Ultima Alluvione
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 Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G]

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Aya Murazaki [Sky]

Aya Murazaki [Sky]

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Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] Vide
MessageSujet: Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G]   Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] I_icon_minitimeSam 1 Oct - 20:30

Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] 13367489 & Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] 34072914-2d584eb

Je t'appartiens
Mon cœur capturé
Dans les myriades de ton regard saturé
Malgré moi, mon être est tien.



    Un souffle léger sur ma nuque, de la douceur d'un rêve, de la chaleur d'un être si proche de moi ... les battements réguliers de son cœur dans l'obscurité. Une chaleur devenue familière dans cette noirceur que je connaissais pourtant si bien, un corps contre lequel il m'arrivait de me blottir le matin, inconsciemment. Mon corps réagissait de lui-même, le signe d'un désir enfoui sous une montagne de raison, de gêne et regards noirs. Mouvements d'un être qui se réfugie le temps d'un sommeil dans le giron de son écho, de son miroir un peu étrange, et pourtant pas similaire. On ne se ressemblait pas et pourtant … J'aurais voulu rester des mois, des années, des millénaires dans ses bras. A la frontière de son être. Oublier l'horreur des lendemains, d'un nouveau jour sanglant qui se lève pour se nourrir de son sourire en secret, nouer mes doigts entre les siens, se jouer des sensations sur la paume de sa main alors que Leo était encore plongé dans les doux bras de Morphée. Oser espérer. Rêver. D'un "nous deux" éphémère ...
    Le souhait égoïste d'une lame noire d'encre...

    Un vœu muet que j'avais encore beaucoup de mal à accepter... Cet attachement que je savais ancré au plus profond de mon âme pour le dormeur bien heureux, qui me soufflait des promesses de douceur sans le savoir, un rire au coin des lèvres.
    Un fait irréfutable. Le rougissement violent de mes joues à ses remarques, cette attraction étrange de mon ombre sur la sienne, les coups qui se faisaient moins forts quand ses lèvres capturaient les miennes dans un effleurement taquin et tout ces regards furieux qui cachaient tant de choses ... Je cédais, j'avais déjà céder à vrai dire. A lui, à mes propres sentiments, brulant mon cœur.
    Une part de moi s'était abandonnée au lagon de son regard, lui appartenait de son plein gré. Souvenir d'un baiser de sang couleur passion.

    Et contrairement à ce que l'on aurait pu penser, ces pensées m’effrayaient plus qu'autre chose. J'avais peur. Plus encore qu'avant, de le perdre, de ne pas savoir réagir, de le blesser d'un regard de Cerbère. De devoir le mordre plus fort pour l'écarter ... j'aurais aimé pouvoir rester dans ce petit cocon qu'il m'offrait d'un sourire. Rester à le découvrir, effeuiller mon regard sur lui et lever le voile de ma gêne, un peu. Mais je n'en avais pas le droit. Mon existence se trainait des chaînes bien difficiles à rompre dans son ombre et plus que tout, je ferais tout pour que Leo ne soit pas happer par ce monde de ténèbres.
    Les vicieuses aux bruits de métal s'étaient rappelées à moi par un coup de fil un peu plus tôt dans la soirée. Heureusement que je m'étais racheté un portable, recevoir les coups de fils de commanditaires ou d'autres personnes sur celui de Leo aurait signé la fin de mon anonymat et surtout de leur tranquillité de vie. Et c'était surtout cela qui m'importait ... June et Leo.
    Ils ne devaient en aucun cas, et sous aucun prétexte devenir les victimes du chemin sanglant de ma vie, de mon choix. Cela, même si cela voulait dire se détacher de lui ...
    Des yeux grands ouverts sur l'obscurité de la chambre luisaient de tristesse contenue à cette éventualité, à la fois rageuse envers moi-même. Voilà ce qui arrivait quand on tombait dans les filets des sentiments, de l'attachement ...Une « faiblesse » qui pouvait s’avérer fatale pour son entourage.
    Mais pourtant, je ne voulais pas. Je ne voulais pas … Nécessité pourpre.
    Il fallait que je m’éloigne physiquement d’eux, de lui ; qu’on ne puisse faire le lien entre les Accettura et moi au cas où quelque chose tournerait mal. Pour les avoir côtoyer depuis très jeune, je connaissais assez bien les méthodes des Mafias, et ils ne feraient certainement pas de scrupules avec un assassin comme moi.
    Rester dans le souffle de sa vie, mais le préserver d’un hoquet de la mienne. Pour les protéger, pour leur sécurité…
    J’en avais parlé quelques jours avant avec Sky. Il m’avait regardé étrangement avant de s’allumer son éternelle clope qu’il jetait à moitié fumée et m’avait sourit d’un air gouailleur.
    « Alors tu te décides à rentrer à la maison, Fillette ? »
    Qu’en pensait-il réellement ? Ses prunelles dansantes de flammes ne me révélaient pas.
    Un coup de poing sur le crâne plus tard, j’avais hoché la tête en silence, repartant me fondre dans une obscurité sanglante, signe d’acier d’un contrat repris. Les blessures que j’avais reçues lors de l’attentat, mes commanditaires, les Fidanzati surtout, s’en moquaient totalement, le travail devait être fait. Elles guériraient sur le tas. C’était tout.
    All over.

    J’avais caché cette reprise d’activité au travers de sourires rassurants et d’un comportement habituel alors que l’idée de déménager se creusait dans mon esprit. Je soupirai légèrement, passant le bout de mes doigts sur l’épaule de Leo sans le toucher. Je n’arriverais jamais à prendre cette fichue décision si j’attendais encore …
    Respirer son odeur, sa douceur, y céder en pensées et ne plus y penser, l’espace d’un instant. Le temps que l’horloge du temps tourne un quart à gauche de son mécanisme en or.

    J’avais rendez-vous avec Fabio ce matin là, simple livraison de caissons pour refaire les stocks du Magenta en prévision des soirées étudiantes qui pointaient leur nez de plus en plus, réservations entourées, raturées de feutre noir. Leo était au courant, mais je pris la peine de rédiger un petit mot sur son bureau avant de descendre et fermer la porte sur ma silhouette. A jamais.
    Culpabilité ? Un peu, même si je soupçonnais la scène de se réaliser déjà depuis un moment … Inévitable.
    Je n’avais pas croisé June, et heureusement, c’était mieux ainsi. Elle aurait été capable de me séquestrer dans sa cave en hurlant pour que Leo se réveille… Effrayante parfois.
    Alors que j’avais pris l’habitude de le laisser dans l’ombre de l’armoire de Leo, pas besoin de la lame d’Onyx pour ce que j’avais à faire, le sabre d’ombre avait retrouvé sa place dans mon dos. Signe d’un infime changement. Le reste des affaires, ce n’était pas bien grave, j’en retrouverais ailleurs même si je n’étais moi-même pas très sure de la manière dont j’allais faire tout ça.
    Secouant la tête comme pour en chasser des pensées parasites, je pris le chemin routinier jusqu’au Magenta, lieu ambiguë de mon existence, entre lumières et ténèbres.
    L’Entre-deux. Fabio me jeta un drôle de regard, avant de me dire de faire attention avec un vague sourire. Il faudrait un jour qu’il m’explique ce qu’il savait réellement ou ce qu’il ne faisait que frôler du regard … Mais après tout, son bar le représentait à merveille…

    Au lieu de retourner sur mes pas pour retrouver la fraicheur de la maison de Leo, en attendant mon service, je suivis un tout autre chemin, d’abord hésitante puis déterminée. J’avais chassé la tristesse et le doute, me plongeant dans un état d’esprit proche de celui du meurtrier résolu. Et résolue, je l’étais, à trouver un nouvel appartement…
    J’avais d’abord pensé à retourner dans le mien, Via 194. Mais Sky m’en avait dissuadé vivement… Depuis le petit barbecue party des agents du GDP, il lui semblait que l’appartement avait été fouillé quand il était revenu chercher quelques affaires. Hors de questions d’aller directement dans la gueule du loup aussi naïvement.
    Et plutôt que de regarder les agences, je préférai frapper à quelques portes souterraines, récolter quelques adresses suivies de regards interrogatifs. Personne ou presque ne se doutait de là où j’habitais depuis bientôt plus d’un mois, mais il était normal de changer de logement assez fréquemment dans le milieu, si bien que les ombres sous les chapeaux et les bonnets ne posèrent pas de questions, se contentant d’encaisser vite fait les fines liasses de billets. Il ne fallait pas croire que l’on n’obtenait que ce genre de services dans les quartiers obscurs de Milan si l’on savait où chercher. Pas d’adresses directes, juste des contacts. Oh ! J’aurais pu demander à Valente et à sa famille de me rendre ce petit service, mais cela faisait un moment qu’il faisait le mort.
    Inutile de prendre le risque d’agacer un mafieux … Et je me débrouillerai bien toute seule.
    Ca serait certainement miteux, sale et mal éclairé, mais discret et c’est tout ce que je cherchais. J’aurais surement des problèmes l’eau, des coupures d’électricité et obligée de piquer la connexion Internet des voisins mais ce ne serait qu’un temps… pour un autre appartement, plus tard.
    J’avais l’habitude, et Sky ne bronchait pas tant qu’il y avait une supérette au coin de la rue, cet ivrogne ayant un poil dans la main. J’y arriverais, quoi qu’il m’en coute…

    Et c’est cette pensée que je me forçais à garder à l’esprit, remontant la rue, rejetant les effluves d’un parfum, d’une odeur, d’un sourire au réveil… Léger pincement au cœur vite ignoré.
    Mais il faut croire que le Destin aime, que dis-je, prend un malin plaisir à contrarier mes décisions, mes plans. Brusquement la lumière disparut, une ombre plus grande que la mienne emplissant l’espace, je reculai d’un bond alors qu’elle était déjà à la limite de mon être.
    Je me retournai violemment, prête à déchirer quiconque essaierait ne serait-ce que de me toucher mais alors qu’une lame d’argent était toute prête à jaillir de ma paume, la silhouette me sembla douloureusement familière.

    « - Leo ? »

    Je fronçai légèrement les sourcils devant sa précipitation suspecte… J’évitai de plonger totalement mes prunelles dans les siennes, peur de voir ma résolution vaciller. Le ton de ma voix n’était pas agressif, juste prudent. ...Pourquoi ?

    « - Qu’est-ce que tu fiches ici ? »

    Se bouger les oreilles et ne plus entendre ce murmure tendre … ‘don’t go away’


Spoiler:
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Leo Accettura

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Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] Vide
MessageSujet: Re: Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G]   Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] I_icon_minitimeDim 2 Oct - 20:24

« Cacher tes yeux sous la paumes de mes mains. Ne plus observer ta silhouette fuyant. Respirer. Expirer. L’odeur de ton sourire, la douceur de ton corps. Te cale en mon sein. Te garder. T’aimer. »
Limitless.

La vie avait toujours été ainsi pour le jeune lion assoupi. S’approcher alors que le jour pointait timidement son nez et s’installer dans le lit en faisant le moins de bruit possible. Balader sa main jusqu’à la taille de la nippone, pour finir par se coller à elle. Pas de trop, sinon elle le frappait dans son sommeil. Mais juste assez. Assez pour sentir la chaleur de son corps, les battements de son cœur dans la paume de sa main. Planter le bout de son nez non loin de ses cheveux et s’endormir, le parfum de menthe comme berceuse.

Pour lui, c’était une finalité inscrite. Une qui se devait d’exister. Jusqu’à la fin. Se réveiller quelques heures plus tard, en cherchant une présence absente, sentir la froideur des draps, pousser un grognement mécontent, tourner sur soi-même, partager une dernière danse avec Morphée. Ou alors, quitter son sommeil l’ellipse de plusieurs minutes discrètes, qui se distinguaient difficilement des rêves. Sentir une main qui capturait la sienne, une peau fraiche collée à la sienne, remarque qu’Aya avait fini par se rapprocher d’elle-même, pour se lover près de Leo. Lui offrir un baiser, un second. De nombreux derniers pour la route. Et choir, dans une rêverie plus profonde encore.

Horizon aimait ce genre de sommeil, où les balades dans le monde des songes se faisaient à deux. Ou quand le sable pour s’endormir venait à manquer, il se retrouvait face à un individu ensommeillé, qui gardait un siège dans le monde du Roi de la Nuit, pour lui. Où il remontait le drap qui finissait par glisser. Où il enroulait son bras sous les cotes d’Aya, ceinture d’un Cerbère assoupi. Où il fermait les yeux, un mince sourire sur le corps, sur l’esprit, sur le cœur.

Sous les yeux verts d’un Stella, on ombre se profile, se faufile, s’échappe. Il ne sait pas quoi faire. Il n’y pense pas. Il se rendort, comme son contractant sur la terre. Et le temps passa. Le temps s’écoule, glisse. Sous les yeux verts d’un Stella, se trouve un mot qu’il ne veut pas lire. Les émotions sont plus fortes que lui. Il a du mal à faire la différence. Entre ce qu’il doit ressentir et ce qu’il ressent. Soit. Sous les yeux verts d’un Stella, le monde se joue. Alors il agit.
Mais l’Inéluctable de la Fatalité finit toujours par rattraper ceux qui dorment de trop. Ceux qui fuient la réalité une poignée de secondes volées. Aujourd’hui, c’est votre tour. Que feras-tu, Leo ? Ici, le monde se présentait sous une voix qui appelait Leo, l’extirpant de son repos, de cette illusion d’un enfant lisant des comics à n’en plus finir. Une voix qu’il crut d’abord appartenir à Aya. En soi, il était encore dans un rêve. Et l’appel devint plus rauque. Plus inquiet. Plus impérieux. Leo souleva tant bien que mal sa tête de l’oreille, ses doigts découvrant par réflexes un coin de lit abandonné, depuis assez bien de temps, vraisemblablement. Il voulut se retourner, se cacher sous la couette en lâchant un râle à son chien qui aboyait plus que de raison. Maudis Stella. Ray n’était pas le genre d’animal à réveiller son maitre pour une envie pressante, ni pour un manque de croquette. Le brun le savait. Cependant, le manque de neurones –ces derniers s’étant éparpillés sous le matelas, jouant entre eux à saute-mouton et à un-deux-trois-soleil- l’obligea de répéter le prénom du pactisant à plusieurs reprises.

Et enfin, il daigna se redresser, les mèches installées un peu n’importe comment, les yeux encore fermés, les traces de plis sur sa joue. Il s’étira, baillant à grande bouche, avant de poser un premier pied sur le sol. A peine eut-il fait ce mouvement que déjà le Stella à quatre-pattes sautait sur lui, préoccupé, il jappa une dernière fois, ce qui finit par réveiller totalement –ou presque, il y a encore des neurones qui séchaient le rassemblement d’idées. Leo l’observa, aurait voulu lui demander d’une voix pâteuse ce qu’il se passait. Ray le prit de court, enfonçant ses griffes dans les jambes de son maitre.

