Cassidi Natale [Othello]
Membre- pactisant Sujet: Cassidi Natale. [Terminé] Mar 26 Avr - 10:25 « Take a look at my new toy It'll blow your head in two, oh boy Truth hits everybody »
la vostra identita ; nom ; Nataleprénom ; Cassidisurnom ; Casssexe ; féminindate de naissance ; 1er Mars 2001lieu de naissance ; Milansituation sociale ; célibatairemétier ; journalistenationalité ; italienne la vostra persona ; intérieur ; Cassidi Natale est une monomaniaque. Elle a axé sa vie sur une obsession ; son monde, sur un miroir où elle ne voit que ce que les mots disent ou ne disent pas. C’est à pile ou face. Pile, tu mens. Face, tu dis vrai. C’est aussi comme un jeu, un Reversi où le joueur n’aurait pas la possibilité de passer son tour. Un Othello à échelle humaine, dont les pions, en s’alignant, en se cotoyant, blanc, noir, blanc, noir , dessinent une autre réalité, un monde binaire où tout est rond mais où rien ne tourne. Pas de gris. Et le but de ce jeu, c’est d’aboutir à la vérité. Il n’y a rien d’autre que Cass souhaite entendre. Elle n’est pas là pour vous écouter déblatérer ; elle n’est pas là pour juger de la qualité des conversations auxquelles elle participe. Parlez-lui de votre dernier entretien d’embauche ou d’un attentat dont vous avez réchappé – l’intérêt intrinsèque que vous portera la jeune femme sera le même. Blanc, noir ? Elle s’en fout un peu, tant que vous lui dites la vérité. Parce qu’il n’y a que ça de vrai. Parce que la vérité n’a pas de contraire. Pas non plus d’axiome voilé d’ombres et susceptible de vous faire passer de l’autre côté du miroir, celui-là même où l’autre scrute votre reflet, une fois le mensonge proféré, dans un souci d’observance de ce médicament générique. Il est évident que cette marotte aille de pair avec une attitude méfiante. L’on ne peut même pas dire de Cassidi qu’elle préfèrerait que vous vous taisiez – les non-dits s’accaparent peut-être plus encore que les mensonges la tête de liste des choses qu’elle n’aime pas. Non ; elle peut seulement se contenter d’une défiance invariable et permanente, à la limite de la paranoïa, dès qu’il s’agit d’interagir avec son entourage. Blanc. Canular, mystification, galéjade, fumisterie, duperie, artifice, feinte, leurre, imposture, ruse, hypocrisie, dissimulation, antinomie, contrevérité, duplicité, omission – noir . Oh, ne vous y méprenez pas, Cass est capable d’apprécier quelqu’un. De développer une relation amicale, de tomber amoureuse, d’être irrationnelle. A ceci près que ce sera plus pour ce que vous dites ou ne dites pas que pour ce que vous êtes. Et d’une certaine façon, ce sont vos mots qui vous définissent à ses yeux – car il s’agit là d’actes, non ? De faits aussi sûrement ancrés dans la réalité-vérité qu’une claque ou une caresse. De même, qui dit méfiance dit empathie. Cette capacité à se projeter au-delà de ce que veut bien montrer l’autre, pour finalement crocheter ses états d’âme, émotionnels ou non, est certainement là la principale qualité de Cassidi. Et c’est bien, pour un être humain. Ça lui permet de baser son existence sur des fondations solides. D’avancer dans sa vie non pas sur une poutre – en équilibre précaire ! –, ni sur le fil d’un couteau, mais en suivant la route de brique jaune tout en étant son propre magicien d’Oz. Mais c’est encore mieux pour une journaliste. Ça ouvre des portes ; ça confère un flair sans pareil pour dénicher l’histoire que l’on tente d’étouffer, le scoop latent, le détail que l’on a jusque-là rechigné à lâcher. De fait, Cass est une excellente juge de caractères. Qui plus est, elle est de ces gens qui fonctionnent à l’instinct, en suivant l’intuition du moment, le pressentiment du devenir. Blanc. L’observateur