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| Je crois que ça va pas être possible [PV] | |
| Auteur | Message |
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Tullio Fazzio Membre- pactisant
| Sujet: Je crois que ça va pas être possible [PV] Jeu 21 Juin - 5:54 | |
| Ce matin rien n'a changé, on dirait tout est pareil. J'ai la marque de l'oreiller et puis la sale gueule qui réveille. Désolé mais, rien de neuf sous le soleil. Le Conservatoire de Milan était vraiment un lieu magnifique. Les façades extérieures étaient assez sobres, comme un écrin de simple coton qui cache une pierre bien plus précieuse. Tullio avait hésité un court instant seulement avant d’y entrer, et maintenant il était dans la cour intérieure depuis environ une heure. Un large patio était entouré de toutes les salles de musique et de cours qui donnaient sur cette place au centre de laquelle présidait une statue d’un grand musicien italien. Les galeries qui menaient aux dites salles étaient toutes entourées de colonnes de pierre blanche, solides mais surtout esthétiques. On avait l’impression de se trouver là où on n’aurait pas dû, en voyant la beauté du lieu. Tullio eut un maigre sourire en se disant que ce cadre convenait plutôt bien à son frère, qui aimait le beau, le propre, et que la simplicité ennuyait. Aux pieds du sommelier était tracée une route en pierre rouge qui le menait vers les étages, et pourtant cela faisait un moment qu’il était dans ce patio sans pouvoir en bouger. Oh, il déambulait bien dans les allées et entre les étudiants qui ne s’apercevaient même pas de sa présence, au hasard, pour remettre ses idées en place. Mais il ne faisait pas un pas vers sa destination. Quiconque passait par là pouvait penser qu’il cherchait son chemin, mais Tullio savait très bien où il devait aller. Salle 203, deuxième étage, la porte bleue de la salle Chopin. C’est là qu’il trouverait Isaia Fazzio, l’avait-on renseigné. L’hôtesse d’accueil lui avait précisé qu’il était en leçon et lui avait demandé de ne pas le déranger. Mais ce n’était absolument pas pour cette raison que Tullio hésitait autant et paraissant comme un lion en cage, à chercher sa pitance. Il aurait préféré, en fait, devoir juste attendre la fin du travail de son frère pour le rejoindre. Ça aurait été nettement plus simple, et beaucoup moins angoissant. Parce que depuis une heure, Tullio sentait son ventre se tordre dans tous les sens. Il n’avait rien mangé ce matin, peu la veille, et l’idée de le voir avait accentué ce malaise constant. Sa nuit avait été difficile, et malgré tout il avait pris le soin de se rendre convenable en apparence. Il ne voulait pas montrer la faille béante en lui, cette douleur qui pulsait contre ses côtes. De plus en plus fort, comme pour en sortir par tous les moyens. Tullio sentait la chose se débattre et vouloir se révéler, s’afficher sur son visage, dans son attitude. Mais jusqu’ici, il l’avait maitrisée même s’il ne parvenait pas à penser à autre chose. A autre chose que ce soir là où Isaia avait dormi chez lui. Où son frère lui avait caressé les cheveux en lui disant qu’il l’aimait. Où Tullio avait cru pouvoir mourir de plaisir à plusieurs reprises. Mais malheureusement, les choses avaient un peu trop dégénérées. Le jeune homme avait voulu jouer avec le feu en embrassant le coin de la bouche d’Isaia. Sur le coup, cela semblait évident, surtout qu’il s’en était tiré avec une pirouette. Toute la nuit, Tullio avait fixé le dos d’Isaia avant de tomber de fatigue sans même s’en rendre compte, à une heure très avancée de la nuit. Au matin, ils ne s’étaient pas vraiment parlés, tous deux fatigués. Tullio avait promis de l’appeler bientôt, et les choses s’étaient faites ainsi assez naturellement pour deux hommes qui avaient été un peu trop proches un soir. Mais Tullio se répétait en boucle qu’Isaia n’avait eu ces gestes que comme des preuves de son amour fraternel. Et il avait logiquement pensé que, dans ce cas-là, son frère ne verrait rien d’horrible dans son comportement, surtout que Tullio avait spécifié s’être fourvoyé dans la destination de ce baiser. Même s’il n’avait pas précisé en quoi. Après tout il ne s’était pas passé grand-chose ... Du moins, du point de vue de celui qui avait plus, bien plus en tête. Mais sur le coup, Tullio avait quand même eu peur qu’il ne croie pas à la maladresse, que ça le gêne trop malgré tout, qu’il le répugne et qu’il le quitte sans autre forme de procès. Même si techniquement, on ne pouvait pas quitter quelqu’un alors qu’on n’était pas « avec lui ». Détail. Et ce que Tullio redoutait plus que tout était finalement arrivé. En quelques jours, Isaia était devenu incroyablement distant. Si sur le coup il avait paru déjà un peu mal à l’aise en lui souhaitant bonne nuit sèchement et en lui tournant à nouveau le dos, ce n’était pas comparable. Depuis cette nuit, il avait ignoré ses propositions de se voir, avait décliné plusieurs invitations. Trop pour que ce ne soit qu’un mauvais hasard dû à un timing foireux. Il l’évitait clairement. Et ça faisait mal, vraiment très mal. Ne plus entendre sa voix, ne plus le voir dès qu’il en avait envie. Aller au boulot devenait un calvaire, parce qu’il savait qu’il n’aurait pas d’appel d’Isaia en sortant, qu’il ne viendrait pas lui faire un petit coucou. Pas de message non plus pour le motiver, rien. Le silence radio. Tullio commençait à comprendre à quel point il était devenu dépendant d’Isaia, quand son absence lui tordait le ventre. La distance entre eux, c’était un peu une méthode de torture particulièrement au point. Tullio en devenait fou, et ses journées passaient avec une lenteur exaspérante, et sans qu’il ait un moment de répit pour se sentir mieux. Mais, patient, il s’était dit qu’Isaia avait besoin de temps pour digérer ce qu’il s’était passé. Lui-même avait mis un jour ou deux à tout assimiler, à repasser en revue chaque détail et à frissonner encore et encore de se souvenir de ces gestes, de ces mots. Ceux qui lui manquaient tant. C’était impressionnant comme des petits rien pouvaient à ce point faire des dégâts dans son cœur. Et pourtant, ce dernier semblait ravagé et de l’intérieur, Tullio savait bien qu’il était vraiment triste. Dès le lendemain il avait dit au revoir à Sandra, qui avait semblé effondrée ... Eh bien Tullio comprenait parfaitement sa réaction, et s’en voulait malgré tout de l’avoir fait souffrir. On ne devrait pas pouvoir faire aussi mal avec si peu de choses. Et en voulant annoncer la nouvelle à Isaia, il n’avait trouvé qu’un frère tout à coup froid et distant. Depuis, le jeune homme s’en voulait énormément, évidemment. Il était prêt à revenir en arrière, à oublier ce qu’il s’était passé, à ne plus jamais le prendre dans ses bras, même si c’était une concession difficile. Tant qu’il lui revenait, tant qu’il arrêtait de lui en vouloir et de l’éviter. Naviguant entre tristesse et colère, Tullio se remémorait chaque minute, chaque instant. Ce qu’il avait fait, ce qu’il n’aurait pas dû faire, le comportement normal d’un frère. Pourquoi cette si bonne soirée avait tournée de cette manière ? Du coup, Tullio était venu ici un peu au hasard et dans le but de comprendre et de mettre à plat certaines choses. Il ne voulait plus le voir ? Très bien, mais au moins qu’il le lui dise en face, clairement. Tullio était prêt à entendre à quel point il était répugnant, prêt à encaisser le regard de son frère, réprobateur. Son jugement, sa morale qui viendrait rabaisser la valeur de l’amour qu’il lui portant. Oui, il était prêt, du moins essayait-il de s’en convaincre. Autant avoir mal une bonne fois pour toute, ça permettait de faire le deuil d’un sentiment, non ? Tullio nierait, du moins dans l’idéal. Mais avec sa putain de contrainte, jamais il ne pourrait lui mentir et lui dire que ce n’était qu’un égarement passager. Alors en venant ici, Tullio savait qu’il s’engageait à lui dire ce qu’il ressentait pour lui. Il y serait obligé, dans la conversation. Tant pis, c’était toujours mieux que d’attendre qu’Isaia revienne un jour, si cela arrivait. Mais c’est pour cela que, depuis une heure, le sommelier était dans ce patio fort agréable mais détestable à la fois. Parce qu’il se sentait comme une vache qu’on envoie à l’abattoir. Une bonne grosse vache qui avance vers sa mort, le sourire aux lèvres. Un parfait crétin, donc. Après s’être usé les semelles sur le parvis qui devait en avoir marre de ses mouvements incessants, Tullio finit par se décider. Ça ne servait à rien de reculer pour mieux s’écraser après la barre d’obstacles ... C’est donc d’un pas décidé, et totalement remonté contre Isaia, qu’il entra dans la pièce où il donnait un cours. Mais ce n’était qu’un détail pour un homme amoureux, en colère, et pressé d’en finir de la séance de torture. - Il faut qu’on parle.Sa voix était froide, mais le revoir lui filait un coup au cœur. Il semblait être le même, alors que lui n’était plus qu’une ombre depuis ces derniers jours. Et il lui faisait toujours le même effet, preuve qu’Isaia ne lui plaisait pas seulement quand ils étaient anormalement proches. Et que ce n’était pas qu’un besoin d’expérimenter. Tullio le savait déjà, mais si un faible espoir subsistait il venait de mourir dans l’œuf ... Il se sentait mal. Son cœur battait irrégulièrement, ses mains étaient moites et toujours cette douleur au ventre. Qui le dévorait. |
| | | Isaia Fazzio Membre- humain
| Sujet: Re: Je crois que ça va pas être possible [PV] Jeu 21 Juin - 9:16 | |
| Isaia n'avait pas la pêche, récemment - et encore, dire ça, c'était avoir le sens de l'euphémisme. Parce que le blond, jusque là, n'avait jamais eu l'impression d'être tombé aussi profondément dans sa merde, au point de s'y engluer, sans le moindre bras salvateur pour se sortir de là.
Mais pour tout comprendre, il fallait revenir à cette nuit où Tullio l'avait embrassé au coin des lèvres avant de lui dire bonne nuit. Cette nuit qu'il avait passée les yeux grands ouverts, sans une seule seconde de sommeil - le jour levant l'avait trouvé avec des cernes magnifiques sous les yeux et un teint pâle qu'un vampire aurait envié.
Les adieux qui avaient suivi avaient été plutôt normaux, bien que teintés d'un étrange formalisme, et Isaia était rentré chez lui pour faire enfin sa nuit. Il avait pensé qu'avec un peu de temps sans voir son frère, ça passerait. Sauf que voilà, ça n'était pas passé. Une semaine après, il se disait que quelque chose clochait. Deux semaines après, il s'inquiétait franchement. Trois semaines après, il se savait irrécupérable.
Il avait récupéré des filles au bar deux ou trois soirs, et c'était assez pitoyable de coucher avec elle en superposant le visage de son frère par dessus le leur - il se sentait honteux et crade. Le meilleur moyen de parer lui avait semblé de prendre de la distance avec lui - pour leur bien à tous les deux - mais non seulement ça n'avait rien arrangé, et plus Tullio ne comprenait pas, et il avait l'air de souffrir de la situation, si Isaia en croyait sa boîte vocale et ses messages, auxquels il ne répondait plus (mais qu'il passait des heures à relire).
Il se sentait bête. Tout ça parce qu'il n'était pas capable d'endiguer ses putains de sentiments ! Mais c'était tout nouveau, pour lui, tout frais. Il ne savait pas que les sentiments pouvaient s'entrechoquer avec tant de violence en lui - il ne savait même que son cœur de pierre pouvait ressentir ça. Et bien sûr, quand ça lui arrivait, il fallait que ça tombe sur son frère. C'était des coups à se foutre une balle...
L'éviter n'était peut-être pas la meilleure des choses à faire, mais c'était probablement mieux que de continuer à le voir. Parce que s'ils se voyaient... Non. Ça n'allait pas être possible.
Sauf que voilà, l'être de lumière était en train de s'éteindre, là. Il n'avait plus la même fougue qu'avant, à force de passer ses nuits éveillé, à ressasser celle passée avec Tullio, et les cernes finissaient pas ne plus le quitter - il devait les cacher sous du fond de teint, tu parles d'une humiliation ! Il s'énervait aussi beaucoup plus vite (ses élèves pouvaient en attester) et...
Ça n'allait pas. Il n'allait pas bien. Il avait besoin de Tullio, il voulait le voir, rire avec lui, jouer aux jeux vidéos avec lui, parler, simplement, il voulait juste le voir. Son frère lui manquait. Mais voilà, le voir, ça signifiait signer son arrêt de mort, ou bien signer l'arrêt définitif de leur relation, et Isaia préférait la laisser sombrer lentement que de couper le lien nettement : dans ce cas-là, pas de retour en arrière possible, aussi définitif que la mort. Il ne voulait pas.
