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 Throw me Into the Flames [Blur]

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Rhoda S. Carter

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MessageSujet: Throw me Into the Flames [Blur]   Throw me Into the Flames [Blur] I_icon_minitimeVen 28 Oct - 18:13

Rares étaient les jours où Rhoda sortait. Encore plus rares étaient ceux où elle conduisait, pour le simple fait qu’elle avait manqué plusieurs fois de se faire retirer son permis pour des excès de vitesse répétés. Elle conduisait bien, mais trop vite. D’autant plus qu’elle était sur les nerfs aujourd’hui, les mains cramponnées au volant. Les pneus crissaient et le moteur vrombissait. Le son de la radio était à fond, mais susurrait une vieille chanson Française, du Gainsbourg. Rhoda passa une mèche de cheveux derrière son oreille, écrasant brutalement l’accélérateur. La vitesse lui donnait presque l’impression d’être vivante. Clope au bec, elle roulait comme un abruti qui venait de braquer une banque, ne ralentissant pas dans les virages et grognant pendant les feux rouges. Or, elle était surtout impatiente d’aller acheter ses produits de conservation, qui étaient en rupture sèche dans les laboratoires. Cela faisait plus de trois mois qu’elle réclamait un réapprovisionnement et personne ne l’avait écoutée. Ils étaient pourtant indispensables, permettant de garder frais un bon bout de temps des organes, morceaux de chair et autres éléments qu’elle étudie sur les Stellas et les Pactisants. Alors dans un élan de ras-le-bol, elle était partie en ville, pour payer cet élément indispensable. Cela faisait quelques semaines qu’elle n’avait pas quitté l’Impianto, quelques mois déjà qu’elle avait vendu sa maison où elle ne mettait même plus les pieds. Sans le GPS dont la voix assommante indiquait le chemin à prendre, Rhoda se serait perdue depuis belle lurette. A vrai dire, elle ne serait probablement jamais sortie. Elle manqua d’écraser quelques passants qui se pensaient en sécurité sur le passage piéton, dont un type qui avait les bras remplis de toiles de peintures. Elle se gara quelques rues plus loin, juste à côté du magasin de fournitures de laboratoire. Le professeur écrasa sa cigarette et entra, réclamant une quantité peu négligeable d’un produit à base de méthanal, plus efficace et coûteux que le formol classique. Le vendeur, par curiosité lui demanda pourquoi elle avait besoin d’autant de litres, mais elle ne répondit pas, payant silencieusement en le laissant dubitatif, voir inquiet. Elle porta une par une les caisses à son coffre, refusant toute aide. Il y’en avait pas mal et chacune était lourde comme un bloc de plomb. Mais la scientifique ne se démonta pas, quitte à justement se démonter le dos, et persévéra, avant de fermer ce fichu coffre, rempli à craquer. Elle s’assit sur celui-ci, s’allumant une nouvelle cigarette en soupirant. Elle se craqua la nuque en la rejetant en arrière et fixa le ciel qui commençait à se couvrir. Il allait bientôt pleuvoir, mais elle n’en avait évidemment strictement rien à y faire. Rhoda pensait rester un moment tranquille, mais une silhouette marchant d’un pas lourd s’était approchée d’elle. C’était le type de tout à l’heure, une de ses toiles était écrasée. Et lui était visiblement pas mal énervé. Elle daigna poser un instant ses yeux bleu pâle sur lui, le détaillant brièvement. Voilà, elle était déjà lassée et la seule information que son cerveau retenait c’est « En rogne et probablement envers toi ». Un haussement de sourcil et elle se redressait déjà, toujours appuyée contre sa voiture en fumant comme un sapeur. Qu’est-ce qu’il lui voulait celui là ? C’était pas sa faute si elle était pressée d’acheter tout ces litres de produits. En ce moment, c’était la fête, tout lui tombait sur le coin du nez et elle avait un don pour se faire agresser de manières diverses et variées. Plus ou moins brutalement. Enfin, tout n’était pas encore joué, il allait peut-être se contenter d’un regard méprisant et passer son chemin en grommelant. Peut-être. Sauf que cette hypothèse s’écarta immédiatement quand l’homme aux toiles se posta face à elle. Il avait encore plus l’air sur les nerfs de près. Elle ne lui adressa pas un mot. De toute façon c’était inutile. Rhoda se contenta de l’observer silencieusement, paupières mi-closes. On aurait presque cru qu’elle allait s’endormir, mais le peu d’éclat dans sa pupille disait clairement qu’il n’avait pas intérêt à la chercher. Encore moins aujourd’hui. Il pouvait lui hurler dessus, elle resterait à le regarder comme ça sans même l’écouter, jusqu’à ce qu’il s’explose une veine.
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Blur Elyson [Summer]

