Sujet: Ne lâche pas ma main [Event avec Leo] Jeu 18 Aoû - 11:03
You and me We used to be together Everyday together always I really feel That I'm losing my best friend I can't believe This could be the end
Une fois n’était pas coutume, Alexis était… A pied. Ca lui arrivait si peu souvent qu’elle n’avait vraiment plus l’habitude de se balader en marchant. Que ça aille si lentement et qu’il y ait tant de mouvements à faire la perturbait. C’était d’une perte de temps. Marcher. Quelle drôle d’idée quand on pouvait rouler. Alexis aurait du avoir des roues directement greffées aux pieds, ça aurait été bien plus pratique. Et pourtant elle ne se plaignait pas, elle ne se serait pas permise. Car une seule personne ou presque aurait pu lui imposer ça. Et c’était Leo. Leo qui marchait actuellement à côté d’elle. Et si ça paraissait des plus énigmatique pour quiconque avait suivit un peu le raisonnement de la blonde, il y avait de très bonnes raisons à ça. A commencer par la plus simple et la plus basique. Alex ne pouvait absolument rien refuser à son ami. Elle aurait risqué sa vie pour lui, même si elle savait que justement, c’était ce que Leo cherchait à tout prix à éviter. Elle aurait tout fait parce que c’était lui. Parce que se jeter d’un pont était illusoire comparé à une lueur de déception dans ses yeux. Et même si depuis l’épisode Aya, elle cherchait à tout prix à l’éviter, c’était peine perdue. Où qu’elle aille, où qu’elle se trouve, Leo la retrouvait toujours. C’était irrémédiable et inévitable. Comme si il avait placé un mouchard sur elle. Peu importait le lieu ou le moment. Alors qu’elle aurait pu parcourir la ville de long en large et en travers sans apercevoir le bout de son nez s’il avait décidé de se cacher. Ca avait un petit côté frustrant et pourtant, malgré ce poids au niveau de son cœur qu’elle n’arrivait pas à ôter malgré tous ses efforts, elle ne pouvait se passer de lui, même si elle en souffrait.
Refuser de le voir était illusoire. S’il arrivait devant elle, le sourire aux oreilles en lui proposant une balade dans la Galleria Vittorio Emmanuele II, elle disait oui, et c’était tout. Elle disait oui malgré l’angoisse de recroiser Aya, malgré la peur qu’il soit différent et plus distant, malgré cette envie de s’émanciper et de l’oublier. Leo avait capturé un fragment de son cœur et il ne semblait pas du tout décidé à lui rendre. Même sous conditions. Alors elle l’avait suivit, annulant tout ce qu’elle avait ou non prévu. Et Leo était comme d’habitude. Il était fidèle à lui-même et malgré la nervosité première qu’elle essayait de cacher, elle se sentait se détendre au fur et à mesure qu’il était prêt d’elle. Lui qui savait soigner ses angoisses et ses peurs. Même quand il en était l’origine, alors c’était pour dire. Peut être que pendant l’espace d’un après midi, elle se sentirait revenir à une douce époque qu’elle savait totalement révolue. Cette époque où ils ne s’étaient rien promis sauf des choses futiles. Cette époque de rire et de sourire, de tendresse. Cette époque de mensonge et de compromis, de blessures et de questionnements. Tout ce qui avait peu à peu nécrosé ce lien qui les unissait. Alexis le savait comme Leo le savait. Qu’entre eux ça ne pouvait pas durer, et qu’elle finirait par être blessée. Qu’il lui briserait le cœur. Et pourtant elle y avait cru. Elle avait fait cette erreur. Aya et Leo se ressemblaient c’était évident. Alexis elle, était bien trop loin de son travail, de ses préoccupations. Il fallait juste qu’elle arrive à le digérer, même si ça prenait beaucoup de temps, elle finirait, du moins l’espérait-elle, à passer à autre chose et réessayer ailleurs. Mais ça, elle le disait à côté de lui, alors qu’elle se sentait un peu plus sereine, et les paroles qu’elle avait du mal à faire passer commençait à se débloquer.
Ce qui n’avait pas été le cas après qu’ils se soient quittés la dernière fois. Elle s’était sentie tellement seule et désemparé qu’elle savait que c’était inutile d’aller voir Elio dans cet état. Elle était allé dans un bar, avait accroché un gars, n’importe lequel, elle ne s’en rappelait plus. Ils avaient couché ensemble. Et puis elle s’était cassée. Elle avait trop bu, avait quand même prit sa moto. Elle avait risqué sa vie ce soir là, mais ça lui semblait dérisoire à côté de ce vide béant dans sa vie. Comme si on lui grignotait petit à petit sa raison de rester encore ici. Elle aurait pu tuer quelqu’un, percuter n’importe quoi, s’envoyer en l’air dans le sens propre du terme. Mais il fallait croire qu’elle avait de la chance à revendre car ce n’était pas encore cette fois ci qu’elle allait se faire très mal. Mais ça n’allait pas se passer comme ça à chaque fois, et une fois, elle savait que ça déraperait, et que si ce n’était pas l’hôpital, c’était le drap blanc qui tomberait. Et le fait qu’elle pense à ça avec détachement prouvait qu’actuellement, elle avait un réel problème. Il ne tenait qu’à elle de le résoudre ou pas. Ce soir là c’était un coup de sang et elle essayait de se dire que son attitude avait été débile. Mais elle n’y arrivait pas. Parce qu’elle avait mal. Parce qu’elle était seule. Elle attrapa la main de Leo dans la sienne. Pas avec les doigts croisés non, normalement, comme peuvent le faire deux amis. Et parce qu’elle avait besoin de lui, de sa présence. Parce qu’il l’aidait à remonter la pente tout en la faisant dégringoler. Leo était son cancer et ses rayons en même temps.
Marcher en sa compagnie de façon insouciante alors quelle recommença à parler de tout et de rien, omettant soigneusement de parler de leur dernière rencontre et d’Aya, ou même de sa virée fantôme le soir même. Elle aurait voulu que cet instant dure encore longtemps alors qu’ils arrivèrent devant la galerie. Elle ne comprenait pas pourquoi il avait tant voulu l’y trainer, mais elle ne rechignait pas, ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas fait les boutiques et les faire en sa compagnie était une bonne manière de passer le temps. Elle avait toujours aimé cet endroit, regorgeant de magasins de luxe. Elle n’était pas trop de ce genre là mais adorait y rentrer pour essayer plein de vêtements qui ne lui convenait pas, et quand elle saisissait le regard désapprobateur des vendeuses, elle ouvrait son porte monnaie l’air de rien pour y montrer ses billets avant de ressortir d’un sourire. C’était un de ses petits jeux à elle. Ici elle pouvait y rencontrer plein de monde, connu ou inconnu, faire un slalom géant, se faire courir après par les gardiens, rire aux éclats et passer à travers les pigeons puis roller sur la place de la basilique à côté. C’était des après midi sans prétention mais qu’elle chérissait, car elle était entouré, même en étant seule. C’était pour ça qu’elle accostait aussi des gens sans les connaître. Partager un moment de vie même infime avec quelqu’un. Enfin ce n’était pas le cas ce matin car elle partageait un moment avec Leo. Celui qui se prenait trop souvent les murs.
Il s’arrêta un instant dans un salon de thé, Alex en profita pour y entrer et s’offrir un éclair au chocolat, qu’elle partagea toute joyeuse avec lui. Elle le laissa s’entretenir avec quelques personnes. Elle n’avait jamais rien fait pour fouiller dans sa vie et ce n’était pas aujourd’hui que ça allait commencer. Elle ressortit et terminant son gâteau commença son lèche vitrine, il y avait un peu de vent aujourd’hui, il s’engouffrait dans la galerie, mettant du désordre dans ses mèches blondes. Alexis adorait le vent. Le sentir à pleine vitesse contre son visage quand elle fonçait en ligne droite. Elle aimait cette caresse et cette violence. Elle se sentait voler à travers lui. Quand Leo revint la voir, elle lui pinça les joues avec un sourire et proposa à ce qu’ils aillent faire un tour dans cette boutique de luxe où elle adorait narguer les vendeuses. Elle lui attrapa le bras, le regarda et sentit son sourire se faire plus fort. Il était beau Leo. Elle allait dire quelque chose, rire, le tirer vers elle. Mais elle n’en eu pas le temps.
En une seconde tout explosa et ce fut l’apocalypse.
Leo Accettura
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Sujet: Re: Ne lâche pas ma main [Event avec Leo] Dim 21 Aoû - 7:35
« Les éclats de la Lune révèleront ce que nous ne voulons voir. » Moonlight.
Ses lèvres se posèrent imperceptiblement à la commissure de celles d’Alexis. Distraction volontaire pour lui emprunter un morceau de cet éclair au chocolat, plus que tentant. Emprunt à long terme. A charge de revanche. En échange d’un cinéma ou d’une autre brouille. D’un pique-nique ou d’une balade dans les labos de l’université. En soit, d’un endroit où les deux milanais arriveraient à mettre le désordre sans en tirer de trop grandes séquelles, excepté un mal de ventre d’avoir trop ri. Encore légèrement penché sur elle, se léchant distraitement le bout des doigts de ce chocolat, Leo lui adressa un clin d’œil avant de s’éclipser vers le comptoir du magasin de thé, « Divine Comédie ». S’affalant à moitié sur un des tenanciers, ils parlèrent de tout et de rien, à voix mi- baissées. Comme de petites commères en manques de ragots. De secrets qu’ils se devaient de garder entre eux, jaloux des autres oreilles avides de les entendre. Entre un pouffement de Leo et une tape sur l’épaule d’un des serveurs, ses yeux bleus détaillèrent les cheveux blonds d’une Alexis lui tournant le dos. Elle sortit. L’attendant patiemment un peu plus loin. Sans la quitter du regard, Leo parla encore un peu avec le beau blond à la caisse, les réminiscences des dernières semaines lui brulant le cœur. Brasier Ardent.
De ces mots qui s’étaient dits. De ces mots qui s’étaient tus. De ces mots échangés, blessants. Qu’ils le veuillent ou non. Leo sentait encore le regard fuyant d’Aya sur son corps, de ces paroles plus rares, plus tranchantes. Leur proximité avait fini par les blesser et tout doucement à les séparer. Il se gratta la tête, ne voulait plus penser à ça. Pas aujourd’hui. Il avait voulu voir Alexis. Comme ça. Comme à chaque fois, désirant la retrouver sur un coup de tête, suivant son instinct, ce dont il avait besoin, sans savoir pourquoi. Peut-être qu’elle était la seule à pouvoir lui mettre du baume à l’âme, sans qu’elle n’y prête vraiment soin. Parce que même si elle ne voulait pas le voir, elle l’attendait toujours, quelque part. Comme elle le faisait en regardant les vitrines, certainement perdue dans ses pensées.
D’un geste de la main, il salua les tenanciers avec un grand sourire en prime. En sortant, il laissa passer deux jeunes gens. L’un à l’air trop triste. L’une à l’air trop joyeux. Leo s’approcha d’Alexis, évita un coup de coude, se fit pincer les joues, bouda pour la forme. Même si son sourire donnait l’impression inverse. Elle lui prit le bras, il passa sa main dans ses cheveux blonds, les ébouriffa un peu plus. Et le vent souffla. Fort. Trop fort. Par réflexe, il serra Alexis contre lui. L’explosion lui déchira les tympans, ne laissant plus qu’un sifflement sonore. Ils tombèrent. Lui sur elle, la protégeant du mieux qu’il pouvait. Ses yeux brillaient d’un halo turquoise envoutant, alors qu’une barrière de la même couleur les enrobait. De la sueur se mit à perler sur le bord de son front, calant sa tête sur le sol, le dos contracté par l’effort, la peur, l’incompréhension. Son souffle se heurtait sur l’épaule de la blonde.
Et le feu continua de se rependre, le plafond de s’effondrer, dispersant ses débris de verres et de pierres dans toute la galerie. Les gravas recouvrirent tout. Les blessés. Les morts. Dans l’élan de l’explosion, des pans de bétons volèrent. L’un perça le bouclier protecteur de Leo, se heurta sous son omoplate. Il n’eut pas le temps de crier. Leo s’évanouit.
Des bruits au loin le réveillèrent. D’une voix dans sa tête, affolée, qui l’appelait sans cesse. Le bourdonnement incessant dans ses oreilles, l’une en sang. Leo claqua sa langue. Il ne comprenait pas. Tu ne tarderas pas à le faire. Il porte sa main à sa tête, toussa des cendres et de la fumée. Il voulut se relever, poussa avec ses bras. Une douleur lui vrilla le dos, et il dut se rendre compte qu’il était incapable de se redresser, sentant un poids lourd derrière lui. Son souffle s’accéléra, malgré lui qui aurait voulu rester si calme. Il expira deux fois profondément, s’assura qu’Alexis n’avait rien. Enfin, pas grand-chose. Mais autant dire qu’il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, un fin rayon de lumière perçant entre les décombres, sons lesquels se trouvaient nos deux étudiants. Il ne put voir que ses cheveux emmêlée entres la poussière, des morceaux de bétons broyés et un peu de sang. Et toujours cette voix qui l’appelait au loin, effrayée.
