Ultima Alluvione
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 He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV]

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Valente Genovese

Valente Genovese

Membre- humain
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MESSAGES : 137
AGE : 41
LOCALISATION : Quartiers sombres
HOBBIES : Faire les bars avec Livio
HUMEUR : Tant qu'on ne lui cherche pas des noises, ça va.

He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV] Vide
MessageSujet: He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV]   He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV] I_icon_minitimeDim 25 Sep - 18:16

And we're all to blame,
We've gone too far,
From pride to shame,
We're trying so hard,
We're dying in vain,
We're hopelessly blissful and blind
It's all we are,
We want it all with no sacrifice!

« Mais oui je vais t’aider ! Mais oui promis tu peux compter sur moi, parce que c’est toi. » Parfois il valait mieux éviter de balancer des phrases aussi importantes à tord et à travers. Mais comment Valente aurait-il pu savoir ? Pour lui ça semblait évident. Tellement évident. Livio ne lui demandait que rarement des services comme l’aider sur le terrain. Enfin, ce n’était jamais vraiment des services vu que Val s’y pliait de bon cœur. Il aimait la castagne, alors pourquoi se priver si en plus il pouvait filer un coup de main à son meilleur ami ? Il formait le duo de choc imbattable. Et puis les cibles de Livio étaient souvent différentes des siennes, alors ça lui permettait de voir du pays, de rencontrer des nouvelles personnes, même de façon expéditive. Et puis c’était d’autres méthodes, d’autres techniques d’approches, et d’autres occasions de s’amuser. Ca ne semblait pas être le bout du monde en plus, juste trouver quelqu’un. Et forcément, avec le réseau d’information de Val, ça pouvait aller bien plus vite que de traverser la ville en marchant au hasard. Et il adorait être utile à son ami. Surtout sans rien demander en échanger, tout au plus un apéro dans un bar. Ce qu’ils feraient très certainement une fois l’affaire réglée.

Oui, ça n’allait pas leur prendre la semaine non plus. Et puis ils pourraient discuter tout en étant en mission, le truc banal quoi. Et depuis leur dernière sortie au resto, ils n’avaient pas eu l’occasion de résoudre des problèmes musclés ensembles. Et ça manquait à Val d’avoir quelqu’un d’aussi compétent. Bien sur, il ne crachait pas sur ses hommes qui se débrouillaient pour la plupart très honorablement, mais ils n’étaient pas Livio. Et Val avait parfois du mal à leur tourner le dos en sachant très bien qu’ils le couvriraient, qu’ils mourraient même pour lui. Mais la faille existait. Alors qu’il n’y pensait même pas avec le militaire. Avec lui, il pouvait avancer sans même jeter un regard en arrière, il savait qu’il était protégé. Et surtout il savait qu’il n’avait pas à s’en faire pour lui non plus. Contrairement à certains de ses hommes qui étaient têtes brûlés alors que Val ne voulait pas avoir des cadavres sur les bras. Surtout quand ils étaient sous ses ordres. Il n’était pas le patron insensible qui laissait ses hommes aller au casse pipe. Non Val aimait l’action et s’y jetait tête baissée. Et c’était pour ça aussi qu’il n’aimait guère déléguer. Enfin, il valait mieux ne pas penser au pire, et là, ça ne risquait pas d’être le cas.

De plus, ils avaient intérêt à mener rondement cette mission vu qu’après Val devait en enchainer une nouvelle, mais cette fois pour le compte de la famille. Normalement, le timing devait être bon, il devait rejoindre Alesio en début de soirée pour l’aider. Car enfin, on lui avait enfin donné de quoi faire ses preuves. Une mission qui pouvait paraître simple d’un premier abord mais qui demandait maitrise de soi, réactivité, prise de décision dans l’urgence et peut être même de combattre. Un bon cocktail de ce qui l’attendait pour plus tard. Cependant Daniele l’avait prit à part pour lui demander de passer voir comment ça allait car c’était quand même son neveu et qu’il s’inquiétait pour lui, c’était normal, Alesio avait beaucoup de théorie mais peu de pratique. Et pourtant c’était à la base une simple mission de protection de témoin ou de quelqu’un ayant demandé une protection quelconque. Quelque chose d’habituel pour la famille qui acceptait la plupart du temps si c’était bien payé, en argent ou en informations. Après avoir parlé à son cousin, il semblait aussi excité et pressé que soucieux et angoissé. Ce qui pouvait faire un bon comme un mauvais cocktail. Tant qu’il arrivait à doser ses émotions et à aller à l’essentiel, ça devrait passer. Mais il valait mieux un chaperon et ce fut naturellement à Val que cela fut demandé. Il n’avait aucune obligation mais aider son cousin lui faisait plaisir, et puis il formait la future élite de la famille quand même. C’était clair que ce n’était pas Cristiano qui aurait eu la patience de s’y mettre. Etre en constant désaccord était de toute façon le mot d’ordre formel entre eux et rien ne pouvait y changer.

Val avait rejoint Livio en milieu de matinée et ils s’étaient prit un café avant de décider de se mettre au boulot. Après tout, il y avait du monde à interroger, des indices à chercher et quelqu’un à retrouver. Ensuite il y avait Alesio et il devait faire un tour à l’Argenta. Dieu que la journée serait longue. Heureusement qu’elle commençait en bonne compagnie. De plus Valente avait eu la présence d’esprit de passer une longue nuit de sommeil pour ne pas bailler à tout va durant ses escapades dans Milan. Il avait été sage d’ailleurs ces derniers jours. Il avait réussi à faire craquer l’adorable petit serveur du restaurant, puis la nuit d’après, il avait rappelé Sonia qui avait rechigné à entendre parler de lui, mais quelque mots susurrés au creux de l’oreille de la séduisante brune avait eu raison de ses désillusions. Et le mafioso avait passé une excellente soirée et nuit entre les cuisses de la belle qui ne se faisait pas prier pour en redemander. Il avait vraiment eu une très bonne touche dans ce bar. Peut être même qu’il la rappellerait, cette femme si exigeante, prétentieuse, sûre d’elle mais aussi tellement passionnée et attirante. Pour un peu Val aurait vraiment craqué pour elle. Mais il avait encore d’autres horizons à explorer et draguer plus que de raison la même femme, il se l’interdisait encore pour le moment.

Sortant du bar après leur second café, Valente tâtonna ses poches à la recherche de son sacré saint graal de paquet de cigarette. Sur lequel il tomba… Alors que son sourire se fana, il était bien trop léger pour être honnête et ce fut avec horreur qu’il le découvrit vide, sans le moindre bâton de nicotine à fumer. Et ça, après un café, ça n’allait pas du tout. Il quêta le regard de Livio et lui secoua le paquet pour montrer que ça ne faisait pas de bruit avec un regard de profond désespoir. Et son ami comprit, comment aurait-il pu en être autrement ? Et ce fut avec le même regard que l’enfant observe le magicien sortir le lapin du chapeau qu’il vit le grand blond sortir un paquet de sa poche pour lui en tendre une. Pour un peu Val se serait jeté sur lui pour le remercier. Mais ça faisait peut être un tantinet trop. Surtout dans la rue. Mais sans sa cigarette, c’était sa bonne humeur qui tombait à l’eau et Livio le savait aussi bien que lui. Une fois celle-ci allumée, il inspira profondément, sentant de nouveau son sourire revenir sur ses lèvres. Ca allait mieux, ils pouvaient reprendre le boulot. Car malgré son apparente nonchalance, Val ne pouvait se permettre d’être un boulet pour son ami. S’il lui avait demandé de l’aide, ce n’était pas pour avoir de la compagnie, c’était clair et net et le jeune brun le savait. Ainsi les interrogatoires commencèrent sur quiconque aurait pu croiser la personne correspondant au signalement que l’on avait donné à Livio. Les échecs et les fausses pistes s’enchainèrent jusqu’en fin d’après midi.

Il leur en fallait peu pour les décourager, c’était clair, mais bon, ça devenait lassant car Val n’appréciait pas de se sentir inutile alors qu’il avait promis de l’aider. Au moins il en avait profité pour lui raconter ses histoires avec Sonia, la dernière histoire de Sofia et la dernière crasse de son frangin. Il avait aussi évoqué Alesio et son rôle de tuteur, et le fait que Cristiano l’avait traité de baby-sitter. Mais de toute façon, il ne semblait aimer personne et n’appréciait guère plus de monde. Il plaignait sincèrement les femmes avec qui il couchait, s’il était pareil dans la vie réelle qu’au lit, pas étonnant qu’il se contentait d’aventure d’un soir. Mais après tout, la vie sexuelle de son frère ne le regardait pas et il s’en foutait en plus royalement. Il était plus intéressé par la sienne et celle de Livio que Val espérait pour lui qu’elle ne soit pas un désert. Car une fois qu’on y avait goûté, c’était diablement dur de s’en passer, avec les femmes comme avec les hommes. C’était comme le boulot, la cigarette et l’amitié de Livio, une drogue. On ne plaisantait pas avec et c’était très dur de s’arrêter.
Et puis miraculeusement, un des dealeurs que Val connaissait bien finit par lui dire que oui, il avait vu quelqu’un correspondant au signalement dans un des recoins du quartier, un coin qu’en plus Val connaissait plutôt bien. C’était inespéré et le brun remercia son informateur d’une poignée de main contenant quelques billets. Ca ne pouvait être que la vérité, car il perdait bien plus à mentir qu’à dire qu’il n’en savait rien. Et c’était aussi une des commères des ragots alors si parfois c’était des on dits, il avait aussi de la vérité qui était bonne à prendre.

Il se tourna vers Livio avec un grand sourire aux lèvres et redressant son chapeau, il annonça d’une accolade.

- Les affaires reprennent Liv, on a une piste.

Dommage que l’issue en soit incertaine.
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Livio Gianelli

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MessageSujet: Re: He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV]   He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV] I_icon_minitimeLun 26 Sep - 16:22

Because in all of the whole human race
There are two kinds of men and only two
There's the one staying put in his proper place
And the one with his foot in the other one's face

Une semaine. Une putain de semaine que Livio avait en tête un visage qu’il avait appris à connaitre par cœur. Une semaine que le nom de Tessa Adelmonte, rapidement devenue « Tessa » pour Livio tournait dans sa tête, l’obsédant. Un visage et un nom, habituellement cela lui suffisait largement pour faire son travail, et pour le faire bien. Il n’y avait aucune hésitation à dire qu’une semaine, c’était démesurément long et pourtant si court dans l’esprit de Livio qui n’avait fait que penser à ce dossier depuis sept putains de jours. Depuis qu’ils s’étaient quittés la dernière fois avec Val, en somme, ou bien cela faisait-il un peu plus longtemps ? Toujours est-il qu’il se souvenait très bien du dossier que Mirko était venu lui apporter. Rare. Suffisamment pour que le jeune homme s’y intéresse de près. Il avait écouté son supérieur lui parler de cette pactisante qui avait probablement joué un rôle dans l’explosion de la galerie Vittorio Emmanuele. Sans doute une des suivantes d’April, sans doute aussi pas qu’une simple fille au nom auparavant inconnu. Son capitaine lui avait précisé que la ramener en vie serait apprécié, mais qu’elle ne devait pas s’enfuir. Et que la tuer ne poserait pas un énorme problème, puisque de toute façon ils voulaient un meurtre évident et clair pour faire passer le message. Un message qui réveillait l’influence du GDP et son emprise sur Milan, un message adressé à tous leurs opposants, qui proclame que l’organisation n’apprécie pas qu’on se bataille sans elle. Un message, enfin, qui clamait haut et fort que tous ceux qui feraient un pas de travers pouvaient être éliminés, vite et bien. En bref, une mission importante que Mirko avait décidé de lui confier au vu des récents excellents résultats qu’il affichait, malgré son taux d’arrestation un peu trop important.

Il avait d’ailleurs longuement insisté là-dessus : rester discret. Enfin, faire de la scène un grand moment de spectacle, mais seulement pour ceux qui sauraient le décrypter, se cacher des témoins et les éliminer s’il en restait. Agir telle une ombre, et ne surtout pas faire un pas de travers. Bien patron, oui patron fut la réponse de Livio. Il s’était penché sur le dossier, regroupant les maigres informations qu’il avait en main et qui tenaient, une fois toutes rassemblées, sur une feuille de papier pliée en quatre. Toute la semaine, il avait été de sortie, feintant à chaque fois pour tenter d’esquiver le regard suppliant de Luca, par peur de ne pas réussir dire non à chaque fois. Ces temps-ci il se faisait plus pressant, plus demandeur et Livio avait du mal à lui faire comprendre qu’il ne ferait que le gêner, excuse bien pratique pour le laisser à l’abri dans les bureaux. Hors de question qu’il passe son temps à vérifier qu’il n’était pas en difficulté, surtout dans une mission de cette importance. Mais seul, l’efficacité est moindre et les rares fois où il avait réussi à saisir la piste de Tessa, la remontant lentement mais sûrement, elle disparaissait avant qu’il ne la saisisse. Jamais suffisamment pour qu’elle soit à portée de son canon, bien qu’une fois ils se retrouvent face à face avant qu’un mec ne la sorte d’affaire. Livio, de surprise, n’avait pas eu le temps de saisir son colt et s’en voulait beaucoup. Il avait croisé le regard de cette femme, et avait voulu la capturer, la croyant seule. Il lui avait couru après plutôt que de l’abattre, et voilà pourquoi trois jours plus tôt il avait perdu sa trace, définitivement. Depuis, plus rien, si ce n’est des faux témoignages de clochard bourré.

C’est à peu près à ce moment là que Livio décida que seul, il n’arriverait à rien. Une semaine sans résultat concluant, ça commençait à chiffrer et il était hors de question qu’il ne s’enlise dans cette affaire jusqu’à n’en jamais voir la fin. D’expérience, il valait toujours mieux un regard neuf et d’autres méthodes pour avancer. Toutefois, ce n’était pas son genre d’aller demander ça à ses collègues lieutenants, qui avaient d’autres choses à faire et qui ne manqueraient pas de se moquer d’un pseudo manque de compétences qu’il niait en bloc. Il était convaincu que cette Tessa était mieux protégée qu’il ne le croyait. Il semblait y avoir autour d’elle un nuage de fumée qui la faisait disparaitre quand bon leur semblait. Et cet homme qui l’avait secourue l’autre jour en était la preuve, si besoin était, que Livio seul n’arriverait pas à lui mettre la main dessus. Pas tant qu’elle serait protégée par ce Réseau, si c’était bien lui qui s’était mêlé de l’affaire. Livio en avait entendu parler il y a de cela quelques semaines, et de ce qu’il en savait ils n’étaient pas encore très développés. Mais après tout, il n’était sûr de rien et peut être que ces membres étaient bien plus nombreux que ce que les informateurs du GDP avaient affirmés. En tout cas, il devenait de plus en plus évident que c’était ce fameux Réseau la cause de l’échec du militaire qui, frustré, se résolut à demander de l’aide. Non pas à ses collègues, encore moins à son sous lieutenant.