Alors, il continuait à vivre sa vie de zombie. Le problème, c'était son jeu au piano, qui manquait singulièrement de panache, puisqu'il n'arrivait même plus à se concentrer dessus. Il appuyait sur les touches et il voyait Tullio. Quand il travaillait ses morceaux, il voyait Tullio - et du coup, chaque fois qu'il rejouait le passage qu'il avait travaillé plus tôt, le visage de Tullio réapparaissait devant lui. Ça, c'était vraiment un gros problème ; si Isaia avait pu se réfugier dans la musique pour penser à autre chose, il l'aurait fait, mais même ce refuge lui était refusé. Même le piano ne le soutenait plus. C'était la première fois que l'instrument le trahissait...
Heureusement, il n'avait pas de concert à donner bientôt, et il pouvait se contenter de donner des cours en demi-teinte à ses élèves, qui de toute façon étaient trop stupides pour remarquer la différence. Les jours s'écoulaient comme ça, les uns après les autres, dans une lente monotonie, et Isaia se demandait si quelque chose changerait un jour... A force, peut-être que les sentiments disparaîtrait.
Mais lorsque la porte de sa salle de classe s'ouvrit avec fracas et que Tullio apparut derrière, Isaia se demanda sincèrement s'il n'allait pas se trouver mal. Surtout que son grand frère n'avait pas l'air vraiment de bonne humeur...
En même temps - c'était compréhensible.
"Il faut qu'on parle."
Et c'était pour lui dire ça qu'il venait débarquer comme un ouragan dans sa salle de classe ? Comment avait-il su qu'il travaillait là, d'ailleurs ? Bon ok, il lui avait peut-être dit. Mais tout de même ! C'était pas une raison ! Est-ce qu'il débarquait sur son lieu de travail pour lui parler, lui ?
... Euh, oui, en fait. Bon, mais... c'était pas pareil !
L'élève d'Isaia - un de la classe des grands, Gianni, dix-huit ans, assez doué - leva un regard ahuri vers Tullio, et Isaia songea que ça sentait les ragots dans le conservatoire après. Bon sang ! Il fallait y mettre de l'ordre tout de suite.
Il se leva, fixa son frère droit dans les yeux, en s'efforçant de ne pas céder à l'impulsion qui le suppliait d'aller se jeter à son cou, et répondit :
- Je donne cours, là. J'ai pas le temps.
Il se disait qu'en disant ça, peut-être que Tullio tournerait les talons, et que la discussion qui s'annonçait s'évanouirait avec lui. Parce que "il faut qu'on parle", ça n'avait jamais été annonciateur de bonnes choses, oh que non. Est-ce que Tullio l'avait percé à jour ? Pourtant, il n'avait parlé à personne de son... "inclination" envers son frère, alors comment aurait-il pu être au courant ? Ils ne s'étaient pas revus depuis cette fameuse fois, en plus. Ça devait être à propos d'autre chose, probablement plutôt au sujet du silence radio qu'Isaia avait observé au sortir de son appartement.
Mais Tullio n'était pas du genre à obéir à Isaia au doigt et à l’œil, alors il resta planté là, et Isaia comprit qu'il ne s'en irait pas. Alors il ajouta :
- Le cours se termine dans un quart d'heure, assieds-toi sur une chaise là et patiente. On parlera après.
Dire qu'en arrivant, il avait été tellement content d'apprendre que Sara était absente pour le cours d'aujourd'hui. Il s'était dit "chouette, une heure de trou !" - comme un basique écolier. Maintenant, l'heure de trou venait d'être remplacée par un moment de discussion qui s'annonçait houleuse avec son frère... Eh bien, il en avait les pétoches, oh oui.
Donner une leçon quand son frère était installé à trois mètres à côté, sur une chaise, à vous regarder probablement, ça n'avait rien de facile. Surtout quand on avait envie de coucher avec le frère en question, bien que ça fasse déjà trois semaines qu'on ne l'ait pas vu - et que l'envie n'avait pas du tout diminué avec le temps... au contraire. Le dernier quart d'heure sembla plus long que les trois premiers de la leçon.
Puis Gianni prit ses cliques et ses claques et s'en alla, non sans avoir jeté un regard suspicieux à Tullio, et Isaia se tourna vers son frère - en temps normal, il aurait pensé "enfin seuls !" mais là c'était plutôt "quand faut y aller, faut y aller".
- Bon. Je t'écoute. De quoi tu veux me parler ?
Il ne voulait pas que sa voix soit si sèche. Après tout, le fait qu'il se soit montré distant ces derniers temps pouvait très bien tenir au fait qu'il ait été très occupé, ou bien qu'il ait voulu consacrer plus de temps à sa copine qui ne voyait pas d'un bon œil qu'il ne passe la moitié de sa vie chez Tullio - il n'y avait pas de copine, mais Tullio pourrait y croire - bref, ça pouvait être acceptable, s'il jouait le gentil petit frère. Celui qui s'excuse, mais qui est super mauvais pour garder le contact. (Ce qu'il était généralement, c'était un fait... mais pas avec Tullio.)
Mais voilà, avec une voix comme la sienne, un peu rauque, ça indiquait tout de suite qu'il y avait une couille dans le pâté, et que Tullio n'avait rien imaginé. Et ça sentait les explications foireuses. Isaia sentait son estomac se contracter à l'intérieur de lui, tandis qu'une trouille digne d'un jour d'examen final fondait sur lui comme un aigle sur sa proie.
Faites que la discussion puisse se passer sans encombre... Faites que Tullio puisse ressortir de là sans savoir ce qu'il inspirait à Isaia... Faites que ça se passe bien. Isaia n'était pas croyant, mais là, si n'importe qui pouvait entendre ses prières et les exaucer... Ça valait le coup de tester. |
| | | Tullio Fazzio Membre- pactisant
| Sujet: Re: Je crois que ça va pas être possible [PV] Jeu 21 Juin - 17:45 | |
| L’élève d’Isaia, en temps normal Tullio n’en aurait strictement rien eu à foutre. Sauf que là, il gênait. Clairement. Du coup il le haïssait, aurait eu envie de le brûler sur place pour régler la question. Parce qu'en entrant dans cette salle, de toute façon Tullio avait décidé de péter un cable et de remettre les choses à leurs places. Isaia n’avait pas le droit de lui faire ça, oh non. Pas sans le payer. Il était juste intolérable qu’il se permette ce genre de dérive. Aussi, Tullio en entrant avait eu la ferme intention de virer tout le monde, le Pape en personne, pour pouvoir discuter avec son frère. Après tout, ce qu’il avait à lui dire était vital. Enfin, du moins autrement plus important qu’apprendre à un demeuré à appuyer sur quelques touches pour tenter d’égaler un professeur qui ne se laisserait jamais faire. Ceci dit, Tullio comprenait. Entendre Isaia jouer avait toujours été un pur bonheur. Petit, il lui arrivait souvent de se rapprocher de lui en silence et de se cacher pour écouter ses doigts courir sur le clavier et ses yeux frôler la partition. C’était un spectacle fascinant et à la fois redoutable, car lui provoquant de terribles crises de jalousie. Et il aurait donné beaucoup pour en avoir encore le droit. Mais le douloureux souvenir de « rappelle toi tu n’es plus qu’un pestiféré pour ton frère » s’imposa à lui, brisant dans l’œuf tous ses rêves de grandeur et d’avenir. Oui, forcément quand on se faisait lentement jeter de la vie de quelqu’un, lui demander de jouer du piano pour lui était assez déplacé. Et pas vraiment adapté. Pourtant Tullio aurait adoré. Tout comme il aurait aimé pouvoir rejouer avec lui aux jeux vidéos, cuisiner pour lui, aller au restaurant, se faire un ciné ... Finalement, si pendant qu’Isaia avait dormi chez lui Tullio avait beaucoup pensé à son corps, depuis les semaines qui les avaient séparés ... Il avait changé de point de vue. Maintenant, c’était avant tout les balades avec lui, les occasions de se voir et de partager qui lui faisaient envie. Il se délectait de l’idée d’une petite virée quelque part avec lui, juste histoire d’être ensemble. Même si Tullio savait qu’il était un peu hypocrite en pensant ça. Qu’on lui offre Isaia sur un plateau d’argent, et il ne penserait plus qu’à son corps, sa bouche, tout le reste. C’était pitoyable, mais il ne pouvait s’empêcher d’y penser. Toutes les nuits depuis leur dernière soirée ensemble, le jeune homme rêvait d’Isaia. D’un monde où ils pourraient être ensembles sans se poser de question ... D’un lieu idéal qui pourrait les réunir. Et souvent, il s’était réveillé en pleurant pour envoyer un message à son frère en plein milieu de la nuit, lui demandant de le voir. Mais la seule réponse était le silence, toujours le silence. Tullio ne comprenait pas. Et s’en voulait, parce que c’était fortement de sa faute. Mais il voulait l’entendre. De vive voix, les yeux en face des yeux. - Je donne cours, là. J'ai pas le temps. Le cours se termine dans un quart d'heure, assieds-toi sur une chaise là et patiente. On parlera après.Isaia l’avait regardé très directement en disant ça. Tullio crut qu’il allait se jeter sur lui pour lui donner des claques. Patienter ? Patienter ? Mais il ne voyait pas qu’il était en train de bouillir intérieurement, ou quoi ? Il se foutait de sa gueule, là. C’était évident, presque risible. S’il avait pu patienter, il se serait sagement assis dehors en attendant la fin de son cours. Tullio lui jeta un regard noir. Empli de toute la colère qui bouillait en lui, qu’il venait de ranimer avec quelques mots qui lui semblaient naturels. Patienter. Il se foutait de lui ... - C’est ça, je patiente, grommela-t-il. Mais le jeune homme alla s’asseoir sagement. Parce qu’il se voyait mal faire un scandale, même si au final ça n’aurait dérangé qu’Isaia. Inutile d’en rajouter et de lui donner une raison supplémentaire de le détester, cependant. C’était vraiment suicidaire de vouloir prendre à témoin un gamin qui posait des yeux admirateurs sur son prof, quoiqu’un peu teintés de doutes à l’instant. Un peu trop admirateurs ces yeux, d’ailleurs. Un quart d’heure d’attente où Tullio avait le cul au bord de sa chaise, c’était long. Assez long pour beaucoup trop réfléchir. Il était totalement focalisé sur le regard que l’élève portait sur le maître, qui s’activait à les ignorer tous les deux puisque Tullio était dans son champ de vision s’il regardait le gamin. Ce dernier semblait boire ses paroles, et Tullio sentit quelque chose de peu familier monter en lui. La jalousie. Brute, violente. Ce môme était un mec alors il n’avait pas plus de droit que lui ! Il devrait cacher son regard ! Si ça avait été une fille, encore ... Mais là c’était injuste. Isaia était à lui, et à personne d’autre. Du moins, à aucun autre homme. Il voulait au moins être le premier à cette place dans son cœur, même s’il se doutait d’être en train de la perdre. Un quart d’heure. Suffisamment long pour réfléchir à tout ce qu’il voulait lui dire, et ce qu’il dirait sans même le souhaiter. Et pour le regarder. De dos, Tullio pouvait se le permettre. Détailler la courbe de sa nuque qu’il aimerait humer en y plongeant son visage, descendre le long de sa colonne vertébrale. S’attarder un peu sur ses omoplates qui saillaient et faisaient courir son haut sur sa peau dès qu’il bougeait ses bras. Cette peau qu’il n’avait pas pu effleurer ... Ni même admirer. Tullio aurait aimé se lever et venir le prendre dans ses bras par derrière. Et le serrer fort, tout lui dire. Se laisser aller à l’émotion qui le portait. Il le revoyait enfin. Depuis le temps ... Tullio sentait sa gorge se serrer de plus en plus, et finalement ne remarqua pas que les dernières minutes de cours passaient plus vite. L’étudiant d’Isaia finit par déguerpir, non sans un regard de regret, et ils furent seuls. Tullio se leva. - Bon. Je t'écoute. De quoi tu veux me parler ?Mauvaise idée. Tullio se rassit. La voix de son frère était glaciale, et venait de lui couper brutalement les jambes. Il avait envie de le gifler et de fondre en larmes, mais en bonne personne normale Tullio se retint. Il respira juste plus fort, baissant un instant les yeux. C’était dur d’encaisser ça, et de savoir que les choses ne feraient qu’empirer. De deviner quels seraient ces mots, et sa voix. Il était vrai qu’Isaia ne s’était jamais énervé contre Tullio, n’avait jamais été en colère face à lui. Tout simplement parce que, plus jeunes, il n’en valait pas la peine. Et que, plus vieux, il avait voulu reconquérir son amitié fraternelle. Et le jeune homme se disait qu’il aurait préféré ne jamais être dans cette situation. Il était bien trop à fleur de peau pour encaisser ça aussi facilement. Ça allait lui faire tellement mal ... Mais repenser à tout ça lui donna du courage. Le visage d’Isaia si proche du sien, sa douceur, ses mots réconfortants ... Il était venu pour récupérer tout ça, ou perdre tout d’un coup. Il ne voulait plus de cette situation ... Le jeune homme se leva à nouveau et fit un pas vers son frère. La voix un peu tremblante au début, les yeux tristes mais les sourcils froncés. - De quoi tu veux que je te parle ? Tu te fous de moi, Isaia ... commença-t-il, un peu au hasard. Il prit une profonde respiration et avança encore. - Je veux parler de ton je m’en foutisme ! Depuis quand tu m’ignores, qu’est-ce que j’ai fait bordel ? Il n’y a pas longtemps tu me suppliais de te voir et maintenant tu disparais sans laisser de traces ? Quoi, parce que tu as eu ce que tu voulais, me ridiculiser ? Me faire plier alors que je ne l’ai jamais fait devant toi ?Ses mains tremblaient, ne sachant plus si c’était de colère ou de tristesse. Ça sortait, là. La vérité criante de ce qu’il pensait. Parce que oui, en acceptant de se rapprocher d’Isaia, Tullio avait eu peur que ce ne soit que par intérêt. Qu’il l’utilise et le fasse courber l’échine. Parce que toutes ses années, Tullio avait été le seul à ne pas céder à son charme et son hypocrisie. Ironie du sort, il était maintenant amoureux de celui qui l’avait dégouté une bonne partie de sa vie. - Si c’était pour en arriver là, tu aurais pu t’abstenir de venir me voir. J’aurais été mieux sans ça ... Tullio rageait réellement. Il ne s’était jamais énervé comme ça depuis tout petit, avant qu’il ne décide de tout subir sans rien dire. Jamais une telle passion n’avait parcourue son corps, même si actuellement elle était négative. Et c’était une preuve à elle seule que Tullio était totalement sous la coupe de son frère. |
| | | Isaia Fazzio Membre- humain
| Sujet: Re: Je crois que ça va pas être possible [PV] Ven 22 Juin - 4:50 | |
| Bon. Ça n'allait pas être simple, hein ? Isaia le sut au moment où Tullio se rassit sur sa chaise, les yeux baissés, comme pour empêcher les larmes de déborder - et Isaia se sentit affreusement, horriblement coupable ; tout ça parce qu'il était un pervers, et qu'il ne pensait qu'à sa pomme ! A cause de lui, Tullio souffrait, et ça lui faisait un mal de chien.