extérieur ne saura cependant rien de tout cela. A la rigueur, s’il est lui-même clairvoyant, le doute effleurera son esprit que Miss Natale est à l’affût de la moindre vos paroles, du plus efflanqué et évité de vos regards. S’il lui a été présenté par une amie commune, il saura que ce n’est pas tant ce que cette amie lui aura dit de vous que ce que serez capable de lui laisser entendre qui déterminera la qualité de votre relation. Mieux encore, si l’observateur est très bon à son petit jeu, il devinera qu’avec Cass, il n’y a pas de capital de confiance. C’est-à-dire que rien n’est acquis. Que vous n’êtes qu’un chantier perpétuel, un château de cartes qu’il vous faut édifier à chaque nouvelle rencontre avec la jeune femme. Bien sûr, ce serait là un cas exceptionnel. Voire anecdotique. En outre, nous avons tendance à séparer empathie et instinct en deux entités distinctes. La première répondra de ses actes auprès de la seconde qui, forte de son commandement, ira biaiser, altérer, noir , votre capacité à vous abandonner à la précédente. Il n’est pas bon de s’en remettre à l’empathie à un point où elle ne fait qu’une avec l’instinct, de toute façon. Et l’instinct de l’observateur lambda, fort de ce qu’il peut déceler, lui fournira des éléments de réponse quant à ce qui se dissimule au-delà du disque sombre et attentif des iris de la jeune femme. Il lui dira qu’elle est plutôt introvertie, sans être timide. Du genre à ne rien dire tant que l’on ne l’y oblige pas expressément ou qu’elle n’y tient pas, mais à ne pas hésiter à ouvrir sa gueule lorsque la situation le réclame. Il lui dira aussi qu’elle est globalement individualiste. Qu’elle est une personne nonchalante d’une façon générale, qu’elle a néanmoins la gâchette facile lorsqu’il s’agit de sautes d’humeur. Il lui fera savoir, pour finir, qu’elle est une personne brouillonne. Oh, certainement pas idiote, mais brouillonne. Mal organisée. Agissant sur des coups de tête. Infichue de s’en tenir à ses plans. Moins posée qu’arbitraire. Grise ? extérieur ; Il y a la peau mate. Une chair aux reflets ambrés, sombres et bruns, qui dessine des reliefs tantôt maussades, tantôt diaphanes, tantôt éclairés. Elle se joue de la lumière comme elle se joue des ombres ; subsiste cette carnation absconse qui ne nuit pas au paysage. Oh, c’est là une belle peau, une peau de métisse. Mais on aime ou on n’aime pas. Cassidi aime. Ça lui rappelle un peu l’allure moirée du sirop d’érable qu’elle verse à flots sur ses pancakes au petit déjeuner, ou encore la teinte dont se colore son meuble le plus ancien une fois qu’elle en a ciré le bois. Même en hiver, lorsque l’absence de soleil se fait sentir, Cass apprécie le panel de couleurs se substituant aux précédentes – c’est pâli, désaturé, presque délavé, un peu moins flavescent. Mais ça reste joli, parce qu’il y a de la couleur et parce que ça tranche sur son monde en noir et blanc. J’absorbe. Alors elle se fiche de dévoiler ses membres en optant pour des hauts échancrés, elle se moque du mépris que pourront vomir les yeux sur ses bretelles à la frontière du subjectif. Après tout, ces regards-là ne mentent pas. Il y a le visage. Les traits fins et filiformes, les pommettes hautes, sous-tendues par une architecture faciale héritée de sa mère – toute en méplats. On note le relief des joues que des touches de rose habillent, on apprécie le nez en trompette, un peu large, qui surplombe des lèvres pleines. On suit le relief de ces dernières en songeant que Cass est une adepte des cosmétiques. On ne se trompe pas sur ce point, d’ailleurs. La jeune femme apprécie de se maquiller ; elle aime le choix de couleurs s’offrant à elle lorsqu’elle entre dans la parfumerie, elle