« C’est Aya. Dépêche-toi ! »

Comme la formule magique pour ouvrir la grotte des quarante voleurs, le prénom du Cerbère suffit à ce que Leo se lève brusque, faisant tomber son camarade de toujours, se dirigeant du mieux qu’il le put jusqu’à sa garde-robe. Le choix des vêtements furent simple, bien qu’il prît par mégarde deux slips, l’attention soudainement détournée par un objet manquant. Pas n’importe lequel. Les crocs du chien des enfers étaient absents. Chose bien qu’étrange en vue de la position du soleil dans le ciel. Le sabre noir avait disparu. Gentil Stella. Vivement, il s’habilla, se cognant contre le bord du bureau, où le border collie en profita pour indiquer un morceau de papier poser de manière délicate sur le bord du meuble.

« Leo, je pars.
J’ai rendez-vous avec Fabio ce matin.

Merci pour tout.
Ton rire va me manquer. »
L’équilibre lui manqua. C’était une mauvaise idée de mettre ses chaussures en lisant ce message. S’étalant de tout son long, il réussit à enfiler cette foutue godasse. Il s’empara de la note qui lui avait échappée, la serrant, la pliant sous ses doigts qui commencèrent à trembler sous l’inquiétude. Il ramasse ses derniers effets – téléphone, les clés qu’Aya avait laissé- et claqua la porte de sa chambre.

Descendant quatre par quatre les marches, il passa à toute vitesse le couloir, ne voyant qu’à peine sa mère qui le regarda de ses yeux verts partir à toute allure. Elle poussa un soupir, échappant un « Mon dieu, mais c’est à son tour de faire à manger. Je veux mon riz sauté. » Parfois la lucidité des Accettura était contagieuse. June s’en voulu un moment de ne pas avoir prêté plus attention aux bruits de pas ce matin, alors qu’elle était dans la salle de bain. Enfin, en voyant Ray suivre à la trace son maitre, la langue pendant dans le vide, elle s’imagina que tout allait bien se passer, forcément. Il s’agissait d’Aya et de Leo. Ca ne pouvait que bien se passer.

Et c’était un souffle troublé qui s’échappait de ses lèvres ouvertes, alors qu’il arrivait dans le centre de Milan. Ses côtes lui faisaient mal, encore blessées de l’explosion de la galerie commerçant datant de quelques jours. Une grimace lui marqua le visage quand il décida d’accélérer le pas, son Stella le devançant aisément. Il utilisait son flair. Lui, Leo, utilisait son sixième sens de chevalier du Zodiaque, de guerrier Sayen, de pactisant de la Lune. De cette sensation lui chauffant le ventre, autre que par l’effort physique qu’il produisait. De cette intime impression, de savoir où aller. De savoir où se diriger. Fil ténu le reliant à Aya. D’une démangeaison dans la chair de sa chair, alors que des murmures naissaient dans le coin de sa tête. « A gauche, non, l’autre gauche. Continue. Plus vite ! Elle s’éloigne. » Et le monde creuse cette distance que tu ne peux rattraper.

Cours. Cours. Cours Leo. COURS. Cours. Plus vite. Plus longtemps. Plus loin. Plus rapidement. Encore. Encore. Est-ce tout ce dont tu es capable pour elle ? Tu ne peux même pas la retrouver dans le labyrinthe de ta vie ? Tu ne sais pas où la trouver ? Tu n’abandonnes pas j’espère ?

Non. Il n’abandonnerait pas. Leo courra. Autant qu’il le faudra. Jusqu’à ce que ses jambes ne puissent plus le porter. Alors il continuera. Jusqu’à ce que son corps ne puisse plus le supporter. Alors il continuera. Jusqu’à ce que sa vie ne puisse plus l’accepter. Alors il continuera. Course constante de son existence. Avec Aya, ce n’était que ça. Il avait couru pour la sauver la première fois des griffes du malheur et du GDP. Il avait couru pour l’empêcher de se venger de la mort d’Hanako. Il avait couru pour la retrouver dans les débris de l’explosion. Et il courait encore après elle. Pour ne pas qu’elle disparaisse, s’évaporant dans la nature comme elle savait le faire. Disparaitre comme si elle n’avait été qu’un conte de fée qui se termine une fois le livre fermé. Qui meurt comme la vie d’un papillon n’est destiné qu’à un jour. Qui meurt comme le soleil tombe derrière l’horizon. Qui meurt comme une étoile qui s’éteint. Qui meurt comme une porte qui se referme, comme cette porte qu’elle avait fermé ce matin, sans qu’il ne se rende compte de rien.

Course perpétuelle de sa vie. Un pas. Deux pas. Trois. Quatre. Cinq. Dix. Vingt. Cent. Deux-cent. Mille. Un Million. Un Milliard. Il ne savait pas. Ne comptait pas. Où juste les tambours de ses muscles lui rappelaient de manière sporadique la souffrance de son corps. Où le grincement de ses genoux sous son poids lui rappelait les efforts des dernières semaines. Où, à chaque centimètre où il se rapprochait un peu plus d’elle, il ne cessait d’avoir cette impression qu’elle lui échappait. Irrémédiablement. Comme une ligne déjà écrite des centaines d’années en arrière. Il avala une goulée d’air qui lui brûla les lèvres, la gorge, les poumons, le corps. Leo ne se laisserait pas faire.

Pourtant il le savait. Leo savait qu’elle finirait par partir. D’une manière ou d’une autre. Mais sous le long fleuve tranquille des jours écoulés, il avait tut cette possibilité, la cachant sous des baisés volés, pour finir par l’oublier. Pourtant il savait. Il savait. Il savait. Il savait. Il savait. Il savait, à en perdre la raison à chercher une solution. Il savait. Il savait à ne plus savoir quoi faire pour qu’elle reste avec lui. Il savait, à vivre ce feu d’anxiété qui cuisait les limites de son esprit. Il savait. Qu’un jour, elle s’évaporait, fin de l’illusion d’une existence heureuse dans son histoire. Il savait. Il savait. Leo dérapa, se rattrapant à un passant, qu’il n’observa pas.

Il savait. Est-ce que ça voulait dire que tout était fini, de manière irrévocable, parce que une stupide voix-off qui se prenait pour le dieu omnipotent du monde l’avait décidé ainsi ? Ses dents se serrèrent à cette pensée, ainsi qu’à la crampe lui prenant à sa hanche. Il savait. Mais Leo ne pouvait s’empêcher de la poursuivre. De combler la distance, d’augmenter la force de cette intuition, qui se faisait de plus en plus pressante dans sa tête, lui indiquant qu’il se rapprochait. De son corps. Et d’elle ? Question fatale. Est-ce qu’Aya voudrait rester avec lui, encore ? Elle était déjà partie une fois, avait failli le faire tellement plus. Et maintenant qu’elle avait foulé le seuil de sa maison sans se retourner, est-ce que son cœur serait assez puissant pour vaincre les montagnes de sa stupide raison ? Il grimaça à nouveau. Qu’importe. Lui, sa raison, il l’écoutait. En même temps que son cœur. En même temps que son esprit. En même temps que son âme. En même temps que son corps.

Leo n’était dirigé que vers elle, le reste n’existant plus. L’extérieur de leur relation n’ayant qu’une saveur insipide à ses yeux, couleurs ternes dans l’empressement de ses actes. Il n’était plus qu’un flot de sensations, toutes plus déchirantes les unes que les autres, écartelant les limites de son monde, pour le déchirer en de délicieux dilemmes que Leo tentait de réprimer, en vain. Aya. Elle était la course de sa vie. Il ne faisait que ça, la poursuivre à en perdre le souffle, à ne plus savoir comment respirer, à oublier la limite de son cœur, à ne plus s’inquiéter des autres, de lui. Il n’y avait qu’un vecteur. Qu’une donnée. Qu’une équation. Qu’une solution. Ce regard noir qui se posait sur lui. Ce regard noir pour qui il aurait fait n’importe quoi, ou presque. Car il savait. Elle lui demanderait de rester là, tandis qu’elle s’éloignerait. Mais Leo ne pouvait pas. C’était viscéral. Il ne pourrait pas.

Les résolutions qu’il avait prises cette fameuse nuit trop sombre pour nos deux amants –bon, ils y étaient presque, l’auteur garde espoir que ça arrive un jour- volèrent en éclat. Non. Il ne pourrait pas la lâcher, la laisser partir tranquillement en attendant sa destruction. Non, il ne pouvait pas la regarder s’échapper de son affection, effrayée de ce qu’elle vivait. Non, il ne pouvait pas la laisser partir, pour une raison quelconque, à cause d’une stupide dispute proférée entre trop de sang, tellement de blessures qui s’étaient créés ce soir-là, remettant en question de manière désuète tout ce qu’ils avaient construit.

Pourtant, Leo était forcé de reconnaitre que la pierre angulaire de leur relation faisait défaut. La confiance. Croire. Crois en moi. Je crois en toi. Cette confiance qu’Aya n’avait pas en elle-même. Cette confiance qu’elle n’avait pas en Leo. Cette peur. Du eux. Et Leo courait. Courait après ces notions éthérées, qu’ils arrivaient à peine à combler pour eux. Alors, pour les autres ? Tant pis. Il accéléra le pas, dépassant son cabot. La douleur lui saturait les sens. La chaleur lui brulait la notion du temps. Il s’en moquait. Il ferait tout pour elle. Qu’importe le prix. Qu’importe le sacrifice. Leo continuerait de courir. Pour arriver jusqu’à elle. Pour qu’elle le fuît encore une fois.

Avait-elle toujours une longueur d’avance ? Ne s’arrêtait-elle jamais ? Avait-elle si peur de se laisser approcher, s’approchant ainsi de son ombre affamée ? Leo ferma trois secondes les yeux, chassant les réflexions de son esprit qui ne servaient à rien, à l’exception d’augmenter le stress se jouant du sang qui lui parcourait les veines. Alors il passa en mode automatique, se répétant qu’il savait. Mais qu’il ne laisserait pas les choses se dérouler ainsi. Il ne pouvait pas. Ne le voulait pas. Leitmotiv de son cœur, de sa réalité.

Aya. Aya. Ne me laisse pas. Aya. Je le savais. Mais. Aya. Ah. Merde. Mes côtes. Aya. Continue de courir. Ne t’arrête pas. Cours. Cours. Cours. Vas-y. Tu peux le faire. Fais-le. FAIS-LE. Cours. Reprends ton souffle. Tu le savais. Ça ne se passera pas comme ça. Cours. Je l’en empêcherai. Je ne peux pas. Aya. Cours. Ne me laisse pas. T’es où ? Tourne. Non, ne tombe pas. Attention au mur. Aya. Ah. Respire mon gars, t’es pas un poisson. Cours. Cours. Encore. Saute, attention à la plaque d’égout. Aya. Ne pars pas. S’il-te-plait. Cours. Tu le savais. Tu le sais encore. Ah. Merde. Je vais avoir des ulcères par ta faute. Aya. Cours. Cours. Fais-le Leo. Trouve-là… Trouve-là !

Trouvée.

Il s’arrêta, alors qu’il observait une silhouette s’éloigner de lui, marchant calmement. Et le coup de l’effort le rattrapa habillement, sentant la douleur lui vriller les côtes, son dos trempé par l’exercice, les tremblements de ses bras, de ses jambes. L’air qui lui brula les poumons. La peur qui doubla en apercevant la nippone. Ce n’était pas le temps de rester appuyé sur ses genoux et l’observant partir une nouvelle fois. Alors il inspira profondément une dernière fois, se redressant. Avant que sa main ne se porte à ses côtes, tentant de calmer le feu de ses os sous sa peau, il la passa dans ses cheveux. Demi Soulagement. A son tour, il prit la même direction du Cerbère, la rattrapant. Elle se retourna. Rapidement. Il sourit malgré lui face à l’air assassin qu’elle afficha les premières secondes.

« Leo ? »

Son prénom lui déchira le cœur. Déçue de le voir ? Tu t’attendais à ce qu’il te laisse partir comme ça ? Ses lèvres se pincèrent à cette idée. Était-elle si crédule ? Il s’approcha d’un pas, inquiet qu’elle s’envole, emportée par le vent du nord la poussant vers une destination où Leo n’était pas convié. Alors il se tenait prêt à toute éventualité. Ray arriva, s’asseyant en spectateur silencieux, reprenant son souffle à son tour. Le sang de Leo lui battait les tempes, le visage rougi par l’effort. Mais il était soulagé. De l’avoir rattrapé, craignant un instant qu’il ne puisse plus la retrouver. Mais elle était là. Etonnée de le revoir. Etonnée qu’il ait réussi à la dénicher dans les rues toutes plus sombres les unes que les autres.

« Qu’est-ce que tu fiches ici ? » Ses doigts se serrèrent sur le morceau de papier.
« Tu pensais que j’allais retourner me coucher en lisant ton mot peut-être ? »

Zut. Le ton de sa voix était un peu trop dur. Un peu trop rauque. C’était la faute à l’essoufflement. C’était surtout la faute à l’angoisse qui avait nourri chaque pas le rapprochant un peu plus de l’ombre de sa vie. Le prix à payer pour un réveil un peu trop brutal. Pour une course poursuite qui n’était pas nécessaire. Mais il n’y avait pas que ça. Pas que cette énergie plus forte que lui qui l’avait fait parler, plus vite que ses pensées, plus vite que sa raison. Car tout était accordé. Alors, à quoi bon réfléchir à ce qu’il dirait. Leo était en accord sur la seule note de sa vie, Aya. Il n’était qu’une boule de lumière vibrant pour ce grain d’ombre et de sang. Alors oui, il y avait un peu trop de dureté dans sa voix. Et il y avait tellement d’autre chose. Une blessure nouvelle, naissante. De cette surprise qu’avait la nippone. De cette crainte qui l’avait assaillit depuis son réveil, qui résonnait avec celle de Ray, resté en retrait. De ce cœur qui s’exprime en ne prêtant plus attention au tableau dans lequel il jouait. Leo resterait celui qu’il était. La Sincérité de ses sentiments en plus.

«Tu. Ne. Je ne peux pas supporter l’idée que tu partes. Me fais pas ça... »

Au diable les masques de jeune pactisant sûr de lui. La confiance en l’avenir, elle n’était pas là. La confiance en ce qu’il disait ? Absente aussi. Il n’y avait rien d’assuré dans le ton de Leo. Aussi simple que ça pouvait l’être, ce n’était qu’une supplication. Le regard triste, qui tentait d’accrocher celui fuyant d’Aya. L’essoufflement dans la voix, la fatigue. Il avait couru combien de temps comme ça ? Le temps lui échappait. La notion dans le faux-semblant de l’orgueil mal placé, il l’avait foutu à la poubelle il y avait bien longtemps. Leo, les doigts serrant son t-shirt bleu en même temps que son ancienne blessure, le torse se soulevant à intervalles trop courts, n’était qu’une Sincérité cuisante de ce qu’Aya représentait pour lui. Tout.

