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 And you and I we had the stars. [Psuchè]

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Sôma [Psuchè Hadzis]

Sôma [Psuchè Hadzis]

Sôma
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MessageSujet: And you and I we had the stars. [Psuchè]   And you and I we had the stars. [Psuchè] I_icon_minitimeDim 17 Oct - 8:50



Et parce que j’t’ai dans la gorge comme un foutu poison, t’sais. Parce qu’être avec toi c’est un peu la vie qui passe en coup de vent, l’éclair dans les yeux qu’on ne verrait pas, parce qu’être avec toi c’est les nuits sans bruit où j’te glisse dans les bras le creux de mes peurs, et les fois où t’es là c’est un peu tes mains qui deviennent ma trêve, et quand t’es pas là c’est les tripes qui s’tordent et le voile qui s’enlève, le masque qui se brise dans les plis de tes rêves, c’est la main qui se tend qui se perd, et c’est tes yeux, ton dos, et c’est tes cils renfermés et c’est tes paupières que je lève. Et parce que j’t’ai greffé sur les doigts, collé sous la peau, parce que des douleurs t’en as fait ces sourires qu’on a peints sur tes murs et que c’est une photo à nous qu’on aurait accrochée, et moi j’te laisse ma voix sur le répondeur et mes lettres sur les portes à l’indélébile pour pas que tu les effaces après, et puis je ferai des traces sur ta peau comme avec les tampons de l’autre jour, et j’te laisserai là parce que les jours auront déjà été brûlés, parce qu’autrement j’pourrai plus jamais prendre d’envol, j’aurais plus d’élans, plus de sursauts et toi tu auras oublié. Mais moi j’suis tes instants pour aujourd’hui, pour autant que tu l’souhaiteras j’aurais des yeux pour toi, j’aurais des lèvres à toi, faites pour de larges sourires, j’aurais à jamais un peu de moi pour toi, un peu pour toi, j’porterai à jamais ton nom à toi, celui que tu m’as laissé, et jusqu’à la fin je serai Sôma. Et j’t’ai dans la gorge comme un foutu poison, alors ne m’laisse pas, ne m’oublie pas quand j’serai plus tes yeux, j’veux que tu m’aies sous la peau et que tu penses mon nom même si t’as oublié.
J’veux rester dans ta mémoire parce que moi j’t’ai dans la gorge et qu’ça m’fait douter. J’veux rester Sôma parce que j’l’ai dans les tripes et qu’ça m’fait crever.

Et jusqu’à la fin je serai Sôma.
Jusqu’à la fin je serai Sôma.

So stay in my memory,
you can hide out there.

***

Et parce que Psuchè et Sôma est un paradoxe qu’on ne peut pas défaire.

J’ai un peu froid quand je regarde à travers la vitre.
C’est une impression et les enfants que je regardais jouer sur le trottoir se sont brusquement dispersés. A cause de la pluie je ne suis simplement pas sorti.

***

L’été s’était consumé. Une saison derrière, les mains appuyées contre la glace. Tu comptes. Et maintenant que tes doigts se renferment douloureusement sur la poignée de journées logées au coin d’une mémoire artificielle, tout te parait démesurément fugace. Il y a comme une transition entre les contours des objets décousus, sauvagement collés sur les murs d’un cœur trop petit.
Un cœur renversé, recouvert de papier journal, souillé de gros titres à l’encre d’imprimerie.
Il y a comme une différence. Non, non, non, tu secoues la tête, pas de différences. Aucune limite accentuée, pas ligne de mire, non, surtout pas.
Seulement l’opposition. Une intersection. Psuchè et Sôma. Un contraste qui se rencontre certainement quelque part, qui s’accroche désespérément aux définitions trop précises des dictionnaires. Et Sôma, toi tu es un peu comme le fil brusque d’une lumière découpée au sabre. Nette et probablement pleine d’imperfections.
Et l’image. L’image.

