Ultima Alluvione
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Alitia Toscane

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MessageSujet: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeSam 16 Oct - 17:10

Les temps changeaient. Ce genre de phrases, philosophiques et grandiloquentes, ça faisait cool de les jeter dans une conversation. Les temps changeaient. Ah oui, effectivement, l’été nous dit adieu pour l’automne, voir carrément l’hiver. Mais il faisait bon sous le soleil méridional de Milan. Habituée aux pays méditerranéens, Alitia n’avait jamais pu réellement savourer, encore, le climat plus frais du Nord. Ses parents avaient bourlingués, c’était vrai. Leur petite famille avait été trimballée de pays en pays, c’est vrai aussi. Mais franchement : quelques mois en Norvège, en Pologne, au Canada, était-ce vraiment significatif ? Pas plus que de dire que les temps changeaient.

Enfin bref, de toute façon, ce n’était pas de ça que voulait parler Alitia. Le changement de saison, elle connaissait et elle n’en faisait pas une crise à chaque fois. Pas comme certains mystiques qui s’exclamaient en pleine conversation d’une voix aigue qu’ils ressentaient nettement l’influence néfaste de Mars en ce mois d’Octobre pluvieux. Bah non mon coco, tu as juste choppé un rhume. Ce dont elle voulait parler, c’était d’un ressentit beaucoup plus profond qu’un simple changement de lune. Son âme avisée à chopper tout et n’importe quoi dans l’air, en partie pour se la jouer, en partie parce que c’était sa nature, lui disait qu’il se passait… se passait… Quoi ? Rien de bien défini. « Il te manque carrément un boulon » lui aurait dit le Frangin. Non mais c’était vrai quoi. Pourquoi tout le monde avait l’air aussi excité ?

Ses yeux tombèrent mollement sur son agenda. Elle avait dessinée des petites flammes bleues, prêtes à être analysée par Tonton Freud. Le cours d’anglais venait de finir, et elle avait tout l’après-midi de libre. Alors voyons, que devait-elle faire par amour de la culture ? Eloge de la dépression. Chouette. Elle avait vécue avec un parfait exemple pendant des mois. C’est clair que ça méritait un éloge paradoxal. Une présentation à réaliser sur l’exposé qui s’étalait aux regards complaisants des visiteurs au musée le plus loin de la fac. Encore un truc de vieillards décatis avec de jeunes vierges nues dansant sous les bosquets. Ou des carrés et des ronds. Des copier-coller de gommettes multicolores. Quelques textes à lire, un bouquin de Shakespeare à finir. Bon, bon, bon. Elle ne pouvait tout de même pas passer l’après-midi à se tourner les pouces, assise sur un banc, à regarder les passants. Avec une bonne boîte de cookies et son appareil photo. Non, décemment, elle ne pouvait pas.

Soupir.

Alitia fourra négligemment son agenda dans le sac en cuir et à franges perlées. Très « squaw ». Quelle classe. Avec ses cheveux blancs purs de mémé et tout. Parfois, dans la rue, il arrivait qu’on tombe sur le dos d’une superbe créature d’un mètre soixante-quinze, avec talons, la jupe courte, le mollet ferme, la longue chevelure blondasse. On l’observait vaguement en la suivant jusqu’à l’arrêt de bus. Et là, elle se retournait, et c’était l’horreur. Cinquante piges, la fille. Voir soixante avec les UV. La peau craquelée, brune comme une cultivatrice de riz asiatique, outrageusement maquillé. Beeeh. Rien de pire que cette image de déchéance non assumée. Avec Alitia, c’était l’inverse. Une mémé qui s’habillerait trop d’jeun’s ? Et ben non, râpé mon gars. Pis moi, j’assume ma blancheur. De toute façon, à une époque où le rose côtoyait le turquoise et le vert, question coupes de cheveux, on n’était plus à ça près. Et notez qu’Alitia avait une coiffure des plus classiques, jugea la jeune fille en remarquant du coin de l’œil une demoiselle à la coupe iroquoise qui la rendait semblable à un troll de jeux vidéo en ligne. Clac. Une photo.

Elle se laissa trimballer par le bus jusqu’à l’autre bout de la ville, écrasée contre les parois au début, un coude dans le ventre, des cheveux dans le nez, avant de parvenir à chopper une place assise près des portes. Un mec gêné par la foule de moutons bêlants et stupides ne put descendre à un arrêt, et Alitia aurait voulu immortalisé ses « S’il vous plait ! Les portes ! LES PORTES ! » noyés dans la masse. Puis, une chose androgyne l’occupa dix bonnes minutes. Ca mesurait au moins un mètre soixante-dix-sept, ça portait des cheveux blonds sales en carré ébouriffé, c’était maigre comme une planche à pain et ça avait un sac à main et des baskets. Fille ou garçon ? Fille ou garçon ? Peut-être était-ce un rare cas d’hermaphrodisme affirmé… Sentant sans doute son regard insistant de chouette hulotte, la chose changea de place après lui avoir jeté quelques coups d’œil agacés. Enfin, après que le coléoptère à roues se fut presque vidé et qu’il ne restât dans l’habitacle que trois âmes en peine, dont Alitia, elle descendit.

C’était ces petites rues vides, qui semblaient sortir d’un autre temps. Un quartier qui faisait années cinquante ou soixante. Des maisons et des immeubles caractéristiques. On était loin de la foule touristique qui arpentait énergiquement l’axe principal de la ville, comme une rivière grouillante d’insectes armés de flashs. Ici, c’était un tantinet désert, un peu pittoresque, le genre de recoin que le guide avisé finit par dénicher pour ses clients. Ils s’y perdaient quelques heures et revenaient tout contents et énamourés. Magiiie.

Alitia trouva très vite l’entrée un peu poussiéreuse qu’elle cherchait. Des badauds traînaient, assis languissamment sur les marches. Une classe studieuse écoutait consciencieusement la maîtresse. Cette dernière montrait d’un geste ample le lion en bronze typiquement italien qui se trouvait derrière eux. En faisant mine de photographier le lion, Alitia croqua les petits élèves dans son appareil. La mémoire était presque pleine. Il lui restait juste assez pour prendre quelques clichés de l’expo. Enfin, si les photos étaient autorisées. Tss, tss. Un petit passage à la caisse, elle montra sa carte d’étudiante et sa carte culture, quelques sous, un « merci » du bout des lèvres, un guide et hop. Elle était partie. La galerie dédiée à l’expo lui tendait les bras… Dans le couloir, il n’y avait qu’un individu, qui lui tournait le dos, légèrement penché en avant, comme absorbé. Un peu de facture ancienne. Sûrement un amateur de ce genre de distraction. Posément, elle alla se placer à côté pour lire, elle aussi, la petite étiquette sous la toile. Puis elle leva les yeux et resta contemplative. Ses yeux opalescents pouvaient refléter pour le novice l’attitude studieuse d’une étudiante avide de kultur. De Toscane, c’était surtout un air très dubitatif face à l’intérêt de la chose.

Art, art, art. Ô art, pâle copie de la réalité. Copie de copie d’idées et de concepts. Bienvenue dans ton berceau. Ca fait quel effet, de se retrouver là où un siècle d’artistes fameux dans le monde entier pèse sur l’ego de tout le monde ? Ca fait lourd, n’est ce pas ? Le type était sans aucun doute plus attrayant. Difficile de lui donner un âge. Ô P’pa. Ô M’man. Ô Frangin. Encore une chose. Dites, je peux la garder ?
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Ares Galla [Nemo]

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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeSam 11 Juin - 4:39

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Il respira. Ses chaussures claquèrent sur le sol plus ou moins propre du musée de la ville. Considéré comme un lieu de débauche par la majorité étudiante. Tout dépendait de la définition que l’on accordait au mot. Ares avait un trou dans son emplois du temps, comme chaque semaine il aurait du aller faire de l’escalade ou traîner avec une bande d’ami mais le travail l’en empêchait. Il avait eu la bonne idée en début d’année de cocher la petite case « Arts » dans les options qui se proposaient cette année dans son école de commerce. La matière avait peu de rapport à l’enseignement qui était dispensé dans l’établissement mais elle avait du succès. Il s’était donc engagé dans la ruelle tortueuse de l’art. Le blondinet aimait ça. Il trouvait les courbes belles et expressives, il les voyait s’envoler, se tendre, s’arquer sous la pression. Les formes géométriques lui parlait parfois, dans leur abstractivité elles murmuraient un message qu’il essayer d’attraper. Mais parfois, souvent, les tentacules de son esprit claquaient dans le vide et rentraient bredouille, il n’arrivait pas a saisir et attraper la teneur de l’œuvre. Ce qu’avait voulu faire passer l’artiste lui restait confus, dans ce genre de cas il se retournait vers sont frère ou Nemo, quand il arrivait à le choper entre deux nuits blanches, escapades inopinées. Le Stella avait une vision nouvelle des choses et saisissait le sens originel de l’œuvre sans tout les complexes, les stéréotypes dont Ares était abreuvé depuis sa naissance par la société. Le formatage dont presque chaque individu de nos jour était martelé.

La peinture moderne l’inspirait beaucoup plus que le classique ou le baroque, qu’il trouvait trop droit, religieux ou trop lourd. Il avait l’impression d’étouffer sous la masse d’un tapisseries de velours, asphyxié par tant de choses à chaque fois qu’une de ces toiles géantes s’opposait à lui. Il arqua sa démarche. Le pactisant connaissait ce qu’il cherchait. Le sujet qu’on lui avait donné était facile mais si vaste qu’il s’y perdait lui même. « Que peux inspirer l’art ? Servez vous d’une production que vous connaissez bien pour alimenter votre thèse ». Il se voyait bien nourrir d’encre un monstre blanc à la texture fine et coupante. Un origami agressif et imprévisible. Aussi frivole et incompréhensible que l’art. Et par pitié, le professeur décoiffé, à l’esprit retors leur avait offert la possibilité d’exprimer l’avis que quelqu’un d’autre que soi. Sauf que la scène c’était déroulée il y a un mois, et qu’il devait rendre son travail le lendemain. Il avait songé à interviewer ses colocataires mais enlacé vicieusement avec sa fainéantise et rendu réfractaire au travail par ses idéaux brisant a chaque occasion le fil sur lequel il se perchait, il avait fini par rester devant la TV. Il se privait ainsi des frissons du vide pour se perdre sans angoisse dans ce labyrinthe poussiéreux.

Il avala sa salive et passa sa main dans ses cheveux. Esquissa un sourire en étant arrivé à destination. Ares avait décidé de prendre le travail avec motivation et plaisir, plus vite ça serait fini, plus vite il pourrait partir. Il se présenta à la toile de 322 cm de hauteur sur 150 cm de largeur, elle le toisait de sa hauteur et l’ignorait hautainement, cachant dans son ventre sa signification ultime. Mais il avait bien décidé d’une fois de plus aller explorer ses couleurs et ses motifs en quête de la résolution de son énigme. Il y à plusieurs années il s’était rendu au musée comme la classe sage et attentive de petit enfants qu’il avait croisé en chemin, concentré sur une toile représentant une nature morte et il l’avait accroché du regard. Un jour je reviendrais te voir. C’était l’occasion qui créait l’événement. Mais tout un coup, face à cette entité, il ne savait pas par quoi commencer. Il réagit en conséquence, se penchant sur l’étiquète plastifiée qui se tenait à côté d’elle. Peut être lui ouvrirait-elle un chemin au tapi beige recouvert d’une couche de plastique fondu. C’était déjà mieux, il savait à présent l’avis de l’artiste sur sa peinture. Il commençait a avoir des idées quand une présence fit sont apparition. Une nouvelle masse mouvante était rentré dans son environnement. Il eu soudain un éclat dans sa tête. L’inconnu(e) qui s’était approché de la toile était évidemment un visiteur, mais un visiteur précieux, car c’était son avis sûrement différent du sien qui luisait derrière lui. Il releva la tête, son sourire récurant et naturel sur les lèvres.

« Bonjour. »

Une salutation accompagné d’un ton chaleureux qui lui était propre quand il s’adressait aux inconnus, ce qui était, l’une des choses qu’il aimait le plus faire. Découvrir de nouvelles personnalités, se faire des amis, des petites amies, des ennemis. Le mieux avec les gens qu’il ne connaissait pas c’est que eux aussi ne savait rien sur lui, leur regard était neutre, surpris, mais rien d’accusateur ou de haineux. C’était propre, sain et rafraîchissant.
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Alitia Toscane

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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeSam 18 Juin - 18:34

« Bonjour. »

Toscane mit quelques secondes à comprendre que ce mot lui était adressé. Dans une bande dessinée, on aurait mis un petit éclat de surprise significatif près de sa tempe droite pour indiquer que le fil de ses pensées venaient d’exploser. Ses yeux pomme fanée se braquèrent sur son voisin, à sa gauche, laissant à l’aiguille du temps un peu de marge pour filer. Enfin, après avoir bien enregistré que cette politesse lui était bel et bien destinée, la jeune fille pivota d’un quart pour s’ouvrir à son nouvel interlocuteur. C’était bien évidemment son voisin, ce type qu’à l’instant même elle avait déclaré plus intéressant que l’œuvre affichée au mur.

- Bonjour, répondit-elle, plus pour se donner les moyens de le dévisager que pour la courtoisie.

Oh, Seigneur. Quelle dégaine. Un grand type blond aux traits avantageux, avec des bras où toutes les filles rêvent de se blottir. Une tronche de prince charmant, piercing, barrettes et godasses à la mode en plus. Un bellâtre, peut-être ? Ou un intello de la fac d’arts qui venait se cultiver pour gagner des points ? Un junkie en soif de connaissances, ou qui s’était paumé. Un étudiant, en somme. Comme elle. Alitia lui donnait… Oh, à peu près son âge, sinon un brin plus jeune. En tout cas, elle ne l’avait jamais vu à sa propre faculté et il ne lui semblait pas le posséder sous forme de mégaoctets dans son appareil photo. Pourtant… Pourtant, il aurait fait un beau modèle avec sa blondeur naïve, sa parenthèse scotchée à ses lèvres, son attitude tranquille, sa façon de s’habiller, de se tenir, de la regarder. Des iris neutres, avenantes, qui attendaient. Hm. Alitia était prise au dépourvue. D’habitude, on ne s’intéressait pas beaucoup à elle autrement qu’en la dévisageant pour ses cheveux blancs. Son expression maussade décourageait ceux qui voulaient faire connaissance comme ceux qui voulaient se moquer. D’ordinaire, c’était elle qui prononçait consciencieusement « Bonjour », elle que l’on épiait, un peu troublé, en baratinant n’importe quoi pour répondre et de préférence en se dandinant d’un pied à l’autre.

