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  ... mais qui a été par la force des choses. [Léo]

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Aya Murazaki [Sky]

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 ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] Vide
MessageSujet: ... mais qui a été par la force des choses. [Léo]    ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] I_icon_minitimeLun 28 Mar - 17:38

 ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] C  ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] 9036348-271c423

Courage ou témérité
Qui sera ton véritable allié ?
Qui sait ?
Il est peut-être déjà à mes côtés ...


    Milan pleurait toujours, sans vouloir s'arrêter alors que le temps semblait avoir stopper sa course, nous laissant de temps de souffler. Et pour souffler, on le faisait drôlement bien, claudiquant, clopinant dans l'ombre des rues d'une ville qui ne semblait jamais dormir, ou alors que d'un œil.
    J'avais gardé dans une de mes mains le sabre ébène qui m'accompagnait, les crocs du Cerbère toujours à l'affut du moindre danger. Nous étions encore dans les quartiers obscurs et mal famés de Milan et au vu du poids de Léo sur mon épaule, il fatiguait même s'il essayait d'en faire paraître autrement.
    On t'a jamais dit que c'était mal de mentir Léo ?
    Oui oui, je sais bien, je n'étais guère en position de supériorité pour lui dire cela, nos existences toutes deux révélées sous un réverbère taché de sang... Je me moquais légèrement du sens d'une justice qui guidait la sienne autant que je savais parfaitement qu'il désapprouvait en silence celle qui guidait mes pas. Pour autant, je sentais le respect toujours là et quelque chose de plus fort entre nous deux, d'étrange et auquel je ne préférais pas penser.

    Je sentais Léo de plus en plus proche de me lâcher en pleine rue, le sang s'écoulant de sa blessure suintant du maigre garrot que je lui avais confectionné jusqu'à ce qu'on arrive à destination. J'avais arraché sans ménagement un bout de sa chemise pour la nouer aussi fort que possible autour de son épaule. Tissu qui fut bien trop vite imbibé d'eau et de sang...évitant de lire la douleur sur les traits de clown de mon compagnon de fortune, j'y avais ajouté un autre pan de tissu de ma chemise cette fois-ci... Qu'aurais-je pu faire de plus, dans cette ruelle crade et sous la pluie ?

    J'avais hésité à l'emmener dans un petit hôpital qui ne se situait pas très loin ... mais avec le cadavre dans les parages, le chargeur et les douilles, on aurait trop vite retrouver notre trace, enfin, surtout celle de Léo, et je ne tenais absolument pas à ce qu'il soit responsable de mes actes. Avec les fouines de la police et du GPD, autant ne pas prendre de risques, même si concrètement, notre bouffon national risquait autant à se trainer jusqu'à chez moi.
    Je ne lui avais rien dit, ne souffrant aucun refus de sa part, même si je devais en venir à l'assommer complètement, ce qui n'aurait pas été très difficile.

    " Léo ! Hého le justicier ... tu gardes les yeux ouverts hein ? Promis, si tu restes en vie, je t'achèterais des collants verts pour ton anniversaire ! D'ailleurs ... c'est quand ? ..."

    Je n'avais jamais été aussi loquace, et je maudissais Léo pour ça, il m'obligeait à parler pour me rassurer qu'il ait encore toute sa tête ! Faire la conversation pour ça pff ...

    Heureusement, on arriva bientôt vers une rue dont je connaissais à présent chaque pavé cassé, chaque recoin où s'élancer quelqu'en soit la raison et la faible lueur qui jaillissait de la fenêtre me fit tirer une grimace et à la fois un soupir de soulagement. Sky était encore là.
    Bonne et mauvaise nouvelle.
    J’allais me prendre un savon phénoménal, pour m'être faite avoir, avoir laissé un témoin en vie et tout un tas d'autres choses dont je n'avais pas encore connaissance.
    Mais cela voulait aussi de l'aide vu le sale état dans lequel je me trouvais et malgré tout le caractère de salopard dont Sky pouvait faire preuve, il ne refuserait pas.
    Il n'avait pas intérêt d'ailleurs.

    J'ouvris la porte de l'immeuble d'un coup de pied, faillit nous faire basculer dans le caniveau mais me rétablit à temps en jetant un regard faussement furieux à Léo.

    "Dis, tu voudrais pas m'aider un peu ?! "

    Arrivée au cinquième étage, soufflant comme un cheval qu'on aurait cravaché à outrance, je fis une pause pour raffermir ma prise sur le corps du pactisant complètement siffonné qui m'accompagnait et gueula un coup en direction du haut. Tant pis pour les voisins, ils se réveilleraient plus tôt aujourd'hui...
    Et heureusement pour eux, je n'eus pas à réitérer mon appel puisqu'une tronche ennuyée encadrée de tiffs aux couleurs pourpres apparut assez vite.

    " Qu'est- que ... Bordel, Aya t'as foutu quoi !?"

    Ce n'était pas vraiment le moment et l'endroit pour en parler et face à mon silence, il n'insista pas, du moins pour l'instant, car je savais qu'il était en pétard et que je devrais lui faire un rapport détaillé au maximum le lendemain. Mais pour l'heure, je voulais sauver Léo et cet idiot allait m'y aider !
    Une fois arrivés à l'appart, fermé à double tour, j'aida Léo à s'assoir un lit qui composait l'une des deux seules du logement, lui laissant tout le loisir d'observer mon univers.
    C'était petit, mais rangé et quelques grands tableaux ornaient la pièce centrale, dans les tons marrons et ocres, mauves par endroit, aussi sombres que les deux êtres qui y habitaient. On aurait dit que l'on avait jamais emménagé, des cartons jonchant le sol ...

    Un Sky soucieux et énervé fumant comme jamais, qui arpentait la pièce, en fond sonore, je revins débarrassée de ma veste en cuir et de mon haut déchiré, avec une mallette et un carton rempli de désinfectant.
    Simple débardeur qui fit hausser un sourcil à mon stella, révélant de moitié la longue cicatrice qui ornait le centre de ma poitrine mais je ne cillai même pas, trop occupée à découper les vêtements de Léo.

    Merde, Léo, me lâches pas hein !
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MessageSujet: Re: ... mais qui a été par la force des choses. [Léo]    ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] I_icon_minitimeMar 29 Mar - 19:12

« Souffle. Inspire. Expire. Souffre. Souffle. Expire. Inspire. Et souffre encore. »
L'Ombre.

Bang Bang Baby. « Tu fais chier Leo. » C’était un euphémisme. Une souffrance influente. Réduit à l’état de cendres crépitantes d’un feu récemment éteint. Le Phoenix venait de se faire tirer dessus, se retrouvant bisé, l’aile broyée. Pourtant, le lion souriait passivement, contemplant son propre sang dégoulinant de ce trou saillant dans sa poitrine, vrillant ses sensations à de simples picotements. Hum, c’était mauvais signe pour son bras pendant dans le vide, retenu par son épaule, qui sous le poids de son propre membre vidait les veines de toujours un peu plus de pourpre. Murazaki. Regarde. Je disperse ton nom sur les dalles de Milan. En veux-tu pour tacher tes vêtements ?

Aya l’attira à lui, portant de ce fardeau qui était le sien sur ses frêles épaules. Il voulut reculer, son corps l’ignora, tachant un peu le corps de la jeune pactisante. Il réitéra sa démarche, pour s’éloigner, rata encore une fois. Maintenant, la nippone le calait fermement entre ses bras et se mit en route. Il retint un grognement de mécontentement, commença une pénible marche pour Lui et Elle. Une balade funeste, marche sinistre, danse macabre. Le rouge commença à attirer son regard, alors qu’à chaque poignée de pas qu’il fournissait, sa punition s’intensifiait. Un plic-ploc monotone, plongeant un peu plus Leo dans une sourde promenade, où s’égara son esprit.

Respiration difficile, Bouffon secoua la tête, concentra son attention sur les voyous dans les rues, les détaillants avec un œil trop habituer. Un garrot apparut autour de son épaule, s’inquiéta de son origine, eut un peu plus froid que précédemment, recommença à marcher. Des bruits de chaussures trainant plus qu’autre chose sur le sol humide de Milan. Il pleuvait. Il le remarqua à peine, les gouttes glacées pénétrant son corps, l’enrobant d’une douce Léthargie. Il ferma les yeux, abandonna ses sens à l’attention d’Aya. Elle lui donnait chaud, un peu. C’était suffisant. Un soupçon de chaleur dans cette averse froide, insouciante de l’effet qu’elle procurait sur ces deux protagonistes. Avancer. Un pas après l’autre. Ne plus sentir ses jambes. S’en soucier à peine. Continuer.

« … Anniversaire… D’ailleurs, c’est quand ? »

Le tien ? Il ne le savait pas, n’avait jamais songé à lui demander. Ah, là il était fatigué, ça n’allait pas. Un tremblement de son corps. Un suivant. La déchirure. Morsure lugubre à son épaule. Brulante. Gelante. Il cligna des yeux, rencontra une porte. Il chuta en arrière, rattrapé par Aya. Il gémit. Cette fois-ci, il se fit entendre, s’en voulu un peu, alors qu’il sentait la balle remué un peu dans la plaie. Une porte. Des escaliers. Un effort trop fort. Depuis quand se reposait-il autant sur Aya ? Ah. Il avait dormi, surement. Ou alors, il s’était évanoui. Peut-être. Il ne savait plus très bien. S’en soucia à peine. Une phrase, à son attention. De Elle à Lui. Il ne s’attarda pas sur cette remarque, sonnant plus comme un bourdonnement à son oreille. Pourtant, il raffermit sa prise sur ses jambes, allégeant son poids sur le corps de l’escrimeuse, voila une grimace. Il avait encore des pieds, en parfait état (quoiqu’un peu vidé de sang), alors, il pourrait faire preuve, n’était-il pas un superhéros ?

Ses yeux embrumés par l’égarement de son esprit s’enflammèrent d’une nouvelle volonté. L’esprit un peu plus alerte que durant cette promenade, il s’apprêtait à mettre fin à cette danse macabre. Aya avança. De la sueur perla à son front. Les gouttes lui tombèrent sur la tête une dernière fois. Puis, il se retrouva à l’abri de l’eau et du vent. Les marches, il le fit la mâchoire serrée, évitant de trop bouger son bras, ou de trop s’appuyer sur Aya. La bêtise n’a pas de nom, c’est bien connu. Observe son regard concentré sur ce but. Observe le tremblement de ses jambes, les rares spasmes de son torse. Vois comment il peine à se dépêtrer de cette douleur. C’est une autre face de la Lune que tu rencontres là Leo. Mais tu y es déjà si habituer. Quelle tristesse. Je voudrais voir ton visage souffre de mille autres douleurs. Que tes lèvres se pincent, que tu hurles ta misère. Ne veux-tu pas me faire ce plaisir ? Meurs alors…

« Qu'est- que ... Bordel, Aya t'as foutu quoi !? »

L’odeur de la cigarette s’empara de son nez, celle de l’humidité et du sang, un peu. Tiens, il lui en restait encore ? Le garrot carmin ne faisait plus son travail depuis bien longtemps. Cet élément si changeant, partant dès la moindre occasion. Tu ne voudrais pas rester en place un instant ? Il traina les pieds jusqu’à ce lit où on le déposa, la moiteur de son vêtement s’empressa de se rependre sur les draps, s’incrustant en surface dans le matelas. Il ne s’en inquiéta pas, trop occupé à ne pas plonger en avant, par le soudain déséquilibre que faisait la disparition d’Aya. Sky s’approcha de lui, détailla un moment le restant de vêtement qu’il restait de Leo.

« T’as vu ce qu’elle m’a fait ? …. Même pas capable de protéger un pauvre… » Inspire. Ne plus cacher sa douleur pendant une microseconde. « partenaire. »
« Un pauv’ con plutôt. »

Leo étira ses lèvres bleues, fit un demi sourire, leva les yeux vers le plafond, faillit tomber en arrière cette fois-ci. La main de Sky le rattrapa, jura à pleine bouche, prétexta l’importance d’aller s’allumer une nouvelle cigarette, balançant le mégot de sa coéquipière dans un cendrier à moitié vide. Horizon secoua sa tête, espérant rassembler un peu de sa logique et de sa clarté d’esprit, déclencha au mieux une faible migraine, laissa échapper un son de dépit envers lui-même. Il avait chaud, il avait froid, se sentait poisseux comme jamais. Il porta sa main gauche jusqu’à sa blessure, retira les bouts de tissus qui la bandaient maladroitement. Dès cela fait, encore un peu plus d’hémoglobine lui dit bonjour, en sortant voir quel temps il faisait dehors. Aya arriva, il recolla le bandage de fortune sur cette plaie.

Il retint un rire en la voyant arrivé. Cette soirée fut une drôle de pièce pour Lui et Elle. L’inquiétude marquait les traits de la nippone. Il se félicita intérieurement d’être à l’origine de cette émanation de sentiments. Dire que la première fois qu’il l’avait rencontrée, une journée froide d’hivers, enroulée dans une écharpe blanche, elle l’avait à peine souligné de son regard d’encre, interrogeant July sur l’identité du Bouffon. Il ne s’était pas fait prier pour répondre à sa place, l’enquiquiner un peu, et se faire presque frapper par la demoiselle. Il en rigola lui-même, créant une vrille de douleur dans son épaule, glissant même jusqu’au bord de son coude. Le pincement de son visage trahit sa douleur nerveuse. Aya le scruta un moment, sortit des ciseaux.

« … Ok, j’arrête de rire… » Il toussa. « Pour le moment. »

L’outil entailla le restant de qu’il-avait-un-jour-appelé-t-shirt, remonta tout le long de son torse, découvrit petit-à-petit la peau basanée du lion. Il enleva sa main de sa plaie, laissant le sang s’écouler un peu plus sur le début de son épaule et son torse. Il sentait presque le souffle court de Aya sur sa peau, remarqua les gestes rapides qu’elle pratiquait. Qu’as-tu bien pu vivre pour être aussi douée pour soigner les autres ?

Le dernier bout de tissu parti et son buste révéla sans aucune pudeur ses égratignures. Spectacle original sans vraiment l’être, Leo ne s’inquiéta pas plus que ça, s’attelant à faire partir une partie du sang séché, ou non, qui dégoulinait de son épaule. Avec feu son t-shirt, il enleva quelques taches qui trainaient sur une succession de griffes, barrant ses muscles, sa peau et les marques de ses os de lignes claires, à peine perceptibles dans l’obscurité. Très sérieux sur sa tâche, il chipa quelques morceaux de tissus pour nettoyer plus attentivement la zone du sinistre. Un tic nerveux, provoquer par un manque de liquide vital lui fit lâcher son objet, il pesta légèrement, se pencha pour le ramasse sur les jambes d’Aya, dévoilant à la lumière de l’appartement son dos anciennement caché dans le noir, et les marques de ses anciennes blessures qui le couvraient. Ainsi, les deux traces d’autres billes de métal, jumelées avec celles se trouvant au niveau de son ventre, se baignèrent dans la clarté de la pièce. Le sang coula un peu plus sur le matelas. Il grimaça. Soupira difficilement. La fatigue revenait lentement, tel un fauve encerclant sa proie.

« Bon, Aya… tu vas pouvoir laisser ressortir ton côté sadique. » Regard noir de la principale intéressée. « Je plaisante. »

Il lui offrit un sourire de toutes dents, le visage presque rayonnant, s’il n’y avait pas la longueur de la nuit accrochée à son visage, les cernes naissants, quelques traces de sangs et d’écorchures. Sky pouffa de rire dans un coin, partit pour éviter le regard noir que lui aurait certainement adressé sa partisante. Le moment n’était pas à la plaisanterie, mais avec deux guignols dénigrant presque la gravité de la situation, ça en devenait presque étrange.

Leo déposa un morceau de tissu quasiment propre sur le lit, s’y allongea délicatement, toujours en grimaçant. Couché, il contempla le plafond quelques secondes. L’odeur d’une Aya perça la puanteur de sa blessure, pour venir lorgner les narines du Bouffon. Alors, il remarqua qu’il était dans le lit de la nippone. Avec cet oreiller bien tassé, la couverture balancée au pied du lit –pour plus de faciliter, la senteur qui s’échappait des draps. Une mimique désabusée lorgna ses lèvres. La fatigue frappa un moment.

