Ultima Alluvione
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 Caïn E. Wellens

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Caïn E. Wellens

Caïn E. Wellens

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MESSAGES : 43
AGE : 32

Caïn E. Wellens Vide
MessageSujet: Caïn E. Wellens   Caïn E. Wellens I_icon_minitimeDim 23 Mai - 16:41

La vostra identità
NOM; Wellens.
PRÉNOM; Caïn, Eden.
SURNOM; Mieux vaut éviter.
SEXE; Masculin.
DATE DE NAISSANCE; 18 Janvier 2002, il a donc 24 ans.
LIEU DE NAISSANCE; Milan (Son père n'était pas de nationalité italienne, d'où son nom et son prénom).
SITUATION SOCIALE; Célibataire.
NATIONALITÉ; Italienne (on ne dirait pas, oui, je sais).


La vostra persona
INTÉRIEUR;

La sainteté, la virginité, la bonté… Des pauvres vagues à l’âme tout juste bons à entretenir les douces chimères de fillettes trop innocentes pour saisir la réelle valeur des choses.
La religion, c’est l’opium du peuple.
C’est ce à quoi il se raccroche dans le vain espoir de sustenter un peu plus longtemps à ses besoins, dans le ridicule désir de pouvoir demeurer un peu plus sur Terre pour qu’il lui soit permis d’accéder au Paradis, au Bon et Miséricordieux, à celui qui pardonnera tous leurs maux, tous leurs mots, tous leurs péchés, toutes les horreurs de leur vie humaine. Une hypocrisie lourde de conséquences, puisque chacun a allègrement baisé dans tous les recoins dans cette planète, chacun s’est abreuvé de l’essence de l’autre, trompant, volant, jouissant, hurlant, griffant, détruisant chaque ruelle, apposant sa marque sur chaque dalle.

Ah, elle est belle la vie humaine !

Alors mieux vaut la regarder de loin, ne pas s’en approcher, demeurer aux abords de la psyché branlante et fragile de tous ces fous de bas étages, attendant d’être à son tour frappé par cette vague de démence, prêt à se laisser emporter sur ses flots tumultueux, prêt à vendre corps et âme pour quelques piécettes bien innocentes. Après tout, c’était tellement plus amusant de regarder les autres se lasser du fardeau que leur imposait le monde. Leurs épaules s’affaissaient délicieusement sous le poids de regrets trop lourds à porter, leurs échines se pliaient dangereusement, accusant le coup de la culpabilité, leurs os se brisaient un à un, brindilles trop faibles pour supporter ce déchaînement de fureur et de pleurs. Deux choix s’offraient alors à eux : accepter toutes ses erreurs et continuer à vivre une vie de débauche et de dérision, ou rejeter toute cette ivresse avec mépris et sombrer dans la plus exquise des folies.
Caïn avait fait le choix de se contenter de regarder, ne se mêlant pas au monde, le regard constamment perdu, incapable de discerner le réel de l’imaginaire, se mélangeant entre ce qu’il croyait être et ce qui était réellement. Sa réalité lui était propre, comme à chaque d’entre nous. Nul n’envisage la réalité de la même façon. Un fou vous dira que le monde est rose tandis qu’un sain d’esprit s’amusera à décrire le kaléidoscope de couleur que son regard non aliéné lui permet de percevoir, incapable de se rendre compte de lui-même de la simple perversion que ces ébauches de pastels et de vert criard pouvaient exercer sur lui.

Rien n’a d’intérêt.

