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 Happy Ending ?

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Aurelio Pastore

Aurelio Pastore

Membre- humain
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Happy Ending ? Vide
MessageSujet: Happy Ending ?   Happy Ending ? I_icon_minitimeVen 8 Juil - 13:15

[Ce Topic n'attend aucune réponse, c'est juste la nécessité pour mon personnage de réaliser certaines choses.]


Such a lonely day
And its mine
The most loneliest day of my life

Such a lonely day
Should be banned
It's a day that I can't stand

Ça faisait quoi, une trentaine de jours ? Quarante ? Plus ? J’en savais foutrement rien. Tout ce que je sais, c’est que ça fait longtemps, trop longtemps. En même temps, dès le lendemain de l’affaire cela me semblait si lointain que j’avais déjà l’impression de mourir d’attente. Une attente qui ne serait jamais récompensée, je le savais bien. Comme la veuve patiente le retour de son mari, je croyais encore qu’il allait revenir. C’était stupide, ridicule, inutile, tout ce que vous voulez. Mais que le premier qui n’a jamais espéré me jette la première pierre. Comme on dit, l’espoir fait vivre. Et moi, c’était mon seul moteur pour ne pas m’écrouler. Penser encore qu’il reviendrait, que je le reverrais.

Et depuis, j’étais comme un con, seul. J’avais constamment l’impression que mon cœur essayait de se barrer par mes lèvres, l’envie de vomir était omniprésente. Dès que je repensais à ce qu’il avait dit, à son regard, je me sentais mal. Les jours suivants son départ, j’étais passé par un peu toutes les couleurs de l’arc en ciel niveau santé. La première nuit, ça avait été la fièvre, causant cauchemars affreux, réveils en cris et sueurs à en tremper mes draps, pas pour les mêmes raisons que d’habitude. Delia avait été géniale, malgré mes insultes incessantes, elle restait à côté de moi avec de l’eau fraiche jusqu’à ce que je me rendorme pour une heure ou deux. La seconde nuit ainsi que de nombreuses suivantes, les insomnies. Impossible de fermer les yeux sans revoir les siens, accusateurs et tristes, dans le miroir de ma chambre. Les nuits blanches passées à regarder par la fenêtre, à descendre dans la salle principale pour boire un coup. Puis un autre, et encore un autre. Je résistais à l’alcool, quand il était pris en petites quantités et avec le temps nécessaire pour le digérer. Pas avec plusieurs verres à la suite, sans aucun répit ni aucune autre envie que celle de se noyer dans un verre pas plus grand que ma paume. Souvent, je m’endormais seulement à cause de cette saveur sirupeuse qui m’assommait au bout d’une dizaine de verres d’alcool fort. Je finissais bourré, dans la bile que je vomissais faute d’avaler quoi que ce soit, la mémoire enfin saturée, pour quelques heures. Les plus belles de mes journées, malgré mon état pitoyable. C’était le temps merveilleux qui m’offrait le plus de répit, le plus de repos. J’étais presque apaisé, mais c’était sans compter ce qui s’était passé les jours suivants. Après, comme au premier jour, la rage et les pleurs. Mon mobilier avait difficilement encaissé le coup et il avait fallu racheter un miroir ainsi qu’une armoire, qui avait finalement cédée sous mes coups de poings répétés. Et laver tous les jours mes oreillers, trempés de mon dégoût pour moi-même et de mes regrets. Et le calme. Enfin, je m’endormais, enfin, je me reposais. D’un sommeil sans rêve, si bien qu’il devenait mon seul refuge contre les souvenirs. Je passais mes journées, mes nuits dans mon lit, sans plus en sortir. Exténué d’avoir tant vidé mon cœur et mon corps de toute l’eau qu’ils contenaient.

