’à un décroché entre deux bâtiments et nous omîmes là sa présence, lui laissant ainsi tout loisir de profiter de la nuit pour reposer ses gibus. L’ascenseur étant condamné jusqu’à ce que la municipalité trouvât de quoi financer des travaux sur le dos des contribuables, je fis emprunter à Elimoche les deux volées de marche qui menaient à ma porte, autant d’étages plus haut. Je ne lui fis part de nul regard ; mes yeux se portaient sur les images que mon imagination avait laissées çà et là, tantôt en suspens dans le vide, tantôt tapies dans les recoins sombres des escaliers. Je fus presque étonné de n’avoir aucun mal à revenir à la réalité lorsqu’il s’agit pour moi de libérer l’accès à mon appartement : la jeune femme sur les talons, je poussai le battant scellant l’entrée de mon trois-pièces et enclenchai un interrupteur.
J’appréciais les lieux. Leur surface confortable, l’espace qu’ils offraient à un ameublement tout ce qu’il y avait de plus sobre. Pour le peu de temps qu’il m’arrivait de passer ici, cette simplicité me convenait d’autant plus que je n’allais pas m’emmerder avec des canapés à motifs string et rayures vertes. Au fond du salon dans lequel nous avions échoué s’ouvraient deux portes, l’une menant à la cuisine, l’autre à ma chambre ; sur le trajet jusqu’à ces pièces étaient semés une table et quelques chaises. La première, transformée en bureau, supportait un fatras de papiers, factures et autres conneries que j’avais eu la flemme de balancer ces six derniers mois. Y traînaient également quelques sachets de poudre : laissés en évidence, je sus qu’ils n’auraient que peu de chances d’échapper aux yeux de ma compagne. Il en allait de même pour le bordel de livres priant à même le sol une étagère déjà saturée de volumes de les accueillir. Ou d’un tas de fringues ayant élu domicile sur le dossier de mon sofa. Ou encore du bar entr’ouvert sur une réserve de bouteilles, du gin et du Gold Strike pour la plupart. Je ne fis pas l’effort de m’excuser pour le foutoir. Je n’étais pas là pour ranger et si l’autre derrière avait le fric pour se payer les services d’une femme de ménage, c’était son problème, pas le mien.
« T’as eu raison de te méfier, c’était pas garanti qu’on arrive jusqu’ici avec ma caisse, Elimoche. »
J’accrochai mon épée par sa sangle à un porte-manteau. Et ce fut tout pour les actes réfléchis de ce soir ; mon cerveau se brancha sur un autre canal, lequel lui commanda presque malgré moi de revenir à la nana qui m’accompagnait. A peine eut-elle refermé la porte dans son dos que je la plaquai contre le mur, l’étouffant de mon corps, mes bras et ce désir à qui j’avais lâché la bride. A aucun moment je ne m’encombrai de savoir si je l’avais prise de court – la ferveur dans ses réponses à mes baisers et les caresses dont elle m’abreuvait s’étaient chargées de prendre la décision à sa place. Je ne comptai de toute manière pas la laisser choisir. Bonjour mademoiselle, vous êtes l’heureuse millième visiteuse de cet appartement, on vous offre l’envers du décor. Un aller simple pour un pays que vous partagerez avec ce con de Vargas. Offre non cumulable, mais comme vous allez kiffer, on vous pose pas la question.
Derrière le rideau d’argent nous enveloppant, mon souffle se fit court, mes mains pressantes. Quelques boutons sautèrent sur le chemisier blanc, ouvrant la voie ; mes doigts s’y engouffrèrent avant suivre en sens inverse leur précédent trajet, et dégrafèrent l’ennemi de ce type de soirées.
Du feu. C'était ça. Une saloperie d'incendie qui n'était pas prêt de s'éteindre.
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Ven 16 Juil - 13:25
« Before the attraction ferments Kiss me properly and pull me apart »
Étouffement. Oppression. Délectation.
