++++++++++Aime moi, prends, moi, viole moi, desire moi. Je sais pas, fais quelque chose, tant que ca me concerne.






Sa bouche qui se dessine et cet air carnassier; Il a l’air dangereux, Liam apeuré. Comme une gonzesse dans la plus sombre des nuits, qui rentrerait en talons aiguilles et sentirait qu’elle est suivie. Elle serait en train de se presser, ses genoux frotteraient l’un contre l’autre à chacun de ses pas. Et la, dans un bruit sourd et glauque. Elle sentirait sa vie partir. Ou son âme. A choisir entre ce qui est le pire.
Mais le predateur est le meme, qu’on soit fille ou garçon. Qu’on tienne à sa virginité ou non. Qu’on ait rencontré mille penis, ou aucun. On ne doit jamais prendre ce qui nous appartient.
Et la Liam, il sent qu’on s’attaque à sa vie. Qu’on lui prends de son temps. Il ne sait pas s’il peut mourir. Mais il n’aime pas les prunelles sadiques que darde son ennemi sur lui.

“Je te veux toi.”

Et alors? Ils le veulent tous. Parce qu’il est beau à damner un saint. Il est parfait. Totalement et completement. Façonné par un ange particulièrement esthète, il est la digne création d’un peintre prophète; Ses mains blanches qui tressaillent sous la pression. Ses lèvres rouges comme sang, qui s’entrouvrent sous l’inquiétude. Il sent quand on le desire. Mais il ne fait pas la différence. La sexualité, ne lui effleure meme pas l’esprit.
Tant mieux, il cerne déjà un peu mieux le probleme de cette façon. Ce mec , il a une idée derrière la tête; Comment lui serait-il tombé dessus comme ça, sinon?
Comme une comète qui s’apprête, ce long tube froid qui tente de violer sa chair. Et l’autre, cet air flippant au coin des lèvres. Cette façon de se prendre pour un loup, d’imaginer Liam en vulgaire chèvre.


Y a des journées comme ça, qui commencent et finissent mal. De vraies journées de merde. Un argot provoquant qui énonce bien la réalité. Etre, c’est avoir mal. Exister, c’est souffrir. Qu’on soit pute ou princesse. Beau gosse ou laideron. Quand la fatalité s’en mèle, rien ne sert de crier. Les larmes ne sont que manifestation de faiblesse. Et la mort digne, l’ego de narcissique qui s’eteignent. Dans la mort, on est seul. On sert à rien. On pourrira de toute façon. Rester, statique et s’effacer doucement. Belle mort ou pas, Mort il y a. Alors Liam pourra s’etendre de tout son long sur l’asphalte glacé. Se glisser aux pieds du presque albinos qui le menace, et observer la couleur de son sang.

Il l’entendrait presque, Liam, ce déclic mecanique qui signerait son arrêt de vie. Il le sentirait presque, le vide oppressant, et sa poussière qui se dilaterait ça et là.

« Il va falloir que tu sois sage et que tu fasse ce que je dis, bien gentiment. »

Et sa voix, sa belle voix d’ange qui murmure des atrocités. Ses yeux froids qui condamnent l’innocent. C’est le roi fou qui craint ses sujets, il est prêt, il te commande.

Mais Liam, ca le rends furax ca, qu’on lui donne des ordres. Ca lui fait mal dans son ego, dans ses entrailles. Ca lui donne du travail sous le chapeau. Alors il crispe ses dents, fronce les sourcils et se tourne vers le ravisseur.

“ Je vous connais meme pas, vous voulez que je fasse quoi.”

S’il avait l’opportunité de partir en courant. C’est sur qu’il le ferait. il se precipiterait vers la sortie la plus proche, et se taillerait le plus vite possible. Mais il peut pas, il est là. A la merci d’un taré qui lui veut je-ne-sais-quoi.

Il est comme un animal en cage,
qui s’arracherait la peau,
avec ses ongles , avec rage.