Ce n’était pourtant pas que Toscane refuse le contact des autres, non. Mmh… Mauvaise foi. Bon, d’accord, cela dépendait de son humeur. Il lui arrivait parfois d’ignorer royalement le nouveau venu, ou de le détailler avant de s’en retourner à son occupation première lorsque la tête ne lui revenait pas. Mais, la plupart du temps, elle restait docile. C’était de cette façon qu’Elisa s’était taillée une place dans sa vie ; à coup de questions, de commérages, de ragots. A raconter ce qu’elle faisait tout en allant chercher des réponses en retour. Une fois la barrière passée, une fois ce petit pic qu’était la surprise, la méfiance naturelle envers autrui, tout marchait sur des roulettes. Alitia n’était pas une fille compliquée. Il lui suffisait d’un peu de sympathie et de tenue pour qu’elle se laisse apprivoiser, avec plus ou moins de distance dans ses paroles. Fennec du Petit Prince, elle se tenait à quelques mètres respectueux, acceptant d’échanger sans aller plus au devant. Laissons les paroles et le temps faire leur chemin ; laissons les creuser un tunnel dans le sable, un chemin pour nous relier. Alors, peut-être, sans s’en rendre compte, Alitia s’approchait et les bulles qui nous isolent du reste du monde cédaient, une à une.

Ainsi, à première vue, le type semblait être tout à fait normal. Ou potable. Ou peu importe le terme. Toujours était-il qu’Alitia ne ressentait pas l’envie d’éviter le personnage, malgré ses airs de charmeur populaire à qui tout réussissait. Parce que les chefs d’équipe de baseball américains, là, en général, elle les laissait baver puis pester derrière elle. Elle n’avait pas besoin de les connaître ; elle savait déjà ce qu’ils refermaient, ces paons superficiels vivants dans des cages dorées. Elle ne les méprisait pas vraiment –si, un peu, quand même-, mais avait déjà tout exploré. Décortiqués, passés sur le billard, autopsiés, disséqués, ils ne présentaient plus aucun intérêts. Alitia préférait les personnes sortant des catégories. Ceux qui se distinguaient par un détail, un regard, un accessoire, une attitude, un secret. Sinon, ils restaient des gens, et Alitia n’aimaient pas la généralité. En l’occurrence, son voisin d’art était une anomalie dans cette rangée des blondinets séduisants. Parce qu’il était là, dans ce musée, parce qu’il venait de lui dire bonjour, le sourire au lèvres. Bonjour, tu veux une clope ? Ca te dirait qu’on aille boire un verre ? Ou, plus finement ; qu’est ce qu’une étudiante peut faire ici à part bosser un truc rasoir ? Bienvenue au club ! C’est cela, oui. Pour en savoir davantage, Alitia décida de prendre les devants :

- Etudiant, j’imagine ? En quoi ? demanda-t-elle dans une pure formalité. Pourquoi venir dans le musée le plus poussiéreux de la ville autrement que pour faire son travail ? Je serais surprise d’apprendre que tu n’es là que dans le but de dire bonjour aux demoiselles qui passent. Ou alors, tu travailles ici ?

Son regard repassa sur le sweat, le jean, les chaussures, remonta aux barrettes.

- Non.

Elle esquissa presque un sourire. Un truc qui y ressemblait, du moins. Voilà ! Elle avait fait beaucoup plus d’efforts que d’ordinaire. Elle avait plongé ses mains dans la brèche, avait creusé, au lieu d’attendre que l’ingénieur antagoniste ne le fasse. D’attendre que l’intrépide géologue descende dans sa grotte. Inhabituel, n’est ce pas ? Peut-être le faisait-elle parce qu’elle étai d’humeur, hmm ? Oh non. Toscane ne faisait rien avec les autres comme ça, sans être conquise auparavant. Ce ne pouvait être que de l’intérêt. Un piège tendu pour savoir, pour traquer, pour trouver l’anomalie. C’était comme gratter un ticket de loto et d’attendre de voir ce qui se trouvait en dessous. Après, en règle générale, on jetait le papier à la poubelle. Ou alors, on le serrait contre son cœur, précieusement. Elle voulait voir ce qu’il en était. Trouvaille, jolie trouvaille, jolie pièce de musée. Comme autant de gens que l’on rencontrait pour les oublier immédiatement après, alors que l’on prenait plaisir ensuite à dévisager la bouille de milles inconnus sur un site, un roman photo, un livre sociologique. La fascination-répulsion, le on est solitaire mais on ne peut vivre sans. Mais pour Alitia, habituée à observer les gens de tous les pays sur son banc, la main dans celle de sa mère, c’était une attitude naturelle parsemée de curiosité d’enfant. Quand on ne peut s’empêcher de tout dévorer tout en se cachant derrière les jupes de maman, ou dans le dos du Frangin. Le bonhomme lui aurait bien plût, d’ailleurs.
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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeDim 19 Juin - 5:38

    L’inconnue mit quelques secondes à réagir, comme absorbée par autre chose, ou ne se s’attendant pas à ce qu’on l’interpelle. En même de temps de nos jours les gens font rarement le premier pas, il faut s’efforcer de tendre la main. Et plus on le fait, plus c’est facile. C’était devenu une habitude de sa part. Ne serais-ce qu’un bonjour, sur le chemin d’une randonnée, en haut d’un montage, dans la rue, au super marché, au musée. Les autres ne pouvait qu’apporter quelque chose de différent.

    « Bonjour. »

    C’était une réponse égale sans plus. Elle le dévisagea, il en fit de même. Rituel bien rodé. La première chose qu’il vu c’était sa chevelure. Plutôt inhabituelle. Les cheveux fin, souples, tombant jusqu’au bas de son dos, le tout en dégradé partant d’une longue frange barrant son front. Mais le plus étonnant était bien la couleur. Ils étaient blanc. D’un blanc écarlate, aux reflets argentés, lunaires. A la fois laiteux et froids. Sa peau était jeune et claire. Ses yeux étaient verts. Verts comme la jade que l’on trouve sur le marché du quartier chinois. Grands et encadrées de cils noirs et longs. Un maquillage sombre recouvrait ses paupières, les rendant lourdes et obscure. L’inconnue était assez grande, du moins, plus grande que les femmes qu’il avait l’habitude de croiser sans pour autant être une géante. Elle était habillée de façon simple , tout en gardant sa féminité. Elle ne semblait pas être l’un de ses fashion addicts, qu’il considérait … assez négativement quand elles tombaient dans le gouffre sans fin des vices de la consommation et commençaient s’étaler sur les autres, trous noirs d’inepties cherchant à toujours gagner plus de terrain. Les personnes ne prenant pas soins d’elles n’étaient pas mieux lotis, surtout si c’était par prétexte de ne pas succomber à la superficialité.

    Elle semblait un peu recluse sur elle même. Comme se cachant délibérément. Ne souhaitant pas spécialement se pencher vers les autres. Blasée. Pourtant l’appareil photo qu’elle portait signifiait, ou du moins pouvait induire qu’elle était une artiste, donc ouverte. Il réprima un sourire à cette pensée, elle s’affichait comme un dernier recours. Même s’il ne lui parlait pas uniquement pour qu’elle lui donne son avis, il n’était pas comme ça. L’inconnue avait quand même l’air d’une personne normale, qui pouvait être sympathique à rencontrer. Parce que après tout elle était irrémédiablement différente de lui, mais c’était ça qui l’intéressait, l’originalité. Tout était bon à entendre pour se faire son propre avis. Et plus on avait eu droit à d’opinions différentes, plus on pouvait construire le sien avec du ciment complet et des briques réfléchies. Elle semblait avoir son âge, peut-être plus vielle pour son regard, peux-être plus jeune pour son apparence. Il la voyait bien étudiante, pourquoi pas en art … visuel ? C’était l’instant où il fallait tendre la main pour continuer la conversation, ça ne lui gênait pas de l’entamer puisqu’elle ne semblait pas forcément du genre à partir dans discussions sans fins d’elle-même, ce qui en soi, avec un parfait inconnu était parfaitement normal. Mais surprise, la parole fut.

    « Étudiant, j’imagine ? En quoi ? demanda-t-elle . Pourquoi venir dans le musée le plus poussiéreux de la ville autrement que pour faire son travail ? Je serais surprise d’apprendre que tu n’es là que dans le but de dire bonjour aux demoiselles qui passent. Ou alors, tu travailles ici ? »

    L’avant dernière phrase le fit rigoler intérieurement, il n’avait pas pensé à ça en venant. Mais à croire que c’était récurant de sa part, il avait bien salué une jolie demoiselle inconnue.

    « Non.»

    Une sorte de sourire tenta de s’arquer sur son visage. Il apprécia l’effort. Et lui rendit. Ça lui allait bien de sourire, autant pour lui que pour l’inconnue, même si c’était plus spontané pour l’un des deux. C’était drôle d’entendre les gens répondre aux question qu’ils se posaient eux même. En même temps il se voyait mal travailler ici, il aimait l’art certes, mais il n’avait certainement pas l’envie de venir s’enterrer ici. Finir mort sous les couches de poussières. Il lui répondit de son ton habituel, léger, accueillant et joyeux.

    « Étudiant en commerce. La deuxième option est peux être la bonne mais non je suis là pour faire un travail. J’ai pris l’option art en début d’année, dit-il pour se justifier ( et ne pas passer pour un dragueur terminé). J’ai un travail à faire pour demain et … je n’ai encore rien fait, mit à par venir ici.»

    Il partit sur un rire amusé et naturel. Chassant le stress qui venait de fleurir sur son cerveau en évoquant la date fatidique du lendemain. Ares passa sa main dans ses cheveux sans même sans rendre compte. « Replaçant » les mèches courtes et blondes de l’arrière de son crâne. Ce mouvement était assez typique. Il intervenait quand il essayer de chasser une idée qui ne lui plaisait pas. Dans l’élan de la discussion il continua, s’interrogeant sur elle.

    « Et toi ? La deuxième personne du singulier s’étant imposée sans gêne, Tu es étudiante, non ? Qu’est-ce qui te mène dans ce lieu de perdition ?»
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Alitia Toscane

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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeVen 24 Juin - 20:31

Le visage du nouveau venu se fendit d’un sourire plus large encore, tandis qu’il lui répondait :

« Étudiant en commerce. La deuxième option est peux être la bonne mais non je suis là pour faire un travail. J’ai pris l’option art en début d’année. J’ai un travail à faire pour demain et … je n’ai encore rien fait, mit à par venir ici.»

Ah, le commerce. Une filière qui n’avait jamais intéressée la personne introvertie d’Alitia. Les lettres, la lecture en solitaire, ça lui convenait parfaitement. Les longues dissertations écrites entre elle et elle aussi. En ce moment, elle se demandait néanmoins où ce chemin allait la mener. Sans doute plus loin que celui des études en photographie, se disait-elle. Mais avait-elle vraiment envie de passer le reste de sa vie à éditer des livres ou faire des recherches à la faculté ? Le métier de journaliste l’intéressait davantage, en sa qualité de détective amatrice, mais pas suffisamment pour qu’elle y voit autre chose qu’une issue de secours. Alors quoi ? Chômage ? Déjà qu’elle dormait dans une voiture et vivait avec une valise de fringues. Elle était bien barrée dans la vie. Devenir médecin, comme ses parents ? Ca risquait d’être compromis, elle qui s’était engagée bien loin de la fac adéquate. Elle se voyait bien voyager, mais… On ne pouvait décemment pas passer sa vie à vagabonder dans la campagne, sous peine de finir sur le carreau, usé avant l’âge jusqu’à la corde, jusqu’à la moelle, vers quarante ans, clébard à la clé. Toscane ferait une très bonne junkie, avec ses cheveux colorés et ses tendances d’escargot. Autant aller directement à l’hospice, cela semblait plus indiqué.

Mais bon, dans sa poche, remontant à quelques jours, il y avait un bout de papier avec des numéros dessus. Une succession de chiffres qui lui rappellaient irrémédiablement ce qu’elle avait promis et devait faire. Alors, pour l’heure, elle était contrainte de faire ce que papa et maman pensaient. Ce que les grands-parents surveillaient. Et ce que Vito voulait. Elle n’avait pas vraiment envie que ce dernier vienne fourrer son nez dans ses affaires et mette ses menaces à exécution parce qu’Alitia était trop bohème et vivait trop dans sa tête. Cela étant… Elle ne voyait pas exactement comment il pourrait le savoir, et pestait intérieurement en mesurant l’emprise que le jeune homme avait sur elle juste par une promesse, juste par cette idée stupide de la parrainer pour compenser la perte de Luca. Il ne pouvait faire ça que par obligation, à coup sûr. Pour quelle autre raison le ferait-il ? Toscane avait retourné la question dans sa tête, allongée sur la banquette arrière, lovée dans la couette grossière, frissonnante dès qu’un bout d’épaule dépassait. Vito culpabilisait pour la mort du Frangin. Il pensait qu’elle avait besoin de ça. En avait-elle besoin ? Oh non, pas de pitié. Est-ce que c’en était, ou bien s’agissait-il d’un sens du devoir créé par la situation ? En tout cas, elle ne pensait pas que cela soit de l’affection. Ils s’étaient trop peu vus, trop peu parlés. Elle-même s’était montrée méchante, agressive. Pas vraiment la mignonne petite sœur éplorée, l’adorable chaton abandonné dans son carton, quémandant de l’affection. De n’importe qui. Même d’un type bizarre travaillant dans on ne savait quoi.

Mais qui était-elle pour comprendre le raisonnement des gens, et ce qui les poussait à entreprendre leurs actions ? Dans le cas présent, sa nouvelle connaissance ne réagissait absolument pas comme un type normal. Un type normal serait passé à côté d’elle sans la regarder, sans lui parler. Sauf si c’était un mec lourd. Les mecs lourds n’avaient pas un sourire aussi ouvert.

« Et toi ? Tu es étudiante, non ? Qu’est-ce qui te mène dans ce lieu de perdition ?» avait-il repris pour continuer l’embryon de conversation.

- Oui, je fais souvent ça pour mes travaux, moi aussi. Le manque de motivation.

Alitia avait l’impression de parler dans le vide. D’être creuse. Pleine de fausseté. Sa tête était remplie de tout, sauf de ce genre de phrases qui ressemblaient à celles utilisées par ses copines lors du repas au restaurant universitaire. Elle leur empruntait, l’espace d’un instant, cette façon naturelle de discuter, de plaisanter, sur ces petits riens qui composaient notre vie. Ca sortait tout seul, sans mâchage préalable, tandis qu’elle pensait à autre chose. C’était étrange.

- Moi, je suis étudiante à la fac de lettres. Et je suis venue ici… pour une présentation rapide de l’exposition actuelle. Mais c’est dans la galerie voisine, là, je flânais juste. Toujours la motivation.