Une impression de décalage m'assaille toujours lorsque je pénètre chez un étranger. Confuse et perdue, je me demande toujours un instant ce que je fais là. Il en fut de même avec l'antre du squale. Non pas que j'aie eu peur, mais finalement, malgré le choix que j'avais fait de venir ici, je m'y sentais mal, telle une intruse. L'odeur, les couleurs. Tout reflétait ce qu'il était profondément, sans aucun masque à offrir aux autres. Ici, il n'existait que pour lui-même et non pas à travers les regards qui se posaient sur lui. Les vêtements, les sachets. Pas de surprise de ce côté là, inutile de s'y attarder. Le loquet claqua derrière moi, me faisant presque sursauter dans sa violation du silence qui délicatement, nous enveloppait.
Violemment, le maître des lieux se jeta sur moi. Il fut l'ombre occultant la lumière, la moiteur ressourçant ma bouche asséchée. De nouveau, je perdis pieds, l'environnement m'étant étranger et personnel. Je venais d'interférer dans un lieu où je ne demeurais point. Mon souffle se perdit, la tête me tournait. Sans même y penser, je répondais à chaque caresse, des mains ou de la langue, à son fougueux baiser que rien ne semblait pouvoir arrêter. Il était le train fonçant sur moi à vitesse grand V, que je regardais placidement approcher, n'attendant que le moment fatal où surgissant des enfers, le diable prendrait ma main pour faire de moi son esclave. Ses yeux tels des phares à la lumière aveuglante, m'évoquaient le tunnel sans fin dans lequel je marchais calmement, menant à ma perte.
Sa langue était le poignard destiné aux profondeurs de mon coeur, ses mains formées pour s'accorder à mon cou et me priver de mon air, son corps la bâche qui étreindrait mon cadavre une dernière fois et que la terre recouvrirait de sa grise poussière de l'oubli. Je m'y abandonnai lascivement, laissant la mort m'enlacer de ses bras glacés par une dimension d'où la lumière et la chaleur étaient bannis. Mes jambes se dérobaient sous le poids de nos désirs réciproques et combinés. Mais je ne serais pas son esclave. Pas encore. Pas tout de suite.
Nos lèvres rompirent leur humide contact dans un pop retentissant. Je posai mes mains sur son torse soulevé par sa respiration saccadée pour le repousser violemment. Des mèches de cheveux vinrent occulter ma vue, adoucissant le retour brutal de la lumière dans ma bulle. -Bubble popped.
Essoufflée, je le regardai intensément, comme s'il était à la fois ma noyade et ma bouée. Enfer et paradis. Pardon et damnation. Il était le poison, le seul et l'unique capable de venir à bout de la redoutable créature qu'est la succube. Le seul mâle capable de manger la mante religieuse après l'amour. J'eus envie de le gifler. Je levai la main droite, fis un pas en avant et concentra toute mon énergie disponible dans la charge à la cinétique grandissante. Mes yeux lançaient des éclairs et sa joue approchait dangereusement lorsque je compris l'inutilité de la chose. Mes ailes se consumaient déjà et la colère n'y changerait rien. Autant céder maintenant et se venger plus tard. Froidement.
Je retins mon bras à quelques millimètres de son visage presque angélique en l'instant. Comme je m'y attendais, il ne cilla point, seul l'air déplacé fit voleter quelques cheveux argentés. Mon regard s'éteignit et je cru un instant que j'allais m'écrouler sur le sol, comme épuisée par la violence refoulée. Mon esprit bascula. Je posai délicatement mes doigts sur sa joue brûlante. Immobile, il me dévisageai comme si la clé de mon énigme se trouvait dans mon regard à présent ardent de désir. Je caressai son visage, laissai ma main effleurer le lobe de son oreille, puis le creux à la limite de sa nuque. Je remontai, frôlant avec une infinie douceur la dernière frontière entre sa peau diaphane et ses cheveux flamboyants. Mes doigts se glissèrent dans sa chevelure dont l'invite à les toucher se faisait de plus en plus pressante. L'autre main vint se poser de l'autre coté de son visage, qu'à présent je retenais prisonnier.