La conversation, si l’on peut la nommer comme telle, n’est en réalité rien de plus qu’un amas de silence oppressant entrecoupé de paroles brèves et éparses. Il a beau avoir l’apparence d’un jeune homme sortant tout juste de l’adolescence, le flic perçoit en lui une menace qui, loin de lui déplaire, l’avertit tout de même de ne pas traiter cette histoire à la légère.

« Je vous connais même pas, vous voulez que je fasse quoi. »

Et Angelo de lever les yeux au ciel, l’air faussement exaspéré. La mimique pourrait presque être comique si elle ne tombait pas aussi mal, et puis de toute façon les verres fumés qu’il porte en quasi permanence camouflent efficacement son expression.

Sale petit gamin insolent, va.

« Pour commencer, tu te la ferme. Ça sera déjà un bon début. »

C’en était fini de cette voix mielleuse qu’il avait employé à l’instant ; le ton était redevenu sec et cassant, impératif. Il n’aimait pas qu’on lui réponde alors que ce qu’il avait dit un peu plus tôt était clair et ne nécessitait ni question, ni réplique. Un acquiescement muet aurait amplement suffit, certifiant alors sa soumission, définitive.

Voilà quelque chose qui était assez paradoxal, tout compte fait : Angelo n’aimait pas qu’on lui résiste, c’était là un fait qui avait le don de l’énerver prodigieusement quelles que soient les circonstances. Et pourtant, il ne tirait presque aucun plaisir vis-à-vis de ces personnes qui laissaient faire, comme si elles étaient dotées d’une volonté digne de celle d’une poupée de chiffons. Le stella, lui, appartenait sans aucun doute à la première catégorie.
Et c’était exactement ce pourquoi il allait se faire un malin plaisir de le briser, jusqu’à ce qui ne reste de lui qu’une vulgaire chose insignifiante même plus capable de crever au détour d’un caniveau.
Après tout, il n’était pas un meurtrier, hein.


« Maintenant, tu obéis sans rechigner à ce que je dis. Qu’est-ce que ça peut te foutre de me connaître, au juste ? T’es pas en mesure de décider de quoi que ce soit, à ce qu’il me semble. »

La haine avait enflé dans sa voix, et il aurait assurément fallu être un brin stupide pour ne pas l’y avoir décelé ; mais l’endroit l’oppresse, et ses sentiments trop contradictoires menaçaient de le submerger à tout instant, l’aveuglant tout en le confondant dans une grossière erreur qu’il ne manquerait alors pas de regretter après l’avoir commise.
C’est que le loup n’était pas à son aise, ici. Il voudrait bien emmener son agneau dans la tanière afin de se délecter de cette peur qu’il aimerait tant voir maintenant clairement affichée sur ce joli minois.


Et puis avec tout ça l’horizon avait fini d’avaler le soleil et la nuit était tombée, rehaussant les hauts murs bordant la ruelle et réveillant chez le policier de vieux et vagues relents d’achluophobie qu’il pensait avoir relégué au passé, et qu’il mit sur le compte de son mal-être tenace, toujours plus présent.

« Avances. »

Trêve de paroles inutiles, il était temps de dégager des lieux. Entre son équipe massacrée en bonne et due forme par l’homme qu’il tenait sous la menace de son Beretta, et son portable qui ne captait pas il se retrouvait bien seul à présent. Et puis sa voiture qui n’avait rien trouvé de mieux que d’être garée à quelques pâtés de maisons de là… autant dire qu’il y avait largement le temps pour qu’un incident contrariant puisse survenir.

« Avances, je te dis ! Merde, on ne va pas y passer la nuit non plus. »

Il lui imprima une brusque saccade dans le dos pour le faire avancer, et voilà que l’impatience reprenait les rênes. Il n’était tout de même pas tombé sur une foutue tête brûlée pas capable de comprendre et d’exécuter un ordre indiscutable, si ?

Spoiler:

"Avances, je te dis ! Merde, on ne va pas y passer la nuit non plus. "



C'est un ordre. Asséné, sec, brutal, violent. Ferme ta petite gueule, de toute façon pour ce que t'en fais. Avance! Dans tous les cas, tu ne sais pas où tu vas.