Elle s’efforça de garder son demi-sourire aux lèvres. Tentative pour être sympa, ouverte, elle aussi. C’était plus compliqué qu’il n’y paraissait, au-delà de l’indifférence qui l’habitait la plupart du temps et qui la faisait répondre par automatisme. Je suis un répondeur intelligent. En fait, ce que Toscane ne savait pas faire, c’était d’être spontanée. Voilà. Elle manquait cruellement de spontanéité. Incapable de faire la moindre chose avec les autres si cette chose n’était pas passée au crible dans sa sphère mentale auparavant. Comme ses émotions, avalées par la machine industrielle qu’elle était. C’était sans doute la définition qui isolait les intravertis sentimentaux. Des sphinx vivants en profondeur, sous des masques d’indifférences, comme un oignon mélancolique –oui, oui, comme un oignon mélancolique, confirma Alitia en se moquant d’elle-même-. Bon. Un effort, un effort. Qu’est ce qui pouvait sortir de sa bouche, là, si elle mettait sa conscience de côté deux minutes ?

- J’aurais préféré déguster des cookies dans un café du coin, avoua-t-elle.

Et voilà. Triomphe. Elle avait réussit, et s’étonna. Elle n’aurait jamais dit ça d’habitude. Qu’est ce que ça pouvait bien faire, à ce type, qu’elle veuille manger ses pâtisseries favorites au chaud dans un de ces salons de thé douillets dont Milan avait le secret ? Elle se sentit mal à l’aise et préféra changer de sujet. Trop de spontanéité tuait la spontanéité. A la place, elle commenta en portant son regard autour d’elle :

- Surtout que ce musée est un peu vieillot et poussiéreux. Personne n’a envie d’y passer un moment, il n’est pas attrayant. Ce n’est pas que je n’aime pas l‘art, mais ça manque de vie…

Bof. Guère mieux. On aurait dit une gamine qui s’ennuyait lors d’une visite familiale forcée et ne rêvait que de retourner à ses jeux vidéo. N’était-ce pas ce qu’elle était, en lieu et place d’une studieuse élève ?
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Ares Galla [Nemo]

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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeVen 8 Juil - 5:43

Flemme, mon amie. Je tombe dans ton piège. Et j’y suis tombé depuis bien longtemps. Ton seul ennemi est ma conscience. Si redoutable. Les os de mon cerveau tremblent sous les chocs de vos coups. La feinte reste ton principal allié, mais la culpabilité que j’éprouve envers mon futur, à qui je le dois bien, m’écrase. Jusqu'à ce que le filet se perce et que je tombe dans la réalité.

Il ignora les reproches que lui lançait son esprit. Ares ne discutait que quelques secondes. En plus, il avait un bonne raison de le faire. Il exploitait la consigne que lui avait offert son professeur, voyons. Son interlocutrice avait sûrement beaucoup plus d’idées que lui sur la question. Elle lui répondit normalement. Sans plus.

- Moi, je suis étudiante à la fac de lettres. Et je suis venue ici… pour une présentation rapide de l’exposition actuelle. Mais c’est dans la galerie voisine, là, je flânais juste. Toujours la motivation.


C’était une réponse banale, sans fond et sans coquille. Bateau sans coque. Coulait-elle ? Elle faisait la conversation, sans percer ou briller par une quelconque différence. Mais c’était peux être ça. Il avait l’impression qu’elle surmontait un peu l’impossible pour s’ouvrir. Quand à lui, il ne cherchait pas à rencontrer quelqu’un brillant par une personnalité extrêmement diverse, lui apportant toujours plus. Ares cherchait juste à fuir son travail, tout en y œuvrant pour se déculpabiliser. C’était un artiste de la manipulation de soi-même décidément. Un équilibriste doué. Perché sur son fil de raison. Fin. Très fin. Ses lèvres étaient fendues en un sourire léger et un peu forcé. Il le sentait même si elle essayer de ne pas laisser paraître son effort. Il jeta un regard en coin vers le tableau. Et le blondinet aperçu avec effrois le sourire sardonique qu’il semblait lui offrir. Le fixant de ses yeux cruel. Les formes rondes et apaisantes, les couleurs vives et exotiques ternissant soudainement. Quelques secondes lui suffire pour que ses yeux soit une fois de plus uniquement consacrés à … Elle n’était pas blonde, c’était sur, mais il ne pouvait pas l’appeler « javel ».

Ses traits étaient préférables à ceux de la peinture et du travail.

Il avait besoin de s’évader de ce lieu, qui le comprimait. Ares avait l’impression que sa tête était écrasée entre une toile et une sculpture moyenâgeuse. Un besoin d’air non imprégné de poussière le crispait. Il cherchait un moyen de courir vers la sortie. Un dieu assez généreux pour lui offrir le repos éternel, tant que celui ci serait loin de ce musée. Une clé magique. Une cabine téléphonique londonienne télétransportante. On lui avait offert une rencontre. Peut être était-ce elle qui le mènerait loin d’ici ? Ou devrait-il chercher une autre issue de secours. Malgré tout il avait espoir en la personne qui se tenait face à lui.

- J’aurais préféré déguster des cookies dans un café du coin.

Elle dit ça d’un coup, presque s’étranglant en lâchant ses mots durement avoué. Mais cette phrase maladroite était sûrement la plus intéressante et la plus sincère qu’il avait réussi à lui arracher. Elle l’avais difficilement accouché, mais c’était sortit. La seule phrase spontanée qu’elle avait dite, presque trop, faisant tache dans le dialogue monotone qui s’écrivait. Ça devait être un sacré évènement pour elle. Tout de suite ses yeux se dirigèrent autre part. Elle lui semblait comme honteuse d’une telle révélation. Alors que lui se partageait entre deux sentiments différents. Il l’adulait. Toute seule elle avait eux l’excellente démarche d’être aussi spontanée, se poussant à exprimer ses sentiments de façon claire et honnête. Lui offrant sur un magnifique plateau d’argent, la solution. Son échappatoire. Qu’il allait saisir, sans faille. Et en plus de la considérer comme son nouveau dieu, il était content qu’elle ne mette pas fin à la discussion, malgré sa banalité, était intéressante en terme de découverte de nouvelles personnalités. En attendant, elle mit rapidement fin a cet instant de vérité.

- Surtout que ce musée est un peu vieillot et poussiéreux. Personne n’a envie d’y passer un moment, il n’est pas attrayant. Ce n’est pas que je n’aime pas l‘art, mais ça manque de vie…

C’était beaucoup plus froid et vide que ce qu’elle avait dit précédemment. Comme l’armure froide d’un robot, tentant de se donner des sentiments. Mais peu à peu, y arrivant. Il lui répondit par un autre sourire. En plus elle commençait à lui donner un avis qui le passionnait. Et dans sa petite tête recouverte d’une crinière blonde, poussait une idée alliant tout ses objectifs. A la foi simple et innocente.

- Je t’invite dans ce café pour manger des cookies, tu me donne ta thèse sur l’art, marché conclu ?


Il est fort Ares, hin. Le tout sur un ton enjoué, comme à son habitude, ponctuant chacune de ses phrases en bande son d’arrière plan. Il était honnête dans sa proposition. Et espérait qu’elle accepterait.

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Alitia Toscane

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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeVen 8 Juil - 12:33


- Je t’invite dans ce café pour manger des cookies, tu me donne ta thèse sur l’art, marché conclu ? proposa immédiatement l’étudiant, soulignant sa question d’un regard avenant.

Alitia se donna quelques secondes pour réfléchir. L’échange était tentant, mais elle hésitait. Non pas parce qu’elle répugnait à travailler pour un inconnu alors qu’elle-même était une flemmarde, comme le Frangin autrefois. Ca ne lui posait aucun souci ; elle, lui pondrait une problématique, un plan en trois arcs, et basta. Il serait satisfait, écoperait d’une note correcte et Alitia n’en aurait pas souffert, bien au contraire. Ca ne lui coûterait rien. Néanmoins, elle était venue au musée dans le but de travailler et pas d’aller batifoler avec le premier inconnu venu dans le salon de thé du coin. Cela lui avait pris du temps et de l’argent, même si l’entrée de la galerie était gratuite pour les étudiants. Partir impliquait revenir, plus tard dans la soirée ou dans la semaine. Pour une fois qu’elle était prête à profiter de son après-midi disponible pour s’avancer…

Mais il y avait ce quelque chose, dans son raisonnement, qui fit qu’elle pencha pour la première option. Contre la rationalité de sa conscience, il y avait ses envies, tout bêtement. Et elle était d’humeur à les écouter, ainsi qu’à foutre tout le reste à la poubelle. Comme lorsqu’elle se promenait dans les rues d’une ville inconnue alors que la prudence maternelle lui recommandait de rester à l’hôtel. Comme lorsqu’on se lève de son banc pour suivre le chat qui vient de passer.

- Marché conclu, trancha-t-elle avec un véritable petit sourire. Mais je ne garantis pas les bonnes notes.

Elle réajusta son sac en bandoulière, puis abandonna la contemplation de l’œuvre d’art, qui depuis le temps qu’elle était snobée, avait du comprendre qu’elle n’intéressait que très peu les deux visiteurs. Alitia commença à se diriger vers la sortie. Comme ils se trouvaient dans un vieux quartier de Milan, elle était certaine de trouver un café à peine sortie du bâtiment. Elle n’y avait pas fait attention en arrivant, plongée qu’elle était dans ses pensées. Cependant, la jeune fille savait pertinemment que ce genre de quartier recelait des trésors pâtissiers pour de modiques sommes. Panettone, torrone, polenta, petits milanais et milanaises tout court étaient facilement trouvables, offerts en sacrifice aux yeux des touristes, trônant sur la devanture. Et dans toute bonne pâtisserie qui se respectait, on trouvait des cookies.

Toscane ne se souvenait pas vraiment de quand remontait sa passion pour les petits biscuits américains ; Lorsqu’elle était petite, étant toujours en déplacement avec ses parents, elle n’avait pas eu beaucoup l’occasion de voir sa mère lui cuisiner des petits plats. Ce qu’elle connaissait, c’était la nourriture servie par l’hôtel, de plus ou moins bonne qualité, et ce que ses parents lui offraient sur le marché, de temps en temps : un nem doré, un croquant aux amandes, un fruit… Puis, quand elle était venue vivre à Milan chez ses grands-parents, elle avait découvert les petits plats mijotés dont se nourrissait la plupart des enfants ainsi que l’art redoutable de la pâtisserie. Peut-être les cookies avaient-ils été sa première recette, celle que l’on recommence plein de fois et dont on fait notre spécialité. Toujours était-il qu’elle ne trouvait rien de meilleur que ces biscuits accompagnés d’un verre de lait ou d’une liqueur d’orange. Les quelques rondeurs qu’elle avait adoptées lors de son adolescence provenait sûrement de son goût pour les choses sucrées et croustillantes. Ceci dit, depuis la disparition du Frangin et son déménagement dans la bagnole, elle avait dû perdre quelques kilos.

Ce n’était pas le genre de détails dont elle se souciait ; elle avait d’autres problèmes que la simple apparence physique et comme elle ne fricotait pas trop avec les autres, elle n’avait jamais ressenti le besoin de plaire. Ce qui ne l’empêchait pas, par ailleurs, d’apprécier telle ou telle tenue, de se brosser les cheveux et de se maquiller.

- On n’a qu’à aller s’installer là-bas, finit-elle par dire en désignant de la main une boutique qui s’offrait sur leur gauche, une fois dehors. Si ça te va.

Dès qu’elle eut son assentiment, elle dévala les marches jusqu’en bas. Quelques pas plus tard, elle poussait la porte du petit café. Il faisait un temps trop juste pour rester dehors et de toute façon, c’était le genre de boutique minuscule coincée entre deux vieilles maisons construites quelques siècles auparavant où il y avait tout juste assez de place à l’intérieur pour caser le comptoir, la vitrine et cinq tables devant une banquette en cuir usé. L’odeur d’amande, de pain grillé, de chocolat et autre brioche envahit ses narines, effluve séductrice à laquelle personne n’avait besoin d’aide pour succomber. Pour l’heure, la pièce était vide, mais on entendait l’agitation en arrière-boutique, que l’on pouvait apercevoir derrière la porte du fond entrebâillée. Sans attendre, Alitia s’assit et posa son sac à côté d’elle. Une carte abimée trainait sur la table ; elle l’attrapa d’une main pour y jeter un coup d’œil. Elle finit par l’abaisser pour observer son compagnon et finit par ajouter :

- Je m’appelle Alitia. Alors, quel est le sujet de ton devoir ? Je vais voir si je peux trouver quelque chose.

Art, art. Les cours de philo qu’elle avait suivit au lycée et qu’elle poursuivait aujourd’hui lui revint en mémoire. Cela ne devait pas être trop dur, à moins qu’il ne s’agisse d’une étude d’œuvre pour un cours de textes et images comme elle avait pu en avoir des aperçus l’année dernière. Six heures seulement, donc pas de contrôle continu ni de partiels à ce sujet. Une peccadille, à laquelle elle n’avait pas beaucoup prêté attention. En fait, elle comprenait assez mal l’intérêt qui pouvait exister dans une description symbolique d’un tableau. La madame a un voile bleu, cela signifie ceci, le bourreau est à droite, dans l’ombre, cela signifie cela… Ce genre de choses était pourtant évident dès qu’on observait l’œuvre, chaque petit détail influençant inconsciemment notre impression et notre compréhension. A quoi bon en faire une liste ? Pour les demeurés ? J’espère que ce n’est pas de ça qu’il s’agit.
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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeLun 11 Juil - 4:25

Elle hésitait. Ça se présentait mal pour lui qui avait trouvé une solution si parfaite. Un pourquoi dramatique s’effondra dans son esprit. Fondant en larme avec toute la théâtralité dont il était capable. Une comédie, qu’il ne pouvait pas jouer en vrai, sous la menace d’être totalement ridicule. Il maudit toutes les raisons qu’il pouvait faire qu’elle allait refuser, les vouant au diables et aux enfers les plus ressemblants à ce musée possible. La fille semblait partagée entre deux propositions, la sienne et celles qu’il n’osait imaginer. Des prétextes qu’il fusillait. Et les secondes passaient vicieuses. Se déhanchait sous ses yeux noisettes avec une expression perverse et langoureuse. Le faisant patienter indéfiniment. Le torturant et se délectant de ses cris d’agonie et de frustration. Il n’attendait que le gong fatal de la réponse. Et celui-ci, de mèche avec le temps, ne semblait pas pressé d’arriver. Dans cette pendule géante qu’était devenu ce lieu, le cylindre presque plat, remplit de cuivre et de vices, lustré et arrondi sur les côté, s’éloignait.
Pour revenir, avec toute la lenteur dont il était capable. Se traînant mollement. Augmentant la densité de l’air de poussière dont il était entouré. Et finalement, il vint. Pour, dans un futur proche, percuter le corps transit d’un Ares sédentarisé par l’attente infinie qui semblait faire son bout de chemin à ses pieds, passant sur les lèvres, les cils et les longs cheveux blancs de celle qui se tenait face à lui.

- Marché conclu. Mais je ne garantis pas les bonnes notes.