Le fond d’un océan sans existence, comme le brusque déplacement entre lumière et ténèbres, comme un simple retour de choses.
Alors lentement tes doigts frémissent. Tu appuies doucement un doigt sur ta tempe. Un début de mal de tête court le long de tes veines, rampe sous la peau de ta nuque. Tu te dis que c’est la pluie. Le souvenir s’altère à la douleur. C’est trop court, un souvenir d’existence, tu sais, Psuchè ? C’est vraiment trop court, c’est trop à perdre. Et toi Psuchè tu es une mémoire qu’on épuise brutalement comme lorsque l’on chérit violemment un trésor sublime tortueusement désiré. Un cœur silencieux qu’il dégriffe à regret, en douleurs, éparpillé comme des pages, comme ces journées sur le palier d’une incertaine certitude. Et vingt-quatre années condensées sur les nerfs dilatés, seulement quatre mois de fascination, des milliards et des milliards de secondes, un vol à l’étalage, des meurtres quotidiens, successifs.
Mais le crime est bien plus grand, dépourvu de détails. Le crime est d’ordre psychique, douloureux.

Tellement que la douleur est la seule vraie mémoire que tu n’as jamais eue.

Don’t take all my thoughts today.
So I can start to begin again.

L’absence se comprime nerveusement au centre de tout, explose violemment et se détraque aux alentours de la pièce, la force centrifuge l’expulse irréversiblement sur les murs, sur les angles de ton expression tordue. Un paradoxe qui brûle la peau, toute valeur. Oui, parce que voilà, c’était un peu tout. Psuchè, et les valeurs calcinées. Psuchè, et le poison coincé dans la gorge, jamais avalé, jamais recraché. Psuchè et son absence. Tu te lèves, et c’est à ce moment-là que tu te rends compte. Le bord de la fenêtre était trop froid, toutes les pensées étaient simplement provoquées par un son, celui d’une pluie trop floue contre la vitre frappée donnant sur la rue.
Tu as bien plus froid à présent.

Tes pas sont légers, furtifs et sans écho.
Je suis là, je suis là, je suis là.
Jusqu’à la fin je serai là, je serai Sôma.

Et tu ouvres toutes les portes, encore une fois.
Ah mais il n’est pas là, pas pour le moment, encore une fois.

Et tu te jettes sur l’appareil, brusque désir de le voir chuter passivement sous tes doigts ravageurs, brusque désir de son étreinte trop large, une envie de présence. Viens et balaye cette absence qui le ronge de tes regards sans fond.
Et tu trembles, et tu trembles, tu enfonces les touches comme une surface sans matière, une invitation à tout dévaster sur ton passage, sous le bout de tes doigts.

L’écho d’une tonalité se répète, successif. Les hoquets qui montent sur les fils noués de ta gorge semblent glisser sur des liaisons artificielles suspendues sous la pluie. Elles sont trop lentes. Alors, vite, vite.
Et sans prélude la tonalité se suspend, dévorée par le froid.
Supplique. Expulsée comme une envie de vomir qui ne recrache que de la salive. C’est le plus douloureux, tu sais, ça, Psuchè ? Quand tu as envie de vomir mais qu’il n y a simplement rien au fond. Simplement des hoquets trop profonds.
Allez, dis que tu es là ! Fais-moi savoir.

« Psuchè, viens. Rentre à la maison. »

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Psuchè Hadzis [Sôma]

Psuchè Hadzis [Sôma]

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MessageSujet: Re: And you and I we had the stars. [Psuchè]   And you and I we had the stars. [Psuchè] I_icon_minitimeDim 5 Déc - 13:29

« Aussi étroit soit le chemin,
Bien qu'on m'accuse et qu'on me blâme
Je suis le maître de mon destin,
Le capitaine de mon âme. »