Je me tins plus près encore. Doucement, ma bouche se posa sur la sienne pour un baiser m'évoquant celui d'une fleur. Le bout de ma langue vint caresser sa lèvre inférieure. Je l'embrassai à nouveau telle l'assoiffée buvant à la fontaine de jouvence. Je m'écartai, mes yeux capturant les siens. Je le lâchai pour le saisir à nouveau par les épaules dont j'appréciai le tombé. Brutalement, sous mon impulsion, nous nous retournâmes et ce fut à lui de se retrouver plaqué au mur. Le feu s'embrasa en moi, et notre fougue ne se fit que plus forte. Peu m'importait mon souffle, peu m'importaient mes muscles endoloris. Mais malgré moi, je flanchais. Mes jambes se dérobèrent, privées de leur force par l'excitation et l'incendie intérieur qui je subissais, détruisant tout sur son passage.
Vito Vargas
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Sam 17 Juil - 2:50
« Hey baby, do what you please ; I have the stuff that you want, I am the thing that you need. /Coma black. »
Je dérouillais. J’avais quitté terre. Je divaguais. J’étais stone. J’avais l’impression d’être tombé sur la crème des cachets d’ecstasy, sur le must en matière de cette poudre blanche dans laquelle je rêvais de pouvoir m’étendre. Comparer une nana à de la came n’avait rien de classe, ni d’élégant, mais quelle nana ! Il fallait préciser qu’il était malsain de se pâmer à ce point au contact de simples lèvres, de ne plus vivre que pour sentir un corps – le sien et nul autre – pressé contre le mien. Plus malsain encore d’être conscient de ne plus être que l’objet d’un désir que rien n’inhibait plus maintenant que j’étais libre de m’y adonner. Parce que c’était aussi élémentaire que cela : j’étais le pantin d’un dieu invisible, une feuille laissée à la merci du cyclone. Et qu’il eût été aisé de m’y perdre, de lâcher prise pour profiter des bourrasques ! Chacune de nos caresses était une invite à la déchéance et dessinait l’ombre d’un raccourci vers le paroxysme du plaisir que nos corps avaient à s’offrir.
Chaque baiser, chaque souffle volé nous incitaient à brûler les étapes, à répondre à l’appel d’une attraction que rien n’étanchait ; mais nous n’en fîmes rien. Je n’en raffermis que plus fort ma prise sur le dos de mon amante, heureux de m’abandonner à l’antichambre de l’acte pour savourer chaque détail de sa chair. Son odeur me montait à la tête, achevant de me donner l’élan nécessaire pour franchir le voile nous séparant. Son odeur. La douceur de son épiderme, sa tiédeur moite. Les côtes et les muscles roulant sous sa peau. Les frissons d’un corps que mes doigts s’appropriaient peu à peu, faisaient mien avec une lenteur toute calculée. Sa respiration contre ma joue – mêlée à la mienne, consumées par l’alcool qu’elles l’étaient. Je fus pris de court par l’avalanche de sensations m’ayant rattrapé ; rien n’avait su me préparer au choc. J’étais forcé de reconnaître qu’en dépit de toutes mes expériences passées, je n’avais jamais rien connu de tel.
C’était nouveau. C’était étrange. Je découvrais une facette d’un monde que j’avais cru connaître. Et j’aimais ça. Paradoxalement, je m’en inquiétais : avec les avantages de la meilleure des drogues venait l’addiction, épouse inséparable de cette épée de Damoclès. Allions-nous – allais-je y succomber ? Ploierais-je face à l’appel d’un instinct millénaire ? Trouverais-je jamais d’exutoire à une mort lente s’il me prenait l’envie de croquer le fruit défendu ? Je n’étais d’ores et déjà plus persuadé de répondre de moi ; dans chacun de mes gestes je devinais le précipice de la folie, l’abîme du désir près de me balayer. Rien n’aurait su m’arrêter – pas alors que je tenais à ma disposition la plus pure des jouissances, le plus cristallin des joyaux. La volonté seule de repousser nos limites s’affichait dans la courte liste de mes priorités. Rien d’autre ne comptait plus, ça et répondre par les miennes aux pulsions de la scientifique. Je tenais dans mes bras l’arme qui n’allait plus tarder à m’abattre et le contrat d’exécution avait été signé de ma main.
Elle honora celui-ci.
