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 [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]

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Andrea Vitaly

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeMar 14 Juin - 14:13

Mais trois nuits par semaines
C’est sa peau contre ma peau
Je suis avec Elio
Mais trois nuits par semaine
Mais bon dieu qu’il est beau

Je ne savais pas quoi penser. Oui, ces interrogations sont très récurrentes en ce moment. La meilleure chose à faire, c’était encore de ne pas penser. Ca évitait les prises de têtes, les interrogations inutiles, ça évitait de poser des questions qui fâchaient ou des réflexions qui mettaient mal à l’aise. Ca évitait de se sentir coupable, de se trouver des excuses. Au final, c’était ce que j’aurais dû faire, me laisser porter par ce courant en attendant de voir comment ça pouvait évoluer. Oh oui quel bel idéal. Mais c’était sans compter ce caractère qui s’était forgé au fil des années. Ce caractère de gosse gâté et méprisant, qui n’a peur de rien ni de personne. Ce caractère fier et orgueilleux, et qui en plus cherche toujours à en savoir plus. Socialisation pourrie, c’était à cause de mes parents tout ça, et à cause de l’autre tanche d’Egeado. Et oui bon, c’était peut être aussi un peu de ma faute. Mais pour que je le reconnaisse à voix haute, il fallait compter là-dessus et boire beaucoup d’eau.

Ba, de toute façon, se poser des questions avec Elio était inutile. Lui il ne s’en posait jamais. Il agissait comme bon lui semblait et en profitait. Je l’enviais sur cette capacité à être aussi détaché. Mais d’un autre côté, ne donner d’importance à rien, c’était aussi handicapant. Enfin, je faisais avec, je faisais beaucoup avec même. De toute façon je ne pouvais pas le lâcher, pas maintenant. Qui aurait cru qu’on puisse être accro à quelqu’un ? Accro à ce que ça pouvait procurer, juste d’être avec lui. De sentir son cœur qui bat pour lui, de sourire pour lui, de tout faire pour lui plaire. Elio c’était tout ce qu’il m’inspirait et plus encore. Et puis tant pis si ça se voyait. Ca ne servait plus à rien de le cacher maintenant. Ca faisait suffisamment de temps que je le côtoyais pour savoir que ce que j’essayais de cacher il s’en rendait compte. Alors autant jouer carte sur table avec ce que je ressentais. Et quand on n’avait personne pour en parler, on se contentait de réfléchir par soi même et de décider ce qui semblait être le mieux. Tant que je pouvais être avec lui et tant qu’il ne me repoussait pas, j’en profitais, c’était tout.

Et ce n’était pas mon imagination, je savais que ce n’était pas mon imagination. Elio s’intéressait à moi. J’étais incapable de dire selon quels standards, mais je savais que je n’étais pas comme tous ses clients. Je ne savais pas ce qu’il attendait de moi, et j’étais effrayé à l’idée d’être capable de faire beaucoup de chose s’il me le susurrait à l’oreille. Tout pour lui plaire hein ? C’était un peu pathétique. Sauf que je ne me sentais pas encore assez assuré pour jouer la carte de l’inaccessible. Ca aurait été tout bonnement ridicule. Enfin, théoriquement, je l’avais déjà joué pendant nos premières rencontres et ça avait plutôt bien fonctionné. Enfin ça avait fonctionné parce que ce n’était pas ça que je cherchais dans un premier temps et c’était lui qui était venu à moi et qui avait tant insisté. Maintenant qu’il avait gagné, je doutais qu’un nouveau jeu de séduction lui fasse envie. Au contraire, il fallait juste que je change de technique. Plus facile à dire qu’à faire d’ailleurs. Mais c’était ça qui aurait pu le perturber. Qui aurait pu le motiver. On ne pouvait pas rester éternellement comme ça. Pourtant ce n’était pas faute d’essayer, moi, de changer les choses. Même si je ne savais juste pas ce que je voulais. Juste être plus proche de lui, juste vouloir que ce que je ressentais soit un peu partagé par Elio. Mais à chaque fois que j’avais une pensée de ce genre, je ne pouvais que la trouver ridicule à en pleurer. Je n’avais aucun droit sur lui, ses agissements et ses sentiments et j’aurais dû me contenter de ce qu’il voulait bien me donner à chaque fois que je venais le voir.

Comme si c’était si simple. Plus les semaines passaient, plus je faisais l’amour avec lui, plus mon cœur se serrait quand je n’étais pas à ses côtés. Réaction physiologique parfaitement ridicule. Et pourtant qu’est-ce que je pouvais y faire ? Je ne pouvais lutter contre les élans qui me poussaient à toujours revenir, à toujours voir ce visage, entendre ses réflexions. Auxquelles je ne me privais pas de répondre. Maintenant je n’avais plus peur d’un quelconque travers. Je ne pouvais pas flouer éternellement ce que j’étais. Il savait bien que je n’avais pas le caractère facile. Et pourtant il lui était si simple de me manipuler à sa guise. A cause de lui j’avais fait une pause dans mes activités informatiques, la nuit qui était mon moment de prédilection pour hacker, était devenue le moment de prédilection d’une toute autre sorte d’activité. Activité dont je ne pouvais à présent me passer.

Et je rentrais dans ce bar. Comme d’habitude. En un éclair je le remarquais. De toute façon je ne voyais jamais que lui et uniquement lui. Mais une fois n’était pas coutume, je n’avais pas envie de m’asseoir et d’attendre qu’il vienne me chercher. J’avais moi aussi envie d’aller à sa rencontre, de lui montrer que le regard des autres m’était totalement égal. Je ne les connaissais ni d’Eve, ni d’Adam, et en plus, ce n’était à eux qu’Elio prodiguait ses faveurs. Alors je me fichais bien de la personne pour qui j’allais passer. Si ça pouvait le surprendre, même un instant, j’étais juste pour. Alors j’allais vers lui en souriant avant de passer doucement mes doigts sur son avant bras nu.

- Bonsoir, tu as passé une bonne journée ?

Je passais de l’autre côté et effleurais sa hanche de la même manière. Attirer son attention. Ce n’était rien, mais comparé à d’habitude, c’était énorme.

- Moi j’ai fait quelques découvertes cinématographiques de qualité, tu devrais les regarder.

Peut importait s’il m’ignorait. L’important c’était d’entrer dans sa sphère. Il avait l’habitude des multiples questions que je lui posais et des conversations que j’engageais. Plus je savais de choses, aussi futiles soient-elles sur lui, plus j’étais heureux. Et là j’étais de nouveau si bien d’être à ses côtés. Je commençais à ouvrir la bouche mais la refermais aussitôt. Non je n’étais pas encore prêt à lui dire.

Ah oui et au fait, tu m’as terriblement manqué.


Dernière édition par Andrea Vitaly le Mer 29 Juin - 5:09, édité 1 fois
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Aurelio Pastore

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeMar 14 Juin - 17:47

I wanna kiss you
It's complicated and stupid
Guess he wants to play, wants to play
A lovegame, a lovegame


Le principal problème dans toute cette histoire, c’était une connerie. Celle d’Elio. Cet imbécile ne savait même pas les étendues que pouvait prendre sa bêtise quand il s’y mettait avec classe et réussite. Sans même le faire exprès, il se comportait comme le plus parfait des idiots depuis quelques semaines. De deux choses l’une. Si l’on lui disait en face, voilà comment son esprit focalisé et rigide l’interpréterait : il se sentait bête d’être exclusif. Il n’en avait pas l’habitude ni l’envie, en temps normal, mais dès qu’il revoyait Andrea il sentait que son choix n’était pas totalement infondé, et quand bien même ce ne serait pas le cas ... Elio ne parvenait plus à faire ce pour quoi il était le plus doué de façon naturelle. A l’ordinaire, tout coulait de ses lèvres et contre son corps, il était parfaitement normal de faire ainsi, de dire cela, de caresser cette femme ou ce jeune homme. C’était sa seconde nature à lui, ce pour quoi il existait présentement. Et il se sentait profondément con de ne pas pouvoir continuer comme avant juste parce que sa tête pensait à quelqu’un d’autre. Et le plus drôle c’est que, sans vraiment le vouloir, Elio allait encore plus loin dans cette démarche imbécile. En effet, il cherchait ce qui le délivrerait de ces pensées. Il avait tout d’abord pensé que le mettre dans son lit réglerait la question mais manifestement ce n’était pas le cas puisque plus Elio l’enlaçait, plus Andrea revenait dans son bar et sous son crâne. Il avait alors songé à le pousser plus loin, à expérimenter certaines choses, mais toujours il s’était résigné à se comporter avec lui comme au premier jour.

Le jeune homme aurait aimé cessé la tendresse et les précautions qu’il y mettait pour finalement redevenir lui-même et si cela devait le faire fuir, eh bien soit. Mais étrangement, c’était compliqué voire impossible de mettre en pratique ces savantes réflexions. De même, aller flirter avec quelqu’un d’autre sous son nez aurait été une façon pertinente de créer une vague qui, si ce n’était par lui, changerait quelque chose quitte à briser cette même chose. Sauf que bien sûr, à aucun moment Elio ne prit le temps de se demander pourquoi sa tête dysfonctionnait ainsi, pourquoi il lui était devenu impossible d’avoir subitement envie de quelqu’un d’autre en plein milieu de soirée comme ça pouvait lui arriver quand on le lui proposait. Avant, il devait se retenir, frustré. Maintenant, cela ne se déclenchait même plus. Entre les deux alternatives, un gouffre qui restait profondément béant et sans solution de remplissage autre que la vague illusion que tout va bien. Pas une seule fois il ne put penser à une chose aussi simple que « l’amour ». Car ce terme était tout ce qu’il détestait, tout ce dont il riait volontiers. C’était à ses yeux un mensonge, un terme inventé par les malheureux pour qu’ils puissent continuer à espérer. Il n’y avait que le désir qui existait réellement, et les sentiments n’étaient que poudre aux yeux. Et se remettre en question, revenir sur ses préjugés, voilà bien quelque chose qui était extrêmement compliqué pour Elio. D’où le constat de départ : le jeune homme était définitivement idiot. Incapable de la moindre réflexion. Beau, mais con. Triste est le quotidien d’une idole de bar ...

D’autant que les indices étaient évidents, que les traces étaient là. Ne plus le caresser que lui, n’entendre que ses approbations chuchotées entre deux murmures, savoir quoi faire pour lui plaire et l’emmener avec lui loin, bien loin de leurs premières fois maladroites. Si Elio avait toujours été doué pour ses choses là, il avait l’habitude de découvrir à chaque fois ce qu’il fallait faire pour telle ou telle personne afin de la satisfaire, et c’était comme un jeu à chaque fois différent, dont il était le seul participant tant ses partenaires pensaient à autre chose. Cela lui faisait assez bizarre de connaitre les règles à l’avance ainsi que les raccourcis à prendre pour gagner le jeu sans pièges ni fausse note. D’autant qu’à l’intérieur même de leurs ébats, certaines choses changeaient. Elio s’abandonnait plus, tandis qu’Andrea acceptait de fixer tout du long son regard sur lui, permettant au jeune barman de profiter pleinement du corps et des lèvres qui lui étaient offertes. Et alors qu’il nettoyait négligemment le comptoir du côté client, c'est-à-dire debout entre deux tabourets, Elio pensait à tout cela. Oh, voilà autre chose qui avait changé : il pensait, tentait de revenir sur les évènements qui lui arrivaient, extraordinaire pour quelqu’un qui vivait tant au jour le jour que lui. C’est dans cet état d’esprit, un peu perturbé, qu’il le fut encore plus par l’arrivée d’Andrea.

C’était Andy, ce jeune homme souriant qui venait l’aborder en le touchant. Lui, toucher. C’était tellement rare, surtout devant toute la salle. Elio le regarda, interdit. A vrai dire, durant quelques minutes il n’eut absolument aucune expression sur le visage autre que la surprise. Sur le passage des doigts d’Andrea, la peau du serveur qui connaissait si bien ce contact se hérissait et ronronnait presque de plaisir anticipé. Elio se serait donné des claques. Et il aurait bien fait la même chose sur la joue délicate d’Andrea pour le réveiller un peu, l’exorciser et sortir ce démon de ce corps ... Touché, Andy, je ne m’y attendais pas.

- Bonsoir, tu as passé une bonne journée ? Moi j’ai fait quelques découvertes cinématographiques de qualité, tu devrais les regarder.

Les mots s’enchainèrent alors que, machinalement, son bras reprit son mouvement de passer son torchon humide sur le comptoir, tandis que son cerveau tentait de réfléchir. Mais pour plus de sureté, Elio décida de court-circuiter celui-ci et de redevenir normal. C’est pas tout ça, mais quand on s’appelle Elio on ne se laisse pas avoir par deux petites caresses devant tout un bar. Sauf peut être quand c’est Andrea ... Non ! Alors le jeune homme se racla la gorge, aborda un nouveau sourire qui apparaissait et se confirmait de seconde en seconde. Après tout, il était tout de même content de le voir, cela faisait longtemps, d’autant qu’en ce moment cela faisait toujours longtemps. Il ne répondit cependant pas tout de suite, pourtant habitué des petites interrogations de son interlocuteur qui creusait peu à peu dans leur inconnu afin de tenter de construire quelque chose. Mais ça, Elio ne le comprenait pas totalement et pour une fois ... heureusement, sinon il fuirait loin, très loin. Décidant alors subitement, sur un coup de tête, de pour une fois répondre à ses maigres attentes, Elio lui prit le poignet doucement et sans un mot, secoua la tête vers sa patronne qui eut une moue désapprobatrice, mais pas pour la pause qu’il venait de demander, non. Pour sa suprême imbécilité. Un poignet toujours au creux de sa paume, il fit quelques pas et voilà qu’ils étaient dehors. La soirée était encore chaude, et Elio avait envie de passer un peu de temps à respirer l’odeur de la nuit qu’il aimant tant. Sans compter que c’était quelque peu plus pratique pour discuter. Et tandis qu’il lui répondait sans le regarder, Elio amenait Andrea un peu plus loin, vers un banc aménagé là par Delia pour sa pause cigarette, en paix, un peu à l’écart de l’entrée où il était livré à tous les regards.

- Longue, malgré le lever tardif. J’ai pas grand-chose à faire du peu de temps libre que j’ai ...

Pause. Tentative extrême de paraitre naturel dans une activité qu’il faisait pourtant avec tous ses autres clients : s’intéresser. Mais quand on ne le fait pas dans l’indifférence la plus totale, c’est tout de suite plus compliqué.

- Et donc, tes films ?

Elio qui discute sans l’ambiance de drague incessante, Elio qui a une conversation sans appui forcé de séduction. Et, bien que sa main n’ait toujours pas lâché le poignet d’Andrea, le jeune homme ne faisait pour l’instant rien de plus que le regarder et parler. Jour à marquer d’une pierre blanche.
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Andrea Vitaly

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeMar 14 Juin - 19:13

Semblant de joie
Semblant de toi
Je rêve si fort
Je te sens loin
Et puis encore
Je rêve plus vite
Et puis …soudain


Je pouvais essuyer ses boutades et ses remarques sur mes questions, mes réflexions, mes attitudes, ma gêne. J’avais l’habitude. Mais je ne me sentais pas capable d’en faire autant pour des mots et des phrases que je pensais réellement. Si j’avais osé lui dire que je lui manquais, j’aurais été blessé par son sourire légèrement moqueur. Je le savais. Alors il valait mieux éviter et rester dans les domaines que je pouvais maitriser un minimum. Les sujets qu’il esquivait, les questions auxquelles il ne voulait pas répondre, son petit air alors que je détournais la tête à cause d’une remarque à laquelle je ne m’attendais pas. Je connaissais tout ça. Et je ne voulais pas prendre le risque d’être ridicule non plus dans mes actes mais aussi dans mes paroles. Lui dire ça c’était abdiquer, et c’était aussi l’emprisonner. J’étais pourtant sûr que des tonnes de personnes lui avaient déjà dit. Mais quand on était dans ma position, la signification n’était pas la même. Si je tenais à ce point à le revoir, ce n’était pas pour tirer un coup vite fait en fin de soirée. Et même si c’était une valeur ajoutée non négligeable, il me suffisait de le voir, de lui parler pour me sentir heureux. Chose tellement incongrue pour moi. Mais c’était tellement bien de sentir qu’on appréciait quelqu’un et que sa simple vision vous réchauffe le corps. Et c’était le cas avec Elio.

Je ne pus retenir un sourire malicieux devant l’air d’Elio. J’avais gagné un point et j’avais réussi mon challenge. Sauf que je n’allais pas lui faire remarquer, ça n’aurait pas été correct. Si lui ne se serait pas gêné, je préférais préparer ma nouvelle attaque. Chose qui serait futile et légère très certainement, mais comparé au peu d’efforts que je fournissais en temps normal, il le remarquerait forcément. Un nouveau jeu ? Juste une tentative pour se rapprocher. Petit à petit de façon désespérée je voulais attirer son attention sur moi. C’était ridicule mais il m’était déjà arrivé de ne pas entrer dans le bar en le voyant discuter de façon proche avec un client. Je ne voulais pas arriver comme un cheveu sur la soupe face à eux. Elio ne m’appartenait pas, il était au bar. Indispensable à son bon fonctionnement et je n’étais pas en droit de l’accaparer. Même si je mourrais d’envie de le faire. Un peu comme une femme avec son gigolo. Charmante comparaison en effet. Je faillis pousser un soupir de lassitude à cette pensée. Enfin, c’était différent. C’était forcément différent avec lui.
Je m’adossais au comptoir en le regardant terminer de passer son chiffon. Même comme ça il était sexy. C’était un monde ça. Je mourrais d’envie de le prendre par la taille, de le serrer contre moi et d’attendre la même chose en retour. Montrer que j’étais légèrement au dessus des autres dans le bar. C’était si présomptueux de ma part. Mais on ne se refaisait pas.

Voyant qu’il ne répondait pas tout de suite, j’allais m’installer au bar, attendant mon cocktail habituel pour relancer la discussion. Mais ce fut à mon tour cette fois d’être le plus surpris des deux alors qu’Elio me saisit le poignet sans plus de précisions pour m’emmener à l’extérieur. Je me laissais faire sans comprendre. Et ma surprise devant aisément dépasser celle que j’avais pu lui procurer, car jamais auparavant il n’avait cherché à ce qu’on ne se retrouve que tous les deux alors qu’il était en service. Et plus que jamais mon cœur se gonfla de bonheur. C’était pour moi qu’il prenait sa pause. Il était trop tard pour que je pense qu’il avait déjà dû le faire avec des autres personnes et que je n’étais pas unique. Trop tard, pour que je tempère ses attitudes. Peu importait la raison obscure qui l’avait poussé à s’isoler avec moi, le fait était que j’en étais heureux. Peut être un peu angoissé aussi, car hormis le soir quand le bar était fermé et le seul matin que j’avais passé en sa compagnie, on ne s’était jamais retrouvé seuls de la sorte pour discuter. Peut être qu’il ne voulait pas spécialement discuter. Enfin, je pouvais imaginer encore toutes les choses les plus saugrenues qui me venaient à l’esprit. Mais cela ne changerait rien au fait que j’étais assis sur un banc à côté de lui, le poignet toujours dans sa paume qui commençait à chauffer.

- Longue, malgré le lever tardif. J’ai pas grand-chose à faire du peu de temps libre que j’ai ...

Je souris avant de me rapprocher un peu de lui, nos épaules se touchèrent.

- On a ça en commun, le plaisir de dormir le matin. Moi non plus je ne fais pas grand-chose de mon temps libre. Des films, des recherches, de la lecture.

Peut être qu’il s’en fichait comme de son premier verre d’alcool, mais je n’avais pas pu m’empêcher de parler. Je voulais rebondir sur ce qu’il disait, je voulais en savoir plus et inconsciemment, je voulais que lui aussi en sache plus sur moi. Un échange multilatéral. Je ne voulais pas qu’il croit que j’étais du genre à happer les informations sans en divulguer en retour.

- Et donc, tes films ?

J’essayais de cacher ce sourire qui se faisait de plus en plus large sur mon visage. Heureusement la nuit allait aider. Toutes ces nuits que je passais devant mon pc ou dans ce bar, finalement, je n’en profitais pas beaucoup. C’était paisible ici, un lieu réellement idéal pour un moment tranquille entre deux personnes. Il s’intéressait. Enfin, il s’intéressait toujours théoriquement, c’était son rôle mais rien ne l’obligeait à reprendre la discussion sur laquelle je l’avais lancé. Je lui fis lâcher mon poignet d’une petite secousse et puis ainsi attraper sa main dans un premier temps. J’avais le cœur un peu battant devant tant d’audace de ma part, mais il suffisait de faire comme si de rien n’était pour se sentir un peu mieux. Je n’avais qu’à imaginer que ce n’était pas moi et ça allait passer.

- J’ai vu Usual Suspects et The Big Lebowski, ce sont tout deux des très vieux films, mais ils ne perdent rien en qualité au fil des années. Le premier marche sur une révélation à la fin, le second est juste culte. Je te les prêterais si tu veux. Tu aimes un genre de film particulier ?

Continuer à discuter, à le regarder. Et pendant ce temps, nos doigts se croisaient dans la main sur nous tenions. Il m’était pour le moment compliqué d’aller plus loin, je n’étais pas non plus l’expert de la séduction. Mais ce n’était pas vraiment de la séduction que j’essayais de faire, pas plus que de la drague. Non ce n’était qu’un rapprochement incertain auquel je tenais plus que tout. Parce que pour une fois, ce n’était pas lui qui avait prit les devants, c’était moi. Ce n’était rien de très violent, bien que je commençais à avoir sérieusement envie de l’embrasser et d’aller sur ses genoux. Mais là ça relevait déjà d’un autre niveau. Enfin, je savais que si Elio s’y mettait, je pourrais le suivre, du moins jusqu’à une certaine mesure.
Et je ne savais pas trop ce que j’attendais. Quelque chose de simple comme actuellement ou quelque chose de plus rapproché ? Voilà que je recommençais à penser n’importe quoi. N’empêche qu’une situation pareille ça n’arrivait pas tous les quatre matins. Lentement mais sûrement, ma tête se posa sur son épaule alors que je caressais du pouce sa main que je tenais.

- Une idée pour mon cocktail de ce soir ?

Bordel.
J’étais trop bien.
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MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeMer 15 Juin - 9:50

Malgré tout, malgré les évidences et les fatigantes démonstrations de Delia, Elio continuait à se voiler la face. En effet, se trouver des excuses n’était pas difficile. Enfin, plus qu’il ne le pensait mais pas autant qu’il n’avait pu le craindre. S’il acceptait de ne profiter que de lui ? C’était par pur amusement afin de le pousser à bout, d’en extraire tout l’intérêt et le plaisir possible avant de le remercier d’un sourire et de le laisser repartir à sa vie d’avant. S’il ne se gênait pas pour interrompre son service sur un coup de tête ? Une expérience, rien qu’une expérience afin de voir comment Andrea réagirait dans un autre contexte. S’il ne lui sautait pas dessus à l’instant et dans l’immédiat ? Il n’avait pas spécialement envie de simplement le dévêtir et faire comme d’habitude. Et en le regardant, c’était une impression assez étrange qui l’envahissait, un mélange de désir et de prise de distance, comme s’il évitait d’aller rencontrer ce qu’il créait sous ses doigts en quelques instants. Et il était hors de question d’envisager que tout cela ait pu avoir un quelconque sens. Et pourtant, tout changeait. Son regard sur la blondeur des cheveux d’Andrea, la précaution faite dans ses baisers, la douceur de ses gestes. Même le contenu de leurs conversations différait clairement de leur première rencontre. Elio, peu habitué à discuter autrement que pour faire plaisir, se trouvait dans une situation à la fois identique et sensiblement étrangère. En effet, il agissait par souci de satisfaire Andrea, voyant bien l’envie du jeune homme à obtenir des réponses à ses questions. Mais au contraire de d’habitude, il ne le faisait pas pour garder un client. Un ami ? Non plus. C’était bien plus difficile, bien plus fin et à la fois tellement grossier qu’il ne s’y retrouvait plus.

Où étaient les limites qui régissaient sa vie, où était passée la ligne d’alerte qui sonnait normalement pour le prévenir de ses bêtises ? Son esprit avait du cramer sous l’effet de trop de réflexions ces derniers temps, aussi n’avait-il plus que lui-même et son instinct bancal pour apprécier la situation. Et son instinct ne lui disait qu’une chose, qu’il ne comprenait pas bien : fais le partir. Elio avait du mal à s’imaginer le laisser tout d’un coup seul sur son banc en lui criant de dégager et de ne jamais revenir, voilà pourtant ce que lui soufflait son inconscient. Celui-là même qui se souvenait bien plus que son auteur les souffrances endurées autrefois, celui qui appréhendait avec plus de pertinence la situation. C’était indéniable, le grand barman aux cheveux en bataille était en train de tomber dans le piège innocent de deux yeux bleus. Longtemps, très longtemps le contraire avait toujours été la seule réalité entre eux : Andrea, passionné par le serveur aux allures de star qui, sans se tromper, parvenait à charmer d’un regard et à séduire d’un sourire. Un travail de tous les jours et de longue haleine qui avait payé, mais une fois le trophée remporté par celui avec qui l’on joue, il faut accepter de le lui laisser. Accepter de se laisser prendre à son tour, de céder aux règles qu’il avait lui-même établies. Si Andy était de plus en plus à l’aise en sa compagnie, c’était l’extrême inverse pour Elio qui ne savait plus trop quoi faire avec quelque chose qui semblait à deux doigts d’être acquis. Il essayait, tentait avait tout de paraitre encore sûr de lui et maître de la situation, mais la vérité restait, immuable. Il perdait le contrôle.

Et détestait ça, d’autant qu’il savait bien que si le pouvoir de cette chose qui les liait mystérieusement disparaissait de ses mains pour aller se loger dans celle de son interlocuteur, il était fini dans le même temps. Quelque chose en lui mourrait alors d’envie de le repousser, de ne pas se réjouir de sa surprise alors qu’il l’avait emmené à part, de ne pas guetter un signe d’assentiment, de ne pas s’attendrir devant le sourire qu’il affichait régulièrement depuis quelques semaines. Le faire partir, quitte à lui faire très mal en passant. L’éloigner de lui, de cette insouciance qui glissait de ses paumes, le laissant approximatif et incertain. Bien que personne -sauf peut être Delia- ne puisse le remarquer, ce malaise était bien là, et en jouant parfaitement la comédie il se sentait étrange, car peu habitué à faire semblant. Expérience troublante, qu’il n’avait peut-être pas envie de faire durer. Restait à mesurer les avantages et inconvénients de chacune des alternatives qui s’offraient à lui, mais plus tard. En attendant, il pouvait bien jouer la comédie encore un soir, juste un soir. Et voir demain ce qu’il en serait. Plus tard. Pour l’instant, il pouvait tout aussi bien encore profiter d’un visage qu’il voyait serein, plutôt que déformé par l’incompréhension et la rancune. Etrangement, alors qu’à l’ordinaire cela lui était égal, Elio préférait ici être apprécié que détesté.

Il se rapprochait pendant qu’Elio tentait de ne rien laisser paraitre, ce dont il était persuadé de faire très bien et sans doute avait-il, pour une fois, raison. Sa réponse était légère, et même si elle n’avait aucune raison d’être le serveur la reçut avec satisfaction. Andrea était plus doué que lui pour faire réellement la conversation, alors que lui était le champion de celle, superficielle, dont on se fout. Il faillit le reprendre pour ajouter que la dernière fois il lui semblait avoir dormi plus longtemps que lui, mais au souvenir de ce matin, son air se renfrogna quelques secondes. Mieux valait ne pas se souvenir de cette peu glorieuse situation qui l’avait montré aussi grincheux qu’insensible, bref sa définition première. D’autant que l’incursion dans son intimité, c’était toujours difficile à reconnaitre et à accepter. Alors le silence demeura, jusqu’à ce qu’un son étouffé sorte péniblement de sa bouche tandis qu’une main venait se saisir de la sienne. Andy le prenait ... par la main ! Geste oh combien intime dans l’image qu’Elio se faisait des convenances dans un bar où un baiser n’est rien et le reste encore moins, cela le perturba aussitôt et son attention ne se focalisa alors que sur ce contact inhabituel et surprenant. Si bien qu’il manqua les premiers mots de la réponse d’Andrea.

- ... Suspects et The Big Lebowski, ce sont tout deux des très vieux films, mais ils ne perdent rien en qualité au fil des années. Le premier marche sur une révélation à la fin, le second est juste culte. Je te les prêterais si tu veux. Tu aimes un genre de film particulier ?

- Les thrillers, je dirais. Je suis plutôt bon spectateur, en fait. Je ne m’aperçois que de peu de défauts. Mais d'accord pour voir ces deux-là.

La réponse avait été rapide, évidente. C’était banal, comme conversation, et pour une fois Elio savait qu’il n’était pas utile de réfléchir à quoi répondre pour plaire, pour impressionner et faire plaisir. Et tandis qu’il parlait, son bras, crispé par une sensation inconnue, ne se détendit pas plus alors qu’Andy glissait ses doigts entre les siens, posant ensuite sa tête contre lui et commençant à le caresser du bout d’un doigt. Pause, le temps s’arrête. Elio ne put pas accepter plus longtemps cette situation oh combien saugrenue, et libéra sa main tandis que, pour se rattraper, il levait le bras pour accueillir la tête du jeune homme sur son torse et enserrer son épaule de sa paume encore endormie par un contact presque dérangeant. Ainsi, son propre menton était à quelques millimètres de la chevelure du blond et frôlait de temps à autre son crâne. Il ne put cependant s’empêcher de dédramatiser, ou du moins de rendre moins significative son impulsion d’une boutade lâchée d’un ton qui n’avait pourtant rien de moqueur.

- Tu souris beaucoup, ce soir. Un truc bien qui te serait arrivé ?

Puis sa question à lui arriva, le faisant à son tour retrouver un certain éclat sur les lèvres. D’ici, il ne pouvait voir le visage d’Andrea et cela lui permettait entre autre de voir les choses de manière plus claire. Une idée pour son cocktail ... Il en avait plein dans la tête, comme à son habitude, et les couleurs défilèrent automatiquement devant ses yeux alors qu’il sélectionnait mentalement ce qui conviendrait mieux, ou moins bien. Puis finalement, Elio retourna à ses habitudes. La phase d’incertitude s’éloignait alors qu’il parlait de nouveau de ce qu’il connaissait, il se sentait d’avantage à l’aise dans son élément.

- Pas encore d’idée précise, mais je ne forcerai pas trop sur le gin. Je préfère quand tu as les idées claires, étonnamment.

Pourtant, un peu rond, Andrea était plus entreprenant, plus libéré. Mais ces temps-ci Elio avait également l’impression de le voir s’éloigner un peu, comme tout le monde sous l’effet de l’alcool. Il préférait encore se heurter à sa sensibilité, à sa pudeur et à ses « non » plutôt que de le voir se laisser faire sous une avalanche de « oui ». C’est là que sa main se mit en marche, remontant légèrement pour effleurer la joue du jeune homme d’une simple caresse, impulsion venue d’ailleurs. Finalement, le côté bizarre n’était peut-être pas totalement parti. Au secours.
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Andrea Vitaly

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeJeu 16 Juin - 9:09

Je te sens je te joue je te mise je te perds
je te veux je m’entête je remise je reperds
je te joue…

C’était des fioritures, des trucs que l’on n’avait encore jamais fait. C’est vrai ça, on ne sortait pas ensemble alors on n’était pas tenu de faire des « trucs » comme ça. Même si depuis le début, ça n’avait jamais été vraiment violent, comme s’il se retenait, une fois les préliminaires et l’acte, c’était bouclé. Il n’y avait guère d’avant hormis les cocktails et pas d’après alors que je partais en le laissant dans sa chambre. C’était quand même très réglé malgré mes tentatives d’incursions dans sa vie, dans ses désirs et ses envies. Etrangement, alors que je parvenais encore à être stressé quand je poussais la porte et quand je le voyais, quand il s’approchait, dans le cas présent, je n’avais pas peur. Du moins tant qu’il ne faisait rien. J’étais plutôt paisible. Pour une fois pas de prise de tête sur ce qu’il ressentait, sur ce que je ressentais, pas d’angoisse. Après tout, c’était lui qui m’avait emmené ici, c’était lui qui avait prit la décision de m’éloigner. Pas instant je ne voulais croire que c’était pour me dire quelque chose en privé. Non je ne cherchais pas midi à quatorze heures et je profitais simplement de sa présence, de cette façon de me répondre alors que je m’intéressais réellement à ce qu’il pouvait dire.

Et pourtant, cette compétence, j’étais loin de l’avoir acquise. Je ne m’intéressais pas aux gens, non je les dédaignais, je les prenais de haut. J’en avais conscience, et ça ne me gênait pas. Lui était le premier pour lequel je n’avais pas envie. Et donc il avait bien fallu changer de mode de réflexion et de dialogue. Sauf que le dialogue autrement que pour s’en mettre plein la tête, je n’étais pas une flèche non plus. Articuler plus de deux mots pour demander quelque chose, pour poser une question plus ou moins personnelle. Simplement faire la conversation, j’étais handicapé de ce type d’échange moi. Avoir une discussion normale sans à priori, sans envie de casser l’autre. Et à mon grand étonnement, ça ne venait pas du tout spontanément, du moins au début. Et je me demandais comment certaines personnes pouvaient ainsi jacasser pendant des heures sans jamais être à court de sujet de conversation. Je ne me voyais pas parler avec Elio de ma dernière trouvaille informatique, de mes dernières rencontres en ville. Ce n’étaient que des choses débiles dont il se fichait. Mais je ne trouvais pas un sujet qui aurait pu potentiellement l’intéresser, quelque chose sur lequel on aurait eu des choses à se dire. Les films étaient ce que j’avais trouvé de moins pire. J’entendais souvent les étudiants discourir sur le dernier film sorti alors je m’étais dit que c’était une bonne idée. Sur ce sujet, j’avais énormément de mal à penser par moi-même. Et ça m’énervait. J’étais sûr que ça se voyait que je luttais pour essayer de lui plaire même dans ce que je disais. Mais je n’allais pas lui parler de moi, c’était pitoyable et en plus inintéressant. Et donc au final, ben il ne me restait plus grand-chose. Quelle misère.

J’accueillis sa réponse en souriant. Finalement, ça marchait bien comme sujet de conversation, on n’avait pas besoin de se prendre la tête, juste de répondre selon ses envies, ses passions. Je me ferais un plaisir de les lui apporter. Il était bien trop tôt pour lui demander de rester pour les voir avec lui et pourtant ce n’était pas l’envie qui manquait. Mais alors que je parvenais juste à faire presque disparaitre la tension tout le temps présente sur mes épaules lorsque j’étais avec lui, celui-ci retira sa main rapidement, me prenant totalement au dépourvu et mes muscles se tendirent de nouveau. Une seule question s’afficha dans mon esprit à savoir « Qu’est-ce que j’ai fait ? ». Peut être est-ce que j’avais poussé trop loin le désir de proximité, de tendresse. Il ne cherchait sûrement pas ça, j’avais fait la même bêtise qu’en restant dormir dans son lit. Je commençais à paniquer intérieurement sans me rendre compte tout de suite qu’il ne m’avait pas repoussé et que j’avais à présent sa main sur mon épaule, ma tête contre son torse. J’étais à deux doigts de me redresser, de m’excuser, ou du moins de trouver un moyen détourné de le faire et de rester sur mon côté du banc sans le toucher. Qu’est-ce qui m’était passé par la tête ? Elio n’était pas comme ça, prendre son temps et se rapprocher à peine n’était pas dans son style de vie.

Hey ho stop ! Stop et stop ! Je n’allais pas recommencer comme avant, c’était ridicule de me monter des plans comme ça. Peut être qu’il n’avait pas envie que je lui prenne la main car c’était un geste qui voulait sûrement dire beaucoup mais il ne m’avait pas repoussé pour autant alors calme, ce n’était pas la fin du monde. S’il n’aimait pas ça je ne le referais plus mais je pouvais essayer d’autres choses qui allaient peut être plus lui plaire. C’était bien la première fois que mon envie de plaire et d’être proche de lui dépassait mon angoisse de ce que ça allait bien pouvoir entrainer. Il fallait juste que je respire profondément et que je ne prenne pas son attitude pour une agression ou un refus. Finalement, c’était de ça qu’on aurait eu le plus besoin de parler mais c’était ça qu’on évitait soigneusement d’aborder, lui comme moi. Sûrement par peur de ce que l’on pouvait penser. Enfin, je ne pensais pas qu’Elio ait peur de ça, mais il ne voulait sûrement pas montrer ce qu’il pensait, en bien ou en mal pour une raison que je n’avais guère envie de chercher. Je dus cependant prendre de nouveau pour moi alors qu’il m’assenait un coup critique.

- Tu souris beaucoup, ce soir. Un truc bien qui te serait arrivé ?

Mon Dieu ça se voyait tant que ça ? J’allais passer pour un énorme imbécile à agir de la sorte, il fallait que je calme cet automatisme de relever constamment les commissures dès que je le voyais ou lui parlais. Qu’est-ce qu’il allait croire ? Mon cœur battit un peu plus vite. Trouver une excuse ? Il était impossible de lui dire la vérité. Heureusement qu’il ne pouvait plus me voir vu le rouge qui était soudainement monté à mes joues. Dans un sens, c’était plutôt positif car il l’avait remarqué, et que je passe pour un crétin au final n’était pas si grave, j’étais toujours crétin devant lui. Restant le problème de la réponse à lui fournir. C’était ridicule de dire la vérité de façon détournée, mais encore pire de la dire de but en blanc. Je pouvais aussi mentir mais ça n’encourageait pas à la confiance. En même temps s’il posait une question comme ça… C’était la première fois qu’il me posait des questions comme ça sur ma vie privée je ne pouvais décemment pas la laisser passer.

- Tu trouves ? C’est sûrement l’effet du bar qui veut ça.

Ou pas. Ou en partie. Surtout l’effet du barman. Mais il ne s’attendait pas, j’espère, à ce que je dise quelque chose de réellement pertinent. Enfin bon. En tout cas j’avais été vraiment inspiré de lui poser une question sur un domaine auquel je le savais incollable. Sentir la passion de quelqu’un pour quelque chose était souvent contagieux. Petit à petit je me laissais glisser le long de son torse pour poser ma tête sur ses genoux, et ainsi voir de nouveau son visage. Erreur de timing quand à la réponse qu’il me fournit.

- Pas encore d’idée précise, mais je ne forcerai pas trop sur le gin. Je préfère quand tu as les idées claires, étonnamment.

J’aurais voulu étouffer ma gêne d’une réponse un peu moqueuse comme la sienne mais j’en étais incapable. Il fallait réfléchir, rien de bon n’allait sortir automatiquement si je me laissais faire. J’étais presque sur le point de le taquiner en le chatouillant aux côtes pour chasser mon trouble. Mais ça, c’était bon pour les amis, par pour ceux avec qui on entretenait une relation aussi étrange que la nôtre. Et puis s’il voyait mon visage sûrement un peu gêné, je voyais le sien et ce n’était pas négligeable. En passant mon bras sur sa taille, je me dis que je ne pouvais pas faire mieux et que s’il changeait encore de position j’aurais bel et bien compris que mes tentatives d’approche étaient prohibées. Ce qui plus que vexant aurait été un peu triste, mais je préférais respecter les termes d’un contrat dont je ne savais rien plutôt que de me faire jeter après usage.
Je ne savais pas si sa remarque devait ou non me faire plaisir. C’était vrai qu’il m’avait vu dans des positions peu glorieuses, surtout la première fois. Et depuis je n’avais guère forcé sur la dose, sauf pour me donner un peu de courage. Il était vrai que j’agissais différemment et que l’hésitation n’était plus vraiment de mise quand j’avais un peu bu. Mais je n’étais pas totalement moi-même. Et au fond ça me faisait énormément plaisir qu’il me préfère au naturel, même si c’était parfois assez compliqué que quand j’étais un peu éméché mais qu’il pouvait aller plus rapidement sans mes demandes incessantes d’aller plus lentement.

- C’est gentil ça.

Sourire guilleret montrant que je ne voulais pas en tenir aussi compte qu’en réalité.

- Je te fais confiance pour la surprise. Tu m’apprendrais à en faire ? Des cocktails ?

Partager ta passion, c’est encore se rapprocher de toi.
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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeJeu 16 Juin - 11:28

Ce que nous nous apprêtons à développer ici n’est en aucun cas lié à une quelconque réflexion d’Elio, puisqu’il est tout bonnement incapable d’avoir des pensées comme celles qui suivent. Mais, envers et contre tout, le jeune homme avait indéniablement besoin d’un ami. Cela lui ferait beaucoup de bien, à vrai dire, et il en aurait des choses à raconter ... Peut-être serait il un peu moins maladroit et stupéfait devant une véritable relation humaine, basée sur autre chose que la volonté de prouver que l’homme est simple d’utilisation. Depuis bien longtemps il n’avait pas repensé au drame de sa vie, depuis bien longtemps il refoulait sans relâche des vieux souvenirs au rang d’illusions ou de chimères. Une épaule sur laquelle pleurer, une oreille patiente pour accueillir ses dires, voilà de ce que le jeune homme avait le plus besoin, dans le but de se reconstruire. Il pourrait parler du vide qui habitait son cœur depuis la mort de deux amis qu’il avait indirectement précipitée. Il pourrait dire à quel point la vie était sans saveur, à quel point les jours se suivaient pour se ressembler. Cet amer goût sous la langue qui lui donnait parfois des cauchemars à s’agiter sous ses draps en pleine nuit, ces fantômes du passé venant parfois hanter le reflet de lui-même qu’il croisait dans le miroir. C’était pitoyable de se sentir aussi fragile, pourtant cela arrivait à Elio. Il l’oubliait aussitôt et refusait d’y repenser, mais la vérité demeurait présente dans un coin de sa tête : dans son paradis si bien réglé, quelque chose n’allait pas. Bien sûr, sa patronne et accessoirement personne qui le connaissait mieux depuis l’épisode en question aurait pu jouer ce rôle. Mais Delia, ces temps-ci, était plutôt occupée et il se refusait à lui parler de ces crises le prenant même parfois en pleine soirée, l’obligeant à faire bonne figure et à continuer de sourire tout en allant prétexter une bouteille à aller chercher.

Là, il s’appuyait sur le rebord du premier meuble qui lui tombait sous la main et attendait que ça passe. Etonnamment, c’était en ce moment qu’il se rendait compte que les épisodes étaient plus fréquents. Lui ne savait bien évidemment pas pourquoi, mais nous pouvons avancer une hypothèse des plus simples. Considérant qu’Andrea et lui se rapprochaient inévitablement depuis quelques semaines, à en arriver à échanger de telles badineries sur un film ou le temps qu’il faisait, son esprit en déduisait une seule chose : DANGER. Danger pour lui, mais également pour son hôte. Parce que les sentiments, ça fait mal. Parce que les émotions, c’est mauvais dans une telle situation. Alors oui, le corps compensait comme il pouvait en essayant de le faire réagir à quoi que ce soit, mais c’était sans compter sa légendaire stupidité. Aussi tout cela n’avait-il d’autre effet que de le rendre plus fatigué, plus réactif aussi quant aux tentatives des clients ou leurs homologues féminines pour lui réserver une soirée. Et bien qu’il accorde beaucoup de temps à Andy, Elio ne négligeait pas pour autant ses autres relations, toujours dans l’optique d’être ouvert à tous et disponible à qui veut. Souvent, il dormait mal dans la nuit qui suivait ces évènements. Incroyable comme un organisme peut réagir lors d’une menace, même psychologique. On aurait presque pu le déclarer allergique aux sentiments, sans bien se tromper. Et donc, récemment, les malaises s’accentuaient et rien que pour cette raison un ami aurait été de grand soutien. Et Andrea n’était pas un ami, tout juste une personne dont il était absolument impossible de définir le rôle pour Elio.

Sauf que le principal problème était qu’Elio était divinement bien dans l’ignorance de son histoire, et donc qu’il n’aurait pu, même dans l’hypothèse saugrenue ou quelqu’un aurait pu lui tenir compagnie, formuler tout ce qui restait tapi derrière la surface. S’exprimer sur des sentiments morts depuis longtemps mais dont les obsèques n’avaient pas été réalisées avec le respect nécessaire était, pour le jeune homme, totalement inutile. Mieux valait les laisser pourrir gentiment jusqu’à ce qu’il n’en reste que de la poussière, et pourtant c’est l’un de ceux là qui remonta presque à la surface de sa conscience lorsqu’Andrea lui avait pris la main. La dernière fois que ce genre de contact avait eu lieu autre part que dans un lit, c’était ... il y avait longtemps. Heureusement, son plus fidèle compagnon, à savoir son corps, avait réagi à temps. Avant de se rappeler. Et juste avant que l’acide ne lui vienne encore en gorge, Elio put se décontracter à la simple sensation d’Andrea contre lui, qu’il devinait gêné et rougissant alors qu’il n’en voyait rien. Facile, presque trop. Il suffisait d’être sincère et direct pour le rendre aussi fébrile, et si au début cela l’amusait beaucoup, maintenant il appréciait simplement ce visage qu’il commençait à bien connaitre se couvrir d’autant de réactions par son simple fait.

- Tu trouves ? C’est sûrement l’effet du bar qui veut ça.

Sûrement. Elio ne releva pas, et le laissa récupérer de la gêne qu’il lui avait infligée. Auparavant, sans doute aurait-il répliqué quelque chose comme « Ce n’est pas plutôt quand je te touche comme ça ? », mais ce genre de réflexion stupide et sans finesse, le serveur les gardait pour les clients qu’il n’attirait pas à l’extérieur pendant sa pause. A la fois bien dans cette situation et terriblement mal à l’aise de se sentir aussi perdu dans autant de choses nouvelles, le jeune homme vit plus qu’il ne sentir le déplacement subtil de son interlocuteur. Il avait à présent le crâne posé sur ses cuisses, et Elio pouvait de nouveau voir son divertissement favori : les variations de la couleur de la peau d’Andy. Cela commença quand le barman lui avoua le préférer sans alcool dans les veines, malgré les avantages qu’il pouvait en retirer. Elio avait tant l’habitude de voir rougir cet épiderme qu’il en remarquait maintenant les moindres variations, d’autant qu’il était concentré sur Andrea et seulement lui, loin du brouhaha de la salle et de l’animation des clients, qui demeuraient à présent un lointain ronronnement sourd à ses oreilles. Le gamin installé à demi sur lui le surprit encore un peu plus alors qu’il l’enlaçait presque d’une main, la laissant là à son entière appréciation. Hésitant un peu, Elio décida pourtant de ne rien en faire tandis qu’il lui répondait d’un sourire, achevant de le décider par le plaisir qu’il s’en dégageait. En temps normal il ne serait pas resté là plus de deux secondes. Trois, avec un peu de chance.

- C’est gentil ça. Je te fais confiance pour la surprise. Tu m’apprendrais à en faire ? Des cocktails ?

Souriant à son tour, Elio ne put s’empêcher d’imaginer le gosse qu’il était perché sur un tabouret, fronçant les sourcils pour tenter de l’imiter et de reproduire. Mais il fallait la fibre créative pour cela, et Elio ne savait pas si Andrea l’avait. Il ne savait rien de lui, de toute façon. Pas la plus petite information réellement inutile, comme celle-ci aurait pu lui servir dans de telles circonstances. Toutes ces choses stupides dont il se fichait en temps normal pouvaient parfois être de bonnes compagnes et de précieuses conseillères. Il avait beau connaitre toutes ses intonations de voix, ce n’était pas ça qui l’avançait à grand-chose.

- Pour cela il faudrait que je te fasse découvrir tous les alcools, leurs spécificités, leurs goûts et les mélanges heureux qu’ils peuvent former. Ça me donnerait beaucoup d’occasions de faire ce que je veux de toi ...

La première remarque, Elio ne l’avait intentionnellement pas relevé, trop rebuté à l’idée de remercier pour un compliment ou de le détromper en lui expliquant qu’il n’était pas gentil, juste habile des mots. Le grand dilemme du jeune homme, dire ou ne pas dire ? Lui montrer à quel point il était une façade, ou non ? Tant qu’Elio ne saurait pas si ce qu’il pouvait dire à son « partenaire » était vrai ou pas, il ne pourrait pas se faire d’idée sur la question ... Le barman en profita pour ajouter, alors qu’il fixait toujours le visage d’Andrea.

- C’est pas pratique, je ne peux pas t’embrasser.

Simplement dite, cette phrase avait pourtant tout son sens et aurait sans doute le mérite de lui offrir un beau rougissement de la part du jeune homme. D’autant qu’Elio accompagna ses dires d’une petite moue frustrée et d’un doigt posé légèrement sur les lèvres d’Andrea. Il les caressa du bout de la pulpe, aussi doucement que possible, juste pour lui exprimer le désir qu’il avait de les posséder autrement. Mais sans aucun désir de le faire changer de position pour assouvir cette envie, ce n'était pas à lui de se soustraire maintenant puisque deux fuites aussi rapprochées pourraient donner à Andrea une impression d'évitement qu'il ne voulait pas lui laisser imaginer.
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Andrea Vitaly

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MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeJeu 16 Juin - 21:01

J’ai besoin de la lune
pour lui parler la nuit.
J’ai besoin du soleil
pour me chauffer la vie.
J’ai besoin de la mer
pour regarder au loin.
J’ai tant besoin de toi
tout à coté de moi.


Ah. J’étais bien à poser ma tête contre lui comme ça. C’était si différent de quand on montait dans sa chambre. C’était plus apaisant à vrai dire. Je sentais son odeur, avec les effluves mélangés d’alcool et de tabac que j’avais apprit à reconnaitre de loin. Son odeur était unique et libérait ses saveurs encore plus sucrées quand nous étions… Quand nous faisions… Dans son lit quoi. Oui c’était apaisant et j’aurais pu presque m’endormir sans mal dans cette position. Je n’étais pas à cran et sur les nerfs, pas stressé ou réticent. Mais c’était peut être à cause de la confiance. Et faire confiance, ce n’était pas donné à tout le monde. Et surtout je ne l’accordais pas à tout le monde. La confiance. Un truc dont on ne se sert pas quand on n’a pas d’amis. Et pourtant je sentais qu’avec lui je pouvais. C’était peut être parce que j’étais borné, parce que j’étais aveuglé. Parce que je n’avais jamais ressenti ça auparavant. Non, c’était sûrement à cause de ça. Mais les faux semblants avec lui n’avaient pas de lieux d’être. Il me voyait comme personne d’autre avant ne m’avait vu. Et s’il n’en avait pas conscience, pour moi c’était important quand même. Et ça valait la peine de souligner que près de lui, c’était différent. Et près de lui, malgré la timidité, malgré la gêne, malgré tout le reste, je me sentais mieux que seul chez moi. Et c’était bien la première fois.

Pourtant, l’espace d’un instant, j’eus peur. Une peur qui me prit au ventre alors que je regardais son visage. Peur que dans l’instant il me repousse. Peur que dans l’instant il se rende compte qu’il n’était pas bien, que ça ne lui allait pas, que j’allais trop loin, que je n’avais pas à réagir différemment. J’eus peur qu’il n’aime pas le nouvel Andrea alors que l’ancien lui allait très bien. J’eus peur d’être rejeté. Et j’avais l’impression qu’à cet instant précis, alors que je ne voulais pas partir, j’aurais été capable de faire bien des choses inavouables pour ne pas qu’il s’en aille. Je devais avoir une piètre estime de moi-même. Jeté au caniveau la fierté et la dignité que j’abordais de façon si assurée en temps normal. Adieu tout ce qui m’attachait à ce que j’étais en temps normal. Au final il ne savait rien de moi. Il savait que j’étais assez imbu de ma personne avec nos premiers échanges. Et que je ne lâchais pas facilement. Mais il savait aussi que ça cachait cette terrible timidité qu’il avait si souvent mise à nue. Mais que penserait-il en me voyant dans la vie de tous les jours ? En me voyant être totalement déconnecté de la réalité et du monde qui m’entoure, le snobant sans vergogne ? Et de plus belle j’eus l’angoisse qu’il pense que je lui avais menti sur toute la ligne. Enfin, pour mentir, il fallait déjà dire des choses. Mais le mensonge par omission est parfois le plus terrible. Après tout, nous étions deux équilibristes sur un fil qui menaçait à tout moment de se rompre. Nous jouions avec le vide aussi bien dans nos paroles que dans nos actes. Que dire, que faire, comment le faire ? Comment allait réagir l’autre ? Et malgré tout, je me disais qu’il devait parfois penser la même chose, sinon il n’essaierait pas de me ménager comme il le faisait parfois.

- Pour cela il faudrait que je te fasse découvrir tous les alcools, leurs spécificités, leurs goûts et les mélanges heureux qu’ils peuvent former. Ça me donnerait beaucoup d’occasions de faire ce que je veux de toi ...

Enfin, dans ce cas là, il ne me ménageait pas. Mais là il l’avait dit en connaissance de cause, il disait ça plus pour m’embêter que pour autre chose. Et je ne m’attendais pas à ce qu’il profite d’une question que je trouvais pour une fois très pertinente pour qu’il trouve le moyen d’y placer une allusion de ce genre. Et je n’arrivais pas à décrypter ses pensées, ni ce qu’il attendait. Est-ce que ça voulait dire et que c’était peine perdue ? Que je serais incapable de mener à bien un cocktail ? Ou juste disait-il ça pour me décourager d’essayer ? Ou peut être qu’il voulait juste me mener en bateau ou bien… Enfin, c’était comme d’habitude, avec des phrases avec des doubles sens comme les siennes, je ne savais jamais ce qu’il pensait ni à quoi s’attendre. Et pourtant cela ne l’empêchait pas d’être toujours plus présent et tendre quand j’étais avec lui dans son lit. Autant dire que je n’arrivais pas à le cerner malgré tous mes efforts. Et là, comment aurait-il fallut que je réagisse ? Comme habituellement ? Ou que je fasse une brillante répartie ? Or si les réparties, peut être pas toujours terribles, fusaient d’ordinaire assez facilement, ce n’était pas le cas lorsque j’étais avec lui. Et mince à la fin, le rouge commençait à poindre malgré tous mes efforts pour l’en empêcher.

- Je me contenterais du B-A BA du cocktail alors. Je ne suis pas sûr de résister à l’un… Ni à l’autre.

C’était dit le regard droit et pourtant Dieu savait que ça m’avait coûté de dire quelque chose comme ça. Allez Andrea, un peu de courage que diable ! Lui aussi est un être humain avec des faiblesses, et ce n’est pas parce que tu ne les vois pas, que tu ne les connais pas qu’elles ne sont pas là. Alors c’est bon maintenant tu arrêtes un petit moment de te prendre la tête sur tes actes. Fais juste ce que tu as envie et si ça ne plait pas ben, c’est tant pis mais au moins tu auras essayé et ça ne veut pas forcément dire qu’il te rejette. Hein ? Hein ? Comme si c’était si simple l’auto persuasion. Si ça avait été le cas, je ne serais pas dans cette situation actuellement.

- C’est pas pratique, je ne peux pas t’embrasser.

Je bénis l’espace d’un instant la nuit de cacher ce qui était inévitable, à savoir un rougissement intempestif qui envahit mes joues. Mais je savais pourtant que pour Elio, qu’il fasse nuit ou non, c’était pareil, il pouvait facilement deviner ce que cette phrase allait produire. Si je commençais à me faire aux gestes, en parler, ce n’était pas encore ça. Loin de là même. Mais je ne perdais pas espoir d’un jour réussir à en discuter avec lui. Mais ça, ça impliquait de passer encore un bon moment avec lui. Dans une relation ou rien n’était fixée, difficile de voir plus loin que le lendemain matin. C’était d’ailleurs sûrement ce qu’il cherchait. Mais à travers la gêne, le message que je percevais était clair. A savoir qu’il avait envie de m’embrasser. Et s’il savait à quel point c’était réciproque. Sauf que, ah, surprise, ce n’était pas si simple. Une fois que l’étreinte est enclenché oui, mais y donner le feu vert, c’était une autre paire de manche. Cependant une idée commença à germer dans mon esprit. Oui en fait, je pouvais toujours agir comme ça, ça serait un bon début. Mon envie et ma décision se renforça alors que je sentis ses doigts délicatement passer sur mes lèvres, leur donnant une envie supplémentaires d’embrasser autre chose. Mais je ne me fis pas prier pour apposer un baiser discret sur ce doigt qui avait goût d’alcool, comme les autres fois, dans ses souvenirs qui revenaient à moi.

Car cette fois, je ne voulais pas encore perdre la face. Mon égo se réveillait à un instant étrange. Et du coup, ce fut à cause de lui que je commençais par me redresser. Pour une fois, pendant quelques courts instants, j’allais mener la danse. Chose très drôle en fait quand on y pensait, mais pas totalement sans fondement. C’était lui qui m’invitait à entrer en action et cette fois, je n’allais pas m’esquiver. Je m’assis sur ses genoux, face à lui. Ce n’était pas un poids plume comme le mien qui allait le déranger, surtout que j’essayais quand même de garder un peu appuis sur mes jambes. Je commençais par attraper le col de sa chemise en commençant à le triturer. Non pas nerveusement, mais juste parce que je réfléchissais. Mes yeux étaient encore fuyants et il fallait que je me décide vite à agir. Je commençais par l’embrasser dans le cou que cette chemise mi ouverte dévoilant constamment et puis je remontais sur la mâchoire pour un autre bisou. Puis sur le menton, et enfin j’ancrais mon regard dans le sien alors que mes mains se trouvaient à sa taille, caressant doucement de bas en haut. Je rapprochais mon visage du sien jusqu’à ce que nos nez soient à la limite de se frôler. Mes mains passèrent sous sa chemise pour caresser la peau à l’endroit précédent. Je respirais tout doucement par la bouche et sentais son souffle sur ma peau de la même manière. Nous étions très proches. Et je commençais à avoir sérieusement envie de plus. Pourtant cette attente était aussi insoutenable que créatrice d’envie. Je finis par articuler dans un souffle.

- Et maintenant, c’est mieux ?
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Aurelio Pastore

Aurelio Pastore

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeSam 18 Juin - 7:54

Il était étonnant de voir à quel point tout était différent quand c’était avec Andrea. Sans vouloir totalement l’admettre, bien qu’il finisse par se douter de quelque chose sans savoir exactement quoi, Elio savait que personne n’aurait pu mettre ainsi sa tête sur ses genoux sans qu’il ne le vire prestement. Ce n’était pas le genre de contacts qu’il recherchait, et encore moins ceux qu’il pouvait apprécier. Il ne se crispa cependant pas comme quelques instants auparavant alors qu’il lui prenait la main. Il fallait savoir accepter certaines choses, faire des compromis. Pourquoi ? Elio ne le savait pas vraiment, il avait juste le sentiment que se montrer plus souple et acceptant plus de choses de la part de son amant ne pouvait que lui être bénéfique. C’était sans doute une manière de plus de l’aliéner à lui ? Oui, sûrement. Il l’avait attaché par sa surprise première d’un monde inconnu, puis par le défi du jeu, par le plaisir qu’il savait procurer, et maintenant il sentait bien que cela ne suffirait plus au jeune homme. Il fallait, pour le garder toujours aussi dépendant à son égard, introduire une dimension supplémentaire dans leur bien étrange relation, déjà non définie au préalable. Si le jeune serveur n’avait aucun pré-requis ni connaissances en termes de tendresse, il apprenait étonnamment vite au contact d’un presque adolescent qui n’attendait que ça. Ne voyant par exemple pas l’intérêt d’une telle position, il s’y pliait pourtant presque volontiers, un peu tendu mais sans rien en laisser paraitre. Etait-ce vraiment raisonnable de céder ainsi du terrain et d’accepter de se voir envahir une partie de son corps qui n’avait pas ce rôle premier ? Pouvait-il encaisser le fait d’avoir quelqu’un, à moitié allongé sur lui, le regardant d’en bas avec un air étrangement calme et pourtant gêné à la moindre parole ? Elio ne l’aurait tout d’abord pas pensé, jugeant la situation trop déraisonnable et sans la moindre utilité. Oui, c’était sans nul doute le raisonnement qui lui convenait le mieux, au vu de son caractère.

Et pourtant, de voir Andy là, abandonné sur lui, c’était à la fois étrange et plaisant. Ses cheveux blonds s’étalaient sur ses cuisses comme autant de filaments discrets qui lui éclaircissaient le visage. Dans l’obscurité qui les entourait cela n’avait rien d’aussi évident que cette même position sur un oreiller, pourtant ce simple étalage donnait envie de lui remettre quelques mèches en place. C’était le jour et la nuit entre Andrea et lui. Elio avait ses cheveux sombres, renforcés par une teinture noire, fermant son visage en dépit du sourire qui y était presque toujours fixé. Certains disaient que ça lui offrait une dimension mystérieuse, lui pensait plutôt que la couleur charbon rendait ses traits plus durs. Mais c’était toujours mieux que le marron délavé sans aucun caractère, et mieux qu’une teinture plus claire qui aurait très certainement un aspect ridicule sur lui. Rien qu’à s’imaginer blond, Elio eut envie d’éclater de rire. Mais cela n’aurait sans doute pas plu à son interlocuteur, qui tel qu’il le connaissait allait se monter la tête en croyant être ridicule. Le barman se calma donc en se concentrant de nouveau sur la posture d’Andrea. Avec la nuit tombée, le froid de ses pupilles semblait étrangement adouci, et le bleu qui y régnait n’avait plus rien à voir avec le regard tranchant qu’il avait pu apercevoir de temps à autre. C’était un détail auquel il n’avait jamais fait attention, dans d’autres circonstances où la lumière venait toujours acérer ces yeux froids contrastant si bien avec ses joues parfois teintées de rouge. Cette fascination pour les différentes composantes de son visage n’était pas familière à Elio, et c’est sans doute pour cela qu’il revint à son discours initial, celui qui lui ressemblait tant, pour se dédouaner de son comportement. Pensée nouvelle, paroles habituelles. En espérant que le tout puisse s’équilibrer.

Pourtant, il aimait l’idée qu’Andrea puisse s’intéresser à ce qui le définissait. Il appréciait la question venant de sa part, et aurait sans doute aimé lui répondre plus simplement par un « oui peut-être ». Il s’imaginait déjà, installé au bar les bras croisés, à observer un gamin perdu dans un océan d’alcool, dont il ne devait pour la plupart pas connaitre le nom. Le laisser découvrir les mélanges détonnant, faire des erreurs, goûter les amertumes avec une grimace de désapprobation et féliciter ses réussites d’un baiser. Le parfait petit couple. Ridicule, en fin de compte, cela lui fit froncer légèrement les sourcils. Ce n’était pas le moment de déconner plein pot, là. Heureusement, la réponse d’Andrea lui permit de sortir de son délire névrotique. Il avait beau lui rétorquer avec une apparente assurance qu’il se contenterait des bases, sans pouvoir assurer sa résistance à ses sous entendus, Elio le connaissait suffisamment bien pour le savoir les joues brûlantes. Le connaitre suffisamment bien ... dans ce domaine là seulement. Elio était bien incapable de faire une liste exhaustive qui pourrait définir Andrea, tant il savait peu de choses réellement pertinentes à son sujet. Pour penser à d’autres choses, Elio lui confessa son envie manifeste de saisir ses lèvres entre les siennes. Dire de pareilles choses, en nuances ou directement avec honnêteté, c’était sa façon à lui de se rassurer, de se retrouver dans un univers qu’il maitrisait parfaitement. Sa carapace de séduction se renforçait alors, et les pensées précédentes commencèrent à prendre le large au fur et à mesure qu’Andy répondait à sa question qui n’en était pas vraiment une.

Elio ne s’attendait pas à ce qu’il l’embrasse comme ça, de visu. C’était d’avantage dans ses manières à lui de ne pas réfléchir trop longtemps et d’aller cueillir ce qu’il désirait. Eh, bien qu’avec Andrea il s’amuse souvent à faire durer le plaisir, il ne pensait pas que le jeune homme était capable de la même chose. Tout commença par une légère pression sur les doigts envieux qu’Elio passait sur sa bouche, mais la machine s’enclencha réellement alors que le jeune homme blond se redressait. Sans avoir rien demandé, sans avoir rien engagé si ce n’est une phrase presque banale révélatrice d’une vérité absolue, Elio vit son interlocuteur se percher à califourchon sur lui. Là où quelques instants plus tôt s’abandonnaient des mèches blondes, Andrea était assis face à lui, sur lui. Encore un peu timide et le regard hésitant à venir à sa rencontre, le barman décida de ne rien faire. Puisqu’il avait décidé d’entamer les choses, il allait le laisser aller au bout, le laisser découvrir le plaisir d’expérimenter et d’aller à son propre rythme. Peut-être que cela l’influencerait pour les soirs à venir et qu’il se montrerait alors plus entreprenant. Peut-être pas. Mais en tout cas, le serveur du Love’s out était loin, bien loin d’être perdant même si cette expérience n’avait pas de suite. Il était ainsi jouissif de diriger la danse mais tout aussi délicieux que de s’offrir aux gestes malhabiles mais si bien intentionnés d’un gamin en quête de découverte.

Andrea hésita quelques instants en réfléchissant, et le col de la chemise d’Elio s’en souviendrait. Un instant, le barman craint qu’il ne change d’avis et ne fasse que rester là, attendant de lui ce qu’il avait toujours fait : prendre l’initiative. Une fois dans la dynamique, Andy se laissait à présent faire, porté par son propre plaisir, mais il était bien plus intéressant de stimuler celui-ci en le provoquant. Puis vint enfin le moment où le jeune homme décida de picorer la peau d’Elio de ses lèvres. Son cou, d’abord, sa mâchoire, son menton. Il prit tant de temps entre chacun de ces gestes qu’Elio trouvait naturel quand lui-même les exécutait que cela le fit frémir d’impatience. Se contenant pour ne pas accélérer brutalement les choses, le barman ferma les yeux un instant alors qu’il en était au haut de son cou. Puis les rouvrit pour pouvoir fixer Andrea qui le regardait à présent. Mais le jeune homme ne s’arrêta pas là et Elio, encore surpris de tant d’audace, sentit un contact familier sur la naissance de ses hanches, un contact qui rapidement se passa de la barrière de tissu sombre qui recouvrait la peau d’Elio. Pendant ce temps, les visages s’étaient approchés l’un de l’autre comme attirés inexorablement, et Elio sentait la respiration d’Andrea sur ses lèvres.

- Et maintenant, c’est mieux ?

Elio ne saurait vraiment dire ce qui lui grilla une partie de ses neurones à cet instant précis. Était-ce les actions, pour Andrea osées, que son partenaire venait d’entreprendre ? Ou bien sa question, à la limite de la provocation, qui le réveilla si brutalement ? Toujours est-il que le jeune homme respirait plus fort, par la bouche, et que ses mains le démangeaient brutalement. A deux doigts de craquer, il prit néanmoins le temps de lui répondre plus ou moins posément.

- Beaucoup mieux. Progrès fulgurant, maintenant je vais enfin pouvoir faire ce dont j’ai envie dès que je te vois.

Et les actes suivirent ses paroles. Doucement, comme pour ne pas effrayer un animal peureux, Elio permit à ses mains d’entrer en action. La première glissa dans son dos, restant au creux des reins pour une meilleure prise, tandis que la seconde remonta d’avantage pour venir caresser la chaude joue d’Andrea. Il y resta un instant, caressant le grain de la peau, effleurant le bord des lèvres sans jamais s’y attarder, descendant parfois jusqu’à sa nuque, jusqu’à y rester. Et par l’action lente mais déterminée de ces deux mains astucieusement placée, Elio commença à rapprocher le corps d’Andrea du sien. Il le colla alors contre lui, l’enserrant du bras passé autour de ses hanches, et vint à la rencontre de cette bouche si convoitée en rapprochant sa nuque de la sienne. Le baiser était très doux, à peine un contact, avant qu’il ne s’écarte. Il lui sourit. Puis recommença, avec un peu plus d’insistance cette fois. Sa bouche se fondait sur celle du jeune homme, et s’il avait cru pouvoir apaiser la tension qu’Andrea avait causée en l’approchant ainsi, Elio ne fit que l’attiser. Il en resta pourtant au stade du baiser, tenant sa promesse de l’embrasser sans chercher pour l’instant à aller plus loin. Ils avaient toute la nuit devant eux, après tout ...

- Tu restes, ce soir ?

Question directe dont il connaissait déjà la réponse, mais Elio avait simplement eu envie de lui signifier en mots son désir de le voir avec lui. Et puis, derrière cette simple question il y avait quelque chose de bien plus important. Comme de rester ce soir, cette nuit, jusqu’à demain. Mais ça, hors de question qu’il l’explicite à voix haute, qu’il l’avoue à Andrea ou même à lui-même. Un peu de fierté, que diable. Pour une fois que c’était lui qui en avait ...
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Andrea Vitaly

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeVen 24 Juin - 10:20

Me gusta la mañana, me gustas tu.
Me gusta el viento, me gustas tu.
Me gusta soñar, me gustas tu.
Me gusta la mar, me gustas tu.


C’était bien la première fois que je faisais preuve d’autant d’audace. Moi l’expert pour m’esquiver, pour fuir devant la réalité, pour oublier dès que je m’en allais. Moi ? Faire des avances ? Mais il fallait se lever tôt pour avoir la chance de voir ça. Si chance c’était. Il aurait été fort probable que je nie totalement toute action de ma part. « Non c’est pas moi j’ai un alibi j’étais au cinéma ». Jouer les fiers, ça j’étais très fort pour le faire, mais assumer, c’était quand même une autre paire de manche. Assumer mes conneries, ouais à la rigueur. Toute façon que j’assume ou pas j’étais gagnant quand même dans presque tous les cas. Qui pouvait se mesurer à moi sur le terrain de l’influence ? En tout cas dans les gens de Milan, il n’y en avait pas. Et j’emmerdais Egeado qui s’évertuait à me dire que je n’étais qu’un ignorant. C’était lui l’ignorant. Il ne savait rien de ce que je pouvais penser ou ressentir. Egeado le bon saint Maritain, tu parles. Et lui il les prenait ses responsabilités ? Il choisissait la solution de facilité en se débarrassant de moi sous couvert qu’il fallait que je découvre la vraie vie. Sa vie à lui aussi n’était qu’une succession d’échec. Ce n’était qu’un pauvre type paumé qui n’avait pas d’amis et qui ne foutait rien de ses journées. Et s’il faisait vraiment quelque chose, je ne tenais pas vraiment à le savoir. Il était incapable de remplacer mes parents. Il était incapable d’à peu prêt tout en fait. Alors comment voulait-il que je le respecte ? Nos discussions finissaient toujours mal et si je lui lançais des regards noirs, lui se contentait de sourire de façon toujours aussi moqueuse. Et je le détestais pour ça. Il cachait quelque chose j’en étais sûr. Le gentil Egeado. Le petit frère prodige de ma mère. Il n’a jamais rien fait pour mériter ce titre. Egeado n’était qu’un raté et j’étais bien content de ne plus le voir en ce moment.

Et j’espérais surtout de tout cœur qu’il ne soit absolument jamais, jamais au courant de ma relation avec Elio. Et encore moins de ce que j’étais en train de faire actuellement. C’était bien trop gênant pour qu’un jour quelqu’un soit au courant de ça. Déjà que rien que le regard d’Elio était parfois dur à supporter, alors celui des autres, ce n’était même pas la peine. Si je m’accommodais bon gré mal de celui des autres clients, car c’étaient ceux d’habitués, les gens autres, hors de question. Car malgré les semaines qui passaient, j’avais l’impression d’être le même étranger qu’au premier jour dans ce bar. J’avais pourtant pris mes marques, je connaissais le barman, il me connaissait, savait mes goûts et me faisaient des cocktails. Je connaissais à reconnaitre les visages de certains habitués. J’aurais pu me guider aisément dans les pièces, ainsi que celles de l’étage. Et pourtant je me sentais comme différent. La faute de mes origines ? La faute de mon physique, de ma tête de mes manières ? La faute à la patronne qui me snobait aussi bien que moi je pouvais le faire ? Je ne comprenais pas pourquoi elle m’ignorait de cette façon alors que j’étais un bon client qui consommait. J’étais sûrement encore trop immature. Je croyais connaître le fonctionnement de la chose. Mais ce n’était pas en à peine quelque mois de visite nocturne qu’on pouvait apprécier pleinement ce que cet univers pouvait offrir. Je n’étais qu’un gamin trop prétentieux ici. Je n’avais aucun droit, aucun pouvoir. Mon univers, c’était l’informatique, le monde irréel. Le leur, c’était la nuit, les rues sombres, ce bar. Et je ne pouvais prétendre en quatre mois, huit ou même un an d’arriver à leur niveau actuel. C’était dur de maitriser quelque chose, d’en savoir les moindres rouages, d’anticiper les problèmes, les solutions. Si les lignes de codes n’avaient presque plus aucun secret pour moi, les lignes de nuit, c’était une autre affaire. Heureusement qu’il y avait Elio pour me maintenir ici. Car j’aurais peut être déjà craqué avant. Quand on n’avait pas de contact dans le milieu qu’on essayait d’intégrer et que malgré nos efforts, rien ne fonctionnait, c’était dur se continuer à se motiver.

Et ça avait été dur de continuer à me motiver quand j’avais été perdu par l’attitude d’Elio, quand il fallait que je prenne énormément sur moi pour me décider à pousser de nouveau la porte de ce bar. Ca avait été dur de ne pas céder brutalement à l’angoisse d’un monde inconnu. Et ça avait été le même problème quand nous étions allés plus loin. Je n’avais jamais fait autant d’effort pour quelqu’un. Est-ce qu’il le méritait vraiment ? Je n’arrivais plus à penser de façon efficace comme je pouvais le faire devant mon écran. Là bas j’étais rapide, j’anticipais et je n’avais pas peur, je connaissais mon sujet et mes aptitudes. Là bas je savais réfléchir et envisager les meilleures options. Ici j’avais beau penser et penser, je ne trouvais rien qui puisse vraiment être bien. Si les solutions informatiques étaient infinies, que pouvait-on dire de celles en relations humaines ? Chaque geste, regard, sourire, mot pouvait influence sur la suite de notre relation. Pas étonnant que je n’osais pas bouger. Et maintenant que j’avais pris un peu d’assurance, je faisais un peu n’importe quoi. Tout ce que j’essayais d’anticiper de se passait jamais comme ça, alors il fallait bien essayer autre chose. En l’occurrence se laisser aller et voir ce que ça faisait. Faire ce qu’on avait, tout en se restreignant un peu pour ne pas qu’il ait de mauvais apriori. Je pensais à l’autre avant moi. S’il avait pu savoir à quel point c’était impossible en temps normal. Elio idiot. Pourquoi est-ce que j’agissais de la sorte ?

Il n’empêchait que tout de suite maintenant je mourrais d’envie de me rapprocher de lui, de le comprendre, de le sentir, je voulais être dans ses bras maintenant et sentir sa chaleur sur le champ. Mais quoi ? Ce n’était pas parce que les choses me venaient un peu plus naturellement que je pouvais les faire comme si de rien n’était. Je n’étais pas comme ça moi. Et c’était pour ça que je restais un peu bêtement devant lui. Sauf que mon cœur s’emballa rien qu’à une telle proximité sans pour autant que nos visages se touchent. Mon cœur battait fort et mes mains sur ses hanches se réchauffèrent rapidement. Il me donnait envie. C’était dur à dire mais il me donnait carrément envie. Rien que sentir son souffle chaud à proximité de moi me donnait envie de me rapprocher subitement et d’oublier ce qu’il pouvait bien penser tant que je profitais. Mais le désavantage de cette solution c’était que même si sur le moment je me sentais bien, la réalité ne pouvait que me rattraper et là c’était dur comme retour de bâton. Se laisser aller ça voulait dire s’en rendre compte plus tard et ça, ça faisait mal. Ca faisait toujours mal. Alors j’essayais de me dédouaner comme je pouvais en le laissant commencer. Tant pis si après je poursuivais et que je rentrais dans son jeu. Malgré tout j’avais encore peur de ce qu’il pouvait de moi. C’était bien malheureux mais il fallait se rendre à l’évidence, j’étais bien moins sûr de moi que ce que je voulais bien faire croire.

- Beaucoup mieux. Progrès fulgurant, maintenant je vais enfin pouvoir faire ce dont j’ai envie dès que je te vois.

Il ne fallait pas que je craque, pas face à ça. Enfin, ça faisait plaisir quand même, un peu. Et puis le ton sans moquerie, je ne l’attendais plus vraiment. Il fallait bien s’habituer. J’aurais pu répondre sur le même ton que je n’attendais que ça. Mais ça aurait été de la frime plus qu’autre chose. Bien sûr que j’attendais ça, mais ce n’était pas une raison pour le dire comme ça de but en blanc. Le jour où je lui dirais « Oh oui Elio prends-moi » n’était pas encore arrivé. Oooooh non. J’aurais tellement aimé lui demander ce qu’il voulait. Mais je ne savais, je n’y arrivais pas. C’était pareil pour lui expliquer ce que je commençais à ressentir. Mais au fond de moi, j’avais sûrement peur qu’il se moque de nouveau et ne me prenne pas au sérieux.
Et puis les mouvements tant attendus arrivèrent. Si seulement j’avais pu lui signifier que c’était mon cas également. Faire ça dès que je le voyais. Je me laissais faire alors que ses mains commencèrent à glisser dans mon dos, sur mon visage. Ses mains douces. Embrasse-moi Elio. Embrasse-moi s’il te plait. Et pourtant tout le temps qu’il me rapprocha de lui grâce à d’habiles manœuvres je gardais mon regard ancré dans le sien. Je ne me défilerais pas. Pas aujourd’hui. Mes bras s’enroulèrent autour de sa taille alors que le baiser vint enfin. Si vite reparti. Ne laissant qu’un gout amer, à peine une pression. Mon visage se rapprocha encore un peu pour que les lèvres s’effleurent, en demandant encore plus. Heureusement, je n’eus pas à me faire prier pour obtenir un autre baiser, cette fois un peu plus long. Mais c’était frustrant. Bien trop frustrant et je le serrais un peu plus fort pour être plus proche de lui. Comment demander plus sans passer pour… Sans qu’il se moque quoi.

- Tu restes, ce soir ?

Je ne pus contenir un sourire. Question rhétorique. Comme si il y avait une infime chance que je parte maintenant. Comme ça. Mais qu’il s’en inquiète me fit chaud au cœur. Je souris à mon tour.

- Je pense que oui, je n’ai rien de mieux à faire ce soir.

Je n’avais jamais rien de mieux à faire que d’être avec lui de toute façon. Pas depuis que j’étais devenu accro. Et quand je passais mes journées, je n’attendais qu’une chose, c’était de le revoir le soir, encore le revoir toujours le revoir. Et si je lui demandais maintenant ? C’était vrai quoi, apparemment il n’avait pas grand-chose à faire de ses journées, peut être qu’on pourrait en passer une ensemble de temps en temps. Même juste pour se balader, se faire un ciné ou autre chose. J’éviterais de lui tenir la main et peut être que ça marcherait. Rien que d’y penser je sentis encore mon sourire s’élargir. Je lui montrerais mon appartement et on irait faire un tour et et… Et je commençais déjà à m’emballer. Hey ho, un peu de réalité. Rien ne me disait qu’il accepterait. Je savais que rien n’était pareil ici, la nuit que la journée. Ca je l’avais bien compris. Mais depuis du temps avait encore passé, alors peut être qu’il suffisait de croiser les doigts, de demander ça d’un ton convaincant pour le faire plier. Plus j’y pensais, plus ça devenait l’évidence dans ma tête d’avoir la légitimé de lui demander quelque chose comme ça. Je ne lui demandais pas la lune quand même. Si l’effort que ça lui demandait était trop grand, je n’insisterais pas tant qu’au moins je restais un peu avec lui. Et il m’en fallait du courage. Au moins autant que de l’embrasser.
Ce que je fis. Un peu plus fort, un peu plus passionné. Et j’ouvris la bouche malgré cette appréhension. Je voulais l’avoir toujours plus près de moi. Et alors qu’une main restait autour de sa taille, l’autre fit écho à la sienne sur sa nuque. Et je ne voulais pas le lâcher. Pas maintenant, encore un peu avec lui. Contre lui. J’aimais ses baisers, sa façon de faire, celle de me rendre accro. Je m’étais sûrement amélioré depuis les premières fois, mais je devais encore être bien loin de son niveau à lui. Enfin, je faisais mon possible pour lui donner envie quand même, c’était bien une des rares choses que je pouvais faire. Le baiser se termina et il fallait que je lui pose cette question. Qui me paraissait soudainement bien ridicule et déplacée. Alors que l’embrassais encore, pour y trouver du courage. Plusieurs fois rapidement alors que mon regard plongeait vers le haut de son torse. Non Andrea, on était dehors, c’était sa pause, arrête d’imaginer n’importe quoi. Il t’a demandé implicitement de rester avec lui ce soir, alors tu peux bien attendre encore un peu.

- Dis Elio…

Un baiser, encore un.

- Ca te dirait qu’on se voit dans le courant de la semaine ? Enfin je veux dire la journée quoi, ailleurs qu’ici.

Bien malgré moi yeux s’abaissèrent un peu de timidité. Quels moyens avais-je de l’attendrir ? Je n’attendais qu’un oui.
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Aurelio Pastore

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D’ordinaire, les relations qu’Elio avait avec le monde extérieur pouvaient se résumer à un train désaffecté. Un instrument définitivement hors circuit qui stationnerait dans une gare inconnue et éloignée de tout, dont l’apparence n’a plus rien d’envieux. On y montait, un peu fébrile mais sûr de ne pas subir le moindre dommage tant il n’y a rien à craindre de quelque chose qui ne peut plus rien faire pour vous surprendre. On découvrait le premier wagon, observait le paysage, tentait de s’y faire. Elio avançait lentement, effleurant les affiches publicitaires déchirées comme il se fichait de l’apparence de ses clients, tournait autour des barres de métal auxquelles on se tient si le train accélère trop brutalement comme il s’attachait ponctuellement à l’une ou l’autre de ses connaissances. Il testait parfois quelques sièges, cela lui arrivait d’en préférer certains à d’autres, mais au final il ne faisait aucune différence et s’amusait à tous les sentir sous lui, évaluant leur potentiel de confort. Tout comme il essayait plusieurs approches en tentant de trouver la meilleure, se perdant parfois dans une moins bonne qui marchait de toute façon. Puis, quand il avait fini d’explorer le premier wagon, la première partie de sa relation avec autrui, le jeune homme passait au suivant. Plus ou moins rapidement, plus ou moins impatient, il recommençait son manège jusqu’à arriver bien rapidement à la place du conducteur, qui symbolisait la fin du voyage. L’étape ultime, celle qu’il ne dépassait jamais avec ses clients. C’était le dernier compartiment, celui du sexe et de l’habitude, celui de la relation facile sans lendemain ni faux-semblant des deux côtés. Compréhension mutuelle de ce qu’ils attendaient, Elio ne dérogeait jamais à cette règle et se sentait en sécurité dans ce train au nombre de wagons limité, à l’arrivée certaine et à la simplicité d’utilisation. Il suffisait de marcher nonchalamment devant soi, en restant comme il l’avait toujours été. Sans peur des variations de vitesse, sans peur de voir d’autres passagers lui voler la vedette, sans crainte par rapport à la destination toujours connue. C’était si simple, ce voyage qui n’en était pas vraiment un, de le rendre différent à chaque fois et pourtant si semblable dans son déroulement.

Et pourtant, depuis quelques soirs, Elio ne retrouvait pas ses repères. Il avait d’avantage l'impression d’être dans un train lancé à toute allure vers une destination inconnue dont il n’aurait aucune idée. Sans doute le départ s’était-il fait alors qu’il avait déjà avancé de quelques compartiments dans sa progression, et lentement qui plus est puisqu’il ne s’était pas sentit partir. Seulement voilà, maintenant il pouvait sentir le vent qui giflait son visage à travers les fenêtres ouvertes, l’obligeant parfois à fermer les yeux pour se protéger de la puissance de la vitesse. De plus, en regardant bien plus il avançait dans ce train et plus le décor changeait. Ce n’était plus l’intérieur délabré et crasseux dont il avait l’habitude, mais quelque chose de propre, simple, aux fauteuils agréables mais tous identiques, le ramenant toujours à la seule personne qu’il effleurait de ce voyage. Autour de lui, des dessins étaient gravés ou affichés sur les murs représentant tous un visage timide au regard si particulier, des cheveux blonds et un air d’adolescent qui aurait grandit trop vite. Les souvenirs de lui étaient partout, flottant dans l’air de son esprit, et Elio où qu’il regarde croisait l’image de celui dont il avait oublié le nom, la première fois. Maintenant il l’aurait répété autant que possible, se dirigeant avec une hâtive retenue vers le compartiment final. Celui qu’il connaissait, tout en l’ayant déjà dépassé. Et pourtant, rien ne s’arrêtait, la route continuait inexorablement devant lui dans ce train qui ne semblait avoir ni finalité ni conducteur, lancé à plein vitesse dans l’inconnu et l’incertain. Oui, Elio commençait à avoir peur. Parfois, il éprouvait le besoin de s’accrocher à une barre de fer pour lancer une boutade cachant ce qu’il pensait réellement, ou même de reculer de quelques pas avant de trouver de nouveau l’envie d’avancer. C’était un chemin complexe qu’il peinait à entreprendre, et pourtant qui représentait bien sa relation avec Andrea. Poussé en avant par la curiosité d’une route qui semblait si différente de ce qu’il connaissait, le jeune barman hésitait toujours entre la curiosité de l’envie et la peur de ne pas savoir.

Ne pas savoir quoi répondre face à ses attentes, ne pas savoir comment réagir pour le satisfaire. Ou bien connaitre la solution théorique et se trouver dans l’impossibilité de le faire. Eux si différents, Elio se demandait parfois si les concessions qu’il faisait de temps à autre en écoutant son instinct avaient un sens. Est-ce qu’il voyait les efforts d’Andrea ? Oui, mais certainement pas à leur juste valeur, ignorant l’étendue de ceux-ci pour le jeune homme. Mais lui, est-ce qu’il devinait à quel point il se faisait différent, même si cela ne se voyait pas toujours ? Savait-il que ses pensées étaient souvent tournées vers lui, même en pleine étreinte avec un autre ? Pouvait-il un instant imaginer que dès le réveil, Elio attendait le soir avec impatience comme jamais auparavant simplement pour pouvoir de nouveau l’enlacer, lui répondre avec espièglerie pour admirer sa gêne, son plaisir ou son incompréhension ? Non, sans doute pas. Trop différents, les deux hommes s’ils étaient inexorablement attirés l’un par l’autre ne comprenaient pas l’univers de l’autre aussi bien que nécessaire. Certes, la parole aurait pu arranger les choses. Mais il fallait dire tant de choses que cela paraissait insurmontable, au-delà de toute imagination. Elio ne pouvait se résoudre à s’imaginer expliquer que son regard incertain était toujours dans son esprit, ne lui laissant que rarement un instant de répit. Il ne pouvait pas mettre des mots sur ses impressions, de peur de les rendre plus réelles qu’elles ne l’étaient déjà. Croyant encore un peu qu’il pouvait fuir cet état de fait, se cacher derrière ses sourires et son quotidien, répondant à Delia ce qu’il aurait voulu être la vérité, Elio se voilait la face et refusait avec obstination d’admettre une vérité écrasante. Et quoi, même en le disant, il doutait que cela ait un intérêt au long terme. Se détruire totalement était ridicule, et cette masturbation intellectuelle qui lui prenait le cerveau pour jouer avec le peu de sentiments qu’il se découvrait, c’était tout bonnement du suicide pour tout ce qu’il avait construit de ses mains. Elio ne voulait pas se voir disparaitre dans l’illusion d’une chimère simplement pour expérimenter quelque chose d’inconnu.

- Je pense que oui, je n’ai rien de mieux à faire ce soir.

Il l’avait dit dans un sourire, certainement pour se montrer désinvolte. Elio accepta la réponse, bien qu’il eut secrètement espéré être plus que quelque chose qu’on prend parce qu’il n’y a rien de mieux ailleurs. C’était amusant de voir comme Andrea jouait d’avantage sur la distance et la désinvolture, alors qu’Elio s’attachait de plus en plus aux mots eux-mêmes, en tirant des conclusions qu’il n’aurait en temps normal jamais pu imaginer. Il accueillit tout de même le sourire de son partenaire avec plaisir, bien qu’il ne lui ait pas encore signifié ce que cela pouvait éventuellement représenter comme question. Il ne lui dirait sans doute pas, et espérait simplement avoir le courage d’accepter cet état de fait qu’il désirait malgré tout. Stupide ? Oui. Elio était en train de sombrer peu à peu dans l’ambiance créée de son seul fait. Les baisers qu’il échangeait avec son amant étaient autant de petites piqures anesthésiantes qui endormaient sa vigilance et sa résistance, qui le rendaient comme enivré de la situation. Résistant à l’alcool, Elio cédait au contact d’un simple gamin qui lui faisait de l’effet. Beaucoup d’effet. Son corps frissonnait discrètement sous l’envie que faisait naitre Andrea de sa bouche, allumant en lui ce réflexe charnel dont il ne se délestait jamais. Ses essais plus assurés qu’à l’ordinaire pour le capter autour de lui marchaient indéniablement, et Elio ne sentait même plus la fraicheur de la nuit sur ses avant bras découverts, laissant le contact du jeune homme l’irradier d’une douce chaleur au niveau du cou, à présent lui aussi prisonnier. Et contrairement à d’habitude, Elio ne fit rien de plus que de lui répondre, le laissait peu à peu expérimenter la découverte en solitaire sur quelqu’un qui se plie totalement et partage la même envie, la même impatience.

- Dis Elio… Ca te dirait qu’on se voit dans le courant de la semaine ? Enfin je veux dire la journée quoi, ailleurs qu’ici.

Il aurait presque pu s’en douter du fait de l’hésitation qui précédait la question, et la mine contrite qu’il lui offrit après rendit sa réalité à la phrase d’Andrea. Elio savait que ce moment arriverait. Ignorant simplement quand, il avait bien dans l’idée qu’Andy était quelqu’un de particulier dans le paysage du Love’s out. S’il avait tenté de l’y noyer, de le faire épouser les principes de l’établissement, le barman savait que ce n’était qu’utopie de croire à une possible relation sans complication ni débordement. Elio avait été trop gentil, trop prévenant ces dernières semaines. En tentant de préserver sa peur et de prendre en compte ses besoins impliquant du temps et une progression en douceur, le jeune homme lui avait offert de faux espoirs. Il l’avait laissé croire à la possibilité d’une continuité en dehors d’un tel contexte. Trop envieux de lui et de son corps timide, Elio n’avait pas réussi à tout céder plus tôt, à abandonner une partie qu’il savait vouée à l’échec. Il avait persévéré en souhaitant de toutes ses forces qu’Andrea s’en tiendrait à ce qu’il lui offrait. Mais quand on donne une main, souvent l’autre demande le bras. Et c’est à son propre piège qu’Elio se retrouvait confronté, par la simple faute d’avoir été plus patient et plus attaché qu’il ne l’était d’ordinaire. Le payant au prix fort en cet instant, le jeune homme se maudissait de devoir choisir entre deux solutions difficilement acceptables, tant l’une que l’autre. D’un côté, suivre Andrea là où il souhaitait l’emmener et se détruire lui-même peu à peu en se laissant entrainer toujours un peu plus loin. Se défaire de lui-même simplement pour conserver cette présence auprès de lui. De l’autre, laisser Andrea partir et arrêter maintenant, brutalement, tout ce qui les unissait d’une manière ou d’une autre. Lui dire de dégager, immédiatement, et de ne jamais revenir. Ce qu’Andrea ferait, Elio le savait. Mais lui, avait-il le courage pour laisser ces mots s’échapper ? Pouvait-il faire face à une colère immense ou une déception tout aussi destructrice ? Rien n’était moins sûr.

Mais Elio ne pouvait pas accepter. D’abord, parce que tout cela n’était que la représentation de quelque chose de bien trop sérieux. Andrea n’était qu’un client et un partenaire, certes régulier mais pas unique. Enfin, presque pas. Il n’était pas son petit ami, pas même un ami, juste un amant. Et Elio savait bien qu’accepter sa proposition revenait à le faire changer de statut, sans qu’il n’y puisse rien faire. C’était inenvisageable. Ensuite, parce qu’en dehors du bar Elio n’était rien. Au soleil il perdait de sa prestance, il perdait de son pouvoir. A la lueur du jour, le jeune homme savait que plus grand-chose ne les séparerait, et qu’il casserait ce qu’il avait mis tant de temps à construire. Il ne voulait pas descendre de cette vie qui était la sienne, refusait tout bonnement de s’abaisser à perdre le sens de soi et à trahir tout ce qui le définissait. Accepter signifiait se perdre, et Elio n’acceptait pas que quiconque d’autre que Delia ne le voie autrement. Il était Elio, pas Aurelio. Et le soleil avait tendance à faire ressurgir celui qu’il avait un jour été. Ses failles, son visage pâle et ses yeux cernés, seul son miroir et sa patronne y avaient droit. Refusant catégoriquement de sortir en ville en tant qu’Elio, le barman de l’établissement bien connu de certaines classes de Milan, il se promenait toujours en tant que jeune homme banal et inintéressant, sauf dans les rares cas où il déployait beaucoup d’efforts pour aller chercher des clients en ville comme il l’avait fait pour Andrea, au détour d’un pur hasard. Mais, si Elio était conscient qu’il lui était possible de faire ces mêmes efforts et de répondre à la requête d’Andrea, il ne s’imaginait pas recommencer encore et encore, ce qui adviendrait forcément s’il laissait passer le premier oui. Aussi, sa décision prise, Elio écarta doucement Andrea pour le laisser assis sur le banc tandis qu’il se levait, lui tournant le dos un instant avant de lui faire face de nouveau. Sur son visage, une détermination qu’il n’avait pas quelques instants auparavant. Il allait lui faire mal, mais c’était mieux maintenant que plus tard, avec des conséquences encore plus douloureuses.

- Je ne crois pas. La journée, je ne suis pas aussi disponible que tu sembles le croire.

Il regretta d’emblée ses paroles. Elles paraissaient dures alors qu’il aurait voulu être ferme, mais délicat. N’étant pas doué pour ces choses là, le jeune homme s’en voulait. Alors il décida d’effacer ses mots en se penchant pour chercher la main d’Andrea, qu’il saisit pour le tirer à lui. Il l’embrassa avec conviction, plaçant ses mains autour de son cou, ses pouces effleurant sa mâchoire. La prise était sans échappatoire, mais aussi douce que les caresses qu’il comptait bien lui prodiguer sous peu. Avançant, le faisant reculer, il l’accula avec tendresse contre le mur du bar pour se rapprocher de lui et tenter de lui transmettre par une simple étreinte ses doutes, ses raisons. Bien qu’Elio devine sans mal la souffrance de ce gamin si sensible et susceptible, et qu’il sache pertinemment qu’il ne pourrait imaginer la réflexion qui sous tendait sa réponse, il tentait tout de même. Par la simple précaution qu’il mettait à l’embrasser, laissant son corps épouser le sien et ses mains savourer le contact de sa peau. Puis il s’écarta un instant et lui souffla à l’oreille quelque chose qu’il pensait, en contraste du mensonge qu’il venait de lui servir :

- Par contre, ce soir je te suis tout disponible. Laisse-moi t’emmener là-haut ...

On sentait presque la supplique dans sa voix, mais avant tout le besoin de l’enlacer sans retenue pour oublier, oublier tout ce qui passait dans sa tête en cet instant. Il en avait marre, voulait simplement se rassurer. Elio attendait toutefois, dans la crainte d’un refus qui serait légitime. Peut-être que tout était terminé, en fin de compte. Mais, ignorant son service, son travail et sa patronne, le jeune homme voulait se convaincre du contraire en abandonnant toute obligation pour simplement lui faire comprendre que ce n’était pas ce à quoi il pensait qui avait guidé cette attitude. Simplement un besoin de compromis, un besoin pressant de se faire comprendre, bien qu’Elio doute de la faisabilité de la chose, alors que lui-même ne comprenait pas ce qu’il avait en tête.
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Andrea Vitaly

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeDim 26 Juin - 11:26

C'est la vie, c'est la vie,
C'est la vie d'aujourd'hui,
C'est la Valse à sale temps,
Qui vous lâche qui vous prend.
C'est la vie, c'est la vie,
Qui dit non, qui dit oui,
C'est la Valse à sale temps,
Reine des emmerdements.


Instinctivement je croisais les doigts mentalement. C’était comme la question à un million que je lui posais. Et il n’y avait pas trois réponses possibles. Mais avant que j’essaie de me justifier et de lui sourire, je le sentis se dérober et se lever tandis que je restais assis, faisant soudain un grand froid.

- Je ne crois pas. La journée, je ne suis pas aussi disponible que tu sembles le croire.

- Ok, c’était juste une question comme ça.

Tu parles, j’avais déjà dû prendre extrêmement sur moi pour pouvoir lui répondre le plus naturellement possible aussi vite alors que ma gorge venait de se nouer. Je sentais cette grosse boule prendre toute la place et il était fort probable que je ne puisse parler normalement à cet instant. J’avais bien fait de répondre au tac au tac. Merde, je me sentais vraiment débile. Mais alors bien plus que toutes les fois précédentes. Je ne savais plus ou me mettre. Essuyer un pareil refus, voila bien quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout. D’ailleurs je n’arrivais pas à m’en remettre. Il fallait pourtant que j’agisse, que je me ressaisisse, que je montre que ça ne m’avait pas atteint plus que ça. Il avait le droit de refuser. Oui parfaitement. Sauf qu’après les discussions qu’on avait pu avoir, je pensais quand même avoir une petite chance de récolter un oui. Ou quelque chose sous condition. Mais là il n’y avait de la place pour aucune alternative. C’était un non définitif, pas seulement cette semaine mais pour tout le temps. Si je voulais le voir, c’était le soir, c’était ici et ce n’était rien d’autre. Et ça, ça faisait vraiment mal. Moi qui avais l’habitude qu’on cède à mes caprices assez facilement, je n’avais jamais vraiment attendu quelque chose. Même quand Egeado me disait non, j’arrivais à me procurer la chose quand même. Mais là c’était impossible. Je ne récupèrerais rien. J’aurais voulu lui rappeler ce qu’il m’avait encore dit plus tôt dans la soirée, mais ça aurait vraiment fait celui qui s’accroche. De toute façon son excuse, c’était de la pure mauvaise foi. Il me l’avait dit lui-même. Il voulait juste s’esquiver, en trouvant une justification bancale. Et si j’avais pu lui dire, ça n’aurait rien changé au problème.

Le problème restait que je venais de me prendre un gros râteau dans la face et que j’étais incapable de le regarder en face. Ca me serrait dans la gorge, dans la poitrine et j’avais été content de ne plus toucher sa peau avec main, de peur que le bout de mes doigts ne soit devenu gelés. J’étais paralysé je ne pouvais même pas m’enfuir à toutes jambes. Ca aurait été de toute façon encore plus pitoyable. Non autant que je reste. Je ne pense pas qu’il se justifie mais bon. Maintenant il fallait choisir de l’attitude à adopter et même si j’avais été blessé dans mon orgueil, mais aussi dans mes sentiments, il fallait faire les bons choix. Est-ce que ce refus allait m’empêcher de le voir ? Non, je pourrais toujours venir. Toujours lui parler normalement comme je le faisais. Peut être un peu moins de trucs personnels. Parler de choses futiles pour maintenir la conversation. Je pourrais toujours tenter de recommencer bien plus tard. Lui redemander si la relation que nous avions s’était un peu améliorée. Ou alors tout ce que je m’étais imaginé ces derniers temps était réellement de l’imagination et pas un vrai ressenti vis-à-vis de nous deux. J’avalais difficilement ma salive alors qu’il me prenait la main pour m’attirer à lui. Je faillis la retirer prestement. Comme je le faisais si souvent au début. Mais ça n’aurait fait qu’envenimer les choses et je ne voulais pas qu’il se vexe et qu’il m’explique par a + b qu’il n’avait jamais laissé penser qu’on aurait pu être plus proche de ça. J’étais un peu triste. Et ça faisait bien longtemps qu’un tel sentiment ne m’avait pas envahi. Moi le j’men foutiste.

Et puis le baiser me parvint. Alors que cinq minutes auparavant j’aurais tout donné pour en avoir un de cette envergure. Là je ne me sentais pas très bien. D’ailleurs je le laissais m’embrasser en ayant le plus grand mal à répondre normalement. Et la proximité se fit de plus en plus forte alors que je me retrouvais dos au mur face à lui. Mon cœur battit fort. Mais pas d’envie. Plutôt d’appréhension et même de peur, comme les premières fois. Je n’étais pas à l’aise et il avait fallu d’une phrase pour que ma pseudo confiance en moi retombe comme un soufflé. J’étais à deux doigts de le repousser, de lui demander de me laisser un peu d’air. J’avais l’impression d’étouffer alors que ce que je croyais acquis en lui posant cette question avait été balayé. Il fallait que je me ressaisisse. Vraiment. Rien n’était vraiment perdu. Je ne m’étais laissé qu’embarquer dans des pérégrinations mentales qui m’avaient fait perdre de vue la réalité. Il était le barman, j’étais le client. Je le savais. Et pourtant j’y avais trop cru, cru qu’avec moi c’était différent. Alors c’était normal que ça me fasse un peu mal et que je ne sache comment agir avec lui. Non vraiment ça n’allait pas, je me sentais oppressé près de lui comme ça. Et je n’arrivais pas vraiment à répondre, à l’enlacer, non je voulais juste de l’air, être seul pour réfléchir. La marche à suivre, ce qu’il convenait d’envisager maintenant. Et ce fut ses mots qui me permirent de le faire.

- Par contre, ce soir je te suis tout disponible. Laisse-moi t’emmener là-haut ...

Peu importait que sa phrase sonne comme une nouvelle fausse excuse. Peu importait que je pouvais la comprendre comme le fait qu’il ne voulait être avec moi que pour coucher. C’était la meilleure échappatoire qu’il aurait pu me donner à présent et je m’esquivais de son emprise d’un pas sur le côté.

- Vas-y je te rejoins.

J’avais tout fait pour que le son de ma voix ne soit pas trop étranglé. Peu importait ce qu’il pensait tant qu’il comprenait que maintenant tout de suite il fallait qu’il s’en aille et qu’il me laisse le temps que je décide quoi faire. Et heureusement, il le comprit. Et juste après qu’il ait poussé la porte du bar, je tombais assis sur le banc. Je pris de grandes inspirations pour essayer de réoxygéner ce que j’avais bloqué les minutes précédentes. Le poids au fond de l’estomac était toujours là, mais je respirais bien plus librement maintenant que j’étais libéré de sa présence. Et là, il y avait deux solutions principales. Soit je partais. Je partais maintenant et du coup je ne revenais plus. Mais rien que d’y penser maintenant, ça me paraissait envisageable. Il n’avait mit à mal que mon envie de le voir ailleurs qu’ici. Rien de plus. Il ne m’avait pas interdit de revenir, il ne m’avait pas jeté. Alors qu’il avait pourtant des dizaines d’autres prétendantes et prétendants. Et moi ? Est-ce que je me sentais prêt à revenir quand même ? A essayer de ne faire comme si de rien n’était ? Mais c’était trop tard. Car le manque de sa présence enserrait mon cœur et j’avais tout le temps envie de le voir. Il me restait encore une solution. Et si j’aurais pu attendre, je sentais que ce n’était pas la peine. Il valait mieux en parler tout de suite que de laisser ça trainer et qu’après j’ai encore plus mal. Alors il fallait que j’y retourne, que j’agisse normalement, que j’aille le voir. Il fallait que je profite de lui, que je m’enivre de sa présence. Et je verrais sur le moment si je pouvais lui parler sincèrement, lui montrer que je ne plaisantais pas. J’étais presque sûr de sa réponse. Surtout après ce qu’il venait de me dire. Mais c’était comme si d’un coup je croyais de nouveau aux contes de fée et aux miracles. Ce que je voulais faire allait peut être saloper ce que j’espérais. Mais après un tel moment de malaise, il fallait se rendre à l’évidence. Je n’étais pas fait pour cacher ce que je pensais. Surtout avec lui qui savait lire en moi. Jouer la comédie avec lui n’était pas envisageable.

Et alors que je me levais, je fus pris d’un élan de panique. La perspective de ne plus le voir me prit à la gorge. Etait-ce vraiment la bonne solution ? De toute façon je n’en étais pas là. Non maintenant j’allais le rejoindre. Et j’allais faire comme d’habitude, et profiter. Même si lui ne cherche que le plaisir. Je voulais quand même le chercher avec lui. Je rentrais de nouveau dans le bar et jetais un rapide coup d’œil aux alentours pour voir s’il était vraiment monté. Ce qui semblait être le cas. Alors sans un regard en arrière, je commençais à grimper les marches et je m’arrêtais en haut des escaliers. Il n’y avait que le couloir et la porte pour nous séparer. Si proche et pourtant j’étais suffisamment mal à l’aise pour que ça me semble des kilomètres. Il fallait y aller là. Je voulais le voir, je voulais ses baisers ses caresses, alors que j’en profite. Je frappais à sa porte et entrai.
Le voir déclencha en moi un élan pour le rejoindre mais aussi une angoisse certaine. Je lui fis un sourire timide mais mes yeux étaient fuyants. Parfaite expression de la contradiction qui s’exerçait en moi. Mais maintenant je n’allais pas faire demi-tour et m’enfuir en courant. J’avais l’impression de me revoir les toutes premières fois. Ne sachant pas comment agir. Alors je m’avançais vers lui.

- C’est bon je suis là.

Phrase rhétorique. Mais il fallait que je dise quelque chose pour briser le silence. Je commençais à déboutonner sa chemise en me rapprochant de lui, pour le sentir près de moi.
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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeDim 26 Juin - 15:09

Même si l’image d’eux deux dehors, en plein soleil de Milan à la terrasse d’un café lui semblait ridicule, Elio aurait aimé changer la situation. Il aurait aimé ne pas avoir à répondre ça. Il aurait aimé pouvoir accepter, mais il en était véritablement incapable. Et ne savait pas l’exprimer autrement, ce qui était peut être le plus difficile. S’il n’avait pas était aussi tendre et tolérant avec Andrea, peut-être que le problème ne se serait pas posé ? Oui, sans doute. Elio commençait alors à penser que redevenir plus distant et nonchalant était une solution acceptable, au vu de ce qu’eux deux ne perdraient plus dans ce genre de situation. Sauf que ça aussi, il s’en sentait incapable. Trop de choses tournaient dans son esprit sans que le jeune homme n’arrive à prendre une décision pour se sortir de ce difficile instant de gêne. La balance décisionnelle ne parvenait pas à pencher d’un côté ou de l’autre, et il ne lui restait que son instinct affaibli pour résister à l’envie de revenir sur son refus.
Après tout, ce n’était qu’un tour en ville. Aller au cinéma, critiquer le film, finir une journée autour d’un café sur une terrasse. Discuter, aller chez lui. Une routine que tant de personnes expérimentaient chaque jour, des habitudes qui devenaient naturelles pour la plupart des habitants de la ville. Ceux qui ne se rendaient pas compte de la difficulté que représentait cette vie d’oiseau de jour, ceux qui découvraient avec plaisir la nuit et ses propositions tandis qu’Elio sentait avec envie l’espoir qui flottait dans la voix d’Andrea. Il apercevait simplement par sa proposition ce que cela pourrait être, de profiter normalement de moments évidents et agréables tout en s’éloignant de ce qui, en cet instant, lui semblait être plus une prison de répétitions plutôt qu’une voie vers la liberté. Lui qui avait toujours vu le Love’s out comme la révélation de la seule vérité en ce monde, celle de la décision rapide, celle du sentiment de désir dans l’instant plutôt que l’émotion réfléchie. Il remettait en cause ce simple principe en tentant d’imaginer le sourire des gens croisés parfois dans Milan affiché sur ses lèvres. C’était impensable, de le voir avec une telle joie de petits riens, personne n’avait jusqu’alors tenté Elio de ressentir ce genre de bêtises stupides. Jamais il n’avait eu envie de se rabaisser aux pratiques béotiennes des ignorants, lui qui croyait tout connaitre de la seule existence possible. Oui mais alors, pourquoi ce poids sur ces épaules puisqu’il lui avait répondu par la négative ?

- Ok, c’était juste une question comme ça.

Pour comprendre la suite du comportement d’Elio, il faut prendre en considération ce qui le définit le mieux, au-delà même des sourires charmeurs et de ses qualités dans un lit -ou ailleurs, sans restriction de lieu- : ce jeune homme est profondément débile. Inconscient serait peut-être le mot plus juste ici, dans le domaine des relations humaines. Il n’en a tellement pas l’habitude qu’il fait des erreurs, se trompe, et a tendance à ne pas chercher beaucoup plus loin que ce qu’il a devant les yeux. Alors oui, la réponse d’Andrea parvint à le rassurer un peu alors qu’elle n’aurait du que l’inquiéter. Il aurait du s’affoler, nier, ne pas laisser passer une telle difficulté pour son partenaire. Car oui, le blondinet souffrait et tentait de faire bonne figure pour ne pas le perdre, lui. S’il l’avait compris, Elio n’aurait sans doute quand même rien ... compris. Car pour qu’on fasse tant d’efforts jusqu'à en avoir mal, pour lui, était inconcevable. Il savait bien que ses clients se battaient pour lui plaire et faisaient des efforts en ce sens. Mais cela allait dans le sens du jeu, cela rentrait dans une grande mascarade qui les unissait et les faisaient se comprendre. Jamais personne n’avait insisté au point de se faire souffrir, ils arrêtaient tous en voyant que cela allait trop loin pour eux, et passaient à autre chose.
Tout cela parce que, au-delà des apparences qu’il renvoyait, Elio n’était indispensable à aucun d’eux. Il était assimilable à une nouvelle frippe de marque qu’on souhaiterait porter à tout prix pour s’exhiber, pour se vanter. Même lors d’une seule soirée, il était confortable, agréable et bien vu de s’approprier le serveur du Love’s out. Il n’était qu’un beau collier au cou des femmes et un habit chic sur le corps des hommes, à la différence près qu’il ne faisait pas cela pour de l’argent. Mais rien d’autre n’augmentait sa condition. Alors, ne pouvant imaginer qu’on puisse le vouloir pour une autre raison que profiter de lui autant qu’il profitait de ses clients pour oublier tout le reste, Elio croyait Andrea lorsqu’il affirmait que ce n’était pas grave. Il voulait le croire, aussi, parce qu’alors tout était plus simple.

Voilà donc un peu les raisons qui amenaient Elio à accepter cette réponse comme une porte de sortie étonnamment facile, mais bienvenue. Sans se douter du courage dont faisait preuve Andrea. Sans imaginer que quelque chose venait d’être brisé par sa faute. Ce n’était pas grave était une excuse qui lui convenait, tout idiot qu’il était, et cela lui paraissait somme toute normale d’avoir essayé. Mais ignorant combien c’était important pour le jeune homme, Elio ne comprit pas vraiment pourquoi il s’arracha à son étreinte, alors qu’il lui offrait de quitter son service pour lui faire plaisir. Ce n’était pas rien, tout de même, et pourtant le jeune homme fit un pas de côté pour se séparer de lui, sans rien entreprendre pour revenir dans ses bras. Et la réponse à sa proposition tomba, comme une sentence.

- Vas-y je te rejoins.

Elio était partagé entre le soulagement de cette affirmation, qui prise au sens premier du terme signifiait qu’il était d’accord et qu’il avait partiellement oublié la déception qu’il venait de lui causer. De l’autre côté en effet, la sensation que quelque chose n’allait pas s'imposait peu à peu. Mais Elio ne savait pas quoi, et ne se voyait pas lui poser la question. Alors il lui jeta un regard un peu interrogateur, comme pour chercher sur son visage la promesse qu’il viendrait. Ne la trouvant pas, Elio décida tout de même de le laisser, sentant qu’à cet instant présent il était de trop. Poussant la porte du bar, il s’y accouda dès qu’il fut rentré, et ferma les yeux. Il hésitait, en cet instant, au souvenir de la voix peu assurée qui venait de lui répondre. Le jeune homme se retourna, effleura la porte de ses doigts. Il était là, à quelques mètres, et la tentation de faire marche arrière pour le prendre dans ses bras et le porter jusqu’à l’étage était forte. Car quelque part, bien que non formulée, restait la peur vicieuse de savoir que si Andrea ne venait pas maintenant, il ne reviendrait pas. Cette sensation n’était pas identifiée mais elle rongeait les certitudes d’Elio de l’intérieur, le faisant soupirer derrière une porte qu’il lui paraissait à présent difficile à franchir.

Il était là. A portée de main, et pourtant Elio n’arrivait pas à retourner le voir pour revenir sur sa parole. Parce qu’il savait très bien que cette impulsion guidée par un sentiment étrange rendrait les choses encore plus difficile par la suite. Si une telle chose était possible. Après quelques secondes d’hésitation, Elio se tourna de nouveau face à la salle. Il regarda l’ambiance joyeuse et festive qui y régnait, identifiait par réflexe les tables qui avaient besoin d’une nouvelle dose d’alcool, sentait les affinités entre ses clients comme des filaments lévitant dans la salle, s’abreuvant de remarques, de gestes, de regards. Il était soudainement devenu étranger à ce paysage, et laissa échapper un froncement de sourcil, avant d’éviter le regard de Delia qui, il le savait, le fixait dans un mélange de désapprobation et d’inquiétude. Le jeune serveur traversa la pièce d’un pas déterminé et souple, faisant un écart sur le côté en accélérant alors que sa patronne tentait de le retenir par le bras, sans doute pour lui demander des explications sur son air si étrange. Puis il gravit quatre à quatre les marches menant à l’étage.

Sa chambre, enfin. En refermant la porte, il y porta un coup de poing énervé contre lui-même, rageant intérieurement de son incapacité à gérer la situation. Elio avait chaud, subitement. Chaud de colère, de honte d’avoir senti l’instabilité dans la voix d’Andrea, de la certitude d’avoir fait n’importe quoi. Tout en tournant en rond dans la petite pièce qui lui était réservée, le jeune homme ôta brutalement sa chemise pour la rouler en boule et la jeter dans un coin de la pièce d’un geste rageur. Il ferma les yeux et frotta son visage de ses deux paumes, vigoureusement, comme pour reprendre ses esprits. Voyant que cela ne suffisait pas, Elio se dirigea vers le petit lavabo qui ornait un mur de sa chambre. Il laissa l’eau couler, le regard fixé sur la céramique du meuble, avant de se saisir d’un mince filet pour s’humidifier la nuque et tenter de retrouver un calme relatif. La fraicheur lui fit du bien, et il sentit les tensions dans ses omoplates se relâcher peu à peu, le laissant fatigué et déçu de lui-même. En arrêtant le débit, Elio leva le regard et croisa celui-ci dans la glace qui lui faisait face. Pour la première fois depuis qu’il vivait ici, il y vit du doute et de l’incertitude. Sur la marche à suivre, sur des émotions dont il se croyait dépourvu, sur tous ses principes. Il ne reconnaissait pas les traits de son visage, toujours aussi beaux, mais chargés d’appréhension et de questions. Et il n’aimait pas du tout cela.

- C’est bon je suis là.

En entendant sa voix, Elio se redressa et le regarda entrer. Déjà, alors qu’il venait à peine de se calmer. Il l’observa tandis qu’il défaisait un à un les boutons de sa chemise en approchant vers lui, et quelque chose en lui se grippa. Ça lui fit mal de comprendre que l’image qu’il donnait à Andrea était celle-ci. Celui du profiteur qui ne veut rien d’autre qu’une partie de jambes en l’air, celui qui n’en avait rien à faire des sentiments des autres. C’était tellement vrai, pourtant si Elio se reconnaissait parfaitement dans cette description envers ses clients en règle générale, il refusait que le jeune homme en face de lui ne le considère de cette façon. Il avait pourtant raison, et c’était sans doute plus facile pour lui de le voir ainsi pour ne pas repartir sur son discours d’un peu plus tôt et de lui proposer encore quelque chose relevant de l’impossible pour le barman. Deux solutions. La première était de lui soulager l’esprit en lui confirmant son attitude immorale jusqu’au bout et complètement insensible. S’il se jetait sur lui, tout de suite, sans rien faire d’autre pour tenter de se rattraper.
La deuxième fut celle qu’Elio engagea finalement. Il se dirigea vers Andrea, gravissant les derniers mètres qui les séparaient, pour le prendre dans ses bras. Il enlaça ses épaules de ses mains assurées, l’attira à lui sans lui laisser la possibilité de résister. Il resta là, humant l’odeur de ses cheveux qui lui arrivaient au menton, y posant parfois de petits baisers rassurants. Puis son étreinte se fit plus forte, il le colla définitivement contre lui, comme pour s’assurer de sa présence, comme pour l’empêcher de fuir. Il était là, bien là. Il était finalement venu et ne l’avait pas laissé dans cet état, seul. Andrea avait surmonté sa connerie à lui pour le rejoindre, et Elio ne pouvait pour le remercier que lui offrir cette petite part de tendresse qu’il espérait significative. D’une voix douce et hésitante, il prit la parole.

- Je suis content que tu sois monté. Ne pars pas ce soir. Hésitation. Mon ... lit est assez grand pour deux.

Voilà qu’il formulait enfin plus clairement ce qu’il avait voulu lui dire. Tout en essayant de lui montrer qu’il faisait des efforts, qu’il lui donnait ce dont il était capable. C’était pour Elio déjà beaucoup que de s’offrir à la vue de quelqu’un le matin, il savait qu’il risquait ainsi de briser quelque chose, de casser l’image du mythe. Et sans doute aussi celui de l’excitation de l’avoir eu. C’était aussi pour ça qu’aucun client n’était d’ordinaire autorisé à rester. Il fallait faire perdurer le rêve, et ce n’était pas en laissant le prince redevenir crapaud que l’on y parvenait. Elio n’était prince que lorsque la nuit l’entourait et que son statut permettait le fantasme et l’illusion. Dès qu’il devenait accessible, c’en était terminé de l’image qui se dégageait de lui, et donc de l’admiration et de l’attirance. Car tout fonctionnait là-dessus dans cet établissement, sur l’art de l’illusion et du rêve. Détruire cela par une simple proposition relevait déjà de beaucoup d’efforts pour Elio, qui ne pouvait d’avantage promettre quoi que ce soit. Il espérait que cela au moins serait compris, et si cette proposition pouvait rendre le sourire à Andrea, celui qu’il aimait tant voir sur son visage, alors il accepterait de le voir déçu le lendemain, il accepterait de se fourvoyer et de perdre tout intérêt à ses yeux. Tant pis pour lui, s’il n’avait aucun intérêt en tant que personne réelle. Tout pour un sourire ...
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Andrea Vitaly

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeLun 27 Juin - 7:10

Parfois J'aimerais mourir
Tellement J'ai voulu croire
Parfois J'aimerais mourir
Pour ne plus rien avoir
Parfois J'aimerais mourir
Pour plus jamais te voir

L’ambiance n’était pas sereine. Loin de là même. Et j’espérais au plus profond de mon être que mon malaise allait être passager. Comment espérer que ça se passe bien si je ne me sentais pas en phase avec ce que je voulais ? D’ailleurs je ne savais pas ce que je voulais. Est-ce que c’était lui, le voir, le ressentir, lui faire plaisir, me faire plaisir ? J’avais beau tout faire pour ne plus y penser, cette phrase me restait plus que je ne croyais en travers de la gorge et ça me gênait. Cette phrase et toutes ses implications. Mais si j’avais décidé de quand même monter le voir, ce n’était pas pour rien. Je n’arrivais pas à passer outre ce que je pensais, mais pourtant je faisais l’effort parce que je ne voulais pas qu’on en reste là-dessus. De toute façon, je devais bien être le seul des deux à me prendre autant la tête sur une pauvre phrase. Lui était comme ça, il ne me voyait que comme ça, je n’aurais pas dû être étonné de la sorte. Mais ça faisait quand même un électrochoc désagréable. Peut être que si je lui faisais plaisir ça pouvait changer sa façon de me voir. S’il voulait ça je lui donnerais. C’était un raisonnement parfaitement débile et pathétique, mais ça, je n’arrivais pas à le voir. Pour pouvoir rester avec lui j’avais l’impression que j’étais capable d’énormément de choses et de concessions. Ca me semblait aller de soi. Si je me faisais apprécier, il aurait sûrement envie de continuer à me voir. Sauf que ça ne marchait pas comme ça évidemment. Mais tant que j’envisageais un espoir, je voulais m’y accrocher. Lui avait bien fait des efforts en m’écoutant blablater sur des choses sans intérêt, il avait fait l’effort de me répondre d’être présent et gentil. Et c’était ça qui m’avait floué. Ce que je prenais pour de la gentillesse n’était peut être rien d’autres que des concessions et des efforts que lui faisait pour moi. Alors en échange je pouvais bien essayer de faire des efforts aussi. Et si ça ne marchait pas, ce n’était pas la peine de continuer. Vu à quel point je me sentais mal en cet instant, je n’allais pas pouvoir revenir et revenir comme une fleur comme si de rien n’était. Et c’est là que je me rendis compte pour la première fois de ce que voulais dire séparer le corps et l’esprit. Et que moi, j’en étais incapable. Du moins pas maintenant.

Paraitre détaché en déboutonnant ma chemise, faire comme si de rien n’était, comme si rien ne m’avait atteint. De façade, peut être et encore, mais surtout intérieurement je bouillonnais. De plein d’émotions et de sentiments contradictoires. Mais ce fut l’envie de lui faire plaisir qui prima sur le reste. En espérant que ça puisse avoir un impact sur ce qu’il pensait de moi. Je pensais être prêt mais j’eus du mal à retenir le mouvement de recul lorsqu’il s’avança vers moi. Et comme tout à l’heure, mon cœur se mit à battre plus fort d’appréhension. Non pas qu’il m’ait coupé l’envie, mais j’avais du mal à retrouver ma motivation que j’avais eu en entrant dans le bar ce soir. Il fallait que j’essaie de me rassurer un maximum. C’était Elio, il n’était pas méchant je le connaissais. Il suffisait que je retrouve les sensations que j’avais d’ordinaire avec lui et ça allait passer. Alors je respirais lentement. De façon à me calmer. J’essayais de retrouver mes marques contre lui. Ce n’était pas la première fois, je connaissais déjà tout ça. J’essayais d’inspirer son odeur, de ressentir sa présence. Allez, j’allais me calmer et ça allait aller mieux. Mais contrairement à ce que j’aurais pu croire, son étreinte plus forte ne me calma pas, elle ne fit qu’exacerber cette sensation d’étouffement. Et je sentais que j’avais un peu peur. Pour la première fois depuis longtemps, Elio me faisait peur. Je savais qu’il n’avait pas l’intention de me brusquer ou autre chose. Mais ça n’empêchait que je n’étais pas très bien. Après tout il n’était qu’un inconnu. On ne se montre pas comme ça à un inconnu. Non il ne fallait pas que je pense ça, pas là pas comme ça. Je lui faisais confiance. Oui je lui faisais confiance. Il fallait que je me rassure, que je prenne sur moi. C’est bon quoi ce n’était pas la fin du monde.

- Je suis content que tu sois monté. Ne pars pas ce soir. Mon ... lit est assez grand pour deux.

Et c’était bien une phrase à laquelle je ne m’étais absolument pas attendu. Si encore hier, une telle proposition m’aurait remplie de joie, maintenant je ne savais juste pas sur quel pied danser. Ca ne se faisait pas de demander quelque chose comme ça alors qu’il venait juste de me dire qu’il ne voulait pas me voir autrement que ce qu’on faisait d’habitude. Et d’habitude, on ne se voyait pas le matin. Surtout, surtout depuis la dernière fois. Et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il me demandait ça ? Se faire pardonner ? Ca ne ressemblait pas au personnage ? Faire encore des concessions ? Du coup ça me gênait terriblement. Et il fallait d’autant plus que de mon côté je fasse des efforts en son sens. Je n’avais pas saisi l’hésitation, trop occupé à camoufler les miennes. Et je n’arrivais pourtant pas à avoir un comportement normal. Je l’aurais remercié, avec un sourire, et puis j’aurais sûrement dit une phrase avec désinvolture. Mais là, je ne savais comment réagir. Qu’attendait-il de moi ? Et puis il n’était pas tard, d’habitude on montait bien après dans sa chambre. Tout était déréglé et ça ne m’aidait pas à y voir plus clair dans ce que je voulais, dans ce que je faisais. Pourtant il allait bien falloir que je réagisse. A commencer par arrêter d’angoisser alors que j’aurais dû être bien contre lui. Maladroitement je lui rendis son étreinte, cachant mon visage au niveau de sa clavicule. Est-ce que je me sentais prêt à faire comme d’habitude ce soir ? Voir plus, pour essayer de me rapprocher encore.

- Et ton service ?

Je ne voulais pas qu’il soit mit en défaut à cause de moi. Je ne lui demandais pas de sécher le boulot pour moi. Mais si c’était ce qu’il m’offrait je n’allais pas le refuser et finit quand même par le remercier dans un souffle avant d’ajouter.

- J’essaierais de partir tôt.

Sous entendu pour éviter de te gêner, de t’embêter ou de m’imposer. Ce n’était pas parce qu’il l’avait autorisé que je pouvais prendre mes aises. Bon maintenant que faire ? Comment lui faire plaisir ? Qu’est-ce qu’il aimait ? Qu’est-ce qui était toléré ? Lui tenir la main, non, ça je l’avais compris. Mais le reste ? Qu’est-ce qui le faisait vibrer, lui faisait plaisir ? Et je ne me voyais pas lui demander de but en blanc. Non il fallait que je trouve, que j’essaie de lui prouver que je pouvais faire des efforts pour lui. C’étaient des questions que je ne m’étais jamais posé car je me laissais toujours porter, répondant et calquant mes mouvements sur les siens. Et c’était vrai que sentir que ce que je faisais le rendait bien, ça me fascinait tout en me perturbant un peu mais me faisait plaisir. Et maintenant quoi faire ? L’espace d’un instant, je m’imaginais faire ce que lui me faisait. Comme cette première fois sur le bar. J’étais presque sûr que ça, ça lui aurait plu. Sauf que j’en étais incapable. Rien que de l’imaginer ça me foutait des sueurs froides. Lui faisait ça si aisément. Et moi ça me rendait totalement fou. Et j’aurais aimé lui faire ressentir la même chose, pour qu’il voie que je pouvais lui donner aussi. Mais je ne pouvais pas. Je n’étais pas prêt à faire ça. Pas encore. Mais je pouvais peut être essayer avec les mains. Ca aussi ça lui ferait plaisir. Si j’arrivais à le faire c’était clair. Mais c’était déjà plus à ma portée. Comment faire mais surtout, comment bien faire ? Je jouais tout pour qu’il m’apprécie réellement. Alors c’était pour la bonne cause.

Je commençais à descendre mes mains jusqu’à son jean, sur l’intérieur des cuisses. J’étais incapable de lever la tête vers lui tellement j’étais rouge, tellement j’étais gêné. Mais je voulais le faire, je voulais lui faire ce plaisir. Il fallait que je ne pense qu’à ça, lui il le faisait naturellement alors j’étais bien capable de faire pareil. Oui ne penser qu’à ça. Oublier le stress, sa phrase, mes sentiments étranges. J’expirais lentement en commençant à le caresser à travers le jean. J’avais beau me répéter qu’il n’y avait aucune raison que j’ai honte, ce n’était pas facile. Il fallait se lancer à un moment. Je déboutonnais le jean et baissais la fermeture alors que mes mains faisaient face au tissu doux de son boxer. Et mes doigts se mirent à trembler. Légèrement mais ça se sentait. Il fallait à tout prix que je les calme. Oh je pouvais le faire. Rien ne m’arrêtais j’étais un Vitaly. Et dans le silence pesant de la chambre je continuais de le caresser autant que je pouvais. Son torse chaud contre le mien, brûlant. Et je me rendis compte que rien que de lui faire ça, moi-même ça me donnait envie. J’inspirais et expirais calmement de plus belle. Une de mes mains commença à passer sous la dernière couche de tissu pour le toucher à même la peau. C’était facile comme geste. Rien de plus simple. Et pourtant je commençais à paniquer. Merde. Mes doigts tremblèrent de plus belle alors que je faisais des vas et viens avec la main. Mais j’étais totalement crispé, mes épaules étaient tendues à l’extrême. Je pensais qu’une fois que j’étais parti ça aurait continué tout seul mais c’était faux et je ne le sentais pas bien. Non je ne pouvais pas. Je retirais ma main et reculais d’un pas. Il fallait que je me justifie, quand je dise quelque chose. Je croisais les bras sur mon torse pour calmer mes tremblements.

- Pardon… Je voulais juste essayer de… De te faire plaisir. Mais je n’arrive pas… A le faire.

Et je n’arrivais pas à finir mes phrases non plus. Et c’était pitoyable. Là maintenant j’espérais qu’il me prenne dans ses bras. Là maintenant j’en avais besoin. C’était un échec et je me sentais nul. Je n’arrivais même pas à faire un truc simple comme ça. C’était pas étonnant son attitude alors que je ne faisais rien. Merde je voulais juste lui offrir quelque chose de nouveau. Je voulais juste lui montrer que moi aussi je pouvais en faire, des efforts.
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Aurelio Pastore

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeLun 27 Juin - 14:10

Alors qu’il le serrait contre lui, Elio voyait bien des choses défiler dans ses souvenirs. D’abord, le visage d’Andrea, fil conducteur de la moindre de ses pensées en cet instant. Il se souvenait de ses mines apeurées lors de ses premières visites, de ses hésitations constantes à ne serait-ce que l’approcher. Mais il se souvenait aussi de lui, barman amusé de voir ce petit garçon fragile tentant de se faire une place dans le monde des grands. Il se souvenait alors du dédain et du désintérêt qu’il avait toujours éprouvé à son égard les premiers temps. Son visage d’ange croyant tout savoir l’avait quelque peu énervé, et le jeu qu’il avait instauré en première intention pour voir ses limites n’avait pour but que de le faire fuir à toutes jambes. Se servant de lui alors que la boisson avait ébranlé ses défenses, sa réflexion. Se servant d’un nouveau corps tout frêle, inhabité, laissé encore intact. Elio avait franchi la frontière sans hésiter, avait sauté au dessus d’une limite qui lui apparaissant alors comme ridicule et futile. A l’époque il n’avait aucune considération pour l’humain et se contentait simplement de jouer avec le personnage qu’Andrea incarnait pour lui. Un nouveau défi, une expérience intéressante. Simplement pour voir si sa technique de séduction était au point, si son sourire suffisait à lui obtenir ce qu’il voulait quand il le voulait.

Les émotions d’Andrea, il n’en avait rien eu à faire. Il n’avait même pas retenu son prénom tout de suite, et s’était contenté de le voir comme un divertissement supplémentaire. Quelqu’un dont il serait amusant d’observer les réactions et les changements d’humeur face aux avancées progressives mains incessantes du barman qu’il était. A l’époque, après une telle discussion qui n’aurait pourtant jamais pu voir le jour, Elio l’aurait laissé partir en lui riant au nez. Ajoutant sans doute qu’il se faisait de belles illusions et qu’il n’avait jamais eu et n’aurait jamais l’intention d’aller plus loin avec lui. Et en prime, histoire de lui prouver à quel point tout cela était stupide et dépourvu de sens, sans doute Elio se serait-il arrangé pour le faire en public, pour en rire ouvertement devant tous ceux qui se seraient trouvés là. Oui, avant il aurait très certainement agit avec autant de nonchalance et de stupidité. Détruire les rêves d’amour et de tendresse d’un gamin ne lui serait même pas venu à l’esprit comme quelque chose de mal ou d’extraordinaire. C’était normal, puisque dans son esprit étriqué c’était la seule manière d’apprendre, de savoir l’importance réelle des choses et des émotions. Le parfait maitre marionnettiste qui n’en avait rien à faire d’abimer ses objets de travail, sachant très bien qu’il n’était pas très compliqué d’en trouver de nouveaux. Elio avait été ainsi, et le restait la majorité du temps.

Mais face à lui, il perdait toute morgue, toute habitude. Le jeune homme ne savait pas pourquoi, mais il se trouvait particulièrement faible, et ce de plus en plus, en sa présence. Jamais encore auparavant il ne s’était mis dans des états pareils pour un simple client. Le pire, c’était qu’Elio en avait de plus en plus conscience, alors que rappelons qu’au vu de sa débilité son niveau de compréhension d’une situation se plaçait assez haut, souvent inaccessible aux situations trop complexes comme celles-ci. Ce qui signifiait donc déjà qu’il était gravement atteint d’un mal qu’il n’identifiait pas, sans pour autant saisir la gravité de la situation. Au contraire de Delia, par exemple, qui comprenait en un clin d’œil l’état dans lequel son protégé tombait soir après soir. Et cette nuit allait sans doute être décisive pour le jeune homme. Tout se jouerait là, entre la souffrance d’Andrea et l’incertitude de son amant. Entre la volonté de faire plaisir et celle de ne surtout pas se trahir, quoiqu’il advienne et dans n’importe quelle condition. Alors en le serrant contre lui, Elio n’imaginait pas ce qui se passait sous le crâne qu’il embrassait légèrement, se contentant pour une fois d’écouter son besoin de le sentir contre lui, de savoir sa présence effective. C’était tellement important qu’il n’ait pas ignoré son invitation, qu’il ait surmonté son refus. Heureux d’un tel constat, il n’avait pas pensé qu’Andrea ne voulait pas de son étreinte. Il n’avait pas supposé un instant que le jeune homme contre lui refusait de son corps ce contact, qu’il en était tendu à un point qui aurait du alarmer son partenaire. Aurait du.

Mais comme Andrea était quelqu’un de plus réfléchi que celui qui le tenait serré contre lui, quelqu’un de plus mature malgré les apparences, dans certains domaines du moins bien qu’ils soient deux débutants ridicules dans celui des sentiments, cela ne dura pas. En effet, il finit par lui rendre l’enveloppe qu’Elio lui offrait, rassurant ce dernier et enlevant les quelques doutes qui avaient finalement parvenus à se frayer un chemin jusqu’à sa conscience. Le jeune barman sentit le visage d’Andy se blottir contre lui, et il savoura à sa juste valeur ce simple petit geste. Il était dans l’immédiat dans une optique de donner plus que de recevoir, pour combler le vide qu’il savait, quelque part, avoir causé avec son refus. Même s’il n’imaginait pas à quel point, Elio sentait qu’il avait quelque chose à se faire pardonner. Et la tendresse qu’il offrait alors en cet instant était toute dirigée vers cette pensée.

- Et ton service ? J’essaierais de partir tôt.

- Je me fous de mon service. Totalement.

Elio ne proposait rien à la légère lorsque cela le concernait directement, et s’il lui avait dit ça ce n’était pas pour le voir partir ainsi. Mais le jeune homme savait bien qu’il pourrait toujours le retenir, et que chaque chose devait arriver en son temps. Alors rien ne servait d’insister, rien ne lui servait de promettre. Il restait déjà à voir s’il en serait capable, sur le moment. Tendre la main et le retenir dans un demi-sommeil pour l’attirer de nouveau à lui. A cette idée, Elio rougit. Elio rougit. Une chose qui n’arrive jamais, que personne n’a pu décrire, que lui-même ne connait pas. Heureusement, son visage était caché sur la tête de son compagnon, sinon le jeune homme en serait mort de honte. Mais à l’idée de se voir retenir d’un air endormi son amant et l’inviter à se replonger avec lui dans ses draps, Elio ne pouvait empêcher ses joues de s’empourprer. La chaleur commença pourtant ailleurs, quelque part dans l’oppression de ses poumons qui se vidèrent subitement, le laissant chercher de l’air comme un noyé. Tout en silence, pourtant, il parvint à retrouver un souffle salvateur et c’est là que ses pommettes se colorèrent vivement, troublé qu’il était à l’idée de voir une habitude qu’il jugeait ancestrale changer du tout au tout aussi brutalement. Phénomène inhabituel, il eut le plus grand mal du monde à en comprendre la raison, mais une fois celle-ci identifiée il parvint à se reprendre aussi rapidement que le rougissement lui était venu. Son regard se fit un instant lointain tandis qu’il se concentrait sur autre chose, avant de pouvoir faire bonne figure quand Andrea bougea à nouveau.

Pour faire quelque chose qu’Elio n’avait pas vraiment prévu, ni même envisagé. S’il avait l’habitude d’entreprendre les choses avec son partenaire, ce n’était pas un problème pour lui. Il ne lui demandait jamais de tenter quoi que ce soit, et aimait prendre soin de lui et l’emmener aussi loin qu’il le pouvait par la simple expérience qu’il avait acquise. Il se mettait ainsi au service du plaisir d’Andrea, et rien ne pouvait lui en procurer plus. Jamais son amant régulier n’avait tenté de se démarquer, c’était tout juste s’il lui répondait et Elio avait pensé que ce soir il en serait de même. Pourtant, le jeune homme en décida autrement. Il vint à sa rencontre avant même qu’Elio n’induise le moindre geste pour le pousser vers le stade supérieur, plus charnel, de leur relation. Le barman sentit des doigts inquisiteurs descendre contre lui et venir directement sur la partie la plus sensible de son anatomie. Surpris dans le très bon sens du terme, Elio laissa faire le jeune homme sans rien lui dire, sans rien lui faire d’autre que de le garder contre lui, le laissant découvrir. Il était ravi de cette initiative, bien que cela lui fasse quelque peu étrange de retourner les rôles. Toutefois le barman n’eut pas longtemps de questions à se poser avant de sentir son corps réagir. D’ordinaire, de tels attouchements encore bien prudes n’auraient rien réveillé chez lui, mais voir le visage rougi et concentré de son compagnon en train d’essayer de lui plaire à tout prix consistait l’aphrodisiaque dont il avait besoin. Le meilleur qui existe, sans doute, puisque sa respiration se fit immédiatement plus bruyante, lui si calme et apaisé quelques secondes auparavant.

Il commençait à percevoir le statut de celui qui attend, pendu à la bonne volonté de l’autre, soumis à ses premières envies, à ses moindres gestes. Cela lui arrivait tellement rarement qu’il percevait avec d’autant plus de force les irradiations qui montaient le long de son échine, le faisant frissonner d’attente et d’impatience. Pourtant Andrea prenait son temps, allant à chaque fois un peu plus loin, franchissant des barrières pour lui inexplorées, et Elio sentit son esprit s’éloigner un peu, laissant loin derrière ses préoccupations pourtant jusqu’ici très présentes. Toutefois, du loin du paradis vers lequel il se dirigeait, le jeune homme si entrainé à cet art compliqué qu’est cette pratique, sentit la faille. La main hésitante, le regard fuyant, la position de repli sur soi. Alors qu’Elio allait enlever lui-même le poignet d’Andy de là où il se trouvait, le jeune homme se retira et prit un air contrit et mortifié, apparemment déçu de lui-même. Ses bras se croisèrent sur son torse à moitié dénudé, et Elio voyait bien l’état de fébrilité dans lequel il était rendu, impuissant et gêné.

- Pardon… Je voulais juste essayer de… Mais je n’arrive pas…

Il ne savait pas vraiment si c’était les paroles hésitantes de son compagnon ou ses gestes maladroits mais particulièrement justes qui lui firent cet effet là. Les deux, sans doute, avec en plus la surprise de bénéficier d’un tel traitement de faveur aujourd’hui, et l’exacerbation d’émotions qu’il ne contrôlait plus vraiment, sans savoir où celles-ci l’emmenait. En tout cas, cette vision lui apparut à lui comme magnifique et c’est avec la sensation d’un corps osant contre le sien qu’il ne bougea dans un premier temps pas. Il le regarda, de haut en bas, avec dans son regard une bienveillance à toute épreuve. Lui sourit, ce qu’il n’avait pas fait depuis trop longtemps. Puis il fit le pas qui les séparait à nouveau, avant de plaquer violemment sa bouche contre celle d’Andrea. Violemment, c’était l’impression qu’on aurait pu en avoir car en fait le contact était comme à son habitude doux et prévenant. Mais la passion n’en était pas moins présente, de même que l’envie dévorante de le remercier pour ce court mais délicieux moment d’expérimentation. Il avait droit aux premières fois de ce jeune homme, et cela valait bien tout le reste. Largement. L’attrapant sous les fesses et remontant ses cuisses contre lui, le ramenant au plus près de lui, Elio quitta ses lèvres pour saluer son menton, puis son oreille à laquelle il glissa dans une voix un peu trop rauque, un peu trop impatiente.

- Je ne vais pas arriver à me retenir, Andrea. Pas dans ces conditions.

Il pivota avec facilité, d’une force soudainement toute disposée à répondre à la vague d’envie et de besoin que quelques caresses avaient réussi à faire naitre en lui. Pendant le court trajet, il l’embrasse encore, ne pouvant décidément plus se passer du contact souple et familier de ses lèvres. Puis Elio s’assied sur son lit, au bord, reprenant Andrea dans une position qui rappelait ce qui s’était passé dehors. Les bons côtés de ce qui s’y était passé. Lentement, le barman glissa ses mains sur les côtes de son partenaire, comme s’il découvrait cette peau pour la première fois. Il lui enleva sa chemise, alors qu’il n’arrêtait pas de l’embrasser, s’interrompant pour mieux recommencer. Enfin, Elio s’arrête, pour dire quelque chose c’est mieux, et en plantant son regard dans celui d’Andrea pour l’empêcher de se défiler aux mots lourds de sens qu’il va prononcer, il plonge dans quelque chose qu’il n’a jamais dit avec autant de sérieux et de vérité.

- J’ai envie de toi.

Envie, ou besoin. Mais réel, en tous les cas, et pas cette impulsion simple qui le poussait en avant. Non, Elio était dans un état tel qu’il se sentirait mourir s’il n’accédait pas à ce corps, s’il ne pouvait pas l’étreindre toute la nuit, s’il ne pouvait pas l’accaparer quelques heures. Ce corps, mais aucun autre. Celui d’Andrea Vitaly.
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Andrea Vitaly

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Oohooh set me free
Oohooh let me be
Too much too much
Oohooh set me free
Oohooh let me be


Merde je me sentais mal. Je me sentais ridicule. On ne commence pas ça en s’arrêtant comme je l’avais fait, c’était vexant. Et j’avais peur qu’il m’en veuille. Peur totalement irraisonnée mais ce n’était pas le bon était d’esprit pour s’en rendre compte. Pour une fois que je prenais sur moi comme ça pour essayer de lui rendre la pareille il fallait que je m’arrête en plein milieu par peur. Et ça me foutait vraiment les boules. Je n’osais plus le regarder et mes bras croisés de façon assez compulsive montrait bien que je m’en voulais vraiment. Pourtant je savais qu’il n’allait pas m’en vouloir. Je le savais très bien. Mais ce n’était pas ça que je voulais, ce que je voulais, c’était de réussir vraiment à me faire apprécier. Et ce n’était pas en faisant les choses à moitiés que j’allais réussir. Mais ce n’était pas fini. J’avais encore la nuit pour y arriver, même si ça devait être très dur je voulais vraiment y arriver. Question d’honneur, question de sentiments. C’était le seul recours qui me restait pour me faire apprécier. Pour arriver à lui montrer qu’il comptait et que c’était pour ça que je voulais le voir hors bar. Sauf que rien ne me garantissait qu’il comprenait mon attitude. D’ailleurs, il fallait être sacrément tordu pour piger ça. Mais quand je lui dirais à demi mot, peut être qu’il s’en rendra compte. Peut être que j’arriverais à comprendre d’où venait son refus. Simplement, ça aurait dû être ça que j’aurais dû lui demander en premier « Pourquoi ? » Oui un simple pourquoi et tout aurait éclairé. A condition que lui-même joue le jeu de la réponse sincère. Ce qui n’était pas gagné non plus. Il avait le don de s’esquiver autant que moi sur certaines choses. Et être honnêtes sur notre relation nous demandait à nous deux beaucoup d’efforts. Et j’avais l’impression que je l’étais un peu plus que lui.

En tout cas je n’étais pas très bien, mais en plus je continuais de lui en vouloir. Car non seulement il me répondait à la négative pour ma proposition mais en plus il se permettait de me donner des espoirs. Et ça, c’était vraiment pas bien de sa part. « Je me fous de mon service. Totalement. ». Ne te permets pas de me dire ça alors que tu viens de m’envoyer balader. Ne me fait pas croire que tu as envie de rester avec moi au point de laisser tomber ton service si ce n’est pas vraiment vrai. Ne me dit pas des phrases aussi gentilles pour me faire craquer. Parce que ça marchait. Parce que ça m’avait fait tellement plaisir qu’il me fasse passer avec son travail, avant ses clients, avant sa patronne. Maintenant, il n’y avait que moi qui comptais. Et pourtant ce n’était que de façon éphémère et juste pour une nuit. Peut être sa façon à lui de se faire pardonner. Ca marchait aussi. J’avais de plus en plus de mal à lui en vouloir. Et c’était fourbe comme technique. C’était fourbe de me dire des choses aussi gentille après avoir été si sec. Sauf que malgré ses belles paroles, je mourrais toujours d’envie qu’il accepte de me voir ailleurs qu’ici. Si je faisais mes compromis, il ferait peut être les siens. Ou alors il m’expliquerait une bonne fois pour toute pourquoi il était si obtus à mon idée. En tout cas je ne pouvais pas dire que ça soit une mauvaise chose qu’il me demande de rester, alors qu’il avait du travail. C’était une petite victoire en soi. Je ne pouvais pas en ce moment en demander trop. Et puis je mentirais si je disais que je n’avais pas maintes fois repensé à une éventualité de dormir de nouveau avec lui. Quand je me réveillais dans mon lit le matin, j’imaginais parfois qu’il était à mes côtés. Et ça me faisait vraiment plaisir. Etre avec lui le matin, c’était différent du soir. Et ce n’était pas si mal. Il n’y avait pas les mêmes actions et réflexions. Ca aurait été plus détendu. Enfin, ça, c’était quand je romançais la réalité face à laquelle j’avais été mit la dernière fois était bien différente de mes chimères.

Il devait bien se douter que j’étais un peu réticent à l’idée de passer de nouveau la nuit avec lui. J’avais bien compris que le matin, ce n’était pas son moment de la journée préféré. Loin de là d’ailleurs. Et l’embêter le matin, entrer dans son intimité n’étais pas la meilleure façon de me faire bien voir. Mais c’était lui qui proposait. Oui mais il proposait jusqu’à quand ? Jusqu’à son réveil ? Jusqu’à ce qu’il me dise de partir ? Avant ? N’empêche qu’une chance pareille, je ne pensais pas la voir de sitôt alors que je la saisisse. Même si quelque chose me disait que le lendemain matin allait être dur. Pour des raisons que je ne connaissais pas encore. En tout cas si il y avait bien quelque chose que j’avais gardé de cette première tentative involontaire de rester dormir avec lui, c’était sa chemise. Et d’ailleurs je ne lui avais pas rendu. Et tant qu’il ne viendrait pas la chercher, je ne la lui rendrais pas. Maigre vengeance. Je ne m’endormais pas avec comme un doudou. Mais il fallait bien avouer que même si son odeur était partie, j’aimais bien l’avoir avec moi, ou la porter. Décidément, j’atteignais des sommets dans la niaiserie. N’empêchait que c’était la seule chose que j’avais de lui, alors égoïstement, je n’avais aucune envie de lui rendre. Sauf s’il me le demandait texto. Cette chemise c’était me prouver que j’étais proche, que je le connaissais, que c’était lui.

A travers mon regard fuyant, j’arrivais quand même à le regarder un peu. Et je fus surpris de découvrir un sourire. Un gentil sourire. Un sourire bien lointain dans mes souvenirs. Et malgré moi je lui en fis un timide. Comme pour le reflet. Il ne m’en voulait pas. Pas avec ce sourire là. Pas avec ce baiser là. Et cette fois je lui répondis franchement. Car même si mes doutes étaient toujours là. Actuellement, j’avais plus envie de profiter et d’être avec lui que de le repousser à cause d’une phrase sans fondements. Rien que d’essayer de lui faire ça, ça m’avait donné envie. Et là j’avais chaud. Là je voulais être contre lui. Merde Elio, pourquoi tu arrives toujours à tes fins comme ça ? Pourquoi tu arrivais à me faire réagir comme ça. Merde merde je n’avais aucune prise quand j’étais dans cet état. Sauf que maintenant qu’il avait commencé, il n’avait pas l’intention de s’arrêter. Ca se sentait dans son empressement, sa respiration, ses baisers, ses actes. Et alors que je sentis ses mains glisser au niveau de mes cuisses, de mes fesses pour me plaquer contre lui, ma main agrippa son épaule nue. Merde, je commençais à avoir sérieusement envie là. Et il devait bien le sentir. Je fermais les yeux et répondis de plus belle à son baiser. Je commençais à frissonner et ça ne fut que de mal en pire quand il commença à montrer ses lèvres à mon oreille.

- Je ne vais pas arriver à me retenir, Andrea. Pas dans ces conditions.

Je serrais ses épaules de plus belle, m’accrochant à lui comme si il était mon dernier espoir. Je ressentais un mélange diffus d’appréhension, de flatterie et d’envie. Mais surtout, je commençais à ne plus me prendre la tête pour des considérations futiles car mon souffle devenait de plus en plus rapide et je n’avais qu’une envie, c’était qu’il continue à me toucher, qu’on se rapproche au plus possible qu’on puisse. Je serrais ses épaules de mes bras en l’embrassant avec autant de ferveur que lui. Et c’était bon. Je ne voulais plus lâcher ses lèvres que j’appréciais tant. Je le sentis pivoter confusément, tout à mes pensées tournées vers lui avant de me retrouver de nouveau sur ses genoux. Avec un goût de déjà vu. Mais ce n’était pas la même ambiance, pas la même finalité. Pas les mêmes pulsions aussi. Et là niveau pulsions, je commençais à en avoir de plus en plus. Qui ne furent qu’exacerber par ses doigts, ses caresses, ses lèvres encore ses lèvres, ma chemise qui glisse, mon pantalon qui devient un peu trop serré. Mes halètements et mes soupirs entre deux baisers. Je voulais oublier ce qu’il avait dit, je voulais juste me perdre dans ce qu’il me faisait ressentir, avec au passage si possible, l’éventualité de lui rendre la pareille. Et puis il arrêta momentanément les baisers et me regarda, d’un regard droit auquel je ne pouvais échapper. Et il me dit une phrase.

- J’ai envie de toi.

Et quelque chose grilla dans mon cerveau à ces mots, attendus comme redoutés. Quelque chose qui était mortellement sérieux. Ca se voyait dans ses yeux. Et à cet instant précis, la même chose devait apparaitre dans les miens. Je poussais sur ses épaules pour le faire basculer sur le lit. Etant pour une première fois au dessus de lui. Tant pis pour la position gênante et tout le reste. Je le regardais, une mèche de cheveux me barrant le visage.

- Moi aussi.

Je me penchais sur lui pour reprendre ses lèvres.

- Moi aussi j’ai envie de toi alors ne te retiens pas.

Mes bras passèrent sous ses épaules pour l’enlacer alors que mon bassin se frottait contre le sien. Oui je mourrais d’envie et ça devenait urgent. Une de mes mains descendit pour ouvrir mon bouton qui me faisait souffrir, effleurant au passage son entrejambe. J’en profitais pour la caresser de nouveau, assez superficiellement à travers son boxer, mais c’était le mieux que je pouvais faire, même en étant autant fébrile. Mes demandes implicites devenaient de plus en plus pressantes alors que je me frottais de plus belle contre lui, remontant ma jambe contre la sienne. Moi aussi j’arrêtais de l’embrasser pour le regarder, le souffle court et les joues rouges. Ma main encore sous ses épaules remonta à son visage, caressa la joue, remonta une mèche de cheveux. J’avais l’impression de faire une bêtise. Je le regardais. Lui et son regard empreint de désir. Et j’avais vraiment la mauvaise intuition que ça ne pouvait pas être aussi beau, que quelque chose allait foirer. Mes doigts se crispèrent et mon poing se serra. Elio, t’étais un bel enfoiré. C’était trop tard maintenant, j’étais dans sa toile. Et je ne pouvais rien faire. Et-merde. Ma bouche se rapprocha de la sienne, mi-ouverte sans pour autant toucher ses lèvres. Ma langue commença à chercher la sienne doucement, pour se caresser mutuellement. Pourquoi Elio ? Pourquoi tu me faisais si mal ? Pourquoi tu me rendais comme ça ?

- Merde Elio…

Ma voix n’était qu’un souffle alors que je reprenais ses lèvres, ma main dans ses cheveux. Dépêche-toi.

Prend-moi, aime moi, jette-moi. Mais dépêche-toi.
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Aurelio Pastore

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeMer 29 Juin - 5:47

Il est délicat de se piéger soi même, comme Elio le faisait en demandant à Andrea de rester. Il se doutait bien que pour réellement le satisfaire il devrait prendre sur lui et accepter de se réveiller à ses côtés le lendemain. Certes, il n’avait rien promis sur l’étendue de l’invitation. Mais le faire partir avant ou précipitamment parce que, finalement, il ne supportait pas la situation risquait d’être plutôt délicat. Et impoli. Alors oui, Elio savait qu’il devrait faire avec et se regarder se lever aux côtés de quelqu’un d’autre. Et ça l’angoissait, dans la mesure où il n’avait jamais fait ça, où il ne savait pas comment faire. Devrait-il se montrer attentionné, devrait-il l’embrasser ? Ou pas ? Lui proposer un petit déjeuner ? Toutes ces idées sonnaient étrangement à ses oreilles, comme des rituels évidents pour la plupart des gens mais dont il ne maitrisait pas la langue. C’était comme prévoir un voyage en terre inconnue : on a une vague idée des coutumes locales mais on ne sait absolument pas comment les appliquer, comment les respecter ni même si l’on sera capable de les reproduire. Ce qu’il faudrait dire ou faire, cela restait encore un mystère pour Elio qui réussissait malgré la situation à s’inquiéter légèrement à ce sujet, délicat et pourtant si simple à résoudre pour la plupart des individus normalement constitués. Mais lui qui savait tant d’autres choses, pourquoi pas ça ? Pourquoi était-il incapable d’envisager sereinement un geste qu’on pourrait qualifier de banal et de quotidien ? Le barman aurait pu faire beaucoup de choses, se débrouiller dans de nombreux domaines, mais un simple réveil aux côtés de quelqu’un d’autre l’angoissait au plus haut point et lui paraissait insurmontable.

Et puis qu’arriverait-il si malgré la confiance qu’il avait en lui, Andrea refusait et partait avant le matin ? C’était possible, plausible même, après la déconvenue qu’il avait subit la dernière fois dans une même situation. Alors rien n’était joué, et Elio espérait qu’Andrea soit suffisamment attaché à lui pour lui passer une erreur et lui laisser le bénéfice du toute en retentant l’expérience. Cette fois ci, ce serait différent. Cette fois ci, il essaierait de faire les choses comme il faut, de lui faire plaisir. Il tenterait tout en ce sens, ça c’était sûr. Quitte à oublier son mal de crâne matinal, quitte à oublier les nausées quand il sortait trop tôt de son lit, quitte à paraitre immédiatement moins attirant. Plus réel, cassant le mythe et l’admiration qu’on pouvait lui vouer. Tant pis, au moins il aurait fait un effort, il aurait fait un pas. Et Elio espérait de tout cœur que cela faisait plaisir à Andrea, cherchant sur son visage des signes d’assentiment qu’il ne trouvait pas, guettant un sourire satisfait qui ne venait pas. Pour essayer de se rassurer, le jeune homme tenta de se persuader que son compagnon ne mesurait pas encore l’étendue de l’invitation ni ce qui allait avec. Oui, ce devait être ça, il ne percevait pas à quel point c’était difficile pour lui d’abandonner son travail et ses responsabilités, même s’il le faisait sans hésitation aucune et avec une apparente nonchalance. Car les clients ne seraient pas contents, car Delia devrait s’occuper d’eux toute la soirée, parce qu’il avait failli à ce qu’il considérait comme le plus élémentaire acte de sa vie. Tout ça pour Andrea et retrouver son sourire, mais aussi pour lui-même et se débarrasser de l’envie qui le rongeait dès qu’il le voyait.

Mais ces réflexions moururent bien rapidement lorsque le spectacle démarra, emportant avec lui la raison d’Elio, mais aussi ses peurs et ses questions. La seule qui demeurait était la préoccupation de bien prendre soin d’Andrea, rien d’autre. Et cette fois-ci, la roue s’était bien enclenchée. Pas de fuite de sa part, pas de peur à la dernière minute qui l’aurait fait déguerpir, non. Au contraire, le jeune homme était presque plus excité que lui. Il le sentait dans chacune de ses réponses à sa violente attaque. Il le goûtait sur ses lèvres qui s’unissaient avec ardeur aux siennes, sur ses doigts qui l’agrippaient comme pour être sûrs qu’il ne partirait pas. Mais Elio n’avait nullement une telle envie, non. Et d’ailleurs, il était probable que même en le désirant, il ne pourrait pas. Car tout son corps était littéralement attiré par celui du blond, se collant du mieux possible contre lui, épousant les formes qu’il connaissait déjà si bien de ses mains. Cette attirance réciproque qui les avait saisis dès leur première rencontre se définissait à cet instant, alors qu’ils tentaient simplement de se rapprocher encore, bien que ce soit difficilement possible encore habillés. Et pourtant, les mains d’Elio empoignaient la chair d’Andrea qu’il sentait sous ses paumes, tandis que ce dernier se soulevait sur lui en s’accrochant à ses épaules, ses omoplates, toutes les prises possibles qu’offrait son buste. Elio sentait la tension qui tirait Andrea vers le bas, tentant de le retenir de toutes ses forces, le hissant sur lui du mieux possible. Il sentait aussi le jeune homme dans la même optique de ne pas le perdre, en crispant ses mains sur ce qu’il pouvait pour ne pas glisser.

Commença alors la symphonie qu’Elio aimait tant, celle du désir de son partenaire. En plus d’une vision de rêve d’un visage tant apprécié les yeux fermés, le rouge aux joues et le désir inscrit sur chacun de ses traits, le barman savourait ses soupirs, le souffle bruyant qui s’échappait d’une bouche à laquelle il n’offrait que peu de répit. A force de tant d’empressement sur lui, Elio ne sentait plus ses épaules mais seulement les mains d’Andrea, comme anesthésiantes, qui lui semblaient occuper tout son corps alors que pour l’instant, elles ne faisaient que l’appréhender. Et alors qu’il le portait, le barman sentait contre lui l’ampleur de l’état dans lequel il venait de mettre son partenaire, et se doutait bien que de son côté ce ne devait pas être mieux. Quelle idée d’être encore habillés après un tel départ en trombe ! Elio sentait les gênes se rencontrer parfois, quand Andrea glissait de quelques centimètres, avant qu’il ne le hisse de nouveau au niveau de son ventre pour le fixer légèrement d’en bas, admirant avec un plaisir non dissimulé ce visage torturé par l’attente, sans doute fidèle miroir du sien. Le jeune homme en profitait pour tenter de calmer son empressement afin de ne pas lui faire peur. S’il s’était écouté, il aurait jeté Andrea sur le lit et se serait jeté sur lui comme un prédateur sur sa proie. C’est pour cette raison qu’il parvint à se contenir et à s’installer ainsi, limitant son ardeur et son impatience. Qu’y pouvait-il si ce gamin le rendait complètement fou à l’embrasser comme ça ? Ce n’était pas de sa faute si tout était bien plus fort qu’à l’ordinaire, si rien que de l’enlacer de cette manière si pressée plaçait sa raison loin, bien loin de ses préoccupations premières.

Mais le blondinet signa de son propre chef l’accord qui laissait champ libre à la passion d’Elio. Car quand ce dernier se laissa tomber sur le lit sous l’impulsion d’Andrea, il commençait déjà à perdre toute patience et toute retenue. Cela faisait longtemps, très longtemps qu’ils n’avaient pas eu un départ aussi puissant, des envies aussi fortes l’un de l’autre. D’ordinaire tout commençait bien plus lentement, tout se faisait dans le besoin de préserver le plus jeune des désirs insatiables de son amant. Et d’ordinaire, jamais Andrea ne faisait ce qu’il faisait. Subitement dominé par un visage rougit et au regard un peu fou, Elio ne savait plus qu’admirer. La mèche blonde qui se balançait au rythme de la respiration d’Andrea, ses pommettes brûlées d’une jolie couleur, ses yeux voilés d’une envie qu’il connaissait bien ou ses lèvres qui lui répondirent. D’une lointaine réalité, Elio entendit ce qu’il lui dit, bien que les baisers intermittents d’Andrea ne le déconcentrent très légèrement. Il lisait presque sur ses lèvres pour comprendre le message du jeune homme au dessus de lui, alors que lui-même savourait l’instant, si rare, de le voir dans une telle position qui n’aurait pu être plus excitante aux yeux d’Elio.

- Moi aussi j’ai envie de toi alors ne te retiens pas.

Et voilà qu’il en rajoutait encore, ne pouvant plus s’arrêter. Elio aurait pu jurer, s’il ne connaissait pas la vérité, que ce garçon là avait déjà pas mal d’expérience dans ce genre de situation. Car instinctivement, il savait quoi faire sans ciller, sans hésiter. Sans rougir ou s’arrêter comme il le faisait parfois, surtout au début. Mais le coller ainsi, stimuler de cette manière quelque chose qui brûlait déjà dans tout son être, ce n’était pas venu de n’importe où. Sans doute Elio lui avait-il montré inconsciemment ce genre d’attitude, ou peut-être qu’Andrea se révélait très réactif à l’appel du plaisir qui guide parfois les gestes plus que l’esprit et la réflexion. Toujours est-il qu’Elio se sentait partir peu à peu dans les bras du jeune homme, abandonné à ses caresses furtives et éphémères qui ne faisaient que le frustrer d’avantage en plus de lui arracher un soupir rendu rauque par la chaleur qui se dégageait d’eux. Le barman n’arrivait même plus à déterminer quoi des mains ou de la jambe d’Andrea l’effleurait avec insistance, se concentrant autant qu’il le pouvait sur son image terriblement stimulante. Il alternait avec un naturel inné la proximité et la tendresse, d’une main sur sa joue qu’Elio embrassa en tournant légèrement son visage vers elle. Il lui était entièrement dévoué en cet instant, ne faisant que parcourir son buste de ses mains, se retenant encore un peu de céder à toutes ces avances insoutenables. Mais là où il eut le plus de mal, ce fut quand Andrea l’embrassa sans vraiment le faire, laissant simplement leurs langues se rencontrer avec une lenteur presque douloureuse qui contrastait si bien avec leur passion, toujours bien présente. Elio devait se retenir pour ne pas hisser sa bouche à la rencontre de la sienne, et son visage se teinta de rouge alors qu’il répondait du mieux possible à ce baiser si étrange, si sensuel, si étonnant de sa part.

- Merde Elio…

- Je ...

Je te désire. Je te veux. Je t’apprécie. Je t’aime bien. Je ... Hey, non stop, retour sur image ! Heureusement, le jeune homme ne dit rien de plus, laissant mourir ce début de phrase qu’il ne savait comment finir dans un gémissement étouffé par le baiser d’Andrea. Il avait failli faire une belle connerie. Et pour la énième fois de la soirée, le raisonnement d’Elio céda. Il ne pouvait décidément pas retenir quoi que ce soit face à ça. Lui d’ordinaire si maitre de ses émotions et de ses actes, ne pouvait plus grand-chose devant Andrea qui lui parlait comme ça, qui le séduisait ainsi. Le jeune homme sentait son cœur taper contre sa poitrine, comme s’il désirait en sortir, son souffle se fit court à nouveau comme s’il manquait encore d’air, alors qu’il ne manquait que des baisers d’Andrea. Se laissant capturer les lèvres une fois de plus, le jeune serveur demanda mentalement pardon à son amant pour la retenue dont il ne pouvait plus faire preuve. Descendant ses mains sans plus de précautions au pantalon d’Andrea, il le retira le plus possible, s’arrêtant sur ses genoux, ne pouvant faire plus pour l’instant. Au passage, il en profita pour caresser avec insistance toute parcelle de peau qui se présentait à lui. Puis il défit sa propre ceinture et baissa également son habit, sans toutefois pouvoir l’ôter complètement dans une telle position. A son tour, il agrippa les épaules de son compagnon et hissa son bassin jusqu’au sien, faisant se rencontrer les parties de leurs corps qui parlaient le mieux pour eux. Un instant il resta ainsi, alors qu’il l’embrassait de plus belle, couvrant parfois ses joues et son cou de ses attentions.

Lorsqu’il n’en puis plus, Elio retourna Andrea d’un coup de hanche, le faisant basculer sur le côté alors que lui-même se tournait pour se retrouver allongé entre ses jambes. Il en profita pour se redresser un instant et les débarrasser de vêtements bien embêtant, les laissant encore si peu habillés, pour prolonger un peu la torture. Cela se fit sans délicatesse, sans prendre de temps. Simple, efficace. Puis Elio revint vers lui, plaquant sa bouche contre le torse d’Andrea alors qu’il se saisissait de ses bras, les remontant au dessus de sa tête. Il glissait ses propres mains contre cette peau douce, remontant jusqu’à étreindre de ses doigts la main du jeune homme, enlaçant leurs paumes puis leurs lèvres qui se retrouvaient, impatientes et fébriles de ce qui semblait être une trop longue absence. Puis Elio eut une idée. Il voulait montrer à Andrea la différence qu’il y avait entre leur première rencontre et maintenant. Il voulait lui montrer le chemin parcouru, la distance franchie. Alors il se redressa, le saisissant par les hanches il le remonta avec force sur son lit, installant son crâne sur un des oreillers qui se trouvait là. Ses gestes étaient précis et emprunts d’une violence non contrôlée, pourtant chacune de ses attentions envers Andrea était, par contraste, d’une douceur incroyable. Il ne maitrisait absolument pas cet état de fait, mais il était indéniable que dans toutes ses impulsions il y avait ce mélange paradoxal qui enivrait ses sens.

Descendant alors ses lèvres et ses mains contre le corps d’Andrea, Elio ne mit pas bien longtemps à arriver à son but premier. Le plaisir qu’il lui avait fait découvrir pour la première fois dans la salle en dessous d’eux. Il reprit les mêmes principes, mais beaucoup plus directement cette fois ci. Plus fort, aussi, bien qu’il prit le temps d’embrasser toujours par-dessus la dernière protection de tissu, de visiter le bas de son ventre ou l’intérieur de ses cuisses. Mais rapidement, Elio se débarrassa de ce qui le gênait terriblement pour laisser place à son intention, évidente au vu de son comportement. Si la première fois il avait été très précautionneux et avait jugulé son savoir faire et sa dextérité, cette fois-ci il n’en fit rien. L’agilité de ses doigts était bien là, tout comme son approche plus directe et ses gestes, plus osés. Monter, descendre. Presser, relâcher. Embrasser, enlacer. Accompagner, explorer les alentours. C’était une alternance de tout cela qui dirigeait Elio, simplement guidé par les muscles crispés d’Andrea et les bruits qu’il laissait échapper. Lui-même appréciait énormément cet instant où il pouvait lui montrer à quel point il avait besoin de lui faire plaisir, à quel point il avait pu changer, aussi. Seulement, Elio ne tiendrait plus longtemps. Bientôt, ses nerfs craqueraient sous les gémissements d’Andrea et il aurait alors besoin de tout abandonner, de laisser libre cours à son envie débordante.

De toute façon, ils avaient toute la nuit devant eux, et Elio ne comptait pas en rester simplement là avec Andrea.
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Andrea Vitaly

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeLun 4 Juil - 6:10

Moi qui aimais tellement ton sourire
Je n'entends plus que tes soupirs...
Donnez-moi de quoi tenir tenir
Je ne veux pas dormir dormir
Laissez-moi voir venir le jour...
Il est minuit à Tokyo
Il est cinq heures au Mali
Quelle heure est-il au paradis?


L’espace d’un instant, j’avais eu envie de le frapper. Le sang m’était monté à la tête et j’avais été prit de court. Le voir comme ça au dessous de moi, le voir après qu’il se soit passé tellement de chose. J’aurais voulu lui crier dessus, lui hurler ce que je lui reprochais, sa façon qu’il avait de me faire oublier, de me faire passer outre. J’avais envie de le mettre face à ses fautes et de lui faire comprendre que moi je n’en pouvais plus de ce jeu, que je voulais juste être avec lui sans toutes ces fioritures. Mais je ne pouvais pas faire ça. Si je faisais ça, c’était la fin de tout. Pourtant j’aurais tant voulu qu’il sache à quel point moi ça me faisait souffrir. Mais je devais être maso, maso de persister dans ma voie pour le voir alors que je savais que ce n’était pas vraiment réciproque. Est-ce qu’il trouvait du plaisir à me voir pas seulement quand on couchait ensemble ? Finalement j’étais plus fragile que je croyais. Et le fait de croire ça continua à me faire mal. Et c’était cet instant de tension qui s’était illustré dans ce court moment les yeux dans les yeux. Je sentais sa joue sous mes doigts. Sa présence. Son envie sous moi, la mienne. Je voyais ce visage qui me hantait, ce visage que je connaissais bien maintenant. Et j’avais mal dans la poitrine. Comme si je sentais que c’était bientôt la fin de ce rêve. S’accrocher à lui était illusoire et destructeur. Et j’avais l’impression que malgré tous mes efforts, ils ne pouvaient avoir de réponse. Et j’avais eu envie de lui faire mal pour lui montrer ce que moi je ressentais. Mais la perspective de le blesser me rendait tout aussi fou. C’était un cercle sans fin. Je ne savais pas si mon visage exprimait de la colère ou de la tristesse. Ce rictus je voulais le cacher. Les ongles s’enfoncèrent dans ma paume avant de relâcher la pression. Pourquoi de telles considérations dans une position pareille ? Alors que d’ordinaire je n’aurais attendu juste qu’il me soulage, car je commençais à respirer de plus en plus par à-coups. Mais malgré tout j’avais du mal à me laisser aller. Pourtant la prise de ma main dans ses cheveux se fit plus forte alors que mon baiser se faisait plus pressant, mon entrejambe faisant pression sur sa jambe dans le but de me soulager un peu.

Je passais par une myriade d’émotions toutes plus contradictoires les unes que les autres. Entre l’envie la colère la tristesse. J’aurais pu facilement fondre en larme en lui hurlant dessus aussi bien que de me taire et de continuer à l’embrasser. J’étais fragile à cet instant. Et n’importe quoi aurait pu me faire craquer de bien des façons. Il y avait un surplus de choses perturbantes. Entre moi qui me décide à prendre la main avec Elio mais qui meurt d’envie de lui hurler ses quatre vérités à la tête. Le fait que je sois autorisé à rester pour cette nuit alors qu’il refusait tout nettement de me voir hors du bar. Le fait que je commence à me rendre compte que mon cœur qui battait, ce n’était pas uniquement une réaction physique mais bien sentimentale. Et ça commençait à faire beaucoup de choses qui s’accumulaient. Trop de choses. J’entendis à peine son hésitation à me dire quelque chose. Je crus avoir rêvé. Qu’aurait-il bien pu m’annoncer ? Je ne voulais même pas l’imaginer en fait, que ça soit positif ou négatif, je n’arrivais plus à gérer. Et j’étais perdu. Pas perdu comme les premières fois. Non je savais très bien ce que je faisais, dans quel but et ce que j’attendais de ce comportement. Mais c’était ailleurs que ça clochait. Pourquoi je n’étais pas capable juste de me laisser aller sans rien penser ? Parce qu’il fallait que les remises en question arrivent à un moment, et c’était ce soir. Même si mon corps devenait de plus en plus chaud et moite, mon esprit aussi suivait le même chemin, mais pour des considérations différentes. Et je ne pouvais pas extérioriser par la parole alors que j’étais à un point de non retour. Il ne restait plus qu’à exprimer cela par le corps. Mon corps contre le sien. C’était la seule alternative à ce moment. Tant qu’il ne s’avisait pas de dire quoi que ce soit. Ca aurait pu me bloquer immédiatement et me faire partir sur le champ sans demander mon reste. Parce que j’étais déjà au bord du gouffre. Parce que ça faisait tout simplement trop et que merde, je n’étais qu’un être humain.

Et je sentis enfin mon pantalon si gênant commencer à descendre, je le remerciai mentalement alors qu’il faisait de même avec le sien. C’était toujours une couche en trop déjà partie. Et le rapprochement de faisait de plus en plus. Pas de précautions, pas de lenteur, autant lui que moi étions prit dans un maelstrom complexe d’émotion et nous ne pouvions nous retenir. Nous en avions envie tous les deux et plus les minutes passaient, plus ça devenait urgent. Ce ne fut pas pour arranger les choses son action de me remonter contre lui et alors que je sentis son entrejambe contre la mienne, je ne pus retenir un nouveau gémissement à travers ses baisers qui devenaient de plus en plus indispensable et passionnés. Je sentis mon boxer s’humidifier par mon plaisir. C’était bien plus intense que les fois précédentes, je ressentais au centuple les émotions déjà violentes qui m’habitaient dans des moments pareils. Et pourtant on se retenait un peu. Mais quelque chose me disait que nous étions tout deux à la limite de se laisser vraiment totalement aller pour se rassasier de façon la plus passionnée possible, la plus enivrante. Il avait envie de moi il me l’avait dit, et ça se voyait, si mes soupirs étaient peut être plus forts, les siens existaient bels et bien. Se doigts étaient brûlants et fébriles. Il me voulait autant que moi je le voulais. Nos baisers se perdaient n’importe où ils pouvaient aller, et je voulais que ça continue.

Ce fut lui qui craqua le premier, me retournant pour qu’il soit de nouveau au dessus de moi. Mais je m’en fichais, je le laissais faire tant qu’il restait contre moi. J’étais trop fiévreux pour ne penser à autre chose qu’à mon plaisir, qu’au sien. Les jeans bien trop encombrants finirent par terre. Enfin une libération en attendant la suivante. Et si je me laissais à cet instant faire, comme je le faisais d’ordinaire, ce n’était que partie remise. Comment pouvait-il à cet instant faire des gestes si violents mais si doux à la fois ? Un tourbillon. C’était sûrement ça l’expérience. Mes lèvres étaient déjà en manque des siennes alors qu’il était occupé ailleurs. Ses mains glissèrent jusqu’aux miennes, les scellant ensemble. Chose qu’il n’avait pu supporter toute à l’heure. Merde, mais à quoi jouait-il ? Je serrais avec forces ses mains comme pour m’en imprégner. Ses lèvres de nouveau, mais bien trop rapidement avant que je me retrouve transporté plus haut sur le lit. Et alors que je le voyais descendre, je compris assez rapidement où il voulait en venir. Un long voyage s’était déroulé depuis la premières fois. Cette première fois qui m’avait semblée pareille à un rêve alors que j’avais mit des semaines à me rendre compte que ça c’était réellement passé. La honte se disputait à la gêne et j’avais eu l’impression de mourir. Bien du temps avait passé depuis cette soirée là. Qui aurait pu croire qu’on en serait arrivé là ? C’était tellement improbable. Et si je sentais de nouveau le rouge de gêne se battant avec le rouge d’envie sur mes joues, ce n’était rien comparé aux autres fois. Il fallait que je m’enfonce dans le crâne que c’était un truc normal qui se faisait dans ces situations et qu’il n’y avait pas de raison d’être honteux. De toute façon me persuader ne marchait pas, je le savais, alors autant profiter du reste. Voir ce qui avait bien pu changer pour lui et pour moi depuis un autre temps.

Ce que je craignais, c’était de me laisser submerger par le plaisir. Si la plupart du temps j’étais en position de receveur, comme maintenant, je me sentais d’autant plus frustré que j’avais moi aussi envie de lui faire plaisir et de le toucher de plus en plus. Mais là ce n’était pas trop possible et quand sa langue commença à faire des siennes, je sentis que je me perdais. Mes genoux se plièrent et s’écartèrent pour lui laisser plus de place alors que mon dos se cambrait de plaisir. Mes doigts agrippèrent le tissu doux de ses draps alors que je fermais les yeux en prenant une grande inspiration. C’était encore pire qu’avant. Comment faisait-il pour… ? Un nouveau gémissement s’échappa de mes lèvres doublé d’un chuchotement de son prénom. C’était pas possible de ressentir autant de choses. Je m’étais perdu et la seule chose que j’entendais était nos respirations, je sentais sa langue, ses mains, sa peau. Mes mains descendirent au niveau de sa tête pour les passer dans ses cheveux, pour les agripper. Ca n’allait plus là. J’étais réellement en train d’avoir un surplus de plaisir. Il me tuait. Mes pieds se crispaient sur le matelas alors que ma respiration devenait plus rauque. C’était quand même pas le même niveau que sur un bar. Et ce n’était pas non plus les mêmes choses. Dans mes vagues souvenirs, c’était plus doux et lent, et si ce n’était pas moins tendre, je sentais clairement la différence de fougue. Et c’était ça qui me donnait si chaud. Trop chaud, et je commençais à me mordre les lèvres pour ne pas gémir trop fort. Ce n’était pas la situation habituelle, là il y avait des gens en bas, des gens susceptibles de nous entendre. Mes doigts se crispèrent de plus belle à l’arrière de sa tête avant de me redresser pour le pousser alors que la jouissance fut trop forte. Je ne voulais pas qu’il subisse ce qu’il avait lui-même provoqué. Ce n’était pas correct.

Je me rapprochais de lui, cachant instinctivement ma nudité sous la couverture. Comme porté par un réflexe à me rapprocher constamment de lui, je lui attrapais le visage et l’embrassait longuement, pour le remercier, parce qu’il n’était pas obligé et il m’avait donné beaucoup de plaisir. Je lui chuchotais.

- Pardon de ne pas pouvoir faire de même.


Je me blotti dans ses bras, comme pour y chercher un réconfort que je doutais de trouver au sens ou moi je l’entendais. Mais c’était déjà ça de sentir ses bras m’enlacer, torse contre torse, à la recherche d’une tendresse différente de ce qu’il me donnait. Pas grave, moi j’essayais aussi de lui donner. Même si ça devait pour ça lui faire peur. Ca devint dur de le regarder dans ses conditions, je n’agissais jamais comme ça. Ca ne m’empêcha pas de l’embrasser encore et encore sans arrêt. M’imposer ou non ? Je ne voulais pas être chiant et lourd mais en même temps je sentais que j’avais besoin de lui. Et puis ce relatif calme n’était que le prélude à une nouvelle vague de désir et de fougue qui ne tarda pas à arriver lorsque nos mains se mirent de nouveaux en actions pour chercher au maximum le contact avec l’autre et que nos lèvres et langue se cherchèrent de plus en plus langoureusement. Et après un plaisir pareil qu’il m’avait accordé, j’avais besoin qu’il aille plus loin. Besoin de le ressentir en moi jusqu’à être tellement enfiévré que j’en oublierais toutes mes considérations à son sujet. Et ce fut entre deux baisers que j’arrivais à lui glisser une nouvelle phrase que je ne pensais jamais lui dire à cette époque où le voir torse nu me faisait détourner les yeux.

- Fais-le Elio.

Je m’agrippais à son cou et happais ses lèvres de nouveau.
Aime moi juste un instant.
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Aurelio Pastore

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MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeMar 5 Juil - 13:19

L’espace d’un instant, il avait eu envie de l’embrasser. De l’embrasser différemment des autres nombreuses fois où il le faisait, avec bien plus de signification et de profondeur. De lui faire comprendre des choses que lui-même ne saisissait pas avec exactitude, de lui faire saisir l’instabilité qui habitait chaque parcelle de son corps quand il était avec lui. Son envie de le voir en dehors de ce bar, son besoin incessant de le voir franchir la porte du Love’s out, un sourire aux lèvres. La nécessité de le serrer contre lui dès qu’il apparaissait dans la même pièce que lui. Lui expliquer la retenue dont il devait faire preuve au travail, lui détailler le conflit qui naissait depuis quelques semaines, jusqu’à grandir et occuper toutes ses pensées. Mettre des mots sur l’affolement de son cœur à sa simple vue, aux tremblements imperceptibles qui parcouraient sa peau quand il l’approchait, au feu intérieur qui le consumait entièrement à chaque étreinte. Elio aurait aimé pouvoir lui dire ces choses là, même si elles ne se résumaient qu’en deux mots. Il aurait aimé être capable d’un tel exploit, mais savait la chose impossible. C’était un concept qu’il ne connaissait plus, qu’il niait en bloc dès qu’on lui en parlait. C’était une simple idée trop difficile à assimiler pour lui, lui rappelant trop de mauvais souvenirs. Il sentait encore la douleur lorsqu’il avait compris que ses sentiments ne seraient jamais partagés. Il se souvenait, quelque part dans son cœur, de la violence du choc de l’annonce. Elio pensait depuis lors que ressentir ne pouvait apporter que souffrance. Si jamais il devait perdre un être qu’il savait cher, le jeune homme se refusait à éprouver de tels sentiments à son égard. Cela ne servait qu’à faire mal, à plonger au plus profond de soi même pour ne jamais en ressortir.

Elio savait pertinemment que s’il exprimait tout ceci, il risquait de perdre Andrea. Car quand bien même ses émotions seraient réelles, elles n’auraient pas la même signification pour les deux jeunes gens. L’un prendrait cela pour une invitation à franchir rapidement les étapes suivantes, l’autre comme un simple soulagement de comprendre enfin ce qui le taraudait chaque heure du jour et de la nuit. Ils ne verraient pas le même avenir dans une telle déclaration, des images différentes s’imposeraient à eux en même temps que le soulagement de l’entendre. Et encore, si cela était réciproque. Le jeune barman n’en doutait pas vraiment, mais là encore il refusait de l’admettre. Car si c’était dur pour lui d’imaginer perdre Andrea après lui avoir avoué ce genre de choses, ça l’était encore plus d’être certain d’une vérité cruelle : Andrea se sentirait abandonné par lui, car il ne pouvait répondre efficacement à ses envies et son besoin de présence et d’affection. Il le savait, si ces mots étaient prononcés l’un comme l’autre en souffrirait. Ce n’était pas un savoir définitif et arrêté, dans la mesure où Elio vivait cela comme un grand moment de flou incertain, mais son instinct lui hurlait de renoncer à essayer. De continuer la passion et d’oublier le plus longtemps possible la cruelle vérité qui n’apporterait qu’un bref instant de satisfaction. Le jeune homme savait alors qu’il lui était impossible de rassurer son compagnon à ce sujet, de le prendre contre lui et de l’embrasser en lui chuchotant ce qu’il espérait tant entendre. Et il se délectait pour l’instant de ce statut quo, de cet instant où tout était fragile mais où l’ensemble gardait un semblant de stabilité. Cela voulait dire ne pas céder, tout en faisant semblant de ne rien voir. Ne pas comprendre les sentiments d’Andrea, ne pas avouer les siens. Croire encore un peu que le blondinet ne venait que pour passer un peu de bon temps, chose dont il serait devenu accro. Penser qu’Andy ne pouvait se passer de son corps et non pas de lui, ne pas imaginer qu’il y avait quelque chose de plus alors que cela relevait de la plus flagrante évidence. Refaire le monde, croiser les doigts et même prier très fort si cela pouvait changer quelque chose à la situation compliquée qui se présentait.

Le jeune homme aurait aimé de toutes ses forces qu’une telle chose n’arrive pas. Il aurait préféré qu’Andrea n’ait jamais envie de lui dans un sens qu’il n’appréhendait pas vraiment, il aurait souhaité que lui-même se contente de le prendre dans son lit régulièrement. Des parties de sexe pures et dures, voilà ce qu’il aurait aimé vivre avec lui. Aucune complication, aucun attachement. Mais Elio aurait du se rendre compte que la première fois où il avait abordé ce gamin par défi, par amour du jeu et par provocation personnelle et sans doute un petit sentiment de revanche à prendre sur la vie, il n’avait eu aucune chance que cela se passe comme il le souhaitait à présent. Un gamin finit toujours par mélanger le charnel et l’émotion, se perd inévitablement dans la dérive que sous entend parfois ce genre de relations. Et à cet instant là, normalement le barman prenait ses distances. Mais Elio avait joué avec le feu, avant tenté toujours un peu plus de le découvrir, de tester ses limites, de le faire réagir. Et il avait perdu il y a bien longtemps, quand il avait accepté la présence quasi systématique d’Andrea dans son lit. Il avait perdu à ce moment là tout espoir de s’en sortir sans trop de dégâts, de survivre à cette rencontre inopinée qui l’amenait à présent à vouloir à tout prix détester Andrea, à le laisser partir. Mais cela aussi, encore, il en était incapable. Egoïste Elio, qui ne peut surmonter son envie de voir quelqu’un pour le bien de la personne concernée, qui ne peut résister à son désir de conserver encore un peu près de lui ce gamin hautain qui avait bien changé. Quitte à ce que cela ne les perde tous les deux, quitte à ce que cela brise quelque chose. Il n’y avait plus qu’à espérer très fort qu’Andrea comprenne tout ceci par son simple comportement, différent de d’habitude à n’en pas douter. Il n’y avait que de très maigres chances, mais au moins cela le dédouanerait puisqu’il ne lui aurait rien dit, juste montré. Peine perdue, sans doute.

D’ordinaire, Elio contrôlait le moindre de ses mouvements. Il jouait de ses mains selon les réactions de ses partenaires, promenait ses lèvres en fonction des préférences de ceux-ci. Lorsqu’il connaissait celui qui subissait ses attaques, il y avait quelque chose de ritualisé, plus simple, mais aussi nettement moins amusant. Ce soir pourtant, il ne retenait rien. Seules ses pulsions le guidaient, son envie était maitresse et il ne parvenait pas à retenir quoi que ce soit, si ce n’est pour le confort d’Andrea. Cette idée était l’unique à le tempérer un peu, à modérer le tourbillon qui l’habitait en cet instant. C’est ainsi, sans doute, que l’on peut dire qu’Elio comptait faire l’amour à Andrea. Et non coucher avec lui comme il le faisait d’habitude, plus par routine que par plaisir bien qu’il en retire plus qu’avec ses précédents compagnons de nuitée, il fallait bien l’avouer. Mais là, les règles étaient celles qui les reliaient et non pas les siennes, les cartes étaient données au hasard et le jeune homme faisait avec ce qu’il pouvait, cherchant le meilleur moyen possible, instinctivement, de se frayer un chemin vers la victoire dans un jeu auquel il ne connaissait rien. Aussi il ne comptait pas les baisers, ni ne dirigeait ses mains et sa bouche qui s’activaient sur le corps de son amant, telles des automates poussées à l’action par une force bien plus grande que la raison du jeune homme. Lorsqu’Andrea remonta ses jambes pour lui offrir le passage tant désiré, Elio se saisit de ses cuisses et s’y agrippait comme un naufragé à sa seule bouée, en essayant de rationnaliser ce qu’il se passait sans y parvenir. Il n’arrivait plus à réfléchir, plus à penser. Le pilote automatique enclenché, le barman se servait de tout son corps pour augmenter le plaisir audible que laissait échapper son compagnon. Il le sentait se tendre sous lui, ses muscles se contractant au fur et à mesure que lui-même accélérait. Il voyait les doigts chercher une prise pour finalement venir sur lui tandis qu’il l’appelait, lui suppliant implicitement de ne surtout pas s’arrêter.

Dans une tentative désespérée pour se calmer, Elio eut le malheur d’ouvrir les yeux et de regarder Andrea. La vision lui fut insupportable, tant regarder ses lèvres abandonnées des siennes gémir était tentant. De même, son visage rougi était la meilleure invitation qu’il n’ait jamais reçue, et sur cette image de rêve le jeune homme repartit de plus belle, ne laissant aucun répit à son amant qu’il faisait grimper dans les différents paliers du plaisir, plus rapidement, bien plus rapidement que la dernière fois sur le bar. La délivrance fut plus forte aussi, alors qu’Elio le sentait se perdre sûrement sous lui, le timbre grave et les gémissements plus continus et appuyés. Il se laissa néanmoins écarter, alors qu’Elio aurait sans doute souhaité rester pour l’accompagner jusqu’au bout, quitte à remonter ses lèvres dans son cou. Mais ce fut plus loin sur le lit qu’il le vit partir, tableau merveilleux qu’il ne comptait pas oublier de si tôt. Puis, comme si c’était la première fois qu’il pouvait l’observer nu, Andrea vint le voir tout en remontant le drap sur lui, intimidé de tant de plaisir exprimé avec si peu de retenue. Elio eut un sourire tendre avant de se laisser embrasser doucement, donnant à son partenaire le temps de se remettre de ses émotions. Celui-ci chuchota faiblement à son oreille, comme pour s’excuser alors qu’il n’y avait pas de quoi.

- Pardon de ne pas pouvoir faire de même.

- Chaque chose en son temps, ne t’en fais pas.

La réponse lui avait été faite alors qu’Elio passait ses doigts dans les cheveux fins d’Andrea, graissés par la sueur qui séchait seulement sur son front. Il était touché de voir à quel point le jeune homme avait envie de lui rendre la pareille, bien que lui n’y voie pour l’instant pas l’intérêt. Cela lui suffisait de le voir aussi comblé, de le sentir aussi délivré sous ses mains. Mais il accueillit tout de même ce regret avec sérieux, sans le ridiculiser ou le banaliser vu l’importance que cela prenait apparemment pour le jeune homme. Il était d’ailleurs persuadé qu’à force, si tout se passait bien, peut-être qu’il y arriverait ... Mais non, en fait. Sans doute pas dans ce contexte où tous les deux ne se comprenaient pas, ne se parlaient pas, où il lui mentait à moitié sur ses envies et ses véritables intentions le concernant. Chassant cette idée noire de son esprit, Elio laissa le blondinet venir contre lui, ouvrant grand les bras avant de les refermer autour de lui, l’un sur ses épaules, l’autre sur sa taille. Cette étreinte pleine de douceur ne lui ressemblait pas, et pourtant les petits baisers d’Andrea n’étaient à chaque fois qu’onde de plaisir, pas celui du corps mais un autre sentiment bien plus profondément ancré en lui. Sa simple présence lui suffisait, mais quand leurs corps reprirent finalement leur bonne vieille habitude de se caresser dès qu’ils étaient en contact, Elio ne put continuer plus lentement de lui offrir la tendresse qu’il demandait, bien qu’il doute finalement que le jeune homme eut trouvé dans ce moment d’accalmie ce qu’il cherchait réellement.

- Fais-le Elio.

Pas besoin de lui dire deux fois, surtout avec une telle aisance dans le rapprochement de son partenaire qui se collait de plus belle à lui. Alors qu’il le mettait de nouveau en condition, Elio s’étonnait de sa propre résistance. Comment faisait-il pour rester serein alors que son sous-vêtement, encore là malgré l’état d’Andrea, ne faisait que se tendre et lui rappeler son envie pressante ? Il n’en avait pas la moindre idée, seulement les paroles d’Andy le libérèrent du poids de l’attente et de la retenue qu’il réussissait par miracle à conserver. Ce qu’il se passa après fut simple à raconter, leurs corps se retrouvèrent encore et encore, ne se séparant qu’un bref instant pour mieux revenir, aimantés l’un vers l’autre, avec soulagement. Elio recommença la douce escalade, accompagnant Andrea dans le gravissement des marches qui le mèneraient de nouveau là où il comptait l’emmener. Et son attente fut récompensée, tant leur union fut sans précédent. Cette nuit là, ils s’étreignirent plusieurs fois, tant que leurs forces le leur permettaient. Toujours, Elio laissait son plaisir s’exprimer avec plus de force qu’à l’ordinaire, se fichant des clients en bas qui ne faisaient que bien deviner ce qu’il se passait. De nombreuses choses avaient changé dans ce tableau pourtant habituel de deux corps qui s’enlacent. Elio était plus passionné, moins retenu tout en veillant au plaisir de son partenaire, il se laissait totalement aller contre lui, et l’embrassait tout au long de leurs gestes, étant donné que cette fois ci il ne le laissa pas se retourner pour échapper à son regard. C’est les yeux dans les yeux qu’il se regarda partir dans le regard d’Andrea, retrouvant le miroir parfait de ses expressions sur son visage déformé par l’accumulation de satisfaction. Beaucoup de choses se passèrent cette nuit là, au-delà de leurs simples ébats. Elio sentait ses sentiments lui échapper, et plus d’une fois il faillit, alors qu’il murmurait sans relâche le prénom d’Andrea, laisser s’envoler ce qui lui pesait tant. Toujours, il se retint pourtant et ce jusqu’à ce qu’ils tombent tous deux, épuisés, sur le matelas humide de leurs étreintes.

C’est le bras passé sous la nuque d’Andy que les deux jeunes gens s’endormirent, un sourire fatigué sur le visage pour Elio. Toutefois, juste avant de sombrer, le barman s’assura qu’Andrea était bel et bien endormi avant de poser une ombre de baiser sur sa joue et de se délivrer enfin de quelque chose qui devenait trop difficile, bien qu’il ne sache pas réellement le formuler.

- Ne t’en vas jamais, s’il te plait. Je me suis trop attaché pour que tu partes.

Et il sombra dans le sommeil, sans vraiment réaliser ce qu’il venait de dire.
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Andrea Vitaly

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MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeMer 6 Juil - 8:32

Sur la place rouge de nos deux cœurs
Siberie dans la chambre
Siberie dans tes yeux.
Siberie Fleuve amour
Il fait si froid dehors


Il était trop tard, bien trop tard pour espérer m’en sortir sans trop de casse. Je n’arrivais plus à me souvenir de mes motivations qui m’avaient poussé encore et encore à revenir dans ce bar. La curiosité, le goût de la découverte, l’orgueil ? Un peu tout à la fois ? A cette époque je me servais de lui comme il se servait de moi. Je lui résistais encore et encore mais restait à proximité. Et lui cherchais le précieux sésame. Ce n’était qu’une lutte perpétuelle servie par des intérêts personnels. Et c’était plutôt amusant de vivre comme ça. Mais il avait commencé à trop gagner de terrain et je n’étais pas assez acide pour m’en tirer. Peut être parce que je ne voulais pas. J’appréciais qu’il s’intéresse à moi, même pour de mauvaises raisons. C’était plaisant. Et moi aussi je m’intéressais à lui. Pour également des mauvaises raisons. Et puis il était venu à bout de ma résistance, l’érodant peu à peu chaque fois que je venais. Et il avait réussi. Et c’était en me rongeant les sangs que je m’étais demandé si je pouvais de nouveau venir. Maintenant qu’il avait gagné, accepterait-il de continuer ce jeu ? Il avait accepté. Et c’était là que je m’étais perdu. J’aurais dû être trop traumatisé pour revenir, pour le revoir. J’avais été mal un bon moment mais pas assez pour me couper définitivement l’envie de revenir. Il était une drogue à laquelle il fallait toujours se piquer. Et peu à peu je me sentais sombrer dans la débauche. Venir pour le voir, venir pour coucher, venir encore et encore de plus en plus souvent. Venir avec des prétextes puis venir sans même chercher à en trouver. Avoir envie de le voir, pas forcément de coucher. Et là ça commençait à déconner mais je ne voulais pas le voir. Il n’aurait pas accepté que j’agisse ainsi. Elio, il était à tout le monde, et moi, je n’étais rien. Et plus ça allait, moins ça allait. Malgré ses moqueries et autres sous entendus, je ne pouvais plus m’en passer. Mais pas à cause des coucheries, parce qu’être avec lui, c’était se rapprocher de quelqu’un, chose que je n’avais pas fait depuis bien longtemps. Et malgré tout, je commençais à avoir vraiment besoin de sa présence.

Les nuits que je passais avec lui commencèrent à trouver un écho différent. Ce n’était plus uniquement de la gêne, de la honte, du déni du malaise, mais plutôt de la nécessité et des gestes qui se transformaient, qui devenaient plus automatiques, avec une envie à mon tour de faire plaisir plutôt que de juste subir. Sans m’en rendre compte, j’agissais pour lui et plus uniquement pour moi. Et mes joues rouges et mon cœur battant n’étaient plus dû qu’à une cause physiologique. Car ce cœur battait dès que je pensais à lui, dès que je rentrais dans le bar, dès que je le voyais. Et il me faisait un peu mal quand je le voyais sourire et servir d’autres personnes que moi. En quelque mois, il était devenu bien plus important que je ne l’avais escompté. Et ça me faisait peur, mais comme à côté j’étais heureux, je ne voulais pas que ça change. Du moins c’était ce que je croyais. Mais en fait, je commençais à avoir envie de retour de sa part, chose illusoire. Mais il avait tant de petites attentions à mon égard que je voyais ce que je voulais voir. Et cet espoir brûlant me permettait de venir encore en espérant de plus en plus une preuve, même la plus mince. Je ne voulais plus voir personne. Et rien que de penser être aussi proche de quelqu’un d’autre me rendait malade. Je ne pouvais plus rien dissocier. Elio c’était mon corps et mon esprit. Je n’avais d’ailleurs depuis le début jamais été capable de les différencier. Même si je le croyais, je me voilais la face. Et maintenant j’oscillais entre douleur et envie. Je ne savais plus quoi faire. J’aurais dû lui dire même si ça signifiait le perdre. Mais j’étais de moins en moins capable de venir pour ne lui donner que ce que lui attendait. Une relation sans prise de tête.

Mais je ne rêvais pas ses attentions, je ne rêvais pas la passion dont il faisait preuve à mon égard, je ne rêvais pas ces manifestations de plaisir qu’il montrait. Est-ce que je le voyais vraiment où est-ce que je l’imaginais ? Pouvais-je espérer n’avoir qu’une chance minime qu’il change d’avis à propos de notre relation ? Je voulais lui montrer dans toute la bonne foi dont j’avais fait preuve ce soir. En essayant de me rapprocher malgré sa fuite, en le suivant malgré cet échec, on essayant de prendre des décisions. J’avais essayé bien plus que les autres fois mais rien ne me disait que ça trouvait écho en lui. J’aurais voulu savoir ce qu’il pensait. Tellement voulu savoir. Mais ça semblait impossible. Une nouvelle lueur d’espoir commença à briller à sa réponse. Difficile à étouffer comme toutes les autres. Je ne voulais voir que les bons moments et pas tous les autres. Si je continuais à faire plein d’efforts, j’arriverais peut être à lui rendre la pareille, lui faire plaisir comme il venait de le faire avec moi. Douce illusion. Je me perdis quelque seconde dans ses bras alors que je les sentais se refermer sur mon dos et mes épaules. Une étreinte nouvelle que j’aurais voulu prolonger le plus longtemps possible. Mais pas à cet instant. Car lui comme moi atteignait nos limites et je voulais le sentir, qu’il continue jusqu’au bout. Ce qu’il fit.

Et ce fut au-delà de ce que j’aurais pu croire. Si d’habitude la douleur était toujours présente et que j’étais crispé malgré ses bons soins, cette nuit elle disparue très rapidement. Car je n’y pensais pas, car j’étais plus détendu et demandeur que jamais. Il me donna bien plus que d’ordinaire. Peut être parce que j’étais plus sensible, plus réceptif, plus détendu. Mais jamais ça ne m’avait paru aussi bon. Jamais je ne m’étais senti partir ainsi, oubliant toute considération pour me noyer dans ses bras, dans les ondes de plaisir qui me parcourait le corps. C’était la première fois que ça se passait ainsi. Je cherchais le plus possible à prolonger mon plaisir en me plaquant de plus belle contre lui, en bougeant le bassin et agrippant ses épaules. Nos prénoms respectifs ne cessaient de s’échapper de nos lèvres, quémandant toujours plus. Je ne détournais pas le regard. Pas cette fois. Je voulais le regarder. Et je n’y voyais qu’un plaisir semblable au mien. Et de le voir ainsi, ça me rendait encore plus sensible à sa présence. Il avait envie de moi autant que j’avais envie de lui. Tout disparaissait, ce qui comptait ce n’était que nous, nous dans ce lit. Nous au sommet de ces derniers mois.

Et puis ce fut presque l’inconscience que nous sombrâmes alors que nous n’en pouvions plus l’un comme l’autre de tant de fois, de tant de plaisir, de tant de fougue. Tout m’avait achevé et je tombais de fatigue avec la joie de le sentir contre moi sans avoir à partir immédiatement.

Je sursautais en ouvrant les yeux mais ne parvins pas à me rappeler mes rêves. Ils n’étaient qu’en bribes espacées empreintes de tristesse. Des verres d’alcool, Elio, beaucoup de vent. Des impressions persistantes sans que je parvienne à saisir pourquoi mon cœur se serrait comme ça. Ce n’était qu’un mauvais rêve, on en faisait tous. Mais c’était angoissant. Juste un peu. Je me passais la main dans les cheveux, la gorge sèche et la bouche pâteuse. Mes paupières étaient lourdes et j’aurais eu envie de dormir encore des heures. Mais pourtant quelque chose me retenait, une impression étrange que j’avais déjà eue. Ah oui, je n’étais pas dans mon lit. Ah oui Elio, ah oui tout le reste et hier soir. Et le contrecoup me fit attraper mon oreiller pour me plonger la tête dedans. Je ne regrettais pas ce qui s’était passé. Ca avait été magistral et je revoyais encore nos corps bougeant à l’unisson dans des soupirs d’extase. Mais la réalité reprenait ses droits et une nuit, ça faisait disparaitre et oublier beaucoup de choses. Comment oublier ce qu’il m’avait accordé hier soir ? Alors que je ne mourrais d’envie que d’une chose, c’était de me coller contre lui pour me rendormir.

Mais s’il avait dit ça dans l’action hier, juste histoire de me faire plaisir, oubliant que le lendemain matin, il ne voulait trouver personne dans son lit ? Je n’avais pas envie d’être de trop et après une nuit pareille, subir son regard endormi, étonné et peut être même un peu au bout me rendrait trop triste. J’avais peur que tout ce qui semblait être passé entre nous hier ne soit qu’un souvenir comme les autres, disparaissant après des rêves. J’avais peur de le voir s’échapper comme du sable dans la main. Oubliant ou faisant semblant d’avoir oublié. A cette pensée mon cœur me fit mal. J’aurais peut être dû lui parler justement pour vérifier que ce n’était pas rien. Lui dire enfin, peut être avec des mots maladroits ce que j’avais voulu lui faire passer par le corps hier. C’était ses actions aussi qui m’avaient motivée à faire ça. Il ne pouvait pas faire comme si rien ne s’était passé de spécial. Il ne pouvait pas nier son regard enfiévré et ses marques de plaisir... Bien sûr que si il le pouvait. Je savais qu’il le pouvait et ça me rendait malade d’effroi. Le menton appuyé contre mon oreiller, je me demandais quoi faire. Fallait-il que je parte, que je reste en me rendormant, que je me rapproche de lui l’air de rien ? La peur de m’imposer fut plus forte que le reste. Je fuyais une fois de plus pour éviter son regard inquisiteur et ses paroles au réveil.

Je m’asseyais le bord du lit comme la première fois pour partir à la recherche des vêtements qui avaient une fois de plus volé dans la pièce. Le pincement de cœur n’en démordait pas, pas plus que ce soudain frisson sur mes épaules nues. Ca aurait été tellement plus agréable de rester au chaud sous cette couverture avec cet homme que je ne voulais plus quitter. J’allais rater peut être une bonne surprise. Un grand sourire de sa part et un baiser. Je lui aurais passé la main sur le torse doucement en n’osant pas trop le regarder, pas trop croire à cet instant. Mais en fait, j’avais beau l’imaginer en esquissant un sourire, je n’y croyais pas. Il aurait pu ne pas me jeter, mais de là à faire des choses pareilles, il ne fallait pas trop rêver. Cependant la peur d’un regard indifférent surpassa celui d’un improbable câlin. Et ce fut le visage un peu triste que j’attrapais ma chemise qui trainait par terre pour l’enfiler avant de reposer l’oreiller à sa place. Je cherchais des yeux le reste de mes vêtements sans arriver à me persuader de me lever. Rester encore assis ici c’était rester encore un peu près de lui. Je poussais un soupir résigné. Peut être était-il vraiment inatteignable.
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Aurelio Pastore

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeMer 6 Juil - 10:30

Elio rêvait. Ne sachant dire si cela était le fruit d’un rêve ou d’un cauchemar, il vivait dans son sommeil une expérience inhabituelle et surprenante. Un monde où il avait réussi à dire à Andrea ce qui le rongeait, un univers où son cœur avait réussi à s’exprimer. Et voilà comment cela se passait ...

Dire Adieu à un monde. Entrer dans un nouvel univers qui n’accepte ni souvenirs, ni infidélités. Un espace auquel il faut se dévouer seulement au présent, mettre de côté le reste et accepter de tomber soit de l’un, soit de l’autre. Fléchir, choisir, ou laisser le temps décider pour soi. Elio avait décidé de plonger dans les eaux troubles d’Andrea, pour échapper à la clarté mensongère de sa petite vie bien rangée et orchestrée, dans la décadence et la facilité. Plus de journée vécue au petit bonheur la chance mais des responsabilités, quelqu’un à qui dire bonjour en rentrant du travail. Dit comme ça, c’était gerbant. Il disait Adieu à un quotidien, des habitudes, des certitudes et des valeurs. Dans les bras de quelqu’un, il faudrait s’en créer de nouvelles. Dépasser les limites physiques, les différences matérielles et se servir d’une expérience -bien maigre- durement acquise pour réapprendre un monde, une vie et des fonctionnements de pensée inconnus. L’adieu n’est que vérité devant Dieu, de ces incontournables faits qu’on ne peut réfuter une fois le mot franchi. Lorsqu’il faut s’en défaire, le chemin passé ne disparait pourtant pas en quelques instants, reste là, ancré dans une mémoire faite de sons et de couleurs qu’il n’est pas si facile de faire déguerpir. La magie de l’esprit humain, se souvenir. Et Elio n’oublierait pas son ancien monde, pas plus qu’Andy ne le ferait. C’était quelque chose qui les sépareraient toujours, inéluctablement. Mais dire Adieu, c’est donner un point final à cette route tracée, à ce qui est fait et que l’on préfère maintenant effacer. D’un son, tout réduire en poussière. D’une parole, remettre les compteurs à zéro. Mais il y a toujours quelqu’un pour se souvenir, pour faire ressurgir des méandres sombres de l’Oubli des scènes difficiles, de celles que l’on croyait définitivement anéanties. Si ce que l’on efface ressort toujours quand on s’y attend le moins, tout le reste est lettre à écrire. C’est cela vers quoi il faut avancer, ce qu’il faut prendre en compte et épouser pour arriver à se hisser hors d’une fange faite de mauvais souvenirs. Les remplacer par de meilleurs.

L’adieu est une infinie diligence, où les chevaux ont dû souffrir. Un voyage compliqué, lent et tortueux. Qui commence en général par la prise de conscience de ce que l’on va perdre. Puis l’expérimentation de la démarche, des mots à trouver, des décisions à prendre. Le pour, le contre, évaluer les risques et les dommages collatéraux non prévisibles. Comme un cœur qui se brise, comme ceux qu’on ne pourra plus revoir en n’offrant sa vie qu’à un seul. Comme un environnement qui disparait. Se retrouver alors tout à coup au point d’arrivée, au bout de la route. Renaitre, trouver de nouveaux repères, des marques neuves dans un pays inconnu. Mais aussi, être arrivé et regarder devant sans rien voir. L’angoisse, qui nait devant ce paysage trop complexe pour nous apparaitre, cette vision qui ne laisse aucune possibilité, aucune marge de manœuvre. C’est fini la sécurité, maintenant il faut se jeter dans l’océan sans bouée ni assurance que les eaux profondes n’abritent pas un prédateur plus dangereux encore que l’inconnu. Comme Elio, faire l’expérience d’un autre monde qui s’éloigne tant du sien qu’on n’en est que plus déstabilisé. Et ceux qui portent ce voyage s’épuisent, ceux qui le vivent n’y arrivent entiers que rarement. Entreprendre une telle démarche peut en toucher plus d’un, et toujours une partie de soi y laisse quelque chose en échange. Les reflets de l’absence de quelqu’un peuvent parfois marquer l’ombre du plaisir d’un autre, tandis qu’il faut fermer les yeux sur le reste, et se contenter de ce que l’on gagne. Même en admettant que le change soit largement avantageux, demeurent le pincement au cœur et la gorge qui se serre, de piétiner plus que la source du mal et la raison de l’abandon.

L’adieu, c’est deux corps qui se séparent sur la rivière du temps qui passe. Seul le temps peut en imposer ainsi les règles, lui seul permet de réaliser vraiment que l’un a quitté l’autre. Car si Elio se savait avoir prononcé même inconsciemment ces mots fatidiques, irréversibles envers un futur qu’il savait encore incertain et inquiétant, lui seul en prenait conscience. Combien de temps faudrait-il à ces gens qu’il chérissait tant pour la liberté qu’ils lui procuraient pour admettre qu’il ne revenait pas, qu’il disparaissait de leur quotidien ? Ce n’était somme toute pas envisageable. C’était sans doute trop dur de s’imaginer à ne plus rien faire, ayant perdu le seul don qui lui avait été accordé dans sa seconde vie. Et la troisième ne pouvait tourner uniquement et exclusivement autour d’un seul homme. Peut-être pouvait-il concilier les deux, accepter d’oublier et de repartir, un pied dans chaque monde. Il suffisait d’un peu d’organisation, un peu de volonté pour que tout change, sans devenir complètement autre. Est-ce qu’Elio avait peur de tout laisser derrière lui ? Oui. Car on ne mesure pas la force de la manipulation et du pouvoir sur la victime, on ne comprend pas toujours l’attachement aux certitudes, aux règles, cette certitude et ce pouvoir qui étaient devenus indispensable au barman pour survivre. La possibilité de savoir où aller, de comment s’y rendre était apaisante. Ne pas craindre pour autre chose qu’à l’ordinaire, accepter le meilleur et refuser l’angoisse et les contraintes. Mélanger deux fluides qui n’avaient aucun compatibilité et qui, de fait, ne pouvaient se retrouver unis.

Non. Ce n’était pas possible de vouloir tant de choses, de désirer le changement tout en demeurant dans la sécurité du passé. L’adieu, c’est le sanglot long des horloges et les trompettes du paradis. L’échec cuisant, la consécration d’une erreur qui ne peut se résoudre que par l’abandon d’un des deux partis. Que l’autre soit d’accord ou pas, qu’importe. Il y a victoire injuste de celui qui n’ose pas mettre fin à quelque chose de douloureux. Le véritable courage et d’accepter de plier l’échine et de clore une insupportable situation, de dire soi-même à tous ceux qui s’interrogent que l’amour et une part d’espoir sont tombés à l’eau. Qu’il n’y a plus lieu de croire ou d’attendre une issue favorable. D’admettre qu’Elio doive se retirer de son confortable quotidien malsain et pathogène. C’est ouvrir les yeux sur un bateau ivre de tristesse, qui a rongé ses passagers principaux. D’admettre qu’ils sont en détresse, et de constater que ne rien faire reviendrait à laisser se noyer deux êtres qui se débattent, avec plus ou moins de force. Car ce n’est pas le dominé le plus faible, puisque le pouvoir facilement acquis a de ces airs de résignation et de faiblesse criante, montrant que le seul espoir et d’écraser pour survivre, en comptant sur l’abdication de l’autre. Défaite, victoire, l’Adieu c’est l’Armistice parfois forcée qui remet les accords en position de départ et abandonne les hostilités, pour repartir chacun d’un côté. Le Love’s out, Elio. Les deux partis qui devaient à présent se dire Adieu, au moins moralement. Car seulement travailler ici ne serait plus la même chose. Ce serait perdre l’âme de l’établissement, perdre la connivence instaurée avec Delia et la liberté des faits dans ce bar si particulier. Et pourtant, il lui faudrait bien se débarrasser de ses vieilles habitudes.

Au beau milieu de la nuit, ce rêve le tira du sommeil avec un sursaut. Son réflexe fut de refermer son bras autour du cou d’Andrea, pour le sentir contre lui. Un long moment il resta là, rassuré de le sentir auprès de lui aussi bien qu’il en était effrayé. Mais qu’est ce qu’il foutait, bon sang ? Ce qui venait de le réveiller en nage et la peur au ventre c’était bien la conséquence de tout cela, de la présence du jeune homme à ses côtés. Il ne savait plus quoi faire. Le tirer du sommeil, lui dire de rentrer chez lui ? Ou tenter de se battre contre cette image du sommeil et essayer de lui dire quand même ? Il n’y arriverait pas, et le savait. Autant il était capable de conserver un état de statut quo parfait, autant sombrer d’un côté ou de l’autre lui était difficile. En y réfléchissant bien, il n’avait aucune raison de lui dire. Simplement profiter, profiter de ce calme qui leur convenait si bien. Accepter de ressentir certaines choses inattendues, mais il se refusait à les dire, voilà qui leur permettrait de renouveler l’expérience de la veille au soir. Elio s’en souvenait encore, jusque dans les courbatures de ses muscles fatigués et des cernes qu’il devinait sous ses yeux. Lui qui d’ordinaire ne se réveillait jamais en pleine nuit voilà qu’il en était tiré par un simple cauchemar lui expliquant tous les obstacles qui l’attendaient, au-delà du soulagement premier d’avoir enfin pu avouer. Perturbé par tant d’images de lui si éloignées de son habitude, Elio eut du mal à se rendormir. Si bien qu’il dut se lever, marcher quelques pas dans sa chambre, se passer de l’eau sur le visage. Ce ne fut que quand il posa à nouveau son regard sur Andrea, profondément endormi, qu’il se sentit légèrement apaisé. Il n’avait aucune raison d’avoir peur. Après tout, une étape supplémentaire venait d’être franchie et cela ne méritait pas qu’il s’inquiète pour rien. Tout allait bien. Retournant sous ses draps, il observa quelques instants son compagnon endormi avant de sombrer de nouveau dans les bras du sommeil, se laissant aller dans son oreiller, confortablement rassuré par la présence de quelqu’un à ses côtés. Étonnamment rassuré.

De nombreuses heures plus tard, bien que cela ne soit toujours pas suffisant pour le jeune homme qui avait un besoin insatiable en sommeil, Elio se réveilla pour la seconde fois. C’est le léger mouvement du matelas qui le tira définitivement de l’ombre de son lit et le fit ouvrir les yeux. Difficilement, certes, et avec une lenteur extrême. Mais juste assez pour voir Andrea assis sur le côté du lit, sa chemise sur le dos. Alors comme ça, il n’avait pas compris. Même engourdi et à moitié assommé de fatigue, Elio arrivait à réfléchir un minimum. Il n’avait pas compris ce qu’il avait voulu lui dire hier soir, avec ses mots et avec ses gestes. Toute la tendresse qu’il lui avait offerte avait comme disparu. Lui la ressentait toujours, mais le blondinet ne semblait pas s’en soucier. Maladroitement, Elio se redressa en silence, le temps d’observer la silhouette qui déjà voulait le fuir, en silence et sans lui dire au revoir. Ce qu’il ne supportait plus, à présent. Dans un effort surhumain, Elio tendit les bras et se saisit des épaules d’Andrea pour l’attirer à lui. Il retomba dos au mur, à moitié assis contre les oreillers qui s’amoncelaient sur son lit. Son partenaire allongé contre lui, la tête lui arrivant au niveau du cou. Il l’enserra de ses bras comme pour l’empêcher de tenter à nouveau de partir, et le cala entre ses jambes qu’il plaça de chaque côté de lui, leurs deux corps à moitié recouvert par le drap léger qui trainait là. Sans un mot pour l’instant, il savourait ce contact un instant, heureux de s’être réveillé à temps pour le retenir. Puis il desserra son étreinte pour le redresser et se mettre face à lui. Un sourire vint illuminer le visage encore incertain d’Elio, et en se penchant pour déposer un très rapide baiser sur les lèvres d’Andrea, il chuchota d’une voix lourde :

- Tu ne veux pas rester encore un peu ? Il est tôt.

Il avait simplement envie de le voir encore, de le sentir contre lui un peu plus longtemps. Avant de retourner à ses obligations, avant de le laisser repartir dans son monde plein de vie et d’animation. Cet univers qui lui était totalement inconnu et qu’il aurait peut-être eu envie de découvrir si tout n’était pas aussi compliqué. Le laisser s’enfuir loin de lui, voir d’autres gens, vivre à la lumière du jour. Egoïstement, Elio souhaitait le conserver encore un peu près de lui, le retenir loin de tout. Proche de lui, c’était la seule chose qui comptait. Et tant pis si cela devait lui rappeler un certain cauchemar dont il ne se souvenait à présent qu’à force d’impressions diffuses et incertaines. De toute façon, plus rien n’avait réellement d’importance en dehors du plaisir de le voir en cet instant. Après leurs ébats, après le soir, après la nuit. De pouvoir observer à la clarté du matin ses cheveux blonds, ses lèvres rosées, ses yeux qui l’appelaient si souvent à le rejoindre. Sans pour autant penser à sa propre apparence, nettement diminuée lorsque l’on sortait du contexte du bar. Des cernes, des cheveux abimés par les colorations, des pommettes un peu trop marquées, des yeux fatigués. Tout ce qui ne le mettait plus en valeur et qu’il aurait voulu cacher au regard de celui dont il appréciait tant le contact en cet instant. Resterait-il ? Ou bien aurait-il peur de lui, ainsi, de ce qu’il pouvait être en dehors de l’habitude bien huilée ?

Ne fuis pas.
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Andrea Vitaly

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MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeJeu 7 Juil - 5:09

Ce soir je dors réveillé
L’esprit dehors je t’entrevoie...
Ce soir je dors près de toi
Comme à chaque fois
Je ne m’y fais pas…
Si loin de toi mon amour


Je ne pouvais imaginer un instant qu’Elio serait blessé par ma fuite. Pourquoi le serait-il ? Il m’avait uniquement demandé de rester le soir, la nuit, mais pas le matin, il n’en avait pas été question à aucun moment. Alors pour moi ça coulait de source qu’il fallait que je parte maintenant même si j’étais loin d’en avoir envie. Mais lesquelles de nos envies étaient les plus importantes ? Les miennes, les siennes ? De toute façon je ne savais pas la nature des siennes. Si on s’acharnait à ne pas se parler sérieusement, ça ne pourrait pas avancer et en resterait dans l’ignorance la plus totale. Et si ça lui convenait, ce n’était pas mon cas et pour une fois j’aurais dû être égoïste et prendre mon courage à deux mains pour engager la conversation sérieuse sur nous deux. Savoir ce qu’il pensait vraiment, pouvoir lui dire doucement ce que moi j’avais déduis de mes réactions. Le fait que je ne puisse plus me passer de lui. En étant clairs là-dessus, on n’aurait pu envisager bien plus de solutions. Bonnes ou mauvaises mais au moins on aurait été fixés. Rester dans le flou était le plus dur pour moi et il fallait qu’il le comprenne. Si je ne savais pas où nous en étions, je n’allais pas pouvoir avancer et me sentir mieux. J’espérais au fond de moi que ça se passe bien, si explications il y avait. Ce n’était pas en m’enfuyant comme un voleur que ça allait se faire. Mais déjà hier, il s’était passé beaucoup de choses. Sauf que l’un comme l’autre, on aurait pu mettre autant de tendresse ou de fougue dans nos agissements que l’autre ne pouvait pas forcément comprendre la même chose. Comment Elio, sans que je lui dise, aurait pu comprendre que ma soudaine envie de lui faire plaisir était dû à une volonté de me faire bien voir dans le but qu’il accepte de rester plus longtemps avec moi ? Il ne pouvait pas. Tout comme je ne pouvais pas savoir les vraies raisons de la passion qui nous avait tout deux habité la nuit dernière.

En tout cas il ne faisait aucun doute qu’au fond de moi je me sentais obligé de partir. Malgré mon envie de mettre les choses au point, le matin et dans ces conditions, ce n’était peut être pas idéal. Et en plus je ne savais pas ce qu’il gardait encore d’hier, de cette nuit. En vérité, j’avais beau me dire qu’il fallait que je parle, j’avais peur de le faire. Terriblement peur de la vérité, même si elle devenait impérative en ce moment. Restait à savoir ce que j’allais supporter le plus. Continuer à ne rien dire mais en souffrir ou dire quelque chose et risquer le pire. Et pourtant au-delà de ces considérations, j’avais envie de lui dire ce que je pensais car je voulais simplement qu’il sache de façon honnête ce que je pensais de lui. J’aurais voulu le toucher avec une franchise que je ne donnais à personne d’autre. Mais une fois de plus comment aurait-il pu le savoir ? Qui aurait pu croire que moi, le roi de la langue de bois je me rende compte par ce biais que si on ne parlait pas, on ne pouvait pas se comprendre ? Il m’avait changé. Enfin, uniquement avec lui car avec les autres, c’était toujours le même cirque habituel, mais j’étais moins acide, moins enclin à chercher la guerre, moins chiant quoi. Je me demande ce qu’il en penserait s’il le savait. Il se moquerait sûrement gentiment avec une réplique qui me ferait un peu rougir. Comme d’habitude.

Nouveau soupir, mais alors que je m’apprêtais à me lever, je me sentis tiré en arrière et laissait échapper un petit cri de surprise en me sentant perdre l’équilibre. C’était Elio qui venait de me tirer à lui, contre lui, et c’était les yeux écarquillés de surprise que je m’en rendis compte. Mais qu’est-ce qui lui prenait ? Il était somnambule ? Vu ses gestes, même endormis ce n’était pas possible. Il était tout à fait conscient de ce qu’il faisait et je me sentis brûler des joues et des oreilles. Il me retenait. Il m’avait vraiment retenu. Mes épaules un peu tendues se relâchèrent brusquement alors que je me laissais aller contre lui. Moi qui commençais à avoir froid j’étais contre son torse tout chaud, enlacé par ses bras. Ca ne pouvait être qu’un rêve. Je fermais les yeux et me laissais aller contre lui en passant mes mains et mes bras sur les siens. J’étais si bien, c’était le matin, c’était tendre et gentil. C’était ce que j’avais espéré de toutes mes forces. Et ça arrivait vraiment ? Il me tenait vraiment contre lui. Je raffermis ma prise sur ses bras comme ayant peur qu’il me lâche. Bordel, mais comment voulait-il que je me contrôle s’il me faisait des trucs aussi tendres ? Je n’avais pas rêvé sa gentillesse d’hier soir non plus et il ne la niait pas ce matin. Je sentis que dans ma poitrine ça devenait tout chaud. Parce que je me sentais vraiment heureux, bien et rassuré dans ses bras, comme si rien ne pouvait m’arriver. Il ne s’était pas voilé la face, pourquoi est-ce que je le ferais ? Finit les mensonges par omission. Je ne pensais pas un instant aux fois où il m’avait dit non. Ce qui comptait c’était la nuit dernière, c’était ce matin, c’était cette première fois qu’il m’acceptait ainsi dans son intimité.
Je rencontrais son visage fatigué, bien que je ne devais pas être dans un meilleur état et faillis détourner les yeux devant son sourire, comme si j’avais de nouveau peur que ça ne soit qu’une chimère, fruit de mon imagination, chose que je cherchais absolument. Mais ses lèvres étaient tout ce qu’il y avait de plus réelles et je lui répondis chastement de bon cœur. En l’enlaçant, torse contre torse, ma tête au niveau de son épaule, je pouvais entendre son cœur.

- Tu ne veux pas rester encore un peu ? Il est tôt.

Je m’accrochais de plus belle à lui pour lui prouver qu’il était hors de question que je parte maintenant. Pas après tous ces efforts qu’il faisait. Qui voudrait partir après une telle phrase, de tels gestes ? Il n’en fallait pas beaucoup au final pour que je reste encore, toute la journée s’il le voulait. J’étais dans ses bras, parfaitement détendu, ne craignant rien. Peut être aurais-je dû être sur mes gardes. Mais j’en étais incapable, j’étais un peu fatigué et dans un état de béatitude dû à sa présence, à sa tendresse, à sa phrase que je ne voulais pas quitter.

- Oui je veux rester.

Peut être que l’honnêteté commençait ici. Et qu’il était temps de l’être jusqu’au bout. Au fond de moi j’aurais aimé resté comme ça des heures, me rendormir dans cette position à sentir ses douces caresses sur mon dos. J’aurais aimé profiter de lui comme ça jusqu’à ce qu’il en ait assez. Mais quelle autre circonstance aurait pu être idéale pour parler ? Le soir dans le bar c’était improbable, le soir dans la chambre ça l’était tout autant. Alors un matin détendu comme celui là, après les évènements de la veille, je ne voyais rien qui puisse être meilleur pour entamer une conversation un peu sérieuse. Au début c’était toujours dur, mais après ça permettait de mettre beaucoup de choses au point et donc c’était positif. Pourtant on restait tout deux un peu silencieux, à profiter l’un de l’autre. J’embrassais son épaule qui était à portée de moi en cherchant mes premiers mots alors que je commençais à tourner la tête vers lui. Son visage était le même, peut être plus détendu, mais il était toujours aussi beau. Je me redressais un peu à son niveau pour le regarder de plus près. Je fis un sourire timide en tournant et retournant le moment où les mots sortiraient de mes lèvres. Allez, ce n’était qu’un mauvais médicament, mais j’avais besoin de cette conversation, besoin de mettre les choses au point, besoin de lui dire. Je l’embrassais doucement puis baissais les yeux avant de les relever vers lui.

- Je veux rester avec toi. Parce que je suis bien avec toi, parce que j’aimerais que ça continue, parce que j’aimerais encore plus te connaitre. Parce que je sens que je t’apprécie beaucoup.

J’avalais péniblement ma salive. C’était bon, c’était dit. Les dés étaient jetés.
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Aurelio Pastore

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
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Malgré le détachement dont il semblait faire preuve, Elio était en train de jouer un rôle. Dans une pièce de théâtre dont le titre lui était peu connu, d’un vague souvenir d’une impression déjà rencontrée. Une remémoration lointaine qui n’avait pas la décence de se préciser dans son esprit comateux. Il l’avait pourtant sur le bout de la langue, ce mot qui guidait son personnage dans une évolution qu’il appréhendait au fur et à mesure. Mais dès qu’il tentait de l’évoquer, il disparaissant dans son inconscient pour le protéger d’une réalité que lui, surtout, ne voulait pas connaitre. Personne ne lui avait donné de script à l’avance, et le jeune homme devait improviser aussi maladroitement qu’il en était capable. Pourtant, il était habitué à faire l’acteur d’un soir et à se transformer pour faire plaisir à chacun de ses clients, mais toujours la personnalité sous-jacente restait la même, toujours il savait à peu près où tout cela l’emmenait. Le salut au public restait identique jour après jour, et faire ses adieux à une scène familière lui était facile, presque inné. Il en allait autrement pour ce rôle-ci auquel il n’était ni préparé ni informé. Elio devait jouer le gentil garçon, jouer l’attentionné et le tendre compagnon. Oublier son malaise matinal et se laisser porter par des instincts qu’il ne reconnaissait que difficilement, ceux-ci lui étant peu familiers. C’était un peu comme lui demander d’enfiler un costume de prince charmant volant au secours de sa belle : improbable. Ridicule. Et pourtant, pourtant Elio acceptait l’étiquette qu’il se collait lui-même sur le front et assumait presque son comportement des plus étranges. Il jaugeait de son talent de comédien au vu des réactions d’Andrea, et puisait ses idées dans ce qu’il pouvait connaitre, de manière lointaine, sur ceux qui pratiquaient ce genre de relation. C’était nouveau, et il était presque amusant de le voir hésiter parfois, chercher ce qu’il devait dire ou faire sans jamais rien laisser paraitre devant son compagnon.
Discret mais perdu, Elio évoluait en terrain miné et cherchait des repères, tentait de deviner quelle partie du sol allait lui exploser au visage s’il n’y prenait pas garde. Sauf que la bombe, c’était Andrea. Et que le sol qui les soutenait tous deux, c’était ce lit dans lequel il devait chercher les bons réflexes qu’un tel décor n’avait jamais vu.

En tout cas, manifestement, Andrea non plus n’avait pas eu le loisir de consulter le déroulement de la scène avant que celle-ci ne se produise. Il avait été surpris de son comportement, ce qui était plutôt logique en fait quand on sait que ce n’était pas vraiment dans les habitudes d’Elio de rechercher un peu de contact dès le réveil. Ce qui le caractérisait mieux, c’était un grognement de fatigue et une masse informe enfouie entre les draps et oreillers jonchant son lit, une jambe pendant en dehors du matelas et des sourcils froncés sur un visage dérangé par la lumière du jour. Là, il était presque réveillé, un gosse étonné dans les bras. Mais il ne chercha apparemment pas à comprendre cette réaction totalement imprévisible pour simplement se couler dans l’étreinte qu’Elio lui offrait, et tous deux profitèrent un long moment de ce contact rassurant et malheureusement éphémère. Avant qu’ils ne bougent et qu’Andy ne se retrouve collé contre lui, la tête sur son épaule. Elio se surprit à ne même pas penser à ce qu’il pourrait lui faire là, dès le réveil. Sa libido avait beau ne pas être toujours en meilleure forme le matin, d’ordinaire cela ne l’aurait pas arrêté et le barman en aurait sans doute profité, d’une manière ou d’une autre. Mais là, ses mains restaient dans le dos d’Andrea et ses lèvres ne faisaient que chastement effleurer de temps à autre son crâne. C’était un instant de pure douceur qui n’avait avec lui emmené aucun sous entendu, aucune dérive. Le charme à l’état pur, quelque chose de totalement inattendu. Il était là, blotti, innocent et Elio l’était tout autant de ce qui allait suivre. Sans savoir que ce matin et tous les efforts qui y étaient rattachés pour qu’il se contente de simplement le serrer contre lui serait décisif, il profitait encore un peu du besoin d’Andrea d’être rassuré par une étreinte, par une caresse.