« Mais oui je vais t’aider ! Mais oui promis tu peux compter sur moi, parce que c’est toi. » Voilà ce que lui avait répondu Val quand il l’avait eu au bout du fil, et ce qu’il réitéra quand ils se retrouvèrent le matin même. Il avait passé beaucoup de temps à le rassurer, alors qu’il était assez mal à l’aise de lui demander ça. Pas parce qu’il avait peur qu’il soit en danger, cette seule pensée était ridicule puisque si Val venait à être en danger, c’est que Livio serait mort s’il n’était pas là. Parce que c’était synonyme d’une situation des plus difficiles et des plus dangereuses qu’il n’aurait pu affronter seul. Ce n’était pas non plus parce qu’il ne voulait pas affronter une quelconque dette qu’aurait pu cacher cette demande. Il n’y avait pas de ça entre eux, et un service pour un ami est un service et non un échange de bons procédés. Non, si Livio avait rechigné à l’appeler c’est parce qu’il ne voulait pas que cela empiète sur le boulot de Valente, et puis le mêler à son propre travail était assez étrange. D’autant qu’il lui avait simplement dit travailler pour l’armée. Mais après une semaine d’échec, il n’avait plus que lui vers qui se tourner. Il lui avait expliqué la situation le plus en détails possible, en essayant de lui donner toutes les informations qu’il avait le droit de divulguer. Et ça, devant une ou deux tasses de café. Val savait à présent que Tessa Adelmonte était un témoin primordial qu’il fallait tenter de repérer simplement, mais que si besoin se faisait sentir, au vu de son statut dangereux, il ne fallait pas hésiter à tirer. Donner cette information à un tout autre que Val aurait pu avoir des conséquences, notamment parce que tuer une femme de sang froid, ça ne se fait pas. Mais Livio était au clair avec lui, d’autant plus que Val savait parfaitement qu’une femme peut être tout aussi dangereuse qu’un homme.

Mais il avait promis de l’aider en toute connaissance de cause, et cela soulageait beaucoup l’inquiétude de Livio. A vrai dire, une fois sorti du café en sa compagnie, le jeune lieutenant n’avait plus aucun doute. Il était avec son meilleur ami sur une mission des plus complexes, et donc intéressante, il faisait un grand soleil en cette fin de matinée ... Tout allait bien, il était même vraiment heureux à ce moment là. Pas comme Val, qui le regardait d’un air dépité en agitant comme un toxico en manque un paquet de cigarettes vide devant les yeux de Livio. Ce dernier poussa un soupir de compassion, comme s’il n’allait rien faire pour combler ce manque. Mais il avait l’air si triste que Livio en profita un peu, se régalant de son désespoir superficiel comme on apprécie un bon vin. Puis il rendit l’âme, trop lié avec ce pauvre fumeur éploré pour ne pas lui répondre. Alors, d’un geste lent chargé de suspense, il sortit un paquet qui contenait encore bien quatre clopes, toutes neuves, et un briquet. C’était sa botte secrète, celle qu’il gardait toujours dans une poche intérieure de sa veste militaire qu’il portait aujourd’hui par dessus un débardeur gris clair. Ce qu’il gardait pour des cas comme celui-ci, où Val était désespéré. Il lui tendit une cigarette, et s’approcha de lui en faisant jouer le briquet. Tenant de sa main celle de son ami qui amenait le bâton à ses lèvres pour ne pas rater sa cible, il actionna le mécanisme et lui alluma en une seconde ce qui était sa drogue. Se recula, lui sourit. Point besoin de mots pour se comprendre parfois, entre ces deux là qui aiment pourtant beaucoup parler et discuter de tout, de rien.

C’est ce qu’ils firent d’ailleurs en arpentant les rues toute l’après midi, se tenant tous les deux côte à côte, leur démarche adaptée à celle de l’autre et toujours remise en question pour paraitre, inconsciemment, aussi proches qu’ils savaient l’être. Leur allure était assez semblable bien que ce qui se dégageait d’eux, l’un pris sans l’autre, soit différent. A deux, ils formaient une aura commune qui mêlait les qualités de chacun pour créer un mieux. C’est inconscients de la force qu’ils dégageaient de par leur amitié construite lentement mais surement que les deux jeunes gens passèrent la journée à faire chou blanc. Oh, ce ne fut pas une journée perdue puisque les heures passées avec son ami n’étaient jamais vaines. Ils reparlèrent de leur dernière sortie, Livio apprenant que Valente avait sans souci réussi à s’approcher de façon plus intime avec la petite Sonia qu’il avait repéré. Il le félicita, lui posa plusieurs questions pour obtenir d’avantage de détails, avant de rire aux péripéties qu’il partageait avec ses sœurs et de grogner à l’évocation de Cristiano. La routine, l’habitude que le temps a forgée mais qui ne se délite jamais, moments heureux. Moments sereins. Puis tout s’accéléra, après divers échecs qui rendaient peu à peu la mission de Livio moins importante. Elle lui revint de plein fouet lorsque Val réussit à interroger une connaissance, et le sourire qu’il afficha alors qu’il le rejoignait, lui qui attendait quelques mètres plus loin, le rassura. Enfin, ils touchaient au but. L’après midi était déjà bien entamée et la soirée annoncerait bientôt son arrivée, mais tout ce qui comptait était le résultat. Et puis, si jamais ils avaient échoués aujourd’hui sans doute qu’ils auraient remis ça le lendemain. Une occasion de plus de se voir.

- Les affaires reprennent Liv, on a une piste.

C’est avec un sourire de gamin qui reçoit son cadeau de Noël en avance que Livio accueillit la nouvelle, répondant à l’accolade de son ami en le serrant brièvement dans ses bras, pour le remercier de s’être démené toute la journée à ses côtés. Il n’y avait pas besoin de le dire, tant que le message passait, et là c’était dans cette étreinte.

- Fiable, j’espère, j’ai la plus grande envie d’aller me poser tranquille après ça. Apéro dès qu’on boucle l’affaire ? Je pense pas que ça nous prenne trop de temps maintenant qu’on a l’info.

Et Livio emboita le pas à Val, marchant tranquillement mais d’un pas plus alerte qu’auparavant. Il souleva légèrement sa veste, vérifiant que son colt était facilement accessible. Neuf balles neuves y trônaient, et s’il espérait ne pas avoir à s’en servir ce soir, Livio n’hésiterait pas. Il suivrait les ordres, coûte que coûte, et peu lui important des conséquences pour la vie de Tessa.

- Heureusement que tu as accepté de me filer ce coup de main, tu sais. Je m’en sortais plus, elle me filait tout le temps entre les doigts. Enfin, ta promesse est la garantie que le travail sera vite fait, je ne connais pas plus efficace que toi. A part moi, peut être.

Le ton était encore léger et badin, même avant l’action qui manifestement se rapprochait. En effet, Val, qui connaissait le coin, avait ralenti le pas et prenait une allure plus alerte et mesurée. Ils tournèrent finalement au coin d’une rue, arrivant en vue d’un entrepôt ou une sorte de local, passant inaperçu, devant lequel se tenait un homme qui semblait faire le guet. Livio, en une seconde, pensa au Réseau. Ces chiens étaient alors bien là, partout, pour l’empêcher de capturer Tessa.

Rira bien qui rira le dernier.
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Valente Genovese

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MessageSujet: Re: He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV]   He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV] I_icon_minitimeMar 27 Sep - 13:33

Val aimait se balader dans ce quartier qu’il connaissait si bien. Depuis qu’ils avaient déménagés de Naples pour venir à Milan, il avait parcouru des milliers de fois ces rues, apprenant à les connaitre, à les apprivoiser, leur géométrie comme leurs populations. Chaque nom de rue était sur ses lèvres, des plus petites inconnues aux plus grandes artères qui rejoignaient les coins plus recommandables. Il connaissait les raccourcis comme les pâtés de maisons, les porches comme les cours intérieures. Il connaissait les bras, les bistrots les brasseries les boulangeries les épiceries les restaurants et une grande majorité des commerçants et propriétaires. Lui-même ne se rendait pas compte à quel point il possédait un réseau aussi étendu. Il savait qu’untel venait de s’offrir une Ferrari rouge, et un autre une Porsche Carrera. Il savait où était l’argent, la drogue, les armes, comment ils transitaient. Ce quartier, il le connaissait aussi bien que sa poche et aurait pu s’y balader les yeux fermés ou ivre mort sans avoir de problème pour retrouver son chemin. C’était le fait de tenir debout qui était plus problématique. Il savait que dans le mur derrière cette maison il y avait des impacts de balle qu’il avait lui-même fait lors d’un des multiples affrontements nocturnes que les quartiers sombres abritaient. A côté une tâche de sang indélébile, le sien, mais pas seulement. Il savait que la jolie maison en périphérie de quartier abritait un couple des plus louches et que de l’appartement délabré pas loin d’un bar très connu s’élevait parfois une très jolie voix. Valente savait. Il connaissait des tonnes de choses utiles comme non mais c’était ça qui lui permettait de se sentir s’y bien ici malgré le danger permanent qui y régnait pour qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment.

C’était aussi pour ça qu’il n’aimait pas trop que ses sœurs s’y perdent. Mais Lucilla faisait à présent bien ce qu’elle voulait, Franca n’aimait pas car il n’y avait pas assez de boutiques à son goût et faisait ses courses ailleurs, quand à Sofia, il était hors de question qu’on la laisse sortir toute seule ou même jouer dans la rue, Daniele savait qu’elle en souffrait un peu, mais tout pouvait arriver si vite et même si quiconque savait que toucher une des petites filles de Papa Midnight signifiait un très long calvaire, il y en avait que ça n’arrêtait pas. Et Val refusait de se ronger les sangs à chaque fois qu’il sortait, de peur qu’une de ses sœurs ne tombe dans un traquenard. Oh oui, il était bien trop protecteur, il le savait. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Quand il voyait parfois à quoi les jeunes femmes s’exposaient en venant ici, il fallait qu’elles soient sûres d’elle, folles ou ayant un vrai statut. Car même en groupe, les non initiés du milieu pouvait très rapidement disparaitre sans laisser de traces. Des faits divers comme ça on en entendait tous les jours. Sur des gens que Valente connaissait de nom ou de prénom. Il n’y pouvait rien, c’était la jungle ici, surtout avec la guerre qui éclatait. Il ne s’en mêlait que si il y avait une bonne raison, car il n’était pas le défendeur des opprimés. Il ne défendait que ses intérêts. Et s’il n’en avait aucun, il ne bougeait pas, c’était dur, mais c’était ainsi.

Il n’avait pas ce problème avec Livio car il était loin des petites frappes qu’on rencontrait au détour d’une rue à se rouler des joints. Valente supposait que s’il l’avait vraiment voulu, il aurait pu faire plier la majorité des gangs ici présents. Vision peut être un peu idéalisé certes, le militaire n’était qu’un homme et avait ses failles comme le brun pouvait en avoir. Mais pourtant il se plaisait à croire que son ami blond était invincible et inébranlable. Enfin, sur le coup, il avait été plutôt son sauveur, même après avoir prit un malin plaisir à le faire mourir de frustration, attendant sa drogue. Et puis le paquet de cigarette apparut et Val lui fit un immense sourire. Livio ne fumait jamais. Ou très très rarement, et il savait que s’il possédait pourtant ce paquet, c’était en provision des cas d’extrême urgence comme celui-ci. C’était quand Valente en avait besoin. Et il ne lui avait jamais dit à quel point il appréciait que son ami se soucis ainsi de son bien être. Et pourtant, à chaque fois ça lui faisait chaud au cœur de sentir qu’on pensait à lui, qu’on essayait de lui faire plaisir. C’était rare les gens comme ça, la plupart du temps, ce n’était que sourire crispé et hypocrisie. On essayait de lui plaire, de s’adapter à lui, mais personne ne le connaissait. Mais il s’en foutait, il n’attendait rien d’eux. Lui pouvait se défendre seul. Mais avec Livio c’était différent. Avec lui, c’était toujours différent.

- Fiable, j’espère, j’ai la plus grande envie d’aller me poser tranquille après ça. Apéro dès qu’on boucle l’affaire ? Je pense pas que ça nous prenne trop de temps maintenant qu’on a l’info.

Ainsi, il était vraiment ravi de tenir enfin une piste valable. De trouver quelque chose qui puisse l’aider. Val n’avait pas besoin de reconnaissance, c’était par pur amitié qu’il faisait ça.

- Je pense que c’est fiable, je le connais bien, et surtout, ça à l’air d’être assez frais. On devrait s’en sortir rapidement. Va pour l’apéro mais pas trop longtemps, j’ai la mission avec mon cousin à enchaîner derrière.

Il avait profité de la journée passée ensemble pour lui en toucher deux mots, lui expliquant qui était Alesio, ce qu’il devait faire, pourquoi il devait l’aider. Bref, il lui avait raconté sa vie quoi. En tout cas, c’était clair que l’affaire devait être vite bouclée, vu l’emplacement que Gelo lui avait indiqué. Ca semblait même trop facile vu que c’était un endroit de prédilection de la famille. Dommage pour Tessa, mais elle n’avait vraiment pas choisi le bon endroit, ni le bon protecteur apparemment, car si celui-ci lui avait permit d’éviter Livio une semaine, il ne pouvait rien faire fasse aux qualités conjuguées du duo Valivio.

- Heureusement que tu as accepté de me filer ce coup de main, tu sais. Je m’en sortais plus, elle me filait tout le temps entre les doigts. Enfin, ta promesse est la garantie que le travail sera vite fait, je ne connais pas plus efficace que toi. A part moi, peut être.

- Sauf que je connais mieux le quartier que toi, ce qui me donne l’avantage du terrain, ce qui me rend le plus efficace des deux. Et puis je n’allais pas te laisser continuer à perdre ton temps, voilà ce que c’est de se croire le plus fort.

Il lui fit un clin d’œil mais reporta son attention sur l’endroit où il mettait les pieds. C’était maintenant que ça commençait. Car elle pouvait surgir n’importe quand et il fallait être constamment sur ses gardes. Val dégagea la mèche de cheveux qui lui barrait le visage pour garder un champ de vision impeccable. Le soleil était couché mais la nuit ne tombait pas encore vraiment, laissant encore une lueur orangée sur les façades des maisons. Cette heure de la journée qui ne durait que le temps d’admirer des couleurs nouvelles avant que la nuit et le violet bleu ne reprenne ses droits. Et ce fut encore un peu baigné de cette tendre luminosité qu’ils arrivèrent au seuil d’une nouvelle rue, là où se trouvait l’un des entrepôts Genovese. Devant lequel se tenait d’ailleurs quelqu’un. Valente tiqua un instant, croyant reconnaitre la silhouette. C’était sûrement quelqu’un de la famille venait faire ses affaires, après tout, on ne donnait pas les clés ni l’emplacement à tout le monde. Sans regarder derrière lui, Val fit signe à Livio de le suivre un moment avant d’un geste de la main lui dire de s’arrêter à quelques mètres de l’entrée pendant que lui continuait. Et alors le doute ne fut plus permit quand il reconnut Alesio, son cousin faisait le pied de grue devant l’entrée.

La voyant ainsi arriver, Alesio lui fit un grand sourire auquel Val répondit de façon factice. Son cerveau aurait dû carburer à cent à l’heure, il aurait dû lui faire la bise en le prenant dans ses bras pour lui demander comment il allait et pourtant ça n’allait pas. Car il n’aurait pas dû être là. Surtout dans cette position qui ne laissait aucun doute sur le fait qu’il surveillait quelque chose. Ou quelqu’un.

- Qu’est-ce que tu fais là ? Je ne t’attendais pas si tôt. Tout se passe bien pour l’ins… Val ça va ?

Seul Alesio pu remarquer à quel point le mafioso avait blanchi alors qu’un tic nerveux commençait à secouer sa paupière. Il palpa ses poches, n’y trouva aucun paquet de cigarettes, jura mentalement et respira profondément. Plusieurs fois. Il se retourna un instant, fit un signe à Livio montrant que tout allait bien, qu’il gérait la situation mais qu’il devait attendre encore un peu. Ca pouvait être une coïncidence aussi. Gelo lui avait indiqué le quartier, pas spécialement cette rue avec cet entrepôt, ça pouvait aussi très bien être le fruit du hasard. Il fouilla à nouveau ses poches, n’y trouvant pas plus de cigarettes. Il fallait qu’il se calme. Il était toujours calme dans ce genre de situation. Sauf que jamais encore ça n’avait impliqué sa famille et Livio en même temps. Et ça, c’était très mauvais. Très très mauvais et il devait vite faire quelque chose. Il sentait l’impatience de son ami dans son dos, il sentait les interrogations de son cousin et il savait que s’il faisait quelque chose de travers, ça pouvait très mal se finir. Il fallait faire quelque chose de censé. Très vite. Il essaya de rassurer son cousin qui à son tour se figea, regardant derrière Val. Celui-ci comprit assez rapidement le problème et jetant un coup d’œil en arrière, il vit le visage profondément sérieux et concentré de Livio. Car il n’était pas bête et lui aussi commençait à comprendre le problème actuel. Il avait son visage de l’homme sérieux, plié à son travail et qui ferait tout pour lui. Et cette chose que Val respectait et admirait lui fit soudainement peur. Car Livio était prêt à tout pour son travail comme lui-même était prêt à tout pour sa famille.