Tout. Elle avait toutes les cartes en mains pour finir cette histoire. Pour y mettre un terme de manière définitive. Leo ne le supporterait pas. C’était bien là la raison de sa présence. De cette souffrance lui marquant les traits, en même temps qu’un fond de détermination qu’il tentait de récupérer dans le reliquat des sentiments qu’il possédait. Il n’était plus qu’une boule de nerf qui s’agitait pour qu’elle reste avec lui. Aussi longtemps que possible. Sans une notion de fin, qu’à un moment elle se doive de quitter Leo pour une raison infondée. Leo voulait qu’Aya soit avec lui. Pour toujours.

Et il s’approcha. D’un pas. Encore un. Toujours dans l’élan de se rapprocher d’elle. De la toucher. De la sentir. De la vivre. D’être avec elle. C’était tout ce qui comptait. A cet instant, le monde n’avait plus d’importance. A cet instant, la guerre n’avait plus d’importance. A cet instant, il n’y avait qu’eux. Qu’Aya. Que Leo.

« Regardes moi dans les yeux, s’il-te-plait. »

Leo voulait s’accrocher à ses tourmalines sauvages. Il voulait s’y plonger, les capturer, les voler, les garder pour lui. Il voulait affronter Aya. Regarder qui, entre eux d’eux, aurait le plus de détermination à protéger sa cause. Leo voulait savoir. Si Aya voulait vraiment partir. Si elle voulait vraiment le quitter, ne plus entendre son rire.

« Ne pars pas. Tu es mon rire à présent. »
Leo.
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Aya Murazaki [Sky]

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MessageSujet: Re: Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G]   Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] I_icon_minitimeLun 3 Oct - 20:02


Questions au bord de tes yeux
Réponses muettes au bord de mes lèvres
Un jeu de clair obscur sur le fil de nos vies
Le cri de deux cœurs qui se cherchent à l’infini.


    J'avais toujours eu du mal avec mes relations personnelles. A les gérer, à exiger ou espérer plus qu'un soupir. En étaient-elles réellement d'ailleurs ? Un échange de muet de deux corps qui se frôlent, se donnent l'espace d'une larme, dans leur solitude. Mais juste ça, uniquement. Un manteau de pluie nous drapant volontairement.
    La notion de sentiment m'avait parfois léché l'esprit sans que j'y fasse attention, bien vite oublié sous le coup d'un départ, d'un sourire entendu.
    Pour certains, et certaines ... Il y avait eu un brin d'affection légère, même si ces ombres devaient se compter sur les doigts d'une seule main. Une douce et dangereuse affection, au coin d'un regard. Qui s'évaporait la nuit suivante. Inévitablement. Pas de besoin. Pas de temps.

    Jamais au delà.
    Jamais autant qu'à cet instant là.
    Jamais autant qu'avec lui.
    Parcelle de ma nuit.

    Leo.
    Celui qui avait tout fait basculer.
    Une étincelle dans une noirceur amère, une douce caresse sur le poil du Cerbère, un rayon de rire sur le fil d'une existence jouant, s'accrochant à la mienne. Voilà ce qu'était Leo, et encore plus ... tellement plus que le battement raté d'un cœur qui ne sait plus où battre à son approche, l'affolement de pupilles qui se détournent pour ne pas montrer la gêne et l'appréciation cachée d'un geste. Une langue qui claque, un rire qui cascade. Un prénom qui roulait sous ma langue comme une goutte sucré-salé, une sensation diffuse...
    Une douleur que l'on chérit plus que n'importe quoi ou qui.
    Un abandon dans des opalines rieuses que je n'aurais jamais voulu stopper.
    Sacrifice.

    Et voir cette silhouette en face de moi me perturbait bien plus que je ne l'aurais jamais avoué.
    J’aurais pu me moquer, m’en détourner pour cacher mon trouble, rire et jeter son allure aux orties d’une réplique acide, à la limite de la méchanceté sans en être totalement. J’aurais pu, ou plutôt l’ancienne Aya. Elle, celle qui était arrivé à Milan une année auparavant. L’ombre solitaire.

    Mais il était là. Lui. A bout de souffle, l'inquiétude perçante dans son regard, qui me tuait sans le vouloir. Cette peur insipide qui se soulevait au même rythme que son corps et son cœur au bout de l’effort. La sueur frissonnante de son échine. Ses yeux, ses lagons que je ne pouvais pas fixer sous peine de tomber à terre, complètement anéantie parce qu'il y transparaissait. Quelque chose que mes lèvres hésitantes n'arrivaient pas à nommer, sentiment tellement puissant qu'il balayait lui-même les lettres de son appellation.
    Je papillonnais sur sa silhouette pour ne pas m'y accrocher, cherchant une échappatoire factice que son ombre ou le reflet des prunelles d'aigue-marine de Ray ne me cédèrent point.
    Il approcha encore, un pas. Puis un autre, réduisant la distance de sécurité entre nos deux êtres à néant. Je n'avais pas bougé, perturbée, un brin effrayée, touchée.

    « Tu pensais que j’allais retourner me coucher en lisant ton mot peut-être ? »

    Le ton de sa voix tranchait avec le désespoir qui dansait dans ses opalines, créant peu à peu son sentiment jumeau dans le lac noir de mon regard. Imperceptiblement, je reculais un peu, sur mes gardes. Mais pas tout à fait. C'était Leo ... Et j'avais cette sensation au travers des veines, qu'il ne me ferait aucun mal, tout comme j'en étais intimement incapable. En théorie. Car quelles âmes ne se s’étaient-elles pas plus écorchées mutuellement que les nôtres ?
    Le souffle rauque qui s'échappait de ses lèvres, réveilla une parcelle infime d'agressivité dans mon esprit. Reproche ? Attaque ?
    Rien de tout cela avec Leo, jamais. Je devrais le savoir et pourtant, je réagissais toujours d’instinct, prête à frapper avant le premier coup, même éphémère. La meilleure défense est l’attaque. Oui mais non.
    Pas avec lui … pas comme ça, pas maintenant. Leo me désarmait complètement de ce regard fou qu’il posait sur moi, de la sincérité qui se posait sur les mots de mon cœur, sur ses maux cachés sous un manteau de sang.
    J’avais l’impression de me retrouver comme une petite fille qui aurait fait une bêtise bien que le sentiment qui flottait entre nous deux était d’une tout autre nature qu’une telle affection.
    C’était furieux, et à la fois aussi calme qu’un lac cristallin.
    Le besoin inconditionnel de se tenir dans l’ombre des yeux de l’autre, dans l’encre de ses prunelles trop sombres ou trop claires pour son propre univers. Une envie impérieuse et dangereuse qui n’était pas guidée uniquement par un élan de passion, mais une étrange lueur se posant au coin de son cœur. Du mien.
    Je la rejetais, de peur.
    Des prunelles qui cherchaient les miennes sans que j’en permette l’accès, le regard en constante fuite, sur son corps, sur son souffle, le mien, sur les murs de cette ruelle spectatrice de deux êtres qui se cherchaient, au-delà de tout. Au-delà de nous.
    Mes lèvres s’ouvrirent, comme pour me justifier, n’émirent aucun son. Se fermèrent pour laisser filtrer de nouveau un ton calme, mélange de rudesse et de douceur cachée en fin de phrase…

    « Non, mais … Ce n’était pas … »

    Je fixais toujours un ailleurs, comment expliquer ?
    Pas quoi ?
    Un adieu ? Un au-revoir signé d’une larme discrète ? Une ombre qui disparaissait définitivement et indubitablement de sa vie ou presque? Un soupir désolé ?
    Je ne partais pas. Je déménageais ... C’était la meilleure solution, et j’essayais toujours de m’en convaincre.
    Il se trompait et j’étais coincée, bloquée entre ma raison, mes sentiments et les siens. Acculée par trop d’émotions vibrantes d’une lueur inquiète devant l’état de Leo. Epuisé, complètement lessivé…
    Mais il ne me laissa pas le temps d’ajouter quoi que ce soit. Obus de sincérité poignante. Des mots qui me figèrent, me transpercèrent aussi surement que la plus fine larme d’argent.

    «Tu. Ne. Je ne peux pas supporter l’idée que tu partes. Me fais pas ça... »

    Douleur
    Un instant, j’ai cru que mon cœur s’était arrêté, pleurant au bord de mes lèvres, au coin de prunelles stupéfaites à mesure que les mots de Leo coulaient en moi, s’appropriant mon être sans que je ne puisse rien y faire, plus profondément que jamais. Peut-être qu’au fond, j’avais déjà entre-ouvert la porte massive et entrelacée de mon esprit …
    J’étais comme sur un fil, tendu à l’extrême, l’équilibre vacillant, luttant pour ne pas perdre cette raison qui m’avait fait fermer cette porte en laissant les clés à l’intérieur. Ses mots me brulaient la gorge comme la flamme incandescente d’un regard trop appuyé, d’un espoir trop brillant pour être saisi.
    Quelques petits mots ; vestiges de sa sincérité, capable de m’anéantir de douceur.
    J’avais l’impression de n’avoir jamais eu aussi mal de ma vie. Un mal mêlé d’un sentiment que je ne voulais pas voir, le saturer, le raturer de noir, avant qu’il revienne à l’assaut de mon esprit perturbé. Je ne devais pas y céder. Ne rien lui laisser.
    Non.
    Non Leo … Ne me regardes pas comme ça, je t’en supplie …
    Ne me montres pas ta souffrance de voir ma silhouette s’éloigner, même un peu.

    ARRÊTES ! Mon cœur hurlait à ses mots alors que j’en avais le souffle coupé, mélange de bonheur malsain de se dire qu’il était venue me chercher malgré tout, qui ne me venait pas que d’un délire de la joueuse, et de douleur à cet attachement qui était devenu bien trop fort.
    Etais-je un monstre de manipulation à le voir se raccrocher à moi alors que je sombrais dans le fond de ses lagons malicieux ? M’amusais-je à le voir courir, les doigts frôlant mon écharpe dans un souffle toujours trop tard ? Non. Définitivement non. Je ne désirais qu’une seule chose : son bonheur, et sa survie dans un monde en bichromie.
    Ici, plus que le destin, se jouait une mélodie de sincérité entre nous deux. Silence chargé d’émotion. Je ne jouais pas, ombre maligne qui s’était arrêté entre obscurité et clarté, son cœur capturé par un rire.

    Le véritable combat contre moi-même avait commencé et je me sentais déjà vidée, désabusée de raisons sombres et ténébreuses, pourtant réalistes. Elles me soufflaient de m’éloigner le plus vite possible alors que mon cœur ne tenait qu’à une chose, qu’à un souffle. Celui de se rapprocher de Leo.

    « Je… Leo, je ne peux pas. Je ne dois pas rester. »

    Je me mordis si fort la lèvre de désarroi que le sang tacha le bout de ma langue. Reflet amer de mon être prêt à chuter. Je ne voulais pas le blesser. Mimique discrète d'un léger froncement de sourcils.
    Un pas en avant. Un pas en arrière de ma part, danse éternelle de nos âmes qui se frôlent, s’attirent et se repoussent. Pourtant, je ne fuirais pas, j’étais dans l’incapacité de lui tourner le dos, cloîtrer mon cœur dans un étau plus sombre que jamais et lui dire Adieu. Un assassin pitoyable n’est-ce pas ? Incapable de s’éloigner.

    «Regardes moi dans les yeux, s’il-te-plait . »

    Une supplique. Un désespoir dans sa voix qui écorchait mon cœur, le saignait plus encore que toutes les horreurs qu’il aurait pu, avait pu me dire. Je relevai la tête, peut-être un peu trop rapidement et plantai mes prunelles dans les siennes. Miroirs des âmes. De nos sentiments les plus profonds, de cette encre qui n’était soudain plus si opaque qu’elle l’aurait voulu.
    Vois, Leo et comprends. Que je ne peux pas. Me voiler la face, te sourire tout en sachant que je suis la garde d’une épée de Damoclès qui risque à tout moment de s’abattre sur toi. Vois Leo, ma tristesse mais aussi ma détermination.
    Plus d’issue qu’une raison et un sentiment qui se déchire dans un regard.
    J’avais obéi à son injonction, à cette voix qui se répercutait dans mon esprit comme la plus douce des mélodies mélancoliques. Geste à double tranchant, happée par ces opalines dont je ne savais me défaire. Ces gouffres qui m’appelaient, me chantaient des promesses que je savais teintées de sang par ma seule existence.
    Ne pas céder.
    Un souffle acéré au fond de ma gorge, noué.

    « Je … Je ne peux pas rester ! Tu ne comprends pas … Je vous mets en danger ! »

    J’avais hurlé les premiers mots, mon souffle s’éteignant dans un murmure sur les derniers. Des ombres dangereuses dansaient dans mes prunelles désespérées, mon esprit rejouant un quotidien déjà bien chargé de menaces et de prudence acérée.
    Ma respiration était suspendue, chaotique, symbole de la tempête que je surmontais sous mes nerfs. Mon corps tendu comme un arc à quelques centimètres du sien, les blessures grimaçantes sous les vêtements. Mon ton se voulait cinglant, ferme mais je sentais ma propre voix dérailler par moment. Je n’avais pourtant pas couru à perdre haleine comme Leo, pourtant mes joues s’étaient teintes d’un rouge de rage et de gêne, de ne pas savoir expliquer, de pleurs muets de tout ça.

    « Si je reste … Vous aurez tôt ou tard des ennuis. Je ne le permettrai pas, vous ne payerez pas pour moi Leo … »

    J’avais fermé les paupières, essayant en vain de retrouver un semblant de calme dans le bordel monstre de mes sentiments. Déchirures, peur, abandon, douleur, remords. Se concentrer sur des arguments de raison, inéluctables. Se reforger une fine carapace, résister à cette envie qui me dévorait encore et encore. Toujours plus. Se plonger dans son regard, y apposer le voile du sien dans un mouvement triste palpable même si j’avais voulu le cacher sous une détermination pourpre.
    Oui, ça me faisait mal.
    Oui, j’en crevais de le quitter.
    Oui, je m’en voulais de n’être pas quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui ne lui rapporterait pas l’ombre d’un cadavre sous son lit.
    Oui, je tremblais sous la résistance de cette attraction.
    Qui m’avait enchaînée dès le premier regard, le premier sourire, rire aux éclats sous un soleil que je ne connaissais pas.
    J’aurais voulu lui prendre la main, le rassurer par mes doigts entrelacés dans les siens, fit le geste. Me retint. Frôla la paume de sa main du bout de mes doigts, petite geste devenu une habitude malgré moi.
    Je relevai la tête, les yeux brillants, lac d’obsidiennes chagrines.

    « Je refuse que tu sois impliqué, blessé par ma faute ! Je ne peux pas … »
    Ne pourrais jamais supporter que tu sois la victime de mes erreurs Leo …
    Un murmure de rage, tout droit sorti des entrailles du Cerbère, du chien errant qui s’était attaché malgré une interdiction profonde. Qui veut protéger, à tout prix.
    Et même si pour cela, il faut infliger d’autres blessures, à soi-même aussi.


L’obscurité se doit de retourner dans la noirceur de son monde un jour ou l’autre, creusant des larmes sombres sur le soleil de son âme, qu’elle a croisé un jour derrière un rideau de perles opalines.