Certains en ont très vite conclu que Caïn n’en avait tout simplement rien à faire de ce qui l’entourait. Qu’il préférait de loin les simples plaisirs charnels à ceux d’une relation à la fois tendre et amoureuse.
Et ils n’avaient pas tout à fait tort.
Les émotions ? « ‘Connaît pas ». Tout au mieux parvient-il à les imiter, à les déformer pour en renvoyer de pâles reflets aux autres, pour leur laisser miroiter qu’il n’est pas tout à fait vide et qu’il y a encore de quoi se nourrir, pour leur faire croire qu’ils sont tout puissants alors qu’il les détraque dans ses rêves, qu’il détraque leur existence, leur vie.
Pourtant, si l’on prenait le temps d’aller explorer la cervelle de ce jeune homme, on n’y rencontrerait ni la colère qu’il tente de déchaîner sur ses collègues de temps à autres, ni la tendresse qu’il semble éprouver pour ses amis, ni l’amitié, encore moins l’amour. Pas même de quoi alimenter un câble en énergie. Serait-il fait de fer et non de chair que l’on pourrait se persuader d’avoir face à soi un robot incapable d’éprouver le moindre sentiment.
Mais après tout, à quoi bon ? C’était comme regarder la vie à travers une feuille pâle et usée, comme contempler un paysage abîmé par les aspérités du temps, comme se délecter d’une nourriture sans saveurs et prendre du plaisir à sombrer dans la décadence. Seuls le sexe et la drogue le sortent de cette torpeur moite dans laquelle il s’enfonce un peu plus chaque jour, seuls eux sont capables de réveiller chez lui un quelconque attrait, une quelconque lueur d’intérêt. Il se noierait dans sa merde qu’il n’y prêterait pas attention. Bien souvent il s’était attiré des ennuis pour ne pas avoir su interpréter correctement l’avis des autres, pour ne pas avoir su comprendre les émotions.
Avec le temps, on les apprend. Comme un livre. A retenir par cœur, avec certains passages à surligner de couleurs vives pour marquer leur dangerosité. Mais jamais on ne ressent les fragrances de la solitude, on ne comprend pas, on ne voit pas, on n’entend pas. On ne se mêle pas à la vie, préférant rester sur le côté et laisser les affreuses aiguilles du Temps et de toute sa grouillante postérité les Heures, les Minutes et les Secondes frapper les autres.

Tout est vide. Tout est schizoïdique.

L’avantage, c’est qu’il est encore capable de discerner les bienfaits de l’adrénaline, de se secouer pour s’éloigner de sa torpeur. Le sexe. Dangereux. Violent. Et l’inceste, surtout. Le goût pour l’interdit et le péché, la souillure et la luxure. C’était comme défier l’autorité suprême de l’être divin, comme s’amuser avec lui, comme croire que tout était possible, comme violer le sacré, comme pénétrer au cœur du tourment, comme guigandélirer avec le Chapelier, comme s’éclater sur une musique pourrie droguée jusqu’au bout des ongles.
Lorsqu’on pénètre dans le jardin interdit de l’Eden, on n’en ressort plus et c’est tant mieux. Quoi de mieux que de commettre l’ultime sacrilège, quoi de mieux que de s’exposer aux foudres d’un prêtre enorgueilli par sa sagesse et sa croyance en Dieu ?

Parce qu’il est inutile, ce jeune homme. A quoi pourrait-il bien servir ? Il se fiche de tout que ce soit de ses amis ou de sa santé, il n’est ni loyal ni généreux, pas ingrat mais pas non plus extrêmement poli. Il obéit juste aux ordres de son supérieur, respecte ses volontés et ne se rebelle pas contre l’ordre établi. Vous n’êtes pas intéressants alors à quoi bon ?

Demandez-lui à quoi il ressemble et Caïn vous répondra qu’il n’en sait rien. Tout au plus il n’a de sa personne qu’une vision globale regroupant ses deux yeux, ses deux bras, ses deux jambes et son cerveau. Parce que le monde n’a pas d’intérêt, il ne souffre pas de la solitude, il s’en fiche. Tout lui est d’une indifférence la plus totale. Brute et corrosive. Il ne juge pas les gens, il ne prend, bien souvent, pas la peine de les connaître.
Un peu de sexe, un peu de drogue suffisent à le faire planer encore plus haut qu’il ne l’est déjà.

Rien n’a d’intérêt. Je m’en fous du monde, pour peu qu’il me laisse tranquille.