Une mimique éclatante, froissa ses traits. Un sourire bien plus naturel que les autres. Un autre sourire, déjà joyeux et maintenant satisfait, pointé de ravissement s’élargit sur le visage du blondinet. Elle n’attendit pas. Et dans un redressement de sacoche elle partit à grand pas vert la porte. La sortie, qui semblait s’illuminer. Telle une porte pour le Paradis. La fin du tunnel. Il était à présent de très bonne humeur. Elle avait accepté sa proposition et il quittait à tout jamais cet endroit si terrible. La sexagénaire qui tenait l’accueil perdit ses airs de veille mégère et une aura blanche, saupoudré de sucre glace du futur l’entoura quand il passa à côté d’elle. Arquant ses foulés pour suivre les mèches aux éclats lunaires qui s’animaient par le mouvement de balancier de la démarque de sa sauveuse. Une fois dehors, le soleil et le vent firent effet de vitamine ultra concentré sur son cerveau. Il respirait la liberté et la joie. Ouvrant les yeux, et redécouvrant avec bonheur l’extérieur, se laissant embarquer dans le courant de la marrée/chevelure blanche qui se courbait à presque un mètre de lui. Ils erraient dans un vieux quartier de Milan. Des ruelles étriquées et irrégulières, recouverte de pavés de pierres lissé par les chaussures de toutes époques, les sabots et les roues des véhicules y circulant et y ayant circulé. Le trottoir était étroit, trop pour qu’il puisse marcher à côté d’elle. Mais c’était tant mieux. Elle semblait plongée dans un océan de pensées insondables. Et lui dans un sas de joie.

Sans qu’il s’en rende compte, ils s’enfonçaient. Et dans un virage inopiné de plus, un nouvel axe abstrait se trouvait ce après quoi ils couraient.

Se tenait, entre deux appartements vieillots, un autre établissement, qui semblait avoir été peint. Des couleurs pastels, un bleu émeraude doux et un chocolat replet recouvraient la façade. Du bois renforçait la structure et faisait la liaison entre les habitations. Et s’ouvrait, derrière une porte en bois, une poignée usée. Elle désigna l’enseigne d’une main jetée :

- On n’a qu’à aller s’installer là-bas. Si ça te va.

Il ferma les yeux. Le temps de sentir les odeurs qui se dégageait de la boutique. Des effluves sucrées et soutenues s’échappait de leur prison de verre et de bois pour venir s’offrir à lui, proposant d’aller les délivrer de leur calvaire de pauvres pâtisseries non-mangées. Les arômes étaient puissants et délicats, et virevoltait autour de lui, ne demandant qu’une bouche, qu’une phrase et qu’une bouchée.

- Si goût est égal à l’odeur…
Il salivait d’avance. Pas de problèmes.

Il pénétrât à sa suite dans ce nouveau monde féerique, tombant avec délice dans le trou avide de la pâtisserie. L’emplacement était incongru, la décoration et la disposition de la salle lui rappelait les vielles confiseries, demeurant coincée dans leur petit locaux, malgré la plénitude que leur offrait les petites merveilles qui en sortait. Des boutiques attachées à leurs vieux propriétaires, se mariant, voyant les enfants grandir et mourant avec. L’espace se séparait en deux partie. Le magasin tout en longueur se faisait côtoyer le comptoir, avec ses vitrines illuminées, les petits gâteaux, bonbons, diverses viennoiseries, en autres des cookies, qu’il repéra facilement. Ne doutant pas que ceux-ci devait être excellant pour tout amateur tel que la fille qu’il suivait une fois de plus pour aller s’asseoir de l’autre côté. Un côté composé d’une banquette de cuir usé, couleur marron gourmand se craquelant aux endroits les plus fréquentés. Tout en faisait face impérieusement à des petites tables en fer forgé, peinte d’un vert d’eau penchant vers le bleu. Celles-ci se dressant solidement sur leur pattes forgées, recouvertes d’un napperon en papier « effet dentelle », sans pour autant tomber dans le kitsch. Des jointures vieillottes recouvertes de peinture dorée reliait les pages des menus ayant vécus rappelait les plateaux sur lesquels étaient présentés les mets qui les attendait.

Ares prit place à côté d’elle. Il aurait préféré s’asseoir en face mais l’espace réduit qui était à la disposition de la pâtisserie ne permettait pas ce luxe. Il s’apprêta à prendre la parole pour lui faire part de son identité, tout du moins de son prénom, tel qu’il était coutume d’usage dans notre société, papiers sil vous plait. Le blondinet fut pris de court par celle qui l’avait délivré des griffes du terribles temple de l’ennui.

- Je m’appelle Alitia. Alors, quel est le sujet de ton devoir ? Je vais voir si je peux trouver quelque chose.


Sujet mon cul.


- Moi c’est Ares, un nouveau sourire fleurit sur ses lèvres, pour accompagner le pays/lieu/boutique/royaume enchanteur petitponeyesque dans lequel ils évoluaient, Mh. Le sujet. Tu vas voir c’est passionnant. « Que peux inspirer l’art ? Servez vous d’une production que vous connaissez bien pour alimenter votre thèse »

Son sourire se fit encore plus grand.

Un traquenard ? Mais noon.

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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeMar 2 Aoû - 14:10

- Moi c’est Ares, répondit illico le blond, avant d’embrayer sur la suite : Mh. Le sujet. Tu vas voir c’est passionnant. « Que peux inspirer l’art ? Servez vous d’une production que vous connaissez bien pour alimenter votre thèse »

Battements de cils éloquents. Pour sûr que c’était passionnant, songea Alitia qui n’aimait ni l’art, ni les lettres, ni les études qu’elle faisait. Alitia qui aurait bien aimé balancer dans les airs ses cahiers, ses disserts, et se lever de l’amphi pour aller faire une ballade à rollers au soleil, le long de la rivière. Bien évidemment, les ballades à rollers n’offraient pas de diplômes et hélas, la jeune fille n’avait pas d’autre choix que de faire comme tous les autres : souffrir et endurer, quatre, cinq ans, jusqu’à avoir un papier bidon en poche. Après quoi, elle pourrait chômer en toute quiétude, parce qu’on ne trouvait pas de boulot dans le monde des lettres à moins d’être un écrivain au talent inouï comme on ne l’était jamais. Mais au moins, elle aurait une excuse. J’ai bossé ! Comme il le fallait ! P’pa, m’man, soyez fiers de votre dernière rejetonne. Elle n’a pas failli, malgré les frasques qu’elle a connues. Elle est bien brave, cette petite !

- Ah ouais, palpitant. J’ai connu des sujets de philo meilleurs. Tu as une « production » en vu ? Un truc que tu aimes bien ? demanda Alitia.

Elle prit le temps de réfléchir. Elle s’était engagée et ne pouvait pas zapper le sujet alors même qu’elle le trouvait à mourir d’ennuis. Pouh, pouh. Que peut inspirer l’art ? Pas une réponse directe à cette question, en tout cas. Lorsqu’elle écoutait quelque chose qui lui plaisait, ou qu’elle voyait des tableaux éloquents, que faisait-elle ? En général, elle dégainait son appareil photo pour le remplir.

- Ton introduction sera simple, par contre. Il suffit que tu définisses le mot « art », le mot « inspiration ». Pour l’inspiration, je pense surtout à Platon, qui suggère que c’est un don des dieux et que l’homme n’est qu’un réceptacle, un instrument, ou au concept du « génie », je ne sais pas si tu l‘as étudié et que tu vois de quoi je parle. Enfin il y a plein de conceptions à piocher chez Nietzche ou Kant, donc tu as l’embarras du choix… Après, tu peux viser l’aspect historique de l’art, ce qui te permettra de faire un lien avec la production choisie. Après, tu peux développer diverses parties avec l’art qui inspire l’entreprise, l’action, l’art qui coule de l’imaginaire et qui est pourtant source de imagination chez autrui –tu peux développer ce cercle vertueux, par exemple- et… Je t’avoue que mes idées s’arrêtent ici pour l’instant, et tu verras que je n’ai toujours pas de problématique à t’offrir !

Elle sourit, prenant de l’aisance, voir même du plaisir à cette situation, au lieu d’être blasée comme elle l’était habituellement. Des fois, il fallait savoir se prendre au jeu ; se laisser emporter par ce qui nous arrivait et cesser de penser à autres choses, comme, par exemple, de sombres histoires de meurtres, pas meurtres sur les membres de sa famille. Le sujet de dissertation en lui-même n’était absolument d’aucun intérêt. Le challenge d’y trouver une réponse non plus. Mais ici, ce qui amusait la jeune fille, c’était de se prendre pour une élève. Une qui s’intéressait à ses études parce que c’était sa Voie, avec un V majuscule sonore et trébuchant. Pas une égarée errant dans la filière où elle s’était elle-même refourguée en désespoir de cause.

Alitia avait bien examiné ses capacités, pourtant. Elle connaissait ses points forts et ses points faibles. Ses envies, ses répulsions. Il lui était apparu que rien de commun ici-bas ne lui plaisait. Avoir trop, longtemps vécu la tête dans les nuages ne lui avait pas apprit à se comporter comme quelqu’un de commun. Comme une idiote romantique de quatorze ans, elle rêvait d’aventures, de paysages exotiques. Sauf qu’elle, contrairement aux idiotes romantiques de quatorze ans, elle savait qu’elle pourrait connaître ces choses : elle les avait déjà connu, après tout. Mais ses parents ne lui parlaient plus vraiment, et elle n’avait jamais abordé la question avec eux. S’il vous plait, reprenez-moi avec vous. Laissez moi apprendre avec vous.Ce qu’elle aimait faire ? Être dans sa bulle, observer les gens, commenter. Etre journaliste ? Ouaip, en désespoir de cause, fallait-il croire. Photographier. On n’était rarement payé pour être photographe, de la même façon que l’on ne l’était pas ou peu pour écrire. Enquêter, résoudre des affaires ? Elle n’était pas trop mauvaise dans ce domaine là. Ouvrir son cabinet privé, comme Sherlock Holmes ? Non, mieux valait être sage, raisonnable, docile. Et aller à la fac de lettres et pondre des sujets pourris.

Alors qu’elle allait proposer à Ares de prendre un crayon et un papier pour continuer, elle fut arrêtée par une dame d’un certain âge, aux cheveux teintés châtains, un peu ridée, aux traits tombants, qui venait s’enquérir de leurs désirs. La vendeuse, sans doute. Alitia avait déjà repéré sa victime ; plusieurs cookies extra-moelleux aux goûts fort alléchants ; MnM’s, noix de cajou, noisettes, nutella, amande. Elle en commanda un de chaque avec un verre de lait et laissa Ares faire son choix.

Dès que l’intruse se fut éclipsée préparer leurs commandes, Alitia retomba dans un silence pensif. Une idée germait, peu à peu. Une idée de bousculer ce train-train qu’elle répugnait.


- Tu te plais vraiment, toi, dans ton école de commerce ? C’est vraiment ce que tu veux faire ? questionna-t-elle, changeant de sujet sans préavis. Moi…


Quelques secondes de réflexion, avant que les mots se bousculent sur ses lèvres.

- Moi je n’aime pas aller à la fac. Je n’aime pas les études que je fais. Je ne les déteste pas non plus, mais ça m’est indifférent. Et je voudrais plutôt faire quelque chose qui ne m’indiffère pas. En fait, je crois que c’est la vie à Milan que je n’aime pas. Je ne suis pas d’ici et je n’étais pas supposée rester.

Elle reprit son souffle, tandis qu’elle scrutait le regard de son compagnon imprévu à la recherche d’une réponse, d’une autre solution. Et puis, puisqu’elle était désormais lancée, jetée à l’eau, sans bouée de sauvetage, elle poursuivit :

- Ca te dirait d’aller au jardin public après ? Je sais qu’il fera sûrement nuit, mais c’est joli à voir.

Pom, pom, pom. Bonjour, je suis une bizarre qui saute du coq à l’âne en importunant un pauvre type ! Eh, mais ce n’est pas moi qui me suis incrustée. Ce n’est pas moi qui a le profil du dragueur douteux.

Mais au-delà de l’idée étrange qui lui était venue, de poursuivre sa soirée jusqu’à aller se balader avec son nouveau compagnon, Alitia nourrissait le désir de s’évader pour un soir de la ville aux pavés anciens et aux monuments lourds d’histoire et de laisser aller à de l’inattendu.
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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeDim 14 Aoû - 5:01



    Ça avait l’air de la passionner presque autant que notre blondinet. Il décrypta une expression de profond ennui sur son visage. Ares retint un « Oui, moi aussi j’ai hâte de commencer, c’est vraiment trop cool comme sujet. ». Pousser le vice jusqu’au bout. Alitia, un prénom qu’il n’avait jamais entendu. Il semblait venir d’un autre pays. A vrai dire il n’arrivait même pas à définir de quelle langue il pouvait bien être issu. Il était unique, comme elle semblait l’être. Elle lui semblait être quelqu’un d’emprisonnée dans un rôle vide d’attrait, mais qui renfermait une personnalité qui ne demandait qu’à avoir une chance de se montrer. Comme quand elle lui avait dit qu’elle aurait aimée manger des biscuits plutôt que pourrir dans ce musée. Lui offrant cette phrase comme une petite libération. Une rébellion contre les êtres basiques que l’on nous martèle d’être. A coup de phrases toutes faites, d’idées reçues, de goûts imposés. Et ainsi, à moins d’être quelqu’un élevé dans une optique et une société de démarcation tout en respectant des normes à ne surtout pas franchir, on devenais une sorte de rebut par ses idées originales, ou tout simplement différentes. Puis, une fois qualifié de timide, peureux, fade, on a perdu le chemin qui nous mène vers l’exprimage de nos sentiments et envies qualifiées de troublantes, louches, reloues ect… difficile à supporter sous peine d’allergie à trop d’inégalités d’idées, d’illégalité.

    - Ah ouais, palpitant. J’ai connu des sujets de philo meilleurs. Tu as une « production » en vu ? Un truc que tu aimes bien ?

    L’interrogea t’elle. Ares remarqua qu’elle avait une jolie voie. Un peu lutine. Plus aiguë, sans être criarde, que la normale. Fraîche. Mais un peu faible. Les sons qui s’échappaient de sa gorge allaient avec ses cheveux, allaient avec elle. Il aimait bien ce ton assez haut, qui n’était pas agressif, plutôt posé, ouvrant à la communication. Elle l’intégrait dans son devoir, tout en acquiesçant son ressentiment. Ce thème était vraiment barbant. Il repensa à le tableau qui représentait la femme en bleu cachant partiellement son ventre de ses mains, laissant son nombril découvert. Ouvrant le chemin tout en cachant ses alentours. Oui il avait une production en vue. Tout en pensant ça il se baissa pour prendre un stylo et un carnet de note dans son sac. Une sacoche de cuire marron sombre, avec les fermoirs en métal d’un or usé allant vers le noisette. Discrète et classe. Il la possédait depuis un bon bout de temps et ne la quittait pas. Chaque poche avait son utilité, poche avant-droite : clopes, poche avant-gauche : clefs, poche centrale : fouillis impossible à démêler accueillant cahiers, outils de travails, argent, tickets de bus usagés, briquet, bouts de papier non identifiés et autres choses ayant toutes leur rôle primordial dans ce bazar divin. Après avoir remué le plat avec vigueur, il réussi à en extirper les ingrédients dont il avait besoin. Il se releva. Alitia avait prit le temps de réfléchir à ce qu’elle s’apprêtât de dire, lui dégaina son bic.