Ce petit manège avait duré un peu plus d’une semaine. Tout ce temps avant que je ne puisse de nouveau reprendre le travail. Mais pas comme avant. Si mes sourires étaient toujours là, ils semblaient vides. Les compliments semblaient superflus, et par-dessus tout plus personne n’avait le loisir de grimper les marches menant à ma chambre. L’affluence avait baissée, les clients étaient moins joyeux. Ils ne me considéraient plus comme leur idole mais préféraient alors chercher le meilleur coup entre eux, encore fidèles aux valeurs de ce bar. Il n’en fallait pas beaucoup pour m’oublier, et si j’avais toujours su que je n’était qu’un passe temps agréable et un modèle éphémère pour tous ces parasites délurés, perdre la seule chose qui me restait me faisait tout de même mal. Un peu plus, quoique je paraisse alors totalement anesthésié par la douleur. Je me fichais de me couper, je me fichais de prendre des coups par des maris jaloux, et rapidement mon corps auquel je faisais d’ordinaire attention comme à mon seul outil de travail, devint le chantier d’un reflet manifeste de mon état mental. Une semaine avant de me reprendre un peu, de devenir un fantôme capable de travailler. Si bien que Delia avait du employer quelqu’un d’autre, de façon temporaire. Elle n’avait jamais eu besoin de personne d’autre que moi, j’étais le serveur parfait et un barman assidu. Mais elle avait des responsabilités, devait se rendre dans certaines soirées pour assurer la promotion du bar, et comme je fatiguais rapidement à présent il fallait quelqu’un pour combler les nombreux trous que je laissais sur mon passage. C’était une jeune fille, souriante, bien formée et particulièrement délicieuse à regarder pour tous ceux se trouvant là. Très extravertie et ouverte à tout, Lucie était une serveuse parfaite pour remplir tout le charme que je n’avais plus, me reléguant à la préparation des boissons, dernier bastion que je défendais avec un minimum de dignité dans ce bar qui avait été mien.

Ce bar que je commençais alors à détester. Lucie que j’avais envie de frapper en l’entendant éclater d’un rire cristallin qui me rappelait trop la comédie que je jouais, avant. La pouffasse blonde avait bien tenté d’approcher tout le monde, mais certains encore peu habitués à sa présence la renvoyaient gentiment à sa place, et alors elle venait pleurer sur mon épaule, me demander conseil. Avec véhémence et fortes promesses de récompenses. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que rien qu’à l’idée de la laisser enlever ses rares habits devant moi me répugnait. Déjà, je n’avais jamais aimé les grosses poitrines, ensuite sa blondeur me rappelait trop une autre chevelure, si semblable et pourtant si différente. Plusieurs fois, je m’en étais plainte à Delia qui m’avait répliqué que si je n’étais plus capable d’assurer seul mon travail, il fallait accepter que quelqu’un d’autre y trempe. Et que de toute façon je ne serais jamais content. Certes, elle marquait un point. En un sens, j’aurais aimé redevenir capable de travailler seul dans ce royaume qui auparavant était mien, par hérédité de ma chère patronne. Mais maintenant, je ne me retrouvais plus dans cet endroit qui avait quelque chose d’inconnu. Je détournais les yeux des couples qui se tournaient autour alors qu’ils ne se connaissaient pas, je refusais de me rendre dans la petite salle cachée aux yeux de la pièce principale, et faisait semblant d’ignorer les ultimes invitations que me lançaient certains clients des plus persévérants. En somme, les valeurs du Love’s out ne me convenaient plus. J’avais eu peur de ça, mais à présent je le vivais. Espérant que cela passe, comme la douleur sourde qui me réveillait tous les matins avec l’impression d’avoir quelqu’un à côté de moi. Comme si je désirais encore et encore revivre ce matin pour y réparer les erreurs commises sous prétexte de bien faire. Si j’avais su que cela serait difficile ensuite ...
Je détestais à présent l’idée de ne vivre que pour un soir, de prétendre aimer pour quelques heures. Je ne comprenais pas qu’on puisse laisser les sentiments que l’on avait pour quelqu’un à la porte pour s’y distraire. Je ne savais pas, je ne savais plus. Sans doute à cause de la tristesse qui rongeait toutes mes propres visions du monde. J’avais réussi à continuer ce travail avec perfection malgré Andrea, avant. Et je savais que je pouvais encore le faire, s’il était là. Sans lui, sans son pardon, je n’étais plus qu’une loque rampante et désespérée.