Et là, c’était la catastrophe. Cependant tout n’était pas perdu, et rien n’était encore sûr. Tant qu’il gardait son sang froid, il y avait possibilité de s’en tirer. Sauf que la menace que Livio faisait peser sur Alesio ne fit que s’accroitre, l’obligeant à sortir son arme pour être prêt à des éventualités néfastes. Val posa la main sur le canon en lui ordonnant de le ranger et d’un même élan il posa la paume de sa main sur la poitrine de son ami qui venait d’arriver à leur hauteur de cet air si décidé et si coupant.

- Attend Livio, on n’est sûr de rien.

Sa voix était froide et mortellement sérieuse et son cerveau avait beau carburer autant qu’il le pouvait, il ne trouvait aucune solution. De plus, il tournait toujours le dos à son ami et gardait le regard sur son cousin pour essayer de chercher comment lui faire comprendre la situation dans laquelle ils étaient. Mais la discussion n’était pas leur fort à tous les trois et si son ami était décidé, l’arrêter relevait de l’utopie. Mais il ne pouvait pas le laisser s’emporter. Si Tessa était belle et bien la personne que les Genovese devaient protéger, si Tessa était belle et bien derrière cette porte, rien n’arrêterait le militaire. Et Val préférait devoir dire à son père qu’il avait échoué dans l’aide qu’il devait apporter à Alesio plutôt qu’une autre néfaste nouvelle. Mais pour ça il ne fallait qu’aucun ne commence à se tirer dessus. Il fallait à tout prix qu’il trouve une solution à l’amiable avant que…

- Alesio ? Qu’est-ce qui se passe ?

La porte du hangar venait de s’entrouvrir sur une voix féminine, signant la rupture du fragile équilibre entre les trois hommes.
La main de Val agrippa le débardeur blanc de son ami et voulu le regarder dans les yeux, lui hurler l’injonction de l’écouter mais il était trop tard. Le militaire ne le regardait plus et Valente découvrit l’espace d’un court instant ce que le mot détermination voulait dire.
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MessageSujet: Re: He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV]   He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV] I_icon_minitimeMar 27 Sep - 16:43

Tessa était une jeune femme, d’à peu près son âge. Peut être un peu plus, mais si c’était le cas elle vivait fort bien sa trentaine et ne paraissait pas aussi avancée dans la vie. La faute peut-être à l’air naïf qu’elle abordait sur la photo épinglée au dossier. Ses traits sont lisses, dégageant toute marque de vieillesse ou d’inquiétude de son joli visage d’italienne dans la fleur de l’âge. Ses longs cheveux bruns encadrent un faciès ovale au menton un peu pointu, tandis que son nez retroussé suit le même chemin. Ce qui frappe, c’est son sourire. Eclatant d’innocence et de vie, reflétant la fougue et le dynamisme qui l’habitent sûrement. Un sourire qui dégage ses dents blanches ainsi qu’un bonheur sans faille. Franc, déterminé et droit, son regard gris parait défier du regard Livio, comme si elle l’attendait à travers le temps et les événements. Elle assure qu’elle n’a rien à se reprocher, que tout va bien dans sa vie et que rien n’y pourra y changer quoi que ce soit. Quelques tâches de rousseur se promènent encore sur son visage qui ainsi garde la fraicheur d’une enfance trop vite partie, justifiant la légère teinte rousse que sa chevelure brune exhibe parfois fièrement. Tessa n’est que peu maquillée, et cette discrétion lui confère une certaine maturité, et une beauté indéniable. C’est une italienne très classique, avec ce charme si simple qu’on ne peut l’oublier même si s’en rappeler demeure difficile. Il y a simplement cette impression qui perdure, cette sensation d’avoir été témoin d’un très bel instant qui s’évapore déjà alors que sa silhouette laisse dans l’air une certaine fragrance, mélange d’un parfum assez neutre et de son shampoing à la vanille.

S’il y avait dans cette description une part d’imaginaire, c’est parce que Livio n’avait jamais eu l’occasion d’humer ses mèches d’assez près pour affirmer la vanille. Mais Tessa dégageait bien un charisme plein de vie et une joie de vivre évidente. Et puis, une fois que la photo avait été détaillée, il y avait eu le reste. Sexe, féminin. Situation familiale, divorcée d’un mari violent et alcoolique. Enfants, une fille de huit ans. Tessa était mère, mère célibataire et trempant dans quelque chose qui ne la concernait pas, mais mère tout de même. Livio, au fur et à mesure de ses investigations, avait pu se renseigner sur elle par l’intermédiaire de son ex-mari et de sa mère. Tous deux se rejoignaient sur un point, une fois que le militaire avait réussi à faire le tri entre les revendications et les critiques que chacun s’adressaient pourtant sans se concerter. Un point, primordial, qui lui avait fait comprendre beaucoup de choses. Tessa était faible, Tessa n’avait jamais contré son mari. Puis du jour au lendemain, elle avait trouvé une certaine force, et pas uniquement mentale, pour se dresser contre lui. Elle lui avait rendu ses coups, du haut de son petit mètre soixante alors que lui pesait trente kilos de plus et mesurait au moins vingt bons centimètres supplémentaires. Stupide, violent et totalement irrécupérable, un déchet de l’univers comme on en croise souvent. Mais un déchet qui n’aurait pas dû couiner devant sa femme et qui ne devrait pas garder des traces d’hématomes quelques mois plus tard. Cette force que Tessa avait tirée d’on ne savait où pour protéger sa fille, c’était l’aberration que Livio combattait. Quelque chose de contraire à l’ordre des choses, quelque chose qui salissait le cœur humain.

Oui, mais pourquoi Tessa, qu’il supposait si sale, semblait-elle si heureuse sur cette photo dérobée à sa propriétaire il y a moins d’un mois ? Livio ne voulait pas y penser. Cela lui rappelait trop le sourire serein de Natale qui lui expliquait qu’il ne comprenait rien. Au contraire, il comprenait bien trop de choses et Livio refusait de croire ces aberrations qui sortaient des lèvres de quelqu’un qui n’était plus celui qu’il avait été. Quel que soit le soulagement de Tessa, quel que soit son bonheur actuel, il était construit sur du mensonge et sur une tricherie. Et puis, pourquoi n’était-elle pas restée discrète au lieu de se faire repérer pour de possibles agissements terroristes ? Tranquille, à s’occuper de sa fille, le GDP ne lui aurait sans doute jamais mis la main dessus. Ou dans très longtemps, quand elle serait trop vieille pour regretter. Mais non il avait fallu qu’elle se laisse aller, quelque part, qu’elle se perde dans un clan ou dans un autre. Peu importait à vrai dire, à présent, si elle était impliquée dans l’explosion ou si elle était protégée par le Réseau. Dans les deux cas, c’était mauvais pour elle. Mauvais pour elle, et pour Kristine.

Kristine, sa fille, dont Livio tentait de ne pas deviner les traits. Pourtant, alors qu’il se souvenait du moindre détail du visage de Tessa et jusqu’au grain de beauté qu’elle avait sur l’arrête droite du nez, il ne parvenait pas à définir la petite. Grande, mince ? Petite, comme sa mère ? Ses yeux gris, ou ceux bêtement marrons de son dégénéré de père ? Les cheveux blonds, ou bruns, gentille ou agressive ? Tant de questions qui tournaient et ne faisaient que former un portrait changeant, tantôt tendre, tantôt pleurant la disparition de sa mère. Livio était-il supposé prendre en compte cette variable, cette gamine qui n’avait rien demandé pour se retrouver d’office placée chez son abruti de père dangereux, par les forces d’une justice incompétente et aveugle ? C’est cet ensemble de choses qui l’habitaient malgré sa conversation avec Valente, et à mesure qu’ils avançaient l’image de Tessa se faisait plus pressante, plus réelle. Etait-ce parce qu’ils approchaient du but ou parce que la conscience du militaire le mettait en garde contre des ordres dissimulés sous un nuage de non dits et de silence ? En tout cas, ces questions n’avaient pas vraiment lieu d’être. Livio obéissait, Livio était dévoué à son travail. Il ne vivait que pour lui, ne respirait que dans l’optique d’empêcher définitivement quelqu’un d’autre le faire. A la botte de Mirko, il ne questionnait guère, ne s’étonnait jamais et laissait toujours la certitude de la bonne voie se tracer en lui.

Rien n’avait plus d’importance que le travail, sauf Val, peut être. Sans doute, même. S’il devait choisir entre lui et le GDP ... Livio ne voulait pas y penser maintenant. C’était juste trop compliqué, et juste impossible. On ne lui demanderait jamais d’abattre Valente Genovese, tant qu’ils ne s’accoquinait pas avec le Réseau ou ne passait pas un pacte fumeux qui le pousserait à faire péter une galerie. Cette image de son ami en train de devenir fou et de balancer des explosifs à travers un passage marchand le fit sourire doucement, détendant l’atmosphère nébuleuse qui lui encrassait le cerveau, libérait une réponse unique et universelle. La certitude qu’il ne se tromperait jamais en suivant la seule valeur qui l’animait, et sa haine envers les pactisants en était une. Donc, il haïssait Tessa et n’hésiterait pas à la faire souffrir en la séparant de sa fille. Que Kirstine se retrouve en larmes et abandonnée à un con de première catégorie, Livio essayait de se persuader que ce n’était qu’un dommage collatéral, ennuyeux mais nécessaire. Il savait depuis toujours que son statut de militaire l’obligerait à faire des sacrifices dans sa vie, à aller contre ce qu’il pensait au départ être juste. Ce n’étaient que des obstacles temporaires, et sa nostalgie il la noyait dans le travail et la reconnaissance de ses supérieurs. Comme pour la cigarette de Val, une drogue dont il ne pouvait se passer pour exister, pour prendre consistance chaque jour que Dieu faisait.

Ils eurent encore quelques minutes pour babiller tranquillement comme deux adolescents qui se disputent la vedette tout en partageant des expériences très privilégiées. Livio écouta son meilleur ami lui parler de son cousin, qu’il faisait plus ou moins entrer dans le métier par la petite porte, ce soir. Par politesse et par réelle envie que Val en soit fier, le jeune homme lui souhaita bonne chance et promit de le rencontrer un jour, histoire d’établir un contact et de lui offrir un soutien de plus dans Milan. Cela ne le dérangeait pas, et même si jamais il ne prêterait une confiance absolue à un autre que Valente, nouer des liens avec la future élite de la mafia pouvait toujours être intéressant, à titre professionnel ou même personnel. Il lui était nécessaire de connaitre les instances qui régissaient la ville pour se permettre d’y évoluer. Livio assura qu’il s’en sortirait bien, que ces temps-ci la ville était légèrement plus calme que la semaine passée. Puis il garda le silence, même quand Val répliqua à sa provocation. Se contenant d’apprécier sa répartie, et lui concédant volontiers le titre provisoire de roi du quartier. Ce qui comptait, c’est qu’il était là. Lui avait promis son soutien et renouvelé un énième gage d’amitié, si toutefois Livio avait encore besoin de ça pour y croire, bien que cela représente beaucoup pour lui, cette main tendue, lui qui n’en avait que peu l’habitude.

Ils arrivaient, enfin. S’arrêtèrent un instant pour observer le quartier. En bon professionnel, Livio ne s’arrêtait jamais au premier coup d’œil et s’obligeait toujours à approfondir son analyse de la situation. Il suffisait d’un rien pour que tout dérape, mais l’environnement semblait calme et pas un bruit ne régnait dans les rues qu’ils arpentaient. L’endroit parfait pour agir, en somme. Avant de se remettre en marche, Val réajusta sa coiffure tandis que Livio ouvrait le bouton qui retenait son arme dans son étui. Ainsi, son colt serait accessible, au cas où. Observant le geste de son meilleur ami, le militaire eut un instant d’hésitation. Sans bien savoir pourquoi, Livio grava cette image dans sa mémoire. Il avait l’intuition stupide qu’il n’y aurait plus droit avant longtemps. Ce qui était ridicule étant donné qu’ils se promenaient souvent ensemble dans de tels endroits et à la même heure, et que ce réflexe de Val était quelque chose d’habituel pour lui, annonçant le début des choses sérieuses. Pourtant ... Quelque chose l’inquiétait, et une boule commença à se former dans son estomac. Si seulement Livio avait procuré un peu plus d’attention à ce malaise, peut-être aurait-il décidé de faire demi-tour. Mais ce ne fut pas le cas. Il se contenta d’enregistrer la vision dans son esprit sans plus se poser de question et, savourant la caresse agréable de ce début de soirée sur la peau dénudée de son cou, il se remit en marche aux côtés de Val. Sans faire marche arrière.

Puis vint la silhouette. Jeune, pas vraiment à l’affût mais pas stupide non plus. De bons réflexes, sans doute. Valente semblait le connaitre. Déjà, quelque chose étonna Livio. S’étaient-ils trompés d’endroit, le dealer avait-il mal jugé son information ? Ce devait être ça, Tessa n’avait rien à voir avec les Genovese ou avec une quelconque relation de son ami, à moins que ce dernier ne lui cache de drôles de fréquentations. Mais, décidant de faire confiance à Valente, Livio s’arrêta lorsqu’il le lui fit signe. Trouvant cependant étrange la soudaine distance qu’il imposait entre eux. Il ne le regarda pas un instant, sans même se soucier de savoir s’il lui avait obéi. Heureusement Livio lui faisait confiance, et s’arrêta à quelques mètres. Il reporta alors son attention sur les alentours. Un lieu parfait pour cacher quelqu’un, puisque les bâtiments qui les entouraient n’étaient faits que d’entrepôts de stockage et il était assez rare que quelqu’un y vienne à cette heure de la journée, trop tardive pour les rares entreprises qui osaient envoyer ici leurs employés. Le soleil de midi n’a jamais protégé personne. Son regard dériva ensuite sur la porte en fer que semblait garder la connaissance de Val. N’ayant jamais vu Alesio de sa vie, Livio ne put deviner que c’était lui, du moins pas tout de suite. Il pensait en premier lieu à un informateur supplémentaire, à un vulgaire contact qu’il interrogeait. Mais alors pourquoi le laisser à l’écart ? Et puis, pourquoi l’indic souriait-il à Valente ? Se connaissaient-ils à ce point pour se côtoyer comme l’auraient fait deux amis ou deux ... personnes de la même famille.