Leo redressa la tête, se cogna contre la paroi en béton. La rabaissant immédiatement, il se cogna contre le sol cette fois-ci. Il pesta. Comme s’il n’était pas assez amoché comme ça. Il se frotta le front, percevant l’odeur de brulé, de ce liquide rouge et du parfum d’Alexis. Il marmonna pour lui-même « Ray, vas-tu te taire ?! –Oh ! T’es vivant ! » Ray, dans son esprit, l’assaillit de question. Leo n’était pas d’humeur à tenir la conversation pour le moment. « Pas maintenant. » Le chien s’offusqua presque, mais se tut. A présent que le calme régnait dans sa tête, entre ce sifflement et la douleur lui lancinant le dos, il tenta à nouveau de se redresser, de bouger l’objet qui les bloquant dans cette position inconfortable. Il sentit le sang chaud coulé le long de ses côtes, imbibé son t-shirt. Il pesta, à nouveau.
Il sentit Alexis bouger sous lui. Il poussa un soupir de soulagement. Il l’appela par deux fois. Comme des murmures, essayant de paraitre le moins déboussolé possible, pour ne pas l’inquiéter plus que de raison. Leo perçu les battements de son petit cœur de jeune fille, qui s’accéléra.
« Alexis. Doucement. Je suis juste là. Tu m’entends ? Tournes la tête, je suis juste à côté. Voilà. Doucement. Ça va ? »
Question stupide. Mais il avait besoin d’entendre sa voix. De savoir qu’elle allait bien, qu’elle n’était pas au bord de la mort, ou de l’évanouissement. Qu’elle n’avait rien de casser, ou de pas trop grave. De toute façon, elle avait l’habitude des mauvaises chutes, mais pas de ce genre. Leurs yeux dans les mêmes reflets, il lui sourit difficilement, presque tristement. Pour la rassurer. Pour lui dire que tout allait bien. Drôle de tête-à-tête hein. Il passa sur les quelques égratignures sur son visage, de la saleté qui les tachait tous les deux. Sa respiration se heurtait sur son visage, soulevant parfois ces cendres grises.
« Ecoutes. On va devoir bouger. Ce n’est pas que je suis mal mis, mais on va devoir prendre un peu l’air. Okay ? Tu vas tenir ma main, la serrer aussi fort que ça te plaira. D’accord. Tout va bien se passer. D’accord ? Je suis là. »
Leo réussit à glisser sa main moite jusqu’aux doigts d’Alexis, et de les serrer. Un à un. En un lien qui se voulait réconfortant, fort, incassable. Leo inspira longtemps, lui adressa un dernier sourire, chaleureux. Comme Leo. Comme toujours.
Son dos se cambra un peu plus. Ses muscles se tendirent. Il expira. Une lumière bleue illumina le bout de ses doigts, dispersant un éclat diffus dans cette prison de béton. Leo évita le regard d’Alexis, attendant que la pierre sur son dos se soulève. Il grogna un peu, le halo s’intensifia. Son sang coula encore un peu. Et le socle les enfermant se dégagea en un bruit lourd, roulement de la pierre sur une autre, retrouva ses copains les débris. La lumière se fit plus présente. Leo se souleva trop rapidement, certainement pressé de sortir de ce trou à rats. Dans son élan, il souleva Alexis, l’accueillit dans ses bras, sa tête nichée dans le creux de son épaule. Il eut du mal à maintenir en équilibre, chancelant plusieurs secondes. Sa vue, floue de s’être redressé trop vite, se stabilisa. Il crut vomir, à la place, respira profondément. Alexis se dégagea de l’étreinte. Leo eut le réflexe de placer sa main libre sur ses yeux. Dissimuler ce spectacle dans l’enclave de ses doigts. L’effacer du monde d’Alexis, pour qu’elle n’entre pas dans ce monde d’horreur.
« Non. Tu ferais mieux de ne pas regarder Alexis. »
Sa voix laissa échapper un tremblement, qu’il regretta. Un frisson lui parcourut le dos, le refroidissant mortellement. Devant eux se dressait une mer de débris, de cadavres. Un champ de membres se dressant en des fleurs pourpres. Où juste le gris et le rouge se mariait dans ce tableau de désolation. Et des cris plaintifs qui se levaient de toutes parts, entre les morceaux de verres et d’organes. Quelques articles de modes, qui paraissent désuets sous les dégâts. Leo fut partagé entre le choix de rester. De partir. Qui fera le premier pas ? Le choix est vôtre.
Alexis Lorenzo [Hily]
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Sujet: Re: Ne lâche pas ma main [Event avec Leo] Lun 22 Aoû - 10:18
"When it all ends..." When everything fades to gray, We dive into the darkness Some things are needless to say...
Le temps s’arrêta un infime instant. Alexis tourna la tête alors que ses mèches de cheveux se soulevèrent toutes seules. Et ses tympans se déchirèrent, le vent se fit tornade, elle se sentit hoqueter de surprise alors que ses doigts s’enfoncèrent dans la peau de Leo. Elle se retrouva plaquée contre lui, son souffle se perdit un instant elle se retrouva projetée au sol, voulut hurler mais n’y parvint pas et perdit momentanément connaissance à cause du choc trop rude. Elle ne sut pas, ne comprit pas quand elle ouvrit les yeux, combien de temps ? Mais le fait était que ça avait été très rapide. Car les grondements étaient toujours présents, des cris, des bruits de verres brisés et surtout ce poids énorme qui pesait sur elle, la protégeant autant que l’écrasant. Elle commença à paniquer. Jamais au grand jamais dans aucune de ses expériences elle n’avait vécu pareille chose. Ce n’était pas une chute à roller, ce n’était pas le bitume, ce n’était pas un accident de voiture. C’était une explosion, c’était comme la fin du monde, en pire. Elle ne voyait pas grand-chose, tout n’était que poussière lui piquait les yeux, lui brûlant la gorge. Elle sentait de la douleur irradier dans tout son corps et voulu partir, s’enfuir, courir. Mais elle ne parvint rien à bouger. Elle était bloquée et prisonnière. Son cœur battait à tout rompre et sa respiration devenait erratique et éparse. Elle se sentait trembler et malgré elle des larmes se mirent à couler du coin de ses yeux, rejoignant un liquide bien plus sombre et épais. Sa tête allait exploser et elle se mit à remuer de plus en plus fort pour essayer de se tirer de là sans parvenir à s’extraire. Elle voulut crier mais une boule lui obstruait la gorge. Et puis elle se souvint, se rendit compte qu’elle n’était pas toute seule.
Et non loin de la rassurer, cela lui glaça le sang. Celui qui était en bouclier sur elle, c’était Leo. Ses cheveux châtains et sa tête sur le côté, près de son épaule. Et il ne bougeait plus. Et soudain sa douleur lui parut bien secondaire face à l’horreur à laquelle elle était présentement confrontée. Leo. LEO ! Elle commença à murmurer son nom, encore et encore. Elle essayer de bouger pour le secouer, pour le réveiller. Elle l’appela de plus en plus fort. Leo bordel réveille toi tu peux pas me laisser comme ça ! Elle ne pouvait même pas voir son visage, même pas passer sa main sur ses cheveux. Ils étaient bloqués sous un bloc de béton. La galerie avait belle et bien explosée. Et ils étaient sous les décombres. Mais elle se fichait bien d’avoir mal, elle voulait juste qu’il ouvre les yeux, qu’il se réveille, qu’il lui dise les mêmes conneries que d’habitude. Il ne pouvait pas finir comme ça. Leo était invincible, immortel. Elle fit tout pour ne pas céder à la panique, pour essayer de respirer profondément, mais ça ne marchait pas et elle commençait à manquer d’air, à inspirer frénétiquement sans arriver à se calmer, elle comprit qu’elle était sur le point de faire une crise d’angoisse. Merde, ce n’était pas le moment. Clairement pas non. Il fallait faire quelque chose mais elle était totalement impuissante ! Il l’avait enveloppé de ses bras et avait fait barrière et voilà qu’il était inconscient. Peut être… Peut être… Non elle ne voulait juste pas y penser. C’était impossible, pas lui. Des minutes passèrent alors qu’elle l’appelait sans cesse pour qu’il daigne enfin lui répondre. Allez Leo debout. Debout ouvre les yeux !
Et puis il bougea. Un peu. Il tenta de se redresser, de s’extirper sans vraiment de succès. Mais il venait de bouger. Si Alexis n’avait pas été totalement coincée, elle lui aurait sauté dans les bras et l’aurait serré comme jamais elle ne l’avait serré. Elle lui aurait tout avoué, elle l’aurait embrassé. Mais elle ne put que crier son nom, encore un peu plus fort, avec un soulagement évident. Il était vivant. Elle ne savait pas dans quel état mais il était vivant. Rien qu’à cette certitude, ses muscles se relâchèrent un peu, provoquant des douleurs dans tout son corps. Elle grimaça, son sang battant de plus belle à ses tempes lui procurant un horrible mal de crâne. Un morceau de béton lui avait largement entaillé la tempe et du sang en coulait encore un peu. Elle se sentait poisseuse, le teeshirt collant. Sûrement leurs sangs mêlés. Il ne fallait pas que ses blessures soient grave, Alex ne connaissait à peine que les premiers secours. Mais en fait pour ça, il fallait déjà qu’ils se sortent d’ici. Car si ça n’arrivait pas très vite, le syndrome de compression et l’étouffement dû à la poussière et au reste allait faire un magnifique travail. Et elle entendit sa voix, son prénom.
« Alexis. Doucement. Je suis juste là. Tu m’entends ? Tournes la tête, je suis juste à côté. Voilà. Doucement. Ça va ? »
La boule dans la gorge d’Alexis se fit plus présente à tel point elle était soulagée de voir qu’il allait suffisamment pour lui parler. De nouvelles larmes s’échappèrent de ses yeux sans qu’elle puisse les retenir. Elle murmura d’une voix étranglée que oui ça allait.
- Je t’entends Leo. Moi c'est bon. Et toi ? Ca va ? Je veux dire…
En fait elle ne savait pas trop quoi lui dire. Bien sûr que ça n’allait pas, elle qui savait toujours quoi raconter, même quand c’était totalement inutile, la voilà qui se perdait avec ses mots, qui ne savait plus. Le coup de l’émotion. Il reprit la parole. Et elle buvait ses paroles, comme si elles étaient le seul chemin vers la lumière.
« Ecoutes. On va devoir bouger. Ce n’est pas que je suis mal mis, mais on va devoir prendre un peu l’air. Okay ? Tu vas tenir ma main, la serrer aussi fort que ça te plaira. D’accord. Tout va bien se passer. D’accord ? Je suis là. »
Elle hocha la tête et serra fort la main qui venait de se présenter à elle. Comme le seul fil de la vie. Elle lui faisait confiance. Elle lui ferait toujours confiance. Son cœur se calma momentanément. Sa voix, son sourire, son regard. Tout en lui la calmait malgré leur situation critique. S’il disait que ça allait, elle le croyait. Parce que c’était Leo. Et de toute façon actuellement, elle ne pouvait que le croire. Et puis elle ne comprit pas tellement ce qui se passa. Le bloc qui les emprisonna se souleva, leur permettant de s’extirper et de respirer un peu mieux, malgré la poussière ambiante stagnante. Le béton s’était soulevé. Comme si on l’avait juste repoussé. Elle jeta un rapide coup d’œil à Leo qui l’étreignait. C’était lui. Oui c’était sûrement lui qui… Elle se recula à peine, commença à tourner la tête alors que la main de Leo venait de se poser sur ses paupières.
« Non. Tu ferais mieux de ne pas regarder Alexis. »
Son cœur battit un peu plus fort alors qu’elle lui retira doucement la main.