    La pluie battait les vitres avec la régularité d’un métronome, noyant sous son chaos de gouttes et de larmes le bruit des gens autour. Ils étaient flous, en bas, ils étaient loin. Peut-être n’existaient-ils même pas, tâches noires dans la nuée, fantomatique, image rémanente tremblante, le mirage d’une autre vie. Il avait une angoissante et désagréable sensation de déjà vu, le souvenir évaporée d’une après-midi pluvieuse où les minutes étaient mortes, où les secondes s’étaient suicidées entre ses doigts alors que, lové dans le fauteuil en velours rougeâtre du bureau de sa mère, il fixait l’horloge ancestrale. Il avait eu cette même impression, ce relent d’inconfort, cette angoisse sourde, vitriol blotti dans sa gorge. Quelque chose clochait. Quelque chose le faisait frémir. Et la pluie tombait, la pluie délavait le temps, la pluie décolorait les gens, la pluie lessivait les cœurs. La pluie ouvrait un portail sur autre chose. Psuchè Hadzis regardait par la fenêtre passivement, accoudé à son bureau de l’ambassade. Il attendait le printemps. H. attendait toujours. Il attendait l’illumination, il attendait la paix, la tendresse moite de l’oubli. Il attendait un monde où il n’y aurait plus cette colère dévorante, cette injustice déchirante. Il souhaitait un pays sans douleur, un pas en avant, un passé sans tâches ni accrocs. Partir. Loin. Tout de suite. L’urgence de l’angoisse, les doigts qui tremblent, la crosse du flingue qui s’enfonce dans son ventre, teintant son esprit du rouge des gens qui disparurent. Fuir.

    La pluie avait glissé sur son visage, traçant le sillon de larmes qui jamais ne coulèrent. Il avait levé les pupilles au ciel, avait prié pour de nouveaux jours. Ce serait si simple au fond, d’être ailleurs, d’être loin, de fuir ses souvenirs, de quitter Milan, de quitter l’Italie. Sa vie ne s’était pas encore arrêtée. Ses pas l’avaient guidé mécaniquement vers un taxi et il avait murmuré doucement qu’il allait à l’aéroport, la voix basse, pleine de sanglots inarticulés. Il ne savait plus. Tout se fissurait, tout se cassait la gueule. Et Psuchè avait peur. Ça s’était blotti dans son ventre en silence, ça avait teinté son cœur de rouge, ça avait fendu ses joues de larges cicatrices écarlates sous sa peau d’albâtre. Tout foutait le camp. Et Psuchè haïssait Milan. Il détestait ses gens qui se pressaient sous la pluie, seulement armés de leur parapluie. Il haïssait ses gens conscient de rien, inconscient au grand mal du temps. Et le taxi filait. Ombre sous la pluie, forme spectrale hallucinée. Il ne leur dirait pas adieu. Il ne se retournerait pas. Il n’y retournerait pas. Il se foutait bien de Sôma, de Lysandre, de Caïn, il se moquait bien de tous ces gens là. Il ne voulait plus savoir, il ne voulait plus voir. Il avait les rêves tâchés de rouge, le remord qui suintait de partout. Il fallait qu’il en finisse. C’était la fuite en avant, la débâcle des sentiments, le point de bascule. Il fallait qu’il en finisse. Avec eux, avec eux tous, qu’il se barre, qu’il tire un trait sur sa mémoire avant qu’on ne suce ses derniers rêves. Il fallait que Tristan Camilleri se traine en face de lui. Il fallait qu’il le tue.