Bon, c’était peut être ça, en effet. Son cousin, même, pourquoi pas. Et l’autre cloche s’était trompée dans son information, l’adresse qu’il leur avait donnée était celle de la planque qui servait pour la mission d’Alesio. Dans ce cas, ils n’avaient plus rien à faire ici et Livio commençait à trépigner d’impatience. Il ne voulait pas manquer Tessa, pas plus qu’il ne voulait continuer seul et échouer encore, pour repartir sur une piste encore plus complexe, encore plus secrète. Val aurait tout le temps de tailler une bavette avec cet homme après leur mission, qui à deux ne prendrait pas longtemps. Le militaire eut envie d’avancer pour prendre son ami par le bras et lui demander s’ils pouvaient y aller à présent, quitte à chercher ailleurs autant le faire le plus tôt possible. Mais alors qu’il avançait une main amicale, Livio croisa le regard de ce qu’il supposait à présent être le cousin de son meilleur ami. Un instant suffit pour que quelque chose ne se forme, ou plutôt se déchire. Une faille, petite mais présente. Comblée rapidement par la certitude que Val arrangerait tout, qu’un compromis était possible. Il prenait Tessa, si c’était bien elle qu’il gardait jalousement, et tout le monde rentrait chez soi. Cela paraissait logique et simple à Livio, qui aimait l’idée que tout se déroule aussi calmement. Même si actuellement il commençait à ressentir une certaine panique froide s’emparer de lui à l’idée qu’il ait raison. Sérieusement, le destin est une pute. Mais, croyant encore que la solution de l’amabilité état la meilleure, Livio voulut l’exprimer à voix haute. Prit une inspiration, avança encore un peu son bras, et croisa le regard de Val qui venait de se retourner.

Le mafieux ne put observer qu’un visage qui venait de se refermer immédiatement. Parce qu’en un regard il avait lu la panique de son ami, son hésitation et ses doutes. Livio n’en avait plus. Tessa était bien là dedans, cela semblait clair. Et Val hésitait de la conduite à tenir alors que tout était mortellement simple. Il repartait avec. En boucle, le jeune homme visualisait la photo de sa proie, son sourire heureux, ses yeux joueurs emplis de défi. Il se souvint aussi de l’espoir dans les encouragements de Mirko. Et se rappela enfin le jour où il avait juré obéissance, à ses seize ans, avant de réitérer ce serment des années plus tard. Et puis les souvenirs s’estompèrent, pour laisser la place à l’affolement d’Alesio, qui tenta de dégainer. Livio n’eut pas un seul geste pendant un court instant, avant d’allonger quelques pas pour se rapprocher au plus vite de ceux qu’ils avaient trop longtemps délaissé. De son but.

- Attends Livio, on n’est sûr de rien.

C’est le ton tranchant plus que les paroles ou la main de Val sur sa poitrine qui parvint à son cerveau. Sans pour autant stopper son esprit dans ses réflexions. Tout était encore un peu embrouillé, là. Il espérait encore avoir mal compris. Oui, Alesio gardait peut être ... genre, un chien ? Un chien enragé qu’il fallait piquer ?

C’était stupide, certes.

- Alesio ? Qu’est-ce qui se passe ?

Et ce fut la voix qui annula tout espoir de doute, toute prière d’erreur. La faille s’agrandit, puis se fit fissure, avant de se mouvoir en gouffre béant. Livio n’avait pas imaginé tant de fois la voix de Tessa pour se tromper. Et son visage dans l’embrasure de la porte confirma. Livio fit un pas en avant, par réflexe. Sans plus se soucier de la main de Val que d’un insecte sur son épaule. Il la dégagea d’ailleurs d’un mouvement de torse, et si son visage se mis à sourire il n’y avait aucune joie dans son regard. Juste un instinct qui refaisait surface. Et une volonté que rien ne pourrait ébranler. Il se foutait de la mission du cousin de Val. Tessa Adelmonte était là, après une semaine d’échec, sans son sourire joyeux et l’ombre de Kristine derrière elle. Quand elle le reconnut, elle eut un moment d’hésitation. En arrière, elle était faite comme un rat. Livio s’adressa à elle, à Val, à Alesio ou à lui-même d’une voix qui aurait pu geler les flammes du plus virulent brasier.

- Tessa. Tu vas venir avec moi, tu sais. Et personne n’y pourra rien. Val, on maintient l’apéro.

Ou pas, bizarrement. Ce qui lui prenait ? Une subite envie de cynisme et de violence. Il pouvait très bien ne pas bouger, il aurait Tessa seul. Rompre sa promesse, il lui pardonnerait sans doute. Mais qu’il n’essaye même pas de se mettre entre lui et sa proie. Proie qui se mit à courir, vite, se projetant hors de l’embrasure de la porte et commençant un sprint pour sauver sa vie. Alesio vit Livio dégainer son arme au moment même où le jeune homme avait conscience de le faire. Comme prévu, il avait de bons réflexes, le petit. Un peu trop bons, peut être. Il devait se dépêcher. Sans hésiter, Livio sachant très bien qu’il la perdrait dans ce labyrinthe, il décida d’appliquer le plan B de ses ordres. Il visa, appuya sur la gâchette. Tira sa première balle.

Sa main trembla une fraction de secondes, ce fut suffisant. Il l’avait manquée. Voyant que Tessa courait encore, Livio réajusta, prit une longue seconde pour faire cesser à sa main toute hésitation, et tira une deuxième fois. Cela suffit, Tessa s’effondra. Et il n’avait pas besoin de la rejoindre pour savoir qu’il l’avait atteinte en plein cœur, de dos.

Un peu trop bons, les réflexes. Putain.
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MessageSujet: Re: He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV]   He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV] I_icon_minitimeMar 27 Sep - 17:46

La tension était actuellement à son comble, comme dans ces films ou ces chapitres avec un énorme cliffhanger à la fin, sans savoir ce qui pouvait se passer après si bien qu’on ne mourrait que d’une chose, c’était tourner la page d’après, regarder la suite. Sauf que là, c’était bel et bien réel et rien n’était écrit à l’avance, il n’y avait aucune scénario et à aucun moment quelqu’un ferait « coupez ». Les lignes s’écrivaient au fur et à mesure que les secondes s’égrenaient et que Valente de savait pas quoi faire. Pourtant il avait un univers des possibles qui se révélait être extrêmement étendu et tout aurait pu se passer. Mais il commençait à douter que ça soit à son avantage à lui. Car s’il pouvait décider de ses propres actions, il n’y avait personne pour dire à Livio ou Alesio comment agir, ils étaient en pleine possession de leur libre arbitre et c’était en partie pour ça que Val ne savait pas quoi faire. Jamais il n’aurait imaginé essayer de jouer le médiateur entre ces deux là, lui qui tirait pour réfléchir après. Sûr que sans lui, Livio aurait déjà envoie une bonne droite à Alesio qui n’aurait rien pu faire face à la montagne de muscle que représentait son ami. Et encore, ça n’aurait pas été cher payé s’il s’était arrêté là. Il aurait ensuite fouillé le local à la recherche de la fameuse Tessa, l’aurait peut être trouvé et l’aurait emmené. Ca, c’était le scénario sans Val. Et pourtant l’ironie du sort avait décidé d’ajouter un personnage pouvait ainsi être tiraillé entre deux personnes envers qui il s’était engagé. Et actuellement, il se trouvait en bien plus mauvaise posture que désarmé face à trois gros bras voulant le passer à tabac. Car oui il avait promit à Livio, mais il avait aussi promit à Alesio. Et l’ampleur de la situation le fit regretter de s’être levé ce matin.

Il voyait son cousin prêt à tirer pour protéger ce pour quoi on l’avait mandaté, il savait qu’il le ferait, parce qu’il était un Genovese et qu’il était prêt à tout pour réussir sa mission. Alesio tirerait, Valente en était sûr. Et c’était pour ça qu’il essaya de tempérer, de lui faire baisser son arme, espérant que sa présence et son charisme serve pour une fois à autre chose qu’emballer les minettes. De l’autre côté il sentait la présence de Livio, l’impatience, l’aura qu’il dégageait avant une bagarre, il pouvait presque sentir ses muscles se contracter d’impatience, d’envie. Il le savait car il s’était battu avec lui suffisamment de fois pour savoir, pour connaître ses réactions, pour le sentir arriver, agir, pour deviner ses intentions. Et là elles se dessinaient de plus en plus clairement alors qu’il était incapable de soutenir vraiment son regard, alors qu’il ne faisait que lui tourner le dos. Et il savait que cette attitude blessait Livio à travers son envie de faire son travail. Valente se senti déchiré. Il avait promit à Livio de l’aider, il aurait tout fait pour lui. Mais il été aussi mandaté par sa famille, officiellement et c’était son cousin actuellement qui avait besoin d’aide. Son sang, sa famille. Mais il avait fait une promesse. Non deux promesses. Et les voilà se retrouvant au milieu d’un problème insoluble et Val aurait aimé tout arrêter et hurler avant que l’irréparable ne se produise. Essayer de faire des concessions, trouver des solutions. Pour une fois il n’était pas prêt à se battre, pour une fois il réfléchissait avant. Pour une fois il aurait voulu être capable de résoudre des problèmes autrement que par une arme à feu.

Mais il n’avait pas le temps pour ça, personne n’arrêterait ce qui se produisait sous ses yeux alors qu’il les retenait tous les deux. Alesio comme Livio. Il regarda son cousin, vit son père son grand père ses sœurs et même son enfoiré de frère. Il était né dans cette famille, avait vécu ainsi, au rythme des codes et des choses qu’on lui expliquait sur l’importance du sang et des proches. Il avait vu le sang couler des innombrables fois et avait tué pour sa famille, encore et encore, il avait menti, volé, il s’était prit des coups à le faire tomber dans les pommes. Tout ce qu’il était, c’était grâce à eux, l’ensemble de ceux qui l’avaient éduqué, avec qui il avait tant partagé. Alesio en faisait parti, il se souvenait des quelques bagarres amicales avec des fois pistolets fabriqués avec des branches. Il se souvenait de l’importance toute particulière que pouvaient avoir chaque dimanche familiale pour son grand père, celui qui tenait les Genovese depuis tant de temps. Il voyait les regards de reproches, de déception s’il échouait, s’il se retournait contre eux. La famiglia c’est sacré Valente, ne l’oublie jamais.

Et en face il y avait Livio. Cet ami si cher à son cœur qui avait su briser ses problèmes de confiance, qui avait gagné celle-ci après un intense bras de fer, cet ami pour qui il pouvait tout faire, tout promettre, tout dire. Cet ami qui l’accompagnait, qui l’écoutait, qui le faisait rire. Avec qui il buvait, il parlait, il se battait, il refaisait l’avenir. Cet ami qui aurait aussi bien pu faire parti de sa famille. Mais pourtant il n’était pas du même sang. Pourtant malgré tout l’amour fraternel qui le liait bien plus qu’à son vrai frère, ils n’étaient pas du même sang, de la même branche, de la même famille. Livio n’était qu’un étranger pour les Genovese. Et même s’il eut l’impression que son cœur se déchirait à cette pensée, et même s’il était incapable de donner plus d’importance à l’un qu’à l’autre, les années d’éducation le firent pour lui. Valente senti un choix inconscient se faire en lui alors qu’il voulait encore prendre le parti des deux opposés. Il senti cette bulle se refermer sur lui et son cousin, y excluant de ce fait le militaire, sans même imaginer les conséquences tragiques que cela allait avoir. Car il avait fallu qu’elle sorte son nez de ce local et fasse tout foirer.

Car Livio lui avait choisi, il n’avait qu’un choix, celui d’agir, selon ses ordres, son travail, sa hiérarchie. Comme il l’avait toujours fait. Livio choisit pour lui également. Et Valente n’aurait pu être capable d’arrêter son ami dans le plein exercice de ses fonctions. Il en était incapable et aucune injonction ou coup n’aurait pu le détourner du chemin qu’il avait choisi. Il l’admirait Livio, il l’admirait tellement quand il était capable de se concentrer uniquement sur son objectif et de faire mouche, toujours il faisait mouche. Comme Valente. Il l’aimait tellement cet homme, comme un meilleur ami comme un frère et brusquement il voulu changer d’avis, oublier cette fameuse bulle, oublier cet idiot de cousin et sa famille qui de toute façon ne pourrait pas le renier après tout ce qu’il avait fait, pas avec son père qui pouvait décider. Oui il se ferait engueuler ou pire, mais il s’en fichait, parce que perdre Livio c’était perdre la seule relation de confiance qu’il possédait, la seule personne qui savait tout de lui, entendait tout. Au diable le sang, ce n’était pas vraiment une traitrise, il dirait que c’était un accident, il ferait promettre à Alesio d’oublier ça au plus profond de sa mémoire, il dirait que Tessa avait perdu la tête et qu’il avait fallu l’abattre. Il dirait plein de choses, plein de justifications. Pour ne pas qu’il disparaisse de son univers. Valente était faible. Il pensait ça en dernier recours, sans se douter que la réalité le rattraperait et que la marque de sa famille, de son éducation de son caractère était ancré en lui bien plus profondément qu’il ne le croyait. Car il savait Livio capable de tout. Mais pas de ce qui allait suivre.

- Tessa. Tu vas venir avec moi, tu sais. Et personne n’y pourra rien. Val, on maintient l’apéro.

Et Valente fut incapable de faire un geste pour empêcher le monde de se remettre en route. Il ne put aider Livio à l’attraper mais ne put pas non plus s’interposer pour l’empêcher de mener à bien sa mission. La voix de Livio fit tout sauf le rassurer. Pourtant vu ce qu’il venait de dire, c’était la meilleure des choses à faire, lui aussi le savait, il valait mieux qu’il parte avec et qu’il s’explique avec son père et son cousin plus tard, quitte à encourir les foudres. Mais jamais rien ne se passait comme il le fallait. Et Tessa voulut s’enfuir, échapper au triste destin qui l’attendait si elle restait une seconde de plus ici. Et tout se passa trop vite Livio dégaina, Alesio suivit le mouvement en reculant rapidement en direction de Tessa, pour essayer de suivre la personne qu’il devait protéger à tout prix. Valente comprit à l’instant où Livio sorti son arme que ça allait être affreux et automatiquement il fit pareil avec la sienne. Mais pas pour viser Tessa, pour viser son seul ami. Mais Livio était concentré ailleurs, autre part, dans d’autres lieux. Val tourna la tête vers Alesio, voulut lui crier de se baisser, ce qu’il fit finalement mais sa phrase se perdit dans la première détonation du colt de Livio. Qui n’atteignit pas Tessa. La seconde, oui.

Alesio s’effondra dès le premier coup. Définitivement. Et cette confiance que Valente avait à l’instant tant voulu préserver fut brisée littéralement, sans retour possible. Val vit noir, puis rouge, puis plus vraiment de façon nette. Il regarda Livio, à peine une poignée de seconde et ne parvint à lire ce qu’il y avait dans son regard. Le sang lui monta à la tête et il oublia toutes ses considérations, tout ce qu’il pouvait penser il y avait à peine deux minutes et il tira. La balle déchira le flanc de son ami. Il aurait pu sans problème le toucher en pleine poitrine mais il en avait été incapable, comment l’aurait-il pu malgré la haine présente qui l’habitait alors que des larmes de rage et de tristesses coulaient sur ses joues. Livio n’était plus le meilleur ami, ni même l’ami ou la connaissance, Livio était devenu l’ennemi à abattre, à faire souffrir. Son cœur lui fit mal, terriblement mal mais il l’ignora, parce que le grand blond avait franchi la limite à ne pas approcher. Il l’avait saccagé. Il avait tué quelqu’un de sa famille, il avait tué Alesio. C’était comme s’il venait de lui tirer dessus. Parce que personne ne tuait un Genovese impunément. Jamais personne. Pas même Livio. Il avait vraiment osé commettre pareille ignominie. Et il avait pu être le meilleur ami qu’il n’ait jamais eu, il ne pouvait pardonner. Jamais. Jamais.