« Tu ne peux vraisemblablement pas te passer de moi. Bah, t’es plus solide que ça, non ? »

Le chien apparut de l’encadrement de la porte, qu’il avait ouvert grâce à son propre pouvoir, et qu’il referma aussitôt à double tour une fois qu’il eut passé le cadre de la porte. Il s’approcha, Leo remarqua qu’il n’était pas mouillé. Ray s’approcha des deux humains, renifla un moment l’air, secoua le museau face à la puanteur du sang.

« T’as intérêt à avoir de bonne pinces ma grande. T’étonnes pas si ça saigne après que la balle soit retirée, il a une bonne veine qui s’y cache derrière. »

Cela fait, il recula, alla s’assoir à l’écart du lit d’hôpital. Sky revint, déposa ce qui devait être un vêtement à même le sol, puis partit discuter avec son collège de Ciel. Leo n’entendait qu’à moitié ce dont ils discutaient. Soupira et grimaça un peu. Aya se pencha au-dessus de lui.

« Bonjour : mad : »

Voix lourde & un léger pincement du visage. Tranche-moi, charcute-moi. Ne me laisses rien, sauf l’amertume et le désir de revoir le Nouveau Jour.
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Aya Murazaki [Sky]

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MessageSujet: Re: ... mais qui a été par la force des choses. [Léo]    ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] I_icon_minitimeVen 1 Avr - 16:28

De pourpre mes mains sont tachées
comme le voile d'une vie arrachée
Et pourtant je reste accrochée
Souffles saccadés
D'une volontée ancrée.




    « Un pauv’ con plutôt. »

    " Sky, Fous-lui la paix tu veux bien !?"

    Qu'est-ce qu'ils étaient encore en train de marmonner ces deux-là ? ... Me penchant hors de mini salle de bain pour jeter un regard assassin à mon stella au sourire goguenard, je fronçais les sourcils et me remit à chercher la mallette, des bouts de tissu immaculé et les compresses.
    Pourtant, Sky, dans cet humour mordant qui cachait un léger sadisme à l'encontre de Léo, avait raison et malgré l'inquiétude qui me rongeait les sangs, j'esquissais un micro-sourire. Léo, t'es un con ! Pourquoi t'es pas resté assis sagement contre le mur hein ?! J'vous jure ...

    Une fois trouvés, je me débarrassais de mon haut poisseux de sang pour le jeter directement dans la petite poubelle. Irrécupérable de toute façon, et c'était le cas pour beaucoup d'éléments de ma garde robe ces temps-ci ...De façon presque machinale, je jeta un coup d'œil dans la glace et une inconnue me répondit dans mon reflet. Une inconnue au regard effrayée par la tâche qui lui incombait maintenant.
    Pourquoi n'avais-je pas déposé le super-héros en carton-patte dans le premier hôpital que l'on aurait croisé déjà ? Ah oui, la route, et le gros rat qui s'étouffait dans son sang dans la rue... Nettement refroidi maintenant.
    Un nouveau cri dans l'appartement.

    « Aya ! Putain, grouilles, le bouffon est en train de repeindre tes draps ... ! C'est pas vrai ... J'ai besoin d'm'en griller une moi ... »

    Sa voix aurait pu sembler coléreuse, capricieuse, feignant l'ennui d'un cadavre à ses pieds, mais à moi qui le côtoyait depuis un peu plus longtemps, j'avais perçu la note soucieuse qui s'y cachait. Non pas que Sky craigne pour la vie de Léo, je l'avais rarement vu s'en faire pour l'existence de quelqu'un d'autre que lui-même, et moi peut-être, mais c'était comme s'il craignait plutôt les conséquences d'un tel fait. Étrange stella que j'avais à mes côtés, même si pour l'instant, j'avais plus envie de lui tordre le coup vu la lueur moqueuse dans ses yeux carmins.

    Aussi rouges que le garrot inutile et les pansements supplémentaires. Et merde, il fallait que ça s'arrête. Tout ce sang, comme si l'univers s'était tout d'un coup teinté uniquement de noir et de pourpre, comme si la souffrance avait pris consistance pour nous enfermer dans son monde de folie.
    Léo tanguait à son rythme, tenant à peine assis, toujours conscient malgré tout, il riait ce con ! Troué, épuisé, au bord de la dernière félicité, il riait ... La douleur tout comme mon regard noir lui vola toute envie de refaire le pitre.

    « … Ok, j’arrête de rire…Pour le moment. »

    Je ne répondis rien, une promesse de mort dans les yeux. Ça ne servait à rien de lui rétorquer quoi que ce soit si c'était pour qu'il épuise ses dernières forces à vouloir avoir le dernier mot. Belle manière de le finir sans se salir les mains remarquez, mais bon, si je l'avais ramené jusqu'ici, ce n'était certainement pas pour le voir s'affaler et devenir aussi froid qu'un glaçon. Les ciseaux dans une main, je tirais son tee-shirt de l'autre pour le réduire en charpie. De toute façon, déchiré et imbibé comme il était, il ne servait pas à grand chose. Pas une fois, la lame ne frôla sa peau, effectuant une danse dont je n'avais plus conscience, concentrée dans un seul but.
    Je ne saurais dire où j'avais appris tout ça, sur moi même peut-être ? Ou tout simplement que parce que quand la faucheuse est votre métier, la moindre des choses est de savoir recoudre les morceaux tangibles d'une existence salie. Le corps de Léo se dévoilait peu à peu et malgré mon intense concentration, je ne pus éviter de poser des prunelles curieuses sur celui-ci. Il semblait que Léo avait subit les assauts incessants d'une horde de chats enragés, griffures et longues, fines cicatrices s'enchainant au fut et à mesure de l'ondulation de ses muscles.
    Un sourire intérieur. Finalement, il le méritait peut-être son titre de super héros, ne serait-ce que pour la carrure … mais bon, Léo avait toujours un petit pois à la place du cerveau pour s'échiner à vouloir protéger tout le monde au dépriment de sa vie. Cette part de lui dont j’étais par la force des choses spectatrices me mettait légèrement mal à l’aise et je détourna bien vite le regard après avoir fini mon découpage en règle.
    Instant volé, bien vite effacé par une grimace à la vue de la blessure suintant ce liquide pourpre qui ne pouvait s'arrêter.

    Mais qu'est-ce qu'il foutait encore ?
    Cette volonté d'indépendance était-elle si forte chez lui qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'essayer de se débrouiller tout seul ? Certainement. Les traces de sang disparaissaient, laissant de légers sillons d'eau et de pourpre tandis qu'il passait maladroitement son bout de tissu autour de la blessure principale. Protection qui tomba entre mes jambes, moi en train de préparer les compresses et le désinfectant.

    "Hé ! Tu veux bien te tenir tranquille ! "

    Léo se pencha dans un essoufflement de douleur. Son dos bronzé se dévoila, parsemé de cicatrices jumelles à celles qui parcouraient le mien, mais je ne fis aucune remarque. Qui étais-je pour lui dire quelque chose d'ailleurs? Un assassin qui se baladaient avec les mêmes balafres, des souffrances similaires sans l'être, son opposée.
    Je posa doucement mais fermement une main sur son épaule valide, frémissant sous le contact et le poussa un peu arrière. Il partit naturellement en arrière pour s'étendre, dévoilant le reste de son buste à la lumière, et d'un œil habitué à détecter les faiblesses, je ne pus que remarquer les deux petites cicatrices, miroir de celle qu'il aurait dans quelques jours.
    Un souffle difficile, des yeux brumeux ...

    « Bon, Aya… tu vas pouvoir laisser ressortir ton côté sadique. »

    Un rire au fond de la pièce. Deux regards noirs en direction des deux clowns, bouffons de stupidité par rapport à leur vie. C'était impensable quand même, c'était moi la tueuse dans le lot, la voleuse de vie et la même personne qui leur recommandait silencieusement de ne pas jouer avec.

    "Ta gueule ... Ne me donnes pas la possibilité de te tuer, c'est trop tentant. Si tu bouges encore, je te détruis l'autre épaule c'est clair ?"

    Sarcastique, mon sourire démentait la lueur qui dansait dans mes prunelles sombres. Expression particulièrement vivante qui s'effaça face au flot de sang qui s'écoulait toujours malgré la main de Léo et la mienne pour compresser le trou béant. Et merde !

    Un frisson et un tremblement dans cette même main à la perspective de ce qu'il fallait faire tandis qu'une autre étoile entrait dans la pièce. A un autre moment, j'aurais interpellé Ray, plutôt acide, mais il était de toute façon sans gêne, ombre silencieux des pas de son pactisant. Qu'il ai pu retrouver Léo ici n'était pas une surprise.

    « T’as intérêt à avoir de bonne pinces ma grande. T’étonnes pas si ça saigne après que la balle soit retirée, il a une bonne veine qui s’y cache derrière. »

    Sympa le conseil... j'hochais la tête sans rien dire, passant au dessus du ton légèrement condescendant du stella. Après tout, il ne tenait pas à trainer Léo par les pieds et d'une certaine manière, me le confiait... Aussi flippant que réconfortant comme sentiment.
    Alors que le chien, qui n'en était pas tout à fait un, rejoignait la grande asperge aux tifs rouges dans le fond de la pièce, je pris une autre compresse imbibée et la posa de nouveau sur la blessure.
    Léo, j'espère que t'es pas une petite nature ...
    Me retournant vers Sky tout en continuant à appuyer, mes doigts pressant ceux de ce Bouffon qui commençait à s'épuiser.

    " Sky, la bouteille ! "

    Haussement de sourcil et écrasement d'un énième mégot dans le cendrier. Bonjour le milieu aseptisé ...

    "Hein ? Hé non ! on l'a payé la peau du cul ! "

    " Passe la bouteille et dégages. "

    Je le fixais calmement malgré un léger tremblement dans ma voix. Un froissement sur le lac de mon imperméabilité. Et des yeux qui ne reflétaient qu'une chose : la terreur. J’étais terrifiée, déchirée par cette peur de réitérer des erreurs, de trembler. A cet instant, j’aurais voulu me jeter dans les bras de mon stella pour m’y cacher jusqu’au jour, m’y pelotonner en pleurant. Mais j’étais en partie responsable de ce qui c’était passé, et je me devais de garder le minimum de sang froid qu’il me restait.
    Sky se tut, et m'apporta la bouteille que je tendis ensuite à Léo, en le relevant légèrement, plongeant dans le lagon de ses yeux.

    « Bois ça, ca va t’aider … et surtout.. » respiration saccadée. « Tu me laisses faire ok ? »

    Ne bouge pas, laisse uniquement ton souffle me servir de point de repère.
    Je fermai une seconde les paupières, me mordit la lèvre inférieure, goutant ce sang qui occultait tout et commença.
    Les pinces entamèrent la chair, écartant le passage d’une balle d’acier qui n’aurait jamais du se trouver là. Mes mains s’agitaient dans une cadence saccadée, hésitante puis de plus en plus sure, comme si ma propre détermination prenait vie au travers.
    Et commença la danse de sang vers un rêve vaporeux d’un sourire que l’on ne ferait pas que toucher du doigt.

    Et comme dans un remake d'Alice au pays des Merveilles, dans le fond de la pièce, deux étincelles papotaient comme si de rien n'était. Une clope à la bouffe, des yeux aussi sanglants que l'âme de son propriétaire et de son acolyte occupée, Sky souriait.

    " Hey, comment ca va le clep's ? Il s'est bien débrouillé ton pactisant héhé ... "


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MessageSujet: Re: ... mais qui a été par la force des choses. [Léo]    ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] I_icon_minitimeDim 3 Avr - 15:14

«Chevalier. Tu es mon as de pique, mon as de cœur. Frappe. Brise. Déchire. Défend-moi de tout danger. Chevalier. Seras-tu prêt à me suivre, être le Bouffon de la Reine ? »
Joker Triste.

Il y avait tellement de données, d’odeurs, de sensations, d’horreur. Deux orbes bleus qui scrutaient la noirceur du plafond, où cette vision s’arrêtait bien avant, dans une valse brumeuse de doux souvenirs insipides. Des fragments de senteurs, toutes plus écœurantes les unes que les autres. Celles du sang, de la cigarette, de l’alcool, du désinfectant. Du sang encore, des poils de chiens, de sueur, de torpeur. Il avait la nausée, le besoin de se rattraper à quelque chose. N’importe quoi. Ressentir trop d’impressions s’incrustant dans sa peau, ses veines. La douleur vibrante de son épaule. La chaleur de son corps. Ces frissons parcourant son échine, redressant son derme à toute puissance. La fatigue creusant ses joues. Les tremblements de ses doigts. Le goût de la pluie. C’était un trop-plein, un submergement de tout ce qu’il pouvait capter. Trop.

Des sons, des bruits qui lui emplissaient la tête. Des choses inutiles s’incrustant dans son cerveau, tel le poison, avec une facilité écœurante. La pluie se heurtant contre la vitre, le vent s’infiltrant dans les escaliers, la musique dans sa tête, les aboiements de Ray, les rires des Sky. La respiration saccadée de la nippone, les battements de son propre cœur, des gémissements trop plaintifs. Cet appel qui n’existait pas, le frottement du tissu contre sa peau, le cri de sa blessure. Trop de tout.

C’était un flot de sens. L’ouïe, l’odorat, le goût, la vue, le touché. Tout était saturé, attaqué par cette capacité à tout enregistrer quand ça n’allait pas. Tout se mélangeait et s’unifiait dans une alliance scabreuse. Ce fut le début de sa dérive vers des visions uniques, vastes tentatrices d’illusions tourmenteuses. Il faisait chaud. Trop chaud. Le sang sec et l’absence de son vêtement ne pouvait pas l’empêcher de succomber à ces frissons tapageurs. Ca s’appelait overdose. Couler dans des ressentis uniques, frustrants, marquants à outrance les nerfs. Se perdre dans cet amalgame, s’écarter de son être. Sombrer.

« Ta gueule ... Ne me donnes pas la possibilité de te tuer, c'est trop tentant. Si tu bouges encore, je te détruis l'autre épaule c'est clair ? »

C’est ça, détruit moi un peu plus. Serait-ce la seule action dont tu es capable, jeune étrangère ? Qui était-ce ? Cette voix emplie de peur, presque de la terreur, enterrée sous cette montagne de sarcasme. Il la connaissait. Oui. Aya. C’était ça. C’était Elle. Sa main qui, posément, retenait momentanément le barrage d’hémoglobine et le tremblement des doigts de l’ensanglanté. Un sourire vint déchirer son visage. La chaleur de son corps l’étouffa un moment, capta de toute urgence la fraicheur de la nippone. Une inspiration profonde franchit ses propres lèvres, s’engouffrer dans ses poumons, y rester. Il aurait voulu la rassurer, lui murmurer des mots doux, pour qu’elle le frappe, qu’elle s’assure qu’il soit encore apte à éviter ses coups. Cette faiblesse oppressante, le clouant sur le matelas, l’en empêchait avec délectation. Il pesta intérieurement, mais réussi à exprimer clairement sa frustration. Un « Tch » qui ne se heurta qu’au vide de son incompétence. Tais-toi. Rends-moi sourd à tout sentiment. Ne plus rien avoir. Transparence.

Il y eut quelques paroles échangées, une protestation. Soudain, alors que le Bouffon divaguait dans son inutilité, les mains froides d’Aya le redressèrent et elle lui tendit quelque chose. Par réflexe, il détacha ses doigts de la plaie pour s’emparer de la bouteille. Il détailla vaguement l’étiquette. Wodka. Dans un soupir et un tremblement de plus, il la fit rouler sur le sol. C’était un superhéros, non ? Il n’avait pas besoin de ce genre de substitut pour s’éloigner un chouia de la réalité. Il en était déjà loin. N’y étant cloué que par un bout de métal dans l’épaule. Le reste de sa conscience s’amusait à se balader entre lui et d’autres régions brumeuses de son esprit. La bouteille s’arrêta sous le pied d’un Sky qui le félicita d’un regard plein de joie. C’était son alcool, qu’il avait payé avec l’argent durement gagné par sa partisante. Pas question qu’un pauvre humain incapable de protéger ses propres fesses y touche.