Bien sûr, il y avait deux solutions : celle où il s'effaçait - ça ferait mal à Tullio au début (sans parler de celui que ça ferait à Isaia, mais bon, on pourrait dire qu'il ne l'aurait pas volé), mais au bout d'un moment, il finirait par s'y faire. Ou alors, Isaia restait là, à ses côtés. A ronger son frein en silence, s'écarter de lui chaque fois que leurs épidermes auraient pu se toucher et refuser catégoriquement de dormir avec lui. De cette façon, Tullio n'aurait pas été atteint. S'il avait pu, c'était la voie qu'il aurait choisi, mais Isaia doutait d'avoir assez de self-control pour se retenir de sauter sur Tullio s'il restait à proximité. Alors, oui, c'était égoïste... Mais il préférait prendre de la distance.
Sauf que voilà, Tullio n'avait pas l'air de l'entendre de cette façon. C'était compréhensible, en même temps... La fois dernière, il lui avait tout de même dit qu'il l'aimait. Alors qu'il n'y avait pas si longtemps que ça, il le haïssait de toutes ses forces. C'était quand même un bout de chemin qu'il avait parcouru, là... et Isaia gâchait tout, une fois de plus. C'était pathétique à en pleurer.
"De quoi tu veux que je te parle ? Tu te fous de moi, Isaia ..."
Bon... Peut-être qu'il aurait pu débuter la conversation un petit peu mieux, en effet. Pas en faisant comme si les torts étaient du côté de Tullio, parce qu'il n'y avait rien de plus faux. Isaia ne put s'empêcher de baisser le regard, écrasé de culpabilité. En plus, son frère le regardait, et c'était tellement dur de soutenir son regard... Il n'était pas assez innocent pour ça.
"Je veux parler de ton je m’en foutisme ! Depuis quand tu m’ignores, qu’est-ce que j’ai fait bordel ? Il n’y a pas longtemps tu me suppliais de te voir et maintenant tu disparais sans laisser de traces ? Quoi, parce que tu as eu ce que tu voulais, me ridiculiser ? Me faire plier alors que je ne l’ai jamais fait devant toi ?"
C'était quand même rageant de se dire qu'aux yeux de Tullio, il était en train de redevenir le connard qui faisait ça pour emmerder son frère, alors que c'était juste tout l'inverse, mais qu'il ne pouvait rien lui dire. Mais peut-être que c'était mieux comme ça ? Que Tullio reporte toute sa rage sur lui, toute sa haine... qu'il coupe les ponts définitivement, et qu'Isaia puisse se concentrer sur autre chose que ses lèvres et les tourments qu'elles lui apporteraient si elles rencontraient les siennes à lui.
Bon sang, s'il n'avait pas été aveugle, durant tout ce temps... Maintenant que la lumière s'était faite dans son cerveau, il se rendait compte que déjà, la première fois qu'il était allé le voir, dans son restaurant, il avait des pensées pas nettes. Il se souvenait que la jolie courbe de ses fesses avait accroché son regard - et que ses beaux cheveux qui encadraient ses joues avait fait sonner un carillon à l'intérieur de sa poitrine. Il n'y avait pas réellement prêté attention à cette époque... s'il avait su, pourtant, que ça dégénèrerait à vitesse grand V, il aurait fait quelque chose. Il aurait stoppé la chute. Avant que ça en arrive au point de non-retour...
Mais voilà, maintenant, il l'avait dépassé depuis longtemps, ce point de non-retour. Et Tullio se tenait devant lui, furieux, et... oh, qu'il aurait aimé éviter cette discussion...
Et puis, Tullio en colère. Il l'avait déjà vu glacial, haineux, mais jamais son frère n'avait réellement crié sur lui. La seule fois où Isaia l'avait vu péter un câble, c'était il y avait longtemps, quand ils étaient en fin d'adolescence, et que son frère lui avait sorti ses quatre vérités sur la rancœur qu'il nourrissait à son égard. Il s'en souvenait encore parfaitement bien... Mais ça avait été la seule fois. Les crasses qu'il lui faisait, plus jeunes, n'avaient jamais provoqué son ire - probablement qu'il gardait tout à l'intérieur de lui.
Tullio n'explosait pas sans une bonne raison. Il avait attendu une dizaine d'année avant de gueuler pour la première fois, après avoir tout accumulé... S'il se mettait à crier maintenant, c'était que la chose devait vraiment lui mettre les nerfs à vif - et ça montrait l'importance qu'Isaia avait pour lui. Il ne se serait pas fâché pour un type lambda...
"Si c’était pour en arriver là, tu aurais pu t’abstenir de venir me voir. J’aurais été mieux sans ça ..."
L'estomac d'Isaia se contracta dans sa poitrine. Oh, seigneur, il avait envie de faire un pas en avant et de le serrer contre lui, là, comme ça, et de lui dire que c'était tout l'inverse, qu'il ne voulait pas lui faire du mal, mais qu'il l'aimait, qu'il l'aimait beaucoup trop et pas de la bonne façon, et que ce n'était pas par méchanceté qu'il faisait ça, mais juste pour leur épargner beaucoup de douleur à l'avenir... Il aurait tellement voulu. Et de toute façon, les choses semblaient déjà perdues, alors pourquoi pas ?
Mais ses pieds restèrent soudés au sol. Tullio pouvait le haïr, mais Isaia ne voulait pas le dégoûter - ce qui arriverait immanquablement s'il lui révélait ses plus sombres pensées. Il ne voulait pas en arriver à cet extrême.
Alors, que faire ? Mentir. Enfin, essayer. Ca n'avait pas beaucoup de chances de passer, mais... Peut-être que Tullio y croirait.
- Crie pas comme ça... On va t'entendre dans tout l'étage. Ecoute, Tullio... Je suis désolé de ne pas avoir répondu à tes messages... J'ai été vraiment terriblement occupé, ces dernières semaines. Pas une seconde à moi.
En fait, c'était la vérité, quand on y réfléchissait. Ce que Tullio ne savait pas, c'était que c'était pour ne pas penser à lui qu'Isaia s'était lancé corps et âme dans le travail, et qu'il avait abattu plus de boulot en trois semaines qu'en trois mois de travail. Il avait été très occupé, certes ; mais ce n'était pas à cause de ça qu'il n'avait pas répondu aux messages. C'était plutôt à cause des messages qu'il avait été occupé.
Mais enfin, Tullio n'avait pas besoin de le savoir, si ? Enfin, de toute façon, il doutait que ça fasse très crédible, même si le ton de sa voix s'était considérablement adouci (ça ne servait à rien de faire semblant d'être en colère contre Tullio alors que c'était à lui-même qu'il en voulait).
Tout de même... Un peu d'honnêteté risquait de ne pas faire de mal - à condition de ne pas en dire trop. Par conséquent, Isaia reprit :
- Mais... En fait, je...
Il ne voulait pas lui dire qu'il était un pervers. Mais ça risquait de glisser avec les autres mots. Il fallait qu'il fasse très attention. Évitant le regard de son frère, il ajouta :
- Je... Peut-être qu'on ne devrait pas se voir si souvent. Je crois que... je suis... d'une mauvaise influence pour toi.
Ou alors que Tullio était d'une mauvaise influence pour lui... Enfin, l'un dans l'autre, il se retrouvait avec un joli problème sur les bras. Bon dieu, c'était tellement compliqué... Dans un autre monde, il l'aurait attiré contre lui, embrassé, et on n'en parlait plus... Dans un monde parfait. Et on était loin d'être dans un monde parfait.
- Je crois que je ne suis pas un type très fréquentable, ajouta-t-il, la gorge nouée, les yeux toujours rivés sur la moquette rouge sombre du sol. Je crois que je suis l'ange déchu et que tes ailes blanches se noirciraient à mon contact...
Peut-être qu'il en disait trop, là. Peut-être que Tullio allait se douter de ce qui n'allait pas. Mais, perdu pour perdu...
- Je crois que c'est mieux pour toi qu'on ne se voie plus, ajouta-t-il finalement, avec l'impression qu'une boule s'était logée dans sa gorge et qu'elle l'empêchait de respirer.
Il releva tout de même les yeux vers Tullio, histoire de profiter une dernière fois de la beauté de son frère, avant que tout ne soit définitivement fini... Bordel, quitte à tomber amoureux d'un mec, pourquoi il n'était pas tombé amoureux de son meilleur ami, plutôt ? Les choses auraient été tellement plus simples... Mais non. Son frère. Rien que ça.