savoure les odeurs des rouges à lèvres et autres fards à paupières comme l’on se délecterait du bouquet d’un vin prometteur. Sa préférence va à des pigments plutôt sombres, carnés, allant du terre de Sienne au rouge d’alizarine, en passant par le bordeaux et le rose framboise. Ça lui va bien. C’est un peu comme un jeu, une ironie fardée qu’elle retourne à ses interlocuteurs – son petit mensonge personnel. Et on pourra la trouver vulgaire, mais certainement pas laide ou quelconque ; surtout lorsqu’elle sourit, de ce sourire qui en creuse d’autres dans ses joues, en la présence de fossettes qui savent se faire désirer. Viennent les yeux. Vaguement plissés, ils présentent quelques rides de concentration sur leur versant latéral. Vous les trouverez souvent rehaussés d’un coup de crayon tirant sur le noir, mais vous oublierez la nuance sombre de ce dernier en contemplant les iris qu’ils surmontent. Bien habile celui qui pourrait faire la différence entre ces derniers et la pupille qui s’y dissimule – les deux teintes se confondent et s’ignorent. Noirs ! D’ailleurs, leurs victimes les aiment rarement, ces yeux ; trop grands, trop scrutateurs, trop attentifs à ce qu’ils ne voient pas eux-mêmes. Il y a les cheveux, aussi. Rideau de nuit, aile de corbeau, tentures de velours noir se dédoublant en mèches épaisses. Ils ne se contentent pas d’encadrer le visage de la demoiselle de leurs lourds appendices. Non, ils dérobent au regard la nuque de cette dernière, enchaînent en voilant d’ombres le délié de ses épaules ; non contents de ces larcins, ils achèvent pour une bonne partie d’entre eux leur trajet sur le front de la jeune femme. C’est à croire qu’ils s’y plaisent en particulier. Le pan de chevelure y est encore moins régulier – ses lames folles viennent lui barrent le visage, cisailler ce regard qui déplaît et le réfréner comme autant de digues. Cassidi s’en fiche un peu. Elle les traite comme l’on s’occuperait d’un ongle ; un coup de ciseaux lorsque la longueur le réclame, un soin plus particulier en cas de carences nutritives. Ça s’arrête là, dans sa tête. Il y a donc tout cela. C’est sûrement ce que Cass elle-même citerait si elle devait se décrire – brune, peau mate, yeux noirs, tenues légères, et alors ? Et alors, ce n’est pas tout. Il y a tant d’autres détails qu’elle ne saurait pointer d’une pensée plus examinée qu’une autre, tant de petites choses qu’elle a cessé de voir dans le caniveau où elle les a écartées. Imaginez la jeune femme qui se coulerait sur le siège passager ; imaginez ce que vous, conducteur, pourriez alors lire dans les fragments de miroir que vous assembleriez d’un simple coup d’œil. Vous la trouveriez sans doute normale. Vous abandonneriez à son jeune âge les t-shirts échancrés, le maquillage un brin provocateur et les jupes aux mousselines qui suggèrent plus qu’elles ne dévoilent. Sans hésiter, vous mettriez sur le compte du laxisme des géniteurs l’éclat d’anneaux à sa lèvre inférieure, à ses oreilles. Il y a des chances que vous trouviez ça grossier, tout cet apparat, ce lest sur un corps qui s’exhibe déjà trop. Vous ne seriez pas plus rasséréné s’il vous venait à l’esprit que la donzelle s’en fout. Regard fixe, intense, qui gratifie votre pare-brise de l’attention qu’il ne vous accorde pas. Menton déjeté dans les hauteurs, posture à la fois droite et désabusée. Ce sont là les termes que vous utiliseriez pour qualifier l’attitude de la gamine à côté de vous. Comme elle ne vous parle pas, vous admettez que les bonnes actions, comme de prendre une auto-stoppeuse pour un bout de trajet, ne sont pas toujours récompensées. Puis un vrombissement, ténu mais insistant, attire votre attention, allié à du mouvement dans la limite externe de votre champ de vision. Vous remarquez l’abeille – celle qui loge dans le cou de la fille, non loin de l’angle de sa mâchoire. Alors vous cherchez à la chasser d’un revers de main. Et vous vous payez le revers de Cassidi dans la gueule. L’abeille, on n’y touche pas. la vostra vita ; histoire ; « Even when it hurts, Breathe it, breathe it »