Avec brusquerie, Elissandre me repoussa, d’un geste contre lequel je ne luttai pas, trop pressé d’assister à ma propre immolation. Ses lèvres laissèrent les miennes à leur torture, suspendues dans un vide qui n’attendait que de me voir m’étouffer ; nous demeurions cependant liés par un courant de sentiments et ressentiments, portés par le regard que nous échangeâmes, passant d’un monde tactile à un univers où tout transitait par le contact visuel. L’œil du cyclone. Seul m’importait de survivre à cette sphère de calme dans la tempête. De profiter de l’apnée pour reprendre mon souffle, en quelque sorte. Jouir du silence afin de récupérer un semblant d’ouïe lorsque plus rien ne subsistait des tympans. A l’expression furieuse de mon bourreau, je sus qu’elle hésitait encore à se donner à moi – je manquai d’en rire, le sol sous nos pieds avait déjà cédé et je lui retournai un demi-sourire. Non, je n’étais pas inquiet. Surpris moins encore. Je ne cillai pas lorsqu’elle fit mine de me frapper. Je sentis plus que je ne la vis sa main arrêter sa course à moins d’un nanomètre de ma joue – elle hésitait. Elle refusait encore d’admettre sa défaite. Ce n’est pas ta défaite, abrutie. C’est la nôtre. Notre déclin. Notre descente aux enfers. Nos avaries qui se combinent. On sombre, mais on sombre ensemble, qu’on le veuille ou non. On partage tout, même l’échec.
Et quel échec. Jusqu’au bout. Nous aurions sans doute dû fuir l’autre, ne pas lui présenter sur un plateau la clé de notre âme. L’éliminer, peut-être. Même moi, je l’avais compris. Elimoche finit par saisir qu’il ne nous restait plus qu’à savourer nos morts pour espérer que nous saurions imiter le phœnix, renaître de nos cendres et bâtir un nouveau monde sur les décombres de l’ancien. En attendant, place à la destruction. Par le feu. Ses doigts surent renouer le contact ; je la laissai apprécier ce retour à la raison et me contentai de cueillir ses lèvres lorsqu’elles revinrent abreuver les miennes. Doucement d’abord, avec retenue, retenant captif mon visage, puis plus brutalement, comme si elle avait décidé de noyer son désir dans le mien – je lui laissai le choix de la danse nous transportant. A ma grande satisfaction, elle opta pour un tango tout en pas longs et pauses fréquentes, à caractère passionné. Chorégraphie à deux temps. Doubles pulsations. Celles de deux cœurs, deux putains de machines ayant trouvé le moyen de s’accorder alors que tout les destinait au cannibalisme.
Je devinai les intentions de Miss H. avant qu’elles ne se concrétisassent. Aussi lui facilitai-je la tâche quand elle décida de l’élan venu inverser nos positions, me confinant contre le mur qui l’avait accueillie. Un sourire joua sur mes traits : ainsi finissait-elle par ployer. Je saluai cette initiative d’une étreinte autrement plus brûlante que la précédente ; je compris que l’incendie s’était propagé autour de nous, préparait à nous consumer. Baiser de feu. L’impulsion fit s’entrechoquer nos dents sans que cela gênât nos ébats et je fermai les yeux, afin de jouir dans l’obscurité des étincelles de l’enlacement. Elle s’agrippait à mes épaules comme une perdue. Moi-même, je me savais proche de l’étouffer à force de l’enserrer. Mes mains s’étaient comme grippées sur sa nuque et ses reins. Je laissai mes lèvres glisser sur son menton, sur la courbe de sa mâchoire, choir dans sa gorge pour lorgner du côté des clavicules dénudées et elles auraient poursuivi leur course si Elissandre ne s’était pas soudainement affaissée.
La surprise me fit broncher alors que je la sentais s’effondrer – ses jambes avaient cessé de la porter. Je me fis son soutien, mes bras la cueillirent avant qu’elle ne chutât plus encore et je fronçai les sourcils. J’étais un peu paumé, pour le coup. Je me savais sur le point de défaillir mais je n’attendais pas ça de sa part. Elle que rien n’effrayait, elle qui se vantait d’être capable de pouvoir essuyer jusqu’à la pire des blessures … elle en était réduite à sombrer la première. A ne devoir son salut qu’à la réunion de nos corps.