    - Ton introduction sera simple, par contre. Il suffit que tu définisses le mot « art », le mot « inspiration ». Pour l’inspiration, je pense surtout à Platon, qui suggère que c’est un don des dieux et que l’homme n’est qu’un réceptacle, un instrument, ou au concept du « génie », je ne sais pas si tu l‘as étudié et que tu vois de quoi je parle. Enfin il y a plein de conceptions à piocher chez Nietzche ou Kant, donc tu as l’embarras du choix… Après, tu peux viser l’aspect historique de l’art, ce qui te permettra de faire un lien avec la production choisie. Après, tu peux développer diverses parties avec l’art qui inspire l’entreprise, l’action, l’art qui coule de l’imaginaire et qui est pourtant source de imagination chez autrui –tu peux développer ce cercle vertueux, par exemple- et… Je t’avoue que mes idées s’arrêtent ici pour l’instant, et tu verras que je n’ai toujours pas de problématique à t’offrir !

    Il l’écouta attentivement. Elle avait des idées à revendre. Sûrement plus que lui. Mais déjà, plusieurs choses qu’elle avait dit l’inspirait pour faire son devoir. Les pistes qu’elle lui donnait pour aboutir à quelque chose de complet étaient concluantes. Il nota ce qui l’intéressait le plus, sélectionnant les extraits qu’il avait déjà commencé à développer dans sa tête. Un sourire naquit sur les lèvres. Elle semblait plus détendue, peut être soulagée d’avoir trouvé sans problème des sujets intéressants. Prenant le rôle de l’élève modèle qui débite des idées avait plaisir. Lui était aussi très content et satisfait, il allait pouvoir rendre une rédaction digne de ce nom. Il lui rendit son sourire avec plaisir.

    - Merci beaucoup, ses lèvres s’ouvrirent encore plus. J’ai déjà des pistes sur ce que je vais écrire. Maintenant je sais à peu près comment commencer ma thèse.

    Il se fit interrompre dans son ravissement par la vendeuse. Elle lui demandait d’une phrase pondue avec neutralité, sans enjouement particulier mais aimable, ce qu’ils désiraient manger/boire. Elle semblait avoir un peu plus que la cinquantaine, la couleur de ses cheveux était trop uniforme pour être naturelle, son visage était assez fatigué mais elle faisait son travail consciencieusement. Ares posa son regard sur la vitrine, il le dirigea vers la pâtisserie qui l’avait attiré dès le début. Des petites boules de pâte sablées, parfumées à la cannelle, toute chaudes. Qui de loin, semblait être un vrai délice. Ce n’était pas la première fois qu’il mangeait ces gâteaux marocains, ils étaient plus ou moins bons en fonction des établissements et l’assoiffait assurément. Il ajouta une petite bouteille d’eau à sa commande pour se désaltérer. Alitia demanda des cookies, il en aurait douté pourtant, ainsi qu’un verre de lait. Il nota ce petit détail avec amusement. C’était généralement les enfants qui buvaient du lait et en grandissant abandonnait la pratique pour se pencher vers le café. Elle l’avait perpétué jusqu'à son âge. Il ne jugeait pas ce goût enfantin, parce que après tout, elle pouvait bien boire du lait cela ne la rendait pas immature et puérile par définition. Ares trouvait ça juste mignon. La femme partit et disparu derrière son comptoir. Un silence léger pris place à table. Il ne s’en perturba pas et pencha son regard vers sa feuille, griffonnant des suites schématisées aux mots clefs qu’il avait écrit. Soudainement, elle brisa une fois de plus la situation par une phrase sans réel rapport avec la « discussion » qu’ils menaient.

    - Tu te plais vraiment, toi, dans ton école de commerce ? C’est vraiment ce que tu veux faire ? Moi… Elle se retint de poursuive, semblant hésiter, se balancer entre un retrait conséquence de la société et une idée franche exprimée librement. Moi je n’aime pas aller à la fac. Je n’aime pas les études que je fais. Je ne les déteste pas non plus, mais ça m’est indifférent. Et je voudrais plutôt faire quelque chose qui ne m’indiffère pas. En fait, je crois que c’est la vie à Milan que je n’aime pas. Je ne suis pas d’ici et je n’étais pas supposée rester.

    Il était perplexe sur le coup. Cette franchisse soudaine, qu’il n’arrivait ni à apprécier ni à appréhender, le désarçonnait et il ne savait pas trop comment répondre face à ça. Il songea à la réponse qu’il pourrait bien lui dire. Son école de commerce, en y réfléchissant, ne lui plaisait pas tellement. Il avait choisit cette route pour suivre son frère et ne pas causer plus de problèmes à sa famille qui ne le jugeait déjà pas très bien, pour ne pas dire comme une personne qui n’amène que forcément des ennuis par ses « origines douteuses ». Il n’avait pas de projet précis en empruntant cette voie. En général il n’avait pas de projet précis pour son avenir. C’était un vide qu’il essayait de combler en faisant les choix qui s’offrait à lui, acceptant ce qui lui tendait la main en espérant que ça lui plairait, s’engageant sans véritable envie. Il la fixa, la regardant chercher une réponse chez lui. Ares s’apprêtât à lui donner son ressentiment mais elle changea de sujet une fois de plus. Comme fuyant et n’assumant pas ce qu’elle venait de dire, lui demandant d’oublier.

    - Ça te dirait d’aller au jardin public après ? Je sais qu’il fera sûrement nuit, mais c’est joli à voir.

    Il lui lança un regard surprit, il n’était pas le mieux placé pour répondre au titre de la personne qui reste tout le temps axé sur le sujet, sans partir dans tout les sens et opter pour des idées farfelues et inattendues mais elle était pas mal non plus. Sa proposition était intéressante, changeante. Originale comme il les aimait bien. Alors , avec un sourire de plus il lui répondit tranquillement :

    - Bonne idée, je suis partant.
    Il s’accorda une respiration avant de répondre à ce qu’elle avait dit précédemment.

    Mais arrivant inopinément avec leur commande, la vendeuse le coupa. Déposant avec affection ses pâtisseries sur la table. Les petites gourmandises appétissantes étaient placée dans des assiettes en porcelaine blanche aux motifs floraux bleus. Sa phrase se perdit avec autant de frivolité que pouvait lui inspirer les gâteaux d’un onctueux marron, saupoudré de cette épice miraculeux. Il souhaita un bon appétit vertueux à sa partenaire, ne jetant pas un seul regard aux cookies de celle-ci. Il croqua dans le pêché qui le narguait. Le tout était un concentré de cannelle, de sucre roux. Crissant sur sa langue, grattant son palais. Il se délecta. Ares se versa un verre d’eau et en bu une gorgée. Alitia avait trouvé un moyen de changer totalement le sujet de la conversation, mais lui n’allait pas la laisser sans réponse.

    - A vrai dire, je suis plus ou moins allé dans cette école de commerce pour suivre mon frère. Ça ne m’intéresse pas particulièrement. Mais j’ai saisis l’opportunité qui se proposait à moi, n’en trouvant pas d’autres. Je fais ces études en espérant que ça me plaise. Pause. Ce qui n’est pas vraiment le cas. Et il y a une autre raison. Ma famille … Ma famille qui paye mes études parce que ma mère c’est barrée en tour du monde avec son dernier petit copain en date. Je ne tiens pas à leur créer plus de problèmes qu’ils en ont déjà. Notre existence est un problème.

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Alitia Toscane

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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeJeu 18 Aoû - 19:44

L’œillade surprise qu’Ares lui lança souligna toute l’étrangeté du discours d’Alitia. Avait-on idée de parler, d’effacer à la gomme orale les paroles envolées, puis de revenir ensuite sur un autre sujet, comme s’il s’agissait d’une marelle d’idées ? Néanmoins, avant que toute gêne un peu trop forte ne vienne colorer délicatement les pommettes pâles de la jeune fille, son compagnon accepta sa proposition :

- Bonne idée, je suis partant.

Une bonne chose de faite, alors, songea Alitia en se détendant un peu. Outrepasser ses limites, c’était s’exposer à un danger, mettre en avant ses fragilités. Et ca… Ca, ce n’était pas du tout le genre d’Alitia qui avait fait de son mieux pour ne jamais avoir de fissures sur lesquelles n’importe quel type pouvait venir s’appuyer et faire exploser. Même pour la mort du Frangin, elle avait tenu bon contre vents et marée, portée par son désir de connaître la vérité sur cette histoire. Mais les paroles de Vito Vargas lui revenaient régulièrement en mémoire, comme si sa conscience avait décidé de lui tirer la tête du sable. Des paroles réconfortantes, désolées. Comme si elle en avait besoin. Comme si elle avait montrée qu’en fait, tout ça n’était qu’une surface pour ne pas se sentir trop désespérée. Une façon d’ensevelir un deuil trop embarrassant, trop lourd. Alitia ne s’en était même pas rendu compte. Le soir, elle avait eu le goût de l’agressivité dans la bouche. Contre Vito, encore, et contre elle-même, aussi. Surtout. Comment avait-elle pu déraper de cette façon, sans même le voir ? Le voile s’était-il fait carcan, œillères ? Elle avait très vite enterrée, de nouveau, toute son amertume. C’était dans l’intérêt du Frangin, après tout : Alitia devait être froide, logique, analytique. Sans cela, jamais elle ne découvrirait le fin mot de l’histoire.

Et si elle n’avait pas fait sa volontairement lors de sa visite à l’ex-meilleur ami de son frère, c’était tout l’inverse aujourd’hui. Ceci dit, autant la dernière fois, c’était une partie d’elle-même qu’elle ne maîtrisait pas qui s’était soudainement manifestée, autant ici c’était elle qui dominait et qui acceptait de faire sortir une ou deux émotions. Pour son bon plaisir. Comme un conducteur au volant de sa voiture, elle était la maîtresse du véhicule ; ce n’était pas lui qui l’entrainait on ne savait où, sur quelques fausses pentes douces trop dangereuses. Sortie sécurisée.

Cependant, mine de rien, elle était bien contente que sa sortie sécurisée ne finisse pas dans une barrière. Ares lui avait offert un tremplin sur lequel rebondir, et elle comptait bien en profiter, juste pour ce soir. Oh, sûrement pas dans le sens qu’entendaient la plupart des filles de son âge. Juste pour ce soir, profiter, ça voulait dire pour certaines se trouver un beau garçon –Ares le blond-, le draguer autour d’un verre –de lait- et sortir avec lui –dans un parc- pour sûrement finir la nuit ensemble. Si c’était le cheminement qui se formait lentement dans l’esprit d’Ares devant la réticente sociabilité d’Alitia, le jeune homme allait vite comprendre qu’il se fourrait le doigt dans l’œil. Peut-être que, déçu, il s’en irait trouver une compagne plus consentante, plus cool. Tant pis. Alitia aimait sa bizarrerie. Elle n’avait jamais été trop intéressée par les garçons. Ni par les filles, d’ailleurs. Quand elle voyait un couple transi se bécoter sur un banc, entre des pigeons à la gorge frémissante, elle ne ressentait qu’une petite curiosité analytique, un détachement presque froid. Qui étaient-ils, depuis combien de temps, pour combien encore, et surtout, pourquoi ? Elisa lui parlait souvent de ses acteurs favoris, si beaux, si mignons. Du gars, rencontré en cours, à la fac, avec ses beaux yeux verts. Et oh, le vendeur à la librairie, il était tellement séduisant, un truc à faire rougir toutes les donzelles. Quand il vous parlait, il faisait vibrer votre cœur tout entier. Mais Alitia, elle, n’avait jamais ressentit ça à l’égard d’un homme. Pas même à l’égard d’un faux, d’un personnage. Certains n’étaient pas trop mal, elle l’accordait. Mais aucun ne lui avait fait se sentir à la fois stupide et ravie rien que pour son physique, ce qui était tout de même l’étape la plus facile. Alors, tomber vraiment amoureuse… Au-delà même, vouloir essayer… Elle n’en voyait pas l’intérêt. Elle n’avait donc eu jamais de petit copain et elle estimait que c’était très bien comme ça. Elle ne s’en sentait pas amoindrie.

Alors, le joli cœur, là, resterait un compagnon de promenade dans un parc. Ca pouvait être sympa, aussi, non ? Les yeux pommes suspendus à ceux d’Ares, elle attendait la suite que présageaient ses lèvres formant un souffle. Mais avant qu’elle ne l’obtienne, la vendeuse revint avec leurs mets. Alitia papillonna de ses grands yeux globuleux d’un air ravi. Cookies. L’appel gourmand de la tentation, le pêché qui lui tendait les bras, et tant pis pour les kilos en trop. Elle remercia poliment la diablesse, souhaita également bon appétit à son compagnon de perdition et s’empressa de sélectionner un biscuit dans l’assiette déposée devant elle. La première bouchée fut un ravissement complet. Noix de cajou.

Remis de sa propre émotion, Ares pu enfin aller jusqu’au bout de ses idées et choisit de répondre aux quelques phrases qu’Alitia avait laissé s’échapper juste avant :

- A vrai dire, je suis plus ou moins allé dans cette école de commerce pour suivre mon frère. Ça ne m’intéresse pas particulièrement. Mais j’ai saisis l’opportunité qui se proposait à moi, n’en trouvant pas d’autres. Je fais ces études en espérant que ça me plaise.

Un choix comme un autre. Un peu ce que tout le monde faisait, en somme. Alitia acquiesça, ramassant des miettes égarées sur la table avec la pulpe de son index.

- Ce qui n’est pas vraiment le cas. Et il y a une autre raison. Ma famille … Je ne tiens pas à leur créer plus de problèmes qu’ils en ont déjà.

Gorgée de lait pour faire passer le tout. Crémeux, suave, frais. Elle posa sa tête contre une main.

- Je vois, répondit-elle. Tu voulais être avec quelqu’un que tu connaissais ? Ou tu n’avais juste aucune idée et tu as préféré suivre le mouvement ? Quel âge a ton frère ?

Alitia n’avait pas eu ce problème, pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait eu personne à suivre. Luca n’avait jamais été un modèle de sagesse et d’intuition de son vivant, loin de là. Il était plus prompt à se fourrer dans les bêtises qu’à se mettre à ses devoirs. Il n’avait aucune idée en tête quant à son avenir, sauf une : ne pas poursuivre les études et quitter la maison familiale. Alitia, respectant l’adage qui dit que les filles sont plus studieuses que les garçons, avait vaillamment fini son lycée avec des résultats honorables, résistant à l’envie de suivre son grand frère tel un poussin sur le sillage de sa mère. De plus, elle s’était toujours sentie à l’aise dans son cocon. Les parents, le Frangin, les grands-parents. Pourquoi le quitter ? Finalement, l’appel de Luca avait été plus fort que les gentils Nonno et Nonna, mais elle était restée fidèle aux études. Son frère n’aurait jamais permis qu’elle l’imite de ce point de vue là. Résultat des courses ? Luca était mort, Alitia vivait seule dans une bagnole sans permis de conduire et le seul argent qu’elle recevait était la pension familiale. Il aurait mieux valut qu’elle fasse comme toutes les autres : serveuse dans un bar, et plus si affinités. Pépites de chocolat.