Il n’y a pas grand-chose à raconter sur Cassidi Natale. Pas non plus de hic de parcours à rapporter, ou même de hoquet spécifique à signaler dans la courbe qu’a jusque-là décrit sa vie. Naissance, maternelle, école primaire, collège, lycée, bac, études. Concernant ces dernières, Cassidi a choisi de s’orienter vers le journalisme. Logique, lorsque l’on est familier de l’envers du décor. Elle opta donc pour une fac de sciences politiques en plein cœur de Milan. Le concours réussi, elle logea le temps de ses études dans l’appartement que ses parents, vivant dans une commune un peu éloignée, louèrent pour elle sans hésiter. Après trois ans d’un rythme appliqué, la licence tomba. Cass enchaîna sur un master de journalisme, entrecoupé, de temps à autres de petits stages dans des rédactions plus ou moins reconnues. Puis ce fut le diplôme, et la fin du début ; son premier emploi lui fut acquis alors qu’il lui semblait encore qu’elle passait son bac et son permis la veille. Elle trouva donc du travail dans l’un des papiers locaux milanais. Certes, en arrivant, elle commençait au bas de l’échelle et certes, on pouvait trouver plus satisfaisant dans l’immédiat en termes de reconnaissance sociale. Néanmoins, le salaire restait correct et Cassidi trouva rapidement à son goût les tâches que l’on lui confiait. Elle contribuait à la rédaction de certains articles, se chargeait parfois seule de colonnes plus discrètes dans le produit fini. Mais surtout, la direction ne fut pas longue à se rendre compte des rares capacités de la jeune femme à obtenir des informations juteuses. Il fallut un an avant qu’elle ne se retrouvât sur le terrain, à interviewer et prendre des notes pour de futurs papiers, aussi souvent qu’à son goût. Et comme ça plaît à Cassidi, tout ça, ça devrait suffire. On pourrait ajouter qu’elle a eu la chance d’avoir des parents on ne peut plus normaux. Un père informaticien, une mère pharmacienne. Un petit frère, qui prit le chemin de la maturité sans passer par la case crise d’adolescence à cent quatre-vingt quatorze décibels. Situation familiale stable, background économique suffisamment ample pour pallier à tout problème éventuel – oh, oui, ça devrait suffire. A être heureux. A ne pas se poser de questions. A tracer sa route dans son coin, jusqu’au Saint Graal trop peu médiatisé du mari gentil et du marmot qui chie sur la moquette. Mais non. Des fois, c’est tout simplement dans vos gènes que ça se passe. Du côté de tout ce qui ne brisera jamais le silence et étouffera pourtant tous ces beaux discours sur l’indéterminisme. Est imprimé dans vos précieuses petites cellules un nombre incalculable d’informations qui, téléscopées, vous donnent l’impression d’être responsable du moindre hoquet de votre existence. Sauf que s’il est vrai que l’on a toujours le choix, ce dernier se limite au couloir ouvert par le fragile collier de nucléotides et d’histones. On n’a pas toujours beaucoup de latitude, donc. Cassidi, conditionnée par cet étroit goulet et son environnement familial et social, a fini par arriver au tournant où elle se trouvait attendue. Peut-être aurait-elle pu lutter un peu plus que cela. Peut-être aurait-elle pu en parler avec ses parents, en discuter avec un médecin, débattre avec une amie – choisir une autre voie. Mais il est d’autant plus facile de s’engager