    Ça sonnait dans l’air comme une condamnation et le chauffeur du taxi eut une moue inquiète alors que l’occupant de l’habitacle l’arrêtait sur le trajet de l’aéroport. Il ne s’en soucia pas longtemps, tant qu’il était payé… Il oublia complètement Psuchè lorsque la porte de l’habitacle claqua. Psuchè, lui, n’oublierait pas. Tu l’as dans la peau, Sôma, il te bouffe, il te suce la moelle des os, il te transformera en robot. Et toi, envers et contre tous, tu l’as dans la peau. C’est p’t-êt’ pas ça, l’amour, c’est sans doute pas ça, les sentiments, mais envers et contre tous, tu l’as dans les gènes, dans les coins les plus reculés de ton foutu ADN. Alors p’t-êt’ bien que tu le détestes, peut-être bien aussi que tu fais bien. Mais ça n’a aucune importance aujourd’hui et maintenant, éternel et sous la pluie. Ça n’a aucune importance. Parce que tu sais que pour un mot, il te fera renoncer à ton projet, que pour un mot de lui, tu resteras à Milan. Pas parce que tu l’apprécies, pas parce qu’il est l’unique amour de ta vie, pas parce que tu lui as pardonné les vols que tu subis. Non. Parce que p’t-êt’ qu’au fond t’as enfin compris que t’avais besoin de lui, Odd. P’t-êt’ qu’au fond t’as compris que t’arrivais plus à rien sans lui. P’t-êt’ qu’au fond tu t’es résigné à tout perdre, à te vider de tes souvenirs, de tes peurs, de tes envies. Peut-être, oui. Peut-être pas. Mais ça, tu le sauras jamais, hein. Non tu sauras jamais que t’as p’t-êt’ pas besoin de lui, au fond, parce que déjà ton portable sonne entre tes doigts. Et toi t’es stupide, et toi t’es fatigué, et toi la pluie coule sur ton visage mais tu réponds, quand même.

    Parce que c’est Sôma. Parce que tu l’aimes et que tu l’abhorres tout à la fois. Que tu voudrais fuir mais que tu ne peux pas. Parce que c’est Sôma. Alors tu le laisses aligner trois mots. Alors tu laisses sa voix mourir. Et il a l’air loin, tellement loin, que tu pourrais fuir. Mais la voix t’étreint, la voix t’oblige, la voix te soumet. Et tu détestes ça. Tu détestes ça si fort que tu pourrais en pleurer. Mais tu ne le fais pas. Les larmes, ce n’est pas pour toi. Ça n’a jamais été pour toi et tu ne peux pas les assumer. Alors tu te contentes de te taire. Alors tu te contentes d’avoir l’air de réfléchir. Mais c’est tout vu, mais tu t’es fait bouffer tout cru. Mais tes espoirs de fuite et de meurtre sont morts nés. A jamais et pour toujours, tu seras enchainé.

    Et tant pis pour toi, Psuchè.

    Alors, seulement, il répondit :

    « J’arrive. »

    Il n’a pas protesté, il n’a pas crié, il n’a pas eut ces réactions violentes qui marquent toujours ses gestes. La pluie a érodé son cœur a la façon d’une montagne de pierre perdant ses à pics sous la force du torrent. L’eau a coulé dans son torse, l’eau a noyé l’horloge mécanique de son cœur. Plus de tic tac, plus d’espoir, la dernière certitude de s’échapper, réduite à néant. C’est déjà trop tard, au fond, alors il rentre lentement. Il est trempé, il est fatigué, son esprit a foutu le camp. Et peut-être qu’il a trop tiré, et peut-être qu’il a trop forcé. Alors il erre dans Milan. Alors il cherche le chemin de chez lui, de cette baraque trop grande constituée de pierre bien trop blanche. De cette baraque écarlate où le sang de sa mère a imbibé certaines lattes du parquet. De cette baraque qu’il doit détester au moins autant que la ville tout entière. Mais il ne veut pas en parler. Alors il évite d’y penser, alors ses doigts cherchent ses clés à tâtons, et il est juste là, éperdu par le froid, tremblant de peine et de douleur.

    « Sôma ? »

    Sa voix est rendue rauque par le froid, par les larmes qui ne coulèrent pas. Il le cherche du bout du regard, de ses pupilles aussi grises et ternes que la lame émoussé d’un vieux poignard. Il est fatigué De ce jeu, de leurs faux-semblants. Il est fatigué. Fatigué de faire semblant, fatigué de vivre avec ses fantômes. Fatigué de leur faire croire à tous que la mort de sa mère a réellement comptés. Ce n’est pas le cas, ça n’a jamais été le cas.