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MessageSujet: Re: Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G]   Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] I_icon_minitimeSam 8 Oct - 11:29

« Ton ombre de panthère me couvre. Goudron de ton être, regard de Cerbère. Tu me voles. Mon souffle. Ma raison. Tout. Je ne suis plus rien. »

Il était là. Debout. Le dos courbé, un peu. La chair creusée d’une douleur diffuse, qu’il oubliait à chaque fois que son regard bleu se posait sur cette silhouette familière. Qui revenait à chaque fois qu’elle fuyait son regard. Aya. Leo retint un claquement de langue, preuve d’un léger agacement. Colère. Contre le monde. Contre cette tendant qu’avait la nippone de fuir tout ce qui ne lui faisait pas mal. Fuir Leo. Fuir la demeure des Accettura. Et se rapprocher de tout ce qu’elle abhorrait. Le sang. La nuit. Milan. Cette lame noire dans son dos. Le brun ne comprenait pas, sa tendance à vivre dans le monde de l’ombre. C’était ce qui faisait son charme, indéniablement. Cette difficulté qu’il avait, parfois, de ne pas saisir les buts que poursuivait Aya. Ca, il ne pourrait jamais comprendre que quelqu’un ait envie de le protéger, lui.

Lui n’avait connu que le jeu inverse, où il se saignait pour sauver ceux qui en avaient besoin. Combien de fois l’avait-il fait pour des inconnus ? Il ne sait pas. Leo n’avait jamais compté. Ils étaient nombreux. Chaque mission suicidaire guidée par une étoile malicieuse paraissait moins importante que les rares fois où il avait sauvé la peau d’Aya, et où elle s’était amusée à faire de même pour lui. Une sorte d’impulsion lumineuse colorait ces souvenirs au goût étrange. Et pourtant, c’était ce qui les avait rapprochés. Ce qui les marquerait le plus. Souvenirs sombres. De ces nuits où la Lune se dressait dans le ciel, moqueuse.

Aujourd’hui, il n’y avait ni Lune, ni ciel sombre, ni étoiles. Aujourd’hui, il n’y avait qu’une Aya fuyante et un Leo lui poursuivant. Toujours. Ca ne serait que ça, peut-être, jusqu’à ce que Leo n’en puisse plus. Qu’il abandonne l’idée de la suivre une nouvelle fois, pour une durée éphémère, qui lui semblerait bercée de doux moments, qu’il ne voudrait en rien abandonner. Mais nous n’y étions pas encore. Peut-être que ce moment n’arrivera jamais, si le destin ne se fait pas trop taquin. Espère le, crétin. Que Leo qui lui courait après. Que Leo qui perdait son souffle pour elle. Que Leo qui s’oubliait pour elle. Ca resterait peut-être toujours ainsi. Et c’était suffisant pour Leo. Si elle revenait à chaque fois, alors il ferait un effort. De taire ces doutes qui l’attaqueraient. De taire cette envie d’en finir qui s’en prendrait à lui. De se taire tout simplement, en agissant.

Et il agissait. En se retenant de briser l’espace qu’il y avait entre eux. Si petit espace. Si grand espace. Limite qu’il voulait barrer de ce regard noir. Qu’il voulait hachurer, rayer de cette réalité. Leo aurait voulu sa serrer dans ses bras, l’embrasser, profiter de la distraction pour la kidnapper, l’enfermer dans la cave et lui faire subir un lavage de cerveau à la mode de June. Horizon avait besoin de se rassurer. Par sa chaleur, son odeur, sa douceur. Percevoir les battements de son cœur sous sa peau, ressentir son souffle sur sa nuque, ses doigts qui se resserrent sur le sien. Il voulait tant. Il voulait trop.

Il ne le pouvait.

Leo était cloué sur le sol. Statue de pierre. Car l’angoisse lui assaillait la raison. Car la fatigue se jouait de lui. Car cette Aya ne voulait pas de lui. D’un pas, elle recula. Son cœur se déchira. L’acte s’enfonça dans sa chair en une vrille de tristesse, lui mordant les prunelles d’une nouvelle vague de peine. C’était ainsi. Des gestes si infimes qui le ligotaient sur place, fils rouges d’une Fatalité qui se jouait de lui, comme elle ne cessait de le faire. Comme Aya se plaisait tant à le faire. Ses bras ne répondaient pas, alors qu’il pouvait effleurer sa joue du bout des bras. Ses jambes ne répondaient pas, alors qu’il pouvait la toucher en avançant d’une poignée de centimètre. Sa tête ne répondait pas, alors qu’il pouvait lui souffler tout son dégout sur le visage. Son dos ne répondait pas, alors qu’il pouvait s’effondrer sur elle dans une approche un poil brutal. Ses muscles se taisaient face à son appel. Ses ligaments étaient sourds à son besoin. Ses nerfs ne répondaient rien face à sa détresse.

Leo était seul. Terriblement seul.

Il l’avait toujours été. Jusqu’à avant. Jusqu’à ce qu’il se heurte à la réalité d’Aya dans une ruelle trop sombre, où leurs sangs s’étaient mélangés, dans un pacte d’une destinée tourmentée. Quelque chose s’était liée cette nuit-là, une relation qui le poursuivait aujourd’hui, alors que la nippone voulait y mettre un terme pour une raison que Leo ne voulait pas saisir. Il ne le pouvait. Qu’importe les efforts qu’il faisait. Le petit lion apprit le goût d’un ensemble. Il apprit l’importance de rentrer plus souvent chez lui. De faire attention à ne pas prendre toute la place dans le lit, à éviter d’entrer dans la salle de bain sans vérifier qu’il y avait bien quelqu’un dedans –particulièrement quand c’était Aya et qu’elle sortait de la douche. De kidnapper une japonaise à la sortie de son travail pour flâner un peu plus dans les rues de Milan. Il apprit à faire confiance, réellement, à quelqu’un. A s’inquiéter plus que nécessaire. Il apprit à vivre. La leçon de ta vie.

A présent qu’il apprenait la séparation, il voulait sauter ce cours. Revenir en arrière, vivre une vie qui n’était pas faite pour lui et qu’il appréciait tout de même. Dans cette vie où il ne devait y avoir ni Lune, ni Stella, ni GDP, ni Vengeance, ni Sang, ni Guerre, ni Milan. Dans une vie où il n’y avait qu’eux. Aya & Leo. Dans la danse de leur histoire. Aya & Leo. Dans les figurant de ce contexte trop leur pour leur relation, destructeur de ce lien. Il aurait voulu être des humains. Dans la simplicité de leur quotidien. Et c’est impossible. Et tu en souffres.

Aya réagissait à ses mots en animal sauvage. Elle l’avait toujours été, le resterait. Malgré que ce fut Leo. Malgré qu’elle se retenait d’agir en suivant son instinct. Ses doigts se serrèrent un peu plus sur ses côtes. Leo voulait la prendre dans ses bras. La rassurer sur ce qui ne se passerait pas. Lui promettre des jours heureux qui n’arriveront pas. La caresser sa nuque, se rapprocher d’elle. La calmer en un baiser, laisser son oxygène parcourir le teint de porcelaine d’Aya, frôler ses reins de ses doigts, l’attirer jusqu’à lui. La garder. Rien que pour lui. La posséder. Rien que pour lui. Et l’aimer.

« De quoi as-tu peur, que tu te tiens prête à m’attaquer ? Tu veux me frapper, frappes moi. Mais tu sais qu’il n’y a pas de raison de le faire. »

Il approcha d’un pas, alors qu’elle reculait une nouvelle fois. Le jeu du chat et de la souris. Ca l’aurait amusé, certes, mais pas aujourd’hui. Pas ce matin, où un mot l’attendait, lui annonçant le départ d’Aya. Depuis quand préparait-elle ça ? Depuis quand avait-elle en tête de partir, chercher un ailleurs, sans que cela ne transparaisse ? Il s’en voulait. Terriblement. Maintenant qu’il avait fini de courir, les songes qu’il ne voulait pas affronter le rattrapaient. L’encerclaient. Le faisait douter. Il se mordit la lèvre. Leo n’en avait pas le droit. Il devait croire. Croire en Aya. Avoir confiance en elle. C’est tout ce qu’il te reste. Elle possède tout. Tu n’as plus rien. Rien.

« Non, mais … Ce n’était pas … »

Et tu te cherches des excuses. Petite sotte. Et il l’observa choir sous ses paroles. Le regard dur. Le regard vacillant. Le regard sûr. Leo savait ce qu’il faisait. Il en pesait chaque acte, chaque parole. Sa respiration lui brula la gorge, alors qu’il la vit chavirer. Horizon ne pouvait rien faire. Il ne savait pas. Il s’en empêchait, ou ne pouvait pas le faire. Ses pieds n’avançaient pas, alors qu’il ne demandait que ça, le Destin le retenant sur place. Il ferma les yeux, chassant cette vision de son esprit, monde en noir sur ses yeux bleus. Les deux couleurs de leur vie. Couleur sombre qu’il voulait rencontrer, autrement qu’en voilant sa vue de ses paupières. En affrontant Aya, en la rencontrant une nouvelle fois, dans des parcelles de sa personnalité qu’il n’avait jamais découverte.

Leo ferma sa bouche, serra les lèvres, les dents. Pour ne pas répondre. Se taire, laisser le flux de colère passer, pour qu’il sombre dans l’oubli. S’injurier sur des mots qui n’avaient pas de sens n’était pas une solution. Il le savait. Et, au fond de lui, il ne pouvait tout simplement pas se mettre en colère face à Aya, surtout quand elle lui parlait avec ce ton, qui avait le don de le calmer. D’une manière infime. Mais c’était déjà ça. Leo était sous son charmé, envouté. Le lion se faisait domestiquer. Un pas après l’autre. De manière inconsciente et charmante. Sa voix, elle lui fit vibrer le cœur, le serrant sur lui-même et faire trois tours dans la poitrine. Il pinça les yeux, comprima un peu plus le bout de papier entre ses doigts, qui finit par ne plus ressembler qu’à un déchet de plus.

« Je… Leo, je ne peux pas. Je ne dois pas rester. »
« Tu ne dois pas rester, ou tu ne veux pas rester ? Je m’en fiche de tes obligations quelconques. Ce n’est pas une raison suffisante pour moi… Qu’est-ce qui est vraiment important, ce que tu crois, ou ce que tu veux ? »

Et bien évidemment, il y a des fois où l’envie de fait plus forte que la raison. C’était le cas ici. Leo trouvait ça absurde. Pour quelle raison ? Parce qu’elle avait peur pour lui ? Horizon ne connaissait pas ça. Que quelqu’un puisse se soucier de lui de cette manière. Il n’était qu’un soldat de l’ombre. Qui pouvait bien s’inquiéter de ce qu’il devenait. Un autre soldat de l’ombre ? L’idée ne lui avait jamais effleuré l’esprit. Leo avait toujours été seul dans les combats de sa vie. Ne se reposer sur personne. Ne faire confiance qu’à un cercle restreint de connaissances. C’était tellement plus facile pour lui d’agir de cette manière. Après-tout, il n’existait pas aux yeux des gens. Il était l’ombre de Milan, qui vivait pour elle. Qui se soucie d’une ombre ?

Vous êtes tellement semblables. Une belle paire d’idiots. C’était vrai. Au final, c’était la même chose pour cette nippone qui fuyait ses yeux, son être, cette tristesse qui lui léchait l’échine en un frisson malicieux. Aya n’était que son miroir. Leo n’était que son miroir. Reflets de réalités qui les déchiraient chacun à leur tour, brisant leurs illusions de morceaux de verres jonchant le chemin de leur histoire à deux. Des échos qui s’entrainent dans des chutes, des revirements de situation. S’attirer. Se repousser. S’aimer. Se haïr. S’en vouloir. Regretter. La regarder dans les yeux, rire. Pincer les lèvres face à ses larmes. Lui voler ses sourires. Lui offrir ses soupirs. Vivre la vie à deux. S’écorcher pour continuer.

Et elle le regarda. Enfin. Enfin, il reprit son souffle sans que ce dernier ne lui érafle la gorge, sans qu’il ne lui brûle les poumons. Sans qu’il ait l’impression que tout était fini avant qu’il n’ait réellement commencé à lui courir après. Maintenant, c’était différent. Maintenant, s’était le noir qu’il voyait. L’ébène de ses doutes. Les tourmalines de sa décision. L’obsidienne de sa douleur.

« Si je reste … Vous aurez tôt ou tard des ennuis. Je ne le permettrai pas, vous ne payerez pas pour moi Leo … Je … Je ne peux pas rester ! Tu ne comprends pas … Je vous mets en danger ! »

Au jeu du héros, qui serait le plus tenace ? Le Cerbère ou le Lion ? Regard de panthère ou de protecteur ? Il commençait à saisir. La raison. Celle qui la poussait à aller toujours plus loin, dans une solitude de plus en plus profonde. La robe de nuit qui saillait tant à Aya. Et qui, jour après jour, l’étouffait un peu plus. Bien. Soit. Leo déchirerait ce vêtement de ses longs doigts. Il arracherait. Morceau de tissu après morceau. Il brûlerait son apparat. La laisserait nue face au vent froid de la vie. Pour la serrer dans ses bas. La dérober à ce monde qui ne lui allait plus. Leo ferait tout pour elle. Tout. Qu’importe les blessures. Qu’importe le temps, les efforts, le sang qu’il perdrait. La mafia ? Une poussière. Les étoiles ? Une poussière. La Lune ? Une poussière. La Guerre ? Une poussière. Soyons humains. Sans aucune ombre n’entachant nos doigts se baladant sur la silhouette de l’autre. Sans aucune marque de Fatalité s’égarant dans nos regards. Sois-mienne. Je suis déjà à toi.

Elle avait fermé les yeux. Il inspira. Temps de l’air qui se perd dans le corps d’un bouffon sans sa coiffe d’idiot. Ainsi, il pressentait. Ce qui dérangeait Aya. Cette dépendance malicieuse qui s’était infiltrée en elle. Ca le rassura. Ca l’inquiéta. Il aurait souri. Pas ici. Ses doigts passèrent furtivement à la naissance de cette peau blanche. Contact électrique. Quand elle rouvrit les yeux, il se vit dans une image tordue, mélangée à ces eaux dans le regard d’Aya. Ils n’étaient que deux handicapés des sentiments qui n’osaient pas faire de pas en avant. Pas pour l’autre. Mais elle, pour Elle. Mais lui, pour Lui.

« Je refuse que tu sois impliqué, blessé par ma faute ! Je ne peux pas… »
« Idiote. Idiote. »

Il ne sut pas si elle l’entendit. Lui-même ne se rendit pas compte des mots s’échappant de sa bouche. Leo l’avait déjà prise dans ses bras, ses lèvres se perdant sur celles d’Aya en un baiser déposé. Il l’embrassa par deux fois. Deux contacts sucrés. Où la passion se mélangea avec le reste d’anxiété qu’il avait. Où il recule à peine sa tête pour reprendre une goulée d’air, et l’embrasse une dernière fois. Ses mains lâchèrent le mot et ses côtes. L’une s’en va sur son cou, tandis que l’autre s’accroche à son dos. Il la capture. L’enserre. L’étreint.