Depuis, tous les soirs dans ma chambre, seul, je pensais à une solution. Une idée merveilleuse qui me tirerait de là, de cette instance de vie qui n’était qu’une survie minable me rappelant trop ce que j’avais été auparavant, me faisant me souvenir d’un vieil ami appelé Aurelio. D’ailleurs, je laissais mes cheveux bruns revenir, je laissais mon apparence retrouver celle d’antan, peu à peu. Et l’idée ne venait pas. Je ne savais plus quoi faire. Je ne comptais pas le nombre de fois où j’avais voulu l’appeler, saisissant mon téléphone avec une précipitation sans pareille ... avant de me rendre compte que je n’avais pas son numéro. Ni même son adresse. En fait, sur lui je n’avais rien, ne savais rien. Et je prétendais être proche de lui. Alors qu’à part deux titres de films, peut-être une allusion à un style musical et ses préférences en matière de boisson, je ne pouvais que décrire ses gémissements et son plaisir dans la jouissance. Ce qui, en ce moment, ne m’était d’aucun secours. Pire, cela ne me réconfortait même pas. Ce n’était pas même de bons souvenirs à évoquer dans les moments de faiblesse, car ils me renvoyaient trop à mon ignorance et, surtout, à mon comportement de notre dernière nuit. A cette si belle nuit qu’une simple phrase matinale avait réduite en cendres. Les images m’étaient pénibles, les sons encore plus. Car oui, j’entendais sa voix. Qui encore et toujours me répétait les deux phrases terribles lâchés alors qu’il partait. J’avais beau savoir que c’était sous le coup de la colère, j’avais mal qu’il puisse me voir ainsi. C’était le seul que j’avais cru pouvoir s’intéresser à moi au-delà de la provocation, du plaisir et de la vantardise, et voilà qu’il m’avait brutalement rabaissé plus encore que le rôle de jouet utilitaire que j’avais auprès de mes clients. Contre ça, aucune solution. Sinon l’oubli que je cherchais dans l’alcool ces temps-ci, et dans le sommeil qui suivait, m’apportant enfin un peu de quiétude. Mais le matin arrivait toujours trop vite ...

Ce matin, justement, j’avais décidé de reprendre un peu pied dans une existence normale, celle qui avait été la mienne. J’allais un peu mieux, entendons par là que les crises de larmes ne survenaient plus n’importe quand et que j’arrivais à garder mon calme devant des cheveux blonds, sans aller accoster tous les jeunes hommes aux cheveux clairs de la ville avec espoir. Sans jamais rien avoir à leur dire, de toute façon. Après un lever difficile, j’avais décidé de reprendre la seule habitude qui avait auparavant guidée ma vie : mon repas à la Casetta del Orso. Mon risotto, mon repas si apprécié. Pour cela, j’avais tout de même fait un effort de présentation en me teignant à nouveau les cheveux et en enfilant un t-shirt noir, sobre, avec un jean foncé tout aussi classique. Avant de partir, sans doute pour m’assommer suffisamment et trouver le courage de sortir, j’avais vidé quelques verres et c’est d’un pas incertain que je me dirigeais vers le restaurant. Prenant la même table qu’à l’ordinaire, sans ouvrir le menu, je commandais mon habituel plat que j’avais si longtemps négligé. J’avais peur, peur qu’ils ne le servent plus, peur qu’ils aient changés la recette. Et pourtant je me refusais à lire la carte, conservant cette angoisse comme une énième punition jusqu’à ce que l’assiette brûlante arrive. Je restais là, à regarder les grains de riz se coller entre eux dans un délicieux et parfaitement dosé amas, granuleux et coulant à la fois. J’en avais la texture dans le palais rien qu’à l’odeur, pourtant je ne touchais pas à mes couverts, me contentant de regarder, d’admirer. Comme un peintre devant une de ses œuvres, j’en voyais les défauts, les qualités. Je saisissais le verre d’alcool fort que j’avais commandé et le portais à mes lèvres. Je savais bien qu’en en recommandant un autre, et encore un autre sans rien avaler, je serais dans un état limite. Mais c’était ce que je recherchais, après tout. Et verre après verre, je laissais mon plat se refroidir, la fumée qui s’en dégageait s’atténuer puis disparaitre.