Evitant de regarder le corps de son cousin, Valente se dirigea vers Livio d’un pas rapide, le regard haineux pour lui chopper la base de son débardeur, ignorant le sang qui coulait sur le sol. Il rengaina rapidement son arme pour lui coller le coup de poing le plus fort qu’il puisse lui infliger. Tout en sachant que ça n’allait servir à rien. Parce qu’il le connaissait. Plus que tout. Il savait que ce qu’il venait de faire, ce qui venait de faire vibrer ses phalanges, Livio le sentirait à peine comme une petite gêne tout au plus. Mais il fallait qu’il se lâche, qu’il expulse cette douleur de lui. De savoir son cousin mort, de savoir que le meurtrier était Livio, il fallait qu’il s’exorcise, mais là il ne voulait que la souffrance du grand blond, il voulait qu’il comprenne à quel point il le faisait souffrir à cet instant précis. Il lui avait pourtant répété un nombre incalculable de fois, on ne touchait pas à la famille, il était prévenu pourtant, il le savait alors pourquoi avait-il brisé cette règle élémentaire ? Les doigts de Val lui faisaient mal et vibraient encore du coup porté sur la mâchoire de Livio. Il était incapable de penser correctement, tout ce qu’il voyait était son cousin étendu, son ex meilleur ami venant de l’assassiner. Et cette rage, cette colère qui lui donnait envie de tout fracasser. Il ouvrit la bouche pour balbutier quelques mots avant que sa voix ne prenne de l’ampleur et de la vitesse jusqu’à ce qu’il se mette à hurler.

- Tu as… Tu as tué mon cousin… Ma famille ! Tu lui as tiré dessus de sang froid, tu as buté quelqu’un de ma famille. Tu… MAIS BORDEL IL T’EST PASSE QUOI PAR LA TETE ? COMMENT TU AS PU ME FAIRE CA ?! Son poing se resserra de toutes ses forces sur le débardeur de Livio. Tu savais que c’était LA chose à ne jamais faire, à ne jamais envisager de faire. TU TE FOUS DE MA GUEULE ?

Il le frappa encore et encore, malgré la futilité de son entreprise, malgré ses phalanges qui lui faisaient mal. Il frappait pour oublier le corps inanimé de son cousin et la perte de son meilleur ami. Car à présent rien ne serait plus pareil pour eux. Le crime de Livio resterait gravé en Valente comme la preuve d’une confiance trahie. Pourquoi avait-il fallu qu’il dise oui ? Pourquoi avait-il fallu qu’il promette de l’aider ? Pourquoi avait-il fallu que ça se passe de la sorte ? Pourquoi Livio, pourquoi ?
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MessageSujet: Re: He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV]   He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV] I_icon_minitimeMer 28 Sep - 13:51

Ce n’est que maintenant que Livio réalisait ce qu’il venait de se passer. Il était comme ça, lui, impulsif et d’une vitesse de réaction hors norme. Son esprit carburait à toute allure pour trouver la meilleure solution, son être tout entier se tendait vers la réussite de sa mission et l’accomplissement de ce pourquoi il était en vie. C’était une sorte d’instinct de survie, qui lui disait quoi faire, quand. Quand courir, quand sauter, quand tirer. Livio avait toujours suivi cette petite voix dans sa tête, il s’en était toujours tenu à cette voie qui jusque là lui avait toujours réussi. C’est comme ça qu’il se baladait dans des missions de bas étage et s’amusait vraiment devant un réel challenge. Il lui fallait l’adrénaline du danger, le faible doute d’échouer pour que cet instinct animal se réveille et lui dicte le moindre de ses actes. Comme un chien pris en cage, Livio pouvait faire preuve d’une force et d’une détermination à toute épreuve quand il s’agissait de s’approcher de sa réussite, quand on le menaçait d’un échec. Comme le clébard derrière les barreaux, il se fichait bien de devoir mordre la main du gardien pour pouvoir retrouver la liberté, quitte à se mettre tout le monde à dos. Pire, il pourrait sans hésitation blesser la petite fille innocente en sortant en trombe. Dommage collatéral. Triste conséquence d’une situation qui n’aurait pas dû être. Qui n’aurait pas été si seulement Tessa s’était rendue, si seulement elle avait bien voulu obéir sagement à son ordre et le suivre. Quitte à souffrir, quitte à se voir priver de sa liberté. Mais elle avait décidé de mourir libre, bien que traquée. Comme un cafard que l’on piste avant d’écraser avec répugnance. Le cafard laissant une odeur nauséabonde et une trace indélébile sur la moquette.

Et bien c’est un peu ce qui se passait. Livio venait de tirer, deux balles. Il savait que le second coup avait réduit le cafard à néant, toutefois il se demandait bien ce qui avait pu l’empêcher de l’avoir tout de suite. Et Livio ne comprit pas tout de suite, non. Il se contentait de croire qu’il avait mal visé, que la balle était plantée dans le mur derrière Tessa. Oui, c’était sûrement une erreur dans ce genre, qu’il regretterait longtemps, honteux d’avoir perdu en efficacité, mais qui finirait par se faire oublier d’elle-même. Alors qu’il restait immobile, le bras encore levé et son colt fumant de sa récente activité, Livio se repassa la scène dans ce qui lui parut une éternité alors que quelques secondes seulement s’écoulèrent. Il se voyait encore sortir son pistolet, prêt à finir son travail malgré la présence gênante et perturbante d’Alesio. D’après ce que lui avait dit Val, il n’était qu’un novice et n’aurait aucune chance de l’arrêter, ni même de s’interposer. Et pourtant, pourtant Livio avait négligé sa précédente observation. Le gamin avait d’excellents réflexes et il bougeait vite. De plus, Livio était légèrement perturbé par la situation, surtout que le regard de son ami venait de le saisir à la gorge, instaurant le doute en lui sur ce qu’il pouvait penser. Envisageait-il de le laisser tomber ? Ou bien l’avait-il déjà fait ? Dans la précipitation, le militaire ne se donna pas le temps de tenter de répondre à ses questions. Il tira, et même maintenant il revoyait encore Tessa tomber, dans un cri d’appel à l’aide qui resta figé sur des lèvres déjà mortes avant qu’elle ne chute à terre. Livio n’avait pas voulu la blesser, risquant de la perdre de nouveau, et la tuer faisait partie du plan B. Il l’avait fait avec efficacité, et une rapidité sidérante.

Mais à présent il revoyait une ombre se précipiter, se mettre entre lui et Tessa. Alesio. Accompagnant la balle qu’il avait tiré, Livio la vit se figer dans le crâne du jeune Genovese, arrêtant d’un coup son cerveau et le laissant pour mort aussi rapidement que celle qu’il avait tenté de protéger. C’est là qu’il réalisa. Et quand il entendit une voix de gamine crier le prénom de sa mère, imaginant la détresse de Kristine, c’est lui qu’il crut percevoir dans ce cri d’indignation. Il avait vraiment fait ça, genre, tuer le cousin de son meilleur ami ? Là, il ne réalisait pas vraiment encore ce que ça impliquait. Si ce n’est qu’il ferait mieux de s’excuser rapidement et d’aider Valente à transporter le corps de son cousin, pour les reconduire jusqu’à la demeure familiale. Et puis disparaitre, vite, très vite. Lui dire au revoir, et sans doute l’oublier pour un temps, vu que Livio se doutait bien que son ami ne voudrait plus côtoyer avant un moment l’assassin de son cousin, fut-ce une terrible erreur. Oui, voilà ce qui allait se passer et le jeune homme en était attristé, réellement. Il pleurerait Alesio seul, se maudissant de sa méprise et accablant le comportement de ce gamin trop pressé. Il pleurerait la distance de Valente, il tenterait de se faire pardonner et de faire amende honorable. Le tableau était sombre, très sombre, mais pas désespéré. Car s’il avait été intraitable au moment de tirer, attaché par les tripes à son objectif, maintenant qu’il en était délivré Livio était beaucoup plus calme et la détermination dans son regard disparaissait à l’instant, aussi rapidement qu’elle y était venue. Plus d’aura meurtrière, plus de rancœur et seulement la libération de n’avoir pas laissé partir Tessa.

C’est en louchant sur le canon de l’arme de Valente que Livio se dit qu’il n’aurait peut être pas dû raisonner ainsi. Empli d’un doute, son regard remonta le long d’un bras qui, il n’y a pas si longtemps, l’étreignait contre lui en guise de salut. Un bras qu’il avait si souvent vu contre la gorge d’un autre, prêt à l’étouffer. Un bras qui ne se dirigeait jamais contre lui. Et puis, Livio rencontra les yeux bruns de son meilleur ami. De son ex meilleur ami, manifestement. Et là, tout s’effondra. Comme Tessa et Alesio venaient de sentir la vie couler hors de leurs veines et se répandre sur les dalles de pierre froides qui pavaient la rue, Livio sentit toute la chaleur de son corps s’étioler, se désagréger. Son amitié pour Valente se consumait sous le regard de haine qu’il lui lançait, le jeune homme sentait ses souvenirs se teinter de noir et sa tendresse envers cet homme disparaitre peu à peu. Il tenta de les retenir, tendit une main invisible en direction de cette chose qui s’en allait inexorablement, mais en vain. Comme on ne peut se saisir de la brume, qui s’en va et déambule selon ses envies, Livio était bien incapable de retenir ce lien si fort qu’il croyait indestructible. Et pourtant, il suffisait d’une arme pointée sur lui pour tout briser, piétiner sans gêne ni hésitation.

Une arme, mais pas n’importe laquelle. Celle qu’il observait de loin et qui sautait entre les doigts de Val à chaque fois qu’il tirait. En la regardant, il s’était souvent dit que jamais il n’aurait aimé être à la place des ennemis de son compagnon. Il avait frissonné de plaisir comme les autres hurlaient d’effroi, il l’avait félicité comme ses victimes le suppliaient. Cette arme, c’était une des composantes de ce qui les rapprochait, de ce qui les faisait tant se ressembler. Valente le mafieux et Livio le militaire, deux amis unis au-delà des crimes et dans la simplicité d’une rencontre. Cette bouche tordue par la colère lui avait un peu auparavant raconté ses déboires avec Sonia, et combien de fois Livio avait savouré les remarques sarcastiques ou moqueuses de son ami qui se faufilaient entre deux lèvres remontées en un sourire ? Ses yeux, aussi, qui souvent luisaient sous l’effet de l’amusement et du plaisir d’être ensemble. Son rire, son attitude, ses cigarettes, son chapeau et sa silhouette charismatique. Tout disparaissait en même temps que son amitié pour Valente se livrait au bon vouloir du vent de la discorde. Quelque chose venait de mourir. Quelque chose qu’il ne pouvait pas réparer, recoller les morceaux n’était plus possible. Car ce n’était plus qu’une erreur de sa part, en le tenant ainsi en joue Val venait de le trahir de la plus horrible façon qui soit.

Lui qui détestait jusqu’à ce mot, lui qui n’avait qu’une seule peur celle d’être déçu après avoir fait confiance. Et voilà que le seul qui avait eu le privilège de l’approcher se retournait contre lui. Il lui avait promis de l’aider, et voilà qu’en plus de l’abandonner au profit de son cousin, ce qu’il comprenait presque, il voulait se venger d’une regrettable méprise. Livio sentait son souffle se couper, manquant une ou deux respirations avant de reprendre de façon désordonnée. Il paniquait, paniquait des conséquences que tout cela prenait. Là, maintenant, il était convaincu que plus rien ne pourrait être facilement effacé. Val venait de lui pointer son arme dessus. Sur lui. Quelque chose venait de mourir. Pour vivre différemment, bien différemment. Pour renaitre sous le joug de la colère mutuelle et non à sens unique, pour prendre un nouveau souffle de déception et d’amertume.

La détonation fit fermer les yeux à Livio, plus que la douleur. Il refusait de voir celui qui avait été son ami l’achever, et s’il devait le faire eh bien ce serait face à sa lâcheté. Mais contre toute attente, et malgré la certitude de se voir mourir ici, Livio constata qu’il avait mal. Un mal qui venait de le faire tressaillir. Son cœur continuait de battre la chamade à ses tempes malgré un entrainement rigoureux qui le préparait à ce genre de situation. Non, en fait. Pouvait-on se préparer à la perte d’un être cher, qui plus est lorsque celui-ci veut votre mort ? Ou l’équivalent, puisque Livio savait bien qu’à cette distance, Valente n’avait pu le manquer. Ce qui signifiait qu’il avait l’intention de faire un peu mieux qu’un meurtre passionnel et dicté par la folie et la surprise. Sans faire un geste, sans dire un mot, Livio sentit une partie de son âme s’évader, le reste tentant de se retrancher derrière un mur sécuritaire, celui de la douleur. Il aurait pu en hurler, bien que la balle n’ait fait que l’effleurer, ne rentrant qu’un instant dans sa chair avant d’avoir fini sa course par terre, comme un cadavre supplémentaire qui ne faisait qu’augmenter la tension palpable et insupportable qui régnait à présent entre eux. Il aurait voulu hurler, mais hors de question d’ouvrir les lèvres devant lui. Pas après ça, pas après qu’il ait tiré. Pas après qu’il l’ait trahi. Pourtant, Livio ne se défendit pas quand Valente le saisit à la gorge pour rengainer son arme mortelle, promesse de bien pire. Si seulement il avait pu l’achever, là, maintenant, pour que Livio puisse oublier la douleur que le regard haineux de son ancien compagnon évoquait en lui, réveillait dans son esprit meurtri.

Et il frappa. Livio avait mal, pas vraiment par son corps, mais il avait mal à en crever. Le coup, il ne le sentit même pas. Trop concentré, trop retranché dans son mutisme pour pouvoir même en prendre conscience. Et il parla, alignant des mots que Livio percevait difficilement. Il retint vaguement « cousin », « comment », « bordel ». Le militaire qui voyait tout arriver bien plus doucement qu’en réalité, comme anesthésié et à moitié K.O. par ce qu’il se passait, se laissait faire en se disant que peut être, il avait raison. Après tout, c’est vrai qu’on ne touchait pas à la famille Genovese. Il le savait, il avait merdé. Même par erreur. Pouvait-il vraiment lui dire « J’ai pas fait exprès, tu me pardonnes ? » avec tout ce que cela impliquait ? Si Livio l’envisagea un instant, il prit rapidement conscience que c’était totalement ridicule. Oui, il avait merdé. Peut être valait-il mieux lui donner l’opportunité de le haïr, se laisser frapper et s’écraser devant sa fureur dévastatrice ? Et alors qu’une pluie de coup le caressait presque, Livio se décida à émettre un son.

- Pas ... non plus. T’as ... complètement.

Il se reprenait. Il n’avait aucune raison de courber l’échine devant Valente. Parce que lui, lui venait de le trahir de son côté. Au plus profond de la plus ancienne de ses blessures. Il avait ravivé un cauchemar qu’il pensait oublié, il venait d’appliquer un fer rouge sur une plaie béante camouflée par un drap de soie. De réveiller ce qui avait toujours existé, de raviver la flamme d’une haine tout aussi grande que la sienne. Trahison, douce trahison au goût acide de la colère. Et il avait le droit, le droit de lui en vouloir aussi. Ce n’était pas fait exprès, vraiment, alors que son attitude à lui était volontaire et guidée par sa volonté entière et libre. Il se réveilla de sa torpeur, avant de repousser Valente de ses deux mains. Rapidement et sans temps mort, si agile et animé par un sentiment dévastateur que son nouvel ennemi n’eut pas le temps de réagir, Livio frappa à son tour. Sa jambe se détendit, prit de l’élan et vint cueillir la rotule droite du jeune mafieux de toute sa force. Jamais encore il n’avait frappé aussi violemment à cet endroit, qui émit un craquement peu rassurant. Valente s’écroula sous l’impact. Livio se rapprocha de lui, posa une main sur son épaule. Il prit le temps de savourer la situation avant de relever son très cher ami d’un coup de poing dans le ventre, qui lui coupa la respiration et le propulsa vers le haut. A sa hauteur. Si bien que Valente n’eut d’autre choix que de l’écouter, cherchant son air et immobilisé par la poigne ferme du militaire. Qui délaissa la voix remplie de colère pour la rendre aussi froide qu’un instant auparavant. Presque calme.