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MessageSujet: Re: Throw me Into the Flames [Blur]   Throw me Into the Flames [Blur] I_icon_minitimeJeu 3 Nov - 18:45

Il savait qu'il n'avait pas de chance. Ce n'était pas une plainte quelconque, un truc sur lequel il gémissait à tord et à travers en reniflant. Non, c'était un fait. Il n'avait pas de chance. Jamais. Quoi qu'il fasse. Comme s'il repoussait la moindre once de bonne fortune qui pouvait s'approcher de lui. Déjà gamin, il finissait toujours pas se fourrer dans des situations impossibles et toujours mauvaise pour sa santé et ses os en général. Ado', il renvoyait l'ascenseur et cassait les os des autres. Alors des envoyés de la malchance encore plus costaud rappliquaient et lui enlevaient cette infime parcelle de chance de gagner. Puis les études. Les filles. La fille. Pas de chance non plus avec elle, bien qu'il ne sache plus trop pourquoi. Car il était tombé sur Summer. Si ça c'est pas un putain de signe de sa malchance permanente. Summer la plaie ambulante. Oui, de manière assez globale, on pouvait dire de Blur qu'il était malchanceux. Et ça n'avait plus rien d'une quelconque superstition à ce stade. C'était un fait. Inaliénable, indubitable et impossible à contre carrer. Alors il faisait avec. On ne lute pas contre les faits. On ne peut que les subir.

Enfin, ça c'est c'que pense le mâle humain basique et sans volonté ayant dû se coltiner les souvenirs cités plus haut et des tonnes d'autres du même acabit. Mais là, on parle de Blur. Alors le destin et ses expériences chimiques sur le petit bonheur la chance, il pouvait bien aller se faire foutre. Pour commencer, Blur n'avait jamais compté sur la chance pour quoi que ce soit, partant du principe que cet entité mystique n'existait que pour rassurer les faibles d'esprit. Dans la vie, on fait face, et point barre. Si un bon truc nous tombe entre les bras, c'est qu'on l'a mérité et qu'on a bossé pour l'avoir. Si au contraire on se prend une tuile dans le coin de la gueule, c'est que ça devait arriver et que vous n'aviez pas les capacités nécessaires pour l'éviter de toute manière, quelles qu'aient pu être vos aides et vos supports pour la contrer. Oui, il aime philosopher. Ou alors il a juste du temps à perdre en marchant. Ca semble déjà plus probable.

Il marchait donc, transportant sous ses bras une demi-douzaine de toiles vierges, fraîchement achetées et tendues sur cadre par ses doux soins. Mais pas à ses frais, fallait pas rêver. Ses clients payaient pour le tout. La toile, le châssis, la peinture et le temps que consacrait le jeune homme à peindre leurs envies. Des portraits, pour la plupart. A leur du numérique, un soudain regain pour les médias traditionnels c'était brusquement fait sentir, tant et si bien que quasiment toutes les familles fortunées de la ville dédaignait désormais les photos faites à la va-vite et retouchées sur logiciel pour s'offrir les talents de peintres, bien plus aptes à montrer leurs fortunes et leur originalité. Des prétentieux pédants et invivables en somme. Mais ils permettaient à Blur de vivre, alors il se taisait et peignait. S'il l'ouvrait, il savait pertinemment qu'il balancerait leurs quatre vérités à ces mondains de secondes zones et ça, pour le repas du soir, c'était plutôt mauvais. Il se trimbalait donc ses toiles, heurtant les passants assez imbus d'eux même pour penser qu'il allait se donner la peine de faire un pas de côté avec tout son chargement et l'équilibre fragile qui lui permettait d'avancer sans que tout se casse la figure. Bien sûr, il allait de même avec les conducteurs. Il lui semblait logique que les voitures s'arrêtent aux feux et laissent passer le flux humains traversant la voirie. Mais tout le monde ne partageait pas sa logique. Aussi, alors que le feu passait au orange et que Blur s'élançait sur la route, persuadé d'être rentré d'ici une vingtaine de minutes à tout cassé, une voiture déboula de nulle part, et, nonobstant les feux de signalisation, passa en trombe à quelques centimètres du jeune homme, accrochant une toile au passage et l'arrachant des bras de Blur qui en fit tomber les trois autres coincées avec.