- Oui je veux rester.

La satisfaction s’afficha sans chercher à se dissimuler sur le visage d’Elio, qui voyait déjà les prochaines heures comme passées là, l’un contre l’autre. En silence ou à se dire des bêtises, peu importait qu’ils parlent ou non. Seule comptait leur présence à tous les deux, ensemble. Ce qui était tellement rare dans de telles conditions que le jeune homme comptait bien en profiter. Mais c’était sans prendre en compte l’assurance que développait Andrea d’un rien, et son besoin apparemment irrépressible de parler. De choses qui fâchent.

- Je veux rester avec toi. Parce que je suis bien avec toi, parce que j’aimerais que ça continue, parce que j’aimerais encore plus te connaitre. Parce que je sens que je t’apprécie beaucoup.

Il le regardait, lui souriait, l’embrassait, détournait le regard puis revenait à la charge. Ce simple enchainement de candeur, de timidité et de courage mêlés suffirent à achever Elio. Dans un premier temps, il ne laissa rien paraitre, si ce n’est que sa main s’arrêta de s’activer sur les omoplates d’Andrea. Pour lui, chaque seconde dura une éternité mais tout cela dut néanmoins se passer somme toute assez rapidement. Elio digérait les mots qu’il venait d’entendre. Derrière ceux-ci, il percevait bien d’autres choses. Ses propres sentiments, d’abord, qui ressemblaient étrangement à ce qu’un gamin avait osé articuler alors que lui s’en savait incapable. Puis son rêve, qui surgissait à la surface de sa mémoire pour lui rappeler que ce n’était pas possible. Qu’une fois cette barrière franchie, il n’y avait que le déclin. Elio chercha longuement de quoi se rassurer dans les yeux d’Andrea. Il y chercha l’amusement qui signerait la blague sans grande conviction, le manque d’assurance qui l’amènerait à se contredire avant qu’il n’ait à lui répondre. Mais manifestement, il ne trouva rien capable de le rassurer, bien au contraire. Son cœur tapait dans ses tempes, sa tête commençait à tourner et le malaise arrivait. Il se sentait nauséeux tout à coup, à deux doigts de tourner de l’œil. Pitoyable, c’était le mot.

Pourquoi n’avait-il pas compris à quel point tout cela était dur ? Il se croyait peut-être seul à souffrir, lui. Mais Elio aussi en avait gros sur le cœur, lui aussi faisait d’énormes efforts pour continuer à ne pas tout gâcher. Pour conserver un espèce d’ensemble agréable pour tous les deux. Il l’avait invité à passer la nuit là, il avait été très tendre, il avait laissé s’exprimer sa passion à son égard. Le jeune homme venait de le retenir, de lui sourire, de le cajoler. N’étaient-ce pas autant de démonstrations d’affection, qu’il faisait s’exprimer tant bien que mal ? Pour Elio, c’était énorme et tant de délicatesse de sa part lui semblait étrange même à son propre regard. Pourquoi est-ce qu’ils ne pouvaient pas se comprendre, même un peu ? Cela aurait pu éviter la situation désastreuse qui venait d’avoir lieu, épargner les cœurs fragiles de deux jeunes gens qui ne pouvaient se répondre malgré des émotions à priori en phase. Leurs mondes ne correspondaient pas suffisamment, et puis Elio niait tout en bloc tant qu’il le pouvait, malgré son comportement flagrant et suintant l’évidence.
Alors quoi, Andrea ne comprenait pas à quel point il l’appréciait pour faire tout ça ? Et s’il le comprenait, pourquoi lui dire ça maintenant, alors que la veille il avait déjà décliné son invitation à se voir en dehors ? Ne pouvait-il pas faire le lien entre son refus et sa tendresse, pourtant bien présente ? Comprendre qu’il y avait une limite qu’Elio ne pouvait pas franchir, qu’il ne pouvait pas s’offrir totalement ? Cela lui était totalement impossible, le jeune homme refusait de s’abandonner et de se perdre encore. Il ne voulait pas faire souffrir Andrea, mais ne pouvait pour cela se laisser happer par le cercle infernal de la douleur et du désespoir. D’autant qu’il n’avait plus les réflexes, plus les habitudes. Il ne savait pas quoi faire en présence de quelqu’un de cher, ne devinait plus les pensées de l’autre dans un simple regard. Elio était devenu hermétique à ces gestes ou sous entendus qui veulent tout dire, et c’est sans doute aussi pour cela qu’il ne comprenait pas Andrea, et encore moins son initiative stupide. En quelques mots, le jeune blondinet venait de tout gâcher. Alors que lui avait tenté de lui prendre la main, voilà qu’il s’accrochait à son bras, ne voulant plus le lâcher. Ce qu’il avait tant craint était en train de se produire.

C’était sa faute, sans doute. Elio avait été trop gentil, trop prévenant. Il s’était montré attentif et avait débordé, lâchant un peu de ces émotions qui lui pesaient sur le cœur. Peut-être aurait-il du refuser de le laisser dormir là, peut-être aurait-il du le laisser partir alors qu’il s’apprêtait à fuir. Mais le mal était fait, les mots étaient tombé comme un couperet pour le jeune homme qui, totalement réveillé, ne savait plus bien que faire. De toute façon, devant l’air attentif et demandeur d’Andrea il ne pouvait pas faire grand-chose d’autre que de briser dans l’œuf tout espoir de voir une réponse similaire arriver. Alors il fit ce qui lui vint de plus idiot à l’esprit. Doucement, il le saisit par les épaules et le fit se reculer afin de lui permettre de se lever. Il attrapa son boxer qui trainait par là, l’enfila avec un air qu’il espérait impassible. Malgré le rouge sur ses joues, malgré le léger tremblement de ses mains. Faire celui qui n’a pas entendu, faire celui qui ne sait pas, qui ne peut pas. Elio ne pouvait rien faire d’autre. Et, sans un regard pour Andrea, il lui tourna le dos et se tourna vers son armoire pour y saisir un t-shirt. Il en profita pour lui lancer la phrase la plus stupide qui puisse ici prendre sa place.

- Un café ? Je ne connais rien de mieux pour se réveiller un peu.

Oui, c’était naze. Stupide. Débile. Mais Elio ne pouvait rien faire d’autre sous peine de se compromettre. Rester consciencieusement dos à lui, pour ne pas croiser son regard. Il l’imaginait dans un premier temps plein d’espoir, puis rempli d’une déception immense. Il y voyait la trahison, la tristesse. Les espoirs brisés, la déception de se retrouver face à un partenaire aussi bête. Elio comprenait très bien et, pour la première fois, devinait ce qui se passait sur le visage et dans l’esprit d’Andrea. Mais il n’y pouvait rien. Et devait se contenter d’essayer de tenir le cap du refus, de la bêtise. Tenter de ne pas faiblir, de ne pas en plus lui laisser croire qu’il y avait une chance que la réponse soit différente. Tenir bon, pour ne pas lui faire encore plus mal. Ce qui lui faisait le plus mal ? Arriver à comprendre son compagnon seulement maintenant qu'il venait de lui planter le poignard de la traitrise en plein dans son cœur, rempli d'émotions naissantes et d'attentes impossibles. Il en aurait pleuré, si Andrea n'avait pas été là. Il se serait frappé, si le jeune homme était déjà parti. Car il partirait, cela ne tarderait pas. Et, contrairement aux autres fois, Elio ne pouvait plus rien faire pour le retenir. C'était au dessus de ses forces.

Advienne que pourra, mais la donne semblait perdue d’avance.
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Andrea Vitaly

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[Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] Vide
MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeJeu 7 Juil - 14:16

Il est dix heures et les enfants jouent dans la cour
Sur les gravas de notre amour…
Sur les gravas de notre amour…

J’avais une angoisse au fond de l’estomac en attendant sa réponse, sa réaction, mais j’essayais de me rassurer ou de ne pas m’en faire. Chose bien compliquée dans l’état actuel des choses mais en faisait comme on pouvait. Et puis ses mains ne se posèrent plus sur moi pour glisser, mais plutôt pour me repousser, pas méchamment, mais suffisamment fermement pour lui permettre de se lever, pour lui permettre de partir sans explication, en commençant à se rhabiller puis en se dirigeant vers son armoire pour chercher de nouveaux vêtements. Et tout s’écroula en moi comme un château de carte alors que je commençais à me décomposer.

- Un café ? Je ne connais rien de mieux pour se réveiller un peu.

C’était une blague ? C’était vraiment une blague. Je faillis d’ailleurs rire nerveusement. Il me proposait vraiment un café ? Un café. Après la phrase que j’avais eue tant de mal à lui dire. Un café de façon désinvolte, comme si je restais avec lui pour me faire servir une boisson amère. Moi qui voulais tant qu’il arrête de se moquer ou de plaisanter avec des choses qui me faisaient rougir, la seule fois où il devait être sérieux, c’était en me proposant un café ?! Pour un peu je me serais levé, je l’aurais secoué de toute mon âme, de toutes mes forces. Je lui aurais hurlé d’arrêter de se foutre de moi et de dire de la merde. Je lui aurais demandé des comptes, de répondre à ma phrase, je l’aurais poussé puis enlacé. Je l’aurais embrassé pour qu’il saisisse à quel point j’avais besoin d’une réponse. Mais pourtant la réponse qu’il venait de me fournir était plus claire que de l’eau de roche. En évitant délibérément ma phrase, en faisant l’ignorant et celui qui n’avait pas entendu, tout prenait son sens. « Des sentiments ? T’es bien le seul à en avoir ici ». La tendresse c’était quelque chose, les sentiments, bien autre chose. Le fait qu’il soit autant ancré dans son foutu bar ne voulait pas rien dire. Bien sûr qu’il préférait rester ici à l’abri et à batifoler avec ses clients. Pourtant je ne lui demandais pas d’être amoureux. Mais au final, cette phrase, ma phrase avait tout gâché. Car il était incapable de me fournir ce que j’attendais. Je sais pas moi, je ne demandais pas l’impossible, je ne lui demandais pas qu’on se voit tout le temps tous les jours à outrance, juste qu’il saisisse, juste comprendre si lui ressentait quelque chose d’un tout petit peu similaire. Mais il fallait croire que ce n’était pas le cas. Je ne voulais pas croire que son refus à me voir la journée influerait autant sur le présent. Je ne voulais pas voir ce qu’il avait déjà voulu me prouver, je ne voulais pas croire que cette tendresse, que cette nuit n’avait rien été. Je ne voulais pas. Je ne pouvais pas le voir de dos, m’ignorant, refusant de me montrer son visage, refusant de voir le mien. Et pourtant, l’évidence était devant mes yeux. Il n’était qu’un lâche. Quitte à larguer quelqu’un. Autant le faire dans les yeux plutôt que de se défiler de la sorte.

Retourne toi, allez retourne toi et reviens avec un sourire. Retourne-toi et regarde-moi bordel ! Regarde mes traits figés par la tristesse. Regarde ce visage que tu viens de décomposer. Retourne-toi ! Mais mes imprécations silencieuses ne trouvèrent aucun écho. Et ce fut avec douleur que je le regardais fermer avec application sa chemise en m’ignorant. Alors que je sentais peu à peu mon cœur se briser en gros morceau. Plus on espère, plus cette chute est dure. Et même quand on essayait de réfréner les espoirs, le contrecoup était quand même violent. Bien trop violent. Retourne-toi et dis moi que tu mens, que tu plaisantes, reviens te coucher avec moi, reviens Elio ça me fait trop mal que tu sois si loin. Mais une seule solution s’imposait à moi. Il fallait que je parte. Que je parte maintenant et de la façon la moins pitoyable possible. J’attrapais au plus vite le reste de mes vêtements qui traînait et essayant de retrouver bonne figure.

Il était hors de question que je lui montre ce que je ressentais vraiment. Un visage ravagé par la tristesse et l’incompréhension. Hors de question que je rougisse, que je bafouille, que je me comporte comme quelqu’un de faible, submergé par les émotions. Complètement hors de question. Je ne lui ferais pas cet honneur. Pas maintenant. Il fallait juste que j’arrive à contenir cette tornade d’émotion négative qui s’agitait sous mon crâne. Et pour ça il n’y avait qu’une seule solution. Que je me comporte avec lui comme avec tous les autres, que j’oublie momentanément tout ce qui s’était passé et de le voir comme un emmerdeur potentiel comme tous les autres. Ca ne devrait pas être très compliqué, j’étais le roi pour ça. Mon visage se fit plus dur et froid. Ce visage que je n’avais jamais vraiment voulu lui montrer par peur qu’il me rejette. Mais maintenant que c’était fait, je ne perdais rien. C’était facile d’agir comme ça, je toisais le monde entier de la sorte tous les jours. Effaçant toute trace de blessure ce fut un regard méprisant que je jetais à son dos. Un regard de dégoût. Rien de compliqué, orgueilleux je l’avais toujours été. Alors avec lui ce n’était pas différent. Pas compliqué de prendre quelqu’un pour de la merde. Et il m’était facile de trouver des raisons de le voir comme un moins que rien dans sa chambre minable. Boutonnant ma chemise bien plus chère que la sienne je finis par me lever. Je me sentis pourtant vaciller. Souvenirs d’une longue nuit avec peu de sommeil, trop plein d’émotions m’ayant coupé les jambes, je ne savais pas trop. Heureusement que pour ça il ne m’avait pas vu. Et ce fut d’une voix pleine de mépris que je lui répondis.

- Je n’aime pas le café.

Et surtout pas le tien. Je ne veux plus rien qui vienne de toi, qui s’approche de toi ou qui te concerne. Comme ça semblait facile de se soulager en pouvant se voiler la face de cette façon. Il suffisait de le voir comme quelqu’un de lambda, avec qui on n’avait absolument rien partagé. Sourire amer. Je n’avais pas pleuré à l’enterrement de mes parents. Pas devant tous ces gens. Je ne le ferais pas non maintenant. Même si j’avais l’impression que ma peine était largement supérieure. En passant à côté de lui je cherchais son regard. Je voulais lui montrer qu’il ne m’avait pas atteint. S’il voulait vraiment qu’on n’ait rien de proche, je lui montrerais que je pouvais le faire. Et alors que je croisais ses yeux, les miens ne reflétèrent que du dédain pour la personne qu’il était. Pour un pauvre barman paumé incapable du moindre sentiment. Lui montrer à quel point il pouvait me faire pitié. Toutes ces choses que je ne pensais absolument pas au fond de moi. Mais là je ne pouvais me permettre de m’effondrer et de partir avec une mine contrite. Il aurait un aperçu de ce que j’étais vraiment. Un petit con.

- Tu devrais te recoucher vu que tu n’es bon qu’à ça.

Dire ces choses que je ne pensais pas me transperçait le cœur et j’avais envie de me jeter dans ses bras pour lui demander une explication, pour le supplier de me reprendre, de m’écouter, de faire juste un essai pour voir si ça marchait. Mais non, ce n’était que des projets tués dans l’œuf. C’était bel et bien enterré et ce cœur en partie brisé me le montrait bien. Après un tel refus de réponse, il n’y avait pas de place au doute. Et il n’y avait aucune chance que je revienne tout pimpant pour coucher avec lui. Parce que ce n’était pas ce que je voulais, parce que je n’aurais pu m’empêcher de lui redire des phrases qui ne lui plairaient pas et parce que je souffrirais. Je ne pouvais pas faire ces efforts, j’en étais incapable. Alors le meilleur moyen était encore celui là. Essayer de l’oublier de la façon la plus rapide qui soit, essayer d’oublier les bons moments pour ne retenir que les mauvais, essayer de le faire passer pour le pire des incapables et des abrutis. Lui montrer que je ne me prendrais pas la tête pour lui. Pour cette phrase qui frisait le ridicule. Qu’il aille au diable lui et son café à la con. Je le haïssais. Je le haïssais pour ne pas craquer. Je détournais la tête et sortis en refermant la porte sans lui dire un autre mot. C’était inutile, il avait compris le principe. Je dévalais les escaliers à toute vitesse, me rattrapant à la rampe en sentant mon pied déraper sur le bois et continuais une fois l’équilibre retrouvé. Je traversais la salle à toute vitesse avant de sortir dehors en claquant la porte. Je poursuivis ma course jusqu’à une autre rue, jusqu’à ce que je sois sûr que je ne puisse plus le voir.

Et mon visage se décomposa de nouveau. Je sentis les larmes me venir aux yeux alors que je pressais mes paupières pour ne pas craquer. Ce n’était pas le moment. Il fallait juste penser que c’était mieux comme ça, que les choses avaient finalement être mises au point et que c’était fait. Tout avait été expliqué, pas besoin d’autre chose, d’autres preuves. S’il ne voulait pas accepter mes sentiments je ne viendrais pas l’emmerder avec. Ces foutus sentiments qui ne m’avaient jamais fait tant souffrir. Je laissais échapper un rire amer. Je n’aurais jamais dû craquer, jamais dû lui ouvrir mon cœur de la sorte. Je n’aurais pas dû craquer pour lui et maintenant je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Tant pis pour les non concessions. J’avais envie de crier. De pleurer, de m’effondrer. Qui aurait pu croire que ça me fasse aussi mal ? Ce n’était qu’un simple rejet. Le rejet de quelqu’un qui me tenait à cœur. Bien plus à cœur que je croyais. Et la perspective de penser que tout ce qui s’était passé ces derniers mois était finit et bel et bien fini me transperça de nouveau le cœur. Je savais depuis le début que ça ne pouvait pas être éternel. Mais je ne pensais pas que ça serait si abrupte et que je le prendrais aussi mal. Et pourtant. Je n’aurais sûrement pas pu le prendre plus mal. Je me serais foutu des gifles tellement je me trouvais nul. Mais finalement il fallait croire que je me respectais quand même un minimum. Cette peine était justifiée et je n’avais pas envie de m’en vouloir d’être triste. Pas aujourd’hui. Je rentrais chez moi d’un pas lourd. Il fallait à tout prix que je pense à autre chose, que je fasse autre chose, je ne voulais pas y repenser, pas ressentir ma détresse, le fait que je me sente gelé. J’allumais mon ordinateur et commençais à coder, à déchiffrer, à écrire. Il fallait que je me noie dans autre chose. L’informatique, ça ne vous laissait pas tomber de toute façon.

Il était tant que je change de bar, que je change d’horizon. Des gouttes tombèrent sur mon clavier. On passait toujours à autre chose. Même si ça demandait du temps.

Fallait pas qu'on se connaisse
Fallait pas qu'on soit deux
Fallait pas se rencontrer et puis tomber amoureux
Notre vie a deux s'arrête donc la
La ou les dieux ne s'aventurent pas
Moi qui aimais tellement ton sourire...
Pourquoi, pourquoi, même quand les gens s'aiment
Il y a, il y a, toujours des problèmes?
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MessageSujet: Re: [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X]   [Love's Out Act IV] C'est un bien triste sort. Rue des cent milles remords [Elio] [X] I_icon_minitimeVen 8 Juil - 6:06

Dieu, que c’était difficile. Plutôt que de les voir, Elio sentait la déception et la tristesse suinter du corps d’Andrea et l’atteindre dans son dos, comme autant de tentacules invisibles qui cherchent à ronger, à brûler, à faire du mal. Cela marchait bien évidemment parfaitement. Mais le plus dur n’était sans doute pas ces manifestations de haine, mais plutôt les paroles du jeune homme.

- Je n’aime pas le café.

Acide, méprisante, sa voix ne cillait pas. Il l’avait longtemps sentit vaciller et hésiter sur certaines phrases, mais là la vérité était claire et facile à énoncer. Elio sentait tout ce qui se cachait derrière cette simple affirmation. Il aurait pu le traduire en « je te déteste » que cela lui aurait fait le même effet. Et en cet instant, c’est sans doute le genre d’idées qu’Andrea souhaitait faire passer. Se jurant de ne pas se retourner, Elio ne put toutefois s’empêcher de jeter un regard en coin dans le miroir, situé juste à côté de son armoire. Il vit alors les yeux pâles d’Andrea fixés sur lui. Et il y lut ce qu’il aurait préféré ignorer. Le dédain, la colère, la rancune. Et derrière, une tristesse immense qui ne voulait pas s’exprimer, par fierté. Elio le voyait se rhabiller, le voyait se durcir. Plus aucun espoir ne l’habitait, et toute trace ultime de tendresse s’était transformée en mépris. Et cela lui faisait bien évidemment atrocement mal, tant la situation était en décalage avec ses propres sentiments. Andrea laissait les siens s’exprimer avec une franchise et une facilité déconcertante alors qu’il ne pouvait que brider les siens. Passer pour un insensible, pour ce qu’il avait longtemps été. Pour faire plus vrai et blesser un peu plus Andrea afin d’éviter tout malentendu possible, Elio aurait pu afficher un sourire nonchalant au coin de ses lèvres. Faire une remarque désobligeante. Lui répondre. Briser le cercle haineux de son ancien partenaire, bouleverser sa sensation de puissance à lui et accroitre sa propre emprise, son caractère dégueulasse qu’Andrea croyait réel. Mais c’était une chose au-delà de ses forces, Elio sentait bien qu’aucun sourire ne pourrait s’afficher sans trembler et que sa voix ne pourrait pas s’empêcher de laisser échapper une excuse qu’il devrait justifier, qu’Andrea pourrait interpréter comme une nouvelle chance. Alors il se tut, et attendit sagement que le jeune homme se calme en déversant sa bile comme il souhaitait le faire.
En s’éloignant, le blondinet passa près de lui et s’arrêta un instant pour croiser un regard qu’Elio espérait dur, sans hésitation. De toute façon, dans son état, sans doute n’avait-il même plus la capacité d’analyser la manière dont il le regardait. C’est sans doute cela qui sauva Elio, à deux doigts de se compromettre. Ce fut le barman qui rompit en premier le contact visuel, honteux et blessé par ce qu’il trouvait dans celui de son vis-à-vis. Des reproches, mais aussi la vérité le concernant.

- Tu devrais te recoucher vu que tu n’es bon qu’à ça.

Il faillit fondre en larmes. Cette phrase sonnait tellement juste qu’il sentit sa poitrine fléchir sous le dernier coup porté par Andrea. Touché, touché, et même coulé.

Elio avait réussi à ne pas bouger, autrement que pour les actes évidents et mécaniques qui activaient son corps. Fermer des boutons, remonter un tissu, s’habiller. Ne pas le regarder. Lisser le vêtement, redresser un col, s’arranger. Ne pas se retourner. Puis attendre, attendre un temps qui paraissait interminable. Attendre qu’il s’en aille, qu’il finisse de déverser sa morgue entièrement crée à partir d’une simple phrase de la part d’Elio. Le barman était à deux doigts de craquer quand, enfin, Andrea quitta la pièce. Alors qu’il entendait son pas descendre les escaliers, il ne bougea toujours pas. Puis, d’un pas, Elio réussit à se trainer jusqu’à sa fenêtre qui donnait sur la façade avant du bar. Ainsi, il put regarder ce qui avait été son amant partir. Il suivit des yeux sa silhouette qui s’éloignait dans cette belle matinée qui contrastait avec son humeur, admirait l’ombre qui se faisait plus petite au fur et à mesure qu’il s’éloignait. Jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’angle. Andrea ne s’était pas retourné. Pourtant, Elio l’avait vraiment souhaité. Il savait très bien que cela aurait tout gâché de sa mise en scène, à moins qu’il ne se cache précipitamment s’il le faisait. Mais non, le gamin vexé et trahi ne ressentait pas le besoin d’une quelconque confirmation. Il était sûr de lui, sûr d’avoir été lâchement abandonné par un idiot qui ne savait pas ce qu’il voulait. Et pourtant, Dieu sait qu’Elio savait ce qu’il voulait. Il voulait Andrea. Il voulait le garder près de lui encore toute la nuit, toutes les autres nuits. Il voulait sa candeur, sa naïveté, sa dignité facilement atteignable. Il voulait tout de lui, même les côtés les plus sombres qu’il devinait parfois alors qu’il venait au bar fatigué, le regard un peu perdu dans le vague. Il voulait pouvoir lui poser des questions, le réconforter, lui mentir en lui disant que tout irait toujours bien. Mais Andrea n’avait pas rebroussé chemin. Il était évident qu’il ne se serait jamais retourné pour se prendre un ultime uppercut dans son visage déjà affligé et endolori. Elio le savait, pourtant il espérait encore voir le jeune homme revenir sur ses pas, jeter un dernier regard en sa direction. Pour qu’il se souvienne de son regard. Qu’il soit chargé de larmes ou de haine, qu’importe. Le voir une dernière fois.

S’il avait craqué, rien n’aurait été pareil. Il se serait retourné, l’aurait prit dans ses bras et l’aurait serré de toutes ses forces. Elio aurait démenti ses paroles, aurait pu même tout lui avouer. Tant qu’il restait, tant qu’il demeurait près de lui. Il aurait emmerdé le café ridicule qu’il lui avait proposé, aurait rembarré toute idée de le laisser s’en aller. Se serait excusé. Le jeune homme, s’il s’était retourné ne serait-ce qu’un instant, aurait tout fait pour rattraper son erreur. Et ça n’aurait été qu’une erreur de plus. Mais il se serait montré tendre, il se serait montré attentionné. Il l’aurait supplié de pardonner sa bêtise et d’accepter de tout oublier de cet instant si difficile à vivre pour tous les deux. Oui, Elio aurait enfin pu lui parler. Lui dire à quel point il était bien en sa compagnie, à quel point il ne pouvait plus imaginer le laisser partir en pleine nuit. Lui expliquer que rester à ses côtés était ce qu’il désirait le plus en cet instant, qu’il voulait bien lui tenir la main, se balader avec lui, découvrir son appartement, tout faire de ce qu’il lui demanderait. Car simplement le satisfaire et lire le bonheur sur son visage lui suffisait, à lui. Peu importait alors les sacrifices, les concessions, il bénirait chacune de ses idées et accepterait tout ce qui pouvait lui faire plaisir. Mais cela les aurait conduits à leur perte, et l’abandonner après tant d’espoirs et de joie lui semblait à lui encore plus cruel. Il avait préféré tuer dans l’œuf tout espoir et toute espérance, et pour ça il ne fallait pas qu’il se retourne vers lui. Pas qu’il le retienne avant qu’il ne franchissait la porte, ni alors qu’il dévalait les marches.

Une fois qu’Andrea eut complètement disparu, et au bout de quelques secondes, Elio sembla reprendre conscience de son état. Il inspira une grande bouffée d’air, puisqu’il avait oublié de respirer durant la fuite du jeune blondinet, avant de se retourner avec une fureur toute neuve sur les traits. Il croisa son air figé dans le miroir et crut sentir son cœur se déchirer à nouveau. En quelques pas, il s’approcha de son lit, se saisissant de la seule table de nuit, la sienne, pour la lever au dessus de lui et la jeter à travers la pièce. Elle atterrit contre la porte de sa chambre, l’ouvrit avec fracas. Il n’y prêta pas attention. Marchant rapidement à travers sa chambre, il avait besoin d’extérioriser, lui d’habitude si loquace et bavard, ne pouvait ici rien dire, rien avouer. Alors il compensait comme il le pouvait, et son mobilier en prenait un coup. Ses pas l’arrêtèrent de nouveau devant son miroir, qu’il regarda longuement, y voyant encore le souvenir de l’air méprisant et hautain d’Andrea. Ce qu’il ne voulait pas voir. Alors, dans un dernier geste de rage, Elio donna un violent coup de coude dans le miroir, le brisant en mille morceau dans son lavabo, accompagnant le geste d’un rictus de douleur au vu des gouttes vermeilles qui tombaient sur l’émail blanc du lavabo. Cela eut néanmoins le mérite de le calmer un instant. Et de le vider complètement de toute force destructrice ou colérique, le laissant tout à coup vide, comme une marionnette qui a perdu son maître. Aussi, Elio retomba-t-il comme une loque sur son lit, à moitié allongé sur le parquet, il tachait la couverture qui les avait accueillis toute la nuit. Il s’en foutait. Il était un imbécile ... Un idiot qui n’avait pas su faire autrement pour se préserver que le détruire, que le ravager. Mais il savait qu’Andrea guérirait. Ces regards qu’il lui avait lancés l’aideraient à reprendre pied. Il serait triste, mais en ayant été honnête jusqu’au bout et en disant tout ce qu’il avait sur le cœur, il se relèverait.

Tandis que lui ne le pourrait pas. Elio savait que cette alternative était meilleure que celle envisagée dans son rêve, pourtant il regrettait tellement de ne pas lui avoir tout expliqué que la nausée le prit à la gorge et qu’il faillit vomir. Au dernier instant, il parvint à faire barrage mais le goût acide et brûlant restait dans sa bouche, effaçant la douceur qu’il y avait mise pour l’embrasser toute la nuit durant. Oui, il était un imbécile et ne pouvait à présent rien y faire. Un imbécile frustré qui ne reverrait jamais Andrea et qui allait devoir apprendre à faire sans lui. Ne plus le guetter chaque soir, ne plus se réjouir à son approche. Ne plus étreindre personne de la façon qu’il l’avait fait la veille au soir. Personne ne pourrait le remplacer dans l’esprit d’Elio, et le jeune homme allait devoir se contenter de vivre avec son souvenir. Cruel, douloureux souvenir qui revenait toujours sur le visage qu’il avait affiché avant de partir. Il y lisait ce qu’il avait peur de montrer à Andrea : qu’il n’était qu’un idiot, lâche, stupide. Qu’il n’était rien d’autre qu’une chimère, une illusion de grandeur et une impression fugace de bien-être. Il n’offrait rien d’autre et sous la surface, tout semblait pourri, ou vide. Il était comme ça, et Andrea venait de le lui faire comprendre. Mais venant de lui, ça faisait mal.

Puis son esprit s’arrêta de réfléchir, subitement. Son visage retomba sur les draps, empreint d’une intense fatigue et d’une tristesse tout aussi grande. Ce n’était plus la peine d’y penser, c’était fini. Andrea appartenait désormais lui aussi à son passé. Comme tous les gens qu’il avait un jour estimé, ou apprécié. C’était toujours ainsi que tout se terminait, et Elio se maudissait de lui avoir laissé trop d’espoir. C’était fini, Andrea n’était plus dans sa vie. Game over. Il avait essayé de jouer, avait perdu. Sans connaitre les intentions de l’autre, ou plutôt en les sachant impossible, il était difficile de prendre l’avantage. Le jeune homme était perdu, perdu dans un long silence qui dura un temps interminable. Il resta là des heures, sans se soucier de la douleur de son bras, ridicule comparé à l’effort qu’il faisait pour tenter de retenir son cœur qui tentait de se faire la malle. Sans rien sentir, ni le frottement désagréable du lit sur son ventre, ni les quelques larmes salées qui venaient mourir sur ses lèvres. Il ne sentit pas non plus la porte s’ouvrir dans son dos, alors que Delia approchait à pas discrets, s’asseyait sur son lit et prit son visage sur ses genoux pour caresser ses cheveux. Comme un petit garçon que l’on réconforterait après qu’il ait fait une bêtise. Elle resta silencieuse, sans jamais lui dire d’un air triomphant qu’elle l’avait prévenu. Mais au moment où Elio se rendit compte qu’elle était là, c'est-à-dire un certain temps après son arrivée, il se redressa et cria, interrompu par un hoquet d’avoir pleuré comme un abruti.

- Dégage, laisse-moi tranquille. T’es contente, hein, c’est ça que tu voulais. Ben voilà, tu l’as eu. Je suis de nouveau seul, enchainé à toi. Comme le chien que j’ai toujours été !

Ce genre d’altercation n’avait jamais eu lieu entre eux. Delia hésita ente lui donner une gifle pour ses paroles blessantes et rester pour essayer de contenir sa douleur. Mais elle choisit finalement de partir, l’abandonnant seul dans ce décor pitoyable qu’était sa chambre, abandonnée de toute la douceur qui y avait vu, pour la première fois, le jour.

Come to bed, don’t make me sleep alone
Couldn’t hide the emptiness you let it show
Never wanted it to be so cold
Just didn’t drink enough to say I love you
I can’t hold on to me
Wonder what’s wrong with me

[Topic terminé T.T]
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