« Tu me laisses faire ok ? »

De l’encre dans de l’eau qui se dilue et lentement s’efface. C’était à peine s’il la voyait, son regard plongé dans l’obscurité de sa douleur. & il errait dans un monde qui n’était pas le leur. Ni à Elle. Ni à Lui. C’était un chant lointain, l’appelant aussi fort qu’il le captivait. Il y avait le parfum de la menthe. L’air frais de l’hiver. Un corps connu jonchant le sol gelé de décembre. C’était un triste anniversaire qui plus jamais ne serait fêté. Il n’y aurait plus personne pour le faire, ni pour la pleurer. Il était le dernier à s’en rappeler. Leo ! Aya le secoua un peu. Il se réancra dans la réalité, la transperça de ses prunelles bleutées. Avait-il vraiment le choix ? Aller chercher lui-même son calvaire, avec ses doigts tremblant, entaillant son épaule plus que le soignant ? Il en était hors de question. Il était saignant, mais pas stupide. Elle fut observée, détaillée. Des frissons contrôlés, des pupilles dilatées, un dos légèrement vouté. Stupide. Tu n’es qu’un idiot. Un fou. Un fou trop aimé des autres.

« T’inquiète, ça va aller. Je te fais confiance… Tch. »

Il passa sa main brulante sur la jeune escrimeuse. Un sourire sur le bout des lèvres, un œil à moitié fermé. Doucement, à son rythme, il reprenait contrôle sur ses élucubrations. Ainsi, il resterait le Chevalier qu’il était. Sa force un peu plus grande à chaque seconde. Ce passage serait un nouveau trait sur leurs vies, les unissant pour de nouveaux jours à venir. Se rapprochant de centimètres en centimètres sur ces silhouettes. La fatalité s’écraserait sur les deux pactisant, une nuit ou l’autre. Bien, il était temps.

La pince s’aventura dans la blessure. La crispation s’attaqua au corps du Bouffon, lui arrachant un frémissement. Son dos s’arqua. Son visage se crispa. Il tenta de cacher sa souffrance à Aya. Mais c’était inutile. Sa capacité d’omission était noyée sous le jeu de ses nerfs. Sa respiration s’accéléra. Il ferma un œil. Chuta un peu plus dans la fièvre. La nausée s’insinua dans son estomac, n’avait rien à vomir. L’air lui brula la gorge. Il claqua des dents une fois, puis les serra longtemps, férocement. Son bras droit fut empli d’un fourmillement étrange, ne sentit plus le bout de ses ongles. Son cœur lui heurtait les tympans, lui froissant le cerveau. Il poussa un cri. Avait mal. Loin de lui le masque de héros ou de pactisant. A cet instant, il n’était plus qu’un éclopé de plus dans cette bataille entre les deux élues. Un rire s’échappa de sa gorge, étouffé par sa respiration saccadée.

Les deux stellas, en retrait, regardaient à peine la scène. Ils étaient beaux. Ainsi plongés dans l’obscurité, preuve de leur suprématie sur cette Terre. Aucune attache, aucune nécessité de se sentir inquiété par l’évènement. Les étoiles étaient en partie rationnelles. Ray ne pouvait rien faire pour son pactisant, malgré l’infime part d’angoisse qui l’occupait. Utilisé son pouvoir ici n’aurait fait qu’affaiblir encore plus l’agonisant là-bas. Alors il parlait du temps stellaire, de ces petites choses qui s’étaient perdues dans l’espace. Des actes qui n’arrivaient qu’à eux. Qu’eux seules pouvaient comprendre, subordonnés d’une Lune égoïste, que plusieurs d’entre eux auraient pu avaler d’un simple rayonnement.

« Hey, comment ca va le clep's ? Il s'est bien débrouillé ton pactisant héhé ...
-M’en parle pas, une vraie tête de mule celui-là.
-Ça fait combien de temps qu’il a plus dormi ?
-J’ai pris l’habitude de ne plus compter à partir de trois nuits.
-Lopette, moi quatre. »

Il se souvenait de cette enfance, en collant verts, en Lune rouge. Ses muscles le tiraient, subissaient la tension continuelle qu’il infligeait à sa chair. Le désir que tout s’arrête. Un gloussement au loin, qui n’appartenait à personne. Des phrases. Des mots. Honteux. Injurieux. Des murmures. Tout résonnait dans sa tête. Panique. Hurle ! Il ne le ferait pas, se mordit un peu la lèvre, claqua des dents une nouvelle fois. Il regretta une seconde de ne pas avoir pris de vodka. Puis l’anesthésie arriva. Le brun ne saisit pas son origine tout de suite, puis détourna son attention sur son stella, lui lança un bout de tissu rouge, qui manqua de loin sa cible. La fureur se lisait dans ses yeux bleus. « Allons, gamin. » Horizon vociféra mentalement. Il ne sentait plus rien. Aucune odeur. Aucune chaleur. Ni le goût de cigarette, encore moins celui de sang. Il ne comprit pas. Ne comprenait plus.

« Arrête ça, Leo ! »

Effaré, il dévisagea Sky qui s’était enlevé de son appui, redressé de toute sa longueur, approché de quelques pas. Ah oui. C’était Leo son nom. Depuis combien de temps l’avait-il omit ? Depuis le début, mon tendre. Le stella de l’asiatique s’approcha d’un pas en plus, se retourna vers le chien.

« Et toi, tu ne fais rien ?
-Idiot. Il ne s’en rend même pas compte. »

Horizon était perdu, ne savait même pas pourquoi il était à l’origine d’autant d’agitation. Qu’avait-il bien pu faire pour sortir de leur discussion toute tranquille l’Ombre d’étoile d’Aya ? Je te donne ta réponse, ignare. De la lumière bleutée c’était mise à luire de l’humain lui-même. De son bras inutilisable avait surgit ce spectre de la Lune, pour empêcher toute souffrance de l’atteindre à nouveau. Cependant, bien que cette action paraisse simple, elle n’en était pas sans risque pour Leo. C’était avec sa vie qu’il jouait. Rien qu’avec la sienne. Et tout ceci, il l’avait fait inconsciemment, poussé par la fièvre et le manque de sang. Il porta son attention sur ses doigts illuminés, voulu l’arrêter, n’y arriva pas. Il scruta à nouveau Ray qui n’avait pas bougé de sa place.

« 42 ! 42 ! »

Les babines de Ray s’étirèrent en ce qui ressembla à un rictus, et la pièce fut à nouveau plongée dans la pâle clarté produite par la lampe de l’appartement. Voila. Compensation fournie. Don bloqué. Tu t’es trompé mon beau, dans tes calculs. Et à nouveau commença le ballet des sensations, la douleur lui brisant le dos, la chaleur l’étouffant, la moiteur de ses mains s’accrochant aux draps. La rigidité de son visage, la rapidité de sa respiration. Tout revenait, comme si la parenthèse de son délire n’avait été qu’un soupir. La pince était toujours en train de s’enfoncer dans la chair, à la recherche de cette boule de métal qui roulait sur son os, massacrant sa patience, l’attaquant plus puissamment à chaque millimètre que Aya rongeait avec son outil. Il fut tenté de s’éloigner un peu de cette réalité, mais décida de s’accrocher à cette douleur. Il ne se laisserait plus avoir. Car comme Batman, il ne tomberait pas deux fois dans le même piège. Après-tout, n’était-il pas Buffone ? N’était-il pas Verde ?

Fin de l’entracte. Il chercha un point de contact avec le plafond, pour se concentrer dessus. Alors que les spasmes assaillaient sa peau, il tenta de calme sa respiration, les battements de son corps. Le bruit de la chair dévoilée, flirtant avec le métal arrivait à ses oreilles. Ses traits se contractèrent. Il laissa échapper un gémissement. La paume froide de la demoiselle sur son épaule ne servait à peine à calmer le feu de la fièvre lui brulant les veines. A nouveau, il sombra. Une ruelle, sombre. Loin de tout. Et à nouveau ce corps. Celui d’un autre que lui. Et qui plus ja… Il sursauta, enfonçant la pince un peu plus violement dans son épaule, se mordit la joue. Il avait perdu le point fixe. Chercher. Quelque chose de plus captivant qu’une simple tache. Une nouvelle ligne d’Horizon.

Ses océans se fermèrent sur l’obscurité. Se concentra en surface. Ne pas respirer trop vite, ni trop penser à cette douleur fulgurante. Aya était toujours concentrée sur cette plaie, une chasse au trésor sadique. Il l’entendait, la savait concentrée. Il l’imaginait chassé les rares mèches lui chatouillant ses yeux noirs de son poignet, épongé le liquide carmin s’échappant de cette plaie. Il captait son odeur, légère, transperçant subtilement l’odeur de la fumée, de la pluie et de la sueur. C’était ça. C’était Elle. Aya. Trouvée. Leo chercha à tout ressentir de cet être qui faisait tout pour le sortir de cette situation. C’est un beau combat, n’est-ce pas ? Peut-être le plus grand que tu ne livreras jamais.

Sky soupira, retourna vers le mur où il s’était accoudé, sortit un clope d’un paquet, l’alluma. Ray se recoucha sur le parquet, battant la queue à un rythme régulier, fermant les yeux, écoutant les gazouillis auxquels s’adonnait son pactisant, poussa un soupir. Bon, il devra manger un bon steak. Puis il devrait passer chez le pharmacien. Et puis… Alors que le chien faisait une liste de tout ce qu’il devrait faire, Sky ouvrit la bouteille que lui avait rendu Leo, tout heureux de retrouver sa chérie.

« Bon, il est peut-être con, mais il est pas bien méchant. T’as vu, il m’a rendu Vicky intacte.
-Vicky ?
-Ouais, V comme Vodka ! »


Ray s’étrangla de rire. Sky était bien dans sa peau d’humain, lui se confondait parfaitement avec cette fourrure de chien. Peut-être avaient-ils ratés leurs incantations en étoiles. Tant pis, dans leurs prochaines vies, quelques milliers d’années plus tard…

« Ca m’écorche de le dire, mais ils sont mignons comme ça. Un maso avec une sadique. The couple.
-Tais-toi donc la luciole et fais-toi Vicky. »


Ils rigolèrent. C’était ainsi. Une pièce de théâtre incluse dans une autre. Des acteurs jouant leurs propres rôles, ne collant absolument pas avec le contexte du spectacle. Mais ils jouaient quand même. Parce qu’ils aimaient ça.

Elle était proche. Proche du but, du jackpot. La douleur se fit plus vivace, le sang plus présent, la chair brulée plus compacte. Ne plus rien voir, se laisser aller au feeling, suivre le chemin qu’avait tracé le projectile. Leo commença à être un peu plus calme, sonné par cette opération qui trainait en longueur. La faute à qui ? Il n’entendait plus rien, sa respiration s’était fait plus légère, moins lourde. Juste sommeil, le cerveau en saturation finie. Sans vraiment s’en rendre compte. C’était un pâle silence qui embaumait les lieux. Lui, s’échappait au flux du sang tachant le matelas. Aya. C’était ça. Ne pas se laisser avoir par l’Ombre de l’inconscience. Ce concentré sur l’essentiel. Ce qui le raccordait à Tout. Aya. C’était Elle. Dans une impatience fulgurante, chercher le contact, pour rester accrocher. Capter son odeur, inspirer plus longtemps, plus profondément. Menthe douce, arôme le guidant vers un peu plus de clarté.

Il ouvrit ses lagons, yeux cernés, les dirigèrent vers ceux de charbon de la demoiselle. Elle avait du sang séché sur une des joues, les cheveux légèrement plus en bataille que d’habitude. Il remarqua le début d’une cicatrice profonde en son sein. Ses yeux glissèrent vers son air concentré. Un rail de douleur plus fort que les autres lui tira l’épaule. Choc. Rencontre. Que dit monsieur pince quand il rencontre madame balle ? Leo retint un cri. De l’eau perla de ses tempes, se cachant dans ses cheveux. Il sentit Aya se préparer à tirer, et posément, faire le chemin inverse. Un grognement s’échappa d’entre ses crocs. Faillit sombrer. L’obscurité l’entoura, dévorant petit à petit chaque partielle de raison qu’il lui restait. Aya. Respiration saccadée, les muscles tiraillés de toute part, fatigués. Il agit rapidement. Sa main s’empara du poignet de la nippone et tira violement. La pince sortit. La balle aussi.

Il poussa un dernier soupir, planta ses saphirs brulantes dans ces obsidiennes à moitié brisées, la retenant prisonnière de cette poigne lâche. Elle et Lui. De l’encre dans de l’eau qui se mélange, s’unifie.

« Ton regard est noir. D’encre. D’ombre. Capture-moi. Enferme-moi. Tes yeux sont de charbon, de goudron. Tu portes l’obsidienne, l’hématite, la tourmaline. Trésor. Mords-moi si j’ai tort. »
Leo.

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Aya Murazaki [Sky]

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 ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] Vide
MessageSujet: Re: ... mais qui a été par la force des choses. [Léo]    ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] I_icon_minitimeMar 5 Avr - 16:57

Your whispers fill these empty halls
I'm searching for you as you call
I'm bracing, chasing after you
I need you more


    Poisseux. Orageux, recouvrant tout sur son passage, le sang s'épanchait sur ces draps comme s'il voulait teinter sa marque indélébile de désespoir en nous. Mais je ne le laisserais pas faire, je me battrais avec cette même énergie qui en mènent certains à leur perte, les étourdissant dans un esprit qui se perd dans les méandres d'un sentiment noir.
    Léo, écoutes ma prière silencieuse.
    Fais de ta douleur, une partie infime de ta colère
    Fais-en ta partenaire
    Accueilles-là, renies-là
    Mais ne te laisse jamais entraîner dans ses aléas.


    Je n'avais pas besoin de l'observer bien longtemps pour comprendre que le pactisant agonisant était fou de fièvre et de douleur, son esprit dérivant vers des brumes mortelles mais tellement accueillantes pour faire demi-tour et reprendre pied ne serait-ce que l'espace d'un instant, l'espace d'un regard brillant.
    Le Cerbère observait l'agonie calme du lion, admirant secrètement l'esprit qui animait celui-ci, la force de se battre, encore et toujours, comme un fou qui fonce dans le mur malgré les recommandations. Et c'est cet élément qui m'aiderait, le désespoir, la volonté de ne pas être vaincu par un éclat de métal, œuvre d'une âme sombre. Je me devais de faire en partie confiance à Léo, à ce qui avait permis sa survie dans ce monde sanglant pendant tout ce temps.

    La bouteille roula dans la pièce, marquant le temps d'une note étrange tandis que mon stella la récupérait avec un soupir amoureux digne d'une grand-mère qui aurait retrouvé son vieux chat grincheux et irascible. Idiot. Idiots... Pas besoin d'aide hein Léo ?
    C'est toi qui choisit, c'est ta douleur après tout ... L'assommer, le faire plonger dans l'inconscience aurait pu sembler une solution, mais dans ces conditions, c'était envoyer le bouffon rejoindre directement la cour des rois de l'ancien temps. A voir la température du corps de cet idiot, on aurait pu penser justement qu'il aurait tenu le coup, mais il y avait cette main brulante sur la mienne, ce geste d'une âme qui se raccroche à la moindre chose qui pourrait la sauver du gouffre sous ses pieds.
    Léo était un feu incandescent, son contact me brulait et pourtant je ne bougeais pas, froideur aussi mortelle que salvatrice. J'étais glacée, frissonnant d'appréhension, frigorifiée de l'intérieur, comme si tout mon être était figé dans un sentiment de terreur. Je devais chasser tout ça, et vite, toutes ces choses que ce sang s'écoulant comme des rivières familières. Il n'était pas Yuki, il ne lui ressemblait pas du tout, et j'avais une chance de lui sauver la peau. Je n'étais plus la jeune fille de 15 ans perdue dans la neige, un cadavre dans les bras.
    Rien que pour cela et pour bien d'autre chose que ma conscience refusait, je n'allais pas le laisser crever, je m'y refusais, la tension de mon dos s'accentuant encore plus.

    « T’inquiète, ça va aller. Je te fais confiance… Tch. »

    Tiens tu peux encore parler toi ?
    Je me noya une seconde dans les lagons brumeux de Léo, y cherchant cette force sur laquelle je me butais constamment auprès de lui, ce sourire provocateur, ces rires et ces mots susurrés exprès, dans l'attente d'un semblant de coup de ma part. Non, je ne devais rien attendre de lui ... Surtout pas maintenant, c'était l'inverse. Je devais devenir ce pilier d'obsidienne, inébranlable, ce trait fugace de lumière que l'on aperçoit, perdu dans l'obscurité. Et peu à peu, le tremblement de mes mains se calma, les ratés de mon cœur devinrent moins fréquents tandis qu'un voile invisible se déposait sur moi. Je devais faire abstraction de tout, c'était mon combat, mon adversaire était ma partenaire, mon ombre de vie et malgré mon talent pour la mort, je refusais de lui laisser Léo. La fatalité nous emporterait, mais pas aujourd'hui.
    Le Cerbère montrera les crocs, réclamant dans un cri de fureur sa proie. Il ne tremblera pas devant celle qu'il sert, dans son manteau d'obscurité et elle se retirera.

    Concentration. Application.
    Le métal rencontra alors à nouveau la chair, l'écartant délicatement pour ne pas la laisser refermer le poison en son sein. Je savais par instinct que la douleur lancinante se ferait plus forte, envahissant le reste de conscience qu'il restait à mon partenaire. Un partenaire au visage congestionné, aux dents qui claquaient, la perte de contrôle de son corps trop proche pour être reprise en main, même par la volonté la plus forte qui soit.
    Je me mordis plus forte la lèvre, inquiète, je n'avais pas encore commencé à m'enfoncer à la recherche de la balle. Je jouais contre la trotteuse ... Si seulement mon Étoile n'était pas apparue sous le signe de la destruction mais d'un don curateur ou plus utile dans ces cas là. Inutile de jouer sur les champs magnétiques, étranges attractions que je ne maitrisais pas le moins du monde.
    N'étais-je capable que de déchirer encore plus fort, plus profondément ?
    Mon désespoir intérieur fit écho au cri de Léo.
    Malgré tout, je continuais, impitoyable ange déchu qui charcutait l'épaule d'un fou qui avait un rire aux accents de larmes.
    Je sais ce que ça fait Léo, accroches-toi ... Il m'était arrivée de me retrouver dans une situation similaire et croyez-moi, Sky, c'est pas le genre de Stella à tailler dans la dentelle !
    Je m'arrêtais un instant pour retirer sa main de la plaie et la poser doucement contre ma hanche.
    Ressent Léo, ressent ce contact, raccroches-toi à cela.
    Broie-moi si ça peut t'aider, mais ne lâches pas.

    "-Lopette, moi quatre. "

    Hein ? Je me retourna, spectatrice insignifiante de la conversation entre les deux stella qui taillaient joyeusement la bavette pendant que je m'escrimais, comptant je ne sais quoi ... Foutues poussières d'étoiles !
    Des étoiles qui réagirent bien plus vite que moi à la lueur qui émanait soudain de Léo, me griffant la main tenant la pince au passage, tandis qu'un projectile rouge volait en direction de Ray.
    Il se servait de son pouvoir pour évacuer la douleur, le halo enveloppant progressivement son bras.

    Et merde, c'est pas le moment de faire n'importe quoi Léo !
    Je m'écarte légèrement, rompant le contact brulant tandis que Sky lui hurlait d'arrêter. Sans même le regarder, je pouvais deviner ses prunelles incandescentes qui fixaient le pactisant comme pour l'engloutir. Mon stella était mes ténèbres, mon obscurité au rougeoiement dangereux, mon ombre. Il riait de la condition dans laquelle c'était foutu Léo, la part sanglante de lui-même attendant avec délice la chute mais pas que cela. Derrière ce masque de mauvaises blagues et de regards meurtriers se cachait une certaine sensibilité. Pourquoi ?

    « Et toi, tu ne fais rien ?
    -Idiot. Il ne s’en rend même pas compte. »

    Les intentions et les pensées de Sky m'étaient obscures, avait-il réagi pour la survie de Léo, pour son existence et celle de ray, ou plus égoïstement à cause des conséquences qu'il savait inévitable sur la mienne ? Un véritable mystère et c'était ainsi depuis toujours.
    Tout s'arrêta soudain à l'énonciation d'une série de nombre. Ray et sa compensation stupide. Bon ok ok, la mienne n'était certainement pas mieux ...
    Et la douleur reflua comme une vague qui revient s'écraser sur des récifs inlassablement. La crispation reprit possession du corps de Léo, le sang s'écoulait de plus en plus à mesure que je m'enfonçais plus vers le fond de la plaie.
    J'essuyais la sueur froide qui perlait sur mon visage, maquillant mes joues de traces sanglantes, mon débardeur me collant à la peau, soulignant la finesse de ma silhouette, les mouvements rapides de ma respiration affolée par ce geste pratiquement suicidaire de ce crétin de Léo !
    Plus les minutes passaient, plus mon dos, mon cou devenaient douloureux, fatigue et tension cumulée. Je ne prenais même plus la peine de m'essuyer les mains, maculant mes pointes ébènes de liquide pourpre pour les remettre en place.
    Foutus tiffs ! Un jour, je couperais tout !
    J'essayais de regagner un certain calme, le babillage de mon poivrot de Stella en fond. Je ne captais que quelques mots de leur conversation, le rire de Sky résonnant dans ma tête comme un ricanement funeste. Je serais les dents plus forts et me reconcentra sur la plaie.
    Mais à chaque fois que je plongeais le regard dans celui, fou et douloureux de Léo, la barrière mentale éclatait en mille morceaux. L'encre de ses yeux était un tourbillon qui m'entrainait malgré moi.
    Ne me regarde pas comme ça, Léo.
    Je savais au fond qu'il ne me voyait plus, perdu, luttant dans les brouillards brumeux de sa conscience, mais je ne pouvais m'empêcher de le fixer une seconde, comme pour soulager sa souffrance, chose impossible. Je posa ma main paradoxalement froide sur la joue de mon partenaire et l'obligea à se fondre dans mes prunelles.
    Un murmure répété comme une litanie sourde.

    "Accroche-toi Léo... "

    Les mots franchiraient-ils la barrière que la douleur avait construite ? J'en doutais et pourtant, en charcutant les chairs de Léo, fouillant à la recherche de cet éclat de métal trompeur, je répétais inlassablement ces quelques mots, en italien et dans ma langue natale.
    Raccroches-toi à cette faible espérance,
    Ne me laisse pas la saisir pour n'avoir au final que de la souffrance.
    Laisse ton rire percer mes ténèbres encore une fois.

    Un gémissement plus fort, et un contact dur sous la pince que je reculais de quelques millimètres. Trouvé ! Bien logée ou il ne fallait pas, la balle s'était enfoncé dans les chairs comme pour s'en faire un nid de douleur.
    N'aie pas peur Aya.
    J'ai toujours été très mauvaise dans le jeu de l'auto-persuasion vous savez ? Mais avant que j'ai pu reprendre mon souffle, la main de Léo s'empara de la mienne dans un geste brusque.

    "Hé ! "

    Dans un râle sanglant, la pince et la balle sortirent de l'épaule de Léo, comme une libération soudaine. C'était fini, presque, ça avait duré comme une éternité ... Pourtant, ce n'était pas le moment de rêvasser. Faisant lâcher la pince à ce crétin suicidaire auquel je tenais apparemment plus que je ne l'aurais pensé, je repris rapidement mes esprits et épongea frénétiquement le sang.
    Merde ! il en avait perdu beaucoup trop.
    Alternant compresses et désinfectant, je compressais la plaie des deux mains, à moitié penchée au dessus de Léo.
    Il allait surement perdre complètement conscience d'une seconde à l'autre si on laissait ça ainsi. Plusieurs minutes s'écoulèrent où j'enchainais encore, les compresses et cotons imbibées parsemant le sol comme des camélias rouges autour du lit jusqu'à ce que ça se calme un peu, me permettant de bander correctement la blessure.
    J'entourais complètement Léo de mes bras pour le soulever légèrement, humant au passage l'odeur piquante de ses cheveux. Il semblait une poupée de chiffons dans mes bras et j'étais partagée entre lui foutre deux baffes pour qu'il émerge et le serrer dans mes bras.
    Tout d'un coup le silence dans l'appartement me paraissait comme irréel, dérangeant, pourtant il avait été marqué par les pas de mon stella aux yeux de braises, sa paume se posant avec légèreté sur mon épaule.

    " Bravo Fillette ..."
    Pas un mot de plus ... juste un sourire entendu sur la connaissance de tout ce qui m'avait traversé l'esprit. Sky était mon miroir, il connaissait le fin fond de mon âme, sa lumière comme ses ténèbres. Et il savait. Il savait à quel point je venais d'en chier.
    Je me relevais doucement, passant vaguement mon regard sur Ray, rompant le contact du bras de Léo et du mien. Souffler, enfin ? J'attrapais la bouteille, déjà à moitié vide qui pendait le long de son bras et avala une gorgée qui me fit tousser.

    " Ptite nature ! Je t'ai connu plus résistante que ça ! "

    " Ta gueule, sale pilier de bar, faut des couvertures ... Il est peut-être brulant, mais 'faut que la fièvre baisse, des médocs aussi. "
    La fatigue et l'énervement me rendait acide, vulgaire, mais le combat n'était pas encore terminé ...
    Autrement dit, Léo allait devoir rester un bon moment cloué à ce lit qui puait le sang et la fumée. M'appuyant sur la carrure de mon stella, je m'arrêta un instant, enfouissant mon visage le temps d'une unique larme pour m'en échapper.

    Sky continuait de fixer l'humain allongé dans le lit de sa pactisant, regard rougeoyant contre lagon d'eau clair. Il pencha la tête de côté, sa chevelure abondante suivant le mouvement et le cliquetis d'un briquet se fit entendre.
    Il soupira et sourit à Léo.

    " Souviens-t'en, moucheron. De tout ça ....
    Pff, tu ne la mérite p... "


    Il fut interrompu par mes pas trainant sur le sol et mon regard assassin qui lui conseillait de se la fermer et d'aller voir ailleurs. Sa seule réponse fut un rire franc et sa main qui m'ébouriffait les cheveux déjà en bataille. Je n'avais pas besoin de dire grand chose, il avait compris.
    On ne discute pas mes fréquentations, mes choix.
    Un deal muet qui fonctionnait très bien.

    " Ray ! Tu viens, on va faire un tour, ça pue trop ici, et t'inquiètes, ton gamin bougera pas. Et j'ai deux trois courses à faire. "

    Et naturellement Sky farfouilla dans mon sac, s'empara de mon porte-feuille et fila. Des courses ? Mouais ...
    La porte claqua tandis que j'enlevais les bouts de tissus imbibés du lit, manifestant ma frustration aux vagues gestes d'aide de Léo par des "Tss" sonores. Bon, j'allais pas le laisser pourrir sur des draps rouges de sang !
    Doucement, je pris son autre bras pour le relever ou du moins essayer de le pousser de l'autre côté du lit.

    " Eh ben mais t'es pas un poids plume toi ... Léo, t'es là ? t'es avec moi hein ? "

    Oui, j'essayais d'obtenir ne serait-ce qu'un sursaut d'aide de sa part, mais dans ma voix pointait une inquiétude non feinte. Je le savais à peu près tiré d'affaire suivants les heures à venir, mais il y avait comme une peur sourde qui s'insinuait, une peur de gamine, qu'il ne se réveille pas.

    Regardes-moi encore Léo. Noies-moi, broies mes mains dans les tiennes, Anéantis mes paroles et ris. Ris encore!



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MessageSujet: Re: ... mais qui a été par la force des choses. [Léo]    ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] I_icon_minitimeVen 29 Avr - 11:24

«Accroche-toi Leo»
Aya.

C’était une voix. Cette voix. A l’accent d’un pays d’ailleurs. Des paroles marquées d’un dilemme profond. D’une presque terreur. Leo, tu sombres, au plus profond de tes songes. Rattrape-là. Ne vois-tu pas qu'elle t'appelle? Ne ressens-tu pas sa détresse? … Idiot. Leo reprit une bouffée d’air, attiré par cette demande à sens unique. Refaire surface, s’attaque à cette léthargie. Rattraper cette fatigue qui l’enlace. La mordre, la déchire. Le détruire par sa volonté. Et doucement, à son rythme, sa vitesse, son envie, ressentir les mouvements saccadés de ses bras, la brulure de ses poumons, le tiraillement de ses muscles. Inspirer. Expirer. Se rassurer que l’air qu’il respirait n’était pas un rêve, que les rires qu’il entendait étaient bien réels. Se permettre de souffle un peu, de calmer le tambourinement de son cœur dans sa tête. Faire abstraction du frisson lui broyant l’échine. Relever les yeux, percer ceux de la nippone avec force, garder son poignet dans sa main et tout lâcher. Laisser son bras retomber le long de son corps, frôler de s’endormir, serrer les dents. Affronter. Combattant. Frappe. Protège. Ton devoir est d’Être.

Leo se laissa faire, défait par cette difficulté à bouger correctement. Le corps lourd, s’enfonçant presque dans le matelas, incapable de se relever. Il fonctionnait au ralentit, voyant la pactisante s’activer à stopper le saignement. Il respira, sentit son odeur et celle du sang. Poisseux liquide dégoulinant de son épaule, glissant sur sa peau, séchant, lui faisant des peintures de guerres qu’il aurait préféré ne pas avoir. Contagieuse carence qui se creusait, au fur à et mesure que la tache rouge grandissait sur le lit, reflet de cette fatalité. Il ne ressentait plus rien qui l’aurait fait sursauter à nouveau. Son cerveau était saturé repassant en boucle cette dernière heure de sa vie. Il faillit presque en rire, à la place se perdit dans l’observation des traits tirés d’Aya. Lutte difficile. Seconde en seconde. Tout affronter. Ne rien laisser au destin. Lui arracher avec véhémence les aléas des évènements. Devenir maitre de soi, Maitre de la Lune.

Soudain, un bandage se retrouva autour de la blessure, muselant la douleur d’un pansement presque efficace. La respiration encore courte, il toucha le résultat du travail acharné de la nippone, analysant d’un bref coup d’œil l’état de lit, grimaça un peu. Aya s’écarta de lui, appelée par son étoile. Ray, à la limite de l’ombre de la pièce, l’observait, l’œil brillant. Assit, sa queue battait joyeusement le sol. Il s’approcha calmement, posa sa truffe sur le nez de son maitre. L’odeur du sang attaquait ses narines avec véhémence. Mais cela ne faisait rien, ne sentant déjà plus le goût de ce liquide. Il pouvait bien faire attraction de cela un moment, n’est-ce pas ? L’humidité de la truffe de l’animal fit trembler imperceptiblement le corps du pactisant. Le chien échappa un jappement moqueur.

« Je t’ai déjà vu en meilleure forme que ça.
-Je t’ai déjà vu plus utile que ça. »

Murmure rauque, aussi inaudible que le vent passant dans l’herbe. Le lion était couché, affaiblit. Mais jamais il ne se laisserait mordre à nouveau. Le chien le dévisagea un peu, souffla son haleine de croquette sur le visage d’Horizon. Le dévisagea profondément. Il n’était pas heureux, l’aurait engueulé pour qu’il ne recommence plus. Cependant, le stella savait que cet effort aurait été vain envers le jeune homme. Il était farouche, droit dans ses idées, ancré dans ses convictions. Oui, Leo n’était pas fier de cette soirée, de l’état dans lequel il se retrouvait. Ca s’arrêtait là. Il n’était pas parfait. Point. Et puis, maintenant, il y avait Aya, il pouvait bien se permettre de se reposer un peu, non ? Ray rigola.

« Tu t’ouvrirais un peu aux autres ? Le gentil bouffon… »

Remarque inutile. Personne ne l’aurait compris. Mais S. savait ce que sous-entendait l’animal à quatre-pattes. Soit. Le brun ne répondit rien, n’avait pas la force de le faire. Il se contenta de hausser les épaules, ou plutôt le seul valide qu’il possédait encore. Il recula un peu, se défaisant du contacte établit pas la poussière d’étoile un peu plus tôt, caressa la tête de sa boule de poils, de cette main poisseuse, sale de cette longe nuit. Ray vociféra, prétextant que la propreté de sa fourrure ne devait pas être tachée. Rattraperais-tu un minimum d’humanité, vieille Nébuleuse ?

Et soudain, Horizon le sentit, posé sur lui. Rouge. Incandescent. Brulant. Furieux. Il l’attaqua avec puissance. Les acteurs étaient descendus de leur scène. A présent, tout se jouait dans des étincelles de reproches. Leo, tu vas t’en prendre plein la gueule. Il porta ses yeux bleus, mi-clos, sur ces iris enflammés. Sky. Aussi stupide que pouvait paraitre son nom, qu’avait-il de ce ciel bleu que Leo s’évertuait à protéger de sa vie ? Le stella n’était que l’avatar d’un être pourpre. Dis-moi alors, pourquoi le Ciel ?

« Souviens-t ‘en, moucheron. De tout ça .... Pff, tu ne la mérites p... »

Fidèle à son habitude de gardien, il montrait les crocs. Ray rigola dans son ombre, alors que déjà, un regard Noir scellait la fin de la phrase de l’étoile. C’était ainsi, un ordre muet que Leo devina plus qu’il ne le perçut. Un pâle sourire désolé vint border ses lèvres. Oui, désolé de cette soirée, d’être l’obligé de quelqu’un, de trainer les pieds, de créer tant de problèmes. Leo n’aimait pas ça, haïssait cette sensation. Mais c’était un apprentissage. C’était de cette manière qu’il devenait un peu plus fort de jour en jour. D’erreur en erreur, de blessure en blessure. Il ne le savait pas, ne le comprendrait peut-être jamais. N’en n’aurait pas vraiment conscience. Effervescence. Commencer à faire vraiment confiance aux gens, à s’y attacher. Pour de bon. Pour de Vrai. Sky ne le percevait pas, se contentait de le marquer de son regard de sang.

« Ray ! Tu viens, on va faire un tour, ça pue trop ici, et t'inquiètes, ton gamin bougera pas. Et j'ai deux trois courses à faire. »

L’animal en question aboya joyeusement, heureux de pouvoir quitter cette pièce trop petite, ce lieu qui puait la mort. Il sauta aux pieds de son semblable, lui tourna autour pendant qu’il farfouillait dans un sac trainant par là. Leo les observa, voulu s’appuyer sur son bras valide, rata son essai. Ray le remarqua, s’approcha de lui et lécha son visage en guise d’au-revoir. Puis il partit s’assoir devant la porte, attendant que l’homme en rouge le laisse sortir et patauger dans la pluie. Parce qu’il aimait l’eau. Et que surtout, il voulait sortir de cet appartement.

« Tu n’as plus intérêt à crever, microbe. »

Regard de tueur, d’assassin. C’était une mise en garde. Leo n’avait pas besoin de cela. Il le savait très bien. Que sa vie avait un poids plus lourd qu’il ne pouvait l’avouer lui-même. Au-delà d’Aya, il y avait tellement de gens, de promesses qu’il se devait de respecter, quitte à les trainer tel un fardeau blessant. Cain et ses yeux sombres. July et son rire clair. Yubaba et ses traits tirés. Milan & sa douce robe de béton. Car tous, en eux même, lui offrait la possibilité d’être ce qu’il était au plus profond de son être. Leo

A cette observation silence, Leo lui décrocha un sourire tiré, fatigué de cette longue nuit. La plus longue de ta vie peut-être ? Sky, agacé, se tira les cheveux et tourna le dos. Pour une balade parfaitement ennuyeuse qui lui laisserait le temps de faire de l’ordre dans ses pensées. « La prochaine fois, tu n’y échapperas pas. » Sursaut de douleur. Ses muscles se contractèrent, poussa une respiration rauque, lui brulant la gorge. Des yeux bleus, identiques au sien, qui le dévorait de l’intérieur. Ray et ce pacte de la Lune. Ce fut un affrontement. De deux paires d’eux, revendicateurs chacun de leur liberté. Horizon avait tendance à l’oublier : Ray était une étoile. Juste une boule de gaz gravitant dans l’espace. Sans d’accroche assez puissante à la Terre pour le faire changer de nature. Effervescence.

La porte se referma, voilant l’appartement d’un mince fil de silence, enlaçant les deux pactisants. C’était un mélange de contradictions dans la tête du brun, alors que la lourdeur de ses paupières se faisait plus vivace, que ce mal de tête se faisait plus puissant. Le prix à payer pour vivre un peu plus dans une ville calme. Milan se nourrit de ce sang. De ton sang. Rien que de ça. Seul capable de la nourrir à satiété. Pleure et elle sera heureuse. Meurs et elle sera radieuse. L’estropié se perdit dans la contemplation de rêves futiles et de murmures agaçant. Et toujours cette voix qui résonnait dans son être. Marque au fer rouge dans son cœur, qui lentement le consumait jusqu’à la moelle. « Accroche-toi Leo. »

Une main fraiche se posa sur son bras valide, le tira vers l’avant. Nullement préparé à cette intervention, il manqua le bon moment pour se relever, chuta sur ce lit macérant dans le sang. Il y eut encore un appel. Presque murmuré au bord de ses oreilles, pour qu’il puisse vraiment l’entendre, le capter avec tous ses sens. C’était son prénom qu’on chuchotait. Cette attention n’était dédiée qu’à lui seul. Un battement de cœur traversa tout son corps, fouettant les nerfs endoloris. Il trembla légèrement, s’arqua un peu sur le côté. Puis, lentement à son rythme qu’il ne pouvait s’empêcher de trouver trop lent, il posa un premier pied sur le sol, suivi d’un autre. Sentir la sensation de toucher la réalité par ses propres moyens, autre que par la douleur enivrante qu’il ne percevait presque plus. Toute recommencer dans une liturgie presque envoutante. Se perdre. Se retrouver. Puis se perdre encore, jusqu’à n’en plus finir, ne plus en pouvoir. S’évanouir.

Buffone se mordit la lèvre inférieure. Ce n’était pas le moment de s’abandonner à ce genre de spectacle. Ce n’était qu’une divagation de plus dans ses pseudo ténèbres. Un bourdonnement agaçant dans les oreilles. Il se retrouva debout sur ses deux jambes, ne sachant pas vraiment comment il avait fait pour se retrouver droit. Il était seul, jusqu’au bout de la nuit. C’est ce que tu crois ? C’est ainsi ? Idiot. Son corps tangua d’avant en arrière, le laissant dans un équilibre peu encourageant. Et il avança maladroitement, dépassant la silhouette de cette personne qu’il connaissait surement, s’engouffra dans la pièce principale de l’appartement. Un grognement sourd lui déchira sournoisement la gorge. Il fit craquer son dos zébré de marques blafardes qui ressortaient un peu plus que d’habitude, posa son pied dans une flaque rougeâtre. Il suivit ces taches du regard, qui le menait jusqu’à la sortie de la pièce. Super. Le plus débile des traqueurs du GDP amoureux des kitty n’aurait eu aucun problème pour le retrouver – pour ne pas citer ce débile en question.

Tout alla un peu plus vite. Comme un déclic qui se faisait trop tard. Ses iris se dilatèrent un peu plus, tourna rapidement sur lui-même pour se diriger vers un petit morceau de fenêtre. D’un geste vif, de cette main poisseuse, il ouvrit ce morceau de verre, passa sa tête par l’ouverture. Juste à temps. Les deux formes vagues et lointaines se retournèrent d’un mouvement unique. Synchronisation effrayante, arracha un rictus au Specchio et à l’humain. Ils étaient trop éloignés pour l’entendre, pour le sentir même. Cependant, ils n’avaient rien d’humain. Leo moins qu’eux encore.

« Hep, Ray. Tu feras le ménage hein ? Juste une question de discrétion. »

Apparu un éclair, petit crépitement fébrile, léchant le bout de son nez, transperçant son cerveau de part en part, lorgnant les nerfs de sa moelle, perça son bras endolori. Le corps de Leo bougea de lui-même, crispation caractéristique. Son diaphragme se bloqua, son cœur s’accéléra. Le souffle coupé, l’estropié affronta l’être en rouge avec un regard plus qu’incandescent. Aucune trace de douleur ne perla de ses traits. Il n’y avait rien que cet air de Buffone Verde. Celui qui lui seyait le mieux. Celui d’un pauvre fou, revenant dans le monde des fous. L’oxygène s’engouffra dans ses poumons lascivement au même rythme que son diaphragme descendant dans son abdomen. Son bras droit le démangea, serra le poing, tuant la douleur de par sa seule volonté. Ah, te revoilà.

La pluie tombait en trombe, martelant l’arrière de son crâne avec véhémence. La froideur de l’eau le fit presque frissonner, alors que des gouttes ruisselaient sur sa nuque, dévalant sa colonne vertébrale en une lente descente. La blessure de son épaule se remit à teinté le bandage d’un vermeil trouble. Ses océans devinrent plus vif, plus frais. Il s’accrocha aux yeux de Sky, le dévisageant vraiment, répondant à ce duel que l’étoile avait commencé un plus tôt. La chaleur de sa peau le quitta un peu, lui permettant de respirer plus facilement. Voila, doucement, à ton rythme mon brave. Le Stella se sortit une cigarette, l’alluma sans difficulté malgré l’humidité. Il attendait, de voir ce que cet imbécile de pactisant serait capable de faire. Vas-y, étonne-le encore, comme tu l’as déjà fait de si nombreuses fois.

Leo ferma ses yeux. Leo ouvrit ses yeux. Il inspira. Et parla. À voix basse. De cette manière qu’il avait de s’exprimer en faisant trembler les plus sensibles. Sky n’était pas comme ça. Il lui répondit en montrant ses crocs, en mordant. Un petit accrochage. Evanescence. Il tira une nouvelle fois sur sa cigarette, fini par rire. Puisque c’était ainsi.

Il ferma la fenêtre, se laissa glisser le long du mur, essoufflé. Il passa une main dans ses cheveux, les ébouriffa, pour faire partir le restant de la pluie. Ah… Il était tellement fatigué, leva la tête, repensa à son coup de jus. Il entendit les bruits de pas dans la chambre, à côté. Ah. Aya… Il tendit sa main vers ses chaussures, défit ses lacets, les retira, et enleva ses chaussettes trempées. Il joua avec ses orteils un moment, fini par s’assoupir légèrement, là, assis sur le sol de l’appartement… et sentit une présence en face de lui. Leo plia sa jambe gauche, tout en détaillant cette silhouette. Elle était plus petite que dans ses souvenirs. Elle était plus forte que dans ses souvenirs. Son regard était revenu, alors que la fièvre lui mâchouillait toujours la peau. Naissance d'un sourire.

« … En aout… C’est une aout mon anniversaire. »

Oui, c’était vrai. Un jour où le soleil était présent, brulant l’asphalte et réchauffant l’atmosphère. Soleil en déclin, grignoté un peu plus par la Dame d’Argent. Le pactisant fit signe à sa semblable de s’approcher. Il n’avait pas assez de force pour parler avec ce timbre fort si caractéristique. Juste un peu. Rien qu’un tout petit peu. Tout se passerait à mi-voix, à huit-clos. Juste entre eux deux. Juste un peu. Rien qu’un tout petit peu. Il posa son bras valide sur l’épaule de la japonaise, la nargua quelque peu de son regard azur. Son souffle chaud, un brin encombré se heurtait sur le visage de la demoiselle.

« Tu me fais visiter ? » Il toussa un peu. « Non, je plaisante. Juste la salle de bain, se serait bien. »


«Tout disparu. Pinceau noir de goudron effaçant toute la douleur. Alchimie. »


Spoiler:


Dernière édition par Leo H. Accettura [Ray] le Jeu 5 Mai - 16:47, édité 1 fois
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 ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] Vide
MessageSujet: Re: ... mais qui a été par la force des choses. [Léo]    ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] I_icon_minitimeMer 4 Mai - 14:50

Parce que c'est elle,
Parce que je ne laisserais personne y toucher
Parce qu'elle est ma survie et mon oxygène.


    Un stella bien mystérieux. Voilà ce qu'était Sky pour quiconque essayerai de se casser les dents pour percer ces yeux incandescents qui vous mataient ouvertement d'une lueur joueuse. Il oscillera entre une démarche irréelle et un comportement encore plus humain que celle qui a scellé ses lèvres aux siennes.

    Et face au Bouffon, c'était bien ces traits de sa personnalité qui ressortaient le plus. Jalousie. Méfiance. Qui était-il, cet impudent même pas capable de tenir debout tout seul pour oser poser les yeux sur sa pactisante ? Pire, affirmer sans hésitation pouvoir marcher à ses côtés. Mais Sky devait bien reconnaître une chose à la petite larve humaine qui servait de pactisant à Ray... Il le faisait rire. De ce rire profond, chaud comme les flammes qui semblaient parfois danser dans ses prunelles. Le gamin avait réveillé les ténèbres tapis derrière les prunelles couleur sang, il le mettait au défi, ne tremblait pas, le relevait avec sourire et le stella, malgré son aversion pour lui, semblait un brin reconnaissant à Léo pour l'amusement qui lui procurait. Pas si insignifiant que ça le moustique, même si l'humain restait ... faible.
    Beaucoup plus entrainant que face à un adversaire toutes griffes dehors, affronter Léo dans ces échanges silencieux était quelque chose qui plaisait nettement plus à Sky. Le risque de la présence d'Aya dans tout ça rajoutait une donnée capable de mettre le feu aux poudres de leur petit jeu et cette perspective excitait l'étoile au sourire torve. Il veillerait de loin, deux billes rouge sang dans l'obscurité, prêt à trancher au moindre faux-pas, présence ténébreuse, mais protectrice. A son sens.
    Ambigüe. Un seul mot pour décrire l'étoile maitresse de cet éclair fugace qui vous fait sursauter par sa soudaineté, sa souveraineté. Il n'avait d'ailleurs jamais révélé à celle qui suivait ses pas sanglants l'ampleur de cette maitrise, pour sa sécurité. Et peut-être aussi pour garder un minimum de contrôle ... comme un fil qui la raccrocherait à lui pour l'éternité, du moins le temps de son existence sombre. Pauvre petite fée aux ailes déchiquetées. Mais Sky n'aimait pas se poser des questions, lui embrumant l'esprit, le rendant inefficace. Ne plus penser, laisser courir son instinct... Et tout en fixant le pactisant à la fenêtre d'un regard électrisant, la clope au bec, celui-ci lui soufflait que l'humain serait source d'amusement piquant. Il tourna les talons en ricanant, jetant un coup d'œil à son comparse, apparemment heureux sous la flotte.

    "Il est ptet' pas si lâche ton moustique ...Allons chercher Val’ tiens !"

    Vicky étant restée sur la table du salon, Val’ serait de bonne compagnie, même si le simple fait d’être sorti de cet appart rendait le sourire à l’étoile. Le temps était propice à l’orage et l’électricité statique contenue dans cet air chargé rendait Sky d’humeur plus légère.

    Pourquoi "Sky"?
    Parce que ces yeux rougeoyants étaient devenus mon Horizon. Parce qu'il avait teinté mon univers gris de teintes flamboyantes de défi, même sous la forme d'une provocation. Parce que ses ténèbres avaient soufflé sur les braises de ma vie; Et ... parce qu'il venait de là-haut, tout simplement.
    Lui vous dirait que ça vient d'une bouteille de Wisky. Est-ce à cause de ça qu'il s'est mis à donner des surnoms à ses bouteilles ? Je ne savais pas, mais je me rappelle encore de l'éclat d'émerveillement et de ma mine dégoutée à voir son engouement pour la boisson. Poivrot va !

    A observer la rigidité de Léo, les phalanges blanches au contact du bord de la vitre, je savais que mon stella y était pour quelque chose. Je l'avais déjà vu faire. Pratique avancée, après tout, l'électricité n'était qu'un fil conducteur, un contact éphémère chargée de particules. Mais il n'avait jamais encore voulu m'expliquer comment ça marchait, trop de risque que je bousille un crâne ? C'était bien possible. J'apprenais déjà assez vite par moi-même d'après lui, et nos récents essais avaient failli faire sauter toute une baraque ...
    J'aurais bien quand même aimé savoir ce qui se tramait entre ces deux là...Accoudée au chambranle de la porte, les bras chargé du drap poisseux de sang, j'avais observé du coin de l'œil Léo se relever, chercher en déambulant des repères pour ne pas s'effondrer littéralement dans les flaques de sang qui tachaient le lino. Tout n'était que question de volonté ...
    Les derniers mots de mon stella trottaient encore dans ma tête. « Tu n’as plus intérêt à crever, microbe. »
    Facile à dire, surtout quand le sujet en question ne semblait pas prêt à y mettre du sien. Nom de Dieu ! Il pouvait pas rester tranquille dans son coin, en attendant que j'ai fini ? Nan, forcément. En temps normal, je ne me serais pas sentie le moins du monde concernée, je pouvais le dire sans détourner les yeux, oui j'avais laissé des âmes crevées le long du trottoir. Mais c'était Léo alors ... Et puis après tous les efforts que j'avais faits, je lui interdisais de me claquer à nouveau entre les doigts. Pas avant deux trois nuits de sommeils en tout cas, sinon c'était moi qui me ferait un plaisir de l'achever cet idiot fini !
    Je me détourna en soupirant, allant chercher un sac poubelle pour y enfourner les draps bousillés. Faudrait penser à les cramer assez vite, pas la peine qu'on retrouve des draps ensanglantés par inadvertance...
    Un claquement caractéristique m'informa que Léo avait fermé la fenêtre. Dommage, j'aimais quand la fraicheur de la nuit envahissait l'appartement, comme pour signifier son omniprésence. Veilleuse silencieuse.
    Mes pas semblaient résonner à mes oreilles comme des tambours, le silence si particulier de l'appartement tranchant avec l'animation qui l'animait quelques minutes auparavant.
    Qu'est-ce qu'il foutait encore ? Ho, Léo n'aurait pas pu courir bien loin vu l'état dans lequel il était, mais inconscient comme il était, le risque était possible ...
    Chopant un verre d'eau et un aspirine au passage, je m'avançais et m'accroupis devant la forme avachie sous la fenêtre.
    La grimace qui barrait mon visage n'avait pas disparu ... Et le bout des doigts discrets que je passai sur le front du blessé me confirmèrent que la nuit risquait de ne pas se terminer ... La fièvre se battait contre la raison dans son regard.

    « … En aout… C’est une aout mon anniversaire. »

    Hein ? Je croisa son regard, étonnée, cherchant la raison de ces quelques mots. Ah oui ... le baratin que je lui avais servi tout à l'heure. Un sourire vint fleurir sur mes lèvres, toujours un brin inquiète. Il avait failli y passer, était d'ailleurs toujours dans un état assez critique au vu de son bandage et non, Monsieur me sortait des banalités digne d'une discussion pour faire connaissance. Mais au fond, n'était-ce pas ça ?
    Cette nuit, n'avions-nous pas enfin fait un pas réellement dans l'existence de l'autre, au delà des faux-semblants ?
    Je lui tendis d'un geste impérieux le verre et l'aspirine, cette fois-ci, je ne permettais aucun écart, aucune pirouette tant qu'il n'aurait pas avalé ce fichu comprimé. Faible molécule censée refouler la folle chaleur qui s'était emparée de son corps.
    Mais Léo me fit signe d'approcher plus près. Son souffle balayait les quelques mèches de cheveux rebelles qui cachaient mon regard et le sien m'enveloppa d'une rassurante familiarité, comme s'il était revenu. Ses prunelles me narguaient légèrement, fugace petit défi. Avant que la légère teinte sur mes joues ne devienne vive à cause de cette douce et étrange promiscuité, je sentis son bras s'appuyer sur le mien, demande discrète d'aide. Je ne pus retenir un petit ricanement, foutu fierté ... comme si Léo ne s'abaissait pas à me demander un coup de main en rendant leur réalité à des mots.

    « Tu me fais visiter ? » Il toussa un peu. « Non, je plaisante. Juste la salle de bain, se serait bien. »

    Un demi-sourire vint se nicher au coin de mes lèvres, tandis que je hochais la tête en guise d'assentiment d'un air taquin. Tout ce que tu veux Léo, tant que je te tiens à l'œil, au moins pour ce soir. Prenant appui sur le bord de la fenêtre, je l'aidais à se rétablir, évitant de le voir tanguer comme un navire en proie à une tempête.

    " Je fais pas crédit longtemps j'te préviens ..." Reprenant mon sérieux, j'ajouta en véritable comédienne. " Ici, nous nous trouvons dans un superbe salon de 18 mètres carrés, décoré façon très épurée on va dire ... Il donne sur un minuscule cuisine. Pas pour les adeptes de la gastronomie quoi ..."

    A l'allure d'un escargot, j'accompagnais Léo au seuil de l'autre véritable pièce de l'appartement, à savoir ma chambre, dont le matelas porterait à jamais la trace de son passage. Génial ...

    " Et voilà, la chambre, que t'as déjà bien vu d'ailleurs, même s'il y a certaines choses qui ne te plairaient pas."
    Le haut de l'armoire par exemple d'où dépassait la crosse d'un pistolet et diverses petites choses. Le reste du rangement était constitué de choses à peu près banales, des fringues, des boîtes entassées de souvenirs et papiers en tout genre.
    " Tu me dois un matelas au passage. "
    Qu'il le prenne ou non pour une dette, je n'étais véritablement pas sérieuse. Concrètement, jouer au super héros en collant vert rapportait certainement moins que les petites enveloppes brunes que je déposais parfois en revenant du bar.
    Non sans mal, à trébucher l'un contre l'autre et manquer de s'étaler par terre, on arriva enfin à destination. A savoir la fameuse salle de bain aux carreaux immaculés. Je l'aidais à s'assoir sur le seul tabouret de la pièce, examinant de plus près le bandage qui commençait à devenir rougeâtre. Accroupie en face de lui, sans même lui demander son avis, mes mains expertes défirent la bande pour en remettre une autre, toute neuve. J'espérais en avoir assez en stock pour les futures heures où la blessure resterait fragile.
    Un bout de sparadrap entre les dents, je levai la tête vers Léo, un pauvre sourire rassurant et amusé sur mon visage crasseux. Toujours accroupie, je me trouvais à sa hauteur, bien qu'un peu plus basse, frissonnant sous son souffle rauque, qui effleurait parfois ma peau. Décidément, on avait tout des opposés ... Bouffon contre assassin, été contre hiver, un bleu lagon qui distillait l'encre de mon regard.

    "... Le mien, d'anniversaire. C'est en hiver... Choisis la date qui t'arrange, ça sera plus simple"
    A retenir. Ou pas. Ne pas se demander quelle date exactement, si la lune éclairait les rares flocons de neige, ne pas se questionner sur le comment et le pourquoi, tout cela était plus facile. On laissait couler, sans s'accrocher à une existence qui aurait pu être, pour finalement poser ses yeux sur celle qu'on a choisit, malgré tout. En repensant à la réponse de Léo, j'essayais de me l'imaginer gamin, petite silhouette souriante au soleil, le bleu de ses yeux reflétant celui du ciel. Trop éblouissant ...
    Réalisant la position bien trop proche que j'avais par rapport à lui, je m’écartai un peu brusquement, me cognant contre le lavabo, un gêne palpable et furieuse dans le regard.

    " Tu ... Tu veux peut-être que je te laisse seul ?"
    A bien y penser, le carrelage était un contraste apaisant avec la chaleur qui irradiait son corps mais il serait bien capable de se noyer dans le lavabo ! Coincée, indécise, j'attendais.
    Je détournai le regard et soupira.

    " Je suis désolée ... " une grimace, les mots me brulaient la gorge. " Désolée que tu te sois retrouvé embarqué là dedans ".
    A la vue de sa blessure, le combat avait repris dans mon esprit. C'était de sa faute à ce crétin s'il ne s'était pas écarté, s'il s'en était mêlé... mais je ne pouvais pas m'empêcher d'éprouver une légère pointe de culpabilité.
    Foutue conscience !

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MessageSujet: Re: ... mais qui a été par la force des choses. [Léo]    ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] I_icon_minitimeVen 6 Mai - 19:25

«Tu es une fleur fanée, aux pétales brisés. Coquelicot séché, ne te laisse pas tombé. L’averse arrivera. Tu renaîtras. »
Mister Sunshine.

Le temps d’un battement de cœur, d’un battement de cil, de la chute d’une fleur, d’un premier souffle. Il y eut cet instant. En contreplongée, pour seule lueur un voile d’obscurité léchant ses épaules découvertes, ses cheveux noirs en bataille. Entre trois gouttes d’eau et deux nuages. Un moment, callé par le Présent et le Futur. Un intermède fugace. Une vue sur cette silhouette lui paressant immortelle, éternelle. Reine de cette seconde en suspens, de ces grains de temps, tournant sur le parquet, comme des billes s’aventurant dans un temps absent. Roulement incertain de ce passage volé. Parce que leurs vies n’étaient que des parenthèses dans le Noir. Ce fut une orbe bleue, puis une seconde dissimulée par ses mèches brunes, qui détaillaient cette illusion. Particule d’un mirage, disparaissant par le souffle du vent. L’homme était un voleur. La femme était volée. Ce fut une prémices incertaine, un coup de crayon sur une esquisse.

Mais il y eut cet instant. Ou tout s’arrêta. Intimidation. Où le battement de cœur se fit plus violent, déchirant la poitrine. Où les cicatrices parurent ne plus exister, voir n’avoir jamais existé. Où le temps était inversé. Où il était debout, elle couchée. C’était un mélange. Confusion. Un interstice. Un entracte inutile. Où le bleu se fit Opale*. Où le goudron se fit Goethite. Que la lumière s’intensifia, brilla. Où tout n’exista plus. Où tout mourut. Il y eut cet instant. Un contact s’échangea. A travers l’air, le chaud, le froid. Quelque chose se passa. Ce fut les brides d’une sensation inédite. Le crépitement d’une humeur étrange. Ce fut la rencontre du Siècle, de cette Eternité. Naissance d’un sourire. Car ta vie n’est qu’une parenthèse.

Le vent soufflait. La respiration calme, encore douloureuse en surface. Son torse qui se lève, qui s’abaisse. Le craquement de la chair, la chaleur de la plaie. La force de son cœur, la rapidité de son sang. Une perception unique le transperçant. Celle de ce corps, son corps, le rappelant à ce monde, cette réalité. Un appel, un hurlement profond. Leo ! Regarde, je suis là. Ne m’oublie pas, pas toi… Deux obsidiennes l’observaient, le berçant d’une couche de ténèbres salvatrice. Horizon ne les pourfendit guère, ne traversa pas la demoiselle de ses orbes. Il ne fit que l’accueillir tout entier, un. Unique. Leo ne faisait rien. Ce n’était pas un duel. Ce n’était ni des reproches, ni une condamnation. Ce ne fut que la succession du destin, de l’inéluctable, les guidant tous les deux vers une même ligne, un même chemin. C’est trop top pour qu’ils s’en aperçoivent. Ce n’est qu’un pressentiment, un picotement dérangeant à l’arrière de l’Être. Ricanement moqueur de la Fatalité.

Sa main brulante effleura les doigts de glace de la nippone, saisit le verre et le cachet. Il détailla à peine le médicament, ne se soucia même pas de savoir s’il ferait effet, se contenta de l’avaler d’une traite, en deux gorgées, et déposa le récipient à moitié vide sur sol, à côté de ses chaussures sales. Entre deux propos il l’attira à lui, pour qu’il se redresse dans une grandeur bancale, en une stabilité branlante. Leo s’agrippa un peu à l’épaule de la japonaise, pas trop non plus, puisqu’il avait retrouvé un peu de la clarté originelle de son esprit. Calme valse, un pied devant l’autre. Pas trop vite. A ton rythme. Suivre la cadence. Une. Deux. Une. Deux. Aller moins vite quand tu es essoufflé. S’arrêter quand trop de fatigue.

S’en suivi une ellipse narrative. Fragments. Où claudiquant tous les deux au même rythme, Aya lui fit visiter l’appartement, à la même vitesse de leurs pas. Détailler la cuisine, le peu de vaisselle salle, les bouteilles vides. Eviter une tache de sang au sol, de se prendre un pied dans l’autre. Ne pas s’appuyer trop fort sur le corps de la nippone. Faire une critique sur les talents culinaires de Sky, reprendre la marche. Arriver dans la chambre, commentaire de la locatrice. Subir une petite pique sur le matelas fichu, ne pas relever. Juste culpabiliser un peu. Tout chasser d’un soupir, grimacer. Tache rouge immaculée. Preuve de sa faiblesse. Continuer cette danse tranquille. Basculement monotone de leurs deux corps. Métronome régulateur. Le silence de l’appartement, les craquements discrets, la pluie se fracassant contre la vitre. La respiration d’Aya. Son corps frêle, déployant une force cachée pour porter le poids du lion. Le pansement rosi contre son torse, cette odeur de menthe flottant dans l’air. Enregistrer peu de choses. Enregistrer trop de choses. Fin de l’ellipse.

Leo était courbé sur l’épaule d’Aya, le bras reposant de l’autre côté, sur sa jumelle. Elle le déposa sur le tabouret unique de la salle de bain. Il massa un peu son épaule de sa main valide, qui fut chassée par celles de la nippone. Le bandage s’en alla, jeté dans la poubelle. Ne pouvant s’en empêcher, il examina la plaie, ce bleu qui l’ornait d’une forme hasardeuse, la pâleur de sa peau, l’odeur de la blessure, sentit la fêlure de l’os. Leo appuya sa tête contre les carreaux glacés du mur, inspira une grande bouffée d’air. Il se permit une courte divagation alors que la pactisante s’activait pour mettre un nouveau pansement. Ses mains effleurant son derme en douceur, ne pas trop bouger l’articulation ni le bras. S’assurer que tout tenait, finir le bandage. Il se pencha, poupée de chair entre les doigts de l’assassine, se cogna presque contre la tête de son aide-soignante.

Proximité. Frôleur de l’intimité. Du bleu dans de l’encre. Face à face avec sa propre image réfléchie par ces iris sombres. Son souffle qui se heurte sur les joues de la nippone, faisant bouger ses mèches rebelles, presque en rire. Se contenter de sourire. Mouvement de zygomatiques. Haussement perceptible de ses faussetés. Etirer le sourire. En un fin début de bonheur, goutte d’enchantement. Ne plus pouvoir rire. Ne pas vraiment vouloir en rire. Les secondes se livrant au calme, au silence concentré. Etat passif. Observateur de son ancien adversaire. Voir le noir de ses cheveux, le goudron de ses yeux. La pureté de sa peau, zébrée par ces cicatrices foncées. C’était comme un écho. Profond. Lointain. Réflexion d’un miroir. Voir ses propres cheveux bruns, l’éclair de ses yeux. Le bronzage de sa peau, zébré par ces cicatrices claires. Corps liés par ces mêmes blessures. Ressemblance marquante. D’une chair A à une chair B, jumelage de ces mêmes empreintes du temps. Ne pas saisir. Ne pas comprendre. Sourire. Echo.

« ... Le mien, d'anniversaire. C'est en hiver... Choisis la date qui t'arrange, ça sera plus simple. »

Il s’arrêta de jouer avec son bandage tout nouveau, étouffant la blessure, la muselant, fixa la combattante. Il fut triste, un peu. Ne le montra pas, ou fut à peine trahit par ses yeux. Ainsi, tu étais née un hiver. Quand la neige recouvrait tout de sa blancheur. Cachant toute l’horreur du monde, des rues. Rendant chaque détail immaculé d’un blanc nouveau. Tableau inédit, irradiant la réalité d’une vraie pureté. Un jour d’hiver. Où la neige tombe. Où le froid mord. Tu lui ressembles, un peu, petite étrangère. Là où les nuits sont les plus longues. Là où la journée se cache trop vite, timide de cette quiétude. Là où les étoiles brillent le plus. L’hiver est beau. Se recueillir autour d’un chocolat chaud, s’enrouler dans une écharpe. Là où plus aucun bruit n’existe, amorcé par le blanc des flocons. Oui, l’hiver est beau. Et Cerbère, ne rime-t-il pas avec hiver ?

