Mary, il l'aimait. Il en était raide. Prêt à tout pour elle, aimant tout d'elle, lui pardonnant ses défauts, caressant ses qualités. Mais Blur ne peut rien contre le vent, pas plus qu'il ne peut s'opposer à la direction qu'il va prendre. Blur ne peut rien contre le vacillement d'une flamme. Blur ne peut que la voir s'éteindre. Et il ne peut que souhaiter que tout s'évanouisse. Qu'il ne subsiste plus la moindre étincelle dans son coeur. Il voulait oublier, il l'a fait.

Summer est chiant. Summer lui tape sur les nerfs. Summer l'apaise. Summer le protège. Summer, c'est la résultante de son voeu. Le cadeau empoisonné, la contrepartie de l'oubli total lui permettant de vivre de nouveau pleinement. Summer est à lui. A lui seul. Qu'importe s'ils s'insupportent autant qu'ils ont besoin l'un de l'autre, qu'importe si Blur couche à droite à gauche, qu'importe si Summer prend ses libertés. Il est à lui, point barre. Personne ne peut le toucher comme il le fait. Personne ne peut le tabasser à part lui. Personne. Juste Blur. Et uniquement Blur. Relation destructrice censée construire un avenir. Foutage de gueule. Blur n'en est même pas au stade du je t'aime ; moi non plus. Plutôt à celui du je t'aime et va crever avant que j'te crève ; car ça finira par arriver. Blur ne sait pas aimer correctement. S'il savait le faire, Mary ne serait pas partie. Et il n'aurait pas envie de ruiner Summer à coup de poing autant qu'il avait envie de le chérir, même un peu, pour le remercier d'être encore là. S'il savait le faire, tout serait plus simple. Mais Blur ne sait pas. Alors il tâtonne, il essaie d'apprendre, il se foire. Sum' se récupère aussi bien les ratés que les réussites. Allez savoir, il finira peut-être par y arriver.

Mamie Raffy c't'une chic fille. Par chic fille, si l'on branche le traducteur vision Blur, ça se résume facilement. Pas chiante comme le serait une vraie gonzesse, aussi chieuse que lui en contrepartie, marrante et avec une vision du monde à peu prêt semblable à la sienne, pas prise de tête et faisant une bonne camarade à bastonner lorsqu'ils étaient mutuellement en rogne. Sinon, à part se mettre sur la gueule aussi bien physiquement que verbalement, les deux p'tits vieux précoces s'asseyent parfois ensembles, se retrouvant par ennui et désillusion, passant alors leur soirée à blasphémer sur la tête de chaque être vivant entrant dans leur champs de vision. Et ça promettait des moments mouvementés s'ils se décidaient à jouer les gosses et à prendre une victime malchanceuse à parti pour l'entraîner dans leur jeu stupide. En somme, il est encore une fois prouvé que deux chieurs additionnés peuvent, mine de rien, se supporter.