Quel abruti ! |
| | | Tullio Fazzio Membre- pactisant
| Sujet: Re: Je crois que ça va pas être possible [PV] Ven 22 Juin - 7:35 | |
| Ça n’aurait vraiment pas dû le surprendre autant, en fait. Parce que Tullio savait qu’Isaia était comme ça. Il ne pouvait même pas lui en vouloir, son enfance avait façonné son caractère et il était comme ça sans même réellement le savoir. Froid, manipulateur, et se plaisant à jouer avec les sentiments des autres. Tullio se demandait même si son frère avait conscience que c’était mal de sa part ... Rien n’était moins sûr. Il pouvait tout à fait ne pas du tout se rendre compte qu’il blessait tant de gens autour de lui. Et s’il n’en avait pas connaissance, pouvait-on réellement lui jeter la pierre ? Le Tullio d’avant estimait que oui, mais actuellement il ne pouvait plus autant blâmer son frère. Ses parents l’avaient trop gâté et il était devenu comme cela naturellement, grandissant sans trop de limites, avec toujours des attentions et des considérations particulières. Les enfants deviennent ce qu’on fait d’eux, ils ne sont jamais vraiment responsables de leur caractère. Et Tullio le savait. Ce n’était pas sa faute, mais en même temps c’était tellement dur de reprendre conscience de ces traits de personnalité qu’Isaia avait sans doute enfouis profondément pour ne pas avoir à le faire fuir. En fait, ce n’est pas le véritable Isaia qu’il côtoyait depuis des mois mais un très bon acteur. Et depuis qu’il l’avait gêné, mis mal à l’aise, déçu ou dégouté avec ce baiser tendancieux, Isaia se révélait. Comme il avait toujours été sans que son frère ne veuille l’accepter. Et c’était d’autant plus triste pour Tullio de se dire que dans ce cas là il n’avait rien à reprocher à Isaia. C’était de sa faute, il n’aurait pas dû se laisser avoir. Il aurait pu résister aux sourires de son frère et ne pas se laisser aller à ses belles paroles. Parce qu’elles ne valaient rien, et que sa personnalité jaillissait à nouveau, reprenant ses droits. Comme une source capricieuse qui ne tolère pas qu’on l’enterre aussi facilement. Et pourtant, Isaia avait tellement de qualités à côtés ... Des qualités qu’il n’avait révélées que trop tard. Il s’était montré patient, persévérant, attentionné. Mais aussi très drôle, d’agréable compagnie, à l’écoute et disponible. Bref, il avait su s’ouvrir, ce que Tullio n’avait jamais vu durant toute leur enfance ou adolescence. Et ce beau tableau qu’il jouait à la perfection avait eu raison de lui. Tullio avait cru en la belle illusion qui lui soufflait que son frère avait changé, qu’il l’acceptait, qu’il désirait vraiment renouer avec lui. Une promesse en l’air qu’il avait faite pour se lancer un challenge supplémentaire. Tullio se détestait pour lui avoir donné raison, et pour lui avoir offert ce qu’il n’avait jamais réussi à avoir par un biais ou un autre. Lui-même, et sur un plateau avec fanfare. Parce que Tullio était prêt à tout lui donner s’il le lui avait demandé. Et Isaia avait pris, sans rien se soucier de lui laisser. C’est pour ça que le jeune homme se sentait aussi vide depuis toutes ces semaines où le silence était de mise entre eux ... - Crie pas comme ça... On va t'entendre dans tout l'étage. Ecoute, Tullio... Je suis désolé de ne pas avoir répondu à tes messages... J'ai été vraiment terriblement occupé, ces dernières semaines. Pas une seconde à moi.Le principal intéressé ricana. Oui oui, il ricana. Ses yeux avaient beau refléter toute sa peine, ses lèvres s’étirèrent et un petit rire ironique, grave et un peu rauque sortit de sa gorge. C’était le seul moyen de ne pas pleurer, dans l’immédiat. Parce que c’était gros comme une maison. - Pour quelqu’un qui ne devait pas me mentir, tu trouves une excuse vraiment bidon là ... Répondre à un message ça prend deux secondes. Mais tu t’en fous, t’avais bien mieux à faire que te soucier de moi.Il s’en moquait, qu’on l’entende. Il se foutait bien de qui pouvait assister à leur dispute. Le directeur en personne, même si ça devait poser des problèmes à son frère. Que tout le monde sache à quel point Isaia Fazzio était peu fiable, et combien il savait embobiner même les plus méfiants d’entre eux. Parce que méfiant, il l’avait été. Bien plus que de raison. Mais doucement, il s’était laissé aller à ses belles paroles, à ses efforts, à ses preuves de bonne foi. Il lui avait semblé si sincère ... Tullio se demandait encore comment il avait pu se faire avoir. Pourquoi il avait accepté ... Ne pas le faire aurait été plus simple, il ne serait pas dans cet état en ce moment. Oui, mais il n’aurait pas non plus connu la douceur emplissant son cœur quand il regardait Isaia. Douceur teintée de remords et de frustration, mais ce sentiment il ne l’avait jamais éprouvé de cette façon auparavant. Et c’était une découverte précieuse, même si elle se faisait dans de mauvaises conditions et qu’à présent il en souffrait plus que de raison. Comme quoi, il commençait à comprendre les ados à peine pubères qui criaient au suicide quand leur petit ami les quittait. Mais sérieusement, il avait abusé sur la justification, là. Ça le mettait d’autant plus en rogne qu’il n’osait pas le regarder en face. Il le fuyait jusque dans la confrontation que Tullio avait enfin osé provoquer. Il n’avait pas le droit ... Pas le droit de sortir l’excuse du travail, qui n’avait rien de valable ou de crédible alors qu’il avait toujours été très rapide pour lui répondre ... Se mordant les joues pour ne pas craquer, Tullio essayait de rester calme. Vraiment. - Mais... En fait, je... Je... Peut-être qu'on ne devrait pas se voir si souvent. Je crois que... je suis... d'une mauvaise influence pour toi.- Regarde-moi en face quand tu me parles, au moins !La réplique était partie toute seule, tant il était agacé par son attitude. Et puis il l’écoutait à peine, parce que Tullio avait l’impression qu’Isaia disait vraiment n’importe quoi, juste pour se dédouaner et ne pas lui expliquer vraiment ce qui clochait. Parce que Tullio ne voyait pas en quoi il avait la moindre influence sur lui ... Et puis dans le « si souvent », le jeune homme comprenait parfaitement le sous-entendu, du genre « plus jamais ». Il voulait juste s’éloigner en douceur, comme pour se donner le beau rôle et refiler celui de l’hystérique à Tullio. Ce dernier se croyait en pleine dispute de couple, ce qui était totalement ridicule au final ... Mais ça le mettait tellement en rogne de l’écouter dire des conneries pour le repousser doucement, comme un élément gênant dont on a un peu honte. - Je crois que je ne suis pas un type très fréquentable. Je crois que je suis l'ange déchu et que tes ailes blanches se noirciraient à mon contact...Tullio stoppa un instant la réponse qu’il allait vertement lui lancer au visage. C’était quoi cette histoire encore ? En quoi il pourrait bien le souiller comme il le disait ? Tullio ne comprenait pas. Et puis il n’était pas un ange, loin de là. Si seulement il savait ... Le jeune homme se sentait davantage comme le diable que comme un ange, avec ses pensées totalement impures qui lui fermaient à jamais l’accès au paradis. Il était amoureux de son frère, il fantasmait sur lui, avait envie de se retrouver seul dans un lit avec lui, de préférence dans une ambiance un peu plus sympa qu’actuellement. Et il était un ange ? Cela le fit sourire en coin, tandis qu’il fermait les poings comme s’il avait envie de frapper Isaia. Sa voix se fit toutefois légèrement moins hystérique, et un peu plus posée. Parce que, malgré tout, la situation était cocasse ... - Ah parce que l’ange, c’est moi, tu en es sûr ? T’en sais rien, tu prends même pas la peine de savoir ...Mais il saurait, bientôt, sans doute. Et tant pis si c’était la fin de tout. Au moins Isaia arrêterait de se fourvoyer sur lui, de le prendre pour le saint qu’il n’était pas. Parce qu’il se sentait horriblement mal de le sentir le placer sur un piédestal. Il ne le méritait pas ... Et ne voulait pas le mériter. Il préférait se placer à égalité avec son frère plutôt que d’être inatteignable pour lui. - Je crois que c'est mieux pour toi qu'on ne se voie plus, Cette phrase le cloua littéralement au sol. Qu’ils ne se voient plus ? Du tout ? Jamais ? Mais ... Mais mais ... Non ! Tullio chancela un peu et se rattrapa au mur qui passait par là. Il venait de se prendre une immense claque dans sa gueule, là. Bon, il s’y attendait mais normalement ça aurait dû venir APRES qu’il lui ait dit tout ce qu’il avait sur le cœur. Et ça serait mieux pour Isaia, pas pour Tullio. Alors là il ne comprenait plus rien, surtout qu’Isaia ne lui expliquait pas le moins du monde son attitude, à part lui dire qu’il était de mauvaise influence. Mais c’était quoi cette fixation qu’il faisait là-dessus ? Tullio ne voyait pas en quoi il pouvait déteindre en mal sur lui ... C’est de nouveau un peu plus énervé, quand il eut repris ses esprits, que Tullio répondit. - Et d’où tu décides de ce qui est bien pour moi ? C’est moi le grand frère je te rappelle. Et puis je ... Il respira profondément. Il entrait sur la partie glissante du discours ... - Je ne peux pas être bien si tu n’es pas là. Si tu t’en vas je vais être malheureux toute ma vie, ça t’irait ?Et c’était tellement vrai. Sans lui il serait malheureux comme les pierres. Tullio avança davantage et posa une main sur l’épaule de son frère, l’obligeant à reculer jusqu’au mur derrière lui. Il l’accula au mur et l’emprisonna de sa paume pour qu’il ne bouge pas. Il allait faire une connerie, il le savait. Une énorme connerie, dans très peu de temps. C’est la voix un peu tremblante qu’il annonça, le gardant encore éloigné de sa main : - T’as pas le droit de décider de ça tout seul ... Mais t'en as rien à foutr de moi maintenant, hein ?Son visage commençait pourtant doucement à se rapprocher. Dangereusement. Tullio faillit se laisser aller, mais il résista encore un peu. D’abord, il voulait voir comment Isaia allait réagir à tout cela ... Alors il vint poser son front sur sa propre main qui serrait encore l’épaule d’Isaia. Il pouvait ainsi respirer doucement son odeur, et en même temps tenter de se calmer et de ne pas laisser ses yeux se libérer de leur tristesse. |
| | | Isaia Fazzio Membre- humain
| Sujet: Re: Je crois que ça va pas être possible [PV] Ven 22 Juin - 12:14 | |
| Isaia n'aimait pas le rire de Tullio. Ou plutôt, si - d'habitude, il l'adorait, son rire, il lui faisait courir des frissons dans toute la colonne vertébrale. Mais pas ce rire. Pas cet ersatz de rire, où les lèvres s'étiraient mais où les yeux semblaient retenir leurs larmes. Bon dieu, il était vraiment un salaud, hein ? C'était évident que Tullio ne se laisserait pas prendre à son mensonge. Ça avait été stupide d'en rajouter, à part s'il voulait se faire détester encore un peu plus...
"Pour quelqu’un qui ne devait pas me mentir, tu trouves une excuse vraiment bidon là ... Répondre à un message ça prend deux secondes.
Oh, non, aurait voulu dire Isaia. Ca prend deux secondes de répondre à un message quand le message est destiné à un ami, à une copine, à sa mère, à n'importe qui d'autre. Mais à Tullio... non. Il prenait toujours des heures et des heures, relisant le moindre de ses textos pour voir s'il n'avait pas l'air trop bête, changeant les mots sans arrêt, se demandant s'il fallait mettre des smileys ou pas... Il passait un temps fou sur ces foutus messages, parce qu'il avait quelque chose à carrer de celui qui allait le recevoir...
Enfin, ce n'était probablement pas le cas de Tullio à lui... Il n'y avait qu'un type comme lui pour faire attention à des choses comme ça.
Mais tu t’en fous, t’avais bien mieux à faire que te soucier de moi.
Là encore, totalement faux. Pendant un instant, Isaia eut envie de lui dire qu'il n'avait pensé qu'à lui nuit et jour, et jour et nuit, et le matin en se levant, le midi en mangeant son déjeuner, l'après-midi en travaillant, le soir en rentrant chez lui, et même la nuit, dans ses rêves tous plus honteux les uns que les autres. Mais... est-ce qu'il ne valait pas mieux que Tullio le croie ? C'était toujours plus facile de s'éloigner de quelqu'un quand on avait de la rancœur envers lui...
Remarque, il suffisait de lui dire ce qu'il ressentait, et ça suffirait à attiser sa rancœur pour le reste de leur vie...
"Regarde-moi en face quand tu me parles, au moins !"
Haha. Comme si c'était facile ! Il aurait pu, s'il n'avait pas eu envie de se jeter sur lui à chaque fois qu'il croisait son regard. Et comme il était persuadé que Tullio n'avait pas envie de se faire violer dans une salle de piano... il préférait ne pas lever les yeux. C'était aussi simple que ça.
Et totalement indicible, bien sûr. Tant pis - Tullio serait fâché contre lui. Il l'était déjà, de toute façon.
"Ah parce que l’ange, c’est moi, tu en es sûr ? T’en sais rien, tu prends même pas la peine de savoir ..."
Peut-être qu'il n'était pas un ange, ok, mais il ne pouvait pas avoir les ailes aussi noires qu'Isaia. Si elles n'étaient pas blanches, elles étaient peut-être grises, mais Isaia avait l'impression que les siennes suintaient de néant, un néant qui menaçait de l'engloutir à chaque fois qu'il croisait le regard de son frère.
Et puis, ça se voyait sur son visage que c'était un ange, de toute façon. On disait souvent qu'il ne fallait pas se fier à l'apparence, mais Isaia était persuadé que Tullio ne cachait rien de grave derrière ces yeux limpides et ce visage d'habitude souriant. D'autant qu'il était censé lui dire la vérité à chaque mot, alors s'il y avait eu quelque chose en dessous de cette façade, il l'aurait détecté très vite...
Non, il n'y avait que lui pour être aussi pourri à l'intérieur, quoi qu'en dise Tullio.
Mais, même s'il était persuadé que c'était pour le mieux s'il ne se voyait plus, la réaction choquée de Tullio le choqua à son tour. Il ne pensait pas que son frère prendrait la nouvelle si mal - il ne pensait pas le voir dans un tel état. Oh, si seulement c'était possible de ne pas en passer par là... Mais Isaia savait que s'il continuait à fréquenter Tullio, les choses dégénèreraient à vitesse grand V... parce que c'était déjà le cas.
Mais Tullio... Il avait l'air tellement faible, là, comme si Isaia venait donner une énorme gifle...
"Et d’où tu décides de ce qui est bien pour moi ? C’est moi le grand frère je te rappelle. Et puis je... Je ne peux pas être bien si tu n’es pas là. Si tu t’en vas je vais être malheureux toute ma vie, ça t’irait ?"
Isaia eut un sourire amer, sans répondre. Ça, c'était ce qu'on disait sur le coup. Il savait que Tullio le pensait, parce que sinon, les mots n'auraient pas franchi ses lèvres : mais il savait aussi que c'était probablement un état passager. Toute sa vie, c'était vraiment long ; et il avait très bien réussi à vivre sans lui pendant toutes les années d'avant sans en faire un fromage. Il suffisait de revenir à cet état-là...