    Tout ce que tu cherches, au fond, Psuchè, tout ce que tu as jamais cherché, c’est une raison d’exister.

    « Sôma… ? »

    Ta voix frôle les aigus, et tu trembles, et tu trembles, et tu trembles.

    Parce que maintenant, tu sais : tu n’aurais jamais dû persister.

{C’est pourri pardoooon T^T Tu m’aimes quand même ? D:
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Sôma [Psuchè Hadzis]

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MessageSujet: Re: And you and I we had the stars. [Psuchè]   And you and I we had the stars. [Psuchè] I_icon_minitimeMar 22 Mar - 8:55

Il fallait bien tenter et lorsque sa voix avait lâché les premiers mots d’un caprice il avait eu un peu peur. L’impératif est un luxe à ceux qui ne s’énervent plus, à ceux qui t’aiment assez, toi tu n’es plus aussi sûr. Un homme était passé sous ta fenêtre, une radio sur l’épaule, la chanson était trop joyeuse. Le son de la pluie, pendant un instant, ne se plaignait plus assez, et sous les mots d’un amour bâclé murmuré par l’appareil tu avais eu peur de ce qu’il aurait pu te dire. Tu savais qu’il fallait payer chaque envie, c’était un accord tacite, une résignation. Mais la réponse avait coulé comme sur ta joue. Il arrivait. J’arrive. C’était aussi douloureux qu’un départ, et la voix de Psuchè avait un goût de cendres.

Et si le silence avait eu assez de souffle tu aurais trouvé les mots pour lui dire à quel point il était cruel d’avoir cette voix. Il fallait lui reprocher, à Psuchè, ses murmures qui te feraient tout regretter. Les mots qu’il choisissait si bien et qui feraient seulement éternellement mal. Il fallait tout lui reprocher à Psuchè, au fond. Il fallait le blâmer, l’appeler, lui hurler à quel point il est un salaud de se faire autant attendre, cacher passionnément le besoin de lui. Cracher dessus, aussi. Et toi tu le fais Sôma, tu l’aurais fait, s’il savait à quel point, éperdument. S’il savait. Le son de la radio avait à jamais dépéri avec les pas et la pluie pleurait à nouveau. Un silence avait meublé les mots, long et sec comme un premier amour. Et Sôma, t’étais-tu seulement reproché tes besoins ? Tellement que tu n’aurais rien répondu, seulement un sourire que tu lui aurais volontiers sacrifié.

Ces secondes muettes s’étaient chargées de regrets, et pour la première fois depuis hier ou jamais tu avais eu mal de sa douleur.
C’est une impression mais les maux de Psuchè te sont tous dus.
C’était un peu la vérité qu’il fallait assimiler, un mal-être à oublier. La tristesse de sa réponse était tendre et vraie, tu aurais voulu qu’il soit si près là, juste maintenant, et tu l’aurais serré un peu comme par amour, comme par magie, tu aurais étouffée sa peau surchargée de souvenir, son cœur que tu avais lentement scarifié.
Alors il y avait eu le clic, et lentement tes mains avaient déposé l’appareil là où il était, comme s’il avait glissé, mais sans le relâcher. A la recherche d’un appui tu avais attendu.
Et tes yeux cillèrent un instant lorsque tu croyais seulement avoir entendu ses pas. Le clic. La clé qui tourne avec ton cœur.