- Mais oui, je vois, reprit-elle doucement. J’ai une famille un peu comme ça, moi aussi. Nous ne sommes sans doute pas les seuls.

Que cela soit comme dans les mangas, pour faire plaisir à maman disparue, pour soulager des parents débordés, pour être un exemple aux yeux de ses frères et sœurs, ou pour ne pas en rajouter une couche sur un divorce probable, plein d’étudiants avaient leurs raisons pour suivre une quelconque formation tel un innocent mouton, bêlant avec le troupeau. Peu importe où ils allaient, tant qu’ils étaient avec les autres. Après tout, c’était un choix.

Alitia, qui se targuait d’être différente, d’être si brillante, d’être si distante, en était exactement au même point. Parce qu’il lui manquait… Ce soupçon de culot, ou d’indifférence, qu’avait pu posséder le Frangin. Ce grain de rébellion, dont les journalistes se moquaient tant quand d’autres en faisaient leur croix et leur bannière. Voilà ; elle était trop passive, trop à vivre comme une spectatrice. Ca ne l’aidait pas beaucoup. Aurait-elle du être comme Elisa ? Pouvait-elle y faire quelque chose ? Visiblement, non. Ares semblait être tout ce qu’il peut y avoir de plus commun, de plus normal. Et il était dans la même situation qu’elle, pour les mêmes raisons. Loin de la rasséréner, cette idée la glaça quelque peu. MnM’s.

- Est-ce que tu as déjà pensé à ce que tu ferais si tu laissais tout tomber ? le questionna-t-elle encore, pour ne pas se retrouver seule.

Y-a-tu déjà seulement penser, à tout laisser tomber ? Alitia répugnait à s’enfermer dans le moule de l’ado dépassée un brin dépressive, prête à se laisser tomber dans l’eau glacée de la rivière juste pour voir. Tout sauf être un Frédéric Moreaux, stupide et insupportable. Non, elle se posait juste des questions, dans sa recherche de la compréhension des âmes humaines. A la recherche de la réponse originale, qui la séduira, et qui fera sortir de sa chrysalide le jeune papillon. Et elle, que ferait-elle ? Eh bien… La même chose qu’aujourd’hui, supposait-elle. Visiter les grands-parents le dimanche. Faire des cauchemars la nuit. Enquêter. Voir Elisa. Bosser. Dans quoi ? Aucune idée. Se faire payer pour ses prospections, voilà. Elle deviendrait célèbre, très demandée, finirait par intégrer l’AISI puis émigrer aux Etats-Unis. Ha, ha.

Le verre de lait baissait. Cette constatation la rendit maussade. Une moue s’étala sur ses traits, tandis qu’elle hésitait quant au choix de sa nouvelle proie. Oui, elle avait bien fait de proposer de sortir à Ares. Elle avait vraiment besoin de se changer les idées. Finalement, vivre depuis plusieurs mois dans une voiture commençait à avoir de l’influence sur sa santé mentale. Sa vie en demi-mesure la lassait. Alitia avait envie de se tourner vers de nouvelles choses, d’explorer de nouveaux horizons.

Sans se rendre compte qu’elle ne faisait que de glisser vers ce qu’elle souhaitait éviter.
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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeSam 10 Sep - 7:49

Il prit une nouvelle bouchée de ces perles d’orient. C’était profond et puissant comme arôme et il en était littéralement fou. Cette petite boutique méritait vraiment qu’il la retienne, rien que pour ses Montécao. Ces petits gâteaux ne contenait pas normalement de cannelle à l’intérieur de leur patte elle-même, juste par dessus. Mais l’artisan avait eu l’ingéniosité d’en rajouter et en plus de ça, le sindoux, sorte d’huile, utilisé était d’une qualité particulièrement délectable. Et il avait tapé en plein cœur d’Ares. Le pauvre, se retenait de tout finir à une vitesse hallucinante, profitant au maximum de ces pâtisseries enchanteresses. Tranquillement, savourant chaque bout, un a un. Faisant attention à en prendre des quantité raisonnables pour ne pas finir étouffé par la pâte. Ce qui en soi, aurait été une mort qu’il aurait accepté avec délice. Ne serait-ce que pour finir sa vie avec le goût du Montécao sur la langue. Et pour toujours, le garder. Ares retira ses yeux de son assiette, pour inconsciemment, réfréner son envie d’en manger jusqu'à la fin de ses jours. La jeune fille écoutait ce qu’il venait de dire en embêtant distraitement les miettes perdues sur la table. Alitia et ses long cheveux purs et blancs avala un peu de lait. Réduisant tranquillement la quantité de liquide laitier présent dans son verre. Elle leva les yeux vers lui, appuya son coude sur le bord de la table, plaçant sa tête contre sa main.

- Je vois, répondit-elle. Tu voulais être avec quelqu’un que tu connaissais ? Ou tu n’avais juste aucune idée et tu as préféré suivre le mouvement ? Quel âge a ton frère ?
- Mh. Les deux à vrai dire. Osiris est mon frère jumeau.


Par le sang ou par les liens, c’était ce qu’il était fatalement et définitivement. Ares pouvait croire à ce qu’il disait, peu importait la génétique. Leur relation était trop intense, trop fusionnelle pour les démêler autrement que par la place physique de leurs corps séparés. Tout, tout, ne faisait qu’affirmer qu’il était des frères. Les insultes, regards accusateurs, murmures acides, Nemo, ne faisait que les unir sous la même bannière. Elle sembla réfléchir. Songer à sa vie, s’appliquant peut-être ses questions à elle-même. Exercice qu’il jugeait intéressant, mais un peu casse tête, quand il n’avait rien à penser. Il passa sa main dans ses cheveux. Geste le liait une fois de plus à Osiris. Sa respiration était posée et détendu. Il avait à l’instant, la ferme détermination de ne pas se laisser miner par ses origines frivoles qui traçaient tout les jours des sillions dans le creux de sa gorge, les méandres de son cerveau tourmenté. Cette conviction qu’il n’était pas seul s’alluma en lui et sans s’en rendre compte, un sourire mystérieux et furtif se peignit sur les lèvres tendres. Un éclat combatif. Un fracas de cette guerre qui se déroulait dans la vie et dans sa tête, tout le temps. Laissant celui-ci passer sans qu’il s’en rende compte, ou même qu’il s’en offusque. Ne pouvant pas nier qu’il était atteint, ni ignorer ce combat contre les autres et lui-même.

- Mais oui, je vois, dit-elle calmement. J’ai une famille un peu comme ça, moi aussi. Nous ne sommes sans doute pas les seuls.

Un peu comme ça ? Si elle avait des problèmes, il doutait que ce soi les même que les siens. En revanche, il était sur qu’ils étaient sûrement bien plus important que ces pacotilles avec quoi il se tordait l’esprit tout les jours. Seuls. Ce mot résonna dans sa tête. Il n’était pas seul.

- Oui, c’est vrai, il ne faut pas l’oublier. Tu as raison.

Il acquiesça. C’était vrai.

- Est-ce que tu as déjà pensé à ce que tu ferais si tu laissais tout tomber ?

Tout laisser tomber. Ça paraissait creux, vide. Et à la fois particulièrement libérateur. S’évader. Se moquer de ce que pouvait bien penser les autres et faire ce qu’il lui plaisait, ou même tout court, faire ce qui lui arrivait. Sentir le vent, et le suivre parce que rien ne nous attache quelque part. Fuir sans complexe, sans honte. Fuir sans lâcheté. Même plus rattaché a cette idée. Cette idée était particulièrement attrayante. Il se laissa imaginer ce qu’il ferait s’il laissait tout tomber. Il payerait l’addition, et marcherait. Marcherait là ou cela le mènerait. Avancent sur un chemin au lendemain brumeux, et tellement plus libre. Un avenir tellement moins défini qui surviendrait.

- Si je laissais tout tomber ? Et bien je laisserais tout tomber. C’était facile comme réponse ? Mais non, c’était la définition même de l’acte. Mais je ne pourrais pas abandonner mon frère, ni Nemo, donc au final, ça ne serait pas tout laisser tomber.

Non, il ne pourrait pas. Couper ces liens vitaux serait le conduire à une mort certaine en soi. Il ne serait plus lui même. Il ne serait plus Ares. Il ne serait plus Ares sans Osiris. Il ne serait plus Ares sans Nemo. Il répugnait cette idée rien que en l’effleurant. Et de tout son être, l’exécrait autant que la terrifiait. Le blond avala le dernier bout de son troisième Montécao.

- Et toi ? Tu ferais quoi ?

Tu partirais aussi, j’imagine. Rien ne te retient d’aussi fort que ce qui me lie à ce destin ?

[ Pardon d'avoir pris autant de temps D:. Je me suis inscrite sur un nouveau forum, pour ne pas rater le prédéfini qui m'intéressait j'ai du faire ma fiche en passant sur le reste. ]
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Alitia Toscane

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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeDim 18 Sep - 22:32

[Pas de problème !]

- Mh. Les deux à vrai dire. Osiris est mon frère jumeau, expliqua Ares d’un ton badin.

Des jumeaux, vraiment ? Comme peut-être beaucoup de gens en ce bas monde, Alitia éprouvait une certaine fascination pour les jumeaux. Quand on vous matraque depuis la tendre enfance que vous êtes un être unique, qu’il n’y en a pas deux comme vous, que de pensées comme de corps vous êtes différent, et qu’à côté de ça, on vous présente une paire de jumeaux, ça vous fait un drôle d’effet. Elle s’était toujours posée plein de questions stupides à leur sujet ; comment pensaient-ils ? Etaient-ils vraiment liés, d’une façon ou d’une autre ? S’agissait-il de la même personne ayant pris deux chemins différents ? Où s’arrêtait la ressemblance ? Voulaient-ils se confondre l’un l’autre ou bien être distincts et s’arracher à cette image de double qui leur colle à la peau ? Comment faisaient-ils pour vieillir ? Comment réagissaient-ils quand ils comprenaient que ce n’était pas possible de passer leurs vies ensemble et qu’un jour ou un autre, il fallait se séparer ? Etait-ce supportable ? Aussi, la jeune fille ne pouvait s’empêcher de fixer bêtement, de longs instants, les rares jumeaux qu’elle apercevait de temps à autre à l’université ou à un arrêt de bus. C’était toujours un moment drôle lorsqu’on accrochait un visage du regard, le temps de quelques secondes, puis qu’on se détournait vers son compagnon et que l’on s’apercevait alors qu’ils étaient identiques. Récemment, alors qu’elle attendait plus ou moins patiemment sur un banc sa correspondance, Alitia avait vu deux jeunes filles, peut-être un peu plus âgées qu’elle, coiffées et maquillées d’une façon légèrement différente mais possédant les mêmes traits. Elles discutaient, en riant, sûrement sorties à peine d’un long cours de trois heures relativement barbant. Et puis elles avaient disparues, emportées par leur bus. A chaque fois, c’était bref, mais suffisamment long pour aiguiser en Alitia une curiosité, un appétit sur le sujet. Mais bon. Elle ne se voyait pas harceler chaque paire de jumeaux avec ses questions psychologiques à la noix. Et quand elle épiait, au parc, un couple de gamins identiques, elle ne ressentait qu’une sorte de vague attendrissement suivi d’une certaine tristesse pour le jour où leur complicité s’envolerait. Car elle s’envolerait fatalement, n’est ce pas ?

Ainsi donc, il y avait un second Ares, un autre Ares, un double physique, peut-être même un double mental. Un frère de sang et d’âme. C’était drôle. Alitia eut un imperceptible sourire, un peu mélancolique. Elle, elle n’avait jamais souhaité d’avoir une jumelle, comme certaines petites filles en peine d’amies. D’un autre côté, elle ne s’était jamais dit que ça serait une chose horrible. Vivre avec deux Alitia… Bah, vu le caractère de la première, la relation aurait été très tranquille. Pas de fracas, pas de jalousies, juste deux mioches assises qui se regarderaient, de temps à autre, avec de grands yeux. Toi aussi, tu as vu ? Pour le Frangin, elles se seraient peut-être un peu disputé sa préférence, puis elles auraient pleurées ensemble, amères de leurs sottises quand le temps à passer avec lui aurait été finalement si bref. Une entente sans vagues, tout dans le regard et dans la présence. Mais Alitia était sûre qu’elle n’aurait pas été plus bavarde avec une sœur jumelle qu’elle ne l’était aujourd’hui. C’était comme ça.

Néanmoins, comme Ares embraya sur le reste de la conversation, Alitia n’eut pas l’occasion d’approfondir ce palpitant sujet et en revint à des domaines plus philosophiques :

- Si je laissais tout tomber ? Et bien je laisserais tout tomber.

Certes.

- Mais je ne pourrais pas abandonner mon frère, ni Nemo, donc au final, ça ne serait pas tout laisser tomber. Et toi ? Tu ferais quoi ?

- Qui est Nemo ? s’étonna Alitia.

Visiblement, Ares faisait partie de ces jumeaux qui ne lâcheraient jamais leurs frères, bon gré mal gré. Etait-ce parce qu’il y était trop attaché, parce qu’Osiris était une autre partie de lui-même ou pour une raison plus pratique, plus saine ? Et oui, qui était Nemo, un troisième personnage inattendu dans le décor habituel des relations fusionnelles? C'était assez surprenant. Elle s'attendait à ce genre de réponse, le Nemo en moins. Mais, mettant ses interrogations de côté, elle prit le temps de répondre à son tour, piégée par son propre traquenard, sa consommation liquidée par sa gourmandise:

- Moi… Oh, moi aussi, j’ai une famille que je ne voudrais pas abandonner. Elle est comme elle est, et je vis plus à côté qu’avec eux, mais… je les aime quand même. Et en fait… je ne voudrais pas leurs faire de la peine.

Ils en ont suffisamment comme ça. Tellement qu’ils ne sont pas restés. Tellement qu’ils ne voulaient pas voir. Ne pas s’occuper. Ne pas y penser. Ne pas voir Alitia et se dire que tout était de leur faute. Et ils avaient bien raison, ses parents. Ce n’était pas eux qui avaient décidés de se séparer de leurs enfants, comme on abandonne un chien sur le bord de la route au départ des vacances. Quant aux grands-parents, eh bien, ils culpabilisaient, sûrement. Mais trop âgés pour ne pas être trop fiers, ils préféraient repousser la faute sur les épaules du Frangin –un décédé, quoi- et laisser leurs relations avec leur dernière petite-fille glisser lentement sur le bas-côté. Alitia ne pouvait pas en vouloir à ses parents, et ce n’était pas non plus la faute de Nonno et Nonna si Luca s’était suicidé –ou pas-. Ca ne concernait que lui. Même si tout le monde se sentait coupable, sa petite sœur la première.