« Putain, tu nous fais quoi, là, Elifrigide … ? Tu vas claquer avant l’heure ? », lui demandai-je à voix basse.
La vérité était que je trouvais sa faiblesse charmante. Elle sublimait sa beauté froide. Achevait de l’humaniser, de l’amener près de moi. Pas question de la laisser m’échapper. Non, elle n’aurait pas droit à la dispersion de ses forces. Je lui ferais don de celles qui lui manquaient encore pour m’accueillir. Je serais là pour la soutenir dans ce qui allait être une épreuve pour cette bourgeoise trop longtemps coupée du monde. Aussi la retins-je, donnant suite à ma tirade par ma respiration heurtée. Nos genoux se tutoyaient. Nos vigueurs se compensaient. J’en fus presque glacé. Alors que je me penchais un peu plus ma main gauche remonta dans son dos tandis que la droite descendait sur sa hanche, sa fesse et sa cuisse pour la cueillir à l’articulation de sa jambe et diligemment, elle se retrouva dans mes bras. Pour la seconde fois de la soirée. A ceci près que cette étreinte n’avait rien d’unilatéral ; je pouvais la sentir verrouiller sa prise sur mes épaules et j’en profitai pour lui voler un baiser.
Ellipse dans le temps. Trajet à l’aveugle, lorsque le cœur guide vos pas. Lorsque je rouvris les yeux, nous venions d’entrer dans ma chambre, sur laquelle seul le plafonnier du salon jetait un rayon de lumière. Logique que cette avancée. Si naturelle. Si facile. Si corrosive. Je déposai la jeune femme sur le bord du matelas, sans la lâcher, bien plus délicatement que je ne l’avais fait dans le bar précédemment, comme si je risquais de la briser alors que l’asthénie la tenait captive de ses serres. Je te croyais moins fragile. Mais c’est encore plus agréable ainsi. Le pire, c’est que tu le sais et que tu t’en délectes. Comme moi.
Je pris un instant, incliné sur elle, pour croiser son regard. Pour m’enivrer de son visage rosi par l’émotion. Pour capturer le désir dans ses traits, savourer le désordre dans ses cheveux. Bordel, n’eus-je que le temps de songer alors que je craquais. D’une secousse, je brisai le cadenas de ses mains, me saisis de ses avant-bras et la repoussai sur le dos pour fondre sur elle. Mon sourire se détachant à contrejour.
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Elissandre Hell
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Sam 17 Juil - 16:04
« I've never know what's good for me Baby, you've got to be more demanding I will be yours »
Furieux tourbillons. Âmes et corps enlacés dans un même mouvement. Harmonie des sensations.
Sa surprise fut belle. Je ne me connaissais pas si faible et je vis dans son regard l'étonnement se le disputer au délice. De ma fausse chute, il ne découla ni moquerie ni mépris. Je le sentis défaillir, cédant à la tentation de laisser flotter sur ses lèvres sucrées un léger sourire. Il me retint de ses bras fins puis me porta. Je me laissai aller contre lui, m'accrochant à son cou comme une moule à son rocher. Je me lovai dans son cou, laissant ses cheveux se glisser dans mon chemisier, et savourant son parfum masculin. La pièce semblait se découper en actes, eux-mêmes divisés en scènes. L'apogée soufflait son vent annonciateur. Le tombé de rideau promettait de longs et beaux applaudissements. Et plusieurs bis, pour faire bonne mesure.