Combien de temps, encore ? J’en perdais toute notion. Une heure, peut-être. Ou moins, ou plus. Mais j’avais le temps, j’avais diablement le temps de rester seul à réfléchir. Moi si peu habitué aux sentiments, j’en étais inondé. Je tentais de nommer ma tristesse, ma solitude. J’essayais vraiment de retrouver ce mot qui leur convenait. Mais mon esprit refusait de le retrouver aussi simplement, et tant que je ne l’exprimais pas, je savais bien que tout était peine perdue et que je stagnerai dans cette zone vide de tout, cette antre de non retour qui me garderait éternellement prisonnier de mes cauchemars éveillés, de mon alcoolisme naissant et de ma faiblesse. Et je ne pouvais le faire sans un chemin détourné, un petit sentier de campagne qui contournerait la voie principale pour m’amener à destination. Pour cela, il fallut simplement que le serveur me demande si je voulais un autre plat, étant donné que celui-ci était froid. Cela enclencha en moi la réflexion dont j’avais été incapable, malgré tous mes efforts, durant ces longues semaines de comportement amorphe et vide de toute existence. S’il m’enlevait cette assiette, tout était terminé. C’était celle là que j’avais commandée, celle là que j’avais voulue. Je voulais ce plat là et pas un autre. J’aimais le voir régulièrement, être en sa présence, m’en délecter à chaque fois. Toujours, j’angoissais de ne pas le retrouver conforme à mes souvenirs, différent de la fois qui précédait ma visite actuelle. Comme Andrea. Et le risotto de ce restaurant était la chose que je croyais aimer le plus au monde, la seule qui me procurait un sentiment de liberté inavouable. Comme Andrea. Et le jour où le jeune homme m’avait avoué en vouloir plus et être bien en ma présence, c’est un peu comme si ce plat tant apprécié m’avait demandé de l’adopter. Merde, dans ce cas j’aurais accepté immédiatement. Ça me faisait peur, c’était un peu bizarre, ça changeait de mes habitudes, ça sortait sans doute de mes compétences, mais ça me rendait heureux. Bien que je préfère largement Andrea à mon risotto, hein. Mais la comparaison avait été nécessaire pour me rendre compte d’une chose. Des vapeurs de mon éthylisme, je me rendais compte à quel point j’avais été encore plus con que ce que je pensais. Dans un souffle inaudible même pour moi, je laissais partir une constatation effrayante.

- Je ... l’aimerais ?

L’opinion générale commune tente de nous faire croire que nous vivons dans un monde de haine et de cupidité. Mais ce n’est pas tout à fait exact. Il me semble, à moi, que l’amour est partout. Souvent, il n’est pas exprimé clairement ni signifié avec une pancarte mais, définitivement, il est là. Les pères et leurs fils, les mères et leurs filles, les maris et leurs femmes, compagnon, copine, vieil ami qu’on n’aurait pas vu depuis des lustres ... L’amour actuel coule de tous les pores de notre bonne vieille planète. Et même des autres. Qu’on nous parle de violence, de cruauté et de tortures, l’amour en vient toujours à bout. On a vu des miracles se produire par la simple force de la foi en un seul être, par l’adoration que l’on porte à quelqu’un de Grand. On a vu des résistances se créer par la seule énergie de l’amour, alors que l’on ne vienne pas nous parler de chose plus forte encore. Les plus beaux actes sont faits d’amour, qu’ils soient pour un ami cher ou la femme de sa vie. Les plus beaux sentiments en sont directement inspirés, et il n’y a pas de plus douce musique que celle de l’extase émotionnelle procurée à la simple mention de son nom. Tant de délicates manifestations aussi criantes que naturellement discrètes, merveilleusement orfévrées par son créateur. On dit souvent qu’il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour.

Mais l’Amour, qu’est-ce que c’est ? Un mot à la grande majuscule imposante qui se veut forgé de toutes les idées qu’on lui porte, de toute l’attention qu’on lui offre. Ce n’est rien de plus qu’un sentiment, qu’une émotion. Parfois fugace, il ne commence ni ne finit comme on peut parfois le croire. Il est là, partout, évident. Tapi en chaque cœur il sommeille en attendant son heure, impatient de s’exposer au grand jour et au regard des curieux qui ne connaissent pas encore ce frisson, l’étendue de cette chaleur qui prend au cœur et ne lâche plus rien. C’est les beaux yeux de ce garçon qui passe, les longues jambes colorées de la voisine. C’est la tiédeur d’un rayon de soleil au sortir de l’hiver, mais aussi la simple beauté d’une nuit enneigée et silencieuse. L’amour c’est un secret dévoilé à tous, qui partagé se grandit et se rengorge d’une puissance proportionnelle à sa vivacité. L’amour originel explose en milliers de fragment et se loge dans l’esprit de chacun, germant tranquillement comme une fleur que l’on arrose de ses expériences, de ses hésitations et de ses découvertes. Un trésor qui se partage. La graine fleurit, s’ouvre avec magnificence et ce n’est qu’une fois installée qu’on la remarque, le jardinier étant alors bien incapable de la déloger. Les racines sont devenues trop profondes, et sectionner la partie visible n’aura pour conséquence que celle de faire souffrir le cœur responsable de toute cette floraison. Un amour nouveau est d’autant plus robuste qu’il est teinté d’espoir et de naïveté, et l’en arracher devient impossible. C’est sans doute la plus grande force de l’univers, qui ne cède ni ne recule devant rien. C’est à peine s’il sait se cacher pour se préserver. Comme une promesse de fragilité.