Il n'avait jamais eu de chance.

C'est donc avec une dignité et une maîtrise de soi parfaitement feinte qu'il examina son avant-bras, bardé d'écharde lorsque le cadre avait explosé sous l'impact. Il allait tâcher ses toiles avec toutes ses conneries. Quelques passants doté d'un niveau de bonté plus élevé que la normale vinrent l'aider à ramasser son chargement, voulurent appeler une ambulance, finirent par oublier cette idée en voyant le regard noir qu'il leur lança. Le ton peu avenant qu'il utilisa pour demander un mouchoir les doucha également et Blur fut certain que la moitié de ces personnes venaient de perdre foi en le peu de bonté qu'elles avaient. Grand bien leur fasse, il ne faisait pas bon d'être aimable en ce monde. On finissait toujours pas le regretter. Nouant le mouchoir autour de son bras en grimaçant lorsque les échardes bougèrent sous sa peau, il reprit ses toiles sous son bras, ignora royalement les coups de klaxons énervés qu'il s'attirait, à force de bloquer la route, et reprit son chemin sans plus se poser de question. Ça aurait pu être cool s'il n'avait pas tourné dans une rue quelconque afin de prendre un raccourci un peu plus loin. Ca aurait pu être une journée comme les autres, où il retournait à son atelier pour commencer son boulot, engueulé Summer et bouffer comme un goinfre en plein milieu de la nuit. Sauf que non, on vous l'a déjà assez dit. Blur n'a pas de chance.

Il repéra la voiture de tout à l'heure. Ce n'est pas parce que l'action c'était déroulé à 100km/h qu'il n'avait pas gravé l'image de cette foutue bagnole dans son crâne, oh non. Au contraire, il la conservait, mine de rien. Au cas où, un jour, au détour d'une ruelle, muni d'une batte de Baseball, il l'a retrouve et lui refasse une beauté.Mais il n'avait même pas eu besoin d'attendre. Il remarqua aussi la femme qui était postée à côté, clope au bec, semblant attendre quelque chose. Alors il avança. Il n'était pas en colère, non, non. La face qu'il tire là, c'est ça face habituelle. Sourcils froncés, plis de la bouche rabaissé en une moue mi-méprisante mi-furieuse. C'est comme ça qu'il est quand il sort. Histoire d'être tranquille. Bon, en fait si, il l'était un peu, en colère. Mais il fallut qu'il se poste devant la femme à clope pour qu'il se rende compte à quel point. Son sang pulsait dans son bras meurtris mais il ne sentait pas grand chose. Juste un grondement sourd qui semblait lui susurrer à l'oreille un alléchant « Saute lui à la gorge, assomme la, roue la de coup. Il n'y a personne en vue. Personne n'aura le courage de s'interposer. Tu seras loin d'ici avant même qu'un passant ait pu débarquer et bouger le petit doigt. Allez, enfonce lui des bouts de bois dans le cou, éclate lui une toile sur le visage, qu'il soit réduit en charpie à l'image de ton précieux bras de peintre. ». Colère n'était peut-être pas le mot approprié finalement.

Mais Blur avait encore quelques manières. Du moins il l'espérait et le croyait, ça valait mieux pour lui. Alors il attendit un instant, que la voix se calme et retourne se pieuter un peu plus loin, l'oeil aux aguets pour la moindre ouverture. Il montra sa toile fracassée.

« Cette connerie coûte cher. Et je sais que t'as les moyens. Donc puisque ma route recroise la tienne, autant en profiter pour repartir d'un bon pied et payer pour ce que tu putain de conduite à réduit en miette. »

On a bien dit "quelques" principes. La politesse face à une personne ayant manqué de vous tuer n'en fait pas parti. Il ne mentionna pas son bras, l'ayant oublié. De toute manière, il en avait vu d'autre, il allait pas couiner pour ci peu et demander des frais d'hosto pour trois éclats de brindilles. Mais il aurait les frais de sa toile. Au quadruple. Que cette mégère fumante le veuille ou non. En parlant de clope... Il posa les toiles que portait son bras intact entre ses jambes, se sortit une clope et l'alluma, attendant une réponse qui ne venait pas. Alors il tira une taffe, le souffle avec nonchalance et braqua son regard gris dans celui de la harpie.