- Mais sinon, j’arrêterais la fac, je m’improviserais reporter globe-trotter ou médecin sans frontières et je retournerais en Asie mineure. C’est sûrement grandiloquent, mais contrairement à beaucoup de jeunes qui versent dans une pseudo-aide humanitaire, moi je suis déjà allée là-bas et je m’y sens sûrement plus chez moi qu’ici. Je n’ai même pas de maison, conclut-elle, moqueuse.

Moqueuse parce qu’elle ne supportait pas ces types qui vantaient le commerce équitable et qui brandissaient leurs I-pods la seconde suivante, ces filles qui répugnaient à porter du maquillage et distribuaient des tracts sur le végétarisme, ces gens qui allaient en Afrique pour donner un paquet de bonbons à des mômes et apaiser leurs consciences, bref, toute cette partie de la population qui tentait de culpabiliser le reste pour ne plus sentir leur propre sentiment de crime. Moqueuse parce qu’on l’avait fichue dans cette ville de force, qu’elle ne l’aimait pas, qu’elle dormait dans la bagnole de son frère, frère qui était mort. Moqueuse parce qu’elle, elle aimait les paysages grandioses et déserts, que l’on ne trouve qu’à la sueur de son front, les yeux brillants des enfants d’Inde, le sourire des gens qu’on aide si on a envie et tout simplement, parce qu’elle aimait et admirait ses parents, et qu’elle aurait voulu leur ressembler.

Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle menait ici une vie pleine de fausseté, alors qu’elle aurait pu faire tant de choses ailleurs, comme profiter du soleil rouge du crépuscule en marchant dans les chemins escarpés où elle gambadait plus jeune. Elle n’était pas faite pour ces villes macrophages et sa multitude anonyme. Elle était un poisson hors de l’eau qui peinait à prendre de temps en temps une bouffée d’air frais, et qui à défaut de pouvoir « tout laisser tomber », se contentait d’attendre que quelqu’un vienne la remettre dans un aquarium. Et vive les métaphores, décida-t-elle. Et la malice dépourvue de candeur dans son regard s’accentua. Trop d’amertume.
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Ares Galla [Nemo]

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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeMar 27 Sep - 3:01



Ses sourcils s’arquèrent et elle lui demanda spontanément :

- Qui est Nemo ?

Il retint un grognement. Tout revenais toujours à Nemo et ça finissait par le lasser de raconter sa vie à tout bout de champ. Il réprima un soupçon de mauvaise humeur, ce n’était pas dans ses habitudes de se montrer grognon. Ares l’aimait comme un frère, mais pas comme un certain frère jumeau. Il ne savait même pas ce qu’il était. Autant lui que le sujet de sa réflexion. Il ne savait pas pourquoi il était là, sûrement pour accomplir son destin, mener à bien une mission mystérieuse. Mais le blondinet doutait que les bars et les filles aient un quelconque rapport avec ce but. A moins qu’il doivent révolutionner les pratiques sexuelles en inventant un mouvement totalement original et génialissime qui bouleverserait le monde entier. Ares sourit encore plus à cette pensée. Il se mordit même la lèvre pour ne pas exploser de rire en s’imaginant Nemo avec des lunettes noire, entrain de parler très sérieusement des sources à l’origine de son idée lors d’un reportage sur la vie de la nuit. Ce pilier de bar récurant qu’il affectionnait était bien capable d’avoir de telles idées. Il baignait littéralement dans les fêtes, les soirées/matins/après midi, mouvementés. Et quand il revenait c’était à des heures totalement imprévues, mais dans une tranche horaire variant suspicieusement entre 3h et 10h du matin. Ce qui ne l’empêchait pas bien sur de débarquer un midi, un doux fumet de Tequila à sa suite, mourrant de faim et réclamant avec un grand sourire de la nourriture.

Il ne savait pas trop quoi répondre à son propos en réalité. Ni comment le désigner. Etait-il un ami ? Etait-il une personne proche ? Etait-il comme un membre de famille ? Etait-il un alien débarquant de Vulcon envoyé sur terre pour une expérience de découverte en territoire ennemi ? Etait-il un colonisateur n’étant même pas au courant de son rôle ? Etait-il une menace ? Ou un OVNI sincèrement désolé d’être là pour un objectif inconnu par lui-même ? Ares se posait sans cesse des questions sur sa provenance, sur son but. C’est peut être ce qui créait parfois une distance entres les deux hommes. Parce que il le considérait quand même comme un être humain, un être humain d’origine douteuse d’accord. Mais une personne bien vivante, saignante, qui éprouve des sentiments, avec une conscience et un esprit semblable au sien ainsi que des besoins normaux. En apparence. Quand la couche superflue que peux être « l’apparence » est en fait le résultat de 2 ans de cohabitation et de fréquentions. Le projet Nemo était un sombre nuage d’interrogations, une brume dans laquelle il n’arrivait pas à ce retrouver. Ne sachant même pas quoi pouvoir révéler aux autres, quelle quantité d’information était elle raisonnable de livrer. Tous ces doutes le troublant au point de ne pas savoir quoi lui donner comme éléments de réponses.

- Heu…disons que Nemo est notre colocataire, mais à la fois un ami très important… je ne sais pas trop comment le définir. Mais voilà, je ne l’abandonnerais jamais.

Bon d’accord, c’était carrément décousu, mais en omettant le côté surnaturel de la chose c’était à peu prés tout ce qu’il pouvait dire pour résumer vaguement leur relation. Et ça reflétait assez bien ses troubles concernant la question.


- Moi… Oh, moi aussi, j’ai une famille que je ne voudrais pas abandonner. Elle est comme elle est, et je vis plus à côté qu’avec eux, mais… je les aime quand même. Et en fait… je ne voudrais pas leurs faire de la peine.


Il écouta silencieusement achevant avec regret le dernier Montécao de son assiette. L’avalant par petites bouchées pour profiter à fond une dernière fois de son goût unique et enivrant. Elle semblait assez éloignée de sa famille. Il ne connaissait pas les raisons précises de son éloignement mais ne doutait pas qu’elles étaient valables. On ne s’éloigne pas des gens que l’on aime par pur orgueil ou égoïsme. Lui s’était éloigné de sa famille parce que celle-ci ne l’aimait pas. Lui non plus, ça tombait bien. Dans un autre monde, une autre vie, il les aurait sûrement apprécié. Passant sur leur côté méprisant envers les origines peux recommandables des gens, les jugeant uniquement sur leur pedigree et pas la personne qu’ils étaient. Mais il était victime de cet état d’esprit qu’il haïssait plus que tout, et ça, il ne leur pardonnait pas. Il était quand même de leur famille ! Ares et Osiris restaient leur sang, leur chair. Et eux, sans vergogne, ni pitié et encore moins une once de tolérance les avaient rabaissé et rejeté au rang de moins que rien. Impurs. Fruits de viles et malines actions. Ils avaient coupé par leur haine et leur dégoût tout liens les reliant. Et les lourdes chaînes des attaches familiales s’étaient brisées à jamais entre eux. Définitivement. Si un jour il revenait en pleurant et demandant pardon, Ares savait qu’il ne leur accepterait sûrement pas. Il avait tellement mal vécu, souffert du rejet de la part de leur propre foyer, qu’ils avaient du fuir par tout les moyens. S’évadant à l’extérieur. Courant pour échapper à leur haine. Priant pour que les gaines de haine qu’il semait autour d’eux ne fleurirait pas dans les rares lieux qu’ils affectionnaient pour leur neutralité envers les deux frères. Et souvent, par les rumeurs, les ragots malfaisant, cette haine les rattrapait.

- Mais sinon, j’arrêterais la fac, je m’improviserais reporter globe-trotter ou médecin sans frontières et je retournerais en Asie mineure. C’est sûrement grandiloquent, mais contrairement à beaucoup de jeunes qui versent dans une pseudo-aide humanitaire, moi je suis déjà allée là-bas et je m’y sens sûrement plus chez moi qu’ici. Je n’ai même pas de maison.

Elle acheva sa tirade avec un note narquoise. La vie est une farce. C’est face à des situations résultants d’un engrenage hasardeux de divers événement engendrant un résultat accablant que l’on prend compte de tout le sens de cette phrase. En éclatant d’un rire pur. En prenant du recul il fallait bien admirer l’œuvre dans toute sa splendeur, les conséquences de petites choses s’accumulant naïvement, menant à une existence dictée par son désespoir. Il réfléchit sur ce qu’elle avait dit. C’était vrai, beaucoup de jeunes accomplissaient diverses actions minimes pour des grandes causes, mais avec un sous-entendu de « Je veux bien aider parce que je suis quelqu’un de bien, mais ne comptez pas sur moi pour faire plus ». Il nota la dernière phrase avec un étonnement non dissimulé. Une lueur d’étonnement traversa ses yeux. Et il ne su résister au pic qui s’était échafaudé dans son esprit.

-« Et tu dors où ? Sous ton carton raisin ? »

Ce n’était qu’une gentille boutade qu’il accompagna d’un sourire charmeur et éclatant. Priant pour qu’elle ait le sens de l’humour. C’est vrai qu’il la voyait bien avec un de ces grands carton à dessin encombrant, trimballant ses impressions de photo avec elle et dormant dedans. Mais si elle n’avait pas l’air constamment a l’aise avec les gens de la populace de bas étage dont il faisait partie, le blond ne doutait pas qu’elle soit débrouillarde au vu du discours qu’elle lui tenait. Alitia lui semblait être quelqu’un avec un esprit critique développé, ayant voyagé et donc sachant s’adapter à la situation présente. Et puis il avait sortit ça pour détendre l’atmosphère un peu trop centrée sur une ambiance « ma vie est pourrie mais je survis », en aucun cas pour la blesser. La façon dont elle le prendrait ne dépendait que de sa personnalité. Qu’il espérait avoir assez bien cerné pour se permettre une boutade de ce genre. Mais au-delà de toute blague, les idées qu’elle lui montrait avaient quelque chose de libre et engagé qu’il admirait.


-« C’est bien d’avoir ce genre d’idées, moi je ne sais pas si je serais capable de m’engager là dedans. Je n’ai jamais vraiment voyagé. »

Et à la fois ça ne lui manquait pas vraiment, parce que après tout, on ne souffre pas de l’absence de ce que l’on as jamais connu. Il finit d’un trait son verre d’eau. Tripota la mince bande de cuir attaché sur le poignet de sa main gauche. Notre blond jeta un coup d’œil vers l’assiette de son interlocutrice. Il ne restait plus grand chose et la nuit ne tarderait pas à tomber. S’ils voulaient aller se balader près du lac en bavardant gentiment comme ils le faisaient et comme Ares l’appréciait à cet instant même ils devraient partir dans pas trop longtemps. Ils se baladeraient, parleraient encore, et se quitteraient. Le pactisant aimait cette relation naissante t’elle qu’elle l’était. Posée et enrichissante. Il avait envie qu’elle reste comme cela, saine et simple. Partie sur la base de connaître une nouvelle personne, et finissant par un échange de propos, d’idées. Sans passer par la case intéressée de la chose. Il voulait simplement quelqu’un avec qui converser, quelqu’un qu’il quitterait après une marche agréable sur les bord. Et chacun de leur rive opposée, il repartirait suivre leur chemin. Se croisant peut être à nouveau.
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Alitia Toscane

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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeMar 4 Oct - 12:59

Spoiler:


Visiblement, la question d’Alitia au sujet de Nemo avait pris son interlocuteur à court. C’était assez surprenant, puisque dans la façon dont il en avait parlé, on aurait imaginé que c’était une personne suffisamment importante pour lui pour qu’il puisse la définir sans passer trente secondes sur sa réponse. C’était peut-être l’une de ces histoires pseudo-secrètes, mises à mal par le poids de la société. Du style « C’est mon mari ! ». Ouaip, ce genre de déclarations qui jetaient un froid dans une assemblée et ensuite des rires pour faire semblant que tout le monde croit à une plaisanterie.

- Heu… hésita Ares. Disons que Nemo est notre colocataire, mais à la fois un ami très important… je ne sais pas trop comment le définir. Mais voilà, je ne l’abandonnerais jamais.

Mouais. Alitia n’était pas dupe. Pourquoi présenter son « ami très important » comme un colocataire en premier lieu ? N’aurait-ce du pas être l’inverse ? Il y avait une anguille sous roche, et le flair aiguisé d’une jeune détective le reniflait de loin. Oui, elle penchait pour la théorie de l’amour déviant caché. Pas vraiment croustillant, trop classique, et Alitia, dans son indifférence absolue, avait besoin de plus de chose pour que cela suscite réellement un intérêt quelconque. Pour l’heure, elle considérait l’affaire classée et abandonna le sujet après un vague mouvement de tête.

De toute façon, la conversation se tournait lentement, mais sûrement, sur sa propre vie. Ainsi le prouva la réplique suivante du jeune homme qui n’avait pu s’empêcher de noter la dernière phrase incongrue d’Alitia. Et il le fit savoir d’une petite boutade humoristique qui arracha un léger rire à la concernée. Un rire.

- Et tu dors où ? Sous ton carton raisin ?

- Ce n’est pas moi, l’étudiante en arts, répliqua-t-elle avec un soupçon de malice. Non, je dors dans ma voiture.

Elle avait failli dire « la voiture du Frangin ». Mais ce n’était plus vraiment la sienne, maintenant, puisqu’il avait trépassé. Oh, bien sûr, l’acte de elle-ne-savait-pas-quoi était toujours au nom de Luca Toscane. Un peu comme l’appart, mais pour celui-ci, elle avait résilier le bail et s’était empressée de partir. Hors de question de rester dormir dans la pièce où Luca avait trouvé la mort. De s’assoir sur le canapé où ils avaient passé tant de bons moments. De cuisiner en lieu et place de celle de son frère, dont la silhouette se découpait encore devant le gaz, à remuer une platée de nouilles. Etre stoïque à la découverte, à l’annonce, à l’enterrement, passait encore. Mais Alitia n’avait pas trouvé le courage et la force de faire plus. Elle ne pouvait pas. Les cauchemars qui la hantaient chaque nuit étaient suffisamment durs à gérer pour qu’en plus, elle se donne des raisons de se sentir mal le jour. La voiture, évidement, lui rappelait autant de souvenirs. Mais c’était toujours moins horrible que de vivre, tel un fantôme, dans un lieu marqué par le sceau glacé de la mort. Et d’une certaine façon, c’était un moyen pour Alitia de ne pas complètement se couper du Frangin, même si elle tentait de s’en détacher mentalement. Là, c’était physique. Elle se recroquevillait sur les sièges arrières, elle revoyait Luca conduire, mettre sa radio, rire à grands éclats en la taquinant ou bien surveiller la circulation d’un air songeur. Elle se revoyait, petite, assise à l’avant –quel honneur !- quand sa taille le lui avait enfin permis. Fière d’être avec lui. Fière d’être sa sœur, malgré tous ses défauts –et Dieu sait qu’il en avait !-, sa mauvaise humeur, sa tête de lard. Et puis, c’était sa voiture chérie. Le premier investissement, le premier objet lui appartenant vraiment. Comment aurait-elle pu la revendre à des mains inconnues, qui n’en aurait pas autant pris soin ? Au fond d’elle-même, elle savait que Luca l’aurait traité d’idiote et aurait vite fait, bien fait, trouvé un acheteur. La somme aurait permis à sa sœur de se trouver dès maintenant un véritable toit. Stupide Toto.

