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| Lumières & boules de gomme [Wolfy] | |
| Auteur | Message |
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Sôma [Psuchè Hadzis] Sôma
| Sujet: Lumières & boules de gomme [Wolfy] Ven 6 Aoû - 14:40 | |
| - Spoiler:
Comme promis. ♥ Le changement de police est un bug et trop la flemme d'essayer de corriger, tu me connais. Je suis désolée, il est vraiment court et pourri, et ça se dégrade encore plus vers la fin. « Oui mais moi je m’en vais. Et tant pis pour toi.
Et il s’envola…Petite ombre sur les pavés. Cours, cours, voleur de souvenirs, cours dans les rues. Personne ne te voit, personne ne le sait, que toi tu es toi, que la vie offre une mémoire que tu joues à dérober, l’énorme péché, mais toi tu t’en moques et tu fuis avec le vent. Un sourire au coin des lèvres, juste comme ça, les mains dans les poches, le col du haut remonté, et puis un regard qui papillonne sur la lumière d’un réverbère imaginaire, juste comme ça. Deux jolies courbettes, oyez oyez, je suis le chapardeur d’instants, pour vous servir. Et tu ris de l’image comme d’une caricature aux traits démesurés alors que les visages se succèdent inlassablement, tous collés sur la même bande, sur le même film, exactement le même fond d’écran. Et toi tu enchaînes les pas sur le béton tandis que leur souffle meurt dans l’air, tandis que leurs visages se dérobent dans les ruelles, tandis que ta silhouette périt dans l’abysse brut et glacial, tu marches juste sur un béton qui ne retiendra jamais tes pas.
¤¤¤ « Parce que toi tu t’attaches trop à cette personne. Que tu oublies ou non peu importe. C’est trop dangereux. Juste arrête ! »
Parce que sa voix elle part dans les aigus aussi, qu’elle se fissure et qu’elle chute d’un coup alors qu’il serre les poings, qu’il s’avoue que ce n’est pas ça, qu’il évite son regard et cherche désespérément des mots qui n’existent pas. Existe-t-il des mots pour justifier Sôma ? Mais non, et il ne dit finalement rien, étrangement rien. Il faisait nuit et c’était pareil qu’hier et le jour d’avant, et ce sera pareil demain aussi, probablement. S’il n y a pas de lune, penses-tu en ayant l’air de regarder par la fenêtre, mais juste en ayant l’air. Si je me tire et que je ne reviens pas demain, aussi. Mais tu ne crois pas. Alors tu claques juste la langue, exaspéré, ça finira par passer. Et tu n’entends pas ce que l’Autre dit. Il ne dit peut-être rien, tu n’entends pas. Tu marmonnes juste que oui, que toi tu t’en vas, et que tant pis pour lui. Et tu disparais.« Oui mais moi je m’en vais. Et tant pis pour toi.¤¤¤ Et tu marches, et tu cours. Et tu vas boire ce soir, petite étoile perchée entre ciel et sol, boire le ciel sans lune jusqu’à l’ivresse, et tu esquisses un rictus alors que tu réalises que toi tu ne peux pas être ivre. Simplement pas. Vague haussement d’épaules. Tant pis. On va se défoncer quand même, jusqu'au huitième ciel même s'il n'existe pas, le sol humain est si ennuyeux. Et il marche, et il court. Il s’arrête au détour d’une rue moins animée, tourne à gauche, sans savoir, sans lire les indications, les néons allumés, les visages surpris par les fards des voitures en course, les ombres brutalement accentuées sous les yeux, les lèvres, le creux des joues. Que des gueules cramées. A vingt trois heures passé de la nuit, un carnaval au cœur du fracas. Et lui est le funambule habile cherchant la sortie. N’importe où, tant qu’il boive, tant que c’est calme. Un homme se profile et émerge du noir, les lumières artificielles le brûlent comme tous les autres, brûlent son visage et son long manteau en cuir noir, ce visage est anonyme, sans nom et sans expression, et il s’approche alors que Sôma sautille d’un pavé à l’autre, les bras en suspens. Et le funambule perd l’équilibre, la gravité s’amuse de ses pas et il se retrouve contre l’homme. L’odeur du tabac et le reste d’un parfum d’homme particulièrement puissant. Tu te retires et tu t’excuses, tu vois finalement un sourire et tu te dis que ce visage n’est plus autant anonyme. Et tu continues de marcher. Maintenant, plus la peine de s’inquiéter pour l’argent. Tu ranges l’objet dans ta poche, tu continues de marcher, et finis par t’arrêter devant une porte. La lumière est étonnamment discrète. Ou alors c’est une impression. Il ne lit aucune indication, il pousse juste la porte, machinalement. Tintement. Il n y a personne. Il s’avance vers une table, et le son de ses pas résonne. Son regard se perd dans le vide alors qu’il ressort l’objet de sa poche et le tripote entre ses doigts. Il n’attend rien en particulier. L’endroit est vide mais peu importe.
Il soupire, joue contre paume. Ce soir il allait tout boire, le ciel et les lumières, jusqu’à l’ivresse. Mais il n y a personne.
Il entend finalement un bruit et lève la tête d’un geste vif et silencieux, comme un chat aux aguets. Le voleur qu’on surprend. Et ses yeux s’agrandirent légèrement alors qu’un homme à moitié nu apparait par une porte que Sôma n’a pas remarquée. Mais d’où sortait-elle, cette porte ? L’homme se dirige vers le comptoir. Naturellement. Les gestes un peu mous. Il cherche quelque chose, et puis se retourne. Tintement. Quelque chose qui tombe. Et la serviette qui glisse lentement par terre dans un fébrile bruit de froufrou. Et l’éclat de rire du stella résonna comme un verre qui se brise.
Un voleur qu’on surprend. Tu parles.
« Mais d’où tu sors toi ? Je viens prendre un verre et... et... »
Et les mots s'étaient cachés. Il n'était plus vraiment en état de faire de l'ironie.
« Me voilà bien servi ! »
Et tu glisses lentement tes yeux, de haut jusqu’en bas, jusqu’en bas. Et même la serviette froissée par terre semble rire elle aussi.
« Exhibitionniste. »
Dernière édition par Sôma [Psuchè Hadzis] le Mer 1 Sep - 1:06, édité 1 fois |
| | | Erwin W. Meister Fondatrices
| Sujet: Re: Lumières & boules de gomme [Wolfy] Lun 16 Aoû - 22:08 | |
| Il y avait certains soirs où la Casetta del Orso était clos pendant 20 minutes, entre la fermeture du restaurant et l’ouverture du bar.
Pendant ces instants-là, le personnel partait et il ne restait que les barmans, Erwin et celui qui le secondait. Celui qui, ces dernières semaines, préférait le tromper avec son nouveau bébé, évidemment. D’ailleurs, certains adoraient rappeler que lui, de cinq ans son ainé, n’avait ni une petite amie officielle, ni d’enfants, ni rien du tout. « J’ai un boulot, une maison et une voiture, je vous rappelle. » Mais ça n’avait jamais suffit. Ces hippies pensaient que rien ne valait l’amour. Sauf que lui, même sans travail, sans domicile et sans moyen de transport, il ne voudrait pas de ça. Autant mourir tout de suite de pauvreté, de froid et de faim. Ah, minute papillon. Tu n’aurais pas du mourir, il y un bout de temps, déjà ? Sauf que vu que l’élu de son cœur et de ses soupirs (mais oui, mais oui) n’était ni une demoiselle de bonne famille ni quelqu’un qui aurait pris la peine de partager ses sentiments. Donc, oui, le jour où le monde saura qu’il souffrait d’attachement maladif et discret pour une personne on ne peut plus infréquentable, il pourra aller acheter une pelle et creuser sa tombe. Ou décider d’arrêter la cigarette puisque les deux se valent.
Donc, Erwin n’était pas de bonne humeur. Il ne l’est presque jamais à en voir ses sourcils si facilement joignables dans un froncement naturellement hostile mais ce soir-là, il était réellement de mauvaise humeur et il espérait n’avoir aucun client dans la nuit. Il allait avoir mieux. Mais pour l’instant, il en était aux vingt minutes de pause pendant lesquelles il prenait parfois sa douche, mangeait souvent quelque chose et buvait toujours une bière.
Quand on a passé vingt-sept ans de sa vie, ou en clair, TOUTE sa vie, dans un restaurant, il est rare qu’on le différence de son réel chez soi. C’est normal, c’est mortel, c’est humain. Et mine de rien, Erwin était irréfutablement et mortellement humain. Pas de chance, hein ?
Dépassons la scène de la douche – qui serait tout à fait délicieuse à décrire mais on a pas le temps – et parlons de la suite.
Connaissez-vous le genre de personnes capables de se promener en peignoir pendant une heure, dans leur maison, juste par ce quoi, voilà, c’est plus confortable et c’est barbant de devoir s’habiller ? Il en faisait partie. Il pouvait même vous ouvrir la porte de chez lui ainsi vêtu, ça ne le dérangeait pas. Pas qu’il soit fier d’exhiber son corps en presque tenue d’Adam mais il n’avait jamais eu à souffrir de complexes. Et il ne se voyait pas essayer d’enfiler des vêtements en 30 secondes chrono. Très peu pour lui. Il préférait laisser ça aux « Nouvellement non pucelles » effarouchées qui se dépêchent à mettre tout bout de tissu se trouvant devant elles, lorsqu’elles entendent la voix paternelle dire : « Chérie, tu veux des toasts à la confiture ou au bacon ? » alors qu’un gamin boutonneux bave encore sur l’oreiller.
Bref, il était donc naturel pour Erwin de se balader en peignoir. Sauf qu’on était en été, et il préférait la petite serviette autour des hanches, juste asses large pour cacher… le bas-ventre. Bonne idée ? Mauvaise idée ? Il allait vite le savoir. Il sortit donc de la salle de bain en petite serviette et alla s’asseoir sur l’un des divans de son salon. Il étendit la main et attrapa… rien du tout. Rien de rien. Mais où était sa bouteille de bière ?! Oubliée, la chère enfant. Il fallait donc descendre au bar pour en boire une. Et comme je l’ai dit plus haut, la pudeur n’était pas une spécialité d’Erwin et il s’en alla, toujours en petite serviette.