sur une voie que l’on pense avoir choisie que l’on n’a jamais le sentiment d’être dans le tort, dans le faux, dans le noir . Ah ! A sa décharge, tout ceci a commencé très tôt – l’obsession. Le besoin compulsif de savoir, de gratter la couche de vernis pour en arriver à la strate d’origine, certes moins agréable à la vue mais ô combien plus douce au toucher. Contrairement aux idées communément admises, il n’y a pas besoin de se trouver détenteur d’un QI plus aiguisé qu’un autre pour développer des tocs. Et Cassidi est bien loin de ces gosses brillants qui peuvent puiser des excuses dans les statistiques d’un cabinet de psychologie ; elle n’a jamais été spécialement intelligente. Ni même spéciale. Certains développent une phobie des araignées, d’autres de l’eau, d’autres encore du peigne à cheveux. Pour Cassidi, ç’a été le mensonge. Gosse, on baigne dans le mensonge, pourtant. On vous explique que la cuiller d’épinards est un avion paré à atterrir dans le hangar de votre bouche – sans doute pour satisfaire vos fantasmes précoces de jet privé. On vous dit que la petite souris remplace vos petites dents par des petites pièces, que le Père Noël ne vit que dans l’attente de vous couvrir de cadeaux si vous avez été cool avec ses elfes-espions. En primaire, on vous certifie qu’il est impossible de retrancher un nombre à un autre plus petit que lui. Alors qu’un coup d’œil à un thermomètre ou aux relevés de comptes de vos parents vous apprendrait que c’est possible. On vous aura sans doute parlé, également, d’une histoire de petites graines venues dissiper un moment gênant autour du dîner. Si vous avez eu l’habitude d’être chiant avant d’aller vous coucher, on vous aura aussi raconté des histoires à propos de l’infâme Boogeyman ou du Grand Méchant Loup. Mieux encore, on est content d’y baigner. Vos parents aussi, rassurez-vous. Comme ça, vous mangez votre purée. Comme ça, vous êtes prêt à vous arracher une dent qui serait tombée deux jours plus tard pour le plaisir d’être riche. Comme ça, vous faîtes des efforts pour être sage toute l’année, même avec ce petit con de fils des voisins, même avec Madison qui vous a tiré les cheveux à l’école. Comme ça, vous vous prenez pour un génie des maths, et vous le vivez bien. Et puis les petites graines c’est le top de l’explication scientifique ; quant au croquemitaine, aux monstres sous le lit, vous en faîtes votre affaire, puisque votre tigre en peluche s’appelle Hobbes. Le must dans tout ça, c’est qu’au matin du 25 Décembre, Sherlock Holmes est votre ami lorsque vous passez la maison au crible afin de trouver des traces de passage de Monsieur Santa. Ces histoires, Cassidi Natale ne les a pas aimées. Elle a en particulier détesté l’allure de ses parents alors qu’ils abordaient ces sujets – le sourire complaisant, la fausseté du carillon de la voix, la retenue dans les muscles du visage. C’était comme s’ils portaient des masques. Que tout ce qu’ils racontaient trouvaient un écho désagréable dans sa tête, un peu comme si leurs voix se dédoublaient pour crisser à la façon d’une craie sur un tableau. Ce n’était même pas le sentiment d’être prise pour une imbécile qui la dérangeait, puisqu’elle ignorait encore la notion de condescendance. Il s’agissait plutôt du tableau que ces petits détails, tout en sourires affectés, s’appliquaient à peindre. Car, bon Dieu, qu’est-ce que c’était que cette manie de dissimuler, cacher, voiler, étouffer, rogner ? Non, décidément, Cassidi n’aimait pas ça. Elle en a voulu à ses parents. A ses maîtresses d’école. A ses camarades de classe, en maternelle d’abord, puis en primaire, et enfin au collège. Et c’était maladif, c’était viscéral. Ça la bouffait quand elle entendait