- T’excite pas non plus. T’as déconné grave, Valente. Complètement. Tu viens de me tirer dessus et tu oses me demander si j’ai pas une case en moins ? Tu m’as visé et t’as appuyé, putain. Alors que ton cousin s’est interposé sans que je puisse l’éviter. T’étais obligé d’en arriver là, sérieux ?

Il crispa sa mâchoire, s’évitant à tout prix de crier, alors qu’il en débordait d’envie. Mais non, il était énervé. Non, il était furieux, il était blessé, il était triste et en colère. Il n’avait jamais eu aussi mal de sa vie après avoir réappris à faire confiance, et voilà qu’on tuait de nouveau ses espoirs, ses attentes, ses joies. Sans aucun instant de doute.

- Je l’ai pas buté volontairement, toi tu me tire comme un lapin sans hésiter. Revois tes priorités.
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MessageSujet: Re: He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV]   He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV] I_icon_minitimeMer 28 Sep - 17:12

Jamais encore il n’avait ressenti pareille détresse au fond de son cœur. Ce sentiment de double perte. De pertes incommensurables qui le faisaient énormément souffrir. Car en l’espace de dix minutes, il avait perdu son cousin et son meilleur ami. Sa famille et la confiance qu’il avait donnée à quelqu’un qui y était extérieur. Et il ne pouvait plus agir logiquement et avec réflexion comme il en avait l’habitude. Le Valente que Livio connaissait si bien fut submergé par un homme haineux et violent, un homme qui était capable de faire les pires choses sous l’effet de la colère, sous l’effet de cette impression de trahison marqué au fer rouge dans sa peau. Il avait oublié les sorties, les rires, les blagues, les confessions. Il avait oublié le regard si amical qu’ils pouvaient s’échanger. Il ne voyait qu’un homme venant de mettre un terme à la vie d’Alesio, et il n’eut pas d’autre choix que d’agir de la sorte.

Cet automatisme tant de fois répété, cette arme qu’il arrivait à sortir tellement rapidement que son geste pouvait paraitre flou. Une habitude ancrée en lui. Son automatique, c’était une part de lui à présent, il résolvait tellement de problèmes. Bien plus qu’il n’en créait. On pouvait l’accuser de le sortir à tord ou à travers c’était vrai, mais jamais il ne le pointait en direction de quelqu’un qui n’en méritait pas la sentence, même pour rire, jamais. Et jamais il n’aurait dû le faire sur Livio. Et pourtant Dieu savait qu’il le méritait. Réellement. Mais c’était son meilleur ami et jamais on ne devrait avoir à viser une telle personne avec une arme à feu, un regard fou et un cerveau qui capitule. Et pourtant il l’avait fait, sans même réfléchir, car c’était le seul automatisme dont il disposait dans cette situation. En l’espace d’un instant, le statut de Livio était passé à celui d’ennemi à neutraliser, puis à celui de meurtrier d’une partie de sa chair. Il méritait cette arme dirigée vers lui, Valente en était plus que convaincu et sa main ne tremblait pas, pas plus que son regard haineux. Et pourtant… Pourtant s’il avait pu, il aurait préféré la retourner sur lui. Pour éviter de faire pareille connerie. Mais ça il n’y pensait pas à l’instant, il avait perdu toute logique et ne fonctionnait que par instinct, complètement dicté par ses sentiments, ses émotions, ce qu’il avait essayé de calmer tant d’années. Et tout refaisait surface. Il n’aurait su dire si quelqu’un était sur le point de lui tirer dessus derrière lui, il aurait été incapable de discerner autre chose que le visage de son vis-à-vis. Même s’il le distinguait avec une peine immense, un sentiment de tristesse qu’on ne pouvait consoler.

Cependant, lentement mais sûrement, la détresse et l’ancienne amitié se transforma en rage, en haine pure, cette haine qu’il ne réservait qu’aux grandes occasions de Cristiano. Il négligea leurs années de rires et de partage. Il ne pouvait plus y avoir aucun partage à présent. Le glas de la trahison sonna, s’imprimant dans toutes les fibres de son corps. Parce que la haine le protégerait de la souffrance, de cette horreur qui commençait à lui ronger le cœur par cette perspective d’avoir perdu pour toujours une personne à qui il tenait plus que tout.

Et parce que Valente ne revenait pas sur ses décisions, parce qu’il ne pouvait plus reculer, parce qu’il ne pouvait plus reprendre ses esprits, il appuya sur la gâchette, visant brièvement un flanc à effleurer, une douleur à administrer. Qu’aurait-il pu faire d’autre ? Ca aurait été un affront pour Alesio et lui de rengainer maintenant. De venir taper l’épaule de son meurtrier en disant que ce n’était pas grave, que ça arrivait. Valente avait en tant normal beaucoup de mal à pardonner, et là, ce n’était même pas dans ses rêves. Livio avait tout bousillé dans les grandes largeurs et il ne voyait que rouge, il ne voyait que la situation présente et se fichait bien des tenants et aboutissant de son ex ami. Lui qui croyait leur amitié si solide, voilà qu’elle venait de s’envoler tel un château de carte en pleine tempête. Tout ça pour une balle, alors qu’il aurait été prêt à tous les compromis pour que tout se finisse bien pour tout le monde, il n’en avait fait qu’à sa tête et avait tiré aveuglément, sans même se rendre compte du mal qu’il avait fait. Il avait tiré mais pas une fois avec l’envie de tuer. Pas une fois il n’avait espéré voir la lueur dans les yeux si clairs de Livio s’éteindre. Car ça, ça aurait été vraiment la fin. Tout comme ses mécanismes de défense qu’il ne contrôlait même plus, Valente n’aurait jamais pu tirer dans le but de le tuer. Pas lui. Malgré leur amitié qui gisait en miettes à leurs pieds, malgré sa traitrise, malgré l’acte terrible, jamais il n’aurait pu le tuer.

Et il avait frappé pour essayer d’expulser ce mal qui le rongeait, pour essayer de faire partir cette haine qu’il n’aurait jamais pensé ressentir à l’égard du militaire. Tout ça pour camoufler cette impression de vide dans sa poitrine, Valente frappait parce qu’à cet instant, il ne trouvait rien de mieux à faire, comment avait-il pu, pourquoi avait-il fait ça ? Lui hurler cette question ne tairait pas ses angoisses ni sa peine, ni sa rage. Mais peut être qu’à force de frapper un bloc de granit il se serait calmé, il aurait reprit ses esprits et le contrôle de lui-même. Il se serait passé une main sur le visage, il aurait essayé de faire le vide, de reprendre depuis le début, de trouver des excuses. Même si c’était utopique, une part de lui aurait désiré que ça se passe ainsi. Mais il était trop bien trop tard. Car tout était déjà détruit et le fait de se calmer n’y changerait rien. Le regard qu’ils se lançaient n’avait plus rien d’amical. Et pourtant peut être que si tout les deux y mettaient du leur, on aurait pu arriver à un résultat moins catastrophique. Mais quand on avait décidé que rien ne pouvait les rapprocher, rien n’y faisait. Alors que Valente se calmait sur les poings, Livio sembla sortir de la torpeur dans laquelle il était plongé, à cause d’un trop grand nombre de cause que Val aurait été en peine d’expliquer. Il bafouilla quelque mot et Valente commença à se rendre compte de ce qu’il avait fait.

Et merde merde, il lui avait tiré dessus, il lui avait vraiment tiré dessus. Comment avait-il pu faire ça ? Voilà ce que Valente était en train de se rendre compte, commençant à voir l’étendu de ses propres tords. Parce qu’il s’était laissé dominer par sa haine et qu’il avait tiré sur une des personnes qu’il estimait le plus dans cette pauvre ville de Milan. Et même si ce n’était que le flanc, une balle avait traversé sa chair, causant sans nul doute une vraie douleur que Livio s’était retenue de montrer. Valente aurait fait pareil. Sauf qu’il était utopique de croire que le grand blond allait se laisser maltraiter de la sorte. Et avant même que Valente ne s’en rende compte, il s’effondra comme une poupée de chiffon, une douleur foudroyante dans son genou qui venait de craquer. Il pensa un instant que ça faisait longtemps qu’il n’avait pas senti une douleur aussi intense capable de lui faire venir par réaction physiologique les larmes aux yeux. Il ouvrit la bouche malgré lui pour échapper une parole de protestation ou autre chose, mais du se rendre à l’évidence du fait que Livio qui venait de lui exploser la rotule n’en avait pas terminé. Valente pensa un instant que ce n’était pas encore cher payé pour avoir osé lui tirer dessus mais il déchanta bien vite alors que le poing de celui avec qui il avait tant partagé vint le cueillir à l’estomac avec une force redoutable, celle qui faisait que Livio était imbattable au combat à mains nues. Sa bouche s’ouvrit de nouveau, laissant échapper un simple hoquet, tout air coupé puis commença à tousser comme un forcené. Malgré ses jambes coupées il ne retomba pas pour autant, Livio le tenait fermement en l’air pour l’avoir face à lui.

Valente serra les dents de douleur, les yeux brouillés alors qu’il sentait le sang envahir son palais à cause du coup de poing. Bordel de Dieu que ça faisait mal. Très très mal et il se demanda s’il serait encore apte à marcher après ça. Mais c’était le cadet de ses soucis à présent, il avait juste mal, et la source de ses maux était bel et bien Livio. Il n’avait pas hésité et n’avait pas fait dans la dentelle, comme toute à l’heure, comme il le faisait tout court. Le mafioso recommença à voir rouge à travers ses élans de douleur et les happements pitoyables qu’il produisait pour essayer de récupérer un peu d’air qui avait été totalement soufflé de ses poumons. Et d’une voix plus glaciale que la banquise il dû écouter Livio, ancrant son regard dans le sien et le soutenant malgré les signaux de douleur que lui envoyait son corps tout entier.

- T’excite pas non plus. T’as déconné grave, Valente. Complètement. Tu viens de me tirer dessus et tu oses me demander si j’ai pas une case en moins ? Tu m’as visé et t’as appuyé, putain. Alors que ton cousin s’est interposé sans que je puisse l’éviter. T’étais obligé d’en arriver là, sérieux ?

Valente serra les dents de plus belle. On était toujours plus apte à s’excuser et reconnaitre ses tords avant que l’autre ne les pointe de la sorte du doigt. Et Valente se révolta contre cette accusation. Qu’il ne vienne pas dire que ce n’était pas justifié après avoir tiré une balle dans la tête de son cousin. Au moins lui était encore vivant après ce qu’il venait de faire, il ne s’en rendait pas compte ? Il agrippa le poing de Livio pour lui faire lâcher prise, le foudroyant du regard. J’ai déconné ? C’est moi qui aie déconné alors que t’as buté mon cousin ? Il était sérieux là ? Val manquait encore trop d’air pour lui faire une réponse ne bonne et due forme qui de toute façon ne servait à rien. Il n’y avait rien à redire face à tant d’hypocrisie de sa part. Il n’aurait pas pensé que Livio puisse ainsi se décharger de ses propres actes. Il l’avait tué et c’était lui qu’on engueulait pour être en colère ? Mais c’était plutôt lui qui déconnait grave sur ce point là. L’adrénaline atténua un peu la douleur fulgurante dans son genou et alors que le chapeau du mafioso qui était depuis un bon moment en équilibre précaire bascula à terre, le regard haineux de Val changea. Il prit une nouvelle forme de résolution. Il n’y avait plus rien à tirer de cet échange sinon une envie irrépressible de lui rendre au centuple ce qu’il venait de lui faire subir. Et sa phrase suivante ne fit qu’accentuer cette envie.

- Je l’ai pas buté volontairement, toi tu me tire comme un lapin sans hésiter. Revois tes priorités.

Les lèvres de Val s’étirèrent lentement. Sourire malsain, celui qu’il distribuait à ceux avec qui il allait passer de longues heures. Interminables et douloureuses pour l’un, obligatoires et divertissantes pour l’autre. Plus de peine ni de regret ne subsistait. Alors il voulait jouer à ça ? Au plus fort, au plus accusateur, au plus violent ? Mais il avait de la marge avant d’attendre le point que Val ne pouvait plus supporter. Et malheureusement pour Livio, le jeune brun décida qu’il était hors de question de plier l’échine devant un type capable d’abattre le cousin de quelqu’un à qui on disait tenir, puis de lui foutre la rotule et l’estomac en miette. S’il jouait la carte de celui qu’il ne l’avait pas fait exprès, il devait savoir que pour Valente, ce n’était pas un argument suffisant. Il le repoussa, aussi fort qu’il pu, tituba en arrière pour ne pas tomber, sentant à tout moment que son genou pouvait le lâcher et retint un soupir de douleur. Il garda cependant la tête haute pour lui répondre de cette voix si tranchante et acide.

- Ne parle plus jamais d’Alesio de la sorte. Pause. J’espère que celle-ci te fera comprendre la douleur que j’éprouve actuellement.

De sa main libre il tira de nouveau son arme, et cette fois sans la moindre ombre d’hésitation, il visa la cuisse droite de Livio. Tira.
Tu voulais ma priorité ? La voilà.
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Livio Gianelli

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MessageSujet: Re: He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV]   He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV] I_icon_minitimeJeu 29 Sep - 11:45

Pendant un instant, Livio était parti. Submergé par des souvenirs qui tentaient de le garder éloigné de l’horrible vérité, il se noyait dans un flot d’images apaisantes. Moulé dans la rivière de son passé avec Val, le militaire refusait de voir quiconque tenterait de l’en extraire. Il était bien, repu par le déversement agréable de tous ces bons moments. Les sourires de son ami, en coin ou plus franchement exposés, ses moues boudeuses, ses yeux suppliants, ses manies. Celle de fumer, celle de draguer tout ce qui bouge, celle de remettre son chapeau de travers ou de ranger ses mèches de cheveux. Leurs soirées au restaurant, ou au bar. La première fois qu’il l’avait ramené chez lui après leur première cuite à deux. La première fois qu’il l’avait appelé « Val », la première fois où il lui avait répondu « Liv ». Les premiers pas vers la confiance, les premières prises de conscience. La première fois qu’il avait pensé à lui comme son meilleur ami, la première fois qu’il avait eu envie de revoir quelqu’un. Tant de « premiers » quelques choses. Tant d’ouvertures en lui, tant de nouveautés. Des espaces qu’il ne pensait pas pouvoir franchir, des sourires qu’il ne pensait plus faire. Il avait pansé ses plaies, il avait guéri son cœur par sa simple présence. Il lui avait peu à peu réappris à vivre, à parler avec des gens, à communiquer. Lui qui était si reclus et renfrogné sur lui-même, lui militaire blasé et déçu trop profondément. L’homme de main qui tire sans hésiter et qui jamais ne s’excuse, jamais ne reconnais ses tords à haute voix.

D’un homme détestable, il était devenu faible. Une faiblesse qui l’avait fait hésiter en voyant Tessa la première fois, une faiblesse qui les avaient conduits là, maintenant, ici. Il l’avait rendu humain, lui avait insufflé des émotions, des sentiments qu’il pensait oubliés. Ravivant la flamme de la passion de la vie, de la simplicité d’exister. Façonnant peu à peu un ami fidèle et dévoué, un compagnon éternellement reconnaissant et admiratif. Une silhouette qui l’accompagnait si bien, lui le mafioso solitaire. Valente lui avait permis de le rencontrer et de connaitre cette belle amitié, tout ça pour quoi ? Pour le détruire après. Comme on sauterait à pieds joints sur un château de sable qu’on aurait mis des jours à construire. Se délectant de la facilité avec laquelle tout se détruit alors que le façonner avait pris tant de temps. Création et destruction. Harmonie, et Chaos. Pourquoi, alors qu’il y avait un début, devait-il obligatoirement y avoir une fin ? Pourquoi cette conne de destinée s’acharnait-elle à lui prendre ce qui comptait le plus à son cœur ? Livio commençait à se demander s’il n’avait pas été un tueur en série dans une autre vie ... quoique ce qu’il faisait dans celle-ci devait suffire à ce con de karma pour lui renvoyer tout ça dans la gueule. Alors c’était juste pour ça ? Parce qu’il suivait des ordres ? N’étaient-ce pas plus juste que ce soient ceux qui les donnent qui en souffre, plutôt que ceux qui exécutent en silence et dans l’ombre ? C’aurait été plus juste. Dommage que le destin s’en branle totalement, de la justice.