EXTÉRIEUR;

Un sourire sordide orna son visage à la peau hyaline. Ce n’était même plus drôle. La peur me nouait l’estomac tandis que je le regardai s’avancer vers moi, poignard en main, ses yeux bleus fixer sur ma pauvre personne en proie au doute et à la terreur. J’avais l’impression de vivre le pire cauchemar de toute ma vie. J’avais la sensation que là, devant moi, se concrétisait l’horreur à l’état pure, brute et corrosive. Je ne pouvais même pas hurler. Ma langue semblait être taillée dans le bois le plus dur. Elle aussi me lâchait. Traîtresse. Je ne comprenais pas ce que j’avais fait pour mériter son attention.
J’avais pourtant su me montrer discret, cacher mon Stella lorsqu’il le fallait, usant de mon pouvoir sans me faire remarquer… Alors comment ? Pourquoi ? Qui avait vendu la mèche ? Dans ma tête, chaque cellule de mon cerveau bouillonnaient, envoyaient des signaux d’alarme à mes membres qui refusaient de se mouvoir, paralysés par l’aura ésotérique qui se dégageait de cet individu. Il n’était même pas particulièrement beau.
Tout en longueur, il semblait avoir été privé de soleil depuis trop longtemps et cette peau blanchâtre faisait ressortir le bleu saisissant de ses yeux qui me renvoyaient un vide mortuaire étouffant, enivrant. Je sentais ses manières insinuantes qui m’incitaient à ne pas bouger, à ne pas hurler. Je savais que ce serait rapide, je sentirai à peine la lame du poignard s’enfoncer dans ma chair. Je n’aurais même pas le temps de goûter à mon propre sang.

Il était si maigre. Ses cheveux noirs encadraient son visage, contrastant avec la maigreur de ses traits. L’on aurait dit un cadavre. La mort venant me chercher. Il se dégageait de lui un charisme que je ne lui expliquais pas. Il n’avait rien pour impressionner, mais il demeurait imposant. Il me faisait peur.
Je ne voulais pas rester près de lui. Je redoutais le moment où ses mains toucheraient les miennes pour caresser mes bras, déclenchant malgré moi mes frissons. J’avais envie de vomir, de lui crier de ne pas s’approcher, de ne pas venir. J’aurais voulu courir loin, me terrer dans un trou de souris, m’envoler vers les cieux, appeler au secours, attirer l’attention.
Faire quelque chose. Vite. Ses pas légers et le rire qui menaçait de s’échapper de sa gorge me figeaient sur place. Je me sentais nul et faible, incapable de résister à un individu dont la corpulence n’était pas à craindre. J’aurais aimé lui cracher à la gueule, lui montrer ma supériorité, et l’écraser dans le creux de ma main, mais je n’y arrivais pas.

Je parvenais à distinguer, l’espace d’un court instant, une fine cicatrice qui zébrait sa poitrine. Elle se voyait, malgré ses habits. Elle remontait jusqu’au niveau de son torse et on la devinait s’étendant sur toute la longueur, en diagonale. C’était moche. Si jeune et déjà défiguré, déjà repoussant. Il n’était pas bien laid pourtant, mais cette cicatrice m’ôta définitivement toute envie de négocier avec lui. De toute façon, je n’y serais pas arrivé. Je me faisais l’impression d’une fourmi face à un éléphant. Du chaperon rouge face au grand méchant loup.

Je savais qu’il allait me dévorer tout cru, je le sentais.