une amie lui raconter qu’elle avait terminé première à un championnat d’équitation, alors qu’elle savait parfaitement qu’elle s’était rétamée parce que son canasson avait refusé l’obstacle. Ça lui donnait envie de hurler lorsqu’elle voyait une pétasse enchaîner les mensonges à propos d’une pseudo rencontre avec une starlette hollywoodienne. J’ai eu quinze en histoire, maman – j’ai eu cinq en réalité, mais tu seras sûrement trop bête pour constater que j’ai rajouté un chiffre à la note, ou pour trouver que ma moyenne est basse, à la remise des bulletins . J’adore ta tenue, ce soir ! – seigneur, on t’a jamais dit que c’était un crime contre l’humanité que de mélanger carreaux et rayures ? Voilà la monnaie de la baguette de pain – j’ai gardé dix centimes, parce que je suis un génie du crime . Clint Eastwood était mon arrière-grand-père au troisième degré – gosh, ça veut rien dire, mais tu vas d’autant plus gober cette histoire . Et plus on grandit, plus les mensonges s’étoffent, jusqu’à jouir de cette perversion que le morveux n’acquiert qu’après s’être fait claquer quelques portes dans la figure. On ne trouve même plus anormal de mentir. On n’a même plus peur d’être découvert ; le karma, c’est plus un mythe que ce qui va effectivement vous péter à la gueule un jour ou l’autre. On ment à ses parents : des histoires d’argent, de paquets de clopes arrivés là comme par magie, d’avortement qui ne vous est jamais arrivé. On ment dans son CV : on est dynamique, on est génial, on n’a jamais été viré de son précédent job. On ment à son prof, si ça peut aider la note à grimper. On ment à ses enfants, parce que les problèmes de couple de papa et maman ne les concerneront que le jour où le divorce surprise surviendra. On ment à sa femme à propos d’une liaison qui n’a jamais – jamais ! – été. On ment à son médecin, parce qu’il est sans doute trop con pour piger que vous êtes alcoolique. On ment à ses amis, quand on leur dit que tout va bien alors que l’on est à deux doigts d’avaler un tube d’antidépresseurs, ou lorsque l’on prétexte une céphalée pour éviter d’avoir à tenir la chandelle lors d’une soirée. On prend la fuite quand on renverse un type en voiture, avant d’expliquer aux flics que non, ce n’était pas vous sur la caméra de surveillance. Quand un mensonge nous rattrape, on en invente un autre. Noir ! Et finalement, on se ment à soi-même. On devient un fantôme. Cass n’a jamais pu surmonter son obsession. Si elle en avait eu le courage, elle se serait crevé les yeux et les tympans, avant de refuser tout soin ultérieur. Elle a appris à s’inventer des œillères en évitant tout ce qui pourrait laisser planer un doute quant à un mensonge. Elle a dépensé des fortunes pour trouver des écouteurs et autres casques audio toujours plus performants, capables ainsi d’occulter le brouhaha ambiant – cette potée de mensonges qu’elle refusait d’ingurgiter. Elle a mis un point d’honneur à ne jamais céder à la rage ou à la panique en public. A offrir à ses parents ce sourire épanoui qu’ils attendaient. Ces derniers ont gobé ce qui restait un mensonge. Il faut savoir qu’un parent n’aime pas que son rejeton souffre de troubles mentaux ; il devient alors difficile de trouver une solution qui ressemblerait à un comprimé. Il y a eu des moments plus ardus que d’autres, bien sûr. Comme lorsque cette fille souffrant de mythomanie avancée s’est retrouvée dans sa promo, à la fac. Ou quand son premier copain, à la rédaction du journal auquel elle participait au lycée, lui a allègrement menti quant à sa fidélité. Ou encore en écoutant les infos au journal de vingt heures, en balayant des yeux des interviews dans les journaux. Rien de tout ça ne passait. Alors elle se