Il a le souffle court, le Liam. Il a peur, il flippe. Ses veines palpitent, ses pupilles sont tellement dilatées, qu'on pourrait croire qu'il est fonce-dé. Mais meme pas, c’est la terreur la plus pure. Liam n'est pas un combattant vous savez? Pas encore, pas vraiment. Ce n'est qu'un enfant, joyeux, sympa, un peu fou et turbulent. Et la, il a tué des gens.


En meme temps, les mômes le font tous les jours avec leurs pet-shops. Pourquoi pas lui?
Oui, Pourquoi pas lui? L'illusionniste se dit que c'est une illusion. Il s'illusionne lui même pour ne pas percevoir l'allusion. Aux meurtres qu'il a perpétré. J’ai tué une poupée. Un truc en chiffon. Meme si a fait “Spuik” quand ils se sont tirés dans le melon. C’etait même un peu mignon.


Mais c’est vraiment pas un athlète, pas le genre à courir le marathon, exploser la tête d’adversaire avec ses petits poings en béton.


Alors il fait ce qu’on lui dit, il avance bêtement, le visage encore plus blanc que d’habitude. Ses mains sont crispées comme celle d’un mort. Cette rigidité cadavérique se répercute jusque dans ses orteils. Chaque pas est douloureux, il se sent comme un bovin que l’on conduit à l’abattoir. Il sait qu’il a perdu. Un combat qu’il n’a jamais voulu entreprendre. Eunice l’avait prévenu. A force d’être lui meme, d’être si insupportable, d’être si provoquant. V’la la fatalité qui s’en mèle et qui l’agresse bassement.
L’incertitude de son futur, elle lui fait mal dans ses poumons. Son cerveau peu entrainé desespère de trouver une solution. Mais ce n’est pas intellectuel, ne comptons pas sur lui pour une stratégie eblouissante. Il se laisse mener par cette arme glissante.



“ Mais on va où, au juste?”


Sa voix qui tremble, ses lèvres qui se resserrent, comme douloureusement tordues. Le son qui sort de ses lèvres entrouvertes, n'est plus qu'un murmure. S’il était humain, nul doute qu’il se pisserait dessus. Mais il ne l’est pas. Son honneur n’en souffrira pas.


Liam avance encore dans le dédale etroit. La nuit sombre n’empeche pas son regard de se frayer un chemin. Mais la lune rouge envoie une lueur assassine sur sa peau diaphane. Des reflets sanguins se detachent sur son visage, comme une funeste prophétie. Les ordures de ces ruelles sordides entachent ses converses d’ordinaire proprement bariolées. Mais dans la nuit, dans cette nuit immonde, les ombres rendent la scène glauque et dégueulasse.
Les rats font leurs tanières, certainement non loin de lui. La bas, un peu plus loin, il entends le bruit de la vie. Les échos des voitures, et des joyeux drilles qui s’amusent sans penser à lui.
C’est un peu injuste, et il le sait. Il voudrait etre la bas, et les laisser à leur place.

Il ne voudrait pas se trouver seul avec cet albinos fou.
S’il avait été le héros d’un roman d’aventures, il aurait repensé à ce que sa mère lui disait en le bercant la nuit. Mais il n’avait pas de maman. Il n’avait pas de souvenirs rassurants. Juste des scènes qui le faisaient encore rire bêtement, ou il torturait Eunice de son agacant humour adolescent. Mais Eunice n’était pas sa mère. Et Eunice n’etait pas pur.


Alors il avance betement, obeissant comme un chien, a un fou venu lui faire du mal. C’est mal dit, mais ses pensées sont floues. Il a l’impression de défaillir. Le contrecoup de l’utilisation de ses pouvoirs, l’assaille. Et il s’evanouit, d’un coup. Sommairement. De fatigue et de nervosité. Il ne peut plus bouger son corps. Il est epuisé.

Spoiler: