500 km/s. C’est la vitesse avec laquelle Nemo appréhende chaque journée et peut être les trois quarts de sa vie terrestre. Est-ce une réminiscence de sa nature d’étoile ? Ou bien, le résultat d’une mauvaise équation ? Toujours est-il qu’elle est le moteur d’un caractère fripon et exubérant. Il est malicieux, c’est un espiègle qui aime sortir, un tantinet mutin et très coquin. Il se plaît à alimenter les ragots des vielles commères aigries. Il adore les propos piquants, peu raffinés, parfois grivois et se moque des manières tant bourgeoises que paysannes. Les hommes et femmes sont attrayants, amusants et source d’un questionnement incessant. Ils le flattent et nourrissent sa nature vive. Nemo les épie, les guette et veut les fasciner avec orgueil de la même façon qu’ils ont de le subjuguer. Il est un bavard au discours charmeur et enjôleur. Il se prête à tous les jeux et, ceux de conquêtes sont bien sur les meilleurs, surtout, dans les moments froids d’hivers qui l’abandonnent à la seule chaleur de ses mains glacées.

Il est ainsi un coureur invétéré qui n’a pas le cœur tendre sauf, pour un « deux » qu’il n’atteindra jamais. Il veut et quémande l’impossible parce qu’il est à l’image des humains et de leur faim. Il a appris le sexe, là où, les enfants apprennent à compter et sait dresser les vierges effarouchées. Nemo est un feu d'artifice, un jeune homme qui s’expose sans pudeur et sans complexe. Il illumine les scènes de ses rires, chante, danse, boit, couche, drague, mord, pleure et recommence parce que lorsque le monte gravite autour de lui ça l'excite. Peu importe ses exubérances et son caleçon à fraise, du moment que ses pactisant ne cessent de l'aimer tout entier il ne s'arrêtera jamais.

Nemo, on peut rapidement en faire une overdose et dés fois on ne peut plus s’en passer. Il prend la place, s’installe et s’impose tant et si bien qu'il finit souvent par écœurer. Et quand on veut enfin l'attraper, c'est déjà trop tard il s'est envolé. C’est un fonceur qui a le poing aussi tendu que la langue pendue. Un incorrigible rebelle qui ne connait que la débauche et la fête. Il s'affirme même dans sa paresse : Ce ne sera pas la reconnaissance sociale après le travail, mais les viennoiseries et autres pâtisseries après les coucheries. Au-delà de ça, s’il est le symbole de la frivolité, il est aussi quelqu’un sur qui on peut compter bien que piètre conseiller. Il n’est pas rancunier et ne semble prendre rien au sérieux pas même, sa santé. Il n'a pas appris la mélancolie et les soucis. Au fond, il s'en complexe et s'en trouve intimidé incapable d'aborder les sujets sensibles, de se confier et encore moins de consoler. C’est vrai, c'est un clown et à plusieurs égards un stella envahissant. Son existence sur Terre ne rime qu’avec promesse, voeux et enchantements. Peut-être, même, disparaitra-t-il un jour:Réduit en un nuage de poussière! Car, Nemo est, et reste pour toujours, une comète tombée du ciel.

Il y a des personnes qui veulent le beurre et l’argent du beurre. Nemo est un excentrique qui ne sait se fixer aucune limite. La drogue, l’alcool, le sexe, les extrêmes il en dépend et en survit. Les boîtes de nuits, les discothèques et les quartiers illuminés sont ses endroits préférés, des lieux où les gens s’affolent et où il ne rencontre que chaleur humaine fiévreuse et malsaine. Face à un tel tableau, il est dur de croire que le jour Nemo est un compatriote calme et doux, très gourmand et bon catholique qui se rend chaque dimanche matin à la messe. Le stella est polyvalent à souhait. Et, il ne le serait peut être qu’avec plus de difficulté s’il ne possédait pas le physique passe partout idéale et une originalité fraiche. D’une taille moyenne agréable et élancée, il possède un visage aux traits symétriques qu’on ne retient pas, mais qu’on n’a jamais assez contemplé. Les yeux bleus en sont rieurs, leurs cils d’un noir d’encre jettent des ombres étonnantes sur des joues hautes et le bas d’une mâchoire à la carrure un tantinet féminine, démentit par un sourire charmeur et une séductrice fossette gauche. Son buste frêle typique du jeune âge et de l’adolescence ne joue pas en faveur de sa virilité, cependant il sait tirer partis de cette maigreur qu’il souligne pour ses soirées gays et les femmes aux caractères protecteurs. Nemo considère la drague et le quotidien comme un constant jeu de rôle et ne se lasse pas de changer de peau, passant du bon prêtre au junkie allumé, de l’homme mûr et affairé à l’adolescent rebelle et contrarié. C’est là que vient le deuxième avantage de ce corps pale et long que l’on caresse sans trop y penser, il n’a pas de forme précise et peut tout porter. Nemo s’en sert comme d’un cintre et enfile les vêtements avec aisance. Les habits lui vont souvent sans plus, mais jamais mal. Il a appris à ne plus détester son apparence effacée. Nemo s’il manque parfois de conversation sur la politique a des avis sur la mode très arrêté et les fait partager par le biais des essayages forcés et achats compulsifs à souhait. Les pulls un peu larges en cachemire ou en laine et les chemises élégantes à manches courtes sont ses tenues préférés. Il ne nie pas non plus apprécier les jeans de marque et leur coupe élégante incomparable aux produits manufacturés de seconde zone. Ce ne serait pas un problème s’il travaillait sauf que le blond est paresseux, qu’il a les doigts lestes et qu’il ne se prive d’aucune demande, ni contrariété. En effet, car, puisque Nemo est si attachant –ou exaspérant- qu’on finit tous par craquer il se dit qu’au fond ce n’est pas lui, le vrai souci.

16h33. Un réveil sonna. Le son se propagea au cœur d’une petite chambre d’hôtel exigüe, assombrie par les tentures foncées de ses rideaux qui claquaient sous les va et vient d’un vent tempétueux. Les bourrasques s’infiltraient au grès d’une fenêtre entrouverte sur un ciel d’Italie pluvieux, dont les grondements coléreux couvraient les « bips bips » stridents répercutés en échos le long des murs. Une plainte agacée se fit entendre suivit d’un mouvement de tissus froissés. Une main émergea du lit défait centre de la pièce et claqua avec frustration la commode de chevet. Des ongles raclèrent la surface du bois lisse accompagnés de plusieurs marmonnements inintelligibles. Les doigts pâles avançaient à tâtons, mais surtout en vain, à la recherche de l’alarme poussée comme à contrario sur l’autre versant du meuble. Un bruit sourd survint agrémenté d’un cri outré et une tête blonde daigna sortir des draps emmêlés non sans jeter, un regard scandalisé à la silhouette qui lui était voisine. Son propriétaire s’assit -passablement décoiffé- et d’un coup sec frappa le réveil du poing qui se tût en un grésillement de radio usagée. Les côtes encore douloureuses d’un coude bien placé, Nemo quitta le cocon chaleureux former par les édredons verts un peu sale pour se retrouver debout et nu, en proie aux rafales automnales serpentant le maigre espace, entre les tapisseries mangées aux mites et la moquette trouée jaune canari. Une odeur de brûlé lui monta aux narines et il se massa la nuque gêné de découvrir que le réveil dégageait désormais, une inquiétante fumée noirâtre. Le jeune homme se racla la gorge soucieux, mais sa culpabilité eut tôt fait de s’envoler quand un élancement au creux des hanches lui rappela la tendresse matinale de son compagnon. Il sourit tel un cancrelat et alors qu’il récupérait ses habits éparpillés au sol, il se dit goguenard que son meilleur ami de vie -comme de coucherie- ne verrait sans doute aucuns soucis à payer l’addition et les frais de réparations pour lui. Satisfait de sa gaminerie, il se rhabilla avec hâte et quitta la chambré à pas de loup y abandonnant un capharnaüm sans nom et sa veste en lin, accrochée au portique d’entrée dans une galanterie provocatrice.

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Nemo renifla d’un air mutin et remonta son écharpe bleu pimpante sur son nez rougit par le froid. Un sac de croissants chauds à la main, il regardait avec une fascination débordante les devantures sophistiquées des magasins de la « Galleria Vittorio Emanuele II ». Il avait toujours adoré cette allée si particulière et interdite aux gens de la caste sociale moyenne, car, c’était là le célèbre salon de Milan réputé pour réunir les échoppes bijoutières, vestimentaires et les compagnies restauratrices les plus onéreuses du monde. Un détroit qui s’étendait aussi grand qu’une gare, protégeait par de puissantes arcades en marbre d’époque romaine et une splendide coupole de verre et de fer, sous laquelle, se pressaient d’innombrables passants que le Stella analysait avec un intérêt scientifique. Des touristes, telle la petite fille à l’adorable bouille installée sur les épaules de son père, un homme ravi aux allures de célibataire endurcit, des stars aux sourires jamais fanés prêtes à tout pour un semblant de publicité, des fortunés et leur garde rapprochée, puis plusieurs trafiquants et mafieux. Le blond marchait avec nonchalance quand il repéra une grande dame passait seule. Elle avait des traits forts accentués par le mépris et empreint d’une prestance hautaine qui laissait les gens décontenancés. Une jupe stricte cinglait sa taille et le col de sa chemise blanche était finement brodé, dans une dentelle de qualité. Il émanait d’elle une impression charismatique, qui était du à l’assurance. Elle faisait partis des riches, mais pas des célébrités. Une femme qui compensait un manque de beauté et de jeunesse par une incroyable confiance en soi. Il la trouva en cela, très attirante. Une travailleuse forte -proche de la cinquantaine-qui avait du se dresser au plus haut à l’aide de ses seules ambitions. Il imagina une gamine acharnée qui avait évoluée sans affection. Peut être, une enfant battue et rabaissée ? Cette insupportable supériorité serait le fruit de son orgueil piétiné. Il arracha un morceau de pate tiède à un croissant et le fourra dans sa bouche à la gorge brulante, irritée par le rhume. Une amante sûr…Pas une maîtresse, plutôt une épouse calculatrice qui veillait dans l’ombre à la bonne tenue des affaires dans la fébrile attente de devenir veuve. Il aimait ce genre de femmes. Il finit de mastiquer et lui revint en tête les propos un soupçon moqueur d’Ares et Osiris. « Tu as une imagination débordante, Nemo. » Il le prenait comme un compliment de la part d’Osiris, mais pas d’Ares. Son visage se fit tendre et ses yeux brillèrent d’une lueur intense alors qu’il songeait à ses deux pactisant. Il s’était promis de venir un jour les emmener manger ici, quoi que pour cela, il faudrait qu’il commence à travailler. Il fronça les sourcils contrarié et se sortit le croissant entamé du paquet. « Mais, regardez moi ces petits bourlés grassouillets ! Nemo, tu n’aurais pas encore abusé des gâteaux ce mois-ci? » Plaisanta la voix d’un des jumeaux dans son esprit. Un tantinet frustré, il hésitait à reposer la viennoiserie lorsqu’il glissa sur un papier mouillé et renversa le sachet plein par terre. Il eut un hoquet et c’est choqué qu’il se retrouva étendu sur les dalles aux milieux de son gouter, le pied collé à la première page du journal d’aujourd’hui. Dans un effort de dignité perdu, il se redressa et arracha la malheureuse feuille responsable à sa semelle. Les lignes imprimées avaient été rendues illisibles par l’humidité, cependant la date, elle, était encore compréhensible. On était le 2 septembre 2026 et ça lui coupa efficacement l’appétit.

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Il contemplait le ciel depuis une lucarne en demi-lune, celle de la chambre qu’il occupait dans l’appartement milanais d’Ares et son frère. Une banlieue correcte au sein du quartier étudiant que déjà, peu, parvenaient à se payer. La nuit était tombée et il attendait avec une impatience palpable que sa montre indique minuit. En tailleurs, sur un lit modeste recouvert d’une nuée de coussins extravagants, il avait disposé une part de cake irrégulière -découpée par ses soins- et y avait planté une bougie symbolique. La mince aiguille des minutes s’égrena soudain vers le 55 et il retint son souffle. Il avait le ventre noué à présent, la nausée. Parce que pour l’Umana ce n’était pas n’importe quel soir, c’était ce soir. Ses poings se serrèrent et son cœur pulsa dans son torse de façon erratique. Les secondes défilaient, lentes. Les pupilles dirigées sur la voute obscurcit des nuages, il vit une petite étoile filer comme une comète et il se rappela lui aussi, cette course folle……

Nemo sourit et accéléra. La poussière de son être s’éparpillait, loin derrière, en une trainée lumineuse et il éclata d’un rire joyeux. Il n’avait de cesse de tourner et gambader sous les cris exaspérés des autres corps stellaires, plus sages, qu’insupportaient ses chevauchées furieuses. Ils les entendaient jasaient, crachant d’un ton venimeux leur dédain des étoiles filantes volages et infidèles. C’étaient les éternelles mêmes remontrances. Quand Nemo gagnait une nouvelle galaxie, il aimait faire la cour aux planètes inconnues, dansant autour d’elles pour les séduire de ses feux follets passionnées. Ce cirque, -qualifié de vulgaire- indisposait les anciens de sa colonie voyageuse. De temps en temps, par respect à l’égard des générations précédentes, il se pliait pourtant et se montrait attentionné envers ses patriarches en les abstenant de son numéro de charme. Malheureusement, cette fois plus que tout autre, il était au comble de l’excitation.

Au loin se profila la prochaine géante: Une légende. Il partit triomphant dans une gerbe enflammée sous une myriade de jurons lancée par sa troupe stellaire. Il voulait être le premier à l’admirer et lui rendre hommage. Des contes mythiques parcouraient l’univers à propos de cette galaxie solaire qui abritait une planète bleue comparable à aucune autre, ni de gaz, ni de roche. Il se força à ralentir pour ne pas chuter dans la fabuleuse masse attractive de la planète et s y ’écraser. Les premières étoiles vinrent le rejoindre et entamèrent le traditionnel chant d’honneur. Les corps jeunes puisant à la source de leur énergie pour ne pas se voir entrainer par la puissance colossale de la ceinture magnétique. Certains corps âgés en revanche, en profitèrent pour mettre fin à leur route, fatigués de l’infinie voyage qu’était leur existence.

Il allait pour s’éloigner du triste spectacle quand il aperçut l’éclat de Marx, un corps stellaire magnifique. Comme tous les jeunes de la colonie, il souhaitait un accouplement attractif avec lui. Il était dur de l’approcher et Nemo vit là, une chance inespérée de se faire remarquer. Il entama alors sans pudeur une parade amoureuse. Marx amusé du culot –ce n’était guère l’endroit adéquat pour ce jeu- s’arrêta. Fort de cette subite attention, Nemo tenta une manœuvre scandaleuse et se rapprocha de la limite magnétique à son maximum! Marx le fixait. Il n’avait cure des avertissements donnés. Il se retourna pour repartir dans un tourbillon vainqueur, mais se figea interdit. Apeuré, il resta bloqué. Une des poussières de son corps stellaire s’était accrochée à la boucle gravitationnelle. Il était piégé. Marx se détourna, ennuyé et les étoiles de la colonie partirent désolées ou indifférentes. Il n’était pour elles qu’un étoilons capricieux victime de sa propre bêtise.

Nemo prit peur. Il sentit l’attraction brutale et perdit sa joie enfantine. Elle s’effaça dés l’instant où, il fut propulsé d’une terrifiante manière en direction des veloutes azures de la géante. Les pleurent montèrent, déchirants. Il allait s’éclater, se disloquer et se désagréger en un millier d’atomes ! Bon sang ! A quoi avait-il pensé ?! Ses poussières le brulèrent et il hurla. Dans son effroi, il n’entendit pas tout de suite qu’une personne partagée sa souffrance. Il ne discernait que le bruit sourd de la chute. La voix désespérée s’éleva brièvement en indicible son de fond. Il se raidit. Une autre étoile était donc tombée elle aussi? Nemo ravala ses sanglots et appela d’un ton rauque : « TU M ENTENDS ?!! NE PLEURE PAS !! JE SUIS AVEC TOI ! TU N ES PAS SEUL !» et sa propre affirmation le rassura. « JE VAIS TE REJOINDRE, DIT MOI OU TU ES !». Il étendit son corps. L’autre étoile était plus basse, beaucoup plus bas…

Sa montre atteint minuit. Nemo alluma la bougie du gâteau et se rappela l’odeur de la mort. Il écrasa la mèche enflammée de ses doigts et revécu la brûlure. Il cala son pouce entre ses lèvres et se remémora un vieux baiser. Son premier, celui d’Ares et Osiris qui l’avaient trouvé sans comprendre. D’ailleurs, ils n’avaient toujours pas compris. Les adolescents l’avaient accueilli dans une conviction incertaine. Nemo, les avait au contraire de suite aimés, intensément, profondément ému par leurs échanges muets et leurs regards en biais. Ils possédaient ce dont il avait toujours rêvé : Un lien indestructible.

Song: Kimi ga Irukara, Final Fantasy.