Arrivé, il ne regarda absolument pas autour de lui. Sinon, il aurait remarqué la bouille d’ange qui faisait une bouille de d’épouvantail en le fixant. Sinon, il ne se serait pas promené tranquillement, il n’aurait pas ouvert le petit frigo, il n’aurait pas levé le bras pour prendre une bouteille de bière – geste qui avait fait légèrement baisser sa serviette et donc légèrement découvert son joli postérieur, il ne se serait pas retourné, n’aurait pas posé la bouteille sur le comptoir, à côté et n’aurait pas levé les yeux pour découvrir… un truc. Un truc humain, le problème. Quelque chose avec des yeux, un nez, une bouche, un corps.
Il en perdit sa serviette, le pauvre homme. Mais l’autre ne perdit pas ses mots puis l’affreux diable rouge dont les cheveux étaient rouges, les habits étaient rouges, les… ongles étaient rouges… se noya dans un rire horrifiant de petit lutin… rouge.
« Mais d’où tu sors toi ? Je viens prendre un verre et... et... »
C’était pas plutôt à lui de poser la question ?! Il y avait bien un panneau qui disait que le bar n’ouvrait que dans vingt minutes, non ? Ce gosse était incapable de lire ? D’ailleurs, il pouvait parier qu’il n’avait même pas l’âge de boire !
« Me voilà bien servi ! » Et lui donc !
« Exhibitionniste. » Et le rouge, tout ce rouge, lui monta à la tête. Il était là, tout nu, comme un con, devant un gosse aussi rouge qu’une tomate, aussi rouge que Maddox pouvait être sombre. C’était quoi, cette mauvaise blague ?
« Tout d’abord, il est bien écrit que le bar est fermé à cette heure-ci et qu’il n’ouvre que dans vingt petites minutes. De plus, je ne pense pas vraiment que t’aies l’âge de boire. Si tes parents sont d’accord pour que tu ressembles à feu follet, c’est leur problème, mais pas question qu’un gosse vienne, dans les heures de pause, demander un verre. »
Beau discours, Erwin. Une belle voix grave, masculine. Un air impérial. Un regard noir, fort. Dommage que tu sois nu. Vraiment dommage.
Sans doute pensait-il que le malvenu ne méritait pas d’admirer son corps – ou du moins, une CERTAINE partie de son corps – plus longtemps car il attrapa bien vite la serviette, remercia intérieurement le personnel d’avoir bien lavé le sol avant de partir, l’épousseta rapidement et la remit autour de ses hanches. Et voilà notre homme prêt à égorger l’horrible malappris qui avait osé complètement entacher la fin de cette journée qui, rappelons-le, avait déjà eu son lot de douleurs et de difficultés.
Avouons-le, sur le moment, il avait eu envie de lui planter son poing dans la figure. Mais en y réfléchissons, c’était trop fatigant, et c’était ridicule de le faire en serviette de bain. Il voyait déjà la tête de Vito se moquer de lui si un jour, cette histoire arrive jusqu’à ses oreilles.
« Je n’ai même plus envie de boire une bière. »
Il s’en alla vers la porte du restaurant, l’entrouvrit et, tournant la pancarte, déclara à la ville entière que le Casetta del’Orso était fermé.
« Suis-moi. »
Et notre jeune homme revint vers la porte menant à l’escalier qui menait à l’appartement. Une déclaration de guerre ? Préférait-il l’assassiner dans son salon ? Ou comptait-il juste en faire un coup d’un soir, histoire de profiter du fait qu’il était déjà nu ?
Vous le saurez dans le prochain épisode !
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| | | Sôma [Psuchè Hadzis] Sôma
| Sujet: Re: Lumières & boules de gomme [Wolfy] Mar 17 Aoû - 22:29 | |
| A un feu follet… ?
Sôma réfléchit longuement, ce qui l’empêcha d’écouter le reste de la phrase. Qu’est ce qu’il voulait dire par là ? Qu’il était très beau ? Que ses parents, autrement dit Psuchè, étaient stupides ? Un feu follet c’est beau. C’est… lumineux. Contrairement aux éclairages ternes et discrets du restaurant, Sôma était réellement très lumineux. Et puis qui était cet homme, d’abord ? Un air sérieux et consterné. Une voix grave. Des paroles tout aussi graves. Dans un ensemble nu et vaguement ridicule. Il aurait aimé rire, à pleine voix, mais c’aurait été réellement déplacé… Vous croyez vraiment que Sôma s’en préoccupe ? Il avait une fois encore rigolé, cette fois un peu moins fort, presque pour lui-même, les lèvres étirées.
Quel barge. Il prit tout son temps pour remettre le peu de tissu qui préservait son humilité d’homme, l’épousseter, comme s’il s’agissait d’une veste. Voulait-il que Sôma le regarde plus longtemps ? Sôma pensa qu’il n’eut pas tort en le traitant d’exhibitionniste. Avait-il sûrement dû ressentir un semblant de gêne devant un gosse, comme il le disait si bien, car bien qu’il eut l’air louche, ce n’était pas réellement la bouille d’un pédophile qu’il offrait en spectacle, mais juste celle d’un honnête citoyen de Milan venant de se taper la honte internationale. Ou pas.
Ses lèvres s’étirèrent encore, cette fois dans une moue plus malsaine, moins innocente, lorsqu’il le vit retourner la pancarte. Le côté que Sôma lisait était un Ouvert bien élégant.
« Suis-moi. » Qu’il le suive ? Ahaaa. Quelque chose d’inquiétant se profile à l’horizon, pensa le gamin, l’air las, se relevant simplement en remontant la capuche sur sa tête. Il resta debout un instant. Hm, je croyais que c’était fermé et qu’un gosse n’avait rien à faire ici, faillit-il oser dire. Mais il s’en abstint au dernier moment, pensant que ce serait bien plus amusant de voir où tout ça pouvait bien le mener. Il esquissa finalement un pas, puis releva la tête vers l’homme en serviette. Ce dernier avait déjà ouvert la porte et comptait gravir des escaliers.
« Hé, tu vas m’emmener dans une chambre bizarre avec un grand lit, des menottes et des outils bizarres aussi pour me faire des trucs tout aussi bizarres, c’est ça ? »
Il se dirigea vers lui. Sans aucune crainte, aucune hésitation. Juste un peu de réticence. Une naturelle réticence qu’il avait appris à aiguiser aux côtés de son pactisant. Si l’homme douteux se révélait être un dangereux psychopathe exhibitionniste pédophile lolicon sadomasochiste, ce qu’il était probablement, Sôma disparaitrait tout simplement. Tant pis si l’autre en restait traumatisé à vie.
« Si ça arrive je m’en plaindrai au… »
Il perdit les mots. A qui pouvait-il se plaindre ?
« Aux gens qui ont écrit le protocole de la défense du client ! »
Rétorqua-t-il d’un air impérieux. Stupide. Si ça arrive je disparaitrai, pensa-t-il, basta. Mais il le suivit quand même.
C’était un peu terne, lorsqu’il ouvrit la porte. Un peu trop gris. A l’image de l’homme qui se tenait à côté. Et ça sentait la cigarette à plein nez. Une odeur que Sôma ne détestait pas du tout. Il n y avait que le strict nécessaire. Des meubles sans prétention. Quelques tableaux d’amateurs qui n’étaient pas mal. Le tout proprement rangé, baignant dans une morne normalité. L’appartement du parfait célibataire. Le peu de réticence que Sôma ressentait s’envola dangereusement tout aussitôt. Il s’avança comme s’il était chez lui. Le sofa était plus confortable qu’il n’en avait l’air, et ce coin là sentait plus la cigarette que le reste du salon. Sur la table basse, un cendrier et des mégots, une demi-cigarette consumée, quelques factures. Sôma lit le nom. « Erwin Wolfgang Meister ». Double nationalité ? Il murmura le nom assez haut, comme pour vérifier que c'était bien ça, qu’il pouvait le prononcer. Il pouffa de rire.
« Quel nom de ringard. »
Il ne le pensait pas.
Il regarda simplement l’homme toujours en serviette. Et puis il sourit d’un sourire large, pas le moins du monde amusé, de ce genre de sourires que peuvent avoir les petites filles, ce genre là qui incite au viol. Et il s’assit. C’est sûrement ici que l’homme passait la majeure partie de son temps libre. C’est peut-être ici. Les week-ends, les jours de fête, les soirs d’été. Sûrement seul ou avec une femme. Aucune photo n’était accrochée nulle part, seulement les tableaux maladroits. Aucune non plus ne décorait une étagère, une table basse, on n’en voyait nulle part.
« Tu vis seul ? Tu n’as pas de famille ? » S’il ne vivait pas seul, Sôma aurait senti un parfum de femme. Sa question tenait simplement de la malice.
« Quel âge as-tu ? Attends, je te donne… Quarante ans. »
Ça aussi, il ne le pensait pas. Il s’enfouit un peu dans le canapé en fixant le plafond.
« J’étais simplement venu me saouler un peu, pourquoi m’avoir invité à monter ? » Enfin une question teintée de curiosité, dénudée de tout amusement. Aucune pointe de taquinerie ne marquait sa voix.
« Tu veux mon pieu c’est ça ? » C’était trop beau pour durer longtemps.
Et à Sôma de glisser ses yeux vers la serviette. Pour vérifier si l’état actuel de l’homme à moitié nu ne présageait pas une potentielle attaque de front visant à le dépouiller de ses vêtements et-accessoirement- de sa virginité. (Vous doutez que Sôma en ait une ?). Mais juste pour vérifier. Aucun signe anormal, tout semblait dans l’ordre, plat.