Et puis, encore une fois, c’était un pactisant qui lui volait ce qui comptait pour lui. Après Natale, Tessa. C’était quoi, leur problème ? Est-ce que les stellas digéraient à ce point leur bon sens pour qu’ils se mettent dans des situations impossibles et terriblement désespérantes pour le militaire ? Il en avait assez de frapper dans le vide, de taper sur des idiots qui pensaient perpétuellement être dans le vrai. C’est pour cela qu’il ne rechignait jamais à envoyer ses proies à l’Usine, pour qu’elles disent ce que la douleur n’avait pas réussi à sortir de leurs tripes. Sa haine pour cette race corrompue qui avait abandonné, à ses yeux, le statut d’humain qu’ils revendiquaient, ne faisait qu’augmenter. A chaque élancée de la douleur dans son flanc, il haïssait un peu plus Tessa et ceux de sa trempe. Ils osaient se mêler d’un monde qui ne les concernait plus, et à chaque fois ils lui faisaient du mal. C’était parfaitement injuste. Heureusement qu’il n’avait pas emmené Luca, hein. Mais par contre, la présence de Jilano était regrettée. S’il avait été là, Val serait ailleurs. Alesio ne serait peut être pas mort, et dans le cas où il l’était toujours eh bien ... il aurait pu aviser. Eviter de se faire tirer dessus par son meilleur ami. Et éventuellement se faire trouer de balles moins indulgentes par son frère ou leur oncle. Bref, pas génial finalement cette idée. Tout ce à quoi Livio réfléchissait alors qu’il frappait Valente ne fit que le conforter dans l’idée qu’avec la variable « Tessa » dans l’équation, le résultat ne pouvait être que celui-ci, ou pire. Bien que le pire soit alors difficile à imaginer.

Il avait frappé. Blessé, atteint et presque sur le point de perdre conscience devant tant de conflit intérieur, Livio avait frappé. Son poing, meurtrier et son talon, inflexible, étaient venus cueillir Valente au genou et à l’estomac. Deux endroits douloureux, deux endroits que seul l’instinct de Livio avait choisis. Pour faire mal, pour faire comprendre, aussi, la haine et la rancune qui venaient de naitre au creux de son cœur et se répandaient à chaque battement de ce dernier. Boum boum, colère. Boum boum, haine. Boum boum, blessure. Boum boum, envie de meurtre. Ce n’était pas son cerveau qui avait décidé, mais celui-ci était finalement bien d’accord avec le reste. Son corps n’était plus qu’une arme, tendu vers ce qui était à présent son adversaire. Prêt à le mordre s’il approchait, prêt à en découdre à la force des mains. Livio voulait un corps à corps, voulait un combat bestial et animal. Pour évacuer, pour faire sortir de sa poitrine cette douleur lancinante et creusant peu à peu un vide en lui, un manque de Valente alors qu’il était en face de lui. Ce n’était simplement plus le même. C’était une loque furieuse, un moins que rien qui se vidait de tout son oxygène sous un simple coup. Livio se délecta des larmes d’asphyxie qui montèrent aux yeux de son ancien camarade, faillit applaudir son air meurtri et le mal qui transpirait de son être. Il aimait, il aimait beaucoup ce spectacle qui compensait le sang qui coulait abondamment de sa blessure. Elle avait beau être assez superficielle, en tranchant les petites veines et en mordant la chair, elle laissait s’écouler de nombreuses larmes grenat qui tâchaient peu à peu son débardeur, sa veste, ruisselant sur sa hanche et venant souiller d’un amas rougeâtre et poisseux sa cuisse, se précipitant vers le sol aussi vite que la gravité le lui permettait.

Il avait frappé, et il aimait ça. C’était peut-être ce qui lui faisait le plus peur, alors qu’il se délectait de la douleur apparente, du craquement du genou de Valente et de l’appel d’air que son estomac avait été obligé de supporter, dans un « hmph » de surprise de son ancien ami. Et ses phrases, amères, en rajoutaient une couche. Il n’avait pas tous les tords, le Livio, mais reportait les siens sur Valente sans s’en rendre compte. Il oubliait sa part de responsabilité, ou du moins essayait, et rejetait tout sur lui, sur lui qui avait tiré. Point contre arme, qui avait le plus tord ? Qui avait merdé en premier ? Livio, sans doute. Ou Val, puisqu’un accident ne devrait pas être considéré comme un acte délibéré le serait. Le militaire, malgré toute sa force, ne put résister à l’inflexion de son vis-à-vis qui le faisait lâcher prise, peu à peu, avant qu’il ne se décide à contre attaquer. Livio pensait que tout aurait pu se terminer ici, en bonne et due forme. Un partout, balle au centre. Pourtant il n’en fut rien, et cela Livio le sentit avant qu’il ne le vit, dans le regard du mafieux. Malheureusement, il l’avait suffisamment bien connu pour savoir quand il devenait sérieux et abandonnait tout le reste. Et là, il paraissait déterminé à ne lui laisser à aucun moment l’indulgence du blessé ou du maladroit. C’est ça qu’il trouvait merveilleux chez lui, et c’est ça qui le brisa un peu plus. Car le sourire de Valente se fit poignard s’enfonçant dans ses entrailles, parce que la pichenette qu’il utilisait pour le repousser aurait pu l’envoyer voler à travers la rue, parce que tout à coup ses mots semblaient emplis d’une haine qu’il ne connaissait pas. Qu’il aurait préféré ne jamais connaitre.

- Ne parle plus jamais d’Alesio de la sorte. J’espère que celle-ci te fera comprendre la douleur que j’éprouve actuellement.

C’était la fin. Livio le vit de tous ses sens. Le goût du sang dans sa gorge alors qu’il n’avalait que sa salive, la perception d’une mort approchant, l’odeur de la vengeance, un requiem sinistre qui jouait à son oreille ses dernières notes, et surtout la vision d’un canon armé. Pour la seconde fois. Pointé sur lui, sur sa cuisse cette fois. Il n’hésita pas.

Livio s’était déjà pris des balles. Dans l’épaule, dans le ventre, une avait même bien failli emporter son cœur et un poumon au passage. Il savait à quel point ça pouvait faire mal. Et une seconde avant le bruit de la détonation, il s’y prépara. Si bien qu’il sentit parfaitement l’acier déchirer sa peau, briser ses muscles sur son passage. Et s’arrêter, se logeant quelque part, Livio espérait simplement que l’os n’était pas touché. Il savait qu’elle avait fait des ravages sur son chemin, sentait bien qu’elle était installée là pour un petit moment, et finalement il préférait cela à avoir deux trous dans sa cuisses. Ça ne ferait qu’une cicatrice. Puis, après la constatation, la douleur vint. Affreuse, se déversant dans son corps comme une chute se jette en contrebas. Violemment, quitte à tout détruire sur son passage. Elle détruisit d’ailleurs ses défenses, sa préparation, et lui arracha une grimace suivit d’un gémissement qu’il camoufla rapidement comme tel pour s’empêcher de crier. Il ne crierait pas. Il ne crierait plus jamais, et encore moins devant Valente. Son visage se tordit, il mordit sa lèvre au sang et enfonça ses ongles dans sa cuisse blessée comme si avoir mal ailleurs le soulagerait. Sa peau, ses muscles venaient de se déchirer. Ça, il connaissait et la douleur il pouvait la maitriser. Mais son cœur se détruisit, sa raison s’envola. Ça, c’est nouveau en revanche. Et c’est sans doute ce détail qui lui fait si mal, une fois que son corps et son esprit ne faisaient qu’un et souffraient d’un même coup, dans une symphonie qui devait bien plaire à son bourreau. Livio se sentit hurler, et c’est sans doute ça qui l’empêcha de le faire. Il se sentit partir, et là pourtant il n’y put rien faire.

Il avait tiré une seconde fois. Piétinant ce qui était déjà à terre, achevant les quelques restes de leur amitié qui se débattaient pour survivre, d’une supériorité évidente après avoir cherché et réussi à le dominer. Il avait tiré une deuxième fois, emportant avec lui un monde que Livio avait mis du temps à bâtir de ses mains. Il avait tiré encore, et sa cuisse qui irradiait une douleur à l’état brute suffisait pour le lui rappeler. Le sang chaud suintait de la plaie, propre et nette, causée par l’arme à feu inflexible de Valente Genovese. Aspirant avec lui les remontrances du militaire, et son envie de s’abattre sur son ennemi, à son tour une seconde fois.

Livio n’avait plus la force de le frapper, il n’avait d’ailleurs plus la force pour grand-chose.

Il s’effondra, par terre. Ses jambes lâchèrent, et il suspecta une torsion de cheville quand il sentit celle-ci plier sous son poids en chute, se tordre et commencer à gonfler. Il était là, à quelques mètres de la porte de ce fameux entrepôt, à moitié assommé par la douleur et les efforts qu’il devait faire pour la maintenir. Livio avait juste envie de dormir, mais il ne quitta pas Valente des yeux. Et lui rendit sa haine, lui expliqua d’un regard tous les reproches qu’il lui adressait, lui fit comprendre que c’était tout autant sa faute que la sienne. Tenta de rechercher autre chose, bien que lui-même ne nourrisse plus la moindre once d’espoir ou d’amitié. D’un coup, il l’avait trahi. De deux, il l’avait complètement détruit. Réitérant ce qui n’était pas qu’une erreur, cette fois. Assumant ses gestes et lui balançant dans la figure tout ce qu’il y mettait.

- Connard.

Dernier sourire froid, dernier défi. Dernier pincement au cœur. Adieu, Valente.
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Valente Genovese

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MessageSujet: Re: He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV]   He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV] I_icon_minitimeJeu 6 Oct - 7:24

Valente était habitué à la douleur, il en avait vu des vertes et des pas mûres depuis qu’il était dans le milieu. Des coups de poings, de pieds, de battes, des balles et autres choses plus ou moins étranges mais tout aussi douloureuse. Les os cassés, il savait ce que c’était, tout comme les brûlures, les hématomes, les déchirures et tout un tas de trucs pas très agréables. On ne pouvait pas dire qu’il était accoutumé à la douleur, ça n’arrivait guère, mais disons qu’il arrivait à mieux se contrôler et de continuer à agir normalement jusqu’à la fin d’une incartade. Sauf que là, c’était différent. Il avait vu son ami se battre des dizaines de fois, avec ou sans lui, il savait comment il agissait, comment il frappait, mais jamais jamais il n’en avait fait les frais. Jamais ils ne s’étaient dit « Tiens, si on se battait ensemble ? » Non, il y avait suffisamment de racaille qui trainait pour ne pas avoir à chercher un quelconque entrainement. Et Valente commençait à savoir pourquoi. Parce que quand Livio frappait, il ne faisait pas semblait, quand Livio frappait, c’était résolument dans le but de mettre hors d’état de nuire. Quand Livio frappait, ça faisait très, très mal. Et Val avait très, très mal. Ca lui tournait un peu dans la tête alors qu’il ne sentait plus qu’un trou béant dans son genou qu’il avait bien du mal à garder un minimum tendu alors qu’il risquait à tout moment de s’effondrer. Son estomac criait grâce et il sentait la bile et le sang remonter dans sa gorge par ce coup aussi fort. Autant dire qu’il était en piteux état et que se retenir de crier, il fallait qu’il prenne énormément sur lui. Mais face à Livio, il pouvait le faire, car il était hors de question après ce qu’il venait de faire qu’il lui montre à quel point ça lui faisait mal.

Sauf qu’il savait très bien que la douleur physique n’était pas tout actuellement. Qu’à elle s’ajoutait celle de l’avoir perdu définitivement. Avec qui pourrait-il parler à présent ? Avec qui pourrait-il sortir dehors, rire, déconner, draguer ? A qui pourrait-il redonner le sourire après une journée de boulot ? Qui ferait de même pour lui ? Plus personne à présent, car le rideau était tombé sur une bien triste tragédie. It’s over. Terminé. Et tout espoir avait disparu. Aha que c’était pitoyable d’en arriver là. Dans cet instant de haine pure envers quelqu’un qu’on considérait quelques heures avant comme la meilleure chose présente à Milan, avec ses pizzas. Sauf que Valente ne rigolait pas avec la confiance, le partage, la famille. Et Le grand blond avait bien trop mit à mal ses convictions les plus profondes pour espérer s’en sortir avec une pauvre égratignure. Et Val était incapable de faire « comme si ». Comme si rien ne s’était passé, comme si ce n’était qu’un accident, comme si ils pouvaient de nouveau être amis. La vérité était dure et amère. Et surtout très, très douloureuse pour le mafioso qui sentait poindre une envie de vomir à tout instant.

Et puis ce fut un nouveau face à face. Toujours aussi plein de haine que le mafioso ne pouvait contrôler. Car tout était fini, et qu’il ne manquait qu’une chose pour l’achever. Ce qui aurait pu être évité sans les paroles dures et crues, sans son poing dans son estomac. Mais maintenant c’était la seule et unique solution, car Valente ne se laissait jamais faire, Valente était droit et sérieux, il finissait toujours le boulot, et c’était ce qu’il comptait faire. Il sentait ses jambes flageoler, il sentait son ventre crier de douleur, il sentait la sueur couler sur sa tempe, dans son dos, il sentait à quel point il avait juste envie de fermer les yeux devant le spectacle de son ancien meilleur ami, il sentait à quel point il aurait voulu que tout ne soit qu’un cauchemar. Mais il ne pouvait pas, c’était la réalité, et dans cette réalité, Valente ne pouvait hésiter à finir ce qu’il avait commencé. On ne tuait pas un Genovese, pas plus qu’on le frappait avec cette haine et cette violence. Mais on ne tuait pas non plus un homme avec qui on avait tant partagé. Et automatiquement le choix se fit. Pour lui montrer cette douleur et ce goût de bile qui envahissait son palais, à côté de celui métallique du sang. Alors que tout son corps tremblait, le suppliant d’arrêter de lui demander tant d’effort, sa main, elle, ne tremblait pas. Jamais il ne tremblait avant de tirer. Tenant fermement la crosse de son arme à l’effigie du blason Genovese, il le regarda une dernière fois avant de tirer sans la moindre hésitation.

Et il n’en éprouva aucun remord. Voir Livio lutter pour ne pas hurler, pour ne pas montrer à quel point ça pouvait faire mal. Car oui, ça devait le faire souffrir plus que de raison, d’ailleurs beaucoup d’autres se seraient évanouis, fauchés par la douleur. Mais pas Livio, évidemment pas Livio. Val se reposait entièrement sur sa jambe valide et d’un geste précis, il rengaina son arme. Regardant son passé lutter contre la brûlure qui devait le rendre fou de souffrance, le regardant faire son possible pour ne pas le montrer. Valente, par délicatesse aurait pu détourner le regard mais il n’en fit rien. Il voulait graver en lui cette image de souffrance, reflet de la sienne. Cette image prouvant que cette dure construction qu’est la confiance pouvait être aussi facilement balayée qu’on appuyait sur une gâchette. Et malgré la force et la volonté de Livio, une balle de cette envergure ne pouvait le laisser debout bien longtemps et il le vit lentement s’effondrer contre le mur, le visage tordu par ce que Valente venait de lui infliger. Il ne se sentit pas en faute, ce n’était pas une balle mortelle, quoique si on ne faisait rien rapidement, ça pouvait vite le devenir, mais c’était le cadet des soucis de Val, car si Livio n’était pas capable de rester vivant après ça, c’était qu’il n’était vraiment pas digne du respect qu’il lui accordait jadis. Ce n’était pas une balle avec volonté de tuer, mais juste de faire mal, une balle vengeresse pour ce qu’il avait fait. Et ainsi il n’éprouvait aucune culpabilité.