Leo se redressa, s’appuya sur le mur pour se relever, fit deux pas jusqu’au lavabo. En parfaite synchronisation, comme une loi physique indéniable, Aya recula vivement, se cognant contre ce même meuble. Il retint un rire moqueur, commença à faire couler l’eau du robinet.

« Tu ... Tu veux peut-être que je te laisse seul ? » Leo la dévisagea du coin de l’œil, lui offrit un sourire ironique.
« Rho, arrête de faire ta pudique. T’es pas presque à poil, toi. C’est moi qui devrais être gêné… »

Paroles moqueuses, il plongea sa tête sous l’eau. La froideur du liquide lui remonta l’échine, rafraîchit ses idées un instant. Un frisson s’accrocha à son derme. En apnée momentanée, dans le calme spontané du lavabo, il fit glisser toutes ses émotions qui le dérangeaient. Culpabilité. Colère. Frustration. Envie. Fatigue. Tristesse. Nostalgie. Tout laissé dans cette eau salie pas sa crasse. Revenant à l’air libre, il observa son portrait dans la glace. Il tira une grimace, pas beau à voir. Les yeux cernés, le teint trop pâle, les traits tirés. Et ce bleu si vif, brulant tout sur son passage, même sa propre faiblesse. Un sentiment gonfla en lui, l’encourageant à redresser un peu les épaules, à se coller cette fichu mimique sur son visage. Il saisit le savon.

« Je suis désolée ... » Il tourna la tête dans la direction de la nippone, remarque son air affligé, s’empêcha de le calquer sur lui-même. « Désolée que tu te sois retrouvé embarqué là-dedans. »

Le savon lui glissa des mains, s’échappa dans l’évier. Il y eut un arrêt sur image, où il la dévisagea fortement, la rencontrant avec ses orbes opalins. Leo ne comprit pas immédiatement, mit cette déclaration sur le coup de la fièvre et sur la fatigue, mais dut rapidement se rendre à l’évidence que ces excuses n’étaient pas un objet de ses délires. Non. C’était un émiettage sournois de son indifférence. Eraflure de son amitié, de cette entente entre eux deux. Elle creusait, plus profondément en lui, s’installant dans ce qu’il pouvait considérer comme une zone à risque. Leo ne se complaisait pas dans sa solitude, nostalgie requiem. Mais il se suffisait dans cette idée d’existence inachevée. Parce qu’il savait qu’un jour, il n’y aurait plus personne à sauver. Plus personne à le pleurer. Horizon ne voulait pas d’attaches trop profondes, de chaines s’insinuant autour de son cœur, fil rouge enserrant sous âme d’une lueur dorée, bordeuse d’ombres malicieuses. Il ne pouvait l’accepter. C’était effrité la seule couche de protection qu’il s’était instauré. Leo était ouvert aux autres. Trop ouvert. Et dans cette optique de purs bonheurs, il y avait des conditions fixées inconsciemment. Que Aya brisait, écrasait sans la moindre cruauté. Et tu ne veux toujours pas saisir cette réalité. Petit lionceau.

Sa main crasseuse rattrapa le savon, s’empara d’un gant trainant sur le bord du lavabo blanc, l’humidifia. Il s’approcha de la nippone, s’empara de son menton dans un mouvement plein de délicatesse qu’elle ne devait pas lui connaitre, certainement pas après l’affrontement dont ils avaient été les acteurs deux heures auparavant. Sans aucune intimidation, sans aucune autorisation, il s’employa à nettoyer sereinement le visage de sa partenaire, d’enlever les traces de sang et de sueur.

« Tch. Laisse-moi faire. J’suis pas encore estropié au point de ne plus pouvoir faire ça. Et c’est bien grâce à toi. Alors, pas bouger Cerbère. »

Il lui décrocha un mince sourire, continuant sa tâche d’hygiène. En profita pour chasser un peu la fatigue par la fraicheur du tissu. Oui, peut-être n’étaient-ils pas semblables, ne se battaient pas pour de même raisons. Et après ? A chaque approche, chaque signe de force, le jeune lion souriait de plus en plus, grandissait dans son courage. Le bleu vif qui balayait tout. Aucune tolérance. Leo passa aux mains de la japonaise, remarqua l’usure des doigts, semblables aux siens. Dans le silence de la pièce, où seul le souffle d’Aya et le battement apaisé de son propre cœur lui parvenait, ce fut un rituel. Moment unique. Inspire. Expire. Finir. Sa petite asiatique de poche propre, il retourna sur sa toilette, nettoyant le sang de ses mains, de son bras. Enlevant les peintures de guerre, déguisement trop sombre pour cette heure. Il s’attarda sur les taches ci et là de son buste, râla quand il remarqua l’état lamentable de son pantalon –troué, déchiré, taché. Il enleva toute trace. Tristesse. Souffrance. Fatigue. Faiblesse. Il barra tout cela de son esprit, le noya dans les canalisations, les perdit dans le fond des abysses.

Leo fit un pas sur le côté, se retrouva face à elle, dans cette nudité faisant rougir la nippone. L’eau coulait de ses cheveux, humidifiant son visage en une litanie de larmes illusoire. Il aurait soufflé, l’air se serait heurté sur son visage. Il aurait tendu la main, il l’aurait entouré de son bras blessé. Ses yeux furent pris d’un sérieux étrange, mêlé à une douceur bien connue. Nouvelle, plus puissante que jamais. Cette nuit avait été un apprentissage. Il serra momentanément les poings, voulu engendrer une succession de mouvements, étirer son bras, forcer les muscles de ses jambes. Leo se retint. Non. Ce n’était pas la bonne marche à suivre. La dépassant de plus d’une demi-tête, le lion sembla désemparé une demi-seconde. Alors il tendit sa main presque nettoyée sur le crane d’Aya, la félicita d’une tape sur la tête comme on le faisait à un enfant, laissa sa patte d’ours sur ses cheveux noirs. Il s’abaissa un peu, pour être à la hauteur de la pactisante.

« Merci. Aya. »

Merci pour tout. Pour ton inquiétude. Pour ton courage. Pour ta force. Merci d’avoir pris sur toi, de ne pas avoir pleuré. D’être resté forte. De m’avoir soutenu. Et Merci pour ce que tu m’apporteras. Pour tes rares sourires, et ton regard amandé. Merci. Aya. … Était-ce vraiment nécessaire de le dire ? De faire de ce moment un réceptacle plus fort que ce qu’il ne vibrait déjà ? Voix douce, à ce tintement grave caractéristique de sa personne. Ce n'était pas un aveu, ni une demande. Juste la dure réalité de ces heures écoulées, qui lentement se révélaient aux yeux de ces deux-là. Car, à présent, qu’étaient donc ses différences les éloignant ? Ils respiraient le même air, ressentaient la chaleur de l’autre, le tremblement de leurs membres.

Car ce passage n’appartenait qu’à eux. Aucune Lune. Aucune Etoile. Aucun statut d’humain, de pactisant, de traitre, d’être. Car s’ils étaient des parenthèses, Il serait la première, Elle serait la dernière. Potentiel d’un passage mit en avant par leur seule existence. Ils n’étaient ni humains, ni pactisant, ni traitres, ni êtres. Ils étaient. Réel par eux-mêmes. Et s’ils disparaissaient, il n’y aurait rien. Sans l’un, il n’y avait pas l’autre. S’ils étaient des parenthèses, Elle serait le début, Il serait la fin. Ils étaient, sont, seront. Ensemble. Unis. Un.


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Aya Murazaki [Sky]

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MessageSujet: Re: ... mais qui a été par la force des choses. [Léo]    ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] I_icon_minitimeLun 9 Mai - 17:08

Ibelieve in you
I'll give up everything just to find you
I have to be with you to live to breathe
You're taking over me



    Une ligne qui se divise, s’effiloche dans une myriade de couleurs et de teintes, possibilités inachevées ... pour venir au final retrouver l'ombre de ce que l'on avait commencé. En croiser d'autres qui se cherchent, les enlacer le temps d'un instant, d'un regard. Ce mot que l'on appelait destin avait-il réellement un sens ? Le chemin erratique que formaient mes pas était-il tout tracé, sous le regard tranquille de la fatalité ?
    Un sourire se formait-il sur ce visage invisible au regard posé sur nos deux silhouettes dans cette minuscule salle de bain, théâtre d'un jeu qui semblait nous avoir happés dans une réalité étrange ?
    L'idée me répugnait, la sauvagerie de mon esprit se battant silencieusement contre cette vague impression. Non, tout n'était pas calculé d'avance, comme inscrit dans le sang sur une immense horloge d'or. Était-ce se voiler la face que de croire, impertinente, que j'étais encore maitresse de mon existence ? Je n'aurais su le dire. Malgré tout, il était certain qu'une telle situation serait de toute façon arrivée à éclore un jour ou l'autre. Léo et moi ne pouvions continuer à nous frôler éternellement en se complaisant dans nos omissions respectives.

    Et il y avait ce frisson. Cette noyade douce et volontaire dans le profond de son regard. Abandon. L'illusion d'une sensation. Son souffle trop près, beaucoup trop près pour ne pas générer ce mouvement de recul. Instinctif, partagé entre cette envie, rester dans son giron, et fuir, toujours plus loin de cette étrange attraction. Au dernier moment, se retourner pourtant, erreur inverse d'Orphée et se retrouver happée, silencieuse douceur, douleur d'un lagon opale qui vous scrute, cherchant à vous décrypter.

    La brutalité de la réalité revint pourtant me vriller le dos sous la douleur de ma rencontre avec l'étagère de la salle de bain, mouvement incisif d'une réaction guidée par un instinct bien trop ancré pour être contrer.
    Réaction qui ne récolta qu'une lueur moqueuse dans les prunelles topaze de Léo et une grimace mal dissimulée de ma part. Moques-toi, mords-moi de ton regard, bouffon, au final on verra bien qui aura le dernier mot.

    « Rho, arrête de faire ta pudique. T’es pas presque à poil, toi. C’est moi qui devrais être gêné… »

    Juste un rire qui ne sonna pas, pas de morsure ... tandis qu'il plongeait la tête sous le robinet d'eau froide. Je me mordis la lèvre inférieure, une moue boudeuse prenant tout doucement forme sur mon visage. Une envie dévorante de lui tirer la langue comme la gamine que je n'étais plus depuis longtemps. Je n'avais rien à lui rétorqué, ses mots me narguant d'une vérité sourde. Mais ! Mais ... il n'y avait pas de mais, de protestation furieuse.
    La cambrure de son dos, le bronzage de sa peau. Les muscles et la tension qui palpitaient sous cette enveloppe aux traits fins. Mes yeux s’échappèrent pour venir se perdre sur la silhouette de Léo, le scrutant, l'apprenant, en gardant cette distance qui mettait à mal une curiosité qui me fit détourner le regard, gênée, l'instant d'après. La pénombre de l'appartement, la lueur du salon, les taches de sang sur le sol, jumelles à celle sur le corps de Léo, traces pourpres qui marquaient cette soirée.

    Et il y eut ces excuses formulées, les mots sortants, indépendant de ma propre volonté. Nécessaires à ma tranquillité. Mais, ces mots, aussi drus que la roche dans ma bouche portaient toute ma sincérité. La culpabilité pulsait encore dans mon cœur, se nourrissant de sa douleur et de ce sentiment d'échec cuisant, griffant ma fierté en aparté.
    Le bruit mat du savon contre l'évier me fit lever la tête dans la direction de Léo. Son regard, surpris, emprunt de doute me fixait comme si j'étais soudain devenue le centre de toute son attention. Était-ce si surprenant de m'entendre énoncer une chose aussi évidente, du moins dans mon esprit ? La remise en question était une torture nécessaire, vitale ... même si c'était une pratique pas forcément très agréable.
    Une seconde, puis deux, où le regard cristallin de Léo plongea dans l'onyx de mes prunelles, cherchant une vérité cachée. Juste un aveu à mi-voix, une arme baissée et un regard désolé.

    Et alors que la gêne recommençait à pointer son nez, je me retrouvais de nouveau trop proche de lui, son souffle se mêlant presque au mien. Une lueur d'incompréhension, de faible méfiance réveillée, dansant dans mes yeux sombres, j'étais pourtant enchainée par son regard, les mains liées par un fil invisible.
    Tout doucement, mon menton se retrouva entre ses doigts pendant que délicatement son autre main, armée d'un gant frais, passait sur mon front, enlevant le sang séché.
    Frisson. Le contact était si rare, si inhabituel que je ne savais plus comment réagir autrement. Mouvement de recul mais bloquée par cette maudite étagère, je n'arrivais pas à faire marche arrière. Une sourde panique s'insinuait, bien vite refoulée par la douceur de ce touché et ses paroles.

    « Tch. Laisse-moi faire. J’suis pas encore estropié au point de ne plus pouvoir faire ça. Et c’est bien grâce à toi. Alors, pas bouger Cerbère. »

    Là encore, nuls mots prononcés, juste une protestation furieuse, muette, qui éclairait mes pierres noires et un sourire féroce, découvrant une canine. Mais je ne bougeais pas, fermant les yeux, profitant timidement de cette attention. Un sourire fleurit sur mes lèvres à ce surnom. Cerbère hein ?
    Pourquoi pas ... gardienne intransigeante, je n'avais peut-être une aura aussi effrayante que le chien à trois têtes, mais le parallèle était intéressant. Je mordais, griffais, sans lâcher sa proie, la harcelant de morsures, ma lame de jais comme une griffe acérée. Monstre millénaire, gardien des enfers. Autant Léo était le protecteur des étincelles fragiles vivotant à Milan, autant j'étais un agent veillant à la bonne marche de la grande faucheuse, glissant silencieusement dans la pénombre de ses bas-quartiers.
    Et pourtant, ici, rien de tout ceci n'existait, juste ses doigts glissants sur mes paumes usées, formatées par le maniement des armes. Un silence religieux régnait, marquant cet instant surement unique d'un échange rythmé par le seul bruit de nos respirations. La mienne, encore un peu rapide, et celle de Léo, calme, apaisante.

    Une goute d’absinthe dans mon existence.
    C'était un peu ça Léo.
    Nouvelle attraction qui naissait sous la forme de cette chaleur si particulière qui me parcourait l'échine, réchauffant quelque chose d'inconnu, de refusé. Un autre frisson, mais celui-ci de bien-être, sensation trop rare pour être oubliée.

    Je ne voulais pas briser l'instant présent, émit juste un vague sourire, mes pensées suivant les filets de sang dilués qui se perdait dans le typhon de l'évier. Léo continuait sa toilette personnelle, effaçant le sang et la fatigue autant que possible, soupirant sur l'état de ses fringues. Cette remarque attira d'ailleurs mon attention sur une chose que j'aurais du faire déjà depuis un moment. Les cheveux dégoulinants, le dos parsemé de larmes d'eau, comment voulez-vous qu'il ne prenne pas la mort ? Il en avait déjà échappé de peu ... Pas question de laisser une ouverture alors que l'on avait tant sué pour préserver son existence. Il était d'ailleurs drôle, ironiquement surement, de constater que sauver une vie demandait beaucoup plus d’effort que de la prendre. Un mouvement fluide, l'étincellement d'une lame dans la lumière d'un réverbère et le souffle s'en allait...

    Sans bruit, je me déplaça dans la chambre, farfouillant quelques secondes pour revenir à l'entrée de la salle de bain, une serviette et un tee-shirt au travers d'un bras.
    Léo s'était retourné pour me faire face, sa demi-nudité me sauta une fois de plus au visage, moi cachant mon trouble du mieux possible, même si j'étais à peu près sure que c'était trop tard. Du contrôle, ma vieille, t'as fait ça toute ta vie, et c'est pas le premier mec que tu vois torse poil voyons !
    Oui, c'était sur, mais la plupart n'avaient pas été aussi proche de moi que pouvais l'être Léo, par l'espèce d'amitié étrange (en était-ce réellement une ?), les expériences qui nous avait liés, cette quête et ce devoir insensé de protection.
    Le Cerbère se retrouvait intimidé par le lion, quelle blague !
    Mais ce n'est pas ce qui m'arrêta dans mon intention de lui donner de quoi se couvrir. C'était ce regard.