C’est en levant les yeux vers le visage de l’homme que Sôma se rendit compte qu’il n’avait fait que poser des questions, parler, relever des détails grossiers, et que l’autre restait silencieux. Dangereusement silencieux. [HS : J’ai un peu peur pour Sôma xD ] |
| | | Erwin W. Meister Fondatrices
| Sujet: [b][color=#60546b]...[/color][/b] Mer 18 Aoû - 3:37 | |
| - Spoiler:
Tu vois que je tiens mes promesses 8D C'est le matin et t'as ton post ! Tu as intérêt à répondre vite ♥ /Sinon, on fera la même chose qu'il y a quelques heures/
Nul doute que l’idée qu’on le prenne pour un exhibitionniste n’avait pas du tout traversé l’esprit simplet d’Erwin. C’est vrai, quoi ! Il se promène chez lui, il a tout à fait le droit d’aller prendre une bière même en tenue de sadomasochiste pervers prêt à fouetter –ou se faire fouetter, ça dépend- un partenaire bien menotté –ou tripotant des menottes- l’attendant dans un lit militaire blanc –lit qu’il n’a pas chez lui, je vous rassure tout de suite. Il avait tous ses droits dans cet espace-là et le malvenu ici était bien le gosse rouge. Trois secondes de réflexion avaient fait décider Erwin de faire monter le feu follet dans son appartement car il ne tenait absolument pas à le laisser seul dans son bar. Or, il tenait à s’habiller. Ca devenait urgent. Chaque particule de sa peau le piquetait et semblait lui hurler : « Mais va t’habiller ! Tu vas pas laisser ce con me mater encore longtemps, quand même ?! » Et de toute évidence, il n’allait pas pouvoir le chasser rapidement. Donc, autant le faire attendre dans le salon. Il était sûrement curieux, il regarderait partout le temps qu’il se couvre dans sa chambre. Erwin n’était pas du genre à aimer qu’on mette son nez dans ses affaires, surtout quand le « on » est un inconnu qui vient de le voir complètement nu dans son bar et avec qui il n’avait pas du tout envie de coucher, mais il faut bien faire des sacrifices dans la vie ! Et de toute manière, son appartement était sobre, neutre et aurait pu appartenir à n’importe qui qu’on ne ferait pas la différence.
Les premiers mots constituant la réponse de l’erreur du jour lui ouvrirent les yeux de façon désagréable. Il est vrai que pour n’importe quel membre du monde extérieur, un homme se promenant nu dans un bar n’est rien d’autre qu’un exhibitionniste malsain. Et comme le membre en question semblait être particulièrement obstiné et agaçant, il osait le prendre pour un vieux schnoque pervers qui aurait eu envie de plaquer ce frêle diable rouge sur un lit pour le menotter et l’initier à quelques jeux d’adultes… Non seulement ça avait mal commencé mais ça continuait mal. Très mal.
Et voilà le gamin qui commençait à le menacer de se plaindre… à des gens inexistants pour un protocole sans queue ni tête. Il avait peut-être de l’imagination, mais il aurait pu s’en servir autrement que pour embêter un pauvre homme qui ne demandait qu’à passer une soirée comme les autres. Il ne fit que soupirer. Evidemment, il n’allait pas répondre. Ca équivalait à l’encourager à sortir ses blasphèmes. Il monta les marches normalement, ouvrit la porte d’un geste las et, bien heureusement, l’odeur de la cigarette le rassura un peu. Bien qu’il n’était pas particulièrement anxieux ou inquiet. Il invitait rarement des gens à venir chez lui. Ses dévergondages avaient lieu dans une chambre d’hôtel ou chez l’autre personne. Très rarement chez lui. Son appartement était une partie importante de son territoire. Les étrangers n’y entrent pas.
Mais l’étranger du moment, qui avait l’honneur d’entrer chez Erwin, se comportait naturellement et Wolfy avait la nette impression qu’il se sentait chez lui. Un peu trop peut-être. Il allait vers les sofas, jetait un coup d’œil sur la paperasse posée sur la table basse – merde, les factures… Qu’il connaisse son nom ne le dérangeait pas. C’est facile de connaître le nom du patron d’un bar/restaurant. Mais bizarrement, il aurait préféré que ce gamin-là ne le sache pas. D’ailleurs, les quatre mots qui sortirent le lui confirmèrent. Un froncement de sourcils. C’est lui ou chacune de ses paroles étaient moqueuses, sarcastiques ou tout bonnement impolies ?! Et il osait couronner ça avec des petits rires insolents et des sourires peu recommandables. Bon dieu, ce garçon avait tout d’un lutin ! Et drôlement curieux, qui plus est. Il avait le culot de le tutoyer, de lui poser des questions privées sans même sourciller. Bon, il l’avait tutoyé aussi mais la différence d’âge étant remarquable, le gosse aurait pu s’en passer et le vouvoyer ! En plus, il osait le vieillir de plus de treize ans. Là, il devina qu’il se moquait et le trouva même un peu mignon. Impression qui perdura lorsqu’il posa une question d’un air sérieux (après avoir lâché sept ou huit répliques mordantes, avec plus d’ironie qu’autre chose). Mais ça se cassa vite. En une phrase.
Ce qu’il pouvait être frivole. Une fois mignon, une autre détestable.
Le temps qu’il parle, qu’il s’assoit, qu’il reparle, Erwin avait remarqué que seule sa frange était rouge et que le reste était d’un noir d’ébène. Mais ça ne le rendit pas plus agréable à ses yeux, loin de là. Il n’aimait pas le rouge. Trop criard, trop tapant, trop pimpant. En plus, le gris et le rouge ensemble, c’est laid.
« Pas de chambre, tu vas te contenter du salon. Tes autres questions, tu les gardes, j’ai pas la tête à te répondre. » La même voix grave, blasée.
Si le damoiseau comptait sur des confessions ultimes, il se mettait le doigt dans l’œil. Erwin s’en alla vers le couloir, entra dans une pièce et en ressortit quelques secondes plus tard, un grand verre dans la main qu’il posa sur la table basse, devant son « invité ». C’était de toute évidence un verre de coca, tranche de citron, glaçons et paille compris. Et de toute évidence, il n’allait pas lui servir de l’alcool de si-tôt.
« Bois ça. Je vais aller m’habiller. T’as la télé à côté aussi. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Laissons de côté le fait qu’il venait de le traiter comme un oncle traite son neveu de cinq ans qui vient passer un week-end chez lui. Il repartit vers le couloir, laissant le « neveu » avec un grand verre de coca et une télécommande. Qu’il sache s’en servir ou pas, ce n’était pas son problème… Il fit vite demi-tour pour ajouter :
« Par contre, si tu casses quelque chose, c’est toi ou tes parents qui paient la réparation. »
Et il s’en alla vers sa chambre pour de bon. Vous devinez sans doute qu’il s’en foutait de ce qu’il mettait. Il enfila rapidement des sous-vêtements, un pantalon et une chemise qu’il ne prit pas la peine de boutonner. Faut pas exagérer non plus.
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| | | Sôma [Psuchè Hadzis] Sôma
| Sujet: Re: Lumières & boules de gomme [Wolfy] Jeu 19 Aoû - 13:47 | |
| L’homme avait disparu un instant dans le couloir. Sôma soupira. Il avait dit Pas de chambre. Et qu’il n’avait pas la tête à répondre, c'est-à-dire que Sôma pouvait abandonner l’idée d’une potentielle discussion bien posée et intellectuelle avec un pédophile mal assumé. Sans blagues ? Pas de lit avec des menottes, pas de discussion de pédophile. C’était horriblement sain et ennuyeux. Peut-être voulait-il autre chose ? Donnait-il une récompense, ou une consolation (Bien méritée) aux individus l’ayant vu nu ? Il était vrai qu’au bout de cinq minutes Sôma avait outrageusement violé deux de ses intimités. Mais il lui aurait bien balancé un truc en pleine gueule en rétorquant, non sans amusement :Mais putain tu veux quoi le vieillard ?
L’homme disparut une deuxième fois dans un couloir en le laissant seul dans son salon. Sôma saisit le verre de coca dans ses deux mains, regarda fixement dedans. Il était froid, il le porta à sa joue en fermant les yeux. Il avait failli expirer un de ses longs soupirs presque douloureux lorsque l’homme réapparut brusquement, lui faisant remarquer que s’il cassait quelque chose, ce serait ses parents qui paieraient les frais. Il tourna la tête dans sa direction pour opiner mais l’homme n’était plus là. Psuchè. Ce serait amusant de casser un truc de valeur et de faire payer Psuchè, il serait sûrement rouge de colère après. Mais Sôma doutait qu’il y eut quelque chose de vraiment coûteux dans cet appartement, et même s’il y en avait il n’en avait vu que le salon.
Il but une gorgée de son coca en silence. Psuchè. Pourquoi avais-je quitté la maison en ronchonnant, déjà ? Tu te détournes trop de tes objectifs. A cause de ce garçon. Maintenant qu’il y pensait, Sôma, lui, son stella, n’avait plus aucun rôle à présent. Non, il y avait déjà pensé plusieurs fois. Il ne savait même pas s’il devait s’en réjouir. Plus il retardera le jour où son vœu sera exaucé, plus je resterai avec lui. Mais d’un autre côté il était terriblement jaloux. L’être duquel il dépendait le plus lui était volé par un autre. Il n’était plus le seul à avoir besoin de lui. Psuchè ne semblait pas s’en soucier plus que ça, peut-être même avait-il l’air heureux, quelques fois, un peu trop heureux. Et ça le rendait maladivement jaloux.
Il s’allongea, fixa un moment une goutte d’eau qui coulait le long de son verre puis tâta doucement à la recherche de la télécommande. Le premier bouton le dirigea vers une émission ridicule et pseudo-émouvante sur la fugue des adolescents. Des parents et des gosses (sûrement traînés de force) venaient déposer des témoignages et parler de leur expérience personnelle sur le sujet. Un des gosses n’avait encore que neuf ans lorsqu’il avait fugué. Sôma se demanda ce qu’il ferait à ses parents lorsqu’il aura dix-huit ans, il en rigola un peu au début mais il se lassa vite.
Un soupir à demi saccadé s’échappa de ses lèvres alors qu’il appuyait sur le bouton Off de la télécommande. La télé continuait de brailler. Dans la position où il était, la télécommande plus dirigée vers le mur qu’autre chose, c’était assez naturel que ça ne marche pas, mais il ne s’en rendit pas compte et continuait d’appuyer à chaque fois encore plus fort. Il défonça le bouton, l’enfonça comme un œil dans son orbite, la télé s’accrochait toujours à la vie. Regardant le joli massacre qu’il avait causé, la seule pensée qu’il eut « Bah, une télécommande ça ne se rembourse pas ! ».
Il se leva sans bruit, avec brusquerie, et se dirigea vers le couloir. Si l’homme pensait qu’il allait rester assis à bavarder avec le silence et ses pensées il se trompait lourdement. Il avançait, main posée contre un mur, en baladant ses yeux partout. Un couloir sans prétention, des portes sans prétention. Quelques tableaux du même genre, maladroits et imprécis. Il s’y attendait et il pensa que ce genre d’endroit, bien que trop gris, et même si ça sentait la solitude à plein nez, où que tu regardes, ça t’enveloppe d’un vague sentiment de sécurité. Comme si tout dans ce modeste appartement, banal et ennuyeux, était figé. Comme si rien ne pouvait y arriver. C’était très différent du sentiment habituel qu’il avait lorsqu’il était avec Psuchè. Les jours qu’on ne prévoit pas. Un danger à chaque pas, chaque expression qu’ils pouvaient esquisser ensemble. Ici étaient les jours monocordes aux odeurs de cigarette.
C’était nouveau.
Au bout du couloir il vit une porte légèrement entrouverte. Un rictus étira ses lèvres. L’homme dans la pièce était sur le point d’enfiler une chemise lorsque Sôma s’approcha à pas de félins et regarda à travers l’entrebâillement. C’était bien sa chambre. Sôma pouvait simplement voir un bout de lit. Double, avec des draps d’un blanc trop parfait. La moquette grise qui étouffe sûrement les bruits de pas. Une odeur de cigarette. Ca sentait l’homme, de partout. Sôma enleva ses chaussures et les laissa devant la porte. J’ai tout vu, disaient-elles.
Il n’avait vu que son dos. Blanc et juste à peine large pour une seule personne.
Il retourna en chaussettes au salon, s’étira, s’allongea une deuxième fois sur le canapé et ferma les yeux. S’il « dormait » ici, Psuchè se demandera sûrement où il était passé, sans vraiment s’inquiéter. Il revenait à chaque fois après tout. Il avait encore le goût sucré de la boisson dans la bouche, l’odeur des cigarettes envahissait le salon.
Les yeux fermés, il feignit le sommeil.
Il aurait bien voulu rêver. |
| | | Erwin W. Meister Fondatrices
| Sujet: Re: Lumières & boules de gomme [Wolfy] Jeu 26 Aoû - 20:24 | |
| En enfilant lentement sa chemise, il avait entendu le son de la télévision. Le gosse, comme tous les gosses du monde et ce depuis bien des années, n’avait pas résisté à l’appel de la technologie et avait donc allumé l’énorme boite noire qui, quoiqu’on en dise, servait parfois à Erwin. C’était un graand fan de cinéma, rappelons-le. En toute ironie, bien entendu. Au moins, ça lui permettait de se dire que le petit punk vautré sur son canapé, à fixer son écran, avait de quoi s’occuper les yeux, les mains et même la bouche puisqu’il avait pris la peine de lui donner un verre de coca. Qu’on vienne le traiter de mauvais hôte ! Mais il ne se doutait pas que son invité était des plus… mauvais.
Quand on est chez quelqu’un d’autre, le bon sens vous oblige à rester bien assis dans une seule pièce, avec comme limites le trait qu’a dessiné votre hôte. Pour le punk, c’était : Le coca, la télé, le salon. Il n’était absolument pas censé se balader et encore moins quitter ce cercle invisible sous peine d’avoir la rancune éternelle de tout hôte en ce monde. D’ailleurs, remarquez que JAMAIS Wolfy n’a prononcé la phrase piège qui n’est autre que : « Faites comme chez vous. » Faire comme chez soi… Le summum de l’hypocrisie. Et Erwin, aux dernières mises à jour, n’était absolument pas hypocrite et ne connaissait pas cette douce façon d’être appelée le tact. Pour lui, il était juste invraisemblable que quelqu’un s’invite chez vous, viole votre cocon et continue en posant ses marques dans votre maison, comme ces chats qui se collent aux murs, font leurs griffes sur vos vêtements et vous regardent avec des yeux secs et méchants comme si voilà, dès le moment où ils sont là, votre présence devient secondaire et même futile.
Bon, pour l’instant, le gosse n’en était pas encore arrivé là et Erwin espérait sincèrement ne pas avoir à le jeter dehors avec des coups de pied dans l’cul. Bien que ça ferait une joyeuse anecdote à raconter à Vito la prochaine fois que ce dernier se trimbalerait jusqu’à chez lui avec sa tête de délinquant toujours pas mature. En y pensant… ça faisait un bout de temps qu’il ne l’avait pas vu. Il s’était peut-être encore plongé dans une affaire douteuse. C’était le genre de gars qu’on ne s’étonnerait pas de voir kidnappé par des extraterrestres et jeté dans les égouts de Milan. Un peu comme Maddox. Mais en moins désespérant. Erwin avait déjà beaucoup moins de mal à l’imaginer marié et AVEC le bonus enfants. Même si cet avenir n’était sans doute pas tout à fait parfait du point de vue du « scientifique ».
Sa chemise bien enfilée, il plia la serviette de bain et la jeta sur une chaise. Il était temps de repartir voir les dégâts. Oh, c’est sûr, il ne s’attendait pas à ce que le gosse reste tranquille et se contente de mater la télévision en buvant son coca. Mais de là à savoir qu’il avait préféré le regarder s’habiller et poser ses chaussures en signe de… de quoi ? Genre : « Je t’ai regardé et j’assume » ? Ou « Voilà, c’est la guerre. Guerroyons ! » ? Ou encore : « Je fantasme sur les vieux de quarante ans, ceci un signe te montrant que j’ai envie de coucher avec toi. » ? … Ne réfléchis pas, Erwin. AGIS.
Et pour agir, notre damoiseau agit. Après avoir fixé d’un œil mauvais les baskets rouges (ENCORE CE ROUGE !) et sorti une énième grimace en voyant les gribouillis noirs qu’avait dessinés dessus le gérontophile, il les prit entre ses doigts et se dirigea d’un pas impérial vers son salon. Avec l’intention évidente de les jeter sur le gosse. Evidemment. Il n’allait pas se gêner. Sauf que le criminel était allongé sur le canapé ou plutôt dormait dessus. Pas étonnant. Il était tard, l’enfant était sans doute fatigué après avoir débité et fait autant de conneries. Il pensa à lui ramener un drap pour le couvrir mais la chaleur de l’été n’était pas bonne pour de telles gentillesses. Et bon, ce lutin ne le méritait pas.
Même si, soyons honnêtes, faut dire que les yeux fermés, les cheveux lui barbouillant artistiquement le visage, le méchant lutin en question avait l’air quasiment… adorable. Un peu comme un… petit animal à poils dont on ne dira pas le nom au risque de comparer Erwin à un certain fanboy blond. Il n’était pas question de lui lancer les baskets dans l’estomac ou la face. Il se contenta de les lâcher à côté. Il n’aimait pas l’idée d’un inconnu dormant chez lui mais l’envie de le réveiller ne se profilant toujours pas, il se tourna vers le verre de Coca, pensant le ramener dans la cuisine.
« Il ne l’a même pas bu… »
Peut-être n’aimait-il pas le Coca ? Un gosse, ça aime le coca, non ? Bon, c’est vrai que celui-ci était un peu spécial. En regardant de plus près, il semblait avoir… 16 ans ? Quelque chose dans ce goût-là. Peut-être plus. Ou moins. S’il y touchait, pas de doute qu’on le mettrait en taule pour détournement de mineur. Toujours de plus près, il avait presque l’air mignon. Surtout parce qu’il dormait et qu’il ne disait rien, certes. De longs cils, une peau à faire verdir d’envie les vieilles mangées par le maquillage et la chirurgie et une beauté pas tout à fait humaine. Un peu comme Oxymore. Quel nom compliqué, quand même…
En parlant de nom, il ne savait toujours pas le sien. De là à dire que ça l’intéressait, ce serait du pur mensonge. Qu’il s’appelle Jules ou Dragomir, il s’en foutait. Ca ne changeait pas grand-chose pour lui. Pas encore, du moins.
Il soupira, et attrapa la télécommande. Le son de la télévision était de moins en moins supportable et l’émission frôlait le ridicule. Sauf que lorsque son doigt se posa sur le bouton, il ne rencontra rien. Rien du tout. Il posa ses yeux sur la chose en question. Le bouton était enfoncé. Et méchamment. Stop, stop, stop. Pourquoi était-il enfoncé ?! Il savait très bien qu’en quittant le salon quelques minutes plus tôt, la télécommande était on ne peut plus normale. Quoi qu’on en dise, Erwin prenait vraiment soin de ses affaires. Donnez lui un truc made in China, ça tiendra des années entre ses mains !
L’identité du fautif était claire. Voilà donc pourquoi le petit diable s’était aventuré jusque devant sa chambre ! Ayant commis son crime et ne sachant plus quoi faire avec la télé, il était allé chercher de quoi s’amuser ailleurs... Il fixa l’endormi ou…. le « faux » endormi puisqu’il était de plus en plus évident qu’il feignait le sommeil.
« Même une télécommande se rembourse, tu sais ? »
Il s’assit sur le canapé, juste à côté de lui et lui tapota le crâne avec la télécommande blessée qui réclamait ses frais de remplacement. |
| | | Sôma [Psuchè Hadzis] Sôma
| Sujet: Re: Lumières & boules de gomme [Wolfy] Jeu 26 Aoû - 22:31 | |
| Il le sentit s’assoir juste à côté.
Il avait entendu ses pas dans le couloir. Il l’avait entendu approcher. Le son de quelque chose qui tombe par terre. Ses chaussures, certainement, ou alors un gadget pervers et douteux. Et puis cette odeur de cigarette. Et son parfum d’homme. Et celui de la peau humaine. Il n’avait pas osé ouvrir les yeux. Il y avait aussi des sons humains. Une respiration. Les articulations qui craquent doucement quelques fois. Le froufrou des vêtements. Et même sa chaleur aurait presque un bruit, une odeur.
Et il le sentit s’assoir juste à côté. Et sans oser ouvrir les yeux il respira plus fort, se recroquevillant un peu plus sur lui-même, en serrant légèrement les lèvres. Il l’entendit soupirer. Il le sentit bouger sur le sofa. Sa main s’était tendue pour saisir quelque chose, et Sôma respira un très léger parfum de shampoing d’homme. Il avait failli sourire. C’était la télécommande. Il avait sûrement voulu changer de chaîne, ou fermer la télé. Sôma retint réellement un ricanement. Quelques secondes avant l’impact. Une seconde. Le temps qu’il voie. Trois secondes. Le temps qu’il comprenne, qu’il rassemble les faits, et se demande le comment du pourquoi. Une microseconde pour deviner l’identité du criminel. Deux secondes pour s’énerver.
Impact imminent.
Une télécommande se rembourse ? Oh putain. Il eut brusquement peur de la réaction d’un certain. Il ne put pourtant pas s’empêcher de pouffer de rire et d’ouvrir les yeux. Il roula sur le dos, se frotta les yeux. Et, oubliant qu’il avait ri malgré lui quelques secondes plus tôt, il s’offusqua.
« Me réveiller pour me dire ça ? Les gens ne manquent plus de culot. » Et c’est toi qui parles de culot, mon amour.