« T'es sourde ? »
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Rhoda S. Carter

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MessageSujet: Re: Throw me Into the Flames [Blur]   Throw me Into the Flames [Blur] I_icon_minitimeSam 5 Nov - 14:50

Spoiler:

Dès lors qu’elle avait vu l’homme aux toiles arriver, l’information « Ta journée est foutue » était passée dans son cerveau. C’était assez déplaisant, alors autant tout faire pour que cette donnée soit erronée. Elle avait haussé un sourcil en observant son visage renfrogné. Son expression faisait presque peur à voir, si elle ne lui aurait pas parue si caricaturale. Rhoda remarqua néanmoins le mouchoir sur son bras, taché de sang apparemment frais. Ah, c’était elle qui avait fait ça ? Dommage. Elle n’avait pas souvenir d’avoir renversé qui que ce soit. Elle souffla un nuage de fumée grise en l’air, avant que le jeune homme ne l’interpelle de manière bien délicate:

-Cette connerie coûte cher. Et je sais que t'as les moyens. Donc puisque ma route recroise la tienne, autant en profiter pour repartir d'un bon pied et payer pour ce que tu putain de conduite à réduit en miette.

Ses yeux s’était arrondit à l’entente de ces phrases, l’air presque hébétée. Il était rare que l’on s’adresse à elle de la sorte. Enfin, il était rare qu’on s’adresse à elle tout court aussi. La scientifique se frotta théâtralement l’intérieur de l’oreille avec son auriculaire. Sacrées manières qu’il avait là. S’appuyant confortablement sur le capot de sa voiture, elle croisa les bras, le fixant sans dire un mot. Repartir d’un bon pied, hein ? Il s’y prenait drôlement ce type. Il s’était allumé une cigarette à son tour, la fixant en insistant bien:

-T’es sourde ?

Patience et subtilité devaient être les noms de l’individu. Elle avait levé les yeux au ciel. Elle se rappelait maintenant pourquoi elle sortait peu. Trop de travail et les gens qu’on pouvait croiser étaient souvent terriblement susceptibles. Mais lui, il battait des records. Il lui rappelait presque ce débile de Tornioli, bien que ce dernier était indétrônable en ce qui était du prix du caractère le plus imbuvable. Enfin, si tout ce qu’il voulait c’était qu’on lui repaye ses toiles, elle était plus à ça près avec les litres de produit chimique qu’elle venait de s’offrir. Rhoda soupira et sorti son portefeuille de sa poche, estimant mentalement le prix d’une toile de bonne qualité, avant de tendre au râleur une quelques billets. La somme était même peut-être supérieure à celle qui était due, mais cela pouvait être considéré comme le prix pour avoir la paix.

-Et ne venez pas me dire que c’est pas assez. J’suis pas non plus un distributeur.

Elle lui avait répondu sur le même ton qu’il lui avait adressé, comme une vile imitation. Elle n’allait pas lui parler d’une voix douce et mielleuse à quelqu’un qui l’agressait presque verbalement. Et plus elle avait horreur d’être dérangée lors des rares pauses qu’elle avait. Elle se demandait bien ce que les gens avaient tous en ce moment. Peut-être le destin qui essayait de faire en sorte qu’elle s’anime un peu plus. Dans tout les cas cela ne lui plaisait pas du tout. Cela avait même le don de la rendre beaucoup moins efficace lorsqu’elle travaillait et ça, c’était impardonnable. Elle restait tout de même calme. Il en fallait bien plus pour l’énerver, beaucoup plus. Elle était simplement agacée, autant que son esprit lui permettait de sentir. La scientifique espérait que le jeune homme s’en aille tranquillement après cette petite transaction imprévue. Pour s’assurer qu’il n’ait pas à de nouveau s’emporter, elle jugea que dire quelque chose de poli ou soit- disant soucieux pour lui suffirait. Rhoda mit un certain moment avant de trouver quelque chose d’approprié et lâcha d’un ton à la limite du robotique en désignant le mouchoir du menton:

-J’espère tout de même que votre bras va bien.