Elle ne peut pas partir. Non. A présent qu’il l’a rattrapé. Qu’il l’a retrouvé. La course poursuite est terminée. Qu’importe ce qu’il s’était dit. Qu’importe ces idées de ne plus en pouvoir. Qu’importe ce sang qui s’affole dans ses veines quand il la touche. Il ne peut pas la laisser partir. Il ne la laissera plus partir. Leo sait. A quel point elle est importante pour lui. A quel point il ne peut se passer de la savoir proche de lui. Il y a une différence. Un point divergeant à ce qu’il croyait hier, avant-hier, et les jours précédents. Leo se rend compte. De cette importance viscérale qu’elle aille bien, qu’elle rit ou qu’elle se batte. L’important est que tu vives. Il l’a dit. Tu es sa réalité. Alors vis.

Leo s’écarte d’une couche de millimètres infimes, alors qu’il la serre dans ses bras, la calle au niveau de son épaule. Il plante se tête dans le creux de son cou, glisse son nez sur sa peau. Il reste ainsi. Plusieurs secondes dans le silence.

« Arrêtes. Arrêtes de te dire que je vais être blessé n’importe quand. C’est ton choix de me fuir. C’est mon choix de te suivre. Je resterai. Toujours. Ne peux-tu pas l’accepter ? »

C’est à fendre le cœur de Laura quand elle le lit. C’est à fendre le cœur de Sarah quand elle l’écrit. L’image d’un Leo. Ce n’est pas une supplication où sa voix tremble au point de faire naitre des larmes dans le coin des yeux d’Aya (quoique…). C’est un élan de sincérité. Certes, sa voix est grave. Certes, il y a de la souffrance, une demande. Mais il y a tellement plus que ces sentiments de bas-étages qui filtrent. Il y a sa voix qui tremble sous l’émotion. Sous ce besoin qu’elle réponde, n’importe quoi, mais qu’elle lui dise quelque chose. Sous cette envie qu’elle reste. Qu’elle s’arrête dans des pensées chaotiques. Qu’elle ait un peu plus confiance en lui. En eux.

Ses cheveux lui chatouillent le crâne. Ses os crient sous la pression qu’il exerce. Sur ces muscles qui se bandent à serrer Aya depuis si longtemps. Mais il n’ose pas la relâcher. Il veut rester dans cette odeur de menthe. Dans la chaleur diffuse d’Aya qui lui est si familière. S’enrouler autour de ce corps qui semble frêle, mais qui ne l’est pas. Le bleu de son regard est fermé sur un monde en Noir. Sur un monde où tout s’affronte à un regard de cendres noires. Un monde en noir et bleu.

Son cœur bat si fort dans sa tête, le rendant sourd à cette réalité dont il n’en avait rien à faire. Il n’y a plus qu’Aya qui compte. Qu’elle, que les soubresauts de son corps sous ses bras. Que son souffle qui se heurte à son épaule, là où repose une cicatrice circulaire. Que ces yeux qu’il ne peut voir, que la sensation de sa peau contre la sienne.

« Que tu sois toute noire, Petite Cerbère, je m’en moque. Y-a-t-il une seule raison qui t’empêche de profiter de la vie ? Pour moi, ça m’est égale. Je. » Respire un coup. Se Sentir devenir un peu plus rouge. « Je. »

Dilemme. Dans cet univers où les mots ne sont que poisons. Où ils sont des portes vers des actes étranges, curieux, que l’on ne maitrise pas. Les mots sont doux. Les mots sont durs. Il ne pouvait pas finir sa phrase. Peut-être ne le pourra-t-il jamais. Mais l’acte était là. D’émettre un son sur ce qu’il ressentait. De l’impliquer dans leur histoire à deux. Une histoire d’une Aya et d’un Leo. D’être un peu trop accro. De l’aimer, un peu de trop.

« Je t'aime. Je voudrais te le dire, te le susurrer. En des milliers de mots. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je. »
Leo.
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Aya Murazaki [Sky]

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MessageSujet: Re: Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G]   Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] I_icon_minitimeLun 10 Oct - 19:54

Parce que sous ses lèvres à lui
Je vois le monde disparaître
S’effriter et renaître




    A un souffle de lui, à un souffle de moi. Mon cœur subissait une torture bien pire que le plus pire des passages à tabac que j’avais pu affronter. Et cette douleur, je me l’infligeais en toute connaissance de cause. Parce que. Parce que c’était Leo.
    S’écarter de sa chaleur, retrouver la pâleur de nuits solitaires où la vigilance aiguisée ne vous lâche pas les sens, le corps réagissant de lui-même. Se draper d’un manteau de faucheuse silencieuse, et repartir, méfait accompli en effaçant la moindre parcelle de ma présence, de mon existence.
    Vouloir en vain revenir à ce sentiment étrange qui me réchauffait le bas du ventre à la vue de sa silhouette, de son sourire. Perdre ses baisers, se noyer dans un univers où ne perçait que rarement une lueur bleutée. Où elle n’avait pas sa place, ne devait être souillée par ce mal qui marquait mes pas, comme fait de l’encre de la fleur de lotus qui ornait mon cou.
    Invisible ou pourtant palpable au bout de chaque geste, chaque regard, comme imprégné de mon essence pour en faire sienne. J’étais une partie de cette nuit. Noire de ténèbres, de peur et de cris s’élevant dans l’obscurité de Milan. Dancer in the dark.
    Le gouffre qui s’élevait sous mes prunelles de terre brulée, derrière le pan d’un théâtre de rue.
    Ce monde faisait partie de moi et jamais, je ne pourrais le renier, il m’avait forgée, je ne pouvais que juste l’éloigner de lui pour qu’il ne soit pas touché.
    Plus qu’il ne l’était, mon héros aux doigts scintillants d’espoir.

    Juste le protéger.
    De toute ma sauvagerie.
    De tout ce sang qui s’écoulaient dans les ruelles que j’arpentais depuis trop longtemps pour me souvenir du moment où cela avait commencé. Un éclat d’acier qui reste dans mes souvenirs …
    Méfiante, oui je l’étais, à reculer. Mais surtout envers moi-même, prête à brider cet élan qui me tordait les sens, qui me brulait l’esprit. Je secouais la tête en signe de négation. Si j’avais voulu frapper Leo, il y a longtemps que sa tête aurait heurté la poussière incrustée dans le mur. Non, je ne voulais pas, c’était même le contraire.
    Lui voiler les yeux sur ce qu’il savait déjà, le cacher aux yeux du monde. Le sien, le mien. Essayer à tout prix de le soustraire à leurs regards. Les gardiens au sourire mauvais. Ceux –là même qui guidaient ma lame d’onyx, sans un mot, sans un sourcillement. Ne jamais leur montrer que le Cerbère cachait bien plus qu’un être au regard meurtrier, souligné de ténèbres plus grandes qu’eux-mêmes. Ne jamais faillir, et le protéger comme jamais.
    Parce que c’était Leo.
    L’Ultime gardien, celui à qui j’avais glissé sans véritablement m’en rendre compte le mot de passe qui barrait tout de noir. Un jeune homme un peu trop insouciant pour son bien, trop souriant pour ne pas en révéler un pointe des lèvres. Un être d’une douceur et d’une patience infinie pour tenter de m’approcher, un bouffon à la provocation et aux blagues tellement stupides qu’elles sont obligées de vous tirer au moins un sourire. Une chaleur rassurante alors que les cauchemars revenaient à la charge, nuit après nuit, un contact étrange sur ma peau, son souffle sur mes lèvres, un sauveur, un enquiquineur, un rêve… Tout.

    Debout les fous.
    J’étais devenue tout ce que je fuyais avant. Une âme perdue dans le regard d’un autre, irrémédiablement attirée par celle-ci comme Icare vers son astre, prête à se bruler les ailes, des larmes argentées au coin des prunelles. Prête à se damner, recouvrir son visage de sang et de terre pour crier sa colère au moindre intrus qui oserait ne serait-ce que l’effleurer.
    J’avais toujours redoutée de me laisser enchaînée à quelqu’un volontairement pour ça, pour ce risque qui me paraissait trop grand. Laisser une accroche sur moi, lui livrer mon cœur plus que je ne l’avais fait, - et penser que c’était une erreur me submergeait de chagrin - était un des meilleurs moyens de le mettre en danger.
    La simple idée que Leo puisse se retrouver avec le même type de contrat qui planait sur ma tête ne mettait que plus en rage le chien des enfers en moi. Et je savais au fond que l’irréparable arriverait un jour …

    Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait, ne voulait-il pas le comprendre ?

    « Tu ne dois pas rester, ou tu ne veux pas rester ? Je m’en fiche de tes obligations quelconques. Ce n’est pas une raison suffisante pour moi… Qu’est-ce qui est vraiment important, ce que tu crois, ou ce que tu veux ? »

    Alors que je cherchais à tout prix à fuir les lagons de ses yeux, ne m’y accrocher que quelques secondes pour reculer ensuite, je tiquais à ses paroles. Mélange de fureur face à l’incompréhension qui nous nouait et de désespoir. Sur le fil du rasoir, mon équilibre tanguait sous ses mots.
    Je me noyai le temps d’une respiration dans l’eau de son regard, mon encre se diluant malgré moi, mais ne disparaissant jamais.

    « Je … je voudrais. Mais je ne peux pas. Il n’est pas question de croire. Je le sais. Je sais qu’un jour, ils s’en prendront à toi pour m’atteindre, et … »

    J’en perdais mes mots, continuant un semblant de phrase en japonais. Ca serait impardonnable. Je n’avais aucun droit à menacer sa vie par les conséquences de mon existence. Leo n’avait pas à assumer la noirceur de mes actes, sa famille encore moins. C’était cette pensée qui me permettait de tenir, de m’opposer à lui, reflet de tant de nos rencontres, de nos frôlements. Un jeu dangereux, un affrontement perpétuel. Entre un soupir et un sourire, entre une moue agacée mais charmée et sa jumelle trop contente pour cacher sa joie. Entre lui et moi.
    Toujours. Sans fin malgré le voile que ma détermination pouvait jeter dessus…
    Une respiration, suivie d’une autre plus difficile. Se calmer, s’y plonger, s’y noyer. Affronter ses opalines sans frémir et essayer de lui expliquer. Je tentais de faire comprendre à Leo l’inquiétude qui me vrillait le cœur à voir cet attachement se renforcer, mes doutes s’estomper à son contact pour endormir ma vigilance. Grossière erreur.
    Je devais être capable de pouvoir prévoir le prochain coup, et l’ombre du jeune homme était un risque en plus de voir ce qui devenait de plus en plus important à mes yeux, partir dans des cris de douleur. Mon cœur s’emballait de lui-même, refusant cette perspective de toutes ses forces. Frisson d’horreur.
    Fermer les yeux sur ce monde, laisser filer son esprit vers un autre de coton et de douceur dans le couchant d’une chambre parsemé de comics, en chasser l’image. Du bout des lèvres, j’avouais à quel point Leo était important, trop important pour moi. A quel point le perdre de cette manière, ne serait-ce que blesser, pouvait être insupportable, non concevable.
    Tu m’as demandé si je t’aimais Leo … C’est justement parce que je t’aime de trop qu’il le faut. Pour que ce sang qui tachait tes lèvres n’en goute plus jamais le gout, ou presque.

    «Idiote. Idiote. »

    Ce ne fut qu’un murmure perçu, oublié, engouffré dans la chaleur de sa veste, du coton frôlant soudainement mon nez alors que Leo me serrait à m’en faire grincer les côtes, alors que ses lèvres kidnappaient doucement, passionnément les miennes. Un trop plein du cœur qui avait pris le pas sur la raison, l’évinçant aux rangs des perdantes dans les cercles croisés de nos vies. Un trop plein dans lequel je me laissai glisser. J’aurais voulu que je n’aurais pu. Repousser Leo était au-delà de mes forces, mon être happant sa chaleur, la douceur du sien, comme un nageur reprend sa respiration.
    Il était devenu le deuxième souffle de ma vie. L’essentiel à vrai dire.
    Ca m’effrayait plus que tout mais le frisson de son corps contre le mien me rassurait étrangement. On ne joue plus vraiment hein, Leo ?
    On était les propres acteurs de la décadence de nos cœurs. Et pour la première fois de ma vie, les barrières du Cerbère s’abaissèrent véritablement, l’espace d’un instant. Au départ surprise et le dos raidi par sa capture soudaine de mon corps, le mouvement de recul brimé, j’avais fini par poser mes mains sur ses côtes puis dans son dos, agrippant le tissu de sa veste comme pour en faire de la charpie. Comme pour s’y accrocher et ne plus jamais s’en défaire, imprimer son odeur, le chatouillement de ses doigts dans mon cou, le souffle de ses lèvres sur mes joues. Les graver pour ne plus jamais les oublier.
    Et les revivre sans cesse.
    Rejouer la surprise première de ce baiser volé, de ce contact de ses lèvres sur les miennes, s’en amuser intérieurement et inverser les rôles. Reflet d’un désespoir passé qui s’envole sur la vision d’une silhouette particulière. La sienne.
    Cette ombre qui me surplombait sans pourtant m’asphyxier. Me capturant de tout ses sens, dans la délicatesse d’un regard.

    «Arrêtes. Arrêtes de te dire que je vais être blessé n’importe quand. C’est ton choix de me fuir. C’est mon choix de te suivre. Je resterai. Toujours. Ne peux-tu pas l’accepter ? »

    Leo s’était légèrement reculé, mais toujours ses bras comme un cocon autour de moi, m’empêchant de m’échapper. Le souffle s’échappant de ses lèvres me chatouillait la peau, frémissante. Silence.
    Imperceptiblement, je m’étais rapprochée de son corps, lui offrant l’abri de mes épaules pourtant plus petites que les siennes, profitant de l’ombre des siennes pour y cacher ma douleur.

    Non, la femme que j’étais ne pouvait pas l’accepter sans condition, et rêver de finir le visage déformé par les remords, grimaces éphémères d’une intuition trop forte. Mais je pouvais le comprendre… Aurais-je réagi de la même manière ? Je ne m’étais jamais posé la question mais tout naturellement, la réponse me susurrait un oui inconditionnel.
    Mes prunelles pleuraient des larmes noires invisibles.

    « Je peux comprendre. J’ai … du mal à l’accepter. »
    Capitulation ? Une moue gênée barra ma bouche. Bonne question, je n’en savais rien moi-même, un peu perdue. Le Cerbère n’abandonne néanmoins jamais totalement …

    « Mais ne peux-tu pas deviner ce qui se cache derrière tout ça ? Imagines, qu’ils débarquent chez toi, saccage la maison où tu as grandi, séquestre ta mère et la torture juste pour savoir où me trouver jusqu’à ce que tu craques … Je ne veux tout simplement pas prendre le risque que ça arrive … »

    Soupir. Mes lèvres dépeignaient des scènes d’horreurs que j’avais connu trop souvent. Méthodes classiques auxquelles j’avais du participer rarement. Mais c’était déjà trop … Je lui épargnais la suite, les détails parce que la vision de June le visage tuméfié provoqua en moi un long frisson glacé que même la proximité de la chaleur de Leo ne parvint à effacer.
    J’aurais voulu que rien de tout ceci n’existe.
    Que je n’en sois jamais venue à côtoyer la mafia japonaise, puis russe...Italienne.
    Regret bien inutile à ce moment-là. Le mal était déjà fait et il ne semblait pas vouloir s’estomper de ma vie, me drapant de son manteau de ténèbres, dans lequel j’avais pris l’habitude de me réfugier, y puisant de quoi continuer à marcher droit.
    A quinze ans, j’avais fait de l’acier mon plus fidèle allié, de l’obscurité ma couverture hirsute, comme le poil d’un certain chien, grondant, naissant.
    A dix-huit ans, mes mains tachées de sang ne me tiraient plus aucun frisson de dégout, le détachement, un regard de braise fixant mon dos et la solitude comme seuls amis.

    Mais plus aujourd’hui, plus maintenant que la source de mon envie de voir plus loin, soulever le voile d’un autre pan de vie, avait changé, défié dans un lagon d’opalines douloureuses.
    Maintenant que j’espérais secrètement mourir au coin des lèvres de Leo. Se suicider à chacun de ses baisers.

    «Que tu sois toute noire, Petite Cerbère, je m’en moque. Y-a-t-il une seule raison qui t’empêche de profiter de la vie ? Pour moi, ça m’est égale. Je. »

    Mon cœur s’arrêta. Tué. Crucifié par ce qui se dessinait sous le rougissement soudain des joues de Leo, que j’avais aperçu en relevant la tête un peu trop vite. Mes yeux s’agrandirent sous ces mots que je devinais, par ses lèvres en suspens. Les larmes se bousculaient au coin des mes onyx fous, dévalaient les pentes de mes joues en une course folle. Fous d’un sentiment qui me faisait tellement mal qu’il en était délicieux. Fous de cette perte infinie dans ses yeux d’un bleu qui teintait mon existence.
    Je n’y connaissais peut-être rien, mais j’avais la certitude de savoir.
    Ça.
    Cette difficulté à dire, ce sentiment tellement mystérieux que je n’avais jamais laissé approché, jusqu’à aujourd’hui. Ou peut-être hier … Ou peut-être demain, même toujours à la limite de son être. Leo.
    «Je. »
    Je posai un doigt sur les lèvres, les joues passant à une vive couleur pivoine qui tranchait avec la blancheur de mes traits habituels.
    Le cœur débordant sous des vagues d’émotions plus fortes les unes que les autres, me submergeant, j’avais du mal à trouver les mots. Ils restaient coincés, bloqués au creux de ma gorge nouée.
    Un murmure soufflé.
    « Moi-même … »
    Ironie d’une vie passée à s’entraver elle-même par ses actes. Une vie et un passé qui me parurent bien lointains et bien ridicule face à ces mots, force qui me guidait, l’âme de mes envies enfouies.
    Mots étouffés par mes lèvres sur les siennes, dans un baiser désespéré, aussi fort que le chavirement de mon esprit, de mon monde à son contact. J’avais déjà basculé. Mes mains avaient quitté son dos, mes doigts effleuraient ses cheveux avant de venir fermer leurs prises sur son col, alors que je m’étais mise sur la pointe de pieds.
    « Je … je sais. »
    Respiration essoufflée, gonflée de sa douceur, du goût de ses lèvres qui m’enivraient.
    Deux petits mots qui en refermaient bien d’autres, muets, mais bien présents au travers de la frontière de nos deux êtres l’un contre l’autre. Deux idiots incapables de se dire qu’ils s’aimaient. Deux idiots qui jouaient à cache-cache avec leurs sentiments, les bafouant plus que de raison.
    Ma drogue, Leo l’était indubitablement.
    Mon dealeur, aussi.
    Mon ombre ne quitterait pas son giron, camée.

    J’éloignai un peu mon visage du sien, toujours aussi rouge, même si une lueur particulièrement taquine s’était glissée dans le noir de mon regard. Un doigt levé en signe d’avertissement, je le fixais en fronçant très légèrement les sourcils.

    « … Ne crois pas avoir gagné pour autant … »
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MessageSujet: Re: Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G]   Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] I_icon_minitimeDim 16 Oct - 19:34

Spoiler:


« Tu es la réalité de ma vie. Le lien tangible de mon existence. »

Ses doigts étaient libres. Out of control. Hors de sa capacité de maitrise. Ils se baladaient, glissaient, partaient, capturaient. Ils faisaient siennes le corps d’Aya. Son appartenance n’était plus remise en doute que par ses mains qui la serrèrent un peu plus fort contre le corps de Leo. Se rapprocher, réduire en miette la distance, cet écart de vêtements, de peau, de monde, de souffle. Il voulait la toucher, la sentir, la vivre. Sans ces limites que la réalité leur imposait. Vivre libre de tout ce qui les séparait. En les barrant d’un rire. En les écartant d’un regard bleu. Leo réduisait en cendre tout ce qui oserait s’opposer à Aya et lui. C’est une histoire. D’Amour. Avec un grand A. Comme nos contes de guimauve. Mais ils la vivaient, cette histoire. Alors, autant ne pas nous moquer d’eux. Autant admirer l’attachement qu’éprouve Leo pour Aya. Cette condition existentielle de l’étreindre, de l’embrasser, de l’aimer. De la Guimauve. Avec un grand G.

Il toucha ses cheveux, se perdant dans la chevelure épaisse du Cerbère. Il cueillit ses lèvres, le soulagement chassant de son estomac l’inquiétude qui avait commencé à lui ronger l’intestin. Certitude qu’elle ne s’envolerait plus. Plus aujourd’hui. Peut-être plus jamais. Oh ! Qu’il le voulait. Leo fera tout pour que cela arrive. Pour que tous les matins quand il se lève, il puisse voir cette silhouette endormie à ses côtés. Qu’il puisse l’entendre se plaindre des pratiques étranges de sa mère, râler sur un Ray trop collant. Et tu n’entends pas les cris qui viennent du futur. Tu devrais avoir peur Leo. Terriblement. Mais non, Leo n’entendait plus. Ni cette raison qui cherchait à se creuser un chemin dans sa conscience. De lui faire reprendre un semblant de contrôle dans ses gestes, dans cette logique qu’il ne voulait plus comprendre, que même Aya tentait de lui inculquer alors qu’il faisait la sourde oreille. Ni le bruit du monde qui se moquait d’eux. De ces murmures des passants qui commentaient un tel manque de pudeur. Ni des remarques que lui ferait Nova sur cette fille plus dangereuse que n’importe quoi. Ni sur le sourire tendre et entendu de Granny quand elle le verra arriver dans sa boutique.

La réalité voyait tout de leur décadente histoire dans le bonheur de chacun. Elle est le plus mauvais choix de ta vie. Leo plongea son nez dans le cou de la nippone, s’y réfugiant face aux accusations du monde. Sa vie n’avait plus d’importe. Elle n’en avait jamais eu. Il n’y avait qu’Aya qui comptait. Qu’elle. & rien qu’elle.

Son cœur battait à tout rompre, cherchant à se libérer de cette enclave de chair et d’os. Respirer à l’air libre de toi. Libre de toute cette pression qu’il ressentait. De toute cette inquiétude qui le persécutait. Alors qu’il tentait de se rassurer lui-même à chaque nouveau battement, projetant ce sang électrique de toi entre les veines d’un Leo en exaltation de toi. Il y respira son odeur de menthe, porta son front sur sa clavicule où il resta là. Immobile. C’était une surchauffe de toi. L’accalmie des retrouvailles. Comme deux électrons qui courent leur existence éphémère loin l’un de l’autre. Avant de se rencontrer. Etincelles de bonheurs. Avant de chercher à partir. Encore. Fuir cette attirance de toi. Fuir ces promesses diffuse de plaisir de toi. Fuir tout ce que Leo représente pour toi.

« Je peux comprendre. J’ai… du mal à l’accepter. Mais ne peux-tu pas deviner ce qui se cache derrière tout ça ? Imagines, qu’ils débarquent chez toi, saccage la maison où tu as grandi, séquestre ta mère et la torture juste pour savoir où me trouver jusqu’à ce que tu craques… Je ne veux tout simplement pas prendre le risque que ça arrive… »

Leo bougea. Imperceptiblement. Il aurait pu l’embrasser pour la rassurer. Ce qu’il fit. Ce ne fut pas que ça. Alors que la raison tentait de s’infiltrer par n’importe quel neurone défectueux (et il y en avait en quantité dans sa caboche à ce moment), les habitudes que Leo avait laissé sur le carreau avant de commencer sa course à en perdre haleine revinrent. Il sourit tendrement, bien qu’il avait oublié comment le faire cinq minutes auparavant. Il passa une main chaude sur la nuque de la nippone, l’attirant à lui en une nouvelle étreinte. Il chercha à peine ses mots, alors que les réminiscences lui marquaient l’esprit.

« C’est une habitude de voir la vie en noir chez toi, hn ? Tu penses que je ne suis pas au courant pour les Fidanzati ou les Genovese, c’est ça ? Ecoute, la chance n’a rien à voir dans le fait que tu puisses te reposer tranquillement chez moi. »

Leo s’était reculé de manière infime. Juste assez pour les gouttes de son monde turquoise traverse le goudron de son regard. Pour que, dans cet échange furtif, si important échange, elle puisse voir que ce n’était pas seulement le ton de sa voix qui était déterminée. Il se souvint. De ces paroles qu’il avait échangées avec des contacts. Des mises en gardes, des conseils. Tu devrais la lâcher. Elle n’est pas très nette. Ou d’autres avis. J’savais pas que t’faisais dans le sanglant maintenant. T’sais au moins qui c’est, ta copine ? Suivis toujours d’explication qui auraient fait frissonner Leo. Un ancien Leo qui ne connaissait qu’en surface le monde de la Nuit. Celui qui borde Milan de ses horreurs quand la Lune ne se mêle par de leur histoire. Un Leo qui, indéniablement, n’avait pas encore goûté le plaisir de ses doigts sur le corps d’Aya. De l’attirer jusqu’à lui et de faire perler des grains de joie sur sa peau, en des caresses vagabondes. En un amour naissant, et pourtant si timide.

Et depuis, le sang qui coulait sur les mains d’Aya, celui qui s’incrustait sous ses ongles et séchait sur sa peau, ne le révulsait plus autant. Plus autant qu’autrefois. Même si le sang ne part pas, que l’odeur reste, Leo avait appris. Que ce n’était pas parce qu’Aya tenait cette lame sombre avec tellement d’affection qu’elle n’était qu’une tueuse comme tant d’autres. Leo avait appris à la découvrir. Nouvel univers qui s’ouvrait à lui. Nouvelle réalité qu’il arpentait de sa curiosité. Sans qu’un jour ne soit semblable au précédent, toujours entremetteur d’une complicité plus liée. Sans qu’il tourne le dos aux assassinats pratiqués. Leo avait conscience que. Qu’il ne pourrait jamais changer Aya totalement. Il y avait des parties de son caractère qu’il aurait voulu hachurer d’un rire bien placé. Mais, ça n’aurait plus été tout à fait la même.

La chance ? Rien à voir. La chance ? Leo n’y croyait plus. Plus depuis la première fois qu’il s’était retrouvé le cul à l’air, la gueule dans une poubelle quand il avait tenté d’utiliser son pouvoir pour la première fois. Les miracles ? Bon, avec Ray à côté, c’était difficile de ne pas y croire, mais nous nous écartons du sujet. Non, la chance n’avait rien à voir dans le plaisir de jouir d’un milieu neutre, où ni la Lune, ni la Mafia, ni Milan n’existait. Où il n’y avait qu’Aya. Où il n’y avait que Leo. Et June occasionnellement. Il n’y avait que Leo, en marionnettiste sombre qui s’amusait avec ses informateurs. A faire circuler tellement de rumeurs sur le sujet d’Aya qu’elle en devenait transparent. Où, la maison Accettura résidait dans le Pays Imaginaire. Neverland. Où seulement eux deux y étaient amis. Peter-pan et Jane de leur temps.

Leo s’imaginait déjà la réaction d’Aya, ses questions, ses regards. Il ne pouvait pas passer à côter. Eviter cette partie de sa vie, qu’elle se devait de découvrir un jour ou l’autre. Qui les avait déjà sauvés. Qu’Aya le lui avait déjà reproché. Alors il revoyait les messages sur son téléphone rouge qu’il ouvrait. Où une succession de mots s’affichaient. Où des points d’interrogation se trouvaient, parfois. Envoyés par des hommes, des femmes, dissipées dans Milan. Abeilles Ouvrières dissipées sur le Network de leur civilisation. Alors qu’une paire d’yeux se posait distraitement sur une silhouette noire, dos d’un Cerbère qui traverse une rue, s’apprête à faire une bêtise. Leo soupira, se rapprocha à nouveau d’Aya, callant ses bras dans son dos, la soulevant presque du sol. La garder contre lui. Pour lui.

« Me fais pas cette tête ;w; Je me tiens informé, c’est tout. Et je le faisais avant de te connaitre. Dis-toi juste que, s’ils ne t’ont pas encore trouvé, c’est parce qu’un petit Bouffon veille. »

Bouffon Rieur qui reprenait ses droits au fur et à mesure que les jours avançaient. Bouffon Moqueur qui refusait de voir les menaces planer au-dessus de son crâne capuchonné. Bouffon qui ne saisissait pas le danger. Peut-être parce qu’il n’y en avait pas. Leo savait de quoi il devait avoir peur. De la Lune Rouge, de la perte de ses camarades, du GDP, de Caïn. La mafia, en soi, n’avait pas sa place dans le monde de Leo. C’était pour lui un concept étranger qui s’enlisait dans un monde où il n’y avait plus sa place. Pour lui, pour Leo, il y avait tellement pire qu’une bande d’italiens qui s’habillaient en costumes chics et qui tapaient fort. Tu n’as pas tout à fait tord. Mais tu n’as pas tout à fait raison. Laissons le destin ricaner de toi.

Et les mots défilèrent. Et les émotions s’exprimèrent. Ou se bloquèrent dans une gorge trop timide pour s’exprimer. Où la chaleur lui irradia le visage. Il était charmant à observer, callé dans l’accolade de sa bien-aimée, le visage rougis par un surplus de mots qu’il n’osa prononcer. Un léger air perdu flottant sur le visage. Son estomac fit trois tours sur lui-même, son cœur, lui, se débâtit avec plus de vergogne pour sortir de son torse, respirer l’air d’un monde nouveau. Alors il se contenta de fermer ses yeux bleus sur un univers de noir qu’il connaissait si bien, de serrer Aya de ses bras.