Fichu baiser. Rien de tout cela n'aurait du se produire. S'il n'avait pas cédé à cette stupide impulsion, on n'en serait pas là, à se vautrer dans notre déchéance. -Perdus. Nos sommes perdus, mon ange infernal. Mes émotions m'évoquaient un bouillonnement dans lequel je me noyais par instant, ou savourais sa chaleur réconfortante. Réconfortante. Je ne trouve rien de réconfortant. Je n'aime pas sa bouche. Je hais ses yeux. Je hais ses cheveux. Je hais son corps diabolique. Mes doigts volèrent, faisant sauter plusieurs boutons de sa chemise, exposant ainsi son torse à mon avide regard. M'agrippant à ses épaules, je me soulevai pour embrasser ses omoplates. Son parfum n'était ici que plus succulent, sa sueur légère venant s'ajouter à son parfum. Je basculai en arrière, laissant mes cheveux de jais s'étendre en une corolle dont la couleur d'un abîme infini n'aurait égaler l'obscurité. M'embrassant encore et encore, il mélangeait sa chevelure argentée à ce puits qu'avalait tout lumière ... sauf la sienne.
Seule lumière émanant de nos esprits dans cette chambre plongée dans la pénombre, nous resplendissions. Je ne resplendis pas. Je ne me délecte pas. Je ne fais que haïr, haïr ses caresses et ses baisers. Haïr ses mains qu'aucun tissu ne semblait pouvoir arrêter. Haïr la pression que son corps imposait au mien, m'étouffant de son torse et de ses bras. Haïr ses lascives étreintes. Encore des baisers sucrés. Caresse de ma nuque à mon épaule. Frisson. Lèvres effleurées.
-You're my lollipop.
Mes vêtements m'emprisonnaient. Camisole à un désir que seul l'assouvissement total et absolu pourrait combler. Je perdis la notion du temps. Il me semblait que je basculais dans un autre monde, si proche et pourtant si lointain, que je n'avais même pas eu la décence de frôler auparavant. Le peu de volonté qu'il me restait encore me quitta, comme une âme quitte un corps avec son dernier souffle.
Abysse de désir et de non vouloir à la fois, je n'existais même plus. Plus pour moi même. Pour un autre.
Vito Vargas
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Sam 17 Juil - 17:29
{ Durant ce post, ils s'aiment. }
Et la fin arrive.
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Vito Vargas
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Sujet: Re: {X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito] Dim 18 Juil - 20:17
Pénombre limitée. Dans le salon, le plafonnier, toujours illuminé, baignait la chambre d’une lueur éteinte, comme malade. Pourtant, cette avarie dans la qualité de l’éclairage n’en sublimait que plus l’être à mes côtés – par sa caresse hésitante, elle accentuait les ombres et conférait à la scène un aspect des plus irréels. Surtout, elle perdait la satisfaction que j’avais à me délecter du corps d’Elissandre dans un labyrinthe de plaisir, la réduisant à l’incapacité de trouver une fin. Car nul terminus n’aurait convenu à ce voyage. Le train nous portait toujours, s’acquitterait de ce rôle plus longuement encore ; d’ici à en voir le crépuscule, nous aurions le temps de jouir du trajet, de ses méandres. Oui, d’ici-là, nous aurions même la possibilité de repousser les limites du désir et il nous serait irréalisable de quitter le convoi en cours de route.
On va où, ducon ? On va droit dans le mur. On file vers l’overdose, on s’envole vers l’amanite phalloïde, la dose létale de cyanure, de phénol. On va se gaver de gaz neurotoxiques et on enchaînera sur le curare ou le botox, histoire d’en prendre plein les yeux. Et si c’est pas suffisant, on achèvera de foutre en l’air notre synthèse d’ATP avec des trucs plus radicaux. Parce qu’on craint plus grand-chose, à ce stade de décrépitude. On craint tout court. Délit de connerie, péché de bêtise.
On craignait, ouais. C’était le mot. Un soupir de la part d’Elimoche rappela sur mon visage un sourire que j’avais cru pouvoir reléguer au rang de souvenir et je l’observai. Sa position était demeurée celle dans laquelle le sommeil l’avait saisie ; pressée contre mon corps, une jambe liée à l’une des miennes, son bras enserrant encore mon torse pour remonter jusque sur mon épaule. Elle avait laissé sa tête reposer entre l’oreiller et mon cou, laissant ainsi son souffle chaud me rappeler que ce contact n’était pas qu’un fantasme ou un rêve éveillé – je pouvais sentir sa respiration effleurer ma carotide, caresser ma clavicule et achever sa course un peu plus loin, ne mourant que pour inspirer à mon cœur des battements supplémentaires.