Même s'il devait admettre que la confession de Tullio sur le malheur qu'il éprouverait si Isaia s'en allait lui remuait les entrailles. Tullio, malheureux sans lui... Le problème, c'était qu'il serait malheureux avec ou sans lui - mais que sans, le malheur serait peut-être moins grand... Du moins, Isaia le pensait.
Peut-être qu'il fallait lui dire. Quand il apprendrait qu'il avait un frère qui ne rêvait que d'inceste, il serait suffisamment dégoûté pour ne plus être malheureux. Ouais... Peut-être que c'était ça, la bonne solution, au final... Et Tullio ne pourrait pas accepter de le laisser tomber sans avoir une bonne raison... Peut-être qu'il fallait la lui donner, cette bonne raison.
Mais juste au moment où Isaia allait ouvrir la bouche pour lui répondre, la main de Tullio se posa sur son épaule pour le pousser contre le mur, et les entrailles du blond se liquéfièrent. Tullio-qui-le-poussait-contre-le-mur-oh-god-god-god. Tullio en face de lui, c'était une chose. Tullio qui provoquait un contact physique entre eux, qui le poussait contre le mur, qui le regardait de cette façon, c'en était une autre.
"T’as pas le droit de décider de ça tout seul ... Mais t'en as rien à foutre de moi maintenant, hein ?"
Oh, bon sang... Non, décidément - il fallait lui montrer. Lui expliquer pourquoi les choses étaient si compliquées... Et d'ailleurs, il ne tarderait pas à glisser sur cette pente, si son frère continuait à rapprocher son visage du sien... Est-ce que... lui aussi... ?
Mais non. C'eut été trop beau.Tullio posa simplement son front sur la main qui tenait l'épaule d'Isaia, qui soupira - il y avait cru, un instant, mais c'était vraiment débile de croire à quelque chose comme ça. C'était complètement insensé. Le problème de Tullio, c'était qu'il ne se rendait pas compte quand il faisait quelque chose de tendancieux, mais que ça tuait Isaia à petit feu. Comme ce baiser au coin des lèvres, pendant la nuit. Soit, il avait mal visé. Toujours est-il que c'était comme de recevoir une hache émoussée sur le cou : ça faisait très mal, mais pas assez pour tuer proprement.
Isaia resta immobile alors que son frère se tenait contre lui, la tête posée sur sa main. Qu'était-il censé faire ? Les choses ne pouvaient plus continuer comme ça, il en était bien conscient. Alors... il ne restait pas beaucoup de solutions. Il fallait faire comprendre à Tullio... Ensuite, le brun prendrait la fuite, et Isaia aurait obtenu ce qu'il "souhaitait" : s'éloigner de lui. Par la méthode brutale, mais au moins, il était sûr qu'elle fonctionnerait.
Mais s'il lui disait... Peut-être que Tullio le répèterait aux parents ? Qui le renieraient ? S'il le disait à Tullio, l'autre aurait une multitude de façons de briser sa vie, et Isaia était certain qu'il ne se priverait pas de le faire.
Sauf que voilà, s'il ne disait rien, Tullio refuserait de lâcher l'affaire.
Alors, il passa sa main dans les cheveux de Tullio, tendrement - profitant de la douceur, et songeant avec amertume que c'était probablement la dernière fois. Ses cheveux si doux... Puis il retira sa main des cheveux, et attira le corps de son frère contre lui pour un dernier câlin, une dernière étreinte...
- Je ne peux pas décider pour toi, c'est vrai... Si tu veux vraiment continuer à me fréquenter, alors d'accord. De toute façon... tu t'éloigneras de toi-même quand tu découvriras...
...Que je suis un frère indigne qui ne pense qu'à coucher avec toi. Isaia laissa la phrase en suspens, parce que ça, c'était vraiment une phrase qu'il n'aurait jamais la force de dire. Mais comme un exemple valait mieux qu'un long discours, il caressa la joue de Tullio, doucement, et passa ses doigts sous son menton pour le lui faire relever. Tullio voulait croiser son regard ? Eh bien, voilà. Il devait certainement pouvoir y lire beaucoup de choses, vu le peu de distance qui les séparait. Et qui s'amenuisait de plus en plus.
Tullio en avait pris la direction une minute avant - mais il avait atterri ailleurs. Isaia avait failli le faire aussi quand ils avaient couch... non, dormi ensemble. Cette fois-ci, il n'avait pas l'intention de détourner sa trajectoire.
Le souffle de Tullio se mêlait au sien. Isaia n'avait jamais eu l'estomac aussi contracté que quand ses lèvres frôlèrent les siennes - il s'attendait d'un instant à l'autre à se faire rejeter avec une grimace de dégoût. Mais pour l'instant, il n'y avait pas de réaction du genre (Tullio était probablement trop choqué, et c'était bien compréhensible) alors il imprima ses lèvres avec un peu plus de force sur celles de Tullio, en essayant de mémoriser le plus de choses possible avant d'en être privé : la douceur, la chaleur, l'odeur de son frère, le fait qu'il avait l'impression d'avoir trouvé LES lèvres qui étaient faites pour lui.
Elles n'allaient pas rester longtemps soudées, pourtant. Mais il ne pouvait pas se résoudre à se reculer de lui-même, maintenant qu'il y était - au moins, qu'il profite jusqu'au moment où Tullio le rejetterait contre le mur avec un hurlement d'horreur. |
| | | Tullio Fazzio Membre- pactisant
| Sujet: Re: Je crois que ça va pas être possible [PV] Sam 23 Juin - 4:43 | |
| Être une femme. Tullio avait toujours trouvé que ce devait être affreux et horriblement compliqué. Pour lui, la gent féminine n’avait décidément pas grand-chose pour elle, à part la compagnie qu’elles offraient. Toutes les filles qu’il avait connues et les femmes qu’il connaissait étaient semblables. Rien ne ressemblait plus à une demoiselle qu’une autre représentante de son sexe. Et c’était fatiguant, vraiment, à force. Pourtant, Tullio aurait tout donné depuis quelques semaines pour en être une. Il aurait aimé avoir des cheveux un peu plus longs que les siens, un visage fin, une gorge plongeante et un décolleté avantageux. Pour mettre tous les atouts de son côté. Qu’on lui enlève son entrecuisse lui faisait un peu mal, mais pour être une femme il était prêt à tous les sacrifices. S’il en avait été une dès sa naissance, sans doute n’aurait-il jamais pris bien soin de lui. Tullio était du genre négligent, et pas vraiment adepte des artifices. Mais s’il avait été une femme qui n’avait au départ rien à voir avec Isaia, il aurait fait des efforts. Se serait maquillée tous les jours, aurait acheté des nouveaux vêtements, aurait surmonté sa timidité ... Bref, il aurait pu draguer ouvertement celui dont il était raide dingue. Il aurait eu ce pouvoir, ce droit d’être à son bras et de l’embrasser sans aucune restriction, juste pour le faire tomber. Isaia aimait les femmes, et Tullio savait qu’il aurait pu avoir son moment de gloire. Même si ce dernier ne durait que quelques jours ou semaines, ça aurait déjà été beaucoup. Parce qu’il aurait pu être avec lui sans problème, sans se poser de questions. Leurs corps auraient pu s’unir et ... Le jeune homme poussa un long soupir de déception. Il n’était manifestement pas dans le bon corps. Et même s’il avait été un homme mais pas son frère, ça aurait pu être un peu plus simple. Certes, il n’aurait pas eu vraiment de chances mais au moins il aurait pu essayer. Se comporter comme il en avait envie avec lui et tenter de le faire sombrer peu à peu. Ça ne le dérangeait pas de se battre toute sa vie pour faire venir Isaia à lui, alors qu’il n’y avait pas plus hétéro que lui ... Mais au moins, il aurait pu prendre les armes et tenter quelque chose. La guerre était loin d’être gagnée mais il pouvait au moins y prendre part. Alors que là, il se sentait dans la peau du jeune premier qu’on regarde avant de rigoler pour le laisser sur la touche de peur qu’il ne meure à la première salve de balles. C’était un peu le cas, remarque, du moins dans ce qui se passait dans la tête de Tullio. S’il y allait, il ne ressortirait pas indemne. Mais il était un homme, il était le frère d’Isaia, et partait donc avec une chance de remporter sa croisière à peu près aussi minuscule qu’un acarien face à un éléphant. Autant dire pas grand-chose. Mais, comme le soldat anonyme se décide à se sacrifier pour sa nation, Tullio était prêt à tout perdre pour le sentiment qui pulsait en lui. De toute façon, pour une raison obscure, il avait déjà perdu Isaia. Alors autant en profiter pour le lui dire. Pour soulager sa conscience, même si cela devait alourdir considérablement celle de son frère. Un instant d’ailleurs, Tullio reconsidéra la question. Il n’avait pas envie de blesser Isaia et de lui faire porter cette immonde vérité comme quoi son propre frère l’aimait. Ce devait être compliqué, pour vivre avec. Peut-être qu’il deviendrait méfiant envers tous, qu’il serait dégouté au point de ne plus réussir à avoir d’autres relations dans l’immédiat ... Et le côté sombre du sommelier se délectait de cette idée. C’était répugnant, mais en homme amoureux il préférait voir son frère célibataire le plus longtemps possible même si cela le rendait malheureux. Il ne voulait pas qu’il fréquente quelqu’un d’autre, tout en sachant pertinemment qu’il était abject à vouloir l’enchainer à lui avec autant de force. Il devait absolument se détacher d’Isaia et le laisser être heureux. Oui mais ... plus tard. Qu’on lui laisse un peu de temps pour souffrir avant de devoir faire pénitence et ne plus chercher à le revoir. Parce que Tullio savait très bien qu’il ne pourrait pas se passer de son image, du moins pas tout de suite. Alors les premiers mois, il se voyait déjà venir l’épier sur son lieu de travail, comme un paparazzi en manque de bonnes informations. Faire la planque devant chez lui, faire en sorte de ne jamais se faire remarquer. Voir son sourire, admirer sa silhouette, et puis le voir en bonne compagnie. Histoire que Tullio assimile une bonne fois pour toutes ce qui se passait. Isaia allait l’oublier. Isaia allait l’oublier. Cette idée paraissait totalement surréaliste vu comment son frère avait toujours eu une place importante dans sa vie, même quand ils ne se parlaient plus. Toutes ces années à partager des choses, et il allait le rayer de son existence comme une simple connaissance encombrante ? Encore quelque chose qui le poussait à ne rien dire à Isaia, finalement. Peut-être qu’il pouvait encore rattraper le coup, s’excuser, plaider la bière et l’obscurité. Insister, quitte à paraitre encore plus louche. Faire semblant, tout en disant la vérité, ce qui allait être compliqué ... Tout n’était peut-être pas encore perdu, Tullio voyait une minuscule porte de sortie. Il fallait qu’ils s’expliquent et tout irait mieux. Calmement, sans précipitation ... Tullio avait brusquement envie de faire trois pas en arrière, d’autant plus quand il vit le sourire voilé que son frère affichait. Cela voulait un peu trop dire « tu n’as plus aucune chance de m’avoir, Tullio » à son goût. Comme si Isaia était résigné, et que le sommelier était le seul à se battre pour une cause perdue d’avance. Il ne pourrait pas gagner si Isaia ne l’avait pas décidé, quelques soient les forces qu’il jetterait dans la bataille. Le jeune homme faillit abandonner, quand il sentit la main d’Isaia sur lui. Dans ses cheveux, comme cette fameuse nuit. Qui caressaient doucement son crâne, l’apaisant. Finalement il n’était pas si cruel, son frère, à vouloir lui faire passer la pilule en douceur. Au moins ne le détestait-il pas encore ... Tullio soupira de soulagement en se rendant compte que c’était une bonne chose, et que son frère voulait encore un peu être gentil avec lui. Ça allait l’aider à supporter les adieux ... Au moins un peu. Tullio n’osait plus bouger, profitant de la caresse qu’il aimait tant, ses cheveux aimant être peignés de la sorte par la main chaude et un peu hésitante d’Isaia. C’était agréable, et Tullio songeait qu’il aurait aimé rester comme ça pour toujours. Ce qui ne fut pas le cas, puisqu’Isaia arrêta, au grand désespoir de son grand frère ... qui se retrouva le corps plaqué contre celui du blond. Tullio rougit violemment dans le cou de son frère, ne s’y attendant pas vraiment. Loin de là même, puisqu’il pensait au contraire s’éloigner de plus en plus d’Isaia au fur et à mesure qu’il tenterait de se rapprocher. Mais il en profita, oh oui. Sa main se détacha de son épaule, et passa autour de son cou, suivie de sa jumelle. Il se serrait contre lui, profitant juste du contact qui lui avait tant manqué. C’était presque une drogue de le sentir là si proche ... Son cœur faisait des folies entre ses côtes et il ne sentait plus rien d’autre. Qu’Isaia, contre lui. C’était juste un rêve. Jamais il ne s’était tenu aussi proche de lui ... Et ça avait un goût de dernière fois. De fin de tout. - Je ne peux pas décider pour toi, c'est vrai... Si tu veux vraiment continuer à me fréquenter, alors d'accord. De toute façon... tu t'éloigneras de toi-même quand tu découvriras...