- Ca va je suis…
Forte ? C’était ça que tu voulais dire Alexis ? Forte face à ce spectacle ? Forte et capable de regarder sans sourciller l’horreur devant tes yeux ? De voir des gens morts, du sang, des membres écrasés, de voir les pleurs, de les entendre résonner dans ta tête, de voir cette scène de carnage ? Es-tu vraiment forte Alexis en voyant ce garçon serrer la main de son père défiguré, dans la poitrine ne se soulevait plus ? En voyant une jambe orpheline, en remarquant des mares de sang ? Non Alexis n’était pas assez forte. Personne ne pouvait l’être. Elle se sentit perdre le peu de couleur restant sur son visage alors que de la bile commençait à lui brûler la gorge, mêlée de poussière et de gravas. Elle s’écarta en titubant de Leo et se pencha en deux en se mettant à vomir, les bras serrés contre son teeshirt déchiré, couvert de poussière et de sang. Des hauts le cœur lui déchirent la poitrine, lui lacérant la gorge. Elle avait mal. Les yeux fermés, elle voyait des images de cauchemar lui passer devant les paupières. Tant de gens étaient morts ! La bile acide sortait à cause de son ventre presque vide. Pourquoi ? Pourquoi ça c’était passé comme ça ? Ca aurait dû être une simple sortie entre deux amis ? Alors pourquoi se retrouvaient-ils ici en pleine fin du monde ? Ses hoquets commencèrent à se tarir. Elle se redressa, les yeux plein de larmes et essuya vaguement sa bouche avec un coin de son teeshirt. Elle porta sa main à sa tempe, grimaça de douleur. Regarda son état. Elle était dans une situation pitoyable et pourtant malgré les multiples blessures, coupures, brûlures, malgré son corps perclus de douleur, ce n’était rien à côté des autres. Elle ne semblait rien avoir de cassé même si sa poitrine lui faisait un peu mal quand elle respirait.
Tremblante, elle s’approcha de Leo, hésita à le toucher, voyant son état déjà un peu moins acceptable que le sien. Il avait mal c’était évident, et son teeshirt était plus poisseux de sang que le sien. Et pourtant elle ne put s’empêcher, s’empêcher de passer ses bras autour de sa taille et de se blottir contre lui, de cacher son visage dans son cou, pour ne plus voir l’enfer. Elle se mit à pleurer doucement. Non Alexis n’était pas assez forte. Et elle s’en rendait cruellement compte. Elle avait peur, elle tremblait sans arriver à se calmer malgré tout ses efforts. Elle était faible face à ça. Faible face à la réalité qu’une bombe pouvait occasionner.
- Leo… Qu’est-ce qui s’est passé ?
Elle hoqueta légèrement. Toussa un peu de sang.
- Comment on sort d’ici ?
Je t’en prie. Ne me laisse pas.
Leo Accettura
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Sujet: Re: Ne lâche pas ma main [Event avec Leo] Mer 24 Aoû - 6:53
« Tu te relèves, les blessures sur ton cou qui se creusent. Regardes-le encore une fois. Ce sera la dernière fois. » Vampire.
La lumière l’éblouit, le rendant momentanément aveugle. De ces yeux qui refusaient de voir une réalité cruelle. De ces iris qui ne pouvaient capter l’intensité de ce drame. De cette désolation qui courant dans les rues de Milan, comme libérée de chaines l’ayant retenu depuis trop longtemps. Leo ne sentait que le souffle d’Alexis sur sa clavicule, que la chaleur de son corps pris entre ses bras. Un sifflement lointain dans l’oreille gauche, et de ces cris qu’il aurait voulu imaginaire. Sa vision lui revint, en quelques secondes, en même temps qu’un semblant d’équilibre. Les flashs dans ses yeux se dissipèrent. Et Leo put voir. Voir ce sang qu’il était si souvent habitué à observer. Ces corps mutilés, jonchant le sol. De trop. De trop. Le frisson partit de ses reins, remontant vicieusement sa peau. Son attention fut attrapée par cette jeune femme s’éteignant en larme, serrée par un autre individu, mort. Tu la côtoies un peu plus tous les jours. Et tu deviendras comme eux. Cadavre.
Leo aurait voulu serrer Alexis un peu plus contre lui. Se réfugier dans cette chevelure blonde, cacher le monde de ses paupières fermées. Et elle lui échappa, s’extirpant de son étreinte fragile. Il ne voulait pas. Elle ne devait pas voir ça. Elle ne devait pas le vivre. Elle aurait dû rester à son appartement, où à cavaler les rues en rollers. Et vivre cette guerre d’une manière lointaine, qui ne l’attendrait pas. Leo ne pouvait pas l’accepter. Il aurait brisé cette image pour qu’elle reste l’Alexis qu’il connaissait, qu’il avait rencontré suite à une bousculade. Son estomac se serra. L’adrénaline lui mordit les veines. Ce fut un geste désespéré, inutile, qu’il posa ses doigts sur ses yeux. Occlure. Fermer. Ce pan d’une vie qu’elle ne devait, en aucun cas, connaitre. Et aussi simple que cette découverte devait se créer, elle glissa entre ses mains, comme un pétale qui glisse sur le vent. Elle lui échappa. Totalement.
Elle se figea. Lui, détourna le regard. Il baissa ses yeux bleus sur le sol abimés, arraché. Où seul le gris perdurait. Où si peu de sang avait coulé. Ses poings se serrèrent. Ses dents aussi. Voilà. C’était fait. Tout ce que Leo avait dissimulé à Alexis, pendant des années, se terrant dans un silence souligné d’un sourire désolé. Non, Alexis. Je ne te dirai rien. Alors laisse le monde le lui montrer. Et le monde le lui montrait bien. Terriblement bien. Elle s’éloigna de lui. Leo la regarda vivement, alors qu’elle se penchait sur le sol, vomissant le monde, vomissant son sadisme, son carnage. Il sourit tristement, apporta une main sur l’épaule d’Alexis, lui retint les cheveux. Elle lui rappelait ses premières aventures. Ses premières découvertes. Que ses rêves idylliques étaient si faciles à briser, quand les histoires ne se dessinaient pas en 2D, sur une feuille de papier glacé. Les souvenirs d’un Leo plus petit, plus jeune, commençant son addiction aux murs, aux désillusions. Quand la réalité se heurte aux rêves, il ne reste qu’un goût métallique en bouche, qu’une pointe au cœur, qu’un voile de tristesse.
Ce genre de découvertes, qui se faisaient plus facilement à deux. À trois. À Quatre. Ensemble. Leo ne la laisserait pas tomber. Pas maintenant. Plus maintenant. Il détailla les environs, passant plus vite sur les blessés et ceux qui avaient succombé. C’était un Enfer, s’étendant sur de dizaines de mètres. Son front se plissa. Le bruit d’un hélicoptère lui fit relever la tête, à travers le plafond détruit comme le reste. Un enfant pleurait, seul, désespérément seul. Un adolescent avait la jambe bloquée sous un bloc de béton, gémissant, encore évanoui. Le sifflement dans son oreille s’intensifia, grimaça. Son dos le brulait, il préféra ne pas passer ses doigts dessus, craignant ce qu’il sentirait. Les hoquets d’Alexis se firent plus rares, pour s’arrêter. Ses doigts relâchèrent cette cascade blonde poisseuse, il recula. Elle le regarda.
Un voile de tristesse passa certainement sur ses yeux bleus, alors qu’il la détaillait pour la première fois depuis qu’ils étaient sortis de leur prison de gravas. Des égratignures lui griffant le bras, les entaillant le visage. De la poussière la recouvrant de la tête aux pieds, déposé sur ses paupières, incrusté sous les ongles, déposa sur les lèvres. Il se dit qu’il ne devait pas être mieux, les cheveux en bataille, le sang dégoulinant des quelques blessures qu’il possédait. De son t-shirt crasseux, qu’il pourrait jeter une fois la journée terminée. Si jamais tu arrivais à la fin. Leo passa son pouce sur la joue d’Alexis, récoltant les larmes, enlevant partiellement le gribouillage de cendre. Contact humain. Sa main était brulante, chaleur toujours présente sur Leo. Regarde, je suis là.
« Ca va mi- »
Alexis se jeta sur lui. Pas très fort. Délicatement. Elle semblait si fragile entre ses bras, tremblant sur son torse, les mains refermées sur le bas de son dos, sur ce vêtement sale de ce sang qui coulait encore. Elle se nicha dans son cou, s’échappant de l’apocalypse du jour. Leo resta là, taisant la douleur sous son omoplate. Il se pencha un peu plus sur le corps de la blonde, cocon de chair la protégeant, dans une étreinte. Et il la serra dans ses bras. Regarde, je suis toujours là. Et il la laissa pleurer, ses larmes coulant sur son cou, mourant sur le t-shirt déchiré. Il lui caressa la tête, faisant tomber cette poussière en une neige bien morne. Et Leo attendit. Qu’elle parle, ou que quelque chose se passe. Parce qu’il n’osait rien dire. Rien faire. De peur que s’il faisait un pas de travers, ce serait le choc de trop et qu’elle se brise, en mille morceaux, comme la coupole ayant volé en mille éclats de verre.
« Leo… Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment on sort d’ici ? »
Il pencha son oreille vers elle pour capturer le murmure de sanglot. Voilà pourquoi il ne voulait pas que tu découvres son univers. Aurais-tu été plus forte aujourd’hui ? Leo la serra plus fort, plus tendrement. Chasser cette peine de son cœur. Acte désuet. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de le faire, de la rassurer de la meilleure manière : en étant lui-même. Au début, il ne dit rien. Leo ne savait pas quoi répondre, tant il était occupé à détailler cette scène morbide, le regard affuté. Il ne pouvait pas se permettre de douter, de vouloir fuir. Dans ce genre de situation, Leo avait des actes à poser. En tant qu’humain, en tant que pactisant aussi. Il frotta distraitement le dos d’Alexis, s’assurant en même temps qu’elle n’avait rien de casser, et qu’elle était présente.
« Je ne sais p- »
Non. Ce n’était pas vrai. A la seconde où il ouvrit les yeux, une nouvelle fois, il vit le restant d’une enseigne bien connue, où ils étaient passés, juste avant l’explosion. Où ils avaient discuté, rigoler. Où il l’avait laissé une poignée de minutes pour échanger avec des amis. Et pas que ça. Des camarades. Des frères. Des pactisants. Comme lui. Comme Aya. Comme July. Comme tous ceux avec qui ils combattaient. La phrase lui resta bloquée dans la gorge. Il ne put faire l’effort de la terminer, persuadé que sa bouche se blesserait s’il continuait. Une impulsion le prit, tremblement léger de son corps. Comme déconnecté de tout ce qu’il se passait. Comme si la question d’Alexis n’avait pas de raison d’être, puisque, maintenant, tout cela lui paraissait évident. Leo se défit de son étreinte avec Alexis. Une partie de lui ne le voulait pas. Une partie de lui voulait rester près d’elle, de la serrer dans ses bras, de continuer de respirer son odeur, de fermer les yeux. Mais ce n’était qu’une infime partie de son cœur. Il prit sa main dans la sienne, la serra. Ses doigts enlacés aux siens.
Leo fit un pas, un deuxième, se rapprochant de la boutique à thé. Il ne restait plus rien. Qu’un amas de poussière, de chaises presque entièrement brulées, de thé consumé. Automatiquement, comme s’il connaissait le chemin, ses yeux se concentrèrent sur les places où devaient se trouver ses amis. Jimmy. Vicky. Lily. Mais il n’y avait plus rien. Que la destruction d’une place trop familière. Qu’une marque gravée profondément dans son esprit. La Guerre. La peine le prit au cœur. Il trembla un peu plus. Serra la main d’Alexis un peu plus. Le dégout lui frappa l’estomac, serrant sa gorge, son cœur. Il avait cessé de respirer, alors que les images d’un commerce sympathique lui revenaient en tête, se greffant en des reflets sur une réalité qu’il n’admettait que trop bien. Des silhouettes farceuses, aux yeux bruns, aux sourires accueillant. Leo rigola jaune, frottant le coin de son œil avec son épaule. Ce n’est pas un jeu, ça n’en a jamais été un. L’avais-tu oublié une seconde Leo ?
Leo ne fit pas attention au moment où il était resté ainsi, complètement déconnecté. Par longtemps, certainement. Le temps n’était plus assez clément pour lui accorder des secondes de remords, de larmes égarées. Leo se devait d’être fort, alors que son assurance s’égrainait à chaque mauvaise nouvelle. La chaleur dans sa main lui rappela qu’il n’était pas seul. Leo, tu n’es pas seul. Il se retourna vers elle, lui sourit.
« Je ne sais pas exactement. C’était une explosion. Surement une bombe. »
A bas les mensonges. Leo était fatigué de lui mentir, n’en avait plus la volonté, ni la force. L’horreur ne pouvait se révéler qu’avec la vérité. Alors Leo cessa de se voiler sous une mimique désolée, lui promettant que moins elle en saurait, mieux se serait. Il avait déjà essayé ça une fois, le résultat n’avait été que des promesses abandonnées dans le coin d’un cœur oublié. Le faux l’avait déjà détruite suffisamment comme ça. Leo ne mentirait plus à Alexis. Jamais.
Il se pencha pour être à sa hauteur. Pour que ses yeux soient dans ceux d’Alexis. Dans un bleu cerné de larmes, de ce rouge d’avoir pleuré. De la poussière sur leurs cils, au coin de l’œil. Et toujours cette étincelle de malice dans ceux de Leo, peut-être plus faible qu’au début de la journée.
« Je ne connais pas les sorties. Mais il doit y avoir moyen de passer par les entrées de service, ou les parkings. Tu dois le savoir aussi. Rappelle-toi la fois où on est entré en douce en hivers. Bon, on s’était fait choppé par les gardes, ce n’était pas glorieux. Mais des entrées dans le genre, il doit y en avoir pas mal. Il faut juste en trouver une qui s’ouvre encore. D’accord ? Fais-moi confiance, ça va aller. »
Leo lui sourit encore une fois. Aussi puissant que d’habitude. Ou peut-être plus. Il ne savait pas, ne voulait pas le savoir. Il se redressa, cherchant la meilleure des issues. Le bruit des sirènes vinrent d’un côté. Leo soupira de soulagement. Pour tous ces gens qui auront une chance de vivre. Et il se détourna dans l’autre sens. Pour lui, il était inimaginable de se rendre dans une ambulance. Le comité d’accueil ne devait pas être rempli que de personnes bienfaisantes. Et Leo ne voulait pas tomber entre leurs mains. Leo voulait vivre. Et continuer ce combat, qui se faisait le sien, conviction s’inscrivant sur ses os, au fur et à mesure qu’il restait dans la galerie.
Leo voulut courir. S’il avait été seul, il l’aurait certainement fait. Pour aider le plus de gens possibles. Mais il se devait de faire un choix. Et laisser Alexis ici ne lui plaisait pas. Il la suivrait. Pour la porter quand elle ne pourrait plus marcher. Pour la rassurer quand elle aurait envie de pleurer. Pour l’aimer quand elle ne voudra plus continuer. C’était ainsi. Et on ne le changerait pas, notre Leo.
« Ca va aller, tu vas pouvoir marcher ? »
Vas-tu pouvoir affronter ce cauchemar Alexis ? Leo sourit, alors que ces yeux dévoilaient une force qu’Alexis ne connaissait pas, une promesse de vivre encore un bout de temps à deux. Ensemble. Jusqu’à la lumière. Jusqu’à la vie.
Alexis Lorenzo [Hily]
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Sujet: Re: Ne lâche pas ma main [Event avec Leo] Mer 24 Aoû - 14:48
If everyone cared and nobody cried If everyone loved and nobody lied If everyone shared and swallowed their pride Then we'd see the day when nobody died
Alexis voulait oublier. Elle voulait oublier qu’elle était là, oublier qu’elle avait mal de partout, oublier les horreurs qu’elle venait de voir, oublier la douleur, oublier la peur, oublier le goût de poussière et oublier les échos à ses oreilles. Elle voulait être chez elle sous sa couette à attendre patiemment que Leo rentre d’elle ne savait où. Elle aurait voulu que le temps revienne en arrière, qu’elle revienne aux moments passés avec lui. Ceux où elle ne se posait pas de questions, ceux où elle ne faisait que profiter, que jouer que rire, qu’aimer. Mais le temps passe inexorablement et cette époque révolue ne reviendra jamais. Elle voulait repenser au goût des glaces, à la douceur de ses baisers, aux courses poursuites dans le parc, aux plaisanteries débiles, aux promesses illusoires. Elle ne voulait pas être ici. Elle voulait être au chaud à trainasser dans un de ses teeshirts, à respirer son odeur. Leo mais pourquoi ça n’a pas marché ? Cependant Alexis ne pouvait rester dans le déni éternellement. Surtout pas dans une telle situation. Il ne fallait pas qu’elle devienne aveugle. Il fallait qu’elle fasse face. Il fallait qu’elle soit forte. Elle qui se targuait de l’être. Elle qui savait ne pas l’être du tout. Pourtant elle savait qu’elle ne devait pas être un poids pour Leo. Elle ne voulait pas qu’il l’abandonne ici par manque d’effort. Alors que pour lui des efforts, elle était prête à en donner des tonnes. Mais avec toute la bonne volonté du monde, qui aurait pu être forte dans une situation pareille ? Alors que le ciel venait de leur tomber sur la tête ? C’était presque un miracle qu’ils soient vivants et pas trop trop amochés.
Elle ne voulait pas se détacher de lui, c’était bien trop dur. C’était accepter la réalité dans laquelle ils se trouvaient. C’était mettre de nouveau les yeux sur un paysage morbide et sanglants, c’était de nouveau voir tant de gens morts ou très blessés, dans l’attente de secours. Car des secours allaient venir forcément. Les pompiers et la police milanaise devait déjà être en route ou déjà là. Ils vont venir les sauver, les sortir de là. Car de toute façon, Leo était là. Elle n’avait pas à avoir peur Leo était là. Elle savait que c’était misérable et pitoyable de sa part de se reposer sur lui de cette manière, alors qu’il l’avait déjà protégé, alors qu’il avait encaissé le choc du béton sur son dos, alors qu’il… Les avait déjà fait sortir d’ici ? Ce problème s’occulta, remplacé par des biens plus importants. Il était indispensable qu’elle ne soit pas un poids pour lui à présent. Ca le ralentirait, ça l’embêterait. Elle ne voulait pas être séparé de lui, pas dans ce carnage. Mais c’était peut être ce qu’il y avait de mieux à faire. Non elle le refusait. Être séparé de lui maintenant signifiait la fin de tout. Dans un décor pareil, les idées qui pouvaient lui traverser l’esprit pouvaient être très bêtes. Si seulement elle n’avait jamais pu connaître l’horreur d’une telle tragédie. Avec les dernières semaines, il lui semblait que cette journée était l’apothéose de sa descente aux enfers. Et elle avait pourtant la sinistre impression que c’était loin d’être fini. Comme si l’explosion n’était vraiment que le début de la fin.
Sa main était chaude, prévenante. Quand elle passait sur sa joue, quand elle essuyait ses larmes, quand elle retenait ses cheveux, quand elle tenait ton épaule, quand elle tenait sa taille. Sa main était comme tout le reste de son corps. Chaud. Rassurant. Vivant. Il était là avec elle. Elle n’avait pas de soucis à se faire sur ça. Et pourtant elle continuait de trembler, elle n’arrivait pas à arrêter, elle se sentait glacée, au plus profond d’elle-même. Comme si l’explosion lui avait arraché autre chose qui n’était pas physique. Comme si sa vision du monde qu’elle avait encore ce matin venait d’être brutalement déchirée, lacérée. Le monde n’était pas tout rose loin de là. Et cette déflagration le prouvait largement. Tout c’était écroulé et les blocs de bétons, les éclats de verre et les gémissements de douleur le prouvaient. Alexis enfouit sa tête dans le teeshirt aussi sale que le sien de Leo et attendit. Attendit un peu que la boule dans sa gorge se libère, attendit alors que l’étreinte du jeune homme se faisait toujours aussi tendre et rassurante. Ses doigts agrippaient son teeshirt dans son dos, sentait le sang, le gravier, la peau déchirée. Elle paniqua légèrement, essaya de ne pas trop le montrer malgré ses épaules qui malgré elle, tremblaient de plus en plus. Elle l’entendit murmurer un début de réponse négative. Mais il ne semblait pas sûr. Comme s’il venait justement de se rendre compte du contraire. Encore quelque chose que tu sais et pas moi ? Encore un secret, encore un mensonge ? Que sais-tu Leo ? Que s’est-il vraiment passé dans cette galerie ?
Alors Leo se décolla d’elle. Parce qu’elle devait vérifier, elle le savait. S’il savait la cause, ce n’était pas pour rien. Soudain un grand froid la prit à la poitrine. Elle n’était qu’une ignorante au milieu d’elle ne savait quelle guerre. Leo était-il un soldat ? Et elle avait froid libérée de son étreinte. Elle avait froid, pleine d’ignorance. Elle avait froid parce qu’elle comprit à quel point elle était infime. Aurait-elle dû rester aveugle ? Aurait-elle dû garder la main de Leo protectrice sur ses yeux ? Elle le regarda et sentit sa main venir à elle. La serra fort. Non. Parce que si c’était le monde de Leo, le monde de la personne qu’elle aimait, elle voulait le voir. Elle voulait être forte pour lui. Même si elle n’y arrivait pas pour le moment. Elle voulait y arriver. Elle le suivit alors qu’il avançait vers une enseigne carbonisée. N’était-ce pas celle du salon de thé ? Celle où ils s’étaient arrêté toute à l’heure ? Là où Leo avait discuté avec ses amis, avec ces gens. Gens qui n’étaient plus là. Il resta devant, le regard vide. Le ventre et le cœur d’Alex se serrèrent. Elle ne pouvait pas savoir, pas imaginer ce que ça pouvait faire d’imaginer des gens à qui ont tenait avoir totalement disparus. Volatilisé par un souffle de feu.
Elle se tut, ne fit aucun commentaire, se contenta de serrer plus fort sa main qu’il attrapait avec une nouvelle énergie. Elle regarda cet endroit dévasté. Comme tout le reste. Cet endroit qui avait vu tant de gens, tant d’amis cher au cœur de Leo. La mort avait frappé. Et pas qu’un peu. Le cœur d’Alexis saignait. Saignait de sentir celui de Leo résonner de douleur et de tristesse. Elle n’avait pas pu envisager de le perdre lui. Et pourtant lui avait perdu des gens qu’il ne pensait pas voir partir aussi rapidement. Peut être que dans les blessées, les morts Alexis connaissait du monde. Oui c’était plus que probable vu la proportion de personne qu’elle connaissait dans Milan. Mais au final, pour qui serait-elle vraiment effondrée ? Leo évidemment. Mais aussi Elio, sans aucun doute. Heureusement qu’il ne sortait pas souvent. Jade sans aucun doute. Pourvue qu’elle n’ait pas décidé de faire du shopping sans elle. Et puis des autres gens, sûrement, mais là elle n’en avait pas en tête. Elle n’avait pas grand-chose en tête de toute façon sinon celui de rester consciente, de rester saine d’esprit et de ne pas perdre la tête face aux images de carnage devant elle. Elle voulu ignorer son geste de tête vers son épaule. Elle voulu ne pas le regarder lors de cet instant de faiblesse. Mais elle le vit quand même. Son regard se porta ailleurs. Il avait le droit de porter son deuil. Même Leo avait le droit. Leo plus que beaucoup d’autres avait le droit. Et puis il la regarda. Alex soutint son regard. Il sourit, elle essaya de faire de même.
« Je ne sais pas exactement. C’était une explosion. Surement une bombe. »
Il n’avait pas dit que c’était une fuite de gaz ou quelque chose qui s’était écrasé. Il avait employé le terme bombe. Ce qui était fou. Totalement fou et pourtant horriblement plausible vu la tête de la galerie, vu les dégâts. Mais pourquoi une bombe ? Pourquoi un attentat ici ? De toute façon les attentats n’étaient jamais intelligents. Ici c’était une si belle galerie, vieille galerie, galerie peuplée. Donc victime. Mais pourquoi ? Qui aurait voulu ça, pourquoi ? Oui pourquoi ? Leo, tu le savais toi ? Elle aurait voulu lui poser cette question, mais les mauvaises habitudes ont la vie dure et elle qui s’était obligé à ne jamais le mettre mal à l’aise avec des interrogations de ce genre, voilà qu’elle pouvait difficilement lui demander plus de précisions. Ils se regardèrent, Alexis essaya de ne pas ciller, de ne pas paraître trop ébranlée.
« Je ne connais pas les sorties. Mais il doit y avoir moyen de passer par les entrées de service, ou les parkings. Tu dois le savoir aussi. Rappelle-toi la fois où on est entré en douce en hivers. Bon, on s’était fait choppé par les gardes, ce n’était pas glorieux. Mais des entrées dans le genre, il doit y en avoir pas mal. Il faut juste en trouver une qui s’ouvre encore. D’accord ? Fais-moi confiance, ça va aller. »
Son grand sourire lui fit recouvrer un peu de lumière dans ses yeux. Elle sourit un peu, sa commissure craqua légèrement et un peu de sang coula, sa peau semblait si sèche couverte de poussière de la sorte. Elle espérait ne pas étouffer avant d’être sortie d’ici. Sa tête lui faisait toujours horriblement mal mais elle essayait juste de ne pas y penser. De repenser à la course folle qu’ils avaient dû faire cet après midi là pour échapper aux vigiles. Elle se rappelait son éclat de rire, la boule de neige qu’elle avait lancé sur Leo, son bonnet bariolé et son écharpe à grosse maille. Elle se rappelait de cette insouciance. Elle se pencha vers lui, oubliant tous ses tracas des jours précédents. Elle se pencha et l’embrassa sur les lèvres, délicatement puis avec un peu plus d’envie mais avant de commettre un irréparable elle se recula. Leurs lèvres avaient goût de sang et de poussière. Et pourtant elle avait eu trop envie pour se retenir. Parce que c’était Leo, parce qu’elle l’aimait. Parce qu’elle était heureuse d’être avec lui. Et elle ne comptait pas s’excuser pour ça. Tant pis s’il se répondait pas, s’il ne voulait pas. Tant pis pour les conséquences.
- Je te fais confiance. Je te ferais toujours confiance Leo. Oui la sortie à côté de la glacerie Leona ! Les meilleurs de la galerie. Il y avait une sortie sur l’extérieur là, pour les commerçants de cette partie. Mais il ne vaut mieux pas aller du côté du dôme, il doit y avoir du verre partout.
« Ca va aller, tu vas pouvoir marcher ? »
- Tant que tu voudras de moi je te suivrais. Tant que je ne gênerais pas, je te suivrais.
Une détermination nouvelle dans ses yeux face à la force que lui procurait le regard de Leo. Il fallait le faire. Pour lui. Parce qu’elle ne voulait pas le laisser seul ici. Parce qu’elle ne voulait pas le quitter maintenant. Elle se plaça derrière lui en lui ordonnant de ne pas bouger et grimaça en voyant l’état assez pitoyable de son dos. Elle commença à enlever certains morceaux de gravats et essuya comme elle pouvait avec un morceau moins sale de son teeshirt. Si seulement elle avait un peu d’eau. Mais elle n’avait que son porte feuille et ses clés. Elle essaya de le soulager un peu. Aurait voulu enlever cette douleur qu’il supportait continuellement. Elle aurait voulu le guérir de ses engagements dont elle ne savait rien. Mais ce qu’elle savait, c’était que Leo n’aurait pas été d’accord. Et pour une première fois depuis bien longtemps, elle se permit de lui poser une question alors que sa main retrouva la sienne, alors qu’ils partaient dans le sens inverse des sirènes d’ambulance. Elle n’allait pas le raisonner sur où aller. Elle le suivrait, c’était tout. Ce n’était pas une question sur la bombe. C’était une question personnelle. Une question à laquelle elle était en droit d’avoir une réponse.
- C’est toi qui nous a sorti de sous le bloc de béton. Il s’est soulevé. Je l’ai vu. Comment tu as fait ?
Si elle pouvait pour une fois savoir quelque chose sur lui, elle le voulait de tout son cœur. Et s’il ne voulait pas, elle lui montrerait sa vérité à elle. Un des seuls mensonges qu’elle ait pu lui faire. Elle lui montrerait et peut être que ça l’encouragerait. Peut être qu’il se confierait. Ou peut être pas. Peut être qu’il esquiverait juste. Peut être qu’il resterait le même qu’avant. Ne pas rompre ce contact et garder sa main dans la sienne. Jusqu’à leurs retrouvailles.
Leo Accettura
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Sujet: Re: Ne lâche pas ma main [Event avec Leo] Sam 27 Aoû - 14:19
« Je veux te voir, te serrer dans mes bras, t’embrasser, t’aimer. » Heart.
La douleur laissa sa place à une motivation. La tristesse laissa sa place à un sourire. L’horreur laissa sa place au courage. Le monde laissa sa place à Leo. Où il s’installa. Où il n’avait plus peur de regarder cet endroit de désolation. Où les battements de son cœur s’accélérèrent. Où l’envie de vomir ne le prenait plus le ventre à chaque mort rencontré. Trois individus restaient dans sa tête, alors que les derniers souvenirs d’eux se faisaient plus colorés. Leo devait avancer. Pour honorer ses amis tombés, pour qu’eux, ne soient pas morts en vain. La guerre fonctionnait ainsi, anesthésiant le deuil, le distillant dans l’instant présent, pour que le chemin des combattant se construise au nombre de camarades perdus. Et continuer de vivre, pour se pousser contre le mur de la réalité. Mourir un peu plus tard, pour permettre aux autres de courir jusqu’à leur propre casse-pipe. Et en sauver d’autres. Sacrifice dans le sang de Milan. Dans le sang de Leo, d’Alexis, d’Aya. De Jimmy. De Vicky. De Lily. De Milo, de Raffy, de Caïn. De tant d’autres.
Leo ne pouvait pas baisser les épaules, les yeux. Il ne pouvait pas tourner le dos. Il devait continuer. Avancer. Affronter. Vaincre ? Avec de la chance. Était-ce suffisant ? Leo ne savait pas. Ne voulait pas savoir. Le moment n’était pas ouvert aux débats philosophiques. Les étincelles dans ces yeux brillaient encore suffisamment pour le porter. C’était suffisant. Il serra les doigts d’Alexis entre les siens, plongea son regard bleu dans celui turquoise de l’étudiante. Connexion discrète de deux existences qui se rassurent. Le sourire de Leo se fit plus fort encore. Il était content qu’elle soit avec lui. Qu’elle ne soit pas perdue dans un endroit où elle se serait étouffée dans la solitude. Alexis était faite pour survivre entre les autres, les tirer, se faire étouffer par eux aussi. Alors Leo la protégerait de tous ses obstacles, de tous ses soucis, de toutes ses craintes. Pour une dernière fois. Pour aujourd’hui.
Des lèvres se posèrent sur lui, qu’il savait douces sans les gouter, qu’il savait désireuses sans les apprécier. Malgré le sang, la poussière, les cendres, la mémoire lui rappela ces baisers échangés. Par centaine. Par millier. Ceux qui s’étaient glissés dans son cou, à la base de ses seins, se perdant sur ses mains, sur son cœur, sur son corps. Des baisers d’or, sur des lèvres qui en voulaient encore. Une sensation qui lui chatouilla le diaphragme, l’invitant à continuer, approfondir le baiser, le contact d’un corps avec un autre. Comme avant. Leo s’en empêcha, mettant fin à ce désir, avant que sa main ne vienne cueillir sa nuque pour la serrer contre lui, recommencer à l’aimer. Leo ne pouvait pas. Ne voulait pas l’embrasser, la désirer, l’aimer. Un regard sur sa vie l’en empêchant, Cerbère de sang.
Leo & Alexis. C’était une histoire. D’avant. Des câlins. D’avant. Des soupirs. D’avant. Il ne retournerait pas dans le passé : il avait quelqu’un d’autre à protéger maintenant. Quelqu’un pour qui il aurait donné sa vie, et bien plus. Parce que c’était ainsi, que par respect pour elle, pour Alexis, il ne répondit pas, attendit. Que ce moment dans un monde qui ne devait pas exister s’éteigne de lui-même. Flammèche fatiguée. Alexis se détacha. Leo sourit. Comme l’on souriait à un enfant qui venait de faire une bêtise. Comme Leo lui souriait quand il la trouvait mignonne, légèrement de trop, qu’elle faisait une bêtises, mais qu’elle se punissait en même temps. Combien ton cœur souffre à présent ?
Et elle parla, comme si de rien n’était. Comme elle le faisait à chaque fois, en mettant sous silence ses envies, ses peurs, ses regrets. Alexis, elle vivait le moment présent, en oubliant tout le reste, en s’oubliant dans le mouvement de la foule, se perdant dans les sensations qui était les siennes, sans les être. Quant te décideras-tu à vivre pleinement Alexis, sans faire semblant ? Et Leo continua de sourire, apaisé.
« Je te fais confiance. Je te ferais toujours confiance Leo. Oui la sortie à côté de la glacerie Leona ! Les meilleurs de la galerie. Il y avait une sortie sur l’extérieur là, pour les commerçants de cette partie. Mais il ne vaut mieux pas aller du côté du dôme, il doit y avoir du verre partout. » « Ca va aller, tu vas pouvoir marcher ? » « Tant que tu voudras de moi je te suivrais. Tant que je ne gênerais pas, je te suivrais. » « Tu me suivras longtemps alors. »
Les mots lui brulèrent les lèvres. Leo s’en voulu aussi. Que cette phrase qui sortit du plus profond de son cœur lui traverse la gorge et réponde à Alexis. Mais c’était vrai. Une Vérité pure. Unique. S’il l’avait pu, il l’aurait trainé jusqu’aux Enfer, rien que pour l’avoir sous la main, rire avec elle, s’amuser. Et de cette manière, il l’aurait détruite. Alexis serait-elle seulement capable de le suivre, jusqu’à son monde, celui où Leo avait grandi depuis qu’il avait levé son regard bleu vers cette Lune Rouge ? De cet univers, qu’elle avait effleuré du dos de la main, durant sa relation avec Leo, et qui n’avait réussi qu’à lui offrir plus de désespoir et d’incompréhension. Mais tout ceci n’est que de ta faute Leo. Tu n’aurais jamais dû la rencontrer. Dieu seul sait ce qu’elle serait devenue. La même ? En moins heureuse ?
Il passa une main dans ses cheveux gris de cette saleté. Il se gratte un peu le crâne aussi, dégageant sa tête de ces poussières. Certaines lui tombèrent sur les paupières, les laissa là. Leo désirait rendre Alexis heureuse… Non. Leo ne voulait pas la rendre heureuse. Il voulait la rendre Libre. Libre pour quelques secondes, pour une minute. Il aurait voulu rayer cette tristesse cachée dans le coin de ses yeux. La lui arracher du cœur, et lui faire vivre sans ce poids qui l’étouffait. Il rigola. Le comble. Lui qui ne lui avait volé le semblant de sourire honnête qu’elle lui délivrait au milieu de la nuit, entre deux caresses, deux soupirs. Il l’avait blessé plus que les salauds qu’elle avait côtoyés et pour qui il avait ramassé les morceaux de son cœur, en les chapardant pour lui, la fois de trop, où Leo n’avait plus été capable de la voir se fendre pour un homme de plus. Et avec le temps, il avait fini par s’attacher plus que ce qu’il ne s’y attendait, avec cette petite blonde, aux sourires forcés, qui paraissaient si vrais.
Alexis sortit de son champ de vision. Il se tordit sur lui-même pour suivre son mouvement, oubliant la douleur aux côtes qu’il ressentait. Le ton autoritaire de la blonde le rappela à l’ordre. Etrangement, il se mit au garde à vous, se demandant ce qu’elle manigançait, bien que sa petite idée trouva son fondement quand des picotements lui éraflèrent sa peau blessée. Il sursauta laissa échappé un petit cri de surprise. Il tourna sa tête, un peu. De ce qui lui permettait son corps, sans qu’il ne bouge de trop et qu’une furie l’engueule pour ne pas avoir fait ce qu’elle lui avait demandé. Leo était parti pour dire quelque chose, sa bouche ouverte en fut la preuve, même. Et subitement, il la ferma. Aucun sourire ne flotta sur son visage. Il se contenta de pencher sa tête en avant, tendant le dos un peu, s’empêchant de succomber aux tremblements de sa blessure, de cette chair ouverte au ciel, qui avait fini d’imbiber son t-shirt depuis longtemps, ruisselant son sang sur le dos de Leo, attaquant le bas de son pantalon. Super.
Contemplant ses pieds comme un enfant sage, il s’empêchait de repenser au visage d’Alexis, vraisemblablement affectée par la blessure de Leo. Lui, il aurait voulu la rassurer. « Tu sais, c’est rien. J’ai connu pire. » ou une dans le genre « T’inquiète pas. Je sens plus la douleur à la longue, et j’aurais bientôt plus de sang à donner, donc ça ira. » Mais ces phrases n’auraient pas fait grand-chose pour la milanaise. Elles l’auraient inquiéter, de ces aventures sur Horizon qu’elle ne devait pas connaitre. Comprends-tu dans quel univers tu t’aventures en voulant le suivre Alexis. Alors il se contenta de soulever de temps à autre ses épaules quand elle touchait de ses doigts fins une zone plus sensible. Laissant ce temps au silence. De ce calme avant la tempête.
« Tu es trop gentille Alexis. »
Son bras se posa sur les épaules d’Alexis, l’attirant à lui, il posa ses lèvres sur les siennes, en un contact éphémère. Baiser léger. Auquel il ne laissa pas le temps à la blonde de répondre. Ce baiser, il était le dernier de leur histoire. Un comme il appréciait tant lui donner quand ils étaient ensemble. Simple, sans complication, ni prise de tête. Où toute la douceur de Leo entrait en contact avec la folie d’Alexis. Contacte fugace, qui ne lui laissa aucune étincelle sur le bout de toi, aucune rougeur sur ses joues. Ainsi Leo signa la fin de quelque chose entre eux. A présent tu es libre Alexis. Libre de moi.
« Suis-moi. »
Leurs mains se retrouvèrent. Il la serra, chaleur réconfortante de retrouver sa jumelle. Un mince sourire s’étira sur ses lèvres, plaisir d’une expédition nouvelle entre ces gravas. Il prit la tête de la marche, tenant toujours Alexis, cherchant à calmer ses tremblements par des gestes simples, en lui tapotant la tête, la tirant vers lui quand un pilier roulait sous leurs pieds, qu’ils marchaient dans une flaque de sang, où leurs semelles faisaient des clapotis glauques. Mais Leo n’était plus effrayé. Il n’avait plus le droit. Alors sa main se faisait rassurante, caressant parfois distraitement le pouce d’Alexis.