Il avait un visage assez fin pour un homme. Et des cheveux trop sombres. Par contre, son visage était… Figé. Qu’il soit en colère, indifférent ou agacé, il avait presque les mêmes traits. Peut-être parce que l’agacement, la colère ou l’indifférence représentaient son visage standard. Le visage pour le boulot, le visage pour la rue, le même pour les grandes surfaces, les inconnus, les coiffeurs et les enfants qui jouent au football devant le restaurant. Et ton sourire, alors ? Est-ce qu’il t’arrive de pleurer ? Je veux ravager ton visage, le gâter, te défigurer, le bouffer entre mes doigts et en voir un autre. Je te volerai ton sang comme j’ai volé les souvenirs de Psuchè, et je veux aussi te dépouiller de ce visage. Et toi tu diras rien, t’auras pas le droit. Je suis quand même le voleur d’instants. Je désire, je veux, j’obtiens, je tue et je détruis, et tant pis pour toi.
Il se releva péniblement comme s’il était réellement endormi. Il se frotta encore une fois les yeux. Cligna les cils. Plissa les yeux. Il s’habitua à la lumière. Et il donna l’impression d’avoir été dans un rêve. D’avoir rêvé comme un humain. Mais évidemment, c’est une feinte. C’est une feinte de Sôma.
Et puis, parce que l’homme était trop près, Sôma avait penché la tête, Sôma avait accroché ses bras autour de son cou, les enroula lentement, subtilement, comme un piège qui se referme, une toile d’araignée aux filets opaques et grossièrement longs.
« Quel genre de remboursement ? » Son regard qui tangue un moment. Enjôleur. Et puis pourquoi pas, après tout ? Il rigola. Cette fois c’est un rire différent. C’est un rire cristallin. Vague et légèrement profond. Comme un écho. Oui, un rire comme ça, comme un écho. Et puis Sôma, il jouait simplement. Pourquoi ne pas être aguicheur s’il pouvait l’être ? Pourquoi ne pas mordre s’il pouvait le faire ? C’est comme briser les interdictions, les lois, briser la logique imposée. C’est comme se demander « Pourquoi ne pas vivre s’il pouvait vivre ? » Et après tout, qui lui dirait non ?
« Psuchè est un radin. Il ne voudra pas. Il me tuera. » Psuchè. Il ne lui avait pas attribué de lien particulier. Il n’avait pas dit Mon frère ou Mon tuteur. Il n’avait pas pris la peine te créer un lien de rapprochement pour l’homme en face de lui, ça ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Simplement Psuchè. Comme un enfant qui parle de sa mère, qui croit que le seul prénom qu’elle puisse avoir c’est Maman. Un peu comme ça.
« Je n’ai pas d’argent sur moi. » Oui, voilà. Continue. Aguiche-le. Et à Sôma d’approcher un peu plus son visage, de côté, avec une certaine pudeur contradictoire. Un « Mh. » s’échappait de lui alors que ses lèvres étaient fermées.
« Je ne pourrai pas la réparer. » Certainement pas.
« Je ne connais personne capable de la réparer. » C’était des murmures à profusion. Des lettres qui s’échappaient maladroitement alors que l’odeur de la cigarette mêlée au parfum masculin brûlait l’atmosphère.
Et il s’appuya légèrement contre lui, les bras toujours accrochés à son cou, le corps suspendu. Il s’assit sur ses cuisses, son corps s’accorda parfaitement. Le contact était humain. Et la chaleur, plus que sensorielle. Elle était à présent tangible. Si près qu’il pouvait la toucher, la tordre et la détruire. Si près qu’il pouvait la posséder. C’était différent des étreintes de Psuchè, de l’odeur de Psuchè, de sa chaleur. Et même du rythme de sa respiration.
Et des battements de son cœur.
De vrais battements, des réels, ceux qui créent des courbes fluorescentes dans les écrans des docteurs, ceux qui dessinent les arrondis sur la page blanche d’une vie, d’un nouveau jour et d’un nouvel instant.
Sôma n’en avait certainement pas. Les siens étaient des mensonges, des ricanements aigus tout au fond de lui-même. Une voix qui se moque, qui en rit, à chaque instant. Et alors, la joue posée contre son cou, il les entendait, les jalousait, les désirait pour lui. Et alors, son souffle chaud sur la peau de l’homme, il répéta.
« Quel genre de remboursement ? » Et maintenant, ce n'est plus seulement ton visage que je veux ravager.
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| | | Erwin W. Meister Fondatrices
| Sujet: [b][color=#60546b]...[/color][/b] Jeu 26 Aoû - 23:59 | |
| Un gosse, c’est chiant.
Un gosse, c’est insupportable. Ca existe pour vous énerver, vous agacer, vous vieillir avant l’âge. Ca vous fixe avec de grands yeux faux de Heidi qui, en fait, n’en a rien à foutre de sa campagne suisse. Ca vous fait des mimiques de catin et vous vous sentez obligé de dire : « Mais quel ange. » pour masquer toute la perversité de ces grimaces précises. Ca exige toute votre attention, avec une possessivité capricieuse et collante. Ca vous fatigue. Ca vous mange. Ca vous détruit.
M’enfin, là, le gosse avait surtout détruit sa télécommande.
D’ailleurs, comme il l’avait deviné, il ne dormait absolument pas. Et exactement comme un chat prônant la moquerie et la provocation, il ria, ouvrit les yeux, se roula sur le dos, se frotta les yeux. Certains auraient pu trouver ça mignon. Ses mèches s’entremêlant, son rire fin, sa peau s’étirant au rythme de son rire et de ses gestes lents et aguichants. Pire que Maddox. Non, ce n’était pas comparable. Quand Maddox le touchait, l’embrassait ou lui souriait, il ne lui donnait pas d’importance. Erwin avait même l’impression qu’il l’aurait fait à n’importe qui. Ce n’était peut-être pas faux. Il le faisait sans doute avec n’importe qui. Ca collait avec son visage, ses manières, sa vision de la vie. Ce n’était pas lui qui lui ferait changer de direction. Non, lui, il s’habituait. Il acceptait. Cette façon de penser avait écrasé en lui toute forme de jalousie, de possessivité, d’envie, de vouloir. Il était passif et ça devenait de pire en pire.
« Me réveiller pour me dire ça ? Les gens ne manquent plus de culot. »
Evidemment, il était la meilleure personne pour parler de « culot ». De plus, il ne dormait pas. En voilà un menteur mignon. C’était sans doute le genre de personne honnête avec ses sentiments. S’il était en colère, il le montrerait. S’il voulait pleurer, il le ferait. S’il était heureux, il ne se gênerait pas pour vous le prouver. Dans les limites de sa fierté. Par contre, question fierté, ça ne se voyait pas trop. Erwin n’avait jamais eu affaire à une telle… calamité. Et bon acteur quand il s’agissait de feindre l’après sommeil. Mais même Vito ne serait pas tombé dans le piège. Enfin… « même », c’est un peu méchant, sachant que c’est bien parce qu’il est Vito que ce dernier ne pourrait croire à cette petite mascarade qui était, grosso modo, le fait de jouer avec ses longs cils de fille, ses paupières fragiles et ses yeux d’un noisette sombre aux reflets... rouges.
Et comme si ça ne suffisait pas, l’acteur improvisa. Et comme on le sait tous, dans deux cas sur trois, l’improvisation rate en beauté. Là, ce n’était pas loin du fiasco. Le petit lutin s’était mis en tête de jouer à la prostituée américaine en lui accrochant ses bras minces autour du cou et en l’enfermant lentement. Erwin arqua un sourcil et tout habitué aurait compris qu’il n’approuvait pas ce que le gosse essayait de faire. D’ailleurs, qu’essayait-il de faire ?! Après l’avoir traité de vieillard, de pervers, d’exhibitionniste, il lui faisait QUAND même le coup des « Et que je me colle à toi, on verra bien si tu résistes. » Mais vous savez, après avoir passé vingt-sept ans à être blasé (oui, parce que même gosse, il était blasé, le Wolfy) et à être indifférent quant au sort de la terre entière, ce n’était pas un mini-diable aux airs de catin qui allait y changer grand-chose.
« Quel genre de remboursement ? »
Surtout pas avec ce genre de plan louche, en plus. Il en venait à se demander si ce gosse n’avait pas été payé par quelqu’un pour une sorte de caméra cachée. Il voyait très bien Vito essayer de rire de lui en utilisant ces moyens-là… Et voilà que le type lui faisait les yeux doux. Ils n’étaient pas sortis de l’auberge, à ce train-là. De plus, si lui en avait de plus en plus assez, l’autre montrait clairement un amusement des plus débauchés. Dans le genre étrange, il n’avait pas vu mieux. S’il voulait se taper un vieux, il n’avait qu’à aller dans les quartiers adéquats à ce genre d’envies ! Son appartement n’était pas une maison close et lui ne tenait absolument pas à servir les caprices d’un gamin. Oh, certes, Erwin avait vu plus vicieux et plus impudique que ça. Mais d’habitude, la personne en question n’était pas un enfant qui l’avait vu nu trente minutes plus tôt et qui lui avait cassé sa télécommande en quelques secondes.
« Psuchè est un radin. Il ne voudra pas. Il me tuera. »
Psuchè ? Encore un nom bizarre. Un étranger, sans doute. Normal qu’il accepte que son fils ait des cheveux rouges et des mœurs qui l’amèneraient au fond du gouffre s’il s’amusait à avoir le même comportement avec tous les honnêtes citoyens du coin. Bon, d’un autre côté, pas tous accepteraient de le laisser vivant après avoir violé leur intimité, hein.
« Je n’ai pas d’argent sur moi. »
Il ne voulait pas se payer un verre, avant ? Parce qu’en plus, il comptait boire gratuitement ?! Mais plus que ça… Il était drôlement bavard. Oh, certes, Erwin avait l’habitude. Des gens qui sortent trois phrases en une seconde, il en supportait tous les jours. Mais quand la personne en question est collée contre vous, a cassé votre télécommande (oui bon, c’était pas QU’une télécommande, hein. C’était LA télécommande.), n’a cessé de se moquer de vous alors que vous êtes CHEZ VOUS, dans VOTRE territoire, et qu’il est minuit… Il y a peu de chances que vos nerfs supportent longtemps. Et en plus, le gosse n’avait pas dit son dernier mot. Il sortit deux autres phrases d’une utilité très discutable avant d’oser se coller encore plus contre lui.