Et quelque chose se produisit. Outre ce mélange malicieux de sensations en dessous de son cœur, ce qu’il ressentit, il devina que ça ne venait pas de lui, mais plutôt de ce petit être de couleurs enveloppé de son corps. Il pivota à peine la tête, détaillant intensément Aya, alors que les mots butaient contre sa langue, courant pour revenir dans le creux de ses poumons. Des larmes tombèrent sur son poignet. Il se décala. Quelques micromillimètres. Intrigué. Qu’était-ce ? Qu’était-ce que ce liquide ruisselant sur les joues d’Aya, traçant des sillons d’un bonheur qu’elle n’aurait jamais dû connaitre ? Qu’était-ce que ce regard humide qui se portait sur lui, qui lui fit manquer un battement de cœur, un autre, et beaucoup d’autres après ? Qu’était-ce que cette Aya qui ne cachait pas de ses larmes, de ses pleurs ? Qu’était-ce que ce sentiment qui lui mordit le cerveau, le forçant à l’embrasser une nouvelle fois, et qu’il retint, alors qu’un doigt se posait sur ses lèvres. Qu’était-ce que cette Aya si belle ?

« Moi-même… »

Mais un doigt n’est pas suffisant pour arrêter cet élan d’amour qui prend possession de lui alors qu’il se penche sur cette silhouette fragile, et qu’il y papillonne ses lèvres en douceur. Aya qui y répond en appuyant ses lèvres sur les siennes de manière plus insistante. Dans un appel à l’aide. Où Leo l’attrape par sa nuque alors qu’elle s’accroche à son col. Il se laisse tirer alors que le souffle d’Aya flirte avec son menton.

« Je… Je sais. »

S’en est trop pour le cerveau de Leo, qui, malgré tous les efforts possibles, ne répond plus aux signaux extérieurs. Sa vie ne tourne plus. Sa vie n’avance plus. Son souffle se bloque, lui brûle la gorge. Il en oublie la douleur en arrière-plan, la crainte qui lui a saisi les entrailles. Il en oublie ce qui les entoure. Ce qui n’a plus d’importance, univers désuet dans l’euphorie qui enivre ses sens. Il n’y a plus qu’Aya qui compte. Que ces larmes qui finissent de couler sur la limite de sa mâchoire, qui rendent ses yeux brillant d’une expression qu’il ne lui connait pas. Que la chaleur de sa peau qui répond à la sienne. Que le goût de ses lèvres qui se baladent sur un coin de sa langue. Il la capture, plie le dos pour être à sa hauteur, l’embrasser, se nicher près d’elle. Il la soulève du sol malgré lui. Leo ne contrôle plus rien. Ni sa joie, ni son cœur, ni cette envie de la garder pour lui, ni ce besoin de la couvrir de baiser, ni celui de sentir la douceur de sa peau courir sous ses dents, les frissons de son corps à ses mots, les réponses de sa voix. Leo veut tout d’elle. Tout.

« … Ne crois pas avoir gagné pour autant… »

Leo répond à ce regard qu’il a l’habitude de recevoir. Yeux joueurs d’une nippone de bonne humeur. Il approche, sourire lui fendant le visage, si c’était possible d’avoir un Leo plus heureux sur le moment. Son front se pose sur celui d’Aya, où leurs yeux sont si proches, où son souffle se dépose en une caresse agréable sur le nez de la noiraude. D’un coup de pouce, il récolte les graines de lumière encore présente en dessous des prunelles d’encre. Il sèche son bonheur, le récolte en un compagnon jaloux de cette joie qu’elle lui montre. Il ne veut garder ce moment que pour lui. Gardien jaloux de son Trésor. De toi.

« Ce n’est pas déjà fait ? »

Leo minaude, laisse échapper un rire doux. Délicatement, il l’embrasse. Il plaisante, mais c’est vrai. N’a-t-il pas gagné ce combat, qu’il pensait perdu d’avance ? N’a-t-il pas vaincu le démon de ses peurs, de la voir disparaitre alors qu’il la touchait presque ? Ces pensées idiotes, elles n’ont plus de fondement dans ce qu’il se passe. Ses baisers dérivent sur le coin de sa bouche, sur sa pommette. Leo s’écarte, à contrecœur. La rue l’oppresse. Il veut kidnapper Aya dans la Bulle de leur histoire, à l’abri des regards curieux et indiscret. Leo veut d’une Aya qui n’a pas à se soucier de ce qui se cache dans son dos. Leo veut son Aya.

« On rentre ? »

« Le monde n’existe plus. Il n’y a que nous. Que toi dans mes bras. »
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Aya Murazaki [Sky]

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Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] Vide
MessageSujet: Re: Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G]   Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] I_icon_minitimeMar 18 Oct - 21:23

Une prière résonne dans la nuit
Dans mon cœur de suie, une prière infinie
Ne pars pas
Ne t’éloigne pas
Plus jamais.


Don’t leave me.

    J’y avais droit.
    Moi l’être ténébreux des nuits les plus sombres et sanglantes de Milan. La faucheuse d’innocences. Rôdeuse des obscurités, des aspérités d’une ville souterraine dont la vie était loin de refléter une quelconque tranquillité nocturne. Être de nuit et de noir, le regard souligné par le mal qui poissait mes mains. Malgré ça, malgré les horreurs passées, celles à venir, les erreurs et les mensonges, les faux-semblants et l’indifférence mordante… Malgré tout ça. J’y avais droit, à mon petit bout de bonheur, à un peu de douceur saupoudrée de sourire et de chaleur sourde à son approche. A cette sensation qui envahissait mon être pour en chasser la moindre parcelle d’inquiétude persistante, balayant tout sur son passage d’une chaleur étrange. Je voulais y croire.
    Que je ne faisais rien de mal, là dans les bras de Leo autour de mes hanches. Je voulais fermer les yeux et mourir, laisser le Cerbère s’échapper dans un grondement sauvage, juste pour un moment. Et me laisser aller, dériver tout contre le corps du jeune homme, respirer son odeur, s’en enivrer comme un immense shoot quasi permanent. Lui appartenir.
    Le frôlement de ses doigts sur ma peau traçait des sillons de désirs, de douceur qui me submergeaient, saturant mes sens de sensations plus grisantes les unes que les autres. Ses lèvres nous dessinaient un cocon. Rien que lui et moi.
    Moi et lui. La tueuse et le héros. Aya et Leo.
    Les deux faces d’un même miroir d’eau, reflet de sa surface et son fond plus sombre que les limbes d’un océan.
    Un instant, rien n’existait plus que ce contact contre mon corps, sa main dans ma crinière d’ébène, de Cerbère. La mienne dans ses mèches rebelles. Un instant, j’oubliais les arguments que je venais de prononcer, pourtant sensés et qui pouvaient s’avérer inquiétants si l’on ne les gardait pas à l’esprit, l’ombre guettant au coin des prunelles, tout comme les perles d’eau qui menaçaient de s’écouler des miennes.
    Je voulais croire ce que me susurraient les mots de Leo, les graver en moi pour en faire des vérités envers et contre tout. Contre ma nature elle-même, bien que je sache que c’était du domaine de l’impossible. J’aurais voulu y croire sans conditions, sans réticences. Je frôlais les promesses chatoyantes qui semblaient flotter dans son regard. De la douceur, de l’attention, se blottir encore plus fort entre ses bras. Sentir son souffle sur mon cou, ma peau marquée au fer rouge par ce passage éphémère. Deviner son sourire caché par quelques mèches de cheveux et une écharpe. Ne pas résister et répondre à un baiser sucré, ne pas laisser ses lèvres s’éloigner. Ne pas rompre le contact comme si mon désir le plus fou, le plus profond avait été de me fondre en lui.
    Vouloir que ces secondes durent une éternité, nous cache de la réalité.

    « C’est une habitude de voir la vie en noir chez toi, hn ? Tu penses que je ne suis pas au courant pour les Fidanzati ou les Genovese, c’est ça ? Écoute, la chance n’a rien à voir dans le fait que tu puisses te reposer tranquillement chez moi. »

    Une réalité bien trop âcre pour n’être que mise de côté, raturer d’un regard.
    Un froid tomba.
    Le ton et les propos de Leo me douchèrent.
    Des faits que son sourire tendre ne parvint pas à effacer, tout comme les mots qui réveillèrent un flot de questions affolées dans mon esprit. Je m’écartai légèrement, prête à fuir, fuir loin de cette révélation détournée, une vision de moi-même que j’abhorrais bien qu’elle fasse partie intégrante de mon être, une image que je n’aurais voulu voir se refléter sous la clarté de son regard. Pas tout de suite, que les pans se dévoilent à mon rythme. Ou jamais.
    J’aurais pu rire à sa première question, en répondant que oui, manifestement j’avais un sacré problème de vue. J’aurais pu plaisanter légèrement sur ma capacité à me méfier de tout, mais les paroles de Leo me montrèrent que finalement, j’avais peut-être bien raison. Une pensée agaçante me rappela que j’avais baissé ma garde …
    C’était faux ! C’était faux ! Il ne pouvait être mêlé à tout ceci …je ne voulais croire que tout mes efforts pour garder mes activités les plus discrètes possibles n’avait été que du vent. Je me sentais presque… Trahie.
    Silence
    Alors que le hurlement du Cerbère écumant résonnait dans mon esprit, ravageant le voile d’espoir devant le côté ingénu de Leo à mes mises en gardes. Tout avait été calculé, et pendant une seconde, j’eus l’impression qu’il tenait mon existence entre ses mains. Ce qui était raisonnablement le cas. Mon regard s’assombrit, heurtant avec une soudaine douleur le sien, reflet des deux noms qu’il avait prononcé et ce qu’avait impliqué la suite.

    « Comment …. ?! .... Ne jamais les approcher. Qu’est-ce que tu sais exactement ? »

    Ma voix devenue rauque, murmure blanc, me semblait lointaine tandis que les rouages de mon esprit cliquetaient à une vitesse folle. Les mots se bousculaient sur le bord de mes lèvres.
    Comment le nom de la plus grosse famille mafieuse de Milan entaché du mien avait pu revenir à ses oreilles ? Celle de Valente, je pouvais comprendre puisqu’ils étaient étroitement liés au monde de la Lune Rouge de par leur casino… Mais les Fidanzati ? Qu’est-ce que Leo était-il allé fourrer son nez dans ce nid à vipères qui se prétendait être une famille ?
    Ignorait-il qu’il fallait ne pas y toucher ? Ne pas y toucher , à ce monde de nuits. On ne s’approche pas des Fidanzati sans raison, et si j’étais encore capable de tenir un minimum les rennes de mon existence, c’est bien parce qu’avec eux, rien n’était jamais laissé au hasard. Je ne leur cédais aucun pouce de terrain. Il fallait constamment être sur le qui-vive, prête à ce que l’un retourne sa veste pour vous planter avec un joli sourire poli. Cette famille n’était pas crainte pour rien …
    J’étais encore scellée à elle par des contrats tardant à trouver leur finalité, moi répugnant à les effectuer, la nature de ses « demandes » heurtant plus que les limites de mes propres principes. L’horreur de tout ce que l’humanité était capable d’avilir, les plus sales boulots que j’aurais eu à effectuer et ce n’était pas peu dire. Toujours était-il que jamais, au grand jamais je n’aurais souhaité que Leo entende ne serait-ce que leur nom ou puisse croiser l’éclat de leurs regards…

    Là, j’étais perdue.
    Nue sous ce regard.
    Effrayée.
    Endettée aussi. De nouvelles chaines qui s’accrochaient à mon esprit, vision noire d’une existence pourtant protégée par l’être aimé.
    Je savais pertinemment que la chance n’avait jamais été un élément à prendre en compte pour dévoiler le secret de ma tranquillité factice mais je n’aurais jamais cru que le Réseau en savait aussi loin.
    Que savait-il, de moi, de mes activités, de la nature des liens que j’entretenais avec chacun ? Un frisson me traversa à la pensée que ma vie entière pouvait avoir été l’objet de son regard attentif, et j’essayais de calmer un sentiment très noir, très négatif qui montait au fond de ma gorge. Réprimer l’instinct de survie développé pendant des années, et ne pas glisser hors de ses bras. Se raccrocher à sa présence, à sa chaleur malgré une réticence encore plus grande.

    « Me fais pas cette tête ;w; Je me tiens informé, c’est tout. Et je le faisais avant de te connaitre. Dis-toi juste que, s’ils ne t’ont pas encore trouvé, c’est parce qu’un petit Bouffon veille. »

    La ténacité, la détermination de son regard me soufflait qu’il n’avait pas fait cela, révéler cela pour me blesser même si ça créait malgré tout une tempête furieuse à l’intérieur. C’était de l’attention, de la prévention. Mais avant que je ne puisse accepter ce point de vue, il s’écoula quelques secondes. Quelques longs instants d'une trotteuse d’argent où mes prunelles le scrutaient étrangement, silencieusement.
    Où mes obsidiennes agirent dans des réflexes presque ancestraux pour moi. Avec effroi, je me rendais compte que j’avais, en un souffle de vie repérer tous les points qui caractérisait celui de Leo. Ses points vitaux semblaient briller d’une lueur pourpre à mes yeux, et même si ce n’était qu’une métaphore, prendre conscience de ce que j’étais en train de faire m’effraya. Réflexe sanglant. Je savais où frapper, où couper la circulation du sang, où immiscer ce pouvoir grondant d’une lune rouge pour le laisser crépiter son étincelle de mort. J’étais en train de réagir exactement comme avant.
    Avant Milan.
    Avant Leo.
    En frappant mortellement celui qui s’approche de trop près, mais ne se doute de rien, tout comme le voile de bonheur, d’assurance, empêchait le pactisant de voir la menace qui avait plané à cette seconde sur sa vie.
    Pauvre idiot, elle restera à jamais un tueur. Un assassin. Et souriras-tu toujours ainsi, tendrement que la cible serait du sang gravée de ton nom ?
    Je luttais, l’esprit haletant, en guerre contre le miroir de mon existence ténébreuse ; je luttais pour faire reculer cette façon de voir les choses, de penser, cette peur qui avait étreint mon cœur dans un étau glacé à ses mots révélant des pans de sa vie comme les miens. Réaction intérieure trop vive, trop furieuse, extrême.Vestige d’une vie de sang.
    Restreindre ses instincts et essayer de considérer les choses à travers ses yeux à lui. Parce que j’aurais tout fait pour Leo.
    Parce que c’était lui.
    Siffler intérieurement de mécontentement à bien voir qu’il ne faisait aucun cas de la Mafia milanaises … Tss. Mais j’essayais de comprendre son point de vue, cette façon si horripilante mais aussi familière de tout balayer pour ne laisser qu’un sourire tendre et moqueur de Bouffon naître sur son visage.
    Leo avait de nouveau refermé ses bras puissants autour de ma silhouette, la soulevant presque de terre sans que je n’ai esquissé le moindre mouvement, de mort comme de recul. J’essayais d’accepter… Accepter qu’il ait fait des choses, pour. Pour me protéger.
    Étranges petits mots qui malgré une pointe infime de tristesse passée me mirent quand même du baume au cœur.