- Je ... Non.Ce fut tout ce que Tullio réussit à articuler, pas vraiment clairement. Il ne savait pas de quoi Isaia parlait, mais il était dans ses bras. Il était d’accord pour continuer à le voir. C’était quoi ce retournement de situation totalement inattendu ? C’était quoi ce revirement qui sortait de nulle part ? Ce n’était pas logique. Tullio cherchait à comprendre et son esprit tournait à cent à l’heure. Est-ce que ... Lui aussi ... Il ? C’était incohérent, totalement fou comme idée. Isaia ne pouvait pas être attiré par lui, alors que c’est Tullio qui avait tout initié, qui avait déconné complètement. Il n’était pas normal qu’ils ressentent la même chose au même moment. Le pessimisme de Tullio tournait à toute allure pour trouver une explication logique. Il voulait essayer ? Il se moquait de lui ? C’était une expérience ? Quoi encore ... Le jeune homme, perdu, se laissa faire quand Isaia lui fit relever le visage. Il plongea ses yeux dans ceux de son frère, et son cœur s’accéléra encore un peu si c’était possible. Il ne voyait plus de distance, plus de gêne, plus de malaise entre eux. Il y voyait tellement de douceur et de bonnes intentions ... Tullio se dit que c’était sans doute le plus beau regard qu’il lui avait été donné de partager. Sa bouche s’entrouvrit de surprise devant toutes ces choses qu’il ne s’attendait pas à lire dans les prunelles claires de son frère. Et tout d’un coup, une possibilité encore jamais énoncée parut possible. Un instant, il se dit qu’il n’avait peut-être pas totalement tord en y croyant encore. Isaia le regardait comme il aurait regardé une femme, et Tullio se sentit tout à coup beaucoup plus proche de son but. Aussi, quand Isaia s’approcha de lui, Tullio ne fut pas surpris. Il venait de comprendre ce qui allait se passer, et son cœur s’apaisa brutalement. Comme pour le laisser profiter de l’instant, et accepter enfin ce qu’il se passait, qui était pourtant improbable et juste présent dans ses rêves les plus fous ... Tullio garda les yeux ouverts pour admirer ce visage qu’il aimait tant s’approcher. Il ne voulait louper aucun détail, pour s’en souvenir longtemps encore. Il voulait savoir ce que ça faisait ... C’était tellement lent, et à la fois incroyablement rapide pour celui qui aurait aimé que le temps s’arrête. Ils respiraient l’un contre l’autre, leurs fronts se touchant presque. Tullio se pressa davantage contre son frère, et laissa les choses se faire naturellement. Tout à coup incroyablement heureux, même si une part de lui continuait de crier que ce n’était pas possible et qu’Isaia devait se moquer de lui. Leurs lèvres se touchèrent une première fois, avant de s’écarter un peu pour revenir l’une contre l’autre. Tullio crut mourir quand son frère s’appuya conte lui, et souda leurs bouches. C’était juste ... comme il l’avait rêvé, imaginé. Tullio ne se fit pas prier et, après avoir savouré un instant le contact, il répondit. Sa bouche tentait de se fondre dans celle de son frère, et ses lèvres venaient doucement s’entrouvrir pour sentir sa chaleur, sa proximité. Il en voulait plus, tout de suite. Mais se retint pour savourer la progression. Puis, doucement, il laissa sa bouche s’ouvrir pour venir timidement mais sûrement toucher la langue d’Isaia. Ce baiser sortait de nulle part et n’avait rien de normal, pourtant il changeait tout. Parce qu’Isaia accepterait peut être ses sentiments pervers ... Tullio resserra l’étreinte qui les soudait et glissa une main sur la nuque d’Isaia pour la caresser tendrement, tandis qu’il fermait enfin les yeux pour juste ressentir. Il embrassait son frère. Il était dérangé mentalement. Mais apparemment, peut-être, que le principal intéressé partageait ceci avec lui. Tullio se libérait enfin de la frustration de l’autre nuit. Il le sentait enfin ... |
| | | Isaia Fazzio Membre- humain
| Sujet: Re: Je crois que ça va pas être possible [PV] Sam 23 Juin - 8:32 | |
| Sans être véritablement une pute, Isaia avait quand même couché avec un cortège non négligeable de filles. Ça dépassait au moins la trentaine. Il fallait dire que quand on était beau garçon et qu'on savait en jouer, même les plus obtuses ne mettaient jamais longtemps à se laisser prendre au piège... et Isaia savait parfaitement comment les prendre. De tous points de vue.
Il en avait vu des belles, des moches (bon, pas trop moches quand même), des grandes, des petites, des minces et des rondes... des gentilles et des chiantes. Il était passé par tout ce qui pouvait se faire en matière de filles, depuis l'âge de 14 ans, et il était devenu un véritable expert en la matière.
En garçon, par contre, il n'y connaissait rien. Il avait longtemps eu le temps de mûrir cette réflexion pendant les quelques semaines qu'il avait passées loin de Tullio : jamais, auparavant, l'idée de sortir avec un mec ne l'avait ne serait-ce qu'effleuré. Il avait déjà eu des amis gays, bien sûr, il avait déjà embrassé des potes sur la bouche quelques soirs de beuverie, mais l'idée de retourner sa veste pour de bon, lui, l'homme à femmes, c'était quelque chose qui, jusque là, lui était plutôt inconcevable.
Étrangement, cependant, lorsqu'il avait commencé à réaliser que son attirance pour Tullio n'était pas le fruit d'une soirée un peu trop arrosée, qu'elle restait là même quand il n'avait plus Tullio sous les yeux, et qu'il s'était interrogé sur sa propre orientation sexuelle... il n'y avait pas vu matière à un très long débat. Isaia avait beaucoup de défauts, c'était incontestable, mais il avait une qualité en or : il était tolérant. Sa propre aurait pu lui avouer que finalement, elle était lesbienne, il l'aurait soutenue de tout son coeur. Isaia était un type très ouvert, qui pouvait accepter beaucoup de choses - et l'homosexualité, eh bien, il ne voyait pas en quoi c'était très différent de l'hétérosexualité.
Bien sûr, la façon de le faire changeait. (Et encore, tout dépendait de qui était dominé ou dominant.) Mais à tout prendre, si on s'assumait, le regard qu'on portait sur soi n'était pas différent. Et Isaia, intrigué, avait regardé d'autres hommes dans la rue, et il s'était rendu compte qu'il était peut-être juste un bi qui s'ignorait. Et quand, un matin, il avait ouvert son dressing et qu'il s'était rendu compte du soin méticuleux qu'il portait à son apparence, il s'était dit qu'il aurait peut-être dû s'en rendre compte plus tôt.
Soit, il était bi. Et la révélation, bien qu'elle l'ait quelque peu surpris, ne l'avait pas chamboulé au point de l'empêcher de dormir (ça, son frère s'en chargeait). Ce qui changeait, en revanche, quand on passait d'un hétéro convaincu à un bi probable, c'était le regard que les gens portaient sur vous. La bonne société. Et Isaia y avait réfléchi : s'il était parvenu à trouver sa place, dans cette société, à y être bien, à être respecté par ses pairs, ses supérieurs et ses subalternes, est-ce que révéler au grand public son orientation sexuelle y changerait quelque chose ? Isaia connaissait quelques professeurs gays au conservatoire, qui s'assumaient totalement, mais les racontars allaient fort, en salle des profs, quand ils n'étaient pas là... Est-ce qu'Isaia aurait supporté d'être jeté en pâture à cette bande de loups hypocrites ?
Si encore c'était le seul problème. Mais l'homosexualité, ça restait quelque chose de tout à fait acceptable, quand on la comparait avec le second obstacle qui se dressait sur la route qui menait à Tullio : l'inceste. (Qu'ils ne partagaient pas le même sang ne faisait pas moins de Tullio le type avec qui il avait été élevé, son frère.) Et tout tolérant que soit Isaia, même lui avait du mal à l'accepter, alors les autres, qu'allaient-ils en penser ? Si jamais quelque chose avait une chance de se concrétiser avec Tullio, ils le sauraient. Tout se savait toujours. Et Isaia n'était pas certain de parvenir à faire face...
Enfin - il digressait. Isaia, dans son passif d'hétéro convaincu, avait donc goûté à de nombreuses lèvres ; mais jamais aucune d'entre elles ne lui avaient fait l'effet que celles de Tullio lui faisaient à l'instant précis.
Il n'y avait pas que ça. Isaia s'attendait à se faire repousser d'une seconde à l'autre, mais ce qu'il redoutait n'eut jamais lieu. Au contraire, même. Les mains de Tullio se glissèrent dans son cou, le faisant frissonner de tous ses membres, et il sentait ses lèvres - ses lèvres si douces, si chaudes - s'ouvrir d'elles-mêmes pour lui livrer le passage jusqu'à sa langue - celle dont il rêvait la nuit.
Et quand elles se touchèrent, Isaia grilla ses derniers neurones. Le dernier message qu'ils eurent le temps de lui envoyer, c'était que Tullio ne l'enverrait pas sur les roses - parce que sinon, il l'aurait déjà fait. Peut-être le laissait simplement faire, ou peut-être qu'il voulait participer également (Isaia, par précaution, préférait croire à la première solution, pour ne pas tomber de trop haut) - mais il ne le repoussait pas, et c'était suffisant pour qu'Isaia perde les pédales.
Il avait tellement envie de lui, bon dieu. Tellement envie de lui. Il aurait capable de le coucher sur la moquette de cette salle de piano et de lui faire l'amour sur le champ. Il avait tellement envie de lui que son ventre et ses entrailles le brûlaient comme de l'acide, et la douceur du baiser qu'ils étaient en train d'échanger ne comblait pas du tout sa frustration.
Alors, quitte à faire peur à Tullio, il décida qu'il en voulait plus. Il saisit son frère par la taille, et le retourna pour le plaquer contre le mur, et l'embrasser passionnément - langue contre langue, corps contre corps, avec Popol qui s'agitait en bas. Pour que Tullio soit bien conscient de tout ce qui se passait dans sa tête.
Peut-être qu'il n'avait pas vraiment compris - peut-être qu'il prenait ça pour une simple marque d'affection (même si c'était assez bizarre). Ou peut-être qu'il ressentait la même chose... et Isaia aurait eu moins de mal à le croire en sentant sa langue contre la sienne et ses bras autour de son cou, mais quelque part, il ne voulait pas y croire totalement, pour se protéger ne serait-ce qu'un peu.
Mais si Tullio était consentant... Si jamais Tullio l'aimait...
Ses doigts glissaient contre ses hanches, sous sa chemise, sur sa peau, et bon dieu - il ne fallait pas qu'il le déshabille, là. La porte n'était même fermée à clé. N'importe qui aurait pu entrer et le voir embrasser son frère.
Ce fut cette pensée qui lui ramena un brin de raison dans le cerveau. Il calma le jeu, doucement, refusant de se séparer des lèvres de Tullio sans préparation, puis lorsqu'il y eut à nouveau de l'air entre leurs bouches, il trouva la sensation détestable. Ses lèvres étaient faites pour être collées à celles de Tullio, il avait l'intime conviction.
Essoufflé, il posa son front contre celui de son frère, en résistant à l'envie de s'emparer à nouveau de ses lèvres, et murmura avec une certaine amertume (toutefois tempérée par le baiser qu'ils venaient d'échanger, il fallait bien le dire) :
- Le voilà, ton petit frère. Un type qui se dit qu'il n'aurait pas de scrupule à t'arracher tes fringues et à te jeter sur le sol pour te faire l'amour si la porte de la salle était fermée à clé. Tu comprends, maintenant ? Pourquoi je ne voulais plus te voir ?
Déjà... Rien que le fait qu'il ait pu l'embrasser sans se faire rejeter... ça suffisait pour lui mettre le cœur en fête. Mais ce n'était pas tout... Et le moment était venu d'avoir de sérieuses explications avec son frère - peut-être que l'autre lui cachait des trucs, finalement...
Oh, comme il aurait aimé, qu'il lui cache des trucs... La chance était de combien ? Une sur cent millions ? Qu'importe. Il était chanceux, généralement. Il allait tenter le diable. Si seulement Tullio... s'il y avait une petite chance....