« C’est toi qui nous a sorti de sous le bloc de béton. Il s’est soulevé. Je l’ai vu. Comment tu as fait ? »
Leo s’arrêta. Il se retourna à moitié, détaillant du coin de l’œil Alexis. Il pinça sa bouche. Cette question, il avait dû s’y attendre. Quoiqu’il ait espéré qu’elle soit trop sonnée pour s’en rendre compte. Mais c’était légitime de la part d’Alexis. C’était légitime qu’elle demande de lui expliquer, sans aucun mensonge. Elle qui ne lui avait jamais rien demandé. Aucune question sur ses départs soudains, même si elle voulait qu’il reste. Aucune question sur ses apparitions soudaines, pendant la nuit, alors qu’il s’invitait dans son lit pour profiter de ses rires. Aucune question sur ses amis qu’il croisait parfois, avec qui il discutait plus sérieusement. Alexis s’était contentée d’attendre. Qu’il lui revienne avec ce même sourire, pour passer une main dans ses cheveux blonds et l’inviter à continuer d’un clin d’œil. Du turquoise dans les mêmes yeux. Il se pinça l’arête du nez, l’invita à continuer, alors qu’ils passaient devant la boutique d’un magasin de mode.
« Voudras-tu toujours me suivre, quand tu sauras tout de moi ? »
Cette invitation discrète à le connaitre n’était qu’une question rhétorique. Il savait qu’elle allait répondre, un sourire forcé sur le bout de ses lèvres. Car elle l’aimait de la même manière qu’elle l’avait aimé par le passé, un amour aveugle qui se plierait à tout. Comme elle l’avait toujours fait. Alexis était trop gentille. Ça lui allait si bien, les meurtrissures au cœur. Ça lui allait si bien qu’elle mourait avec, surement pour un geste affectueux. Le dernier. Leo ne voulait pas lui donner, la toucher de son corps pour qu’elle se brise. Résistance atteinte, détruite. Car elle l’aimait de trop aujourd’hui encore. Leo, un temps, voulu faire comme elle. L’aimer. Mais ce n’était pas possible. Il ne pourrait jamais l’aimer. C’était inscrit sur la Fatalité. Dans un monde différent, ils auraient coulé des jours heureux. Finissant la soirée entre deux rires, sa main posée sur le bas de son ventre, alors qu’elle l’embrassait avant de se coller contre lui. Oui, ils auraient pu finir ensembles, amoureux. Et cette guerre les en avait empêché. Depuis le début. Avant même qu’ils se rencontrent. Leo, au final, bien qu’il fût comme Alexis, était différent d’elle. Grandissant dans un monde qu’elle, elle rencontrait pour la première fois.
Leo se l’était promis. Il la guiderait dans ce cauchemar, serait son gardien. Protecteur des étoiles dans ses yeux. Plus jamais il ne lui mentirait. Plus jamais il ne contournerait aucune question. Qu’importe ce qu’il devrait révéler. Alexis en avait trop vécu pour être mise sur la touche une dernière fois. Le Destin avait décidé de la placer dans le jeu, dans cette guerre où elle n’avait pas sa place. Alors Leo l’aiderait. Il l’avait toujours fait. Pas de cette manière. En étant honnête avec elle, en étant derrière elle, prolongation de ses approches dans ce combat qui n’était pas le sien. En lui assurant qu’il ne lui arriverait rien. Car après tout, le pire était à venir. Aujourd’hui, le pire est passé… Va savoir ce que demain lui réserve.
Leo soupira. Il se retourna une nouvelle fois vers elle, lui sourit.
« Bon, j’imagine qu’une démonstration vaut mille mots. Tu viens ? »
La tirant toujours par la main, ils s’approchèrent de l’adolescent que Leo avait repéré un peu plus tôt, la jambe bloquée. Ce dernier s’était réveillé et, apparemment, souffrait le martyr, ou pas loin. Leo, en une dernière œillade se détacha d’Alexis à contrecœur. Lui caressant une dernière fois la tête, de la gentillesse dans ses yeux, il s’écarta d’elle, pour s’abaisser près du noiraud. Il lui toucha calmement l’épaule, attendit que le jeune tourne son attention vers lui. Il ne lui donnait pas plus de 16 ans, les cheveux en bataille, du sang séché sous la joue gauche. Un de ses bras était pas mal abimé, ouvert tout le long et peu profonde. Le vrai problème étant sa jambe réduite en bouillie sous le bloc de béton. Leo parla un peu avec le garçon, lui demandant son prénom –Luigi- son âge – 18 ans, tu sais que tu fais plus jeune ?- s’il était seul – sa petite sœur avait disparu pendant l’explosion, regard désolé de Leo.
« Bon, Luigi, tu vas te coucher et fermer les yeux. Ca risque de faire un peu mal… »
L’aidant à s’adosser sur le sol, débarrassant quelques débris, il passa sa main devant ses paupières fermées, s’assurant qu’il ne trichait pas. De toute façon, l’humour était prohibé à cette fête explosive, Leo n’eut donc aucune réaction de la part du gamin. Il se retourna, s’assurant qu’Alexis était toujours là, la posture un peu courbée, les blancs sur sa peau, les mains encore un peu tremblante. Il lui sourit tendrement –t’inquiète pas. Il trouvait ça stupide. De ne pas pouvoir rester près d’elle, rien qu’un peu. Il ne connaissait pas cette inquiétude, de ne pas l’avoir sous la main, sa peau contre la sienne, de sentir son odeur, sa chaleur. Il ferma les yeux plusieurs secondes, se concentrant sur la pierre. Un seul contact, de sa main sur son épaule, l’aurait rassuré. De savoir qu’elle ne risquait pas de disparaitre, soufflée par une autre explosion, emportée par n’importe quoi. C’était stupide. Inutile. Elle resterait avec lui. Pour toujours. Gamin possessif. Et il n’arrivait pas à ce sortir ça de la tête. Soupira.
Un halo bleu s’enroula sur ses doigts. Il posa sa main sur la pierre qui, pourtant lourde, se souleva, entrainée par une force stellaire. Précipitamment, Leo enleva la jambe de noiraud. Et sans un bruit, le bloc de béton se reposa. Abracadabra. As-tu compris Alexis ?
Alexis Lorenzo [Hily]
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Sujet: Re: Ne lâche pas ma main [Event avec Leo] Jeu 8 Sep - 14:12
It feels like the end of time Like something bad is coming You've been living in the world of lies Your see through walls are falling It's getting hard to except that I'm losing you
Alex commençait à espérer. Comme si ce tragique accident aurait pu lui permettre de se rabibocher avec Leo. Comme s’il fallait un drame pour qu’ils puissent se comprendre, se parler et que tu redeviennes comme avant. Mais ça, ce n’était qu’une illusion, peut être que la pierre lui avait frappé la tête plus fort qu’elle le croyait. Et si elle lui sautait dessus comment réagirait-il ? Si elle l’embrassait réellement à pleine bouche, si elle arrivait à lui dire ce qu’elle pensait vraiment ? Alexis savait presque déjà la réponse. Il serait des plus gentils, ferait son sourire si gentil auquel on ne peut rien refuser, et sans rien dire, il lui ferait comprendre que ce n’était pas possible. Elle le savait, c’était indéniable, parce que lui avait réussi à tourner la page alors qu’elle tournait en boucle dans une relation qui était terminé il y avait bien longtemps mais dont elle ne parvenait à se libérer totalement. Leo était ses chaînes donc elle n’arrivait à s’affranchir pour avancer. C’était de la peur. De la peur de ne plus jamais ressentir ce qu’elle avait éprouvé pour lui pour quelqu’un d’autre. La peur de finir seule alors qu’elle avait gâché cette relation. Alors qu’elle n’avait pas été assez compréhensive avec lui, alors qu’elle n’avait rien fait quand tout se déliait, elle ne lui avait pas couru suffisamment assez après. Mais c’était son choix, et il était murement réfléchi. Après tout, toutes les vérités n’étaient pas bonnes à dire et peut être aurait-elle souffert de vouloir connaitre celle que Leo ne lui révélait pas. Elle avait choisi le silence et l’acceptation plutôt que le doute et les questions. Elle lui donnait sa confiance aveugle et c’était encore le cas aujourd’hui. Et elle voulait se persuader que ce n’était pas qu’une illusion. Il ne l’avait jamais trompé. Il avait des choses importantes à faire et c’était pour ça qu’il partait en pleine nuit. Parce que c’était tout bonnement impossible de partir de façon aussi voyante pour retrouver une maitresse.
Alexis croyait en lui. Et elle savait que s’il était avec Aya, il ne la tromperait pas non plus. Parce que c’était Leo et que jamais il ne blesserait quelqu’un de la sorte en le faisait exprès. Elle savait qu’elle ne pouvait pas lui en vouloir de lui avoir présenté sa nouvelle copine, parce que pour lui ça allait de soi, pour lui ça ne pouvait être autrement et ça ne posait pas de problème. Pourquoi y en aurait-il eu ? Aucun si Alexis s’était trouvé un copain qui l’aimait pour ce qu’elle était et qui n’était pas fatigué par sa folie constante. Mais ça n’avait pas été le cas, et la jeune blonde aimait toujours son ancien copain. Et pourtant Dieu savait que de l’eau avait coulé sous les ponts et que des hommes avait défilé dans sa vie. Et pourtant son cœur était ailleurs. Et c’était peut être pour ça qu’elle se sentait si seule. Et malgré les efforts, malgré Elio et Jade, malgré ses sourires au quotidien, elle se rendait chaque jour un peu plus compte de la vérité sur ses sentiments. Et ça faisait mal, même si c’était quelque chose de beau à préserver. Et pourtant ils étaient mit à rude épreuve. Parce que Leo était bien avec Aya. Parce qu’il était heureux et qu’il était hors de question pour Alex de le priver de ça. Si quelqu’un d’autre pouvait le rendre heureux et s’il pouvait se confier à elle, alors tout irait bien. Et elle finirait bien par penser à autre chose.
Sauf qu’à situations extraordinaires, réflexions différentes. Ils avaient failli mourir tout deux sous les décombres de la galerie alors que ça aurait dû être une matinée des plus agréables. Ils étaient tout les deux face à l’horreur, la mort, le sang, l’angoisse et l’oppression. Peut être que dans cet espace différent il voudrait bien d’elle ? Non c’était juste improbable car Leo ne perdait jamais le sens des réalités. Et elle voulait rester avec lui, pour le meilleur et le pire. Et surtout ne jamais, jamais être un fardeau. Et pourtant elle n’avait pas pu s’en empêcher, comme pour quémander un dernier baiser avant la dernière révérence, avant que le rideau ne tombe définitivement. Car maintenant que leurs vies se côtoyaient, elles ne se croisaient plus, ne se croiseraient plus jamais. Mais il fallait qu’elle en soit sûre. Il fallait qu’elle vérifie une dernière fois ce qu’il en était. Et elle dû se rendre à l’évidence. Ses prévisions ne pouvaient qu’être justes. Elle le savait, parce qu’elle le connaissait. Leo n’avait pas pu répondre à son baiser, parce que Leo était loyal, et que Leo avait quelqu’un d’autre. Elle le savait et pourtant ses yeux la piquèrent. Elle mit ça sur le compte de la poussière. Elle serait forte pour lui. Car c’était finit. Réellement finit entre eux et qu’il fallait se faire une raison et que malgré ses doigts qui tremblaient un peu, il y avait plus important. Il fallait sortir d’ici. Alors elle enchaina, elle parla pour oublier ce cœur lourd et pesant, elle parla en essayant de se rappeler l’air sur son visage quand elle filait à toute vitesse en roller dans les rues. Elle fera ça en rentrant. Après une bonne citronnade. Elle irait chercher le chaudron d’or au pied de l’arc en ciel. Et elle irait sauter en parachute, tenter même la chute libre. Elle verrait. Il fallait tout simplement penser à autre chose, voir la suite, imaginer le futur. Même sans lui. Il y aurait forcément un après. Un véritable après. Il lui suffisait de le trouver. De se forcer encore un peu.
« Tu me suivras longtemps alors. »
- Vers l’infini et au-delà Leo !