Avec un peu d’analyse, il était facile de sentir qu’elle n’en avait strictement rien à faire de l’état de sa blessure. Rien que son visage sans aucune expression le témoignait. Il n’y avait plus qu’à espérer que le regard vide ne passe pas pour un regard hautain. Les gens s’y trompaient si facilement, pour ne pas dire tout le temps. Il y’avait grande différence entre les mépriser et n’en avoir rien à faire de leur personne, avec tout le respect qui leur était dû. Mais à ses yeux, l’attention restait là et elle verrouilla le coffre de sa voiture, jetant sa cigarette au sol, pensant le problème définitivement réglé.
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Blur Elyson [Summer]

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MessageSujet: Re: Throw me Into the Flames [Blur]   Throw me Into the Flames [Blur] I_icon_minitimeJeu 17 Nov - 18:27

Il avait l'habitude que les gens soient surpris de son comportement et de ses manières. Voir la harpie subir, même faiblement, les effets de surprise qui incombaient à la situation ne l'étonnèrent donc pas des masses. Avec la lassitude que donne l'usure de l'habitude, il attendit presque patiemment qu'elle se remette, fasse un état mental de son niveau frôlant le zéro absolu en sociabilité et percute enfin que, oui, il avait l'air aussi subtile et délicat qu'il en avait l'air et qu'il valait mieux éviter de se prendre la tête avec lui pour des broutilles. Enfin, au pire, il s'en foutait qu'elle décide de s'énerver. Il l'était aussi et n'hésiterait pas à le lui faire sentir. Mais à la façon dont elle se cura l'oreille, Blur fut rassuré. La harpie semblait pas du genre à sortir de ses gonds. Voire même pas du genre à sortir quelque émotion que ce fut. Ca l'arrangeait, en fait. Tout plutôt que de devoir en plus se coltiner une femelle geignarde et criarde. Rien qu'avec cette attitude, dans d'autres circonstances, Blur aurait pu apprécier la harpie. Dans d'autres circonstances. Et s'il en avait quelque chose à foutre de quelqu'un d'autre. Ce qui n'était pas le cas de toute manière. Alors il attendit, l'observa prendre son porte feuille et en tirer avec négligence quelques billets qu'elle lui tendit avec désinvolture. La colère de Blur avait été douchée par l'attitude de la harpie et une vive curiosité mêlée à un je m'enfoutisme naturel avait peu à peu pris la place.

Et avec ça, il en oublia de contrôler son pouvoir qui sauta sur l'occasion pour s'insinuer à l'extérieur, porté par l'affaiblissement de la rage première, adouci par le flegme revenu au galop, rehaussé par la légère touche d'intérêt qui animait Blur. Et paf ! ça fait des chocapics. Blur aimait bien cette vieille pub des années 90. Qu'est-ce qu'ils prenaient les mômes pour des cons les publicitaires de l'époque, c'était tordant. Bref, chocapics. Et la couleur de ce curieux mélange teinta doucement le sang sur le mouchoir. Qui n'avait plus de mouchoir que le nom, tellement il en était imbibé, de sang. Sang, donc, qui virait lentement à un orange ocré tirant sur le jaune mordoré.

Mais ça, Blur n'y fit pas attention le moins du monde, tandis qu'il prenait les billet qu'on lui tendait de sa main valide, les comptant rapidement avant de les empocher, satisfait. Ça couvrirait la toile, c'était déjà ça. Au pire, il pourrait toujours escroquer un peu en rachetant une toile de moindre qualité et se gardant le surplus pour sa propre consommation. Il y avait tant de manière de récupérer de l'argent dans ce métier blindés de clients à l'amateurisme révoltant.

« Et ne venez pas me dire que c’est pas assez. J’suis pas non plus un distributeur. »

Blur esquissa une ombre de sourire. Bien sûr que si, elle était un distributeur. Vu sa caisse et la boutique devant laquelle elle attendait, aux yeux du pactisant, elle avait tout d'un distributeur duquel tirer profit. Mais il ne le fit pas. Déjà, parce qu'il avait la flemme de perdre son temps avec elle pour deux billets supplémentaires. Ensuite, il avait récupéré ce qu'il voulait et qu'il avait du pain sur la planche. Puis il n'aimait pas particulièrement cette nana, ils n'allaient pas devenir de bons amis sur le trottoir et aller se boire un verre après avoir réglé l'incident. Non. Elle avait une manière d'être absolument fascinante mais ça ne l'empêchait pas d'être une femelle qui lui avait fait perdre son temps pour des conneries. Oui, les femmes au volant, c'est une belle connerie.

« J'en avais pas l'intention. Tu m'as rendu ce que tu me devais, j'suis encore assez honnête pour ne pas te soutirer plus que nécessaire. »

Mensonge éhonté. Blur était juste gravement atteint côté paresse aujourd'hui. Mais ça, elle n'avait pas à le savoir.