Et se coller encore plus contre lui ne voulait pas dire s’appuyer. Laissez tomber vos illusions sur l’innocence des enfants. Celui-ci préférait de loin s’asseoir sur ses cuisses (ce qui suggérait quelque chose que, cher lecteur, je vous invite fortement à imaginer pour mieux comprendre le ridicule ou la ‘beauté’ de cette situation – à vous de voir). Bon, soyons francs, Erwin ne trouvait pas ça désagréable. Le gosse était léger, sa peau sentait le gel douche au chocolat, ses cheveux le shampoing aux fruits des bois, c’était plus que supportable. Physiquement parlant. Mais moralement… on était loin du compte. Erwin était aux bornes de la limite.
« Quel genre de remboursement ? »
Limite dépassée. Félicitations, cher petit lutin rouge, vous venez d’agacer fortement Erwin. Et comment un Wolfy fait taire un gosse insolent, logé sur ses cuisses, les bras autour de son cou et n’ayant pas vraiment l’intention de s’arrêter là ? Bah… il l’embrasse, pardi !
Il enfouit ses doigts dans ses cheveux et tenant bien dans sa main la tête de l’insolent enfant qu’il comptait « punir », s’assurant par là que le petit diable n’allait pas s’enfuir – ce qui aurait rendu la situation encore plus ridicule -, il posa brutalement ses lèvres sur la bouche entrouverte qui ne comptait sans doute pas s’offrir à lui. Brutalement, oui. Il n’y eut aucune délicatesse dans le mouvement, aucun signe préalable, rien. C’était simple, violent, viril. Il ne pensa même pas à sentir ses lèvres ou à profiter. Non, c’était une réponse à une longue provocation. Un peu comme une gifle que reçoit une enfant. Sauf qu’un baiser, c’est plus douloureux. D’un point de vue erwinesque. Il ne s’arrêta pas là. C’aurait été ridicule. Plaquer ses lèvres seulement ? Non, après trente minutes de conneries, le gosse méritait mieux. Il approfondit le baiser, sans scrupules, le prolongeant avec une indifférence qui aurait brisé le cœur d’une pucelle effarouchée.
Et les lèvres humides, il mit fin au baiser.
« Quel genre de remboursement ? La même télécommande. Et neuve, de préférence. Ah et si tu pouvais bouger un peu… J’ai une télé à débrancher, tu vois ?»
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| | | Sôma [Psuchè Hadzis] Sôma
| Sujet: Re: Lumières & boules de gomme [Wolfy] Ven 27 Aoû - 23:50 | |
| - Spoiler:
C'est court, mais voilà, c'est ta faute 8D (J'ai souffert, en plus T__T ) Et maintenant, le goût de ses lèvres. Ni sa chaleur, ni son odeur, ni son étreinte. Simplement un baiser. Un deuxième après Psuchè. Un différent. Bref, agressif, sans appel. Il aurait dit Brutalité. Il aurait dit, aussi, peut-être Possessivité, en d’autres circonstances. C’en était un qui lui ressemblait, ou tout du moins dans les apparences. Qui puait l’indifférence et l’agacement, et qui avait un arrière goût d’homme, aussi violent que les lèvres qui semblaient le happer en entier. Les yeux très légèrement écarquillés au début, il pouvait à présent sentir les battements d’un cœur contre son torse.
Ses doigts lui tenaient ferment la tête. Comme s’il allait s’échapper. Allais-tu t’échapper, toi, insolent petit être frivole ? Te glisser entre ses doigts, à travers ses courbes, et disparaitre. Simplement disparaitre. Y as-tu seulement pensé un instant ? Non, et alors qu’il violentait ses lèvres il s’abandonna. A sa désinvolture. A l’irritation qui pointait à chaque mouvement de langue. Il se laissa tout simplement, brutalement bouffer. Et il y était déjà passif.
Et alors que le goût devenait fort, il ferma les yeux et lui rendit sa brutalité. Juste un instant, le temps d’un instant. Il les posséda aussi, brièvement, rapidement, il mordilla, ses doigts jouant peut-être instinctivement, mais seulement peut-être, sur la peau de sa nuque. Les yeux fermés, les cils rabattus. Son souffle mélangé. Son souffle sur tes lèvres. Aussi bref que cela avait pu commencer, il lui semblait brusquement que c’était long, réellement long.
Et maintenant, le goût de ses lèvres. Et maintenant il avait pensé « Intimité violée une troisième fois. » Avec consentement ? Il l’avait attaqué de front. Et à cet instant précis l’homme rompit le baiser. Une rupture brusque. Tout aussi soudaine que l’entrelacement. Ses lèvres étaient humides et en entrouvrant les yeux, Sôma pouvait les voir, encore rouges sous ses dents. Il ne l’avait pas repoussé lorsqu’il s’était approché. Il ne l’avait pas jeté dehors lorsqu’il s’était trop approché. Et puis il l’avait embrassé. Quelle étrange manière d’exprimer de l’irritation. Il avait simplement arqué un sourcil lorsque Sôma s’était approché. Simplement. Et Sôma n’en foutait royalement tant qu’il ne le rejetait pas en bonne et due forme. Et s’il demandait en plus la même télécommande, on n’était pas sorti de l’auberge.
Sôma avait soupiré et, presque pudiquement s’était détaché de lui. Tout stoppa net. Le contact, la tiédeur palpable. Il avait roulé les yeux, à la manière de quelqu’un qui abandonne, qui laisse tomber. Aucune ironie. Presque pas de méchanceté. Simplement l’ennui, l’ennui, encore et toujours. Et il s’était assis, bras croisés sur ses genoux, en s’humectant instinctivement les lèvres, l’air concentré. Il y avait encore le goût. Il se mordilla alors les lèvres. Va-t-en. Va-t-en. Sale goût. Il n’avait certainement pas envie de le garder. Et tant pis si on dit que c’est un caprice. Ça l’est peut-être. Mais qui le dirait ? Qui le penserait ? Erwin Wolfgang Meister ? Il se souvenait du nom complet, en plus. Il n’osa pas reporter ses yeux vers lui. Ah oui. La télécommande.
« Je demanderai à Psuchè alors. » Il chercha un stylo des yeux, et en trouva un sous les factures, bien caché. Il le saisit, mordilla doucement son chapeau puis enleva ce dernier en le gardant entre ses dents. Il prit la main de l’homme, la retourna paume à l’air et écrivit un numéro dessus.
« C’est celui de Psuchè.»
Dit-il en lâchant le chapeau de stylo d’entre les dents. Il le ramassa et le remit sur le stylo, puis déposa le stylo sur la table basse. Il rigola intérieurement en imaginant Psuchè répondre au téléphone et se taper un sec « Et alors ? Ce remboursement ? N’oublie pas que tu me dois une télécommande neuve. » Psuchè pensera sûrement que c’est relié, de près ou de loin, à Sôma.
« Tu me donneras le tien ? »
Direct. Nonchalant. Presque détaché. Relâchant la main de l’homme, il se pencha doucement pour saisir la télécommande et la fixa intensément, presque en méditant.
« Sinon je pourrai en acheter une moi-même mais je dois garder celle-ci pour en trouver une du même modèle. »
Et puis, sans rien dire, il se mit à essayer de sortir le pauvre bouton de son orbite avec ses ongles, jusqu’à en gâter leur immonde coloration rose. S’il réussissait par lui-même, il n’aurait pas à subir les railleries de Psuchè, et, accessoirement, ses coups. Ce serait amusant d’imaginer la course à la maison, Psuchè en train de courir, ça doit être épique. Mais Sôma ne tenait simplement pas à vivre ça.
Les gestes patients, la moue concentrée, il pensait en réalité à autre chose. Une question qu’il aurait du poser. Tout à l’heure. Quand il était trop tôt, oui, sûrement. Il ne l’aurait jamais posée, de toute manière. |
| | | Erwin W. Meister Fondatrices
| Sujet: Re: Lumières & boules de gomme [Wolfy] Lun 30 Aoû - 23:14 | |
| Il était mignon. Mignon. C’était le seul mot qui lui venait à l’esprit en y réfléchissant. Il lui avait mordillé les lèvres, les laissant dans un rouge sang. Un rouge humide qui disait clairement et sans pudeur : « Je viens d’embrasser longuement un gamin et c’était pas mauvais. » Mais pas assez bien pour refaire, recommencer, et finir dans des draps blancs ne demandant qu’à être salis, dans une netteté qui ne demandait qu’à être détruite. L’inexpérience, sans doute. Mais il n’aimait pas ses yeux. Ses yeux aux longs cils insolents, à l’iris franc, au regard hautain. Des yeux qu’il n’avait pas l’habitude de voir. Comme un brin d’excentricité dans un tableau classique. Comme une couche de rose dans une photo en noir et blanc. Quelque chose qui faisait tache, qui ne collait pas. Tu n’as rien à faire ici, pas vrai ?
Mais Erwin n’a pas de sixième sens et tout ce qu’il voyait se limitait à un gosse recroquevillé sur son canapé, occupé à tripoter ses lèvres. Etait-ce son premier baiser ? Avec un tel comportement, il en doutait. Fortement, même. Mais c’était quand même mignon. Toujours ce mot qui revenait. Mignon. Mignon comment ? Comme un petit chat un peu collant, avec ses grands yeux tranchants, sa bouche fendue dans une moue étrange et ses gestes lents et las ? Oui, sans doute. Il ressemblait un peu à ça. Il aurait presque envie de lui passer un collier au cou. Un de ces colliers avec une grosse clochette qui fait « Cling, Cling » joyeusement à chaque mouvement, un Cling Cling enjôleur. Une invitation à la débauche. Pour certains, seulement. Pour Erwin, un chat, c’est un chat. Une clochette, c’est une clochette. Pas la peine de chercher plus loin, en dessous des mots, à travers les gestes. Ce serait trop long.
Tout ce qu’il voyait, c’était un gosse qui lui devait une télécommande. Il est aveugle, vous comprenez ? Erwin ne voit pas toujours plus loin que son nez, surtout lorsqu’il s’agit de lui-même. Sa clairvoyance se rapetisse, devient un tas de n’importe quoi, se ratatine, s’écrabouille, s’écrase. Et il ne voit plus rien. Même la réalité se brouille.