Elle sourit. De ce sourire blessé, passa son bras sur les yeux, refit un sourire, à peine plus sincère. Elle ne voulait pas le rendre malheureux, ou le faire culpabiliser. Il ne fallait plus qu’il s’inquiète pour elle. Elle n’était plus assez importante pour ça. Et pourtant, elle-même aurait-elle pu s’empêcher de se ronger les sangs à son sujet ? Non au grand non jamais. Alors pourquoi lui refuser ce qu’elle-même ne pouvait accomplir ? Il faudrait beaucoup plus de temps, ses sentiments seront peut être à jamais tendresse pour lui. Mais il fallait qu’ils redeviennent amis. De simples amis. Et il ne tenait qu’à elle de faire ce pas. Ainsi elle essaya le plus délicatement possible de retirer ce qui pourrait infecter plus tard le dos autrefois bien plus lisse que ça de son ancien amant. Elle sourit quand il parla de sa gentillesse. C’était faux, elle était loin d’être gentille. Tout ce qu’elle faisait, c’était égoïstement uniquement pour lui. Et puis son sourire se figea alors que les lèvres de Leo touchèrent les siennes. Mais cette fois ci, ce fut à son tour de ne pas répondre. De toute façon il ne lui en laissa pas le temps. Finalement le rideau n’était pas tout à fait tombé. Il y avait juste eu un bref rappel. Quelle déconfiture, il ne lui avait même pas laissé finir, il avait reprit la main à son avantage. Quelle injustice. Tu n’avais pas le droit de faire ça Leo. Tu n’avais pas le droit toi aussi d’être égoïste ! Et pourtant c’était trop tard. Et cette fois ci, c’était bel et bien la vraie fin. Pourtant tout deux savaient que la fin ne serait effective qu’au moment où Alex penserait enfin pour elle et non pour les autres.
Mais elle ne fit commentaire. Il n’y en avait pas besoin. Et elle le suivit. Comme elle l’aurait fait pendant des kilomètres, sa main scellée dans la sienne, essayant d’oublier le paysage de fin de monde qui les entourait, essayant d’ignorer les gémissements de douleur. Profitant juste des marques d’affections et de réconforts qu’il lui prodiguait pour la rassurer dans cet environnement hostile. Et puis elle posa la question. Celle qu’elle avait retenue si longtemps, bien qu’elle aurait pu prendre d’autres formes à chaque fois. Parce qu’il fallait qu’elle sache. S’il se séparait définitivement d’elle, elle était largement en droit de connaître ce qu’il lui avait caché tant de fois. Et elle resterait intraitable. Cette fois elle ne plierait pas devant ses yeux bleus. Cette fois elle n’attendrait pas en vain. Cette fois, elle voulait réellement savoir.
« Voudras-tu toujours me suivre, quand tu sauras tout de moi ? » - Non je resterais ici à me morfondre sur ma condition en attendant qu’un pilier vienne mettre un terme à mes spéculations. Pour tous les silences dont tu m’as abreuvé. Explique-moi s’il te plait.
Il n’avait pas le choix. Et il le ferait, c’était sûr. Rarement la voix d’Alexis n’avait été si sérieuse et résolue. Surtout envers lui.
« Bon, j’imagine qu’une démonstration vaut mille mots. Tu viens ? »
Ils souriaient tout deux avec l’intime conviction de persuader l’autre que tout allait bien. Quelle farce monstrueuse. Mais les apparences comptaient beaucoup trop. Elle répondit à son sourire. Parce qu’elle était heureuse qu’il accepte, qu’il comprenne à quel point elle avait besoin de savoir. De comprendre. Et elle le laissa faire. Détourna un peu les yeux devant l’état du garçon auquel Leo parlait. Frissonnant d’imaginer qu’ils auraient pu être dans le même cas, voir pire. Grimaçant devant l’état du dos de son ami. Mais elle se força à regarder. Parce que c’était important. Parce qu’il le fallait, pour elle et pour lui. Ce qu’elle n’avait pas rêvé, ce qu’elle spéculait ou imaginait quand il revenait avec des cicatrices en plus, alors qu’elle l’accueillait dans son lit pour refaire le monde, une tablette de chocolat dans la main. Mais là c’était différent, elle allait être face à la vérité. Et elle l’attendait autant qu’elle la redoutait et frissonna de plus belle. Elle n’avait rien contrairement à ce garçon qu’il fallait aider. Et pourtant elle aurait voulu que l’attention de Leo soit tournée vers elle et non vers lui. Quel narcissisme. Il se retourna pour lui sourire, elle lui répondit la même chose, pour le rassurer et l’encourager.
Et le bloc se souleva, comme elle l’avait bien vu la dernière fois. Il le libéra en ayant réussi sans forcer à le soulever, ce bloc que personne à main su n’aurait pu bouger. Alors Alex resta un instant interdite. Et puis sa petite voix lui rappela qu’elle aussi savait faire des choses étranges. Elle le savait très bien, mais c’était différent, Leo pouvait sauver des vies, faire plein de choses immenses grâce à ce pouvoir. Et pourtant tout un pan restait noir et inconnu. A quoi te sert ce pouvoir Leo ? Qu’en faisais-tu ? Alexis sentait qu’il y avait des connexions entre ça, l’explosion, ses amis, ses disparitions. Et même Aya. Tout était lié mais elle ne savait pas en quoi. Parce qu’Alex n’avait jamais plongé dans cet univers. Jusqu’à ce qu’une bombe l’oblige à voir une réalité dont elle se serait bien passée. Mais si ce cauchemar révélait la vérité sur Leo, alors elle pouvait bien tenir un peu le choc. Elle s’accroupit à côté de lui, inspira, expira, sourit et s’écria.
- Alors t’es vraiment un super héro ?! C’est à se demander pourquoi tu te prends encore des murs grâce à ça ! C’est fou ! Totalement dingue et improbable ! Mais c’est toi, c’est… Tu es vraiment comme ça ! C’est magique c’est génial ! Si j’avais su que tu avais des pouvoirs…
Oui si tu avais su quoi ? Qu’est-ce que ça aurait changé ? Rien dans tes sentiments ni ton attirance pour lui. Et si il lui avait dit uniquement ça, ça n’aurait rien changé parce qu’elle n’aurait pas su la vraie raison de ses départs et arrivées si soudains. Et maintenant qu’ils en étaient là ? Avait-elle le droit d’en demander plus ? D’exiger la suite de l’histoire ? Malgré l’environnement qui ne s’y prêtait guère ? Mais pour en avoir le droit, elle se devait de lui montrer à son tour le seul mensonge qu’elle ne lui ait jamais fait. Cette chose qu’elle voulait repousser et refouler au fond d’elle. Dont elle ne voulait pas entendre parler mais qui sortait parfois sans qu’elle le veuille, qui agissait plus ou moins selon ses envies, qui lui faisait croire qu’elle n’était pas normale. Cette chose qui parfois lui prouvait qu’elle n’était jamais seule. Mais l’ignorer avait toujours été la solution de facilité. Alors si de son plein gré elle lui montrait ce qu’elle cachait en elle, peut être lui dirait-il autre chose ? Peut être lui expliquerait-il tout le reste, et peut être qu’il aurait la réponse quant à ce pouvoir dont elle ne savait que faire.
- Si je te montre quelque chose, tu consentirais à m’en dire plus ? Je sais que tu sais. Tu sais tellement de choses que je n’ai jamais demandées. Si tout doit vraiment… Elle avala sa salive et sourit maladroitement. Etre fini, je veux savoir ce qui a tout gâché. C’est bien la seule chose que je t’ai jamais caché et tu devrais être fier, tu es le seul à qui j’en ai parlé.
Elle s’approcha de lui et pria pour que sa petite fée intérieure comprenne que pour une fois, elle cherchait vraiment à l’utiliser. Elle fit glisser ses doigts le long de la joue de Leo et se concentra pour y arriver. Parce qu’il ne fallait pas qu’après une bande annonce pareille ça échoue. Et ça fonctionna. Elle se recula pour voir un regard intrigué mais figé. Elle passa sa main devant ses yeux, sachant qu’il pouvait la voir et l’entendre mais ne rien faire. Le temps parut long, mais une quinzaine de secondes avaient dû à peine passer. Elle sourit comme la fille prise en flagrant délit de bêtises et se passa la main dans les cheveux, un peu gênée, faisait tomber une nouvelle couche de poussière. Ca la fit tousser un peu. Il ne pouvait pas la prendre pour un monstre lui, vu qu’il avait aussi des pouvoirs. Parce que ça, elle ne l’avait jamais dit à personne tellement elle voulait se persuader d’être normale. Elle croisa les bras et les serra contre elle comme pour se donner chaud. Parce qu’il demeurait une inquiétude. Parce qu’elle avait quand même peur de sa réaction. Parce que comme c’était lui. C’était important.
Why am I devastated You through it all away Now who's the one who's lost and lonely I gotta break away from you Who will pay for all the things you've done I'm not the only one
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Sujet: Re: Ne lâche pas ma main [Event avec Leo] Lun 26 Sep - 8:42
« La jalousie d’imaginer un autre te toucher, glisser ses doigts sur ta peau de soie, tu susurrer des mots que je n’apprécie pas, t’aimer alors que ce n’est pas moi. »
Le nombre de pas augmentait. Pied gauche. Pied droit. Fermer les yeux sur cette souffrance marquant les traits de cet enfant à la rencontre de la mort, avaler sa salive en croisant le corps chaud d’une femme à moitié écrasée. Il sera un peu plus la main d’Alexis entre ses doigts, réprima un frisson quand un cri de douleur recouvrit un peu plus le bruit ambiant de la zone sinistrée. Mais malgré tout ceci. Malgré le Sang. Malgré l’effroi. Malgré le monde dans son horreur la plus simple, la plus cruelle, Leo ne baissait pas le regard. Jamais. Plus maintenant. Il devait protéger Alexis du mieux qu’il pouvait. Il devait continuer d’avancer. Pied gauche. Pied droit. Indéfiniment. Encore. Un pas en plus, pour couvrir un peu plus de distance jusqu’à arriver à une lueur d’espoir, ou à une lumière qui y ressemblerait. Leo n’allait pas se laisser abattre par la guerre. Pas encore. Pas maintenant. Plus maintenant.
Le jeu de l’enfant apeuré était passé, périmé dans l’actualité de l’affrontement de la Lune Rouge. Le brun ne se laisserait pas abattre. Pour tous ceux qui étaient tombée dans ce début de journée. Pour ces inconnus. Et pour ceux qui ne l’étaient pas. Pour ces visages qui passaient de manière sporadique sous le voile de ses paupières, réminiscences furtives d’un passé révolu. Il inspira l’air vicié de la galerie détruite, pinça sa bouche. Il se retourna, aida Alexis à passer un obstacle de béton trop haut pour le passé en un seul saut. Il lui proposa ses mains, lui sourit. Comme il savait le faire. Comme il le faisait si bien. Parce que le sourire, c’était lui. Cette puissance inéluctable qui parcourait ses veines, qui le caractérisait si bien. Le regard bleu fixé sur l’avenir, sans se retourner, sans plus pleurer.
Il l’attira jusqu’à lui, la rattrapant par la taille, la serrant contre lui. Pour la rassurer. Regardes, je suis là, tout va bien se passer. Crois-moi. Crois en moi. Il passa furtivement sa main dans ses cheveux, chassant une mèche rebelle lui barrant le visage. Un nuage de poussière accompagna son geste.
« Non je resterais ici à me morfondre sur ma condition en attendant qu’un pilier vienne mettre un terme à mes spéculations. Pour tous les silences dont tu m’as abreuvé. Explique-moi s’il te plait. »
La vérité devait éclater. Indéniablement. Inévitablement. Il hocha la tête, soumission silencieuse à son souhait. Leo le ferait, il n’échapperait pas aux flots de mensonges dont il se dégagerait, eux qui le poursuivaient depuis si longtemps, ayant fini par embourber nos deux jeunes milanais dans le cul-de-sac de leur relation. De nouveaux choix étaient pris. Leo se plierait à eux. Qu’importe le prix. Qu’importe s’il devait la perdre. Mais il avait le sentiment que ce ne serait pas le cas. Car, si Alexis n’était pas prête, alors que peut-être, oui, elle aurait attendu qu’un pilier lui tomber sur la tête, lui fracassant le crâne et volant les derniers soupirs de son existence. Mais ce n’était pas le cas. Et la détermination dans sa voix le surpris. Il était heureux. Heureux de constater que l’éclair blond pouvait affronter la réalité. Qu’elle le demande. Qu’elle le vive.
C’était une Alexis qu’il ne connaissait pas. Mais il une Alexis qu’il lui tardait de rencontrer. Leo était curieux, de voir jusqu’où elle pourrait se heurter à tout ce dont elle ignorait, à tout ce dont Leo la protégeait. Ce qui n’avait pas été la meilleure des solutions. Place au Spectacle. Le moment était venu. Il lui sourit, l’attira jusqu’à ce pauvre garçon. Auquel il parla. Calmement. Observe et vois. Ce Leo que tu ne connais pas. Mais ce Leo qui est. Et toujours cette présence timide d’Alexis dans son dos, vacillante. Il craignait. Qu’elle ne tombe, s’effondre. Il avait peur. Qu’elle décide que tout n’était qu’un mauvais rêve. Et qu’elle fuit. Encore. Toujours. Pour finir dans le vide de sa vie. Arriver à mourir. Leo ne laisserait pas faire ça. Alors il détourna le regard de l’adolescent aux cheveux noirs, croisa le regard de l’étudiante. Il se rassura. Elle était là. Droite, bien que le dos légèrement vouté, les jambes tremblantes, le restant de marques de sang sur son haut.