Il allait partir sans demander son reste, pensant que la femme aussi blasée que lui se satisferait de cet échange concis, bref et efficace. Mais non. Les femmes sont surprenantes. Même lorsqu'elles n'en ont rien à foutre, il faut qu'elles lissent les choses, les arrangent au mieux, afin de ne pas avoir à supporter de conséquences nuisibles. Si jamais il devait y en avoir ce qui la plupart du temps n'était pas le cas. Futiles choses. La harpie ne fit donc pas exception. Souhaitant lisser les choses et les rendre le moins pénible possibles pour elle, au cas où, alors que Blur serait très bien parti tout seul comme un grand, elle prit de nouveau la parole.

« J’espère tout de même que votre bras va bien. »

C'est con à dire, mais cette simple phrase emplie d'hypocrisie pure l'énerva plus que le fait d'avoir retrouvé celle lui ayant démoli toiles et bras. Mais Blur est con, donc il faut pas chercher bien loin. Il avait déjà entamé son demi tour en plus. Alors il refit demi tour again. Lentement. Et observa la plouc en blouse de bas en haut, accrochant finalement son regard.

« Vous sentez pas obligée de faire la conversation, j'suis pas du genre très bavard non plus. Mais ça va ouais, merc... Eh merde ! »

Ça lui avait échappé sous la surprise. Eh ouais. Merde. Blur venait de jeté un coup d'oeil a son bras. Par réflexe plus qu'autre chose, vu qu'on en parlait. Et il avait vu la teinte mordorée qu'avait pris son sang. Et ça, c'était chiant. Parce qu'afficher ses pouvoirs en pleine rue était une connerie énorme. On devenait un monstre, une bête de foire et le GDP débarquait aussitôt. Mierda. Râlant, il récupéra ses toiles, cachant un peu mieux son bras écharpé derrière elles et salua la harpie avant d'entamer son demi-tour pour la deuxième fois.
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Rhoda S. Carter

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MessageSujet: Re: Throw me Into the Flames [Blur]   Throw me Into the Flames [Blur] I_icon_minitimeVen 9 Déc - 18:41

Tout était bien parti pour être réglé. L’énergumène semblait calmé, elle l’avait remboursé et ses achats étaient faits. Mais alors que Rhoda se permettait enfin de penser avec soulagement qu’elle allait enfin retrouver son cher laboratoire, il fallait bien évidemment qu’un petit détail détruise toutes ses espérances de retrouver sa routine confortable. Routine qui était particulièrement mise à mal en ce moment, cela la perturbait assez, elle qui était si indifférentes aux évènements extérieurs d’habitude. Il avait dit quelque chose qu’elle n’avait pas écouté, mais le juron lui, avait attiré son attention, lui faisant baisser le regard sur son bras

Le bandage du jeune homme était teinté de jaune orangé, une couleur assez irréelle. S’il ne s’était pas exclamé de la sorte, elle n’aurait probablement jamais mis le doigt dessus. Grave erreur que d’avoir laissé cela à la vue de la scientifique, le pauvre ne savait malheureusement pas à qui il avait affaire. Le professeur Carter avait braqué ses yeux sur son bras, comme un chat qui venait d’apercevoir une souris ou un loup affamé une trace de sang. C’était bizarre, et qui disait bizarre disait Pactisant ou Stella. Et qui disait Pactisant ou Stella, Rhoda répondait dissection. Alors qu’un tic animait sa lèvre supérieure, elle tenta de se reprendre, remontant ses lunettes en grinçant des dents. La femme souffla, fermant les paupières quelques secondes, avant de se décider à jouer la comédie. Fadement certes, mais suffisamment pour feindre une « inquiétude de politesse » sur son visage normalement inexpressif. Elle s’était vivement approchée, attrapant fermement son avant-bras et le tirant vers elle. Sans aucune délicatesse, elle avait posé ses doigts sur ce qui commençait à déborder du pansement de fortune avant d’humer le liquide. C’était bien du sang et non pas une autre matière. Seule la couleur avait changé. Peut-être que autres substances étaient présentes dans ses veines. Elle devait faire des analyses. Au plus vite.

Mais comment le ramener comme ça au QG sans l’aide d’un agent de police ? C’était presque inenvisageable. Le prendre pour un idiot et le persuader de venir avec elle était probablement la seule solution, même si c’était loin d’être la meilleure. Elle devrait proposer l’invention d’un biper d’alerte qui avertit les policiers du GDP pour les scientifiques qui se baladent dans la rue et tombent comme ça sur une bizarrerie ambulante. Ca éviterait bien de frustrations. Pour l’instant, elle se devait de trouver une vraie solution rapidement et la seule issue qu’elle avait trouvé était complètement stupide. Rhoda s’était encore rapprochée du jeune homme, en s’exclamant d’un ton inquiété et professionnel et à la fois :

-Doux Jésus ! Votre plaie, c’est terrible ! On dirait une infection fulgurante ! Je me dois de vous emmener aux urgences de suite.