Mais aucun plaisir non plus. Valente n’éprouvait du plaisir devant la souffrance que quand la personne l’avait véritablement mérité. Sinon il faisait son boulot de façon un peu nonchalante, ça l’évitait de faire des cauchemars et de ne penser qu’aux regards de suppliques qu’on lui lançait quand il commençait à faire ce qu’il devait faire. Et surtout, jamais malgré ce qu’il venait de faire, il n’aurait éprouvé du plaisir à le voir souffrir de la sorte. Sûrement un sentiment de satisfaction d’avoir fait ce qu’il croyait devoir faire. Mais jamais il n’aurait dansé autour de lui en lui criant que c’est bien fait pour lui en se gaussant de sa souffrance. Il n’avait pas vraiment la tête à ça. Sa douleur ne lui rappelait que trop bien la sienne et son regard accusateur lui renvoya la réalité de ses actes. Il ne détourna pas le regard, lui montrant qu’il pensait la même chose que lui. Il avait mit un point final à leur histoire et n’en était pas fier. Mais c’était ce qui devait être fait. Et alors que son cœur saignait autant que la cuisse de Livio, il entendit son dernier mot.

- Connard.

Son cœur se serra un peu alors qu’il détourna son regard et se baissa avec difficulté pour ramasser son chapeau et le remettre sur sa tête. Son genou menaçait de le lâcher à tout moment mais il était hors de question que Livio puisse voir ça, car il avait encore quelques petits trucs à faire avant de partir.

- Je n’en attendais pas moins de toi Liv.

Sûrement la dernière fois qu’il prononçait ce surnom. Et ça lui fit aussi mal que son estomac. Il se traina jusqu’à lui pour le surplomber de sa hauteur et le toisa d’un regard avant de lui cracher dessus un mélange de salive et de sang, parachevant le mépris qu’il avait désormais pour lui, terminant d’incendier les derniers morceaux brisés de leur amitié.

- Je ne te le pardonnerais jamais. Ne t’avise plus de remettre les pieds ici.

Non ne reviens plus jamais sur mon territoire Livio, je ne veux plus jamais te voir, ne revient jamais. Jamais. Passant un bras sur son estomac il avança tant bien que mal jusqu’au corps de son cousin, sentant les larmes lui monter aux yeux. Il l’attrapa sous les épaules pour le tirer avec le plus grand mal, des décharges de douleur le prenant au genou dès qu’il s’appuyait à peine dessus, il grimaça, des larmes de douleurs, de tristesse, de colère dévalant ses joues. Valente était bien content d’être trop loin pour que Livio puisse le voir. Il tira Alesio jusqu’à une ruelle adjacente à la rue et se permit enfin de se laisser choir à terre, adossé contre un mur, prêt à tourner de l’œil sous la douleur. Sauf qu’il ne comptait pas rester ici, on ne savait jamais sur qui on allait tomber maintenant que la nuit arrivait. Il tira bien vite son téléphone de sa poche, hésita quelques secondes sur l’identité de la personne à appeler et contacta son père. Il saurait faire quelque chose, il le savait. Il n’y avait plus qu’à espérer que le temps qu’il arrive, Livio soit déjà parti, ou alors qu’il ne remarque pas sa présence. Bref, il ne comptait pas lui dire la vérité. Car c’était sa vérité et si jamais il devait y avoir des représailles, c’était lui qui s’en chargerait. Pour la première fois de sa vie il mentit à son père sur une mission. Sans le moindre remord. Livio n’avait toujours été qu’à lui et le serait jusqu’à la fin.

Après que Daniele lui ait dit qu’il arrivait au plus vite avec de quoi le soigner en attendant l’hôpital, il put enfin se détendre un peu plus. Laissant l’adrénaline retomber, réveillant de plus belle sa douleur à la jambe. Il tapota ses poches, n’y trouva toujours aucune cigarette, faillit se mettre de nouveau à pleurer et pressa ses yeux de ses mains. Bordel, pourquoi avait-il fallu que ça dégénère comme ça ? Il restait là, la respiration saccadée en tentant de garder connaissance, la main froide de son cousin dans la sienne. Il eut un petit rire de désespoir. Décidément, ce boulot n’apportait vraiment que des emmerdes…

'Cause we're all to blame
We've gone too far,
From pride to shame,
We're trying so hard,
We're dying in vain,
We want it all,
Everyone, don't we all?
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Livio Gianelli

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MessageSujet: Re: He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV]   He shot me down bang bang I hit the ground bang bang. [PV] I_icon_minitimeJeu 6 Oct - 13:39

L’envie de fuir. Prégnante, immense, qui le submergeait totalement. Le désir, le besoin de s’en aller rapidement, de prendre ses jambes à son cou et de disparaitre de cette scène surréaliste, que le jeune homme avait encore bien du mal à intégrer. Que se serait-il passé s’il avait soudainement choisi de rebrousser chemin, ou même de courir après Tessa dans une poursuite qu’il savait impossible ? Rien, il ne se serait rien passé. Peut-être oui qu’il serait de mauvaise humeur en ce moment même, mais au moins il n’aurait pas eu l’impression qu’on lui ait arraché son cœur avec les dents avant d’enfoncer une aiguille de fer rouge dans la cuisse pour creuser, encore et encore, ses chairs et sa peau. Il serait même sans doute hors de lui d’avoir échoué, et sa mauvaise humeur le rendrait irritable, renfermé et peu bavard. Oui, mais il aurait eu Valente à ses côtés, en train de lui proposer un verre et de le rabrouer gentiment quand il semblerait trop descendu dans la déception et le dégoût de lui-même. Pas de mots doux, sans doute même pas de mensonge facile pour le réconforter d’une manière temporaire puisque fausse. Il le ferait admettre ses erreurs mais tenterait de le laisser comprendre que ce n’était pas aussi catastrophique qu’il le pressentait. Du fond de son esprit embrumé, cette idée lui réchauffait un peu ce que Val avait bien voulu lui laisser comme cœur, à savoir pas grand-chose. Il avait comme l’impression que c’était ses émotions qui fuyaient en ce moment même, se disloquant et se répandant dans le néant comme le sang sur la chaussée coulait de ses blessures. Tout aurait été tellement parfait, tellement naturel. L’ombre de la mort ne se serait jamais approchée d’eux, et leur amitié que Livio croyait indéfectible aurait survécu. Comme elle survivait à tout, s’était-il naïvement dit quelques instants plus tôt.

A présent la douleur lui rappelait à chaque instant qu’il avait été stupide. Récupérant peu à peu sa conscience, il ne voyait même plus son ancien ami et se concentrait sur les afflux de sensations, pour tenter de les contrôler. On ne craint que ce qui nous échappe, ce que l’on ne comprend pas et nous domine alors. Mais même après le coup, même après quelques instants, elle était toujours là. Et pour un certain temps, il en avait bien conscience. Amie fidèle et compagne attitrée, doux ressenti dont on ne peut plus se défaire après y avoir goûté. Poison mortel, venin sirupeux. Certains la cherchent, d’autres la fuient, Livio pensait la connaitre. Mais qu’il est naïf d’oser imaginer cette alternative, pourtant sécurisante et rassurante. Il ne la connaissait qu’en une certaine condition, que quand son esprit, forgé par des années d’entrainement, se permettait de faire barrière. Tel un ours ou un morceau de granit, il était tout à fait capable d’attaquer et de mordre à demi-mort si on le lui demandait. Jusqu’au bout, jusqu’à ce que tout s’arrête. Et cette balle n’étant pas mortelle, il aurait d’avantage dû se relever et répliquer. Mais son bel esprit, son mental aiguisé et alerte était piétiné, réduit en cendres par celui qui avait ensuite été l’auteur de cette balle. La volonté de résister n’était plus, comme la raison qui analysait la douleur ou l’abstraction qui permettait de la surmonter, à chaque nouvelle vague, à chaque lancée de feu qui courait dans les veines de son corps meurtri. Il ne restait plus qu’une chose.

L’envie de frapper. Presque assez forte pour le faire se relever, presque suffisante pour le ranimer subitement et lui donner l’impulsion de repartir, malgré la peine, malgré les blessures, malgré tout ce qui ne se voyait pas et qu’il savait que Val ressentait aussi. Car il se doutait bien que son ancien ami ne pouvait pas vivre cette épreuve sans en ressentir de la peine de le perdre. Livio n’était pas souvent optimiste ni même confiant en lui, mais ça il le savait. Leur amitié était la seule chose qu’il comprenait vraiment et en laquelle il avait cru. Alors lui aussi avait mal, le militaire le savait. Et ne comprenait alors pas pourquoi, comment ils en étaient arrivés jusqu’à ce point précis. Si tous les deux regrettaient de se perdre ne pouvait-il pas y avoir une once d’espoir ? La réponse de son âme était claire, et criait sans conteste un « non » qui peu de temps auparavant était un « oui ». Malgré leurs sentiments respectifs, on ne pouvait effacer la haine, la rancune et la peur de passer outre. La trahison, menace suprême qui passe même au-delà de la volonté de rester ensemble. Alors oui, Livio avait envie de frapper son ancien camarade. De le rouer de coups, même, jusqu’à ce qu’il s’effondre à terre pour continuer. Lui briser quelques côtes en plus de la rotule, et pourquoi pas le nez ou la mâchoire. Il se voyait déjà comme fou s’acharnant sur un corps qui demandait grâce, ce qu’il ne faisait jamais. Livio tapait avec précision et force, mais jamais pour abimer à ce point ou alors les exceptions étaient rarissimes. Personne ne méritait ça, du moins personne qui rentrait dans sa simple haine contre tout ce qui touchait au Pacte.

Mais il ne pouvait que rester là, étalé dans son propre sang, regardant d’en bas un Valente qui n’avait pour lui plus aucun sens. Regarder son visage, c’était comme avoir la promesse de mourir, c’était comme savoir que la famille Genovese lui en voudrait. Sans doute la lancerait-il à sa poursuite quand il parviendrait à rentrer. Car Livio voyait bien la difficulté qu’il avait à se tenir encore debout devant lui, et l’effort indescriptible que cela lui demandait. Il le vit quand il le fixa de nouveau, déterminé à affronter l’expression de celui qui venait de le réduire à un moins que rien et qui pouvait, d’un geste, mettre fin à son existence. Ce qu’il aurait presque préféré plutôt que de devoir supporter sa vision, cet affrontement qu’il n’avait pas prévu, cette douleur trop immense pour être décrite ou même nommée. Avait-il conscience de ce qu’il avait fait ? Oui, sans doute, Val n’était pas idiot. Et Livio pouvait s’estimer heureux d’être encore en vie, il le savait. Sauf qu’en lui enlevant son meilleur ami, le jeune homme n’avait plus aucune raison de rester là, à respirer dans cette ville pourrie. Sa famille ? Certes, mais sans lui ils se remettraient vite. S’ils lui étaient indispensables, Livio savait que le silence de la mort sur le champ de bataille était tout autant attirant. Au moins, il n’aurait plus mal. Au moins, il n’aurait pas vu l’ultime adieu de Val, dans une sortie de scène des plus insupportables.

Il remit en place son si précieux chapeau, disparaissant un instant au regard de Livio, tandis qu’il souffrait le martyre avec sa jambe sans pour autant le montrer. Ce chapeau, le militaire avant dans l’instant la furieuse idée de le réduire en cendres, de le jeter sur le brasier de leur amitié en trophée de guerre. Puis il lui parla, prononça le surnom qu’il était le seul à utiliser. Même Lucia ne l’appelait jamais comme ça, préférant comme Carmen « Livi », plus affectif, plus maternant. Et là, un nouveau monde s’écroula. Alors qu’il pensait que Valente avait fait tout son possible pour l’atteindre au-delà de ce qu’il pensait accessible, il venait d’ouvrir une nouvelle porte à la dérobée, de laisser libre court à une dimension de lui qu’il n’avait jamais jusque là côtoyée.

L’envie de pleurer. Soudaine, inattendue, presque insurmontable. Surprenante, pour lui qui n’avait jamais versé de larmes depuis ses 16 ans, quand sa mère lui avait dit au revoir d’un ton tremblotant. Dans le bus qui l’amenait jusqu’à la caserne, il avait laissé échapper les derniers témoins de sa faiblesse au gout salé. Et ils revenaient à présent, affluant dans sa gorge et restant pour l’instant à distance raisonnable de ses yeux. Livio serrait les mâchoires pour les retenir, traîtres des plus inopinés. La tristesse était l’étape suivant la haine, et pour la contrer il revoyait en boucle l’air de Valente quand il tirait sur lui. Tentant de se souvenir de cette image qui, il le savait, créerait des cauchemars agitant ses nuits. Cela marchait somme toute assez moyennement et il se sentait sur le point de céder lorsque, étonnant, son ennemi à présent juré l’y aida. Il se planta devant lui, et au regard de mépris qu’il lui lança, Livio y opposa un air décidé de celui qui ne dira plus rien, et criera encore moins. De celui qui, insensible, en avait terminé d’un seul mot. De celui qui se fait cracher dessus sans broncher tant tout parait inutile et terminé, tant tout semble dit et simple à présent. Mais c’est cette dernière attitude provocante et remplie de dégoût qui lui fit revenir la colère aux joues, chassant les larmes d’un endroit qu’elles n’avaient visité depuis longtemps. Il le savait, c’était temporaire mais tant qu’elles ne revenaient pas en présence de cet homme, tout irait presque bien.

- Je ne te le pardonnerais jamais. Ne t’avise plus de remettre les pieds ici.

Livio ne lui répondit pas qu’il était hors de question qu’il lui pardonne, à son tour. Car il l’avait déjà dit, car c’était évident. Sa dernière phrase, pourtant, le fit tiquer. Il se voyait bien refuser toutes les missions qui pourraient hypothétiquement le conduire ici ... Valente se mettait le doigt dans l’œil bien profond, là. De la lointaine folie crée de la douleur, cette idée d’un Mirko interloqué devant son refus catégorique le fit sourire, alors que son ancien compagnon s’éloignait et récupérait le fruit de son œuvre mortelle. Et c’est souriant qu’il resta immobile quelques minutes avant d’être sûr que Valente avait disparu de son champ de vision qui commençait à se brouiller. Il sentait sa conscience s’échapper, aussi se dépêcha-t-il, autant que possible et d’une logique incertaine, de récupérer son téléphone portable. Quelle bonne idée il avait eu de ne pas contredire Luca et de le garder avec lui en mission malgré son irritable inutilité. Finalement ... Livio dut composer deux fois le numéro avant de tomber au bon endroit et d’entendre une voix fluette et enjouée décrocher.

- Luca. Tu vas servir à quelque chose, finalement ... Prends de quoi noter et ... grimaça-t-il en essayant de bouger sa jambe pour la positionner de manière à ce qu’elle perde moins de sang et viens me chercher à cette adresse. Oui, je suis blessé. Non, je vais bien.

Puis il raccrocha, presque rassuré d’entendre la voix paniquée de son sous lieutenant. Au moins quelqu’un allait prendre le relais de la panique et de l’incompréhension. Lui, il décrochait. Sortant le paquet de cigarettes qu’il avait un peu plus tôt agité devant les yeux admirateurs et suppliants d’un ami, Livio en sortit une. Il fumait rarement, mais si c’était en de grandes occasions alors il n’en voyait pas de meilleure que celle-ci. De toute façon, c’est pas comme si Valente allait en avoir besoin avant un moment. D’ailleurs, comment ferait-il lorsque ...

Et sa conscience raccrocha, fuyant la réalité, frappant le destin de sa haine et pleurant une amitié perdue.

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