- Je pense qu'on a un sérieux problème sur les bras, Tullio, murmura-t-il, avant de poser à nouveau ses lèvres sur les siennes, tendrement, furtivement. |
| | | Tullio Fazzio Membre- pactisant
| Sujet: Re: Je crois que ça va pas être possible [PV] Sam 23 Juin - 14:26 | |
| Tout était chamboulé dans l’esprit de Tullio. Le haut devenait le bas, le blanc le noir ... Seul Isaia restait Isaia, celui qu’il aimait tant et qu’il couvait du regard. Et, alors qu’il savourait doucement ses lèvres, son frère le retourna en échangeant leurs places. Tullio se laissa faire, un peu surpris mais agréablement. Il ouvrit largement la bouche pour lui répondre et jouer avec sa langue. Découvrant un territoire inconnu qu’il appréciait déjà. Il cherchait comment être au plus près de lui, n’ayant de cesse de se fondre en lui. Son étreinte se resserra encore, et il sentit Isaia violemment pressé contre lui. Tullio glissa une de ses jambes entre les cuisses de son frère et rougit en sentant son excitation. Ce qui réveilla instantanément la sienne. Il se tendait instantanément, rien qu’en découvrant à quel point Isaia pouvait être dans le même état que lui. Il se sentait grisé comme il ne l’avait jamais été, et rien que le sang qui battait fort dans ses veines lui faisait avoir le souffle court. Tullio n’était pas habitué du tout à la passion. Il ne connaissait pas cet état qui vous rend fébrile qui vous agite le corps de part en part. Toutes ses relations physiques démarraient doucement, et c’était plus « parce que c’était logique » ou « parce qu’il fallait le faire » que Tullio s’allongeait dans un lit en compagnie d’une autre personne. Jamais il n’avait eu envie de quelqu’un, sans que son cerveau ne l’y oblige. Alors depuis les semaines où il mourrait d’envie de toucher Isaia, le faire enfin le transportait loin, loin de la réalité. Et il se fichait bien de l’endroit où ils étaient. Il avait juste envie de concrétiser ses fantasmes et de les assouvir, ici et maintenant. Pour prouver à Isaia qu’il n’était pas le seul à ressentir cette envie ... Parce que lui le prouvait bien. Il sentait les mains chaudes et agiles du pianiste se faufiler sur ses vêtements, puis sous sa chemise. Tullio ne put s’empêcher de pousser un petit gémissement d’envie, tout en se cramponnant au cou d’Isaia. Il le sentait enfin le toucher ... Ses mains descendirent instinctivement le long de son dos, puis sur ses fesses qu’il plaqua contre son bassin pour mieux le sentir. Si le sommelier n’avait que peu d’expérience, et encore moins en matière d’hommes, il tentait de faire ce dont il avait envie lui pour plaire à Isaia. Il les caressa un peu à travers son pantalon, cherchant toujours ses lèvres dès qu’ils faisaient une pause dans le baiser. Il avait envie de se plonger dans un autre espace-temps pour n’être qu’à deux ... Mais il en était autrement, et Isaia arrêta peu à peu ses caresses, tandis que Tullio grognait de frustration, refusant de remonter ses mains, refusant d’arrêter. Il alla même à la poursuite de ses lèvres quelques secondes encore quand il s’écarta. Avant de soupirer, les joues rouges, essayant de rester sage alors qu’Isaia était encore si proche ... Il le regardait fixement tout en l’écoutant d’une oreille, trop concentré sur sa bouche. Toutefois, ce qu’il dit eut le mérite de finir dans une oreille qui était suffisamment attentive pour entendre ce qu’elle avait envie ... - Le voilà, ton petit frère. Un type qui se dit qu'il n'aurait pas de scrupule à t'arracher tes fringues et à te jeter sur le sol pour te faire l'amour si la porte de la salle était fermée à clé. Tu comprends, maintenant ? Pourquoi je ne voulais plus te voir ?Tullio rougit encore, mais hocha la tête. C’était logique mais en même temps, il n’acceptait pas du tout cet état de fait. C’est en relevant un peu la tête et en murmurant à son oreille qu’il répondit, un peu gêné par les mots qui sortaient tous seuls de sa bouche : - Non je ne comprends pas. Parce que moi j’ai envie d’aller fermer la porte à clé pour qu’on soit tranquilles et que tu me fasses ce dont tu as envie. Alors ne me traite plus jamais d’ange ... C’est d’une voix basse qu’il lui avait soufflé sa réponse, mal à l’aise mais conscient que ce n’était que la plus stricte vérité. Il en avait envie, terriblement, même s’il avait conscience que les choses allaient un peu vite en besogne. Il fallait qu’il se calme, qu’il se calme ... Et la suite y parvint, le faisant remonter ses mains sur ses épaules et faire une petite moue ennuyées. - Je pense qu'on a un sérieux problème sur les bras, Tullio En fait, Tullio n’avait juste jamais imaginé cette situation possible. Il s’était toujours dit que, du moment où il toucherait son frère ou lui avouerait ses sentiments, il se ferait jeter comme une grosse merde. Violemment, avec un coup de poing en prime. Depuis des semaines il ne pensait qu’à ça. Se faire rejeter totalement et entièrement si jamais il laissait transparaitre quelque chose. C’était trop énorme pour qu’il en soit autrement, de toute façon ... Qui aurait pu imaginer ne serait-ce qu’une seconde qu’il était réellement possible d’aimer un membre de sa famille ainsi ? En dehors des histoires sordides souvent présentes dans les séries policières, ce genre de choses n’existaient pas. Pas sérieusement. Pas sans que cela soit dégoûtant. Et d’ailleurs, Tullio n’avait jamais cru cela possible non plus. Parce que c’est immoral, en dehors des bonnes mœurs et que l’inceste était un gros mot qu’il valait mieux bannir de son vocabulaire. Mais maintenant qu’il y était, le jeune homme revoyait un peu ses préjugés et ses représentations, étrangement. Parce qu’il était pleinement concerné par cette histoire, et que ça le plongeait directement dans un débat entre sa conscience et son cœur. Ce dernier avait souvent le dessus, Tullio étant plutôt quelqu’un qui marchait aux sentiments mêmes si ceux-ci étaient souvent d’accord avec sa raison. Et là, l’émotion l’emportait largement. Il en débordait, se sentait bouillir d’un torrent de choses bien trop fortes pour être contenues par de la logique. L’amour, ça ne se commandait pas ... N’avoir donc jamais évoqué la réelle possibilité de ce qu’il était en train d’arriver avait tout de même une conséquence importante : n’avoir jamais pensé à la suite. Aux répercussions. A tout ce qui les attendait s’ils décidaient de s’aventurer dans cette voix, et Tullio comptait bien s’y engouffrer avec Isaia si celui-ci le désirait réellement. Sérieusement. Même si, le jeune homme se faisait une raison, il y avait tout de même de grandes chances pour qu’Isaia finisse par changer d’avis et se lasser. Tullio étant quelqu’un de constant, il ne pensait pas que la violence de ses sentiments allait s’atténuer. Mais son frère était inconstant, lunatique presque et assez diversifié dans ses relations. Il ne doutait pas de l’envie qu’il avait actuellement de faire ce qu’il faisait mais ... dans un certain temps ? Dans quelques mois ou années ? Ce n’était pas un manque de confiance de la part de Tullio, juste une réalité qui risquait d’arriver. Même si, pour l’instant, il ne voulait pas penser au jour où son frère se lasserait de lui. Il préférait savourer l’instant présent, idyllique et totalement inattendu. Et puis il y avait tout le reste. Ils seraient obligés de s’aimer dans l’ombre. Parce que le regard des autres pouvait faire très mal, même si Tullio s’en fichait. Se tenir la main dans la rue pouvait être compliqué, Isaia n’aimerait sans doute pas s’afficher ainsi, même si peu de gens savaient qu’ils étaient frères ... Ils avaient le même nom de famille ... Et ça, ça pouvait être dur. Tullio ne voulait pas qu’Isaia souffre de ça à cause de lui. Aller au restaurant serait du même acabit, s’ils se rapprochaient un peu on les dévisagerait forcément. Même les gens tolérants pouvaient s’étonner de voir un couple gay s’afficher comme la normalité qu’ils étaient ... Et ça pouvait être pesant. De même, comment se présenter à des amis ? Ils ne pouvaient pas se couper du monde, et cela deviendrait rapidement compliqué quand ils voudraient fréquenter des gens, qui s’éloigneraient au fur et à mesure. Sans parler de leurs parents qui, même s’ils ne disaient rien, risquaient de trouver assez louche une colocation à long terme et un célibat prolongé dans le temps ... Pour toutes ces raisons, Tullio trouvait qu’Isaia avait de multiples raisons de le quitter un jour ou l’autre. Mais encore une fois, c’était compliqué d’y penser maintenant. Pourtant, la remarque de son frère avait soulevé tout ceci, violemment. Une demi-seconde après un bonheur intense, voilà qu’Isaia venait de soulever bien des soucis. Tullio ne lâchait pas le cou de son interlocuteur et il répondit à son baiser tout doux, recommençant. Picorant ses lèvres, parce qu’il ne pouvait pas s’en passer, parce qu’il était heureux d’enfin avoir pu les toucher. Et puis il souriait à nouveau. Malgré toutes les idées négatives qui affluaient dans sa tête, c’est comme si un néon lumineux écrit en grosses lettres clamait le mot BONHEUR dans son esprit. Rien ne pouvait lui enlever ce sentiment d’avoir le cœur gonflé, d’être enfin entier ... Il souriait à Isaia en se disant que cet homme était celui qu’il aimait. - Oui ... Un gros problème. Je suis amoureux de mon frère. Je suis détestable. Sa voix était douce, et la dispute oubliée. Il était apaisé malgré tout ce qui allait les contrarier, les embêter, leur pourrir la vie parfois. Il voulait juste profiter... C’est en se calmant doucement le corps que Tullio caressait toujours la nuque d’Isaia, jouant avec certains de ses cheveux. Il avait envie que ce soit la fin du monde. Mais ça ne l’était pas ... Alors il redescendit une main pour prendre celle d’Isaia et demander doucement : - Tu veux qu’on en parle ? Lui avait tant à lui dire, mais rien en même temps. Parce que maintenant, il avait le temps ... |
| | | Isaia Fazzio Membre- humain
| Sujet: Re: Je crois que ça va pas être possible [PV] Mer 27 Juin - 9:44 | |
| Isaia avait toujours été un manipulateur né. Embobiner les autres, les faire marcher à la baguette, tout ça, c'était son rayon. Et pour ce faire, il avait quelques petits trucs à retenir.
Déjà, avoir une gueule charmante : évidemment, on ne pouvait pas décider d'en avoir une ou pas, mais Isaia avait de la chance, il avait un bon karma, et une belle gueule garantie élevée au grain. Ensuite, il fallait avoir le sens de l'hypocrisie, et Isaia n'en manquait pas non plus, oh non. Et troisièmement, et le plus important, peut-être, il fallait savoir dresser un profil psychologique de la personne qui se tenait en face de vous : ça, c'était la clé d'une manipulation réussie.
Déjà petit, Isaia n'était pas trop mauvais à ce petit jeu là. En grandissant, et en comprenant que ça lui serait sans doute primordial pour la suite, il en avait fait un art. C'était bien rare, quand il parlait avec l'un, qu'il ne saisisse pas assez rapidement la fonction dont la personne fonctionne. Bien sûr, plus l'individu était stupide, et plus c'était facile. La difficulté augmentait en fonction de la complexité. Mais à tout prendre, Isaia n'avait jamais rencontré personne qui lui ait donné du fil à retordre de ce point de vue.
Il n'avait donc jamais vraiment expérimenté le fait de se planter de bout en bout dans le profil psychologique de quelqu'un ; mais là, sentir Tullio glisser les mains sur ses fesses et les peloter avec ardeur, alors que, pendant des semaines, il avait été persuadé que son frère lui mettrait une baffe avant de s'enfuir en courant s'il venait à savoir, eh bien... C'était un peu déroutant.
D'autant plus que c'était loin de le laisser de marbre. Tullio-lui-pelotait-les-fesses. Bordel, il était dans un rêve, là, c'était impossible autrement ! Comment imaginer que Tullio, son faux grand frère, avec qui il avait joué bien tranquillement aux jeux-vidéos sur un canapé, était présentement en train de lui malaxer le postérieur ? Et avec enthousiasme, en plus ! Isaia n'en revenait pas. Ça lui donnait envie de serrer son frère contre lui à l'en étouffer et ne jamais le laisser partir...
Sauf que, voilà, ils étaient dans une salle de piano, et si un collègue ou un élève entrait à ce moment, c'était la fin de tout. Aussi, toutes agréables que soient les mains du brun sur son arrière-train, et ses lèvres contre les siennes, il fallut s'en reculer. C'était bien logique.
Enfin, pour lui, en tout cas... Peut-être pas pour Tullio.
"Non je ne comprends pas. Parce que moi j’ai envie d’aller fermer la porte à clé pour qu’on soit tranquilles et que tu me fasses ce dont tu as envie. Alors ne me traite plus jamais d’ange ..."
Isaia déglutit. Dans ce moments-là, ça ne lui donnait envie que d'une chose : mettre sur le champ à exécution la proposition de son frère. Il avait l'air d'accord, en plus - dingue ! Dommage qu'il y ait, dans un coin du cerveau d'Isaia, un endroit qui s'appelait "conscience professionnelle" et qui hurlait que ce ne serait pas très bien de laisser des traces de sperme dans une salle où des enfants à partir de cinq ans prenaient des cours. Et Isaia dut se rendre à l'évidence : la voix avait raison.