L’on eut dit que je cherchais à pénétrer les mystères d’un abîme léthargique, d’une chose trop passive pour être saisie, un peu comme si je me lançais dans une quête tout aussi impossible que vaine. Chacun de mes gestes étaient d’une inutilité grandissante. Chacun de mes regards résonnaient d’une fausseté qui allait cueillir mon âme et lacérait sa chair de mon angoisse et de mon remord. Je m’en voulais, mais il ne pouvait empêcher les tourments qui m’agitaient et qui secouaient chacun de mes membres. Je n’avais plus rien à faire ici et je le savais très bien.
Au fond de lui, je me doutais que les aiguilles de ma montre accomplissaient leur tout dernier tour.
Le Temps et son incroyable postérité, les Jours, les Heures, les Minutes et les Secondes emplissaient mon monde creux et vide. Pour moi, c’était la fin. Je m’étais engouffré depuis trop longtemps dans ce tunnel sombre et puant. Depuis trop longtemps j’entendais les voix de ceux qui m’entouraient sans percevoir leur enveloppe charnelle. J’étais seul et je le savais.

Alors quand que les longs doigts fins vinrent se saisirent de mon cou, leur froideur de m’étonna, finalement, pas. J’acceptais le prix de mon souhait, de mon existence mondaine et libertine. J’acceptais la mort et sa venue. J’acceptais que ce soit lui. Parce qu’il me faisait peur, parce qu’il réveillait en moi les restes de mon humanité, parce que ses deux grands yeux bleus me laissaient me noyer dans le vide que je distinguais en leur cœur. Parce qu’il n’y avait tout simplement rien derrière ce regard. Aucun sentiment, aucun signe de vie. Je n’aurais pas senti pulser son cœur dans ses veines que j’aurais pu penser avoir affaire à un simple robot.
Mais il vivait.
Et ses lèvres exsangues qui se posèrent sur les miennes étaient aussi froides que le reste de son corps qui se pressa contre moi. Je sentis la lame pénétrer ma chair, transpercer l’épiderme pour cueillir mes organes, remonter lentement le long de mon ventre et de mon torse pour me fendre en deux. C’était la fin. Ce dernier baiser représenterait mon dernier moment de félicité sur cette Terre. Bizarrement, j’aimais son sourire tordu maintenant et ce rire qui s’enfuyait enfin de sa gorge pour aller courir le long des murs lézardés par le temps. Il avait l’air sincèrement heureux d’en avoir fini avec moi.

« Et un de moins, un. »

Sa voix résonna un moment dans mon cœur qui marqua son dernier rebond. Je lui aurais bien conseillé de devenir chanteur, à défaut d’être mannequin. Il avait une jolie voix. Elle renforçait son charisme naturel qui écrasait les autres.
Je n’arrivais plus à penser.
Quelle mort stupide.


la vostra vita
HISTOIRE;

Je n’ai jamais aimé contempler la lune. Je l’ai toujours trouvée trop ronde, trop argentée, trop pâle, trop triste. Peu importait sa forme ou sa couleur, j’ai toujours su y déceler des défauts qui faisaient qu’elle ne me plaisait pas. Alors quand elle a viré au rouge carmin, ce beau rouge que les fanatiques idolâtraient sans conditions, je l’ai haïe. Je voyais, le long de ses multiples cratères, le sang dégouliner en abondance, souillant la planète en déversant toute sa rage et son aura obituaire. C’était son axiome, son crédo : anéantir. Là où le peuple voyait un sauveur, moi j’y décelais une malédiction. Elle était bien laide cette lune.

« C'est la vie, pas le paradis. »
.


Il paraît que ce n’est pas bien. Qu’il faut aimer son prochain et le servir avec dévouement. Moi je n’ai jamais pu m’y résoudre. Ces gens n’avaient rien d’exceptionnel. Ils étaient simplement misérables, recouverts d’une répugnante patine de misère qui me soulevait le cœur et retournait mes tripes. Je leur aurai vomi à la gueule si ça leur avait permis de paraître plus propres. Mais même ce geste n’aurait pas suffi. Il aurait fallu beaucoup plus pour les décrasser, pour lustrer leur poil, pour les amener à un état de propreté acceptable.