Sa dernière phrase avait été prononcée de manière tellement morne qu’elle venait de ruiner sa crédibilité toute seule. L’enthousiasme ou l’exubérance, c’était bien trop épuisant et trop peu naturel pour elle. Le professeur Carter se sentait agitée, trépignant presque à l’idée de récupérer un nouveau cobaye. Elle le viderait de son sang pour tout analyser au mieux.
Si elle avait été dotée d’une force surhumaine, elle l’aurait assommé et jeté sur sa banquette arrière, pour le transporter au plus vite au QG. Or, elle avait beau être une femme assez grande, elle n’était pas Wonderwoman non plus. Surtout que l’autre gamin avait l’air assez costaud mine ne rien, malgré sa silhouette un peu maigrichonne. Le cerveau de la scientifique tournait à vide et aucune idée efficace ne lui venait en tête. Ca la frustrait. Elle n’avait même pas son pistolet sur elle, pour employer la manière forte. Il était évidemment un Stella ou un Pactisant. Elle le voulait. Chaque cobaye potentiel était précieux pour faire avancer ses recherches. Si elle le laissait partir, elle n’en dormirait pas. Enfin, elle dormirait moins que d’habitude.

Alors elle continua la très inefficace carte de la comédie. Ce qui l’horripilait et l’exaspérait. Peut-être bien qu’en continuant cette technique imbécile, une vraie stratégie lui viendrait en tête. Rhoda regarda son interlocuteur dans les yeux, battant presque des cils, avec un air de sotte qui l’aurait probablement faite vomir si elle s’était vue dans un miroir. Elle fit semblant d’examiner son bras avec inquiétude, alors qu’elle ne ressentait qu’une terrible exaltation à l’idée d’avoir découvert un nouveau « spécimen ». Et elle avait finalement décidé que s’il ne se laissait pas faire, elle le tuerait d’une quelconque manière et emmènerait son cadavre. Il était impensable de le laisser partir et faire un tel gâchis.
Mais il aurait fallu être un débile des plus profonds pour croire à son petit jeu de scientifique un peu folle et désespérée de ne pas pouvoir emmener aussi facilement un « jouet ». Le professeur Carter faisait bien plus peur à voir qu’autre chose. On aurait cru un fauve devant lequel on agitait une pièce de bœuf sanglante.
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MessageSujet: Re: Throw me Into the Flames [Blur]   Throw me Into the Flames [Blur] I_icon_minitimeMer 25 Jan - 0:29

Il savait qu'il n'avait pas de chance. Mais pour une fois, honnêtement, il aurait voulu qu'il en soit autrement. Non parce qu'il avait bon dos le Blur, à se manger sans rechigner toutes les briques que la vie lui balançait à la gueule. Mais il y avait des situations, comme maintenant, où il aurait pu se vendre pour une minute de chance. Et il le pensait très sérieusement. Mais c'était comme ça. Il était poissard. Et à l'instant où il vit le regard de la harpie se poser sur son bras, où il fut témoin de l'improbable mais pourtant vraie métamorphose de son regard apathique, il su qu'il était fichu. Il était tombé sur une folle à lier, une ignorante, une froussarde ou une psychopathe pour ce qu'il en savait, mais elle allait lui pourrir la vie dans les secondes à venir. Bingo mon vieux. Il fixa un regard incertain sur la femme dont les lèvres jusqu'alors étaient restées sobrement inexpressives, les voyant tiquer tandis que la femme remontait rapidement ses lunettes sur son nez et s'emparait de son bras blessé d'une poigne de fer. Tendu comme un arc, Blur grimaça légèrement, l'observant faire alors qu'un vent de panique commençait à se propager dans son esprit. Il n'essaya pas de se dégager. Il aurait pu le faire. Mais ç'aurait été prendre le risque de se faire poursuivre immédiatement. Non, il fallait être prudent sur ce coup. Respirant calmement, plus ou moins, il suivit des yeux ses mouvements, ne bougeant toujours pas alors qu'elle posait ses doigts sur son sang doré et en humait l'odeur. Elle semblait ne plus le voir, complètement absorbée par sa découverte. Dans un coin de sa caboche, Blur se dit qu'elle devait être une nana invivable au quotidien, se mettant des oeillères en permanence pour se focaliser sur son travail. Le boulot et rien d'autre. C'est de ça qu'elle avait l'air. D'une travailleuse apathique ne pensant à rien d'autre que son job pour ne pas s'éparpiller.