taisait, alors elle serrait les dents ; elle tendait la main vers son iPod et tout allait mieux. Encore du noir. C’est devenu encore plus difficile pour Cassidi Natale lorsqu’elle s’est adonnée à la paranoïa. C’était lorsque sa licence à sciences po touchait à sa fin. Elle en a eu marre, elle n’est pas allée aux cours du soir. Elle a préféré rentrer chez elle et jouir du silence dans son appartement. Le printemps était déjà bien avancé, et comme il faisait bon, elle s’est installée sur son balcon, les jambes pendant dans le vide depuis la margelle où elle s’était juchée. Une bouteille de porto blanc dans une main, un verre dans l’autre, elle est restée là plusieurs heures, à s’interroger sur la véracité des propos que la supérette d’en face affichait – ouvert sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre . Cela signifiait-il que, le porto fini, elle pourrait descendre et y trouver un autre millésime ? Ou est-ce que c’était encore une connerie de marketing ? Elle a fini par lever les yeux, au niveau d’une fenêtre éclairée. Les silhouettes d’un couple qu’elle ne connaissait pas se découpaient en ombres chinoises sur les rideaux tirés. La femme épuisait son énergie en de grands gestes nerveux, cependant que son mari circulait autour d’elle, au moyen d’enjambées qui n’auraient rien eu à envier à celles d’un sprinteur. Ils avaient l’air de s’engueuler. Ça devait mentir à tout va. Cass ne s’est pas attardée plus longtemps sur le spectacle. Elle a encore hissé plus haut encore son regard, au-delà de l’immeuble, au-delà des cheminées et des antennes de télévision ; vers la lune rouge. Elle en avait entendu, des mensonges, à son sujet. Beaucoup trop. Pourtant Cassidi est restée figée devant le globe moiré, comme si, pour une fois, elle avait envie de croire aux soupirs grappillés entre deux arrêts du tramway. « J’en ai marre du porto. J’aimerais bien boire de la vérité. » C’est ainsi que la jeune femme s’est laissée tenter. Tout simplement. Elle ne perdait rien à laisser quelques mots franchir la barrière de ses lèvres. C’était ce qu’elle pensait alors. En soi, elle n’avait pas tort. Et puis, pour une fois qu’elle parlait de ça, même à la lune. Ses paroles ne gagnèrent jamais d’oreille humaine ; son souhait se perdit dans la ville, étouffé ici d’un coup de klaxon, là du rire d’un parieur ravi, là-bas d’un mensonge soufflé sur l’oreiller. Et Cassidi ne trouva pas plus bizarre que cela d’embrasser une abeille noire et blanche. Pas plus qu’elle ne trouva étrange de la gratifier d’un prénom – Othello. Après tout, elle avait toujours aimé ce jeu. Elle découvrait qu’elle avait encore envie d’y jouer. Les pions blancs commencent. un mostro? ; rang ; Bpouvoir ; Il s'agit de pousser l'interlocuteur à dire la vérité à Cassidi. Il y a néanmoins deux conditions à remplir avant que la jeune femme ne puisse mettre en action son pouvoir. En premier lieu, il faut que l'interlocuteur lui ai effectivement menti quant à une information, ce qui signifie qu'elle ne peut pas se pointer et confronter l'autre en lui demandant, de but en blanc, de lui dire la vérité à propos d'un sujet. Ensuite, il est nécessaire que Cass soit persuadée au plus profond de ses tripes que son vis-à-vis lui mente. Si elle n'en est pas certaine, ou qu'il ne lui a pas encore menti, son pouvoir ne s'appliquera pas. Il va de soi qu'elle ne pourra pas non plus forcer un stella à lui dire la vérité. Mais ce sont là les seules limites, avec celles qu'implique la contrepartie.contrepartie ; Une fois son pouvoir utilisé, Cassidi se trouve obligée de mentir comme un arracheur de dents. De façon totale et absolue. Elle sera incapable de dire quelque chose de sincère, voire de tangible. Cette