L’Amour, c’est une promesse. C’est la clé des secrets d’une âme qui s’offre totalement à l’autre, c’est l’offrande ultime qu’on ne peut vraiment refuser. La consécration finale, ou celle qui va ouvrir une porte et faire réellement débuter la vie. Car la vie et l’Amour sont la même chose, l’un sans l’autre ne peut exister et au premier cri de l’enfant qui nait, il y a cette tendresse caractéristique, ce besoin irrépressible de s’attacher à sa mère, d’y trouver réconfort et sureté. Tout homme en a besoin, chaque femme l’attire à elle. Vérité universelle, cet état de fait est sans doute le seul auquel il faut croire partout et en toute circonstance, puisqu’il n’abandonne jamais, même dans la trahison ou la haine. C’est l’émotion qui gouverne les passions, les impulsions et les conflits. La raison de tout, sans que l’on puisse trouver une raison à l’Amour. Car il est sa propre explication, son propre support. La raison de l’Amour, c’est qu’on aime. Jamais personne ne pourra le faire disparaitre, il existera toujours dans les cœurs de tous, même du plus impitoyable être vivant sur cette terre, ou une autre. Contrairement à ce que l’on croit, ce n’est pas toujours une faille et il peut incarner une force, une puissance incontournable qui justifie la cruauté et les crimes de sa seule existence. C’est donc en toute neutralité qu’il s’impose, n’étant qu’un outil que chacun a à sa disposition. Ce n’est pas l’Amour qui est bon est mauvais, mais l’usage qu’on en fait. Il peut se faire bataille, il peut se rendre guerrier ou au contraire réconciliations et bonheur.

L’amour, c’est le bonheur. Parfois. Mais aime-t-on vraiment si l’on ne connait pas le bonheur ? Sans doute Elio eut-il aimé avoir cette réponse, puisque son esprit devait très certainement se pencher sur cette question logique. Mais Elio était bien lointain de cette préoccupation, isolé dans un monde qu’il voulait sien et dans lequel personne ne pouvait faire un pas. Le vide dans ses yeux reflétait celui de son cœur, asséché et privé de tout oxygène. Il dépérissait sans en laisser beaucoup paraitre, mourant à petit feu dans la trop grande violence des souvenirs alors que son âme était à nue, que ses défenses étaient à terre. Il ne lui restait plus aucune protection si ce n’était Delia, que ses yeux ne voyaient plus. Même elle s’effaçait peu à peu devant la puissance dévastatrice de sa perdition. Sans doute pourra-t-on dire que, temporairement, le jeune homme perdit le contact avec son esprit. Sa raison venait de rendre le drapeau blanc et laissait place à la folie de ses pensées demeurant secrètes, la poupée qu’il était à présent demeurait inerte tandis que sous son crâne, la bataille commençait. Ses ressentis, leur expression extérieure, tout ne serait que supposition puisque l’on ne lisait rien d’autre sur son visage que le profond désespoir dans lequel il est plongé.

A moitié saoul, dans une brume inextricable, je me levais brutalement en renversant à moitié la table. Je savais, j’avais enfin pu comprendre ce qui depuis si longtemps restait un poids incompréhensible sur mes épaules. Maintenant que j’en étais sûr, je pouvais lui dire. Qu’il me jette ou me frappe, tant pis. Mais il fallait que je lui dise, malgré ce que cela entrainerait, malgré les regrets si cela se passait mal. Je ne pouvais rester comme ça. Puis je me rassis tout aussi rapidement. Je ne pouvais toujours pas le joindre. La tête plongée dans mes mains, je crus que j’allais fondre en larmes, jusqu’à ce que je me souvienne de notre première fois. Avant ça, après ceci. Voilà. Arrêt sur image. Je l’entendais, alors que je l’aidais à aller prendre son taxi, murmurer son adresse. Dans un éclair de génie je m’en étais rappelé, et sortant un crayon de ma poche je m’empressais de griffonner le numéro dont je n’étais plus certain et la rue sur la serviette en tissu du restaurant. Posant au passage un peu plus de billets que nécessaire pour dédommager cette dernière, je me dirigeais tant bien que mal vers la sortie. J’avais une adresse, j’avais des certitudes.

Il ne me restait plus qu’à plonger dans l’inconnu le plus total. Et à me préparer à recevoir un refus catégorique. Tant pis. Je savais. Et j’en tirai une satisfaction impossible à décrire avec seulement des mots. Ce fut donc avec un grand sourire hébété sur le visage que je me dirigeais presque assurément dans les rues de la ville. Le cherchant.
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