Il fut interrompu dans son analyse par la voix de la harpie, qui s'était encore rapprochée, et lui avait déclaré d'une voix qu'il trouva tout aussi dénuée d'émotion qu'avant, malgré les efforts qu'elle semblait faire pour feindre l'inquiétude la plus basique. En d'autres circonstances, il aurait pu rire de cette tentative pathétique. Mais là, il n'avait pas envie de rire.

« Doux Jésus ! Votre plaie, c’est terrible ! On dirait une infection fulgurante ! Je me dois de vous emmener aux urgences de suite. »

Enfin si. C'était trop tentant. Il eut donc un faible ricanement, quasi nerveux, avant de se reprendre. La femme était cramponnée à son bras comme si sa vie en dépendait. Il avait l'impression que si elle avait pu, elle le lui aurait arracher sur place, pour vérifier si son sang était ainsi dans chacune de ses veines et non pas à cet endroit spécifique.

Et Blur atteignit l'illumination.

Si ses présomptions étaient exactes, il venait de tombé sur la fameuse chercheuse folle à lier du GDP, celle qui avait pour les Stellas et les Pactisants une fascination dévastatrice et vengeresse. Il en avait entendu parler. Tout le monde discret des Pactisants et de leurs compagnons en avait entendu parler. Bordel de merde. Evidemment, fallait que ça tombe sur lui. Bon. Reconsidérons les choses avec calme. Non, pas envie. Il devait se remuer les méninges en quatrième vitesse ce coup ci. Si c'était la folle du GDP, il était peu probable qu'elle soit sortie faire une promenade de santé. Elle était peut-être accompagnée ? Sûrement. Certainement. Peut-être cherchait-elle juste à gagner du temps en attendant que ses collègues reviennent de leur pause clope pour ce qu'il en savait. Mais ça, c'était hors de question. Il déguerpirait bien avant.

Réalisant qu'il avait gardé le silence un bon moment, il eut un rictus, pâle copie d'un sourire se voulant rassurant.

« Y a pas de quoi en faire un drame voyons. J'ai déjà vu bien pire que cette petite écorchure. Franchement, rassurez vous. Y a pas d'infection. C'est le tissu. C'est le seul que j'avais en main et je m'en étais servi dans la matinée avec divers produit et de la peinture de cette teinte. Ca doit être une réaction bizarre, comme la nature sait si bien les inventer. »

Pour être honnête, il trouvait qu'il s'en sortait pas trop mal, pour un mensonge débité aussi rapidement sans moment de réflexion tout en sachant qu'il avait les sciences en horreur. Pour un peu, il aurait cru que ça suffirait. Si ça avait été une personne lambda, peut-être aurait-il eut cette satisfaction. Mais il se doutait bien que fasse à elle, il n'avait pas de grandes chances. Sa seule solution pour l'instant était de gagner du temps. Mais Blur est loin d'être patient, c'est un fait tout aussi bien connu que sa malchance. Gardant son sourire aux lèvres, il s'empara des poignets de la femme et les serra légèrement pour lui faire lâcher prise, reculant aussitôt de plusieurs pas.

« Eh bien... sur ce. »

Et de faire demi-tour avec tout son bordel sous le bras, s'élançant à vive allure entre les passants, qu'il bousculait sans vergogne, sourd à leurs invectives outrées. Poissard, poissard, poissard. Ce mot semblait briller en lettre de feu sur son front. A tous les coups, il allait entendre rugir les moteurs de trois bagnoles dans quelques secondes, lancées à sa poursuite, et il se ferait abattre à vue dans le pire des cas. Mort ou vif, il ferait toujours un bon sujet d'études pour la harpie. Parano le Blur ? Non, du tout. Juste apeuré et rationnel, préférant imaginer le pire que de se dire qu'il s'était peut-être trompé, que cette femme n'était peut-être simplement qu'une personne un peu maladroite à montrer ses émotions et curieuse de nature et que rien n'allait arriver. Mais jusqu'à preuve du contraire, il avait la poisse. Donc la pire des options semblait être la plus fortement envisageable. Putain de journée à la con.
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