période de mensonge forcé est de durée variable - il peut ne s'agir que de trente secondes comme elle peut en arriver à jouer la mythomanes durant une heure. Il est à noter que si elle utilise son pouvoir plusieurs fois d'affilée, les effets se cumulent de façon exponentielle. Ainsi, la durée de la contrepartie augmentera, mais surtout, elle en arrivera à ne plus rien pouvoir dire qui ait un tant soit peu trait à ce qu'elle a en tête. Il s'agit donc là d'une limite à son don. A savoir qu'elle ne pourra pas tirer sur la pompe à fric indéfiniment puisque, passé un certain seuil, elle ne sera plus capable d'en appeler à la vérité de l'autre. Il faut savoir que si elle utilise son don sans raison - par exemple, pour tenter de faire cracher la vérité à quelqu'un qui ne lui a pas menti -, la contrepartie s'appliquera malgré tout.camp ; July. Connaître la vérité, c'est important lorsque l'on est une brave gamine. la vostra stella ; type ; Ombranom ; Othellorelation ; Cass ne sait plus vraiment si elle a pactisé ou non. Elle ne fait pas confiance à ses souvenirs. Elle a conscience d’Othello, elle a conscience de l’abeille qui l’accompagne partout, à chaque heure de sa vie. Elle sait qu’elle peut obtenir la vérité en la réclamant. Elle sait qu’elle doit mentir en contrepartie. Sauf qu’à force de mentir, elle a du mal à maintenir une barrière entre ses mensonges et sa propre réalité – et ça, elle ne s’en rend pas compte. Tant et si bien que l’abeille n’est pas seulement un bourdonnement près de son oreille, mais également dans sa tête. Il y a des jours où elle l’entend, d’autres où elle ne l’entend pas. Des jours où elle se considère comme une pactisante, d’autres où elle ignore Othello. Cela ne l’empêche pas d’apprécier son stella ; elle considère l’insecte comme l’être le plus important de son existence et ne laisserait personne lui faire du mal. Même lorsqu’elle l’oublie, elle continue à protéger l’abeille. Othello, elle, a appris à s’attacher à sa pactisante, au sens où la jeune femme lui permet d’exister tant que le pacte perdure. Mais elle est impartiale ; elle ne juge pas Cassidi, elle ne l’apprécie pas, elle ne la déteste pas non plus. Elle est un peu comme la vérité, à sa façon – elle n’assène pas de coups, son sourire n’a rien de charmant ; elle se contente d’être là, à la façon d’une ombre ou d’un spectre. en faire un prédéfini? ; A moins que ça n'amuse terriblement quelqu'un de jouer une abeille ... On va dire non. voi ; prénom ou pseudo habituel ; Vito.avatar ; L’OC Raven de ravenskar sur deviantART.avez-vous lu le règlement? ; Non. Validé par Vito. (Quand même.) comment avez-vous connu le forum? ; L'ubiquité peut faire des miracles, en fait! un mot à dire? ; ♥ . Pis bon vous m'excuserez mais j'ai pas assez trouvé de fanarts d'abeilles - allez savoir pourquoi - pour en faire un avatar qui me plairait et n'aurait pas l'air con pour Cass. Parce que sérieusement, quand tu trouves une abeille, c'est un truc entre Miel Pops et les petits jouets pour gamins, donc question crédibilité je ... je passe mon tour. Par contre j'ai trouvé un truc rigolo. Ah oui pis j’hésite entre rang B et rang C. D’un côté elle est pas vraiment puissante et elle finit par s’auto-court-circuiter avec ses pouvoirs, d’un autre côté ça peut être utile. Et surtout, les stellas de rang C ne permettent apparemment pas spécialement des pouvoirs psychiques, ce qui est plutôt le lot des stellas Ombras, qui eux-mêmes sont majoritairement des rangs B mais pas des rangs C. Donc c’était plus une question de calcul et de déductions que de choix. Bref je m'embrouille là je crois. Spoiler:
Dernière édition par Cassidi Natale [Othello] le Dim 1 Mai - 5:33, édité 1 fois