Histoire qu’Ares ne se fasse pas trop d’idées sur Alitia la jeune sans domicile fixe, elle ajouta :

- J’attends d’avoir économisé suffisamment pour louer un petit studio. Je fais quelques papiers pour un journal local… Et de temps à autre, j’aime enquêter.

Et mon surnom, c’est Fantômette. Elle agita la main de nouveau, pour chasser le sujet. Elle n’aimait pas trop qu’on se concentre sur sa vie. D’autant qu’elle n’était pas malheureuse. Certes, elle avait des problèmes, mais c‘était comme tout le monde. Les siens n’étaient pas pires que ceux des autres. Elle avait connu le deuil, mais des centaines de gens, tous les jours, vivaient eux aussi le décès d’un proche. Elle dormait dans une voiture, mais la banquette était confortable et ça donnait un petit goût particulier à sa vie. Elle aurait pu ne rien avoir. Et c’était également son choix. Dans cette mesure, elle assumait et ne s’apitoyait jamais sur son sort. Bon, d’accord, elle reconnaissait avoir un peu craqué devant le regard inquisiteur du type avec une serpillère sur la tête. Mais c’était un moment particulier, un sujet un peu douloureux, un appui là où ça faisait mal.

Détachée, elle sortit son porte-monnaie pour régler la vendeuse en déposant quelques pièces dans la coupelle réservée à cet effet. La discussion avec Ares et manger quelque chose de goûteux l’avaient revigorée. Elle se sentait prête à poursuivre la conversation tout au long d’une ballade nocturne. Après quoi… Eh bien, elle rentrerait dans sa fameuse voiture, se blottirait dans sa polaire puis sa couette et attendrait le lever du soleil en pratiquant une activité plus ou moins agréable : le sommeil. Ares poursuivait le dialogue, faisant la même chose avec sa propre commande :

- C’est bien d’avoir ce genre d’idées, moi je ne sais pas si je serais capable de m’engager là dedans. Je n’ai jamais vraiment voyagé.

Alitia haussa les épaules.

- Je suppose que c’est parce que j’ai déjà pas mal voyagé avant, avec mes parents. Sinon, pas certaine d’avoir autant envie de repartir. Mais si ça te tente, tu peux toujours partir quatre mois ou huit pour tes études ? Je ne l’ai pas fait, mais je sais que c’est sympa pour débuter. On apprend beaucoup. Il y a beaucoup de façons de voyager.


D’un autre côté, cultiver son propre jardin, c’était bien aussi. Mais Alitia pensait que c’était dommage de s’enfermer derrière des frontières, alors que la Terre était si grande, si belle, si différente. Chaque pays avait sa propre beauté, sa culture, et aller à leur rencontre, ça pinçait une corde du cœur. On se rendait compte que rester dans les deux kilomètres carrés de sa ville tenait de la folie. On avait jamais autant ce roulement de tambour dans la poitrine quand on arrivait dans un lieu étranger et que l’on se mettait à tout dévorer des yeux, pour graver chaque paysage dans sa mémoire. Les humains avaient besoin de s’émerveiller, et la jeune fille n’était pas certaine que l’on puisse le faire en se contentant du ciné-resto après les cours. Il y avait en chacun cet instrument qui attendait de vibrer, que cela soit sous l’influence d’une musique transportante, d’un horizon qui coupe le souffle, d’un roman d’amour ou bien d’autre chose. Sans cette volonté, il n’y aurait pas eu de découverte de l’Amérique, pas de pas sur la Lune, pas de Marco Polo en Chine, rien. Enfin. Bref. Alitia se leva.


- Si tu as fini, je pense qu’on peut y aller ? La proposition de promenade tient toujours. Et il faut savoir s’allonger dans l’herbe et ne rien faire, parfois. Alors, je pensais qu’on pourrait se rendre au parc, énonça-t-elle en enfilant sa veste.

Dans chaque rencontre, chaque moment passé avec quelqu’un, qu’on l’aime beaucoup ou peu, il y avait un moment où l’on ressentait l’envie d’être seul avec soi-même. D’un peu d’isolement. D’une bouffée de solitude. Habituellement, cela arrivait assez vite chez Alitia. Elle se lassait facilement de la compagnie, parce qu’elle était plus une introvertie que quelqu’un ayant besoin des autres pour exister. Elle ne voulait pas passer sa vie à vivre à travers les autres et sa nature le lui permettait aisément. Elle appréciait les ballades solitaires, le long du canal, ou bien se poser dans un banc et regarder les enfants. Ce n’était pas qu’elle était asociale ou misanthrope. A d’autres moments, elle était ravie, voir soulagée, de passer quelques heures après d’Elisa ou d’autres amis. Mais voilà. Un moment, il fallait qu’elle se retrouve face à face avec elle-même, libre de penser à ce qu’elle voulait, de faire ce qu’elle voulait et de réagir comme elle le voulait.

Ici, ce n’était pas encore le cas. Ares avait su la dérider un peu, la faire sourire, rire même. C’était assez rare pour qu’elle ait envie de continuer l’expérience le temps d’une marche d’une trentaine de minutes. Elle n’était pas plus curieuse que ça à son égard ; pour elle, c’était toujours un étudiant lambda, belle gueule, heureux de vivre, simple et satisfait de l’être. Mais et alors ? C’était agréable. Plaisant. Elle n’avait pas besoin d’autre chose, elle ne réclamait pas des personnalités difficiles. Avoir quelqu’un sans prise de tête dans ses relations, même très différent de nous même, c’était toujours positif.
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MessageSujet: Re: Suivez le guide   Suivez le guide I_icon_minitimeDim 13 Nov - 5:03

Alitia accepta sa réponse vague avec un petit geste de la tête mais ne chercha pas à en savoir plus. Tant mieux pour lui, non seulement il n’aurait pas su quoi répondre de plus concret sans devoir lui décrire les deux dernières années de sa vie dans les moindres détails, mais il se serait mal vu expliquer les phénomènes fantastiques qui étaient en rapport avec Nemo à la jeune fille sans passer pour quelqu’un de totalement tabaillot. Qui plus est, ces sombres détails ne le ferait se confronter qu’encore plus que d’habitude à cette réalité fantasmagorique qui vivait avec les deux jumeaux.

Quelque part dans le ciel, quelque part dans notre galaxie, quelque part par-là, dit-il en montrant du doigt une zone dans la voûte étoilée. Il respira l’air glacé de la nuit, elle glaça ses entrailles tout juste refroidies. L’odeur de la fumée mêlé à celle, feutrée, sèche et glaciale de la neige imprégnait l’air. La tête lui tournait un peu mais l’atmosphère frigorifiée faisait l’effet d’une claque sur sa conscience brumeuse, imprégnée d’alcool. Et il saisissait d’une manière étrangement lucide tout ce qu’il pouvait bien lui dire. Les flocons avait achevé leur ballet un jour plus tôt et le plafond était dégagé de tout nuage remplit de matière vaporeuse et blanche. En haut, les étoiles brillait, la lune leur offrait son sourire mystérieux. Des cristaux froid s’infiltraient dans son cou, dans ses cheveux, mais allongé dans la neige et l’herbe recouverte de givre, vêtu d’habits certainement pas suffisant, il écoutait le Stella lui parler de son passé. Divaguant sous la lourdeur et la chaleur de la boisson, mais contant ses souvenirs, les couleurs indistinctes, diverses impressions primaire. Ses mains glissaient sur les astres, il voyageait de l’un à l’autre, sans rythme, ni chemin, ni quête, traçait un motif abstrait. Jusqu'à ce que l’attraction terrestre ramène ses membres au sol, attrapé par une gravité mystique ne lui laissant pas le choix.

Arès se souvenait de cette soirée, peut après son apparition, ils avaient fait la fête, et Nemo, son frère et lui, après être partit de l’endroit d’où ils venaient, c’étaient étendus dans ce parc enneigé. Parsemé de chênes aux branches recouvertes d’une fine pellicule craquante irisée et rendant l’écorce blanchâtre. Il leur avait raconté, confié dans un instant de mélancolie les rares relents du pourquoi, comment, desquels il était au courant. Et ça ne se résumait qu’a des divagation cosmiques, il était lui même perturbé par ce vide, mais se remplissait, au fur et à mesure de toutes les choses, tout les visages, toutes les émotions qu’il pouvait ressentir sous sa peau maintenant qu’il était … vivant ? Ce n’était qu’une autre question sans dénouement. Son corps semblait identique aux leurs, il avait les mêmes besoins, les mêmes sentiments, les mêmes douleurs. Mais qui disait qu’il n’était pas que la poussière étoilée sous laquelle il leur avait face la première fois ? Que ce fluide céleste ne s’était pas juste assemblé pour former une peau aussi fine et friable que de la cendre ? N’était t’il pas une armure vide et fragile, créant l’illusion de la vraie vie ? un faux, un masque, une tromperie déguisée sous les traits d’un jeune aux cheveux fluides et blonds, au caractère frivole et exubérant ? Toute cette profusion d’énergie, de paroles, des gestes, cette boule de nerfs, ne serait-elle pas … juste un conte onirique, aussi palpable que les nuages, aussi éphémère que la neige.

Il se remémorait ce moment de délicate quiétude, de douce révélation, figé à l’heure ou rien ne bouge.

Elle rit. Ce bruit humain le ramena à l’instant présent. Il lui répondit par un sourire entre l’excuse et la moquerie bonne enfant.

- Ce n’est pas moi, l’étudiante en arts, lui répliqua t’elle, au tac au tac. Non, je dors dans ma voiture.

Bon, il n’allait pas lui faire quelque remarque sur l’insalubrité possible de son lieu de vie, surtout en pensant à l’appartement dévasté qui l’attendait. Il s’en fichait un peu a vrai dire, elle était assez grande pour se débrouiller et il n’avait pas le moins du monde l’instinct « grand frère protecteur » envers ses connaissances, ni personne à part son jumeau. Et peut être Nemo, quoique, son enfantillage l’agaçait parfois plus qu’autre chose, mais c’est bien connu, on se reconnaît dans les défauts des autres. Si Arès était moins mature qu’Osiris, il n’en n’étais pas moins indépendant. Avec une famille qui te déteste, tu apprend bien vite à les éviter le plus possible, et par dessus tout ne jamais rien leur revaloir. Ne serait-ce que pour l’orgueil de ne pas devoir quelque chose à des personnes que l’on hait et qui nous le rendent bien. Donc ils avaient compris assez rapidement à ne dépendre que d’eux même, leur mère n’étant pas des plus présente, elle aussi sûrement blessée par le rejet de son sang, Julia ne le disait pas, elle n’en parlait pas, elle le vivait juste, mais elle le vivait loin.

- J’attends d’avoir économisé suffisamment pour louer un petit studio. Je fais quelques papiers pour un journal local… Et de temps à autre, j’aime enquêter.

Enquêter ? Il lui poserais des questions là dessus quand il marcheraient. Elle semblait avoir prévu cette option et d’un geste de la main changea de sujet. La vendeuse arriva avec la note de leur consommation, Arès replongea dans le fouillis de son sac et en extirpa un porte monnaie en cuir usé, le genre de truc qu’il avait trouvé dans des cartons des affaires de jeunesse de sa mère il y a bien longtemps et qu’il avait obtenu après un petit soupir mélancolique, deux trois anecdotes vieillots et un peu chiantes à écouter mais respirant les bons souvenirs et l’odeur des photos jaunies. Il attrapa le bout de papier ou était écrit ce qu’il devait payer et retira la somme convenue du bout de vache moyenâgeux. Le jeune homme déposa les pièces dans un geste souple, évitant de percuter son verre vide et laissant la place à la femme pour qu’elle puisse débarrasser leur table. Il pensa avec satisfactions aux gâteaux gisant dans son ventre, réduit en miettes et appréciés jusqu'à la fin. Le blondinet reposa son dos sur le dossier confortable de la banquette, appréciant ces instants ou il était rassasié de bonnes choses sans se sentir lourd et capable de vomir la moindre parcelle de nourriture qu’il devrait avaler en plus. D’un mouvement d’épaule elle répondit à sa constatation :

- Je suppose que c’est parce que j’ai déjà pas mal voyagé avant, avec mes parents. Sinon, pas certaine d’avoir autant envie de repartir. Mais si ça te tente, tu peux toujours partir quatre mois ou huit pour tes études ? Je ne l’ai pas fait, mais je sais que c’est sympa pour débuter. On apprend beaucoup. Il y a beaucoup de façons de voyager.

C’est vrai que ça paraissait intéressant, il nota qu’il devrait en parler à Osiris un jour. Arès songeait déjà à tout les inconvénients, mais mettre encore un peu plus de distance entre eux et les gens qui les haïssaient serait une voie de fuite parfaite. Ils arriveraient dans un nouveau pays, personne ne saurait rien sur eux. Mais les deux jumeaux n’en sauraient pas plus. Il s’imaginait déjà perdu, entrain demander des explications avec de grands gestes confus à un local le regardant d’un air aliéné. Un petit sourire vint se peindre inconsciemment sur les lèvres, s’étirant par réflexe. Il répondit la Alitia et acquiesça que c’était une bonne idée et qu’il en ferait part à son jumeau… et à Nemo. Il ajouta ce détail pour lui-même, ne se rendant même pas compte de l’avoir fait à haute voix ou dans sa tête. La jeune femme aux long cheveux blancs se leva et annonça :

- Si tu as fini, je pense qu’on peut y aller ? La proposition de promenade tient toujours. Et il faut savoir s’allonger dans l’herbe et ne rien faire, parfois. Alors, je pensais qu’on pourrait se rendre au parc.
- Très bien, on y vas,
répondit-il avec un croissant de lune à la place de la bouche. Il aurait bien mangé un croissant d’ailleurs, ou plutôt d’autres

Elle enfila sa veste, il fit de même en rangeant les objets qu’il avait sortit.

Ils quittèrent la petite boulangerie pâtisserie. Arès se retourna en partant et retint le nom de l’établissement.

Il se dirigèrent vers le parc, la nuit tombait et il ne neigeait pas. C’est une autre heure, une autre personne, une autre histoire.

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