« Je demanderai à Psuchè alors. »
Psuché, encore. Au moins, ça lui prouvait qu’il comptait vraiment lui rembourser sa télécommande. Il n’aurait pas aimé le lâcher dans la nature pour ne plus le revoir, alors qu’il avait un objet à lui racheter. Et au plus vite. Il n’allait pas survivre longtemps sans. Le gosse attrapa un stylo qui traînait sur la table, attrapa sa main et lui gribouilla un numéro dessus. Drôle de façon de donner un numéro. Très féminine.
« C’est celui de Psuchè.»
Psuché, toujours. Ca devait le faire rire. L’imaginer appeler cet inconnu. Peut-être même que le numéro était faux. Peut-être que le prénom était faux aussi. Ce n’était pas inhabituel. Combien de ces clients lui donnaient leur véritable identité ? Certains étaient trop ivres pour y penser et pouvaient même lui filer les clefs de leur appartement, d’autres restaient stoïques à tel point que c’en était un peu effrayant. C’était amusant. C’était sa vie, quoi. Et il s’y sentait bien. Il ne rêvait pas d’un ailleurs. Il avait ce qu’il lui fallait. Quelques amis chers, des connaissances bizarres, un cercle quotidien douceâtre. C’était amplement suffisant. Un petit lutin rouge ne ferait pas de ravages.
« Tu me donneras le tien ? »
Vraiment. Ca lui allait comme un gant. « Mignon » Très arrogant aussi. Mais ce n’était pas dérangeant. Les types arrogants, il avait l’habitude. Il avait connu moins supportables, mille fois plus désagréables. Un petit démon aux yeux clairs et d’une pureté multicolore n’était pas difficile à écouter. Mais il n’eut pas le temps de réagir. Il avait déjà libéré sa main pour s’occuper de la télécommande. C’en était presque ridicule. Comme si cette petite boite rectangulaire devenait un lien entre eux. Car, bien évidemment, le baiser ne comptait pas pour Erwin. Si chaque baiser comptait, le monde s’écroulerait. Pas le sien, par contre. Il était certes « frivole » mais pas dépendant.
Et le gosse se mit en tête de réparer son erreur en essayant de sortir le bouton qu’il avait enfoncé. Erwin eut le temps de remarquer d’horripilants ongles roses. Enfin, il les avait déjà vus mais d’aussi près, ils étaient encore plus piquants et détestables. D’ailleurs, à force de s’acharner, le vernis commençait à partir sur les bords. Fallait vraiment qu’il arrête. Il soupira et d’un air nonchalant, sans aucune méchanceté et même un certain amusement tendre, il lui retira la télécommande des mains. Le bouton n’avait pas bougé, toujours aussi joliment enfoncé.
« Ne t’entête pas, tu vas finir par complètement détruire ton vernis. »Il reposa la télécommande sur la table basse, plus loin. Rien ne lui disait qu’il n’essayerait pas encore de détruire sa coloration et sa télécommande. Déjà qu’elle était en mauvais état, il ne fallait pas exagérer. Il lui tapota la tête, tout en murmurant un « Attends, je reviens. ». Il avait sans doute faim. Les enfants ont toujours faim. Et il devait avoir quelques desserts et sucreries ramenés du restaurant. Ca lui plairait sans doute. C’était exactement le genre à aimer les choses jolies et colorées, le café bourré de sucre, le thé aux multitudes de saveurs. Ca collait bien au personnage. En se retrouvant dans sa cuisine, aussi neutre que le reste de l’appartement, il posa des desserts et des sucreries sur un plat. Pourquoi en faisait-il autant pour ce gosse ? Bonne question. Il devait s’ennuyer. Ou peut-être le voulait-il, tout simplement. Pas besoin de se compliquer la vie en se posant toutes ces questions. Et il revint avec le plat remplis de petites merveilles. « Mange. »Il aurait pu dire « Bouffe » ou juste « Crève », la différence aurait été minime. Peut-être juste au niveau du ton, moins sec que ce qu’il servait habituellement aux gens. Il s’habituait à sa présence. Il s’habituait. La preuve. Au milieu des desserts trônait un bout de papier et une rangée de numéros dessus. |
| | | Sôma [Psuchè Hadzis] Sôma
| Sujet: Re: Lumières & boules de gomme [Wolfy] Mar 31 Aoû - 0:28 | |
| Il releva la tête lorsqu’il lui prit la télécommande des mains. Brusque et légèrement étonné. Exactement de la même manière que tout à l’heure. Le geste de l’homme, pourtant, dans son indifférence, était tendre. Peut-être un peu tendre, parce que Sôma remarque souvent ce genre de gestes. Parce qu’il est sensible à la tiédeur. Parce qu’il ne lui trouve pas de sens, surtout. Tu vas finir par complètement détruire ton vernis.
Ton visage vire écarlate sans que tu aies le temps de réagir. Ca te prend juste au dépourvu, ça te surprend, ça t’étonne et ça te dégoûte. Tu le ressens juste changer de teinte alors que tu n’y peux rien. Du sang qui n’est pas réel. Un visage aux traits obscènes et illusoires, tout aussi irréels. L’embarras, lui, est aussi vrai que le sourire d’un enfant.
Il retira ses mains, toujours brusque, toujours nerveux. L’homme avait reposé la télécommande plus loin sur la table. Sôma gardait obstinément la tête baissée. Il ne fallait qu’il voie ses joues enflammées par la gêne. Il pouvait tout voir, il serait prêt à tout lui montrer s’il le lui demandait, sauf ça.
Mais il avait fallu qu’il en fasse davantage. Le murmure, sa main lui tapotant gentiment la tête. Le visage que Sôma ne voulait pour rien au monde relever. « Attends, je reviens. » Comme un « Ne t’en vas pas quand j’ai le dos tourné. » Hein, Sôma ? C’est un peu comme ça, pas vrai ? Non ? Mais toi tu es très sensible à la douceur, trop, mais juste un peu. Et puis pourquoi la cherches-tu chez un homme aux yeux froidement tendres et un peu amusés ? Et puis pourquoi te demander si c’est ça, si c’est bien un sens caché. Ou alors si c’était simplement quelques mots murmurés à la hâte et qui n’avaient pas la moindre signification à ses yeux ? Arrête de chercher de la douceur, un brin de liberté, arrête de chercher une quelconque chaleur humaine partout. Là où tu n’en trouveras jamais, surtout. C’est chiant, à force.
Et puis toi, Sôma, pourquoi est-ce qu’un murmure te fait-il plus rougir qu’un baiser profond ? Mais sérieusement, pourquoi ne t’arrêtes-tu simplement pas à un baiser, le vieux ?
L’homme disparut une fois encore. Sôma porta ses deux mains à ses joues et appuya doucement. Geste vain puisque ses paumes aussi n’étaient plus froides. Nerveusement, il se mit à tripoter ses ongles, les yeux fixés dessus. Il se mit brusquement à les gratter, un brin de violence pointait dans sa moue, un peu d’agacement, les doigts insistants. Le rose partait, de minuscules fragments se collaient à ses doigts, ses ongles rougissaient. Bientôt le rose fut cassé. C’était moche à voir, il s’essuya les mains sur ses cuisses, mais les cassures roses restaient sur le bout de ses doigts. Son visage avait repris ses couleurs naturelles.
L’homme revint, les mains chargées d’un plat. En levant les yeux vers le contenu du plat, Sôma ne put réprimer un sourire heureux. C’était bien de la joie, pour une fois, une joie qui monte jusqu’aux bouts des lèvres, une qu’on ne contrôle pas, stupide et naïve. Les petites joies simples qu’on ne se refuse pas et qui nous gênent un peu. Sôma les connaissait-il seulement ? Certainement, oui. Tous les jours. Alors pourquoi celle-ci semblait-elle être la plus stupide de toutes ?
C’était des pâtisseries très mignonnes aux formes et composants différents. La présentation aussi était mignonne et son sourire s’élargissait trop. Il avait tendu la main lorsque l’homme lui dit de manger. Mais très lentement, avec une certaine hésitation. Ce n’était pas de la gêne ou de la politesse. Les deux termes avaient été chassés du dictionnaire du stella. Simplement une incertitude. Comme si c’était tabou ou interdit de manger de ces petites merveilles proposées avec une indifférence paradoxalement tendre.
Et puis il avait saisi un petit gâteau à la crème et avait mordu dedans avec tout l’enjouement du monde. En savourant le goût sucré dans sa bouche, il avait instinctivement fermé les yeux. Pas comme dans ces pubs de yaourt ou de chocolat, non, simplement comme un enfant auquel on vient d’offrir quelque chose de beau, d’unique, qu’il n’aura qu’une seule fois dans la vie. Des gâteaux. Mais c’est stupide.
Lorsqu’il le finit il en prit un autre. Et puis un troisième. Il en mit partout sur ses lèvres, ses doigts. Et lorsqu’il sentit qu’il en avait trop mangé, qu’il s’était un peu sali, il suçota ses doigts, dans un geste totalement détaché et presque innocent, en regardant le plat, l’air distrait. Il y avait une feuille de papier dessus. Il ne l’avait remarquée que maintenant. Dessus, un numéro.
C’est alors que ses joues le trahirent une deuxième fois. Mais l’étonnement le distrayait de ses potentielles réactions imprévues. Saisissant le bout de papier, il l’avait fixé longtemps, comme pour s’assurer qu’il s’agissait bien d’un numéro. Il compta les chiffres, aussi. Et puis, soudainement, sans rien dire il reprit le stylo et recopia le numéro sur sa propre paume, les joues encore empourprées.
« Comme ça je ne risque pas de le perdre. »
Depuis quand rougis-tu, Sôma ? C’est tellement de trop, du rouge sur tes joues.
« Tu es la première personne à me donner son numéro ! »
Et, accessoirement, la première à me donner un vrai baiser. Et tu viens de te trahir, Sôma. Il prit un quatrième gâteau et n’en fit qu’une bouchée.
« Je t’appellerai alors. »
Plus qu'une conclusion, ça sonnait peut-être un peu trop comme une promesse. |
| | | Erwin W. Meister Fondatrices
| Sujet: Re: Lumières & boules de gomme [Wolfy] Mar 31 Aoû - 21:08 | |
| Ca lui donnait envie de rire.