Alors il regarda Tullio, et caressa doucement son visage, émerveillé, incapable de croire que les pensées qui tournaient dans ce cerveau allaient vers lui. Tullio pouvait bien dire ce qu'il voulait, mais Isaia trouvait quand même que c'était un ange. Juste un ange un peu moins innocent qu'il ne l'avait cru, simplement. Ce n'était pas la chasteté qui faisait l'ange. (Bon... théoriquement si... mais zut.)
Il embrassa une nouvelle fois les lèvres de Tullio, doucement - oh gosh, est-ce qu'il pourrait s'en passer un jour ? - et répondit :
- Moi aussi, j'en ai envie... Si tu savais. Mais, si tu ne... puisque tu ne me rejettes pas, corrigea Isaia, toujours incapable d'y croire, on aura des milliards d'occasions pour mettre la chose en pratique... et avec plus de confort et moins de risques.
A vrai dire, il n'en revenait pas lui-même d'être aussi raisonnable... mais bon, quand il y avait son boulot et son salaire à la clé, ça jouait peut-être.
Quoi qu'il en soit, Tullio l'étonnait. Il ne cessait plus de l'étonner depuis qu'il s'était rendu compte qu'il ne le rejetait pas pendant le baiser... Et chacune des paroles qu'il disait repoussait encore plus loin les limites de l'étonnement d'Isaia.
"Oui ... Un gros problème. Je suis amoureux de mon frère. Je suis détestable."
Isaia crut un instant que son coeur s'était arrêté de battre. Wowowow, bordel, qu'est-ce qu'il venait de dire, là ?? Amoureux ??? Il venait vraiment de dire amoureux ?? Oh bordel, il pouvait dire ce genre de chose si facilement... Et le plus incroyable, c'était que, venant de sa bouche, c'était forcément vrai.
Même Isaia n'était pas allé aussi loin dans son introspection. Ok, il avait admis qu'il était attiré par son frère, et même carrément (fallait dire que c'était plutôt dur à louper). Mais la pensée "je suis amoureux de lui" avait toujours été récalcitrante à pénétrer son cerveau. Probablement typique, pour un garçon comme lui qui traînait un cortège de cœurs brisés derrière lui.
Alors le fait que Tullio puisse le dire si facilement... Le fait, surtout, que Tullio puisse avoir des sentiments envers lui non seulement égaux aux siens, mais peut-être même supérieurs, c'était... c'était... incroyable.
Bordel, Tullio venait de dire qu'il était amoureux de lui. Et Isaia avait un milliard de questions qui lui passaient par la tête. Depuis quand ? Comment ça se fait ? Qu'est-ce qui l'attirait chez lui ? Pourquoi ? Et la nuit où ils avaient dormi ensemble, est-ce que...? Le baiser au coin des lèvres, c'était fait exprès ? Il y avait tellement de choses qu'il voulait savoir...
N'empêche... C'était dangereux de la part de Tullio de dire ça - de le dire aussi crûment. Évidemment, Isaia ne pouvait pas nier qu'il avait rarement ressenti des sentiments de cette intensité envers quelqu'un, mais il était toujours ce type qui prenait la fuite dès que ça devenait un peu trop sérieux. En l'occurrence, dès que le mot "je t'aime" était impliqué dans la discussion. Et là, Tullio ne lui disait pas qu'il l'aimait : il lui disait carrément qu'il était amoureux de lui.. Dix fois plus flippant.
Mais Isaia n'avait pas encore envie de fuir. C'était bien la première fois, d'ailleurs... Autant profiter de cet état de grâce. Et Tullio qui lui caressait la peau doucement, les cheveux, ça faisait partie de l'état de grâce. Il ne voulait pas que ça s'arrête.
"Tu veux qu’on en parle ?"
- Je crois que ça s'impose, répondit Isaia calmement. Il faudrait qu'on se voie ce soir... Chez moi ou chez toi, comme tu veux. Et on en parlera... Je crois qu'un a un tas de choses à se dire. Tu veux bien ? Ici, c'est pas trop le contexte idéal...
Et pourtant, il ne pouvait se résoudre à empêcher ses lèvres de lui faire des baisers papillon, empêcher ses mains de fourrager dans ses cheveux ou sous sa chemise... Il était faible face à la tentation. Et il n'aurait pas résisté en temps normal, mais ici, ce n'était pas trop l'endroit approprié pour se laisser aller.
Mais ce soir... Ce serait une autre histoire... |
| | | Tullio Fazzio Membre- pactisant
| Sujet: Re: Je crois que ça va pas être possible [PV] Mer 27 Juin - 14:32 | |
| La tension était palpable entre eux. Mais plus cette tension de colère, de dispute, non. Une tension bien plus ... érotique, il fallait le dire. C’était clairement leurs corps qui désiraient plus que tout communiquer, là. Même si Tullio admettait qu’il avait bien envie d’éclaircir quelques points. Comme, depuis quand Isaia, l’hétéro coureur de filles, s’intéressait-il à son frère, banal parmi tous ? Et d’autres choses du même genre. Il en était tellement heureux ... mais ne comprenait rien. Seul le plaisir dominait son esprit, taisant toute logique, toute réflexion. C’était comme si son cerveau s’était mis en veille dès que leurs lèvres s’étaient touchées. Tullio essayait désespérément de ne pas regarder les lèvres d’Isaia et de se concentrer sur ses yeux. Ah, et puis il tentait d’oublier son érection qui pourtant se faisait sentir. S’ils ne faisaient rien ici, Tullio devrait clairement se soulager chez lui ... Ce qu’il faisait rarement en solitaire, et il en rougissait rien que d’y penser. - Moi aussi, j'en ai envie... Si tu savais. Mais, si tu ne... puisque tu ne me rejettes pas, on aura des milliards d'occasions pour mettre la chose en pratique... et avec plus de confort et moins de risques.- Je retiens, tu as intérêt à tenir ta parole, répondit-il dans un sourire après l’avoir embrassé. Malgré tout, ça le frustrait beaucoup. Même si ce n'était pas le lieu, Isaia n'en avait pas assez envie pour ça ? Lui l'aurait fait n'importe où, pour se rassasier de son corps si toutefois c'était possible. Mais Tullio se repris mentalement. Il n'avait pas le droit de penser à la place de son frère, et seule la vérité comptait. Il y avait une explication ... - Parce que là c’est de la torture de me retenir de ... te toucher.Rebelote pour les rougissements, qui le prirent violemment aux joues. Décidément, il était vraiment trop sensible et trop facilement gêné. Surtout face à Isaia, puisque son avis comptait plus que tous les autres. C’était tout bonnement la première fois que Tullio était amoureux. Il le savait, jamais rien d’aussi intense n’avait un jour couru dans ses veines. Il n’avait jamais été habité par autant d’envie, par autant de désir, et de tendresse à la fois. C’était complexe, nouveau, inattendu. Et totalement inespéré. Depuis toutes ces années où Tullio n’avait jamais rien ressenti de très profond pour ses copines, tout au plus une vague attirance un peu plus forte qu’en amitié, il n’y croyait plus. Au fil du temps, Tullio s’était dit que ce n’était pas pour lui. Il y avait comme ça des gens doués en amour, d’autres pas. Le jeune homme se rangeait dans la seconde catégorie, et il pensait vraiment que c’était utopique de penser un jour avoir le droit de ressentir ce qui était si bien décrit dans les romans ou dans les films. Evidemment, les choses étaient différentes de la fiction. Mais l’intensité était bien là, tout comme le cœur qui bat plus vite, l’envie, et tout ce qui allait avec. Tullio l’avait reconnu au premier coup d’œil alors que ça ne lui était pas familier du tout. Mais il n’y avait que ça. Surtout que cela faisait des semaines qu’il s’interrogeait tout le temps sur ses sentiments. Alors oui, c’était de l’amour et oui il était amoureux. Il n’avait pas pu le fuir bien longtemps, ce secret. Et là il venait de le révéler. De dire cash à son frère qu’il était amoureux de lui. C’était tellement dangereux, pourtant. Isaia pouvait avoir eu une envie passagère, il pouvait être attiré par lui sans vraiment ressentir « plus », même si pour avoir envie de son frère Tullio considérait qu’il fallait déjà un certain niveau d’attirance. Enfin bref, ils n’étaient sans doute pas sur la même longueur d’ondes. Et il n’y avait rien de plus efficace pour faire fuir un coureur de jupons, encore plus son frère, que de sortir un truc du genre. Tullio se serait baffé à peine l’avait-il avoué. Parce qu’il aurait parfaitement trouvé légitime et prévisible que son frère palisse, se recule et s’en sorte par une pirouette bien trouvée. Du genre « en fait on va rester amis, hein » ... Bref, une porte de sortie. Ça n’aurait pas été étonnant, vraiment pas même. Tullio s’y attendait presque. Mais bon. - Je crois que ça s'impose. Il faudrait qu'on se voie ce soir... Chez moi ou chez toi, comme tu veux. Et on en parlera... Je crois qu'un a un tas de choses à se dire. Tu veux bien ? Ici, c'est pas trop le contexte idéal...Malgré tout, ce sentiment changeait beaucoup de choses. Il avait l’impression que tout était plus net autour de lui, mais surtout qu’il redécouvrait Isaia qu’il avait pourtant déjà apprécié de regarder. Mais il découvrait des nuances dans sa beauté qu’il ne connaissait pas, et surtout il avait le droit de voir une nouvelle expression de son frère. Il était tellement attirant comme ça, à le dévorer du regard ... Tullio n’en pouvait plus, il avait terriblement envie de lui. Maintenant. De tout oublier et de s’abandonner dans ses bras. Mais Isaia ne voyait pas les choses de la même façon. Il voulait discuter. Soit. - Oui ... Bien sûr. Je viendrai chez toi ce soir. Même s’il faudra que je fasse l’effort d’avoir envie de discuter avant toute autre chose. Tullio repoussa doucement son frère, pour l’écarter. Il rajusta un peu sa chemise et s’éloigna de lui de quelques pas. Ses lèvres lui manquaient déjà, et il du se retenir de ne pas lui sauter dessus à nouveau. Tullio ne se reconnaissait pas, il n’avait jamais été désireux comme cela de quelque chose ou de quelqu’un. C’en était presque flippant. - Et je vais y aller. Maintenant. Sinon je ne garantis pas ma retenue. Le jeune sommelier sourit, se rattacha les cheveux qu’il avait laissé libres pour tenter de plaire à Isaia. Il savait son regard empreint de son désir et avait conscience qu’il fallait qu’il parte. Vite. Il effleura tout de même du bout des doigts la joue d’Isaia, comme une promesse de vite se revoir. Dieu que c’était dur de le quitter maintenant alors qu’il aurait aimé le toucher encore, et avoir des réponses. Mais peut être que l’une comme l’autre de ses envies trouveraient leur bonheur ce soir. Parce que Tullio savait que, s’il y allait pour discuter, les choses dégénéreraient. Il ne savait pas encore comment, et cela l’inquiétait un peu. Etait-il seulement prêt ? Et puis, qui jouerait quel rôle ? Jusqu’où iraient-ils ? Autant de questions pratiques qui lui paraissaient honteuses mais qu’il devait bien se poser. Parce qu’il envisageait tellement de choses avec lui. Il voyait là où il n’avait jamais regardé. Tullio n’avait jamais rien su de l’amour gay, avant de se renseigner honteusement sur internet histoire de se préparer. A quoi ? A l’époque, à rien. Ou alors, juste pour alimenter ses fantasmes qu’il savait pervers et hors normes. Oui, il en avait rêvé. Taché ses draps, honteux. Autant de choses qu’il n’avait pas envie qu’Isaia sache. Et pourtant, malgré le poids que son obligation de ne pas lui mentir avait toujours fait peser sur ses épaules ... Les choses avaient changés. Il n’avait plus envie de mentir à Isaia, alors que souvent il avait voulu le faire. Maintenant, lui dire la vérité ne lui posait plus de problèmes. Parce que son principal secret avait été éventé, et parce qu’il voulait que son frère le connaisse mieux. Il voulait vraiment que les choses se passent bien, et pour ça Tullio avait l’intention de jouer, pour la première fois de sa vie, franc jeu sans aucun regret. Que les questions viennent, il était prêt. Mais surtout, il avait hâte d’en apprendre un peu plus sur ce qui venait de se passer. Parce que ce n’était pas un hasard ni un coup de chance. Tullio lui sourit une dernière fois, fit un petit geste de la main, et se retourna. Il sentait encore le regard d’Isaia sur lui. Ça lui brûlait le dos, il avait envie de se retourner et de se serrer contre lui. Au lieu de quoi, il lui dit d’un ton maîtrisé : - A ce soir. J’ai hâte ...Puis il franchit enfin la porte, le cœur gros mais en même temps chargé de satisfaction. C’est presque en courant qu’il dévala les marches pour rentrer chez lui se laver, se changer, se faire beau et réfléchir ce qu’il allait pouvoir se passer. Sans compter la longue séquence « souvenirs » qu’il allait s’accorder sous la douche pour régler le problème de son entrecuisse. D’ailleurs, sortir dans la rue fut compliqué et il n’y arriva qu’en tirant allégrement sur le bas de sa chemise pour tenter d’avoir l’air normal malgré ses joues rosies et son regard un peu lointain. |
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