    Je ne le comprenais pas. Ne pouvais pas concevoir son point de vue et lui fit savoir d’un ton légèrement acide, bien que non agressif, le regard intransigeant malgré tout. J’acceptais pourtant en passant une de mes mains sous sa veste, tandis que l’autre se glissa entre ses doigts, les serrant plus que nécessaire. Geste timide. Entre affection et douleur. Entre peur et envie dévorante.

    « La prochaine fois, pour t’informer sur ma vie privée, tu me demandes ok ? Je n’aime pas, je déteste même qu’on farfouille dedans ! Et qu’on me suive sans mon avis …Qu’ils ne m’approchent pas. Surtout pas à ces moments là... »

    Je détournai la tête, n'aimant pas évoquant ce pan secret- plus trop maintenant - de mon existence.
    Une erreur et c’était la lame d’acier qui tranchait.
    L’avertissement qui dansait dans mes prunelles d’acier trempé serait-il suffisant pour faire comprendre à ces opalines rieuses que tout ceci m’avait déranger, que cela avait chamboulé pas mal de choses malgré une confiance naissante et bien accrochée ? Cela changerait-il quelque chose ? Je n’y croyais pas trop …
    Ce sentiment rassurant que je ressentais timidement au creux de l’estomac se gonfla d’assurance lorsque les mots butèrent contre les lèvres de Leo, le souffle court, les joues rougies par des pensées qui n’arrivaient pas à prendre forme.
    Croire que j’avais lâché le morceau à propos de la protection dont je disposais malgré moi, et du regard de Leo sur la vie de Cerbère était une belle erreur. Simplement… Au moment où ces mots franchirent silencieusement la bouche de Leo, je lâchais prise, le cœur suspendu à ses lèvres.
    L'âme prête à imploser.
    Ses actes, bien que jugés désagréables par mon instinct et ma volonté de liberté, prenaient leur sens dans ces voyelles, ces consonnes muettes. La gêne du jeune brun était sincère, authentique si bien que le rouge me monta également aux joues, teintant mes pommettes d’une touche colorée dans le froid de cette matinée d’automne.
    Et alors que j’avouais doucement les chaines qui retenaient mon propre bonheur, le contact des lèvres de Leo sur les miennes se fit salé, goût des larmes qui glissait sur mes joues ; Émotion trop forte pour un être qui n’avait connu qu’un semblant du sentiment, qu’une esquisse de cette chaleur qui effaçait presque ma rancœur, mes doutes, ma peur. Capturée, agrippée à Leo désespérément, comme un noyé s’accrochant à sa bouée, je nous replongeais dans un monde en dehors de tout, à des années lumières de la ruelle dans laquelle nous étions pourtant, le portail scellé par nos lèvres les unes contre les autres.

    Dans un baiser promesse,
    Un baiser douceur
    Un baiser douleur
    Un baiser caresse.

    Et même si les augures nous jetaient déjà des regards acérés d’intérêt, pour une fois j’aurais voulu tout oublier. N’être qu’une étincelle dans ses lagons étoilées, n’être qu’une sensation tout contre son torse.
    Mes pieds décollèrent de nouveau du sol malgré moi, poussée non contrôlée de Leo qui me serrait comme jamais contre lui. L’étui d’acier me raclait les côtes mais pas un gémissement ne franchit mes lèvres, trop heureuse d’avoir trouvé mon point de retour. Ma chaleur. Mon point d’encrage.
    Heureuse ? Je n’aurais su véritablement le déterminer, mais c’était ce qui semblait se rapprocher le plus de cette sensation qui gonflait mon cœur en de douces vagues. Heureuse et … amoureuse. Complètement mordue, accro, irrémédiablement tombée dans les filets délicieux de mon antinomie. Mon ancien ennemi, l’ombre guerrière à mes côtés…
    L’avouer ? Surement pas !
    Et même si je l’avais voulu, les mots seraient restés coincés dans le creux rauque de ma gorge, refusant de sortir à la lumière, préférant la lueur silencieuse mais chatoyante d’une nuit. Une nuit sans Lune, sans mots.
    Leo répondit à ma provocation taquine en un geste qui signait presque notre attachement, son visage tout près du mien, ses prunelles qui fixaient les miennes, les kidnappaient en une fraction de seconde, son front contre le mien. Son souffle se mélangeant au mien.

    « Ce n’est pas déjà fait ? »

    J’écartai légèrement mon visage du sien, les prunelles rieuses et colériques à la fois tandis qu’un grondement s’échappait de mes lèvres. Le Cerbère est là. Toujours. Mais il joue. Se joue de tout, et s’évapore un instant sous le rire de Leo.

    « Que tu crois ! Tu peux parler … »

    Être têtue, buttée, je refusais de céder. Comme une gamine que ne voulait pas montrer qu’elle a été dévoilée, retournant la chose à son avantage avec un clin d’œil. Ou presque.
    Mon corps parlait pour moi, ma main dans la sienne, les doigts entrelacés formant un nœud plus solide que les ténèbres.
    Mon pas s’accordant au sien, à un souffle de son corps.

    « On rentre

    Une dernière hésitation me saisit tout de même, réminiscence de méfiances qu’il avait écartées pour l’instant. Je resterais tout de même vigilante, maintenant que je me savais suivie, et que cela impliquait d’autres personnes que ma propre personne. Ce qui me gênait profondément malgré tout … Et c’était loin de me rassurer. Très loin.
    J’hochai tout de même la tête, sourit sous le rire doux de Leo, charmée par les notes qui s’élevaient dans les airs. Ce rire aux accents d’un bonheur qu’il ne réservait que pour moi. Qu’à moi.
    Comme un ultime secret.

    « Y’en a un qui va faire la gueule ... »Dis-je en souriant.

    Sky, mon étoile au regard de sang. Sa colère manifeste, ses bougonnements acides. Je voyais déjà ses yeux levés au ciel et un soupir bruyant s’échapper en même temps que la fumée de son éternelle cigarette. Ultime regard et un drôle de sourire avant de disparaître comme toujours, dans une obscurité rassurante dans laquelle je savais pouvoir le trouver ...

    Quelques instants plus tard, on repassa derrière le Magenta encore fermé, les yeux du monde non encore soulevé sur un univers d’éclats de nuits. Mes yeux s’attardèrent quelques secondes sur la porte de service entre-ouverte puis je détournai le regard vers Leo, souriant, moi un peu gênée par une vision qui me harcelait depuis un petit moment.

    « Hm … Tu ne diras rien à ta mère ? »

    Une grimace timide marqua mes traits.
    Pas besoin d’une June par-dessus tout ce méli-mélo, même adorable. Rien de ma fuite effrénée, bien que j’avais eu dans mes projets de lui faire parvenir une copieuse enveloppe en guise de dédommagement de ce déménagement inopiné. Qui n’eut pas lieu …
    Plus loin sous la couche de mes mots était cachée mon identité, ma profession, mes actes. C’était bien assez dangereux comme ça, et je trouvais bien trop de monde était impliqué pour en rajouter ne serait-ce qu’une.
    Innocence préservée.

    Une autre planait entre nous deux. La naissance d’un sentiment déjà bien ancrée depuis quelques temps, éclosant dans l’espace de nos deux êtres, vérité inavouable. Inattaquable…
    C’était ce que nous croyions …

    No pain inside
    You’re my protection

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MessageSujet: Re: Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G]   Jusqu'où iras-tu ? [pv Leo] [G] I_icon_minitimeVen 18 Nov - 11:53

C’était un réflexe. Comme des milliers de mains qui s’accrochaient de-ci de-là de son corps, sur ses épaules, les manches de son t-shirt, le bas de son pantalon et ailleurs. Une force inéluctable qui parcourait son corps depuis si longtemps. Instinct de survie. Lui qui se réveillait dans le recoin de l’expérience de sa vie. Recules Leo. Ce n’est pas bon de rester ici. Détaches tes bras d’elle et recules. Vraiment. Une pointe acide de danger s’immisçant entre ses côtes. C’était une menace. Leo la sentait venir. Aya était une menace. Mais ça ne serait jamais suffisant pour qu’il esquisse un pas en arrière, qu’il la lâche et qu’il parte.

Malgré l’effervescence de son corps qui l’encourageait à s’éloigner de cette silhouette de Cerbère, il ne recula pas. Il n’afficha pas un air désolé en détachant les doigts de son corps pour augmenter une distance entre ceux deux pactisant. Leo resta. Outre cette sensation inquiétante qui suintait de la nippone. Outre cette envie de sang qui flotta momentanément dans l’air. Aya était son petit suicide à lui. Faire des choses inexpliquées pour des raisons inexplicables. Le Bouffon nicha son nez dans le cou de la nippone, n’arborant pas les défenses qui auraient lieu d’être pour se protéger. Se protéger d’elle, c’était impossible. Il ne le pouvait pas. Il ne le pouvait plus. Jamais il ne pourrait dresser un écart d’un trait volontaire dans son regard. C’était trop tard pour ce genre de caprice. Trop tard.

Ainsi il se colla plus près d’elle, s’offrant à elle comme un morceau de viande face à un prédateur assoiffé. Cela fait-il si longtemps que tu n’as plus tué que tu ne peux plus t’empêcher de le faire sur lui, sur Leo ? Mais il n’était pas question d’un acte si stupide, ou si peu. Elle était un Cerbère, à la fourrure noire, au regard noir, au sang noir, aux envies noires. Son attaque était sa meilleure défense. Leo n’avait pas peur, malgré cette alarme courant dans ses veines comme un dernier appel. Il était trop tard, mais pas pour ce genre d’histoire. Pas pour voir un Leo tomber sur le sol de Milan, sous le regard d’Aya, abattu par une lame cachée dans le revers de ses vêtements.

Aussi fou que cela puisse paraitre, Leo avait confiance. Confiance en elle, alors qu’elle-même semblait remettre ce comportement en question. Il n’avait pas peur. Il ne craignait pas ses choix. Les secondes défilèrent ainsi, en suspend au-dessus de leur tête tel l’emblème d’une épée de Damoclès risquant de céder sous son propre poids et écraser nos deux idiots par sa Fatalité. Et les doigts fins et froids de la tueuse se glissèrent sous la veste du brun. Sa peau fut parcourue d’un frisson glacial, qu’il réprima du mieux qu’il le pût, alors que les battements de son cœur se calmèrent, la tension dans son dos se dissipant. Il put respirer plus facilement, alors qu’il reconnaissait les actes d’Aya. Pas ceux du chasseur, mais plus ceux d’Aya. De son Aya.

« La prochaine fois, pour t’informer sur ma vie privée, tu me demandes ok ? Je n’aime pas, je déteste même qu’on farfouille dedans ! Et qu’on me suive sans mon avis …Qu’ils ne m’approchent pas. Surtout pas à ces moments-là... »

Il se pencha un peu plus sur elle, la serrant moins fort peut-être –il ne voulait pas lui briser les os, on y croit- mais avec plus d’affection et de tendresse. Parce que Leo était un puits sans fond de guimauve. Il tenta tant bien que mal de dissimuler ce sourire sur ses lèvres, déposa un léger baiser sur la joue de son petit chat des enfers. Elle se comportait comme tel. Sifflant à l’approche du danger, de quelqu’un d’inconnu, et se frottant volontiers à lui une fois le danger écarté. Brave Bête. Il balade sa bouche sur cette peau plus pâle que la sienne, soufflant sur le contour de sa mâchoire.

Entre des mots échangés, des sentiments à demi-avoués. Leurs vies continuent. Ensemble.

Les doigts d’Aya s’enlacent aux siens. Distraitement, il caresse de son pouce le dos de la main de la noiraude. Leo ouvrit la marche, retournant sur le chemin d’un foyer qui se trouvait vide sans les élans de mauvaise humeur d’une asiatique, de ses déboires culinaires. Il l’écouta se plaindre sur quelque chose de gagner qui ne l’était peut-être pas. Son cœur ? Ses sentiments ? Sa vie ? Son corps ? Bien que le dernier lui donnerait encore quelques fils à retordre, pour le reste, y avait-il encore besoin de combattre pour les obtenir, les serrer des manières diffuses et insatisfaisantes près de lui pour la laisser s’échapper à nouveau ? Oui, sur la peinture de leur histoire, il restait des points en manque de couleurs, trop sombre pour que chacun puisse vraiment comprendre le maelstrom de leur relation. Mais ça viendrait, n’est-ce pas ? Leo et Sarah y croyaient. Laura aussi. C’était plus que suffisant. Quant à Aya, nos trois ploucs en question seraient prêts à attendre le temps nécessaire.

Puis, Leo, s’arrêta. Alors que ça ne faisait qu’une cinquantaine de mètres qu’ils étaient partis. Aya en fit de même, une demi-seconde plus tard. Il la regarde. De l’encre dans de l’eau. Qui lentement se mélangent, saveur unique. Il y avait un air sérieux trop présent ces derniers temps sur son joli minois. Mais on ne s’en lasse pas. Un Leo sérieux est toujours terriblement sexy.

« Y’en a un qui va faire la gueule ... »

Il passa au-dessus de cette remarque. Il pouvait se le permettre avec Sky. Et, de toute façon, à chaque fois que la boule rouge croisait le brun, il faisait tout le temps la gueule. Ca ne changerait pas notre Lion.

« Tout ce que je peux savoir sur toi Aya, je veux le savoir. Qu'importe que ce soit des actes que je n'appuie pas. Qui serais-je si je te rejetais en apprenant que tu t'adonnes à des activités illégales. Nous sommes illégaux de toute façon. »

T'aimer est illégal. Mais, je ne peux m'en passer.C’était un risque à prendre, de reprendre cette discussion. Leo prenait un soin tout particulier, cependant, à le réaborder. Rapidement. Il n’y aurait plus de remarque de ce genre avant d’autres discussions, d’autres rp houleux. Et c’était vital. Essentiel. De marquer, toujours, l’importance qu’elle avait, pour lui. L’importance de la connaitre, de ne plus se cantonner aux histoires qu’elle acceptait de lui révéler de manière éparse. Aller plus loin. Dans les sujets qui sont dérangeants. Ceux qui font mal. Ceux qui blessent également. Et c’était nécessaire. Un appel qui rugissait dans le fond de ses entrailles. Une conviction qui noyait son cerveau d’une confiance. En leur histoire. En eux. Encore.

C’était un bleu. Azur. Or. Roi. Turquoise. Dans toutes ces déclinaisons. Qui se penchait sur le corps d’Aya, plus petite que lui. Et il finit par sourire, trait malicieux s’infiltrant dans l’expression de son visage. Il perçut la chaleur de ses doigts réchauffer ceux du Cerbère, il l’espérait, calmé. Leo ne lui poserait plus de question. Il attendrait. Comme il l’avait toujours fait. Qu’elle se sente prête. Qu’ils continuent, ensemble.

Et ils reprirent leur route, repassant devant le lieu de travail d’Aya, Leo se souvenant de lui-même, courant dans la direction opposée il y avait une heure ou deux, le visage rouge d’effort et d’angoisse. Maintenant, il n’était plus qu’un petit soleil. Rayonnant de bonheur. Rayonnant pour elle.

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