Depuis qu’elle s’était endormie, bien des choses me tenaient compagnie et se bousculaient dans le bordel de mon esprit. A commencer par l’odeur de la jeune femme. Son parfum, déversé à torrent dans mes narines par la chevelure et la peau qui le charriaient, m’était toxique. Je l’aimais et l’exécrais – musqué mais par trop capiteux, fruité mais entêtant au point de m’enivrer. Venait ensuite la chaleur née du contact entre nos deux corps, cette saloperie qui me tenait bien éveillé alors que le ciel pâlissait. Puis la descente de reins sur laquelle reposait ma main ; elle s’y promenait en douceur, mutée en un membre insatiable face à tant de douceur, presque boulimique. Après, l’océan de cheveux de jais près de mon visage. Son souffle erratique. Ses lèvres glacées sur ma gorge. Son étreinte dictée par un protagoniste plus fort que l’indolence.
Et, plus que tout, les souvenirs de la soirée que nous avions passée ne cessaient de me revenir, présentés en un feu d’artifice à ma mémoire embrumée. Je fermai les yeux, désireux d’échapper aux éclairs ; mais rien n’y fit. Mes pupilles persistaient dans le rôle de victimes des images s’y étant imprimées, larmes-flammes, frappées du sceau d’un désir enfin étanché. Et tout filait. Défilait. Réminiscences dans le vide sous nos pas, éclats d’or perdus dans le lit d’une rivière. Chaque seconde, chaque baiser échangé me revenaient en tête pour heurter ma conscience, comme désireux de me signifier qu’il n’était pas logique d’avoir survécu à un tel déferlement de férocité. De fait, nos étreintes avaient eu quelque chose de brutal, à la limite de la rage : tout simplement, nous avions sublimé cette fusion en exprimant enfin ce que nous partagions le mieux – à savoir notre frustration d’avoir cédé à l’autre, d’avoir plié devant lui. C’était bien dans la violence, oui, que nous avions versé durant cette union ; et l’instant fatal avait vu naître un pacte que nous avions passé sous silence, préférant le réserver au sacrement du non-dit. Un pacte dans lequel nous avions cessé de n’aspirer qu’à la destruction et reconnu à l’autre son pouvoir sur notre personne, avoué notre emprise mutuelle. En y repensant, je ne pouvais ignorer que cette nuit s’était déroulée sous le signe d’une tendresse jamais égalée par le passé et ne souffrant aucune réplique.
C’avait été beau. Simple et déterminant. Savoureux, presque écœurant de perfection. Mes sens malmenés en réclamaient encore, encore, encore – pour un peu, j’en aurais vomi. Je haïssais de m’être découvert une dépendance au corps d’une femme dont je savais qu’elle serait à la fois mienne sans l’être jamais vraiment. J’abominais les réactions de mon corps à son frôlement. Je maudissais de devoir partager la jouissance du trône avec elle. Je haïssais la caresse de la main sur mon dos. J’abhorrais la souvenance d’avoir pénétré en elle. Je détestais nous savoir à la fois repus et affamés. Et j’adorais ça. Mes doigts se promenèrent sur une côte de la scientifique et j’imaginai ce que ce serait que de passer outre cette barrière pour transpercer son thorax, lui arracher le cœur … Peut-être cela exorciserait-il l’ardeur et l’ivresse que je le vouais. Peut-être cet évènement surviendrai-il, et pas forcément de ma part. L’un causerait la perte de l’autre ; c’était déjà le cas.
Mais d’ici-là, nous saurions profiter de cet épisode commun à nos deux existences. Elimoche s’était faite mon jouet et moi le sien même si, dès demain – ou aujourd’hui –, nous serions les premiers à refuser de l’admettre. Il était probable que j’oubliasse la réciproque de ce qui ressemblait à une propriété mathématique parfumée par l’échec.
D’ici-là, nous aurions tout loisir de faire souffrir notre meilleur ennemi. Pour le pire, car rien d’autre ne comptait.
« … Poufiasse », murmurai-je à ma Némésis.
} Sujet clos.
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{X} Délices et Damnation - Une rencontre ...[PV Vito]
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