« Tu sais, il paraît que si tu formules un vœu en y croyant assez fort, la lune rouge l’exauce pour toi ! »

Son ton excité en disait long. Même elle était crédule. Quand bien même je l’adorais, elle était aussi niaise que les autres, à croire qu’un machin rond et sanglant dans le ciel puisse lui accorder tout ce qu’elle désirait. Je lui caressai la joue avec un sourire, navré de briser toutes ses belles illusions. Je n’étais jamais en phase avec elle. Beaucoup se demandaient ce que nous faisions ensemble, mais elle s’acharnait à ne pas vouloir me lâcher malgré les racontars et moi j’admirais son courage. Il paraît qu’on appelle ça le respect.

« Tu sais, il paraît que ce sont des fabulations de vieux fous prêts à te faire croire en leur rêve. »

Elle secoua la tête. Elle était belle, ma Gabrielle. Un peu tête en l’air, les yeux pleins d’étoiles et de longs cheveux de feu pour encadrer son visage diaphane, elle avait l’air d’une échappée de l’asile en cavale, une princesse endormie aux lèvres exsangues, au corps rongé par les mites et à l’argent sale. On sentait dans les creux que formaient ses joues sa déchéance. C’était la dégénérescence à l’état pure, ma jolie Gab’.

« Non, non, c’est vrai. J’ai essayé. »

« T'es tombé dans l'piège, le nez dans la neige. »
.


J’aurais voulu courir à en perdre le souffle, ne plus m’arrêter, continuer plus loin, là où rien ne pourrait me rattraper. J’aurais voulu envisager un monde meilleur, me noyer dans le feu de sa chevelure, froisser à nouveau les draps avec elle la nuit, en me sentant pénétrer en elle, entendre ses cris indécents, entendre les injures qu’il lui arrivait de proférer. J’aurais voulu que nos longues soirées ne s’arrêtent jamais. J’aurais voulu que ce tout ceci ne soit qu’un rêve, me réveiller et repartir, tenir sa main et la serrer si fort que je la lui briserais. J’aurais voulu qu’elle ne soit que le simple fruit de mon imagination trop fertile, qu’une rencontre au détour d’un chemin avec laquelle je me serais inventée une relation. J’aurais tant aimé ne jamais l’avoir connue, ne jamais avoir goûté à l’essence de sa peau, à l’odeur de ses vêtements, au parfum si âcre de ses lèvres.

J’aurais voulu ne pas être là, comme un crétin, à courir après un feu-follet qui ne voulait pas que je le rattrape. Mais l’adrénaline qui courait dans mes veines renforçait ma peur, renforçait mon envie de continuer. C’avait été trop beau pour qu’elle y mette fin, comme ça. Sans un mot, sans un message laissé au milieu des grésillements de mon répondeur. J’aurais tant aimé ne pas avoir à lui courir après. Je voyais devant moi les grands yeux sépulcraux de la mort qui m’observaient avec un ricanement à peine audible, je sentais chaque fibre de mon être qui se languissait de l’absence de ma drogue. Gabrielle. Elle n’avait rien laissé derrière elle. Pas même une chaussure de vair pour que je puisse la retrouver. Elle s’était enfuie, en simple voleuse, dénigrant les sentiments, jetant à la poubelle mon cœur en bois. Pas même un message au khôl noir sur le miroir de ma salle de bain.
J’étais un vrai crétin, à ne pouvoir me passer d’une nana un peu idiote qui me laissait frustré à chacune de nos rencontres, mais c’était plus fort que moi. Et peu m’importaient les regards apitoyés des gens, les murmures de ceux qui disaient qu’on m’avait abandonné, je ne pouvais lui pardonner sa trahison. Elle ne m’avait à la fois rien laissé et tout laissé.
Je m’étais porté garant pour elle chez un gars qui avait accepté de prendre les dettes qu’elle avait accumulées et pour qui elle avait promis de travailler jusqu’au remboursement total. Pour cela, elle avait eu besoin d’un pauvre type comme moi. Gentil, un peu naïf, niais au possible. Un type qui avait accepté de travailler à sa place si jamais elle disparaissait. Un type qui avait eu confiance. Un type qui n’avait pas su voir l’arnaque là où tout le monde criait au scandale.

Putain, Gab’. Dis-moi que c’est juste un cauchemar, que t’es pas ce genre de nana, que t’as un minimum de droiture d’esprit et de grandeur. Dis-moi que t’es juste partie faire des courses, que t’as pas accepté de coucher avec moi juste pour pouvoir mieux me piéger. Dis-moi que t’es quelqu’un de bien et que les rumeurs qui couraient à ton sujet n’étaient pas toutes fondées. Merde quoi, Gab’ ! Tu me laisses avec tes dettes et ton odeur d’encens. Tu me laisses avec toute ta merde et le souvenir de ton sourire. Une vraie salope.

« En route vers le paradis, tu parles d'un héros, fauché en plein galop. »
.


« Oui, oui, j’arrive. Lâche-moi un peu. »

Un salopard. C’était comme ça qu’on me décrivait. Le gars gentil et naïf, fini. En même temps, faut dire qu’après le coup qu’on m’avait fait, je risquais pas de croire encore en la beauté du monde et tout le tralala desservi par l’Eglise. Il faut aimer son prochain. D’accord. Mais abuser de son prochain, c’est encore mieux. En même temps, je remplissais le cliché préétabli pour les pauvres gars dans mon cas : candide puis qui s’en prend plein la gueule et vire en méchant pas beau tout plein. Avant, j’aurais rétorqué que je n’étais pas un simple cliché, que j’étais plus que cela et que je pouvais bousculer l’ordre établi. Maintenant, j’étais bien content de me fondre dans le moule et de devenir ce qu’on attendait de moi.
La table 4 réclamait avec empressement son plat tandis que la 6 demandait de l’eau. Personne ne voyait que mes bras étaient déjà encombrés de commandes, que j’étais seul pour gérer une salle pleine à craquer et que, malheureusement pour eux, je n’étais pas Dieu et donc pas omnipotent. J’étais incapable de me dédoubler pour combler les désirs de chacun et je n’en avais, d’ailleurs, nulle envie. Alors plutôt que de finir ma journée dans un grand fracas d’assiettes brisées et de verres détruits, je prenais mon temps, pestant contre les clients avec le cuisinier et le gérant, grognant de temps à autre lorsque des indécis me faisaient perdre de précieuses minutes en hésitant entre plusieurs plats. C’aurait été tellement plus simple s’ils avaient su à l’avance ce qui leur faisait envie. Mais c’était trop leur demander.
Soupirant, je bousculai le gérant avec véhémence pour me saisir de la prochaine « livraison ».

« Tu sais, faudrait penser à engager, patron. Je vais pas continuer tout seul comme ça. »

« Toi, je te paye pas. Tu rembourses ta dette. Un mec lambda, que veux-tu que j’en fasse ? »

« Ouais. Ouais. Le profit. »


« Tu tombes, tu te relèves jusqu'au jour où tu crèves, tout ça pour tomber dans l'oubli. »
.


« Tiens, tiens, Gabrielle. Des remords ? »

Elle était là, trempée jusqu’aux os, les lèvres serrées et la langue bloquée par le regard assassin que je lui desservais. Croyait-elle que je demeurerais éternellement un gentil toutou à sa botte, prêt à tout pour réparer ses conneries et à passer derrière chacune de ses erreurs ? Pauvre fille. Elle avait l’air bien bête avec les cernes qui creusaient son visage, son khôl noir qui dégoulinait le long du galbe diaphane de ses joues et ses yeux de cocker esseulé.
Elle détourna la tête. Ben tiens. Quelle scène allait-elle jouer cette fois ? Celle de la gamine égarée, incapable de se ressaisir ? Ou allait-elle avoir un peu plus de fierté et envisager une autre possibilité.
Derrière elle, cachée dans son ombre, se tenait une fillette qui s’accrochait à sa robe.

« Je te présente Esther. »

Ses beaux yeux languissants se tournèrent vers moi, dévoilant leur splendeur sulfureuse. On devinait sans peine une mystérieuse coutellerie, des fioles équivoques et l’on entendait cliqueter à ses pieds les chaînes dont ses pieds étaient empêtrés. Tous ces signes auraient dû me montrer tous les inconvénients liés à son amitié. Esther n’avait rien de normal, rien de particulier non plus. On la sentait juste différente, une étoile tombée du ciel, et c’était peu dire.

Après ça, il n’y eut plus que l’odeur amère de l’hémoglobine qui poissa mes vêtements et mes cheveux et ce rire… Ce rire sans fin et imperturbable qui s’égrenait, résonnant le long des murs, emplissant ma tête, détruisant chaque cellule de mon cerveau pour mieux les refaçonner. Le trou béant dans ma poitrine laissé par sa disparition s’était agrandi, avalant chacun de mes organes et anéantissant mon corps. Je ne sentais plus mes jambes, je ne voyais plus la salle du restaurant, j’entendais juste ces notes aiguë qui cisaillaient mon esprit, cacophonie branlante à la partition déchirée. Je ne voulais pas savoir ce qui était arrivé. Je n’aspirais plus à rien, seulement à ce qu’on me laisse tranquille. Gabrielle était folle. Le monde était fou. Et ce morceau d’étoile qui avait cisaillé ma poitrine concrétisait ce paroxysme de la démence. Au loin, les hurlements d’une sirène se firent entendre alors que des pas précipités quittaient la pièce dans laquelle je me trouvais. J’étais là sans vraiment y être. Je ne voulais même pas comprendre la raison de son geste, je ne voulais pas savoir ce qui avait poussé cette gamine à faire ça. C’était inutile. A ce stade-là, savoir ne représentait plus rien. J’allais mourir. C’était ma seule certitude, la seule chose en laquelle on me laissait croire sans rechigner. Tu vas mourir, Caïn. Et c’est cette dingue de Gabrielle et son étrange morceau d’étoile qui seront responsables de ta mort. Si ce n’est pas risible.
A mes côtés, un murmure abscons. Une explication bancale prononcée par une voix chevrotante et un peu bête.

« Je suis désolée. C’est… Mon contrat. Je me dois de l’accomplir à chaque fois que j’utilise… Je… Ne m’en veux pas, d’accord ? C’est parce que tu comptes pour moi que… »

Ta gueule. Je vais mourir alors laisse-moi au moins crever en paix sans avoir à supporter ta voix de pétasse. Après avoir détruit mon avenir, tu détruis ma vie et tu veux que je te pardonne ? Tu veux que je te pardonne de m’avoir tué ? C’est une blague. Sombre conne. Niaise et débile.

On dit que lorsqu’on meure, on voit défiler toute sa vie. Ce n’est pas vrai. On choisit de se la remémorer ou pas. Moi j’ai revu mon père et ma mère, tous les deux morts dans un accident de voiture lorsque j’étais gamin. Ils ne me manquaient pas particulièrement. J’avais été élevé par ma grand-mère jusqu’à ce que je sois assez grand pour m’assumer tout seul. Après ça, il y avait eu plusieurs amis plus ou moins importants, plus ou moins intelligents, plus ou moins responsables qui m’avaient entraîné dans leurs conneries. Quelques filles. Quelques gars même, parfois, quand l’envie se faisait trop forte. Et puis Gabrielle. Ce feu-follet incompréhensible et sordide qui avait précipité ma fin, qui avait été à l’origine de ma déchéance. Un roi chutant de son piédestal. Je n’étais pas assez triste pour me mettre à pleurer. De toute façon, je ne trouvais plus mes yeux. Ces derniers semblaient avoir été engloutis par la folie qui habitait Gabrielle. Pourtant, je l’aimais.
C’était ma catin, mon idole, ma princesse. Mais moi je n’étais rien. Une marionnette désarticulée, un point, un truc informe qui allait s’écraser face contre terre sans avoir eu le temps de battre des ailes. Ma propre misère faisait peine à voir. J’aurais ri de moi-même si j’avais su où se situait ma bouche.
Putain, tu sers à rien à Caïn. T’es juste trop con. Te faire berner deux fois par la même nana, faut vraiment avoir un sérieux problème de jugeote.

Mais c’est bien de s’obstiner, ça entretient les désillusions.

« C'est fini, cowboy, fini, mais rassure-toi, on peut pas tomber plus bas. »
.


Après ça, il y eut le blanc écœurant d’une chambre d’hôpital et une merveilleuse et délicieuse cicatrice. Un gars pourri jusqu’à la moelle qui est venu m’expliquer ce qu’était la lune rouge, les pactisants, les morceaux d’étoiles. Pendant des heures il s’acharna. Je m’en foutais. Je ne ressentais pas grand-chose à vrai dire. Mais il réussit à me convaincre et à m’amener dans le GDP. Sans le vouloir, j’allais pouvoir accomplir ma vengeance. J’avais d’ors et déjà réservé Gabrielle et Esther. Je les tuerais de mes propres mains.

Importante ?
GROUPE; Policier.
GRADE; Lieutenant assigné à Angelo (si possible).
ARME ; 2 pistolets, ainsi que deux poignards qu'il garde collés à chacun de ses mollets.
DATE D'ENTRÉE AU GDP; Un certain 12 Décembre 2022, à l'âge de 20 ans.
RAISON; Son ex petite-amie a cherché à le faire tuer par son Stella pour accomplir son contrat. Le GDP est venu le recruter et Caïn n'a pas dit non. Il paraît que s'en sortir après une blessure comme celle qu'il a subi relève du miracle, de quoi intéresser le GDP.


voi

Prénom ou pseudo habituel; Eden.
Avatar; Kaito de Vocaloid.
Avez-vous lu le règlement ? Code Validé By Liam.
Comment avez-vous connu le forum ? Partenariat.
Un mot à dire ? Hum. Serait-il possible de rajouter le tréma sur le "i" de mon pseudo ? Je suis un peu tête en l'air et je me suis inscrite à la va-vite ^^' . Merci d'avance !
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Caïn E. Wellens

Caïn E. Wellens

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Caïn E. Wellens Vide
MessageSujet: Re: Caïn E. Wellens   Caïn E. Wellens I_icon_minitimeDim 23 Mai - 19:09

    Je signale que ma fiche est terminée. Je suis ouverte à toutes les critiques ^o^ !
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Angelo Tornioli

Angelo Tornioli

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Caïn E. Wellens Vide
MessageSujet: Re: Caïn E. Wellens   Caïn E. Wellens I_icon_minitimeLun 24 Mai - 4:35

Je serais honoré d'avoir un lieutenant tel que toi, moi *___*
Bienvenue =)
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July Zucchero [Jude]

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Caïn E. Wellens Vide
MessageSujet: Re: Caïn E. Wellens   Caïn E. Wellens I_icon_minitimeMer 26 Mai - 4:49

Bonjour et bienvenue sur Ultima Alluvione !

Désolée pour ce retard ! Surtout que ta fiche est parfaite, du début à la fin.
J'ai complétement adoré l'histoire. C'est fort, vraiment bien écrit et je me suis petit à petit attachée à Caïn. J'ai hâte de voir comment il évoluera au fil du RP <3

Tu es donc assigné à Angelo !

Caïn E. Wellens 6797fiche_validA_e_1

Tu peux dès maintenant créer ta fiche de liens, faire une demande de RP, une demande de logement etc

(Je vais tout de suite modifier ton nom ~)
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Caïn E. Wellens

Caïn E. Wellens

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Caïn E. Wellens Vide
MessageSujet: Re: Caïn E. Wellens   Caïn E. Wellens I_icon_minitimeMer 26 Mai - 7:02

Merci beaucoup ^o^ !
Et merci à toi aussi Angelo, j'essaierai de t'être fidèle.. XD !
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Caïn E. Wellens

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