Sôma.
Sôma.
Sôma ?
Comme si la pluie l’avait balancé sous ta fenêtre. Des mots païens à ne jamais aligner. Un cadavre à la mer.
Tu avais joint tes jambes contre ton torse, les articulations blanchies sur le plastique de l’appareil que tu n’avais pas encore lâché. Tu ne savais plus quoi penser, ces mots étaient encore plus silencieux que le silence et tu ne savais pas s’il les avait réellement murmurés. Ces mots étaient ton prénom et pendant un instant tu t’étais senti tellement honteux d’exister aussi pleinement sur ses lèvres. Il fallait certainement s’en lamenter. La voix de Psuchè n’était que cendres et que feras-tu si tu la confondais avec la pluie ? La feinte de n’avoir entendu que les phrases étrangères de la pluie ne marchera pas, cette fois, et tu voulais tellement croire à ce prénom.

Alors tu ne dis rien et la seconde rafale t’avait emporté. L’interrogation dans la voix. Les cendres s’étaient brûlés. Et tu pensais réfléchir à une réponse, l’avance d’une promesse, quelque chose qui aurait sonné tendre, qui aurait sonné vrai. Il ne faut pas avoir cette voix, Psuchè, non, il ne faut pas dire ce mot-là, il faut à jamais ravaler.
Ce n’était pas vrai que tu comptais assez, Sôma. C’était seulement l’espoir dans chaque prénom.

« Oui, Psuchè. »

Aucune pointe d’interrogation, comme si tu comprenais. Le silence était peut-être mort mais les mots assassins ne comprennent jamais.
Tu t’étais relevé d’un bond, comme ça, brusque et quelque peu maladroit, et un pas devant l’autre tu l’avais retrouvé. Le visage inchangé, la pluie comme les larmes.
Et tu ne devais pas dire plus profond, ce n’était plus permis. Tu aurais voulu lui dire Je suis là, pourtant. Tu l'aurais dit. Tu avais peur qu’il ne le sache pas. Mais tu étais fier de ces mots, tu n’avais peut-être même pas réfléchi. Et il n y avait rien de plus vrai à tes yeux que ces mots-là, rien de plus beau en cet instant. Le génie de les avoir trouvés te faisait finalement sourire, bêtement, comme sans raison.

« Je suis là. Tu as un parapluie ? Tu es bien habillé ? Ne tombe pas malade. Enlève tes vêtements. Tu devrais prendre un bain. »


Tu l’avais dit et c’était peut-être un peu comique que tu puisses glisser une tendresse pas tout à fait exprès, emporté par cet élan qu’un sourire peut dangereusement provoquer.

Et tu souriais encore comme un enfant le ferait, exactement. Tu voulais aussi lui demander. Pourquoi mon prénom, Psuchè ? Aussi lointain était le murmure il s’était échoué sur tes genoux, Sôma, comme un flocon de neige égaré. Mais oui, c’était glacé. Mais oui, ça avait si vite fondu. Et lorsqu’il avait fondu il n’avait plus aucune raison d’exister.

Tu t’étais approché alors que le silence renaissait sur ses lèvres, les mots dont tu étais si fier pesaient un peu plus lourds à chaque seconde, tu aurais voulu que tes pas aient un bruit. Et tout doucement tu avais tendu les bras, tu les avais tendu si large, si fort comme si tu allais y accueillir tout un monde, toute une vie. Et tu les avais refermés sur lui.

Son corps chargé de pluie, chargé de froid, s’était doucement appuyé contre le tien et tu avais voulu être assez tiède contre lui. Mais le froid s’infiltrait lentement contre toi, et tu ne voulais plus te détacher.
Tu aurais aimé voir son visage mais le tien était trop loin, planqué contre son cou, trop loin. Tu souriais encore contre sa peau à jamais un peu glacée et tu te demandais bien s’il pouvait le savoir.
Tu voulais lui demander ce que ton prénom disait entre ses lèvres, tu voulais vraiment.

Mais pour le moment il fallait simplement sourire ainsi, à corps perdu comme s’il le voyait. Et ne pas demander, surtout pas tout gâcher.
Parce que tu savais que ton prénom murmuré par Psuchè n’était qu’un reproche à la vie.
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MessageSujet: Re: And you and I we had the stars. [Psuchè]   And you and I we had the stars. [Psuchè] I_icon_minitime

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