La résolution se lut dans son regard. Il ne pouvait plus faire marche arrière. Il se détourna donc d’Alexis, baladant une de ses mains sur le genou du garçon, tandis que sa jumelle s’attelait sur le bloc de béton. Il inspira, calla la respiration dans le bas de son estomac. Ses doigts s’illuminèrent. Vérifiant une dernière fois que le garçon ne regardait pas, l’obstacle se souleva de lui-même, silencieusement, comme curieux des évènements qui allaient arriver. Leo imagina une seconde l’étonnement d’Alexis, les battements de son cœur un peu plus rapides, et l’étonnement, peut-être. Rapidement, il décala la jambe de Luigi, laissant une trainée de sang qui fut bien vite recouverte par l’énorme débris reprenant sa place sans un bruit. Leo expira, passa une main sur sa tempe, essuyant la sueur. Les efforts de ce genre n’étaient pas conseillés dans son état. Et Leo s’en moquait. Qu’il perde du sang, des membres, la vie. Lui ne comptait pas, ou si peu. Il y avait tellement plus de personnes qui se devaient de vivre. Lui ne comptait pas. Sacrifice.
Ses mains déchirèrent le bras de son t-shirt déjà abimé, se servant du bout de tissu pour faire un garrot au niveau de la cuisse du noiraud. Il lui sourit. –C’est bien, tu es un bon garçon. Tu vas attendre les secours maintenant, d’accord ? – Leo se serait attardé sur chaque blessé qu’il aurait croisé. Il serait resté avec lui, le rassurant, en lui tenant la main, vérifiant qu’il était toujours conscient, lui parlant de sa journée de hier, du marchant de glace de la galerie, s’assurer que le gamin le connaissait également, s’il avait la chance d’avoir savourer la saveur « pomme d’hivers », la meilleure d’après notre brun favoris. Mais. La situation ne le permettait pas. Leo n’était pas seul avec Luigi. Leo n’était pas seul avec la cruauté du monde. Il y avait une chevelure blonde. Il y avait un regard bleu qui le détaillait, incompréhension, ou presque. Ce fut ce qui l’inquiéta. Trop rapidement. Il tiqua, serra un peu trop fort le lien sur la jambe du garçon.
« Alors t’es vraiment un super héro ?! C’est à se demander pourquoi tu te prends encore des murs grâce à ça ! C’est fou ! Totalement dingue et improbable ! Mais c’est toi, c’est… Tu es vraiment comme ça ! C’est magique c’est génial ! Si j’avais su que tu avais des pouvoirs… »
Leo aurait dû être heureux. Qu’Alexis soit si enthousiaste, qu’elle lui fasse presque une accolade de camaraderie, qu’elle en rigole presque, de ce secret qu’il lui avait caché. Depuis le début d’eux, de cette histoire rien qu’à eux. Il ne l’était pas. Horizon la connaissait, savait tout sur elle. Leo eut le visage un peu plus grave. D’un sérieux et d’une marque de responsabilité qui lui marqua le front. Une des rares expressions qu’il ne lui avait jamais laissé voir. D’un Leo qui a sa place dans ce combat, qui connait le poids de chaque souffle de vie, de chaque individu, de chaque acte posé. Un Leo qui en sait de trop sur ce qui l’entoure. Il voulut répondre quelque chose, alors qu’il lâchait le corps du jeune adolescent, le rassurant d’un clin d’œil. Et elle le coupa dans son élan. Prendre de l’avance sur lui. Il aurait souri. Il aurait pleuré. Ne pas le faire. Malédiction.
« Si je te montre quelque chose, tu consentirais à m’en dire plus ? Je sais que tu sais. Tu sais tellement de choses que je n’ai jamais demandées. Si tout doit vraiment… Etre fini, je veux savoir ce qui a tout gâché. C’est bien la seule chose que je t’ai jamais caché et tu devrais être fier, tu es le seul à qui j’en ai parlé. »
Dans toute sa simplicité, son unicité. C’était Alexis. Le regard maladroit, les gestes hésitants et une étincelle de volonté dans le regard. Ce genre d’Alexis qui l’avait charmé. C’était ce genre d’Alexis qu’il avait poursuivi dans sa jeunesse, qu’il avait voulu connaitre, aimer. Il aurait voulu sourire, s’en empêcha. Ce n’était plus le moment. Elle se disait prête. Leo voulait la croire. L’observer évoluer dans cet univers dont il avait toujours désiré la préserver. Et une partie de lui le retenait, s’inquiétant plus que nécessaire. Une pointe d’angoisse s’enfonça dans son estomac, alors qu’il imaginait ce qu’Alexis allait faire devant lui. De ce spectacle qu’elle lui offrirait. Mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas lui tourner le dos, lui demander de se taire, de faire comme si rien n’avait existé. Ce serait revenir dans le mensonge. Ce serait revenir dans l’avant.
Alors il se tut. Attendit. Il l’encouragea du regard, les doigts de la jeune fille glissant sur sa joue. Il retint son souffle. Ou plutôt, son souffle se retint. Leo voulu esquisser un mouvement, approcher son bras vers elle. Rien ne se passa. La douleur permanente dans son dos se fit plus légère, les battements de son cœur s’arrêtèrent. Un individu banal aurait paniqué. Pour lui, cette impression d’entrave ne lui rappela que sa première rencontre avec Luisa. Cette sensation de perdre toute notion de contrôle de soi et d’observer le monde qui avance sans faire attention à Leo. Figé. Paralysé. Il l’observa, yeux dans les yeux. Jusqu’au moment où, à nouveau, ses nerfs lui obéirent, où ses muscles reprirent leur souplesse, où le fil de ses pensées n’était plus la seule chose qu’il contrôlait. Il inspira, chavira momentanément sous le poids de son corps récupéré. Il posa les mains au sol, se relevant calmement.
Pauvre Alexis. Douce Alexis. Dans cette position de replis sur elle-même, se protégeant de ses bras, de toute notion de rejet. Parce que au fond, c’est ce qui t’as toujours apeurée. Comment aurait-il pu la rejeter, lui en vouloir ? Non. A ce moment, il n’y avait qu’un voile de tristesse qui balaya le corps de Leo. Voilà. C’était fait. Elle s’était effondrée, château de carte soufflé par le vent de la vérité. Alexis était brisée depuis si longtemps. Détruite dans une dimension bien plus grave que ce que le brun n’avait pu imaginer. Le monde était impitoyable. Pourquoi est-ce que Alexis aurait-elle été épargnée, plus que n’importe qui ? Ses dents se serrèrent d’elles-mêmes, furieux de ne pas s’en être rendu compte plus tôt. De la marque de la Lune Rouge imposée sur le corps d’Alexis. A force de t’enfoncer dans le mensonge, tu n’as plus été capable de distinguer ce qu’il se passait sous ton nez. Mes félicitations petit Leo. Quel goût a la défaite ?
Leo s’approcha. Pied gauche. Pied droite. Pour arriver en face d’elle. Il ne souriait pas, n’en avait pas la force. Une des rares personnes dont il voulait protéger de cette guerre s’y enlisait. De trop. En face d’elle, il aurait pu faire de nombreuses choses. La gifler. L’engueuler. La rejeter. Lui en vouloir. Ce genre de réaction, il n’y pensa même pas une seconde. Il porta sa main jusqu’à sa tête, la tapotant légèrement le crâne, avant de la prendre dans ses bras. Chaleureusement. Regarde, je suis là.
« Toujours à faire des surprises hein… J’aurais préféré que ce soit autre chose. » Ne pas cacher sa tristesse. « J’estime que tu mérites la vérité… »
Il ne la lâcha pas, passa son bras autour des épaules de la blonde, la rassurant par sa présence. Le besoin, vital, de l’avoir sous la main. De ne pas la perdre de vue. Parce que Leo craignait, plus qu’avant, qu’elle ne disparaisse en une seconde, emportée par un autre secret que le monde leur cachait. Des secrets, il allait lui en révéler. Tout ce qu’elle voudrait savoir, ou presque. Il y avait encore quelques points sombres de son histoire qu’il ne pouvait se permettre de lui révéler, les trainants comme des boulets accrochés à ses pieds. Les masques tombaient, rapprochant les deux milanais dans une relation différente de celle qu’ils avaient construits. Quelque chose de plus compliqué, de plus important aussi pour Leo, s’attachant, à chaque seconde, un peu plus à la fine silhouette qu’il protégeait de son étreinte.
Leo, ça faisait longtemps qu’il avait perdu l’armure de héros, qu’il ne se baladait plus avec cette étiquette. Le temps de ses balades de sauveteur était terminé. Il n’était plus qu’un combattant comme les autres qui tentait du mieux qu’il pouvait de rester comme il l’avait été, avant. De continuer de sourire, d’enlever les épines de mal qui rongeait Milan. Sa ville. Lui qui ne vivait que pour elle. Alors, s’il-te-plait, Alexis, ne dis pas qu’il est un héros. Leo ne l’est plus, depuis longtemps. Ici, c’était la gravité qui marquait ses traits, en même temps qu’une détermination sans faille. Ils devaient sortir d’ici. Qu’importe le prix. Il ne laisserait pas le GDP tomber sur Alexis. Elle ne tiendrait pas, et serait brisée, définitivement.
« Je te dirais tout ce que tu veux. Mais pas ici. Pas maintenant. Ce n’est pas l’idéal. Il faut qu’on sorte d’ici en priorité, tu comprends, Alexis ? »
Et, bien qu’il n’était plus tout à fait un héros, il se comportait comme tel. Observer chaque mouvement d’Alexis, veiller au plus petit geste de faiblesse, pour être présent, pour elle. Rien que pour elle. Mais pour combien de temps ? Question primordiale. Un sentiment bien connu s’insinua, alors qu’un éclair lumineux s’emparait de la galerie. Vivement, sans lâcher Nuvola, il tourna la tête vers l’origine de cet éclat incongru. Ses muscles se contractèrent, alors qu’il reconnut sans difficulté la marque de ce pouvoir. Aya. Il soupira, grimaça. Depuis combien de temps était-elle là, déambulant dans les décombres ? Surement depuis le début. Depuis combien de temps était-il assez distrait pour ne pas l’avoir remarqué, pour ne pas avoir pressentit la présence d’un Cerbère trop sombre ?
Il s’inquiéta, d’une inquiétude différente de celle destinée à Alexis. C’était plus viscéral, puissant. Quelque chose qu’il ne maitrisait pas totalement, le forçant à se diriger vers la source de cette électricité ayant balayée la galerie. Parce que c’était Aya. Qu’il lui avait dit qu’il allait faire un tour ici dans la journée, et qu’elle devait être en rogne, si elle venait à découvrir l’origine de cette explosion. Leo espéra. Qu’elle ne s’énerve pas, ni qu’elle décide à se venger d’une quelconque manière, les marques d’une soirée trop proche le dérangeant de temps en temps dans l’abdomen. Il grimaça, alors que le besoin de la retrouver se faisait oppressant. Il ne partirait pas sans elle. Jamais.
Mais il ne pouvait pas lui courir après. Il n’était plus ce héro implacable, ayant un sens des priorités infaillible, qui réussissait toujours des actions miraculeuses. Avait-il seulement déjà réussi ? Il y avait Alexis, sa main dans la sienne, son regard posé sur lui, qu’il sentait, percevait. Leo ne pouvait pas la laisser seule, c’était au-dessus de ses forces. Il l’emmènerait avec. Le chemin était le même, bien qu’ils devaient faire demi-tour. Sortir. Trouver une issue, leur évitant de croiser les blocus d’ambulances et de véhicules de l’ordre. Il s’approcha un peu plus près d’Alexis, si c’était encore possible. Inquiétude dans le regard, dans le cœur.
« On va devoir rebrousser chemin. Ca va aller ? »
Dis-moi oui. Promets-moi de me suivre. Ne me force pas à reculer de cette direction qui me brule, m’appelle. Parce que je te suivrais n’importe où, jusqu’au bout. Parce que Leo faisait toujours attention à Alexis, peut-être un peu moins. Et il se détache. Cours, cours, pour éviter la peine de ce que tu verras.
Spoiler:
Wesh, à l'arrache, sans relecture. Ce matin, j'l'ai fini en cours, pis j'avais plus de batterie, donc j'étais trop contente 8D
C’est moche. J’ai l’impression d’avoir fait un Leo un peu vide, désolée. Ce sera mieux après, enfin, j’espère 8D Pis faut qu’on parle de la suite, moi je propose que nos deux paumés retrouvent Milo et Aya dans un post ou deux, comme ça on avance et Aya arrête de me harceler pour nos retrouvailles
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Sujet: Re: Ne lâche pas ma main [Event avec Leo]
Ne lâche pas ma main [Event avec Leo]
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