Il n’avait pas réellement remarqué la lenteur de son premier geste. La blancheur presque moqueuse de ses mains. Il suivait du regard ses ongles gâtés. Ca avait empiré et le vernis semblait avoir été mangé par des bouts d’ongles rageurs. C’était évident qu’il s’était jeté sur eux et les avait attaqués à coup de griffes. Ca lui arracha un petit sourire en coin qui disparut très vite. Les sourires d’Erwin, quelque soit leur nature, ne duraient jamais longtemps. Juste une seconde ou même moins. Il les écrasait avant même qu’ils ne naissent sur son visage. C’était une habitude comme une autre. Comme regarder les passants dans les rues et leur imaginer des vies, des identités, des histoires. Comme collectionner les bouchons de Coca jetés par des touristes en manque de graisse et de plaisir dans une ville rythmée par le son des pas claquant sur des pavés secs. Comme tripoter ses mèches, les tourner et les retourner dans tous les sens, en y imprégnant ses empreintes salissantes. Mais il n’avait aucune de ces manies-là. Il n’avait rien d’aussi enfantin, encombrant ou féminin. Il avait juste un visage qui était rarement sujet à des changements. Pas un tic, pas un pli, rien. Juste les deux lignes courbées entre ses deux sourcils froncés.
Deux courbes qui n’apparaissaient pas à ce moment-là.
Le premier dessert avalé sans une once de raffinerie, avec une gourmandise digne de ces enfants qui reviennent après deux heures de sport et qui se jettent sur leur bouteille d’eau comme des forcenés enfin libérés d’une quelconque prison. Et il ne s’arrêta pas là. Il en prit un second, le dévora de la même manière. Un troisième subit le même sort. Et la crème tachetait sa bouche, ses doigts, ses mains. Pire qu’un bambin. Ridicule. Il finit par lécher ses doigts pour en retirer la mousse blanche ou le chocolat coulant. Quel abruti. Il devait avoir les mains collantes, maintenant. A-t-on idée de manger d’une façon aussi enfantine ? S’il avait eu une quelconque once de charme en lui, il venait de la briser. Pour Erwin, ce n’était plus qu’un enfant qui s’était sali d’une façon un peu inconvenable. Son éducation était réellement douteuse. Peut-être en toucherait-il deux mots à son père. Comment s’appelait-il déjà ? P… Psuchè ? Oui, voilà. Il ne fallait pas oublier ça. Il aurait l’air bête.
Enfin, le gosse remarqua le bout de papier avec son numéro inscrit dessus. Et si ses joues se colorèrent légèrement, Erwin n’y prêta aucune attention. A peine le regardait-il. Mine de rien, il pensait au désastre que ça pourrait être s’il mettait ses mains sales sur son canapé. Et les deux plis reliant ses sourcils apparurent de nouveau. Tandis que l’autre fixait en transe les chiffres bien alignés sur le papier, il se dirigea vers une petite armoire collée à l’un des murs et en sortit un paquet de serviettes fraîches. Vous savez, ces serviettes légèrement mouillées tout à fait pratiques ? Il jeta presque la boite déjà « entamée » sur la table. Pas la peine de parler. Il était clair que l’autre avait intérêt à s’en servir.
Mais l’autre en question préféra prendre son style – oh, non. Pas avec les doigts sales ! – Et il recopia le numéro sur la paume de sa main, alors que les plis sur le front d’Erwin se creusaient un peu plus. Merde. Pas le stylo, quand même. Il le jetterait dès que le gosse serait parti. D’ailleurs, ce dernier ne semblait pas du tout y penser. Les joues rouges – ce qui collait parfaitement avec l’ensemble, ceci dit – il semblait plongé dans l’écriture des chiffres. Et lorsqu’il eut fini, il ajouta :
« Tu es la première personne à me donner son numéro ! »
Première fois ? Bizarre, le gosse. A son âge, il n’avait jamais eu de numéro ? Heureusement qu’il avait un visage naturellement figé, neutre. Sinon, on y aurait vu une de ces mimiques un peu blessantes qui veulent dire : « Mais dans quel monde tu vis ? » Mais rien ne changea dans son visage, à part une petite lumière qui s’éteignit vite. Le gosse avait avalé un quatrième gâteau. Utiliser les serviettes devenait vi-tal.
« Je t’appellerai alors. »
Autant dire qu’Erwin s’en foutait royalement. L’appeler ? Pourquoi pas. Fais c’que tu veux, gamin mais là, lave-toi les mains. Tout de suite.
« Utilise les serviettes. Et ne salis rien, sinon, c’toi qui nettoie, gamin. »
Sa réplique sans ton lancée, il le laissa de nouveau au milieu du salon et repartit dans le couloir. Une heure était passée. Une longue heure. Il aurait préféré tenir tranquillement son bar, finir tranquillement sa soirée, ne pas avoir sa télécommande avec un bouton enfoncé. Mais ça allait. Il avait sauvé des desserts qu’il n’aurait jamais mangés. C’était le point positif de la soirée. Le seul, oui. L’unique, vous dis-je. Pas de rencontre-destin, pas de coup de foudre américain. Juste des desserts sauvés de la poubelle. Et un bras à nettoyer. Il n’aimait pas du tout avoir des chiffres sur la peau.
Une demi-minute plus tard, il revint et posa à côté du paquet de serviettes une petite bouteille en verre noir qui avait la taille d’une mandarine.
« C’est de l’alcool. Ca devrait t’aider à enlever le vernis. Prends-le avec toi. »
En gros, l’heure était terminée. Au gosse de rentrer chez lui.
« Appelle-moi quand tu auras acheté la télécommande. »
Il prit le plat, où il ne restait plus que quelques friandises insignifiantes et le ramena dans la cuisine. Dès que le gosse s’en irait, il s’affalerait sur le lit. Ou prendra un bain. Quel choix existentiel… Il soupira en posant le plat sur la table. Etait-ce si bien que ça d’avoir une vie bien rangée, bien monotone ? Vito serait sans doute de ceux qui lui diraient non. Il se moquait déjà assez bien de lui sur ce sujet-là.
« Ah, au fait, comment tu t’appelles ? » demanda-t-il en élevant la voix pour que le gosse l’entende. Mais aucune réponse. Peut-être l’ignorait-il ?
Mais en revenant dans le salon… Le gosse n’était déjà plus là. |
| | | Sôma [Psuchè Hadzis] Sôma
| Sujet: Re: Lumières & boules de gomme [Wolfy] Mer 1 Sep - 1:05 | |
| - Spoiler:
Ce n'est pas un rp comme ceux d'avant, simplement un post pour clôturer le topic, c'est pour ça que c'est très court. ♥ Et je me sentais obligée de mettre une petite image en bas ;__; Il nettoya proprement ses mains avec une serviette humide qui sentait bon, puis en fit de même pour le stylo qu’il avait maculé de chocolat. Il n’avait pas vraiment fait ça pour ne pas avoir à nettoyer. Après tout, il faisait souvent les corvées domestiques quand il était obligé et qu’il n’était pas d’assez bonne humeur pour provoquer son pactisant. Il était habitué. Il avait simplement utilisé ces serviettes parce que ses doigts collaient un peu, et qu’elles étaient fraîches et agréables. Ce n’est pas comme s’il faisait ça parce qu’on lui demandait de le faire.
L’homme était parti pendant une trentaine de secondes et était revenu avec une petite bouteille assez mignonne. C’est de l’alcool. Il n’aurait pas simplement une banale bouteille de dissolvant oubliée par un coup du soir ? C’est largement moins agressif que l’alcool. Il râlait quand même alors que c’était lui, au début, qui avait gratté son vernis. Prends-le avec toi. C'est-à-dire qu’il pouvait garder la petite bouteille mignonne ? Qu’il la lui donnait ? Il ne connaissait même pas son prénom mais il lui donnait quelque chose. Appelle-moi quand tu auras acheté la télécommande. Conclusion ; ça ne le dérangeait pas qu’il l’appelle.
Les paroles de l’homme étaient claires. Il était temps de rentrer à la maison. De faire face à Psuchè. A leur stupide dispute et sa stupide cause. Tu n’as pas trop le choix, Sôma. C’est toi qui commence toujours. Et c’est toi qui reviens toujours. Tu ne peux simplement pas t’éloigner de lui. Tu ne peux simplement pas te permettre de te fâcher sérieusement contre lui. Tu ne peux simplement pas être sans lui. Ou du moins, momentanément.
L’assiette et les gâteaux n’étaient plus sur la table basse. Plus que les factures, le stylo et un cendrier. Des serviettes humides. Et une bouteille en verre noir qu’il emportera avec lui.
Il entendit un cliquetis, le plat qui se pose sur la table. Quand on est silencieux on entend bien des choses. Il prit la petite bouteille d’alcool dans sa main, caressa le verre froid, distrait. Il fallait qu’il rentre chez Psuchè, chez lui. Qu’il lui dise qu’il pouvait être distrait autant qu’il le pouvait. Qu’il n’avait rien à en cirer. Qu’il aille se faire foutre, aussi. Il fallait qu’il le voie. Ah, au fait, comment t’appelles-tu ? Sôma. Il ne l’avait pas dit.
Il l’avait pourtant bien entendu poser cette question. Comment t’appelles-tu, toi ? Je ne sais pas, j’ai probablement beaucoup de prénoms. Je n’en ai probablement aucun, aussi. J’en ai eu plusieurs, c’est certain.
Un silence après la question.
Sôma avait pensé à emporter la télécommande pour ne pas se tromper de modèle. Mais il pensa que l’homme devait sûrement en avoir besoin pour changer de chaine, après tout. Il n’était pas vraiment sûr de réparer son erreur dans les plus brefs délais. Il allait peut-être oublier, même. Avec l’histoire de Psuchè. Peut-être l’homme lui avait-il donné quelque chose pour qu’il n’oublie pas. Il faut toujours donner quelque chose pour que les gens ne vous oublient pas. Il se leva et enfila très rapidement ses chaussures. Un dernier coup d’œil aux alentours. Il entendit l’homme approcher.
Il n’aurait pas laissé de traces. Simplement un bouton On/Off enfoncé. Un bouton qu’il devait rembourser. Un qui le liait à un parfait étranger. Une suite de chiffres sans grande importance sur une main. Et un petit un mot gribouillé sur le dos d’une enveloppe vide, sûrement une facture. Un mot vraiment petit, l’enveloppe un peu timidement cachée sous les factures empilées.
C’est un peu comme si tu étais un coup d’un soir, n’est-ce pas ?
Partir en laissant un mot. Encore une fois, c’était loin d’être de la politesse. Simplement un geste tendre et indifférent, comme l’homme lui en avait témoigné. Et le désir de laisser sa trace.
« Merci pour les gâteaux. »
Il avait déjà disparut. _________________________________________ Terminé. ♥ |
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