    Cette lueur d'étrange sérieux que je ne lui connaissais pas. Rieur, moqueur, narguant qui que ce soit de lui ôter ce fichu sourire des lèvres, à la limite triste, empli de regrets, douloureux. Ça je l'avais aperçu, mais à bien y réfléchir, c'était des extrêmes et celui dans lequel je plongea mes orbes aux couleurs des ténèbres, était un tout autre regard, comme s'il me voyait autrement. Un changement infime, un instant volé, figé où se mêlaient compréhension, appréhension, saupoudré d'une douceur qui m'emprisonnait sans que je m'y oppose. Une facette du bouffon qui se révélait délicatement.
    J'ouvris la bouche pour protester aux vaines tentatives de Léo à vouloir esquisser des mouvements complets mais mes lèvres se refermèrent d'elle au contact de sa paume sur le champ de bataille qu'était devenue ma chevelure.
    Je n'aurais eu à faire qu'à lever la main pour le repousser à une distance respectable, en dehors du seuil de sécurité que je m'étais fixée. Et pourtant, malgré la nervosité qui parcourait mes veines, je leva les yeux vers lui, réalisant en même temps avec une certaine rage la petitesse de mon être par rapport à lui.
    Mon partenaire se baissa et les mots qu'il prononça me figèrent.

    « Merci. Aya. »

    Trois consonnes, deux voyelles. Un simple petit mot de rien du tout, insignifiant et pourtant refermant tant de choses non dîtes. Plus que de la simple reconnaissance, c'était un nouveau lien qui se tissait entre nous. Malgré leurs différences, leurs divergences, ces mots sonnaient d'un pied d'égalité. Je savourais la consonance des paroles de Léo avant de lui adresser un sourire entendu, le regardant avec une sincérité que peu méritaient à mes yeux, et encore, si je l'avais accordé une seule fois ...
    Je me déroba à la fois à la paluche sur mon crâne et à cette tension entre nos deux regards en posant la serviette sur son visage en face de moi. Tanzanite et Quartz sombre, l'un à côté de l'autre, se noyant l'un dans l'autre.
    Lui séchant comme par réflexe les cheveux, frottant doucement, comme s'il était fait de cristal, je lui tendis ensuite le tee-shirt de Sky.

    " De rien ... Tiens, prends ça, si t'attrapes froid, ça vaudra pas le coup de m'avoir dit merci".


    Absorber les gouttelettes sur son corps ne fut pas tellement un problème puisqu'il pouvait se débrouiller pour se sécher lui-même, du moins c'est ce que je pensais. Après tout, ce n'était pas ce cher Léo qui avait affirmé être encore capable de beaucoup ?
    Le dos allait manifestant posé problème et je lui fis signe d'une main de se retourner, mimant le retourné. A force de rester proche de lui, la proximité devenait supportable, même si j'avais parfois cet écart nerveux de vouloir l'écarter de force, que je retenais à grand coup de respiration profonde.

    " Tu veux bien t'assoir ou te baisser, grande perche ?"

    Je n'avais ni la force, ni la taille ce soir pour atteindre le haut de son dos d'une seule main et mes côtes me le rappelèrent bien explicitement. Pas d'étirements dans les jours à venir, message compris ... pff
    Reprenant des mouvements doux, je passai la serviette, fauchant l'eau, comme celle de ses yeux, dans un nuage de coton.

    Mission numéro deux : passer le tee-shirt. Il était clair que Léo ne pourrait pas lever le bras de l'épaule blessée pour enfiler la manche. Sky allait certainement vouloir me faire rôtir sur le coup, mais j'envisageais sérieusement de découper le côté du vêtement et la paire de ciseaux du tiroir conviendrait très bien. Je risqua un regard interrogatif mais déterminé vers Léo. Qu'il me dise qu'il n'avait pas besoin d'aide et je lui ferais bouffer le tissu...

    D'abord, passer délicatement la tête, pour de nouveau croiser ce regard et aider à enfiler le reste comme on le ferait d'une poupée désarticulée. Je me doutais que ça pouvait légèrement heurté la fierté, même si avec tout ce qui c'était passé ce soir, il avait été plutôt bien servi. Mais, contre toute tentative de protestation, je lui lança un regard d'avertissement acéré.
    Armée de ma paire de ciseaux à la main, avec la même dextérité que j'avais réduit le tee-shirt de Léo en charpie, je découpai la manche. Même s'il ne pouvait passer la main dedans, au moins il serait plus à l'aise.

    Laissant inconsciemment mes doigts frôler le bras de mon compagnon, je me releva après un instant d'égarement. Flou d'une seconde où l'esprit et la raison s'étaient envolés pour ne laisser qu'une coquille vide aux gestes habitués, réglés comme une litanie sur du papier à musique.

    " Tu pourras le garder. Sky en a des tas qu'il met jamais ce salaud ... T'as encore froid ? "


    Sans même attendre une réponse de sa part, j’indiquai d'un mouvement le canapé du salon. On serait beaucoup mieux là-bas et avec une boisson chaude en prime !
    J'avançais jusqu'à la chambre et fit demi-tour, me perdant à nouveau dans les yeux couleurs océans. Déstabilisation. Hésitation. Un sentiment de frustration envers Léo comme envers moi montait. Bordel !

    " Léo ! Tu me rejoins en prenant la couette en bas du lit ou ... "
    Vu la faiblesse de ses pas pour rejoindre la salle de bain, j'étais plutôt penchée sur la seconde option, mais je savais la volonté sauvage qui habitait Léo, et à sa place, j'aurais serré des dents pour essayer de tout faire par moi-même. Comme ses réactions précédentes, comme une idiote qui lui ressemblait plus qu'elle ne le croyait.
    Préventive, je restai finalement à ses côtés.
    Pour le moment, pour l'instant, pour longtemps, du moins ce que me permettrait l'astre de la lune souriant.
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Leo Accettura

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 ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] Vide
MessageSujet: Re: ... mais qui a été par la force des choses. [Léo]    ... mais qui a été par la force des choses. [Léo] I_icon_minitimeDim 15 Mai - 7:15

«Ton sang était nacré, plongé dans ces reflets de miel. Ambre cramoisie. Je te sucerai jusqu'à l'os, jusqu'à la moelle, jusqu'à l'âme. »
Ares.

Il y avait un électron libre. Fuyard espiègle, passant d'un individu à l'autre. D'un pactisant à l'autre. De la nippone à l'italien. De l'italien à la nippone. Il était à la recherche d'un exutoire, partagé entre les deux humains. Qui allait-il choisir? Pris entre deux feux, deux entités vibrantes. Il y avait un échange. D'une chose plus puissante qu'un électron, qu'un positron ou qu'un neutron, ou que de toute autre entité physique, chimique ou moléculaire. C'était une douceur, élément perturbateur dans leurs mondes de tranquillité. C'était l'avènement d'une nouvelle ère. De ce lien s'étreignant d'un cœur et d'un autre. Entrave brillante d'une nouvelle puissance. Aya et Leo s'échangeaient les prémices d'une nouvelle histoire. Qui lentement broiera leur futur terne. En mille douceurs. En mille douleurs.

Poignée chaude protée sur les cheveux d’Aya. Leo sentait ses propres battement de cœur agresser ses tympans, l’intérieur de sa tête, alors que celui fugace de la nippone lui arrivait dans le bout de ses doigts, en un trace vague et diffuse de la vitalité de la noiraude. Le rouge lui était monté aux joues, il sourit faiblement. Que ce teint cramoisi marque sa peau pour un gène quelconque était rare. Et ça lui allait bien, cette preuve tangible de sa sensibilité, qu’une autre émotion que l’ennuie ou la colère s’abritait dans les tissus de son être. Et ça lui allait bien, ce rose de candeur marquant sa peau avec douceur. Contact instantané de quelque chose de voilé.

Et elle n’aimait pas ça, trouvait que ça ne lui allait pas. Un essuie bleu atterrit sur sa tête, alors que, rapidement, deux mains virent sécher ses cheveux. Le début d’un rire lui déchira la gorge, mourut à la limite de sa langue. Car tu n’es pas encore prêt à rire. Tu ne peux que sourire. Cette intention ne lui laissa qu’un étranglement à son cou. Leo se releva vivement, mettant un terme à cette séance improvisée de toilettage, se chargea de le faire lui-même, écartant Aya d’une main et de sa grandeur.

« De rien ... Tiens, prends ça, si t'attrapes froid, ça vaudra pas le coup de m'avoir dit merci. »

Des formules de politesses. Mais ce n’était pas nécessaire. Elle aurait pu s’enfermer dans un mutisme inquiétant, ou reposant, qu’il n’aurait rien dit, rien fait. Horizon n’aurait pas souligné la timidité de son regard, ni toujours le reste de cette inquiétude lui perçant l’âme. Il se fichait bien de ces codifications de bienséance. Il se fichait de la langue dans laquelle ces mots étaient prononcés. Le plus important, était qu’Aya avait accepté ses remerciements. Même si elle ne le formulait pas vraiment. Elle l’exprimait par une succession de mimiques que le lion avait appris à déchiffrer. Alors il sourit. Encore une fois. Rien qu’une fois.

« Tu veux bien t'assoir ou te baisser, grande perche ? »

Ses iris la détaillèrent un moment et il arqua un sourcil d’un air interrogateur. Il voulut l’embêter un peu, rester dans cette droiture l’incommodant. L’heure des blagues et des piques est revenue. Le lion apprend à miauler de plus en plus fort. De plus, le brun était parfaitement capable de se sécher le dos tout seul. La preuve, il se tordit sur lui-même - … Gn…. – Et baissa la tête. Echec. Fail. Il s’assit sur le tabouret, dépité de ne pas pouvoir bouger correctement son bras droit, au risque que son muscle tire sur son épaule, et sur la plaie tout juste calmé. Le contacte avec l’essuie le fit bouger un peu, sursaut presque contenue de son échine. Cet acte fut la suite logique de cet échange entre eux. Un service pour un service.

Quand il sut que ce fut terminé, il se retourna vers la nippone, dans un mouvement unique, croisant son regard de goudron, lui offrit un sourire. Il aurait pu pimenter ce passage d’une réplique, qu’elle soit pleine de sens ou de moquerie, courte ou longue. Et il jugea cet acte inutile. Le silence constituait un mince équilibre. La dernière trace de ce miroir les empêchant de se rejoindre, de se toucher, de s’unir, dans une danse plus profonde, noyant les sens. Silence de leur âme, et de ce qui s’y terrait au plus profond de leurs êtres. Magie à l’aube d’un renouveau.

Ses yeux bleus l’observèrent couper le t-shirt du Stella, remarqua un moment que ça devait être une des activités les plus courante de Aya, vu la dextérité avec laquelle elle s’adonnait à son ouvrage. Que c’était également la seconde fois qu’elle le faisait dans la soirée. Il retint un sourire moqueur accompagné d’une remarque, qu’il aurait généreusement offerte à la noiraude, si ça n’avait pas été son regard noir qui l’aurait avorté dans son esprit.

De nouveau de bonne humeur, il aida du mieux qu’il put la japonaise. C’était ridicule, ce pseudo-handicape enchainant ses membres, sa mobilité, le rendant à un état qu’il qualifiait de misérable. Et c’était nécessaire, inscrit dans la lignée de leurs existences. Un point de passage obligatoire, point de sauvegarde, cinématique révélatrice de leur futur édulcoré. Tout sombrera dans le noir. Tout. Le tissu lécha sa peau, s’y accrocha dans un geste désespéré de recouvrir l’épiderme brulant du pactisant, d’inonder sa fièvre dans du coton, et la faire disparaitre.

« Tu pourras le garder. Sky en a des tas qu'il met jamais, ce salaud ... T'as encore froid ? »
« J’ai chaud. »

Et j’ai froid. Et tout tourne autour de moi. Nécessité de le préciser ? Le jeune lion n’en voyait pas l’intérêt, s’aida du lavabo pour se relever, détaillant le dos d’Aya qui s’éloignait de lui à une vitesse qu’il ne pourrait certainement pas égaler, pas dans l’état dans lequel il se trouvait. Il fit tourner ses épaules, fit taire ses membres ankylosés, ce mal de dos commençant à apparaitre. Elle se retourna. Encore appuyé sur l’évier, il pivota de quelques degrés sa tête, pour avoir une vision complète de la nippone, sourire un peu, avec ses yeux bleus et fiévreux. Un échange. Un de plus, faisant osciller l’équilibre précaire de leur situation. Funambule de cette réalité fleurissant à ses pieds. Et tout nier, l’immerger dans l’inconscience rongeant son éveil. L’ignorer dans une lueur plus forte de ses iris.

« Léo ! Tu me rejoins en prenant la couette en bas du lit ou ... »

Leo perçut un rire résonner au loin dans sa tête, petite voix fluette appuyant cette découverte naissant au plus profond de son être. Le nerf de son bras droit tira vivement sur la cordelette de la douleur, l’empêchant d’esquisser un mouvement que l’intention de son subconscient aurait appliqué à la lettre. Lever son bras. S’approcher un peu. L’emprisonner dans l’étreinte de son corps. Mais Leo n’était pas stupide, bien qu’il fût fou. Il resta statique un moment, avant de s’avancer d’un pas lent, quoiqu’un peu plus rapide que durant sa première approche de la salle d’eau. Arrivé à la hauteur de la japonaise, il ne fit que déposer un baiser une main sur son épaule découverte, la rassurant d’un coup d’œil.

« C’est bon. Vas t’asseoir. Je risque pas de me perdre, t’inquiètes. »

La dépassant, il lorgna le bord du lit de son regard, glissa sur le sang incrusté dans le matelas. Directement, il obscurcit les pensées susceptibles de s’approcher de sa conscience, fixa son attention sur la couette, objectif de sa mission de la plus grande importance. Il se pencha dans un craquement presque inquiétant de son épaule, saisit l’édredon et se redressa, toujours dans le même bruit que fit l’articulation. Calant l’objet de son attention sous son bras, il fit attention de ne pas se prendre les pieds dedans –ça aurait été le comble de son mauvais état, m’voyez.

Le brun s’affala dans le divan plus qu’il ne s’y assit. Un soupir de soulagement franchit ses lèvres, heureux de constater que ses jambes ne l’avaient pas abandonné en cours de route. Il appuya sa tête contre le fauteuil, se retint de divaguer un peu. Il dévisagea Aya un moment, plongeant ses opales dans la tourmaline. Ce n’était pas un duel. Ce n’était que la rencontre de deux entités. La fin du prologue de leur histoire morne. La pactisante voulu se dérober, préparer un thé ou une boisson chaude s’y apparentant. Mais cette fois-ci, il n’y eu aucune entrave, aucune fuite de son être. Le déni de sa conscience commença à se morceler en de fin débris d’ego et de solitude. Qu’Aya écrasait de ses pieds, dans une grâce qu’elle ne devait pas se connaitre, que Leo ne reconnaitrait jamais. Son bras blessé surgit de sous la couette, saisit le poignet de son antinomie. Dans un sursaut de force qu’il ne sut identifier, il la tira jusqu’à lui, à côté de sa personne.

« Tu ne penses pas que tu en as assez fait pour cette nuit ? »

Sans lui laisser le temps de riposter par une quelconque phrase ou indignation, il passa la couette sur les épaules frêles de la nippone, la rapprocha de lui par son bras posé sur elle. Proximité qu’elle n’aimerait certainement pas. Mais elle n’avait pas le choix. Leo imposait ses désirs en un enfant capricieux, en même temps que cette émotion diffuse et encore vague s’installant dans sa poitrine.

Assis, les jambes étendues sur le parquet, il s’endormit, une odeur de menthe éthérée, un battement de cœur furtif à côté de lui. Le soleil pointant son nez à l’horizon des bâtiments, effaçant les dernières traces d’une nuit. Peut-être la plus longue de sa vie.


« Je suis foutu. Un fou-tu le sais. Fou de tout. Fou surtout de toi. »